SOCIETE
GÉOLOGIQUE
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§©CiElTE GEüEtGISJEE
DE FRANCE.
(CcÉe<M> iiiOwatlf 3ed jcuu 3e (fiance,
PENDANT L’ANNÉE 1832.
LES SÉANCES SE TIENNENT A 7 HEURES 1/1 DU SOIR
RUE JACOB , N° 5.
( 1er ET 5e LUNDIS DE CHAQUE MOIS.)
Janvier.
Février.
Mars.
Avril.
Mai.
■Juin.
Novemb.
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Le local de la Société est ouvert , pour tous ses Membres , les
dimanches de 10 heures k 4 , et tous les lundis qui ne sont pas
consacrés aux séances ordinaires , de , a .0 heures du soir.
fluiletitt
SOCIÉTÉ
DE FRANCE.
1851 A 1852.
AU LIEU DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ,
RUE JACOB, N° 5.
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IMPRIMERIE DE SELL1GEE
rue des Jeûneurs, n° i/j-
BULLETIN
DE LA
DE FRANCE.
SÉANCES EXTRAORDINAIRES A BEAUVAIS
(département de e’oise) ,
du 6 au 11 septembre 1831 .
Les membres de la Société , dont voici les noms , ont assisté
aux réunions de Beauvais , savoir :
MM. de Blainville, Bineau, Boué, Cartier, Cordier, Daudin,
Diaz, Duperrey, Graves, Héricart de Thury, Héricart Ferrand,
Huot, Michelin, de Montalembert , Regley, Eugène Robert, et
Roberton.
Parmi les personnes étrangères à la Société , se trouvaient
MM. Cramaille,Husson, Langlois, Leclerc, André Mouffle, Pierre
Mouffle, propriétaires à Beauvais , Mutel-Delisle , avocat à la
Cour royale de Paris , Pinault , professeur de mathématiques
de la même ville , et Donati, de Naples.
La Société , ayant employé les cinq jours qu’elle a passés à
Beauvais à faire des courses géologiques assez longues , n’a pu
tenir que deux séances , le 6 et le îo septembre , dans une salle
de l’hôtel de la Préfecture, local qui avait été disposé par les
soins de M. Graves , secrétaire-général de la Préfecture , avec
l’autorisation de M. le Préfet de l’Oise.
La discussion des observations faites dans la journée a sur-
tout animé la conversation pendant les dîners que les membres
de la Société ont toujours pris ensemble.
Le 6 septembre , la Société , guidée par MM. Graves et Bi-
neau , visite la localité de Saint-Martin-le-Nœud , et revient,
après un détour, par le même chemin.
G
SÉANCES DU G Al 11 SEPTEMBRE 1 85 1 •
Saint-Martin-le-Nœud est séparé de Beauvais par un plateau
crayeux d’environ une demi-Jieue de large. La craie étant em-
ployée dans ce pays comme pierre de bâtisse, les auteurs de la carte
géologique des environs de Paris ont été amenés à l’erreur de
croire que les hauteurs , à Fouest de Beauvais , étaient composées
de calcaire tertiaire. Sur leur pente orientale près du couvent de
Saint-Symphorien , à Beauvais , la Société voit, avec intérêt, deux
ou trois liions distincts de silex pyromaque au milieu des bancs
horizontaux de craie. D’après M. Graves , ces fentes remplies de
silex se retrouvent dans beaucoup d’escarpemens crayeux , à dix
Jieues autour de Beauvais. Un dépôt alluvial ancien d’argile limo-
neuse jaune couvre cette roche , et son épaisseur est assez considé^
rable au-dessus de Beauvais. Le versant opposé du plateau offre ,
à Flambermont, sur un pente assez forte, de grandes carrières qui
laissent apercevoir distinctement le relèvement des couches de
craie. Elles inclinent au N.E. sous 22 %°. Cette craie, assez dure
et fendillée, contient des silex, des rognons de pyrite en partie
cristallisée, et de nombreux fossiles , tels que des Spatangues ( S.
corcin guinum) , des Belemnites, le Dianchora striata, Sow., le Pa-
chylos spinosa , le Podopsis striata , le Calillus Lamarckii , les Te-
rehratula carnea , octoplicata , iniermedia et semiglobosa , le Stro-
matopora concentrica Golf.? M. Graves fait remarquer que les Anan-
chites sont rares dans ces assises moyennes de la craie , tandis qu’ils
abondent dans la craie tendre , où au contraire il n’y a que très-
peu de Spatangues.
En s’avançant plus au sud-ouest , on voit, dans un petit chemin
creux, près du château de Senefontaine , des affleuremens des
couches inférieures à la craie , savoir : de la craie endurcie , fine et
blanche, de la craie grisâtre à blocs de calcaire gris ou jaune très-
dure, et renfermant des ammonites , des peignes , enfin de la craie
marneuse à particules vertes, en partie sableuse, de peu d’épaisseur
et contenant en grande abondance des pétrifications, telles que des
Turrilites( T. costatus ou une espèce voisine ), des Hamites , di-
verses Ammonites (y^. varians } Deluci , inflatus , subspiiiosus
Lani. , B eu danti, Coupei , FF oolgari , Sow.) des Nautiles, la Cassis
avellana Brong. , F Ostrea carinata , la Chaîna haliotoïdea , Sow. ,
le Pecten asper , des Belemnites, dcsTérébratules(Zr. gallina Brong.
et Lyra , Sow. ) le Spatangus suborbiculatus Brong. , des dents de
Squale , etc.
Au-dessous , on aperçoit encore quelques lits de marne argi-
leuse noirâtre , puis de la craie grise , et après un espace couvert ,
on arrive à des sables jaunâtres, avec des rognons de minerai do
SÉANCES DU 6 AU 11 SEPTEMBRE 1 83 1 . 7
fer. Un épais dépôt d’argile limoneuse diluviale couvre ces cou-
ches, qui paraissent former le sol de la forêt voisine de Belloy.
Les couches inférieures à la craie ont Joutes la même inclinaison
au N. E. , mais l’angle d’inclinaison est très-faible. Il est donc évi-
dent que, dans ces lieux, les couches sont placées sur une pente, fait
qui devient surtout intéressant par l’inclinaison opposée au S.-O.
que les mêmes assises présentent, d’après MM. Graves et Bineau,
à une demi -lieue plus à l’ouest près de la Houssaye , ainsi qu’à
Vil lotran, Marché-Godard, Lalandelle, St-Aubin etSt-Germer.
La Société, à défaut de temps et comptant voir ce fait ail-
leurs , s’en est rapportée sur ce dernier point avec pleine confiance
aux géologues de Beauvais. D’après ces messieurs , l’inclinaison
opposée des couches de craie règne sur tous les coteaux qui bordent
à droite et à gauche le pays de Bray ; elle est plus ou moins marquée
selon qu’on se place au milieu ou vers les points de terminaison de
ce pays. Près de Saint-Léger, on rencontre les argiles bigarrées de
grès vert. La falaise crayeuse septentrionale du pays de Bray est
moins élevée que celle du sud, et, au lieu d’être continue comme
cette dernière, elle est divisée en mamelons.
Dans la séance du soir, la Société élit pour président de la
réunion, M. de Blainville; pour vice-président, M. Graves , et
pour secrétaire, M. Michelin.
Le Président proclame membres de la Société , MM.
Bineau, ingénieur des mines à Beauvais, présenté par MM. de
Blainville et Graves.
Colson ( Alexandre) } docteur médecin, à Noyon, départe-
ment de l’Oise , présenté par MM. Graves et Michelin.
Daudin (Hyacinthe) , propriétaire à Pouilly, département de
l’Oise, présenté par MM. Graves et Michelin.
Rançon, propriétaire à Beauvais, présenté par MM. Héricart
de Thury et Héricart-Ferrand.
Le comte de Montlosier à Clermont-Ferrand, présenté par
MM. Cordier et Boué.
On détermine les tournées qu’on fera successivement, d’après
les renseignemens fournis parM. Graves , qui met sous les yeux
de la Société une carte géologique fort détaillée de tout le dépar-
tement de l’Oise, et qui y joint celles de plusieurs arrondissemens
du même département. Son but est d’enluminer géologiquemen t
et successivement; les cartes de tous les arrondissemens.
8
SÉANCES DU G AU 1 J SEPTEMBRE 1 83 1 -
Ott lit une lettre de M. le major Peterson relativement à un
affaissement de terrain arrivé près de Ralisbonne.
a Dans le calcaire jurassique deRatisbonne,la régularité des cou-
ches est souvent interrompue par des fendillemens, et cette roche
est assez caverneuse. Au mois de mars dernier, un éboulement as-
sez curieux a eu lieu à deux lieues et demie au-dessus de Ratisbonne,
un quart de lieue au-dessus des carrières de Kapfenberg, sur la rive
gauche du Danube. Environ quatre-vingts arpens de terre , mqitié
champs , moitié bois, se sont enfoncés , au milieu de la nuit , avec
un fracas épouvantable, de seize à vingt pieds de profondeur. Peu
de jours après P événement , j’ai été sur les lieux. Le coup-d’œil
était vraiment remarquable , surtout dans la partie couverte de
pins, les arbres se croisant dans tous les sens. Quoique personne
n’ait connu de caverne dans cet endroit , il était manifeste qu’une
voûte avait cédé et entraîné tout le terrain. Dans la partie supé-
rieure , c’est-à-dire la plus éloignée du Danube et la plus étroite
de l’éboulement, le terrain était élevé au-dessus du niveau du sol,
qui présentait comme une crevasse. C’est sans doute par là que
l’air , subitement comprimé dans la caverne, s’était fait jour. Des
personnes qui se sont trouvées sur la grande route à l’heure de
l’événement , prétendent avoir vu du feu ; ce qui n’a rien d’éton-
nant, puisque un pareil phénomène ne peut guère avoir lieu sans
dégagement de calorique et de lumière. Cette circonstance avait
fait croire d’abord qu’il s’y était formé un petit volcan j mais il m’a
été même impossible de découvrir la moindre trace de lave. »
On communique, de la part de M. Zuber-Karth, deux bro-
chures lithographiées : Tune , de lui , est un rapport sur une
question industrielle; dans l’autre, M. Weber traite delà ca-
nalisation de l’Alsace.
M. Boué présente, i° une feuille in-folio, offrant les gravures
de deux poissons presque parfaits , extraits de la craie par
M. Mantell de Lewis. 2° le premier volume des Transactions
de la Société littéraire et historique de Quebec. ( Transact. of
lhe litterary and historical Society of Quebec. ) Un vol in-8° de
343 pages, avec six petites et cinq grandes planches de coupes.
Quebec, 1829.
On y remarque un mémoire sur la géologie du lac supérieur,
par le commandeur Bayfield * des notes sur la contrée de Sague-
nay , par M. A. Stuart ; des observations sur quelques roches et
SÉANCES DU 6 AU 11 SEPTEMBRE 1 83 1 . 9
minéraux du Canada supérieur, par le capitaine Bonnycastle; sur
la géologie d’une portion de la côte du Labrador, par le lieute-
nant Baddeley; sur la géognosie d’une partie du pays de Saguenay;
des notes sur les environs de la chute de Montmorency , par M.
W. Green ; le catalogue des collections de la Société, ainsi que neuf
autres mémoires: l’un sur les coquilles vivantes, par madame
Sheppard, trois de botanique, et les autres de géographie et d’his-
toire.
Le deuxième volume , de cet intéressant recueil , était sous
presse à Quebec, il y a trois mois.
On entend la lecture d'un mémoire de M. Héricart-Ferrand,
intitulé : Coupe gèognostique du département de l’Oise, entre
Chezy en Orceois ( département de l’Aisne ) et Gournay sur
Epte, accompagné d’un profil sur une longueur de i22,5oo
mètres.
« Un grand nombre d’observations qui me sont étrangères (1),
et d’autres qui me sont personnelles , m’ont suggéré un essai de
coupe gèognostique du département de l’Oise. C’est un profil qui
coupe ce département de l’est à l’ouest , et traverse plusieurs
vallées qui , à raison de leur profondeur au-dessous des plateaux
voisins, permettent de bien juger la superposition des divers
terrains, depuis le point le plus élevé jusqu’au point le plus bas.
Sur toute la ligne de cette coupe on reconnaît ainsi les formations
du bassin de Paris, sur un fond de craie , qui se relève tellement
vers l’ouest, que les dépôts antérieurs sont à jour dans la vallée
de l’Epte, et se prolongent vers le nord jusqu’à Aumale et For-
ges.
La formation qui leur est postérieure, la craie, forme un
plateau très-élevé dans la partie occidentale d u département entre
l’Epte et l’Oise. Le village de Coudray Saint-Germer qui est sur
le plateau , est le point le plus élevé de tout le département, sa
hauteur indiquée par M. Graves, est de 263 mètres au-dessus du
niveau de l’Océan.
Le point le plus bas de tout le département est celui du niveau
moyen de l’Oise, près Chambly • il 11’est que de 27 mètres au-dessus
(1) Voyez la Description des Environs de Paris , par MM. Brongniart et
Cuvier ; le Précis de Statistique du département de l'Oise, par M. Graves,
dans X Annuaire pour 1829 ; el un Mémoire de M. Robert , danè les Annales des
Mines , vol. VIII, i83o.
10 SÉANCES DU G AU 3 1 SEPTEMBRE 1 85 1 •
de l’Océan , de 236, par conséquent au-dessous de Coudray Saint-
Germer.
Cliambly est en avant de la ligne d’intersection de ma coupe.
Mais en remontant l’Oise, on arrive à Creil, point le plus bas de
cette coupe, et qui d’après la pente connue de l’Oise, peut être
fixé à 3i mètres au-dessus de l’Océan ou 232 mètres au-dessous de
Coudray Saint-Germer.
Du côté de l’Est, il faudrait traverser tout le département de
l’Aisne, et entrer dans celui de la Marne, pour trouver la craie,
du côté d’Epernai, à la limite occidentale du département de
l’Aisne ) la formation gypseuse existe sous le plateau , et le gypse
y est exploité par puits, sans se montrer au jour dans la vallée
de Chezy, ni dans celle de l’Ourcq à Mareuil.
Le plateau entre la vallée de Chezy et la vallée de l’Ourcq,
reconnu de plusieurs côtés , présente de haut en bas , les for-
mations suivantes: i° le terrain d’eau douce supérieur, 2° les
grès marins supérieurs, 3° les sables et les grès (de Fontainebleau,
d’Ermenonville, de Mortefontaine ) , 4° Ie calcaire grossier marin.
La prise d’eau du canal de l’Ourcq à Mareuil est élevée de 85
mètres , 43 décimètres au-dessus du niveau de l’Océan. La vallée
y est assez profonde pour entamer entièrement les bancs solides
de la formation du calcaire grossier marin , et mettre à jour des
sables et des argiles. Ces derniers, d’après M, Bineau , appar-
tiendraient encore à la formation du calcaire grossier marin , et
non à l’argile figuline et à l’argile plastique de M. Brongniart.
Remontant de Mareuil à la plaine de Thury , élevée de i55
mètres, on reconnaît au-dessus des sables et des argiles précédents,
et particulièrement à la pointe de Houillou sur la grande route
de Paris , la glauconie grossière, les bancs calcaires avec num-
mulites , toute la masse du calcaire grossier marin, et entrant en
plaine , les marnes silicéo-calcaires rapportées au calcaire siliceux,
et des indices de la formation gypseuse représentée par des marnes
contenant quelques quartz lenticulaires. Montant toujours , on at-
teint et on dépasse la grande formation des sables et des grès ( de
Fontainebleau ) , et on arrive au plateau du terrain d’eau douce
supérieur.
Les fouilles des puits constatent pour la composition de ce ter-
rain d’eau douce supérieur et de haut en bas : i° Terre végétale ,
humus, limon argilo-calcaire , o m. 16 cent. ) 2° terre rouge, terre
franche argileuse ,6 m. 5o cent. ; 3° terre brune, argileuse avec
silex zonés en masse, ou rognons applatis , entiers ou fracturés ,
contenant des lymnées et des gyrogonites, 5 m. 5o cent. ; 4° marne
SEPTEMBRE 1 85 1 .
SÉANCES DU 6 AU 11
1 1
et calcaire d’eau douce contenant des lymnées et des gyrogonites,
4 ra. 90 cent, ; 5° marne graveleuse (nappe d’eau des puits ) o m.
65 cent. ; 6° marne argileuse verdâtre , o m. 3s cent. • total 18 m.
o3 cent. Plus bas on a trouvé les sables et les grès.
Les pentes du plateau de Thury montrent successivement tou-
tes ces nuances du terrain d’eau douce supérieur.
Sur la pente du midi on trouve, sous ce terrain d’eau douce, les
grès marins supérieurs qui reposent sur la grande masse des sables
et des grès (de Fontainebleau).
Les coquilles des grès marins supérieurs sont toujours intactes et
bien conservées; celles de la grande masse de sable sont usées et
semblent avoir été roulées. La zone de sable dans laquelle elles se
trouvent, contient ordinairement une quantité immense de discor-
bites.
C’est à Acy , un myriamètre au plus au midi , que se trouve le
trou Saint-Pierre, ce gisement de fossiles, connu depuis peu d’an-
nées seulement , et qui appartient aussi à la grande masse des sa-
bles et des grès (de Fontainebleau).
Revenant à la ligne de ma coupe, et descendant du plateau de
Thury, vers l’ouest, dans le vallon de la Clergis, on retrouve les
sables et les grès marins supérieurs , et au-dessous la grande masse
des sables et des grès. Dans la longueur de ce vallon, et dans des
endroits où tout est en place, on voit dans la partie supérieure de la
grande masse de sable , une zone de sable noir de trois à quatre
mètres d’épaisseur* Cette zone se retrouve dans une foule d’endroits
avec une très-grande régularité, soit dans les escarpemens , soit sur
les pentes et ies plateaux sableux. Ç’est elle qui fournit particuliè-
rement le sable de bruyère.
Le plateau de Leviguan , élevé de 140 mètres au-dessus de l’O-
céan , offre la même formation de terrain d’eau douce supérieur
que le plateau de Thury. Elle y est moins épaisse et finit prompte-
ment à la sortie de ce village du côté du midi. Aussi trouve-t-on à
peu de distance et notamment sur la grande route de Paris à Sois-
sons , entre la 29e et la 3ie borne milliaire, des roches arénacées ,
classées par M. Brongniart dans Jcs grès marins supérieurs , tan-
dis que M. Robert les place parmi les grès coquillers marins du
calcaire grossier.
Les sables forment lesol de toute la plaine autour de Rouville et
d Ormoy-Emy-les-Champs, à l’ouest de Leviguan. On y rencontre
quelques gisemens de coquilles, qui appartiennent à la même for-
mation que les grès marins supérieurs de Leviguan.
Le plateau de R.osicres du mont Luats est élevé de 109 mètres,
12 SÉANCES DU 6 AU 1 1 SEPTEMBRE 1 83 1 .
Il est de sable surmonté par la formation d’eau douce supérieure ,
encore semblable à celle de la plaine de Tlmry.
La butte de Montepilloy, qui n’est qu’un démembrement du
plateau précédent, n’a plus que i3o mètres de hauteur, et porte
encore sur son sommet un terrain d’eau douce, qui ne me paraît
être que la partie inférieure du terrain d’eau douce des plateaux de
Rosières, de Levignan et de Thury • mais M. Eugène Robert le
rapporte au terrain d’eau douce moyen.
La butte d’Aumont n’est que de sable, et n’est élevée que de 121
mètres. Elle a été fortement entamée du côté du midi, ayant four-
ni depuis environ cent cinquante ans la matière première à la ma-
nufacture des glaces de Saint-Gobain.
La partie supérieure de la formation du calcaire grossier marin
est exploitée dans la petite vallée d’Àunette, qui sépare la butte de
Montepilloy de celle d’Aumont.
La vallée de l’Oise à Creil est creusée dans le calcaire grossier
marin et les argiles figuline et plastique. La rivière coule dans la
craie. Sur le chemin de Creil à Verneuil on trouve les coquilles
marines et fluviatiles des argiles figulines du Soissonnais.
Au delà de l’Oise, sur la rive droite , les collines deMontataire ,
élevées de 74 mètres et de Mello de 98, font partie l’une et l’autre
d’un même plateau de calcaire grossier marin , dont la base obser-
vée dans la vallée du Therrain , présente encore les coquilles ma-
rines et fluviatiles des argiles du Soissonnais.
La vallée du Therrain , en face de l’église de Mello , est élevée
de 39 mètres. La craie paraît à peu de distance sur son côté droit ,
en abordant la base du grand plateau de craie, qui porte Sainte-
Geneviève-le-Vauroux, le Coudray-Saint-Germer et Saint-Germer.
Toutes les observations précédentes constatent, sur la ligne de ma
coupe géognostique du département de l’Oise, la présence des di-
verses formations du bassin des environs de Paris . ou au moins les
indices de celles qui n’existent point. Mais il reste à reconnaître si
au passage des argiles plastiques à la craie, dans les vallées du
Therrain et de l’Oise, on trouverait ces poudingucs siliceux de la
vallée du Loing , si abondans entre Nemours et Château-Landon ,
et appelés terrain élastique par M. Brongniart. Les trois localités
déjà connues de ce dépôt sont à la limite du bassin de Paris , Ne-
mours et Moret , dans la vallée du Loing • et à peu de distance de
Creil , La Morlaye , à l’ouverture de la vallée de la Thève dans
celle de l’Oise.
Ces mêmes poudingues supérieurs à la craie se trouvent dans la
vallée du Loir, de Bonneval à Châtcaudun , et dans la vallée de la
SÉANCES DU 6 AU 11 SEPTEMBRE 1 83 1 . l3
Couie qui descend du plateau entre Chartres et Orléans , et vient
s’ouvrir dans celle du Loir. Ces deux localités appartiennent au dé-
partement de l’Eure. A une grande distance, au Nord, dans le dé-
partement de l’Aisne, près de Saint-Gobain, on retrouve encore
ces mêmes poudingues.
Sous la terre végétale du plateau de Thury, j’ai indiqué par les
noms vulgaires de terre rouge, terre franche argileuse , un limon
de six à sept mètres d’épaisseur. Cette couche limoneuse neressem-
ble en rien à celle qui lui est inférieure. Elle ne contient point de
silex. Appartient-elle bien au terrain lacustre supérieur , au groupe
des terrains épilymniques , ou au terrain diluvien , au groupe des
terrains clysmiens ?
La terre végétale du haut plateau crayeux de Coudray-Saint-Ger«
mer contient en grande abondance des galets siliceux qu’on retrouve
sur tous les plateaux de craie du nord-est du département. Ils me
semblent appartenir au terrain diluvien , mais aux galets du groupe
des terrai ns clysmiens détritiques; le gravier et les galets de la vallée
de l’Oise ne peuvent se rapporter qu’aux terrains alluviens cail-
louteux.
Enfin , les exploitations des tourbes herbacées des vallées de
l’Ourcq et du Therrain constatent l’existence des terrains alluviens
phytogènes. »
La journée du 7 est occupée par l’inspection des points de
Bresle et de Laversine.
La Société visite près de Rochecondé, les sables argilo-marneux
à grains verts, et coquillers qui forment, dans les environs de Beau-
vais, la base du calcaire tertiaire reposant sans autre intermédiaire
sur la craie. Elle y trouve des débris de Cucullées, et dans une
marne brune supérieure à ces sables , des traces de lignite , et un
mélange de coquilles marines et d’eau douce , accident qui rappelle
les argiles à lignites du Soissonnais.
La Société se rend à une éminence appelée le Mont-César ( à
l’est du bois de Quesnoy ) , qui domine la contrée , et est formée
des mêmes sables tertiaires, coquillers et à glauconie , sur lesquels
est placé un lambeau de calcaire grossier.
Elle observe , au milieu des marais de Bresles, un petit mamelon
des mêmes sables qui offrent une très-grande quantité de fragmens
brisés de Cucullées, de Pectoncles , de Corbules, de Limes, etc. La
grande tourbière de Bresles lui offre la coupe suivante de haut en
bas: ï° du limon calcaire pétri de coquilles terrestres, 2° de la tourbe
blanchâtre mêlée de sable , 3° de la tourbe grise à coquilles fluvia-
)4 SÉANCES DU 6 AU 1 1 SEPTEMBRE 1 85 1 .
tilcs et lacustres, 4° de la tourbe noire ou brune à racines, 5° de
la tourbe compacte bitumineuse sans débris de végétaux et à fer
phosphaté , 6° de la tourbe brune à restes d’arbres , tels que des
feuilles et des fruits de noisetiers , des branches et des troncs de
coudrier, de bouleau , d’aulne. D’après la collection de M. Gra-
ves , il y a aussi des bois de cerf , de chevreuil , de cheval , de castor
et d’aurochs, 70 de la tourbe sableuse, 8° de l’argile brune ou grise.
Le village de Laversine offre, au-dessus de la craie , un lambeau
très-petit d’un dépôt calcaire coquiller qui occupe, d’une manière
fort intéressante , les momens de la Société.
Ce calcaire est compacte , poreux ou friable , blanchâtre ou jau-
nâtre et plein de fossiles , la plupart en moules , tels qu’une es-
pèce de Lime voisine de la Lima plicata de la Tourraine , une
Arche voisine de Y Area clathrata du même pays, des Lucines, des
Cerithes, des Trochus, des Turbos, des Pleurotomaires, des Cranies,
des Cidarites } des Polypiers , des Spiropores, etc. Il forme un es-
carpement de vingt à trente pieds de hauteur , et a environ cent
mètres de long sur vingt de largeur. Il est divisé en bancs peu
distincts ; néanmoins lorsqu’on peut y apercevoir les joints de
stratification , l’inclinaison est au S. O. sous i5° , tandis que la craie,
qui resort à vingt pas de là , incline distinctement au S.
La masse inférieure du dépôt est plus compacte et renferme
quelquefois des petits nodules irréguliers d’un silex corné grossier
et se fondant avec la masse du calcaire , tandis que supérieurement
elle est plus tendre, plus jaunâtre et pétrie de Limes.
Ce dépôt repose positivement sur la craie.à Belemnites, puisqu’on
la découvre dans le fond d’une des excavations faites dans ce cal-
caire , dont elle est séparée par un petit lit d’un pouce environ de
marne calcaire. De plus, la craie se montre clairement jusqu’à la
surface du sol, dans un puits creusé à cinq pas du pied de l’escarpe-
ment du calcaire problématique. Enfin la craie se montre au jour à
vingt pas à l’ouest; tous les caveaux d’une grande partie du vil-
lage sont creusés dans cette roche , et la plus petite portion du ha-
meau est bâtie sur le calcaire coquiller, qui a été aussi miné pour
des celliers. Il paraît donc clair qu’on a là, sur le bord d’un
vallon très-évasé, un petit lambeau d’un dépôt placé en stratifica-
tion discordante sur la craie , et adossé contre une pente du vallon ,
ou pour parler géologiquement, dans une petite anfractuosité
d’un rivage crayeux. Il s’agissait maintenant de déterminer l’âge
de ce dépôt; les fossiles et la nature minéralogique de la roche
pouvaient être les seuls guides. Tout le monde avoue que ce
n’est pas du calcaire tertiaire parisien , puisque la roche n’en pré-
SÉANCES DU 6 AU 11 SEPTEMBRE î85l. l5
sente ni les fossiles, ni la texture- mais plusieurs personnes sont
d’accord pour y reconnaître des analogies de fossiles et de contex-
ture, soit avec certaines roches de Valognes et de Maëstricht , soit
avec le calcaire tertiaire de Bordeaux et les faluns en général.
Ce serait donc un dépôt tertiaire très-récent qui n’aurait pas été
découvert jusqu’ici , quoique très-près de Paris. D’un autre côté
quelques personnes, en admettant cette classification, voyaient
s’élever dans leur esprit des doutes sur le classement véritable de
certains calcaires de Valognes et surtout de Maëstricht. Malgré
l’ absence des Baculites et des Bélemnites, on se demandait si les
assises coquillères des souterrains de Maëstricht placées , d’après
tous les observateurs , entre la craie à silex et un certain calcaire
évidemment tertiaire , ne pourraient pas être une dépendance du
sol tertiaire supérieur , et non pas de la craie. La présence seule
des Bélemnites ne paraissait même pas tout-à-fait contraire à cette
idée , puisque cette espèce de fossiles de la pierre de Maëstricht
a l’air souvent d’avoir été roulée, et que M. le comte de Munster
et d’autres personnes en ont observé , ainsi que des fossiles secon-
daires, dans le sol tertiaire supérieur de la Westphalie. De plus,
les roches particulières de Maëstricht ont toujours offert, à quel-
ques membres de la société, un air de parenté, avec les grands dé-
pôts de calcaire tertiaire supérieur ou calcaire à coraux de l’Au-
triche , de la Hongrie , de la Gallicie, etc.
Le temps ne permet pas à la Société d’aller voir , en revenant de
Laversine, au nord de Bracheux, une petite butte composée de sa-
bles verts tertiaires inférieurs et riches en coquilles. M. Graves y
cite en particulier les fossiles suivans : Voluta depressa Lam. Cu-
cullœa crassalina , Venericardia pectuncularis et multicostata ,
Melania plicatula Desh. Ostrea bellovacina , Cardium hybridum
Desh. , Cytherea obliqua et bellovacina , Lucina uncinata , scala-
ris et grala , Crassatella sulcata , Corbula longirostris Desh. ,
Nuculafragilis Desh., Lar varia fragilis Def. , Cerithium lacry-
mabundum Def. Aucune de ces coquilles ne se rencontre , d’après
M. Graves, dans les couches ordinaires du calcaire grossier, et il
connaît déjà plus de dix gisemens semblables à celui de Bracheux.
Dans quelques uns, le sable est agglutiné en grès dur, qui sert de
pavé, alors il n’y a plus que des moules de coquilles.
La Société se rend à Savignies , Saint-Germain-la-Poterie et
Saint-Paul.
En montant de Savignies à l’O. N. O. au Mont-Benard (228 mèt.
de hauteur absolue ), clic voit successivement resortir les couches
G
SÉANCES DU G AU 11 SEPTEMBRE 1 85 1 .
principales des assises supérieures du grès vertj, savoir : des assises
assez puissantes de grès jaunâtre, blanchâtre et rougeâtre avec des
traces de minerai de fer, des marnes argileuses ; enfin , sur le plateau
des couches d’une excellente argile plastique ou à potier , surtout
grisâtre et à pyrites : on y observe dans certains lits des petites
bivalves ( Corbules et Nucules), et des traces végétales. L’inclinaison
de toutes ces couches est au N. E. sous 22,0.
D’après M. Graves , les couches composant le Mont Bénard ,
ne sont pas continues dans toute la butte et n’y ont pas non plus
une épaisseur semblable. Malgré cette irrégularité il pense pou-
voir en dresser la coupe suivante de haut en bas :
Sable jaunâtre ferrugineux mêlé d’argile marbrée rousse et
blanche , sable gris micacé à argile jaunâtre et grès en fragmens ,
ce banc contient un niveau d’eau, argile rougeâtre ou grès ferru-
gineux à mica , argile bleue dite terre à grès contenant des pyrites
ou lignites , Y Ammonites splendens , Deluci, Lcimberti , Le<we -
siensisj Mantelli, dentatus , tuberculatus , hippocastanum , Hamites
intermedius et compressus , Nucula pectinata et producta, Ino -
ceramus concentricus , Pecten quinque-costatus et Squalus , Rostel-
laria carinata Mantell. etc, , banc qui serait le Gault , argile grise,
plus douce sans fossiles , grès ferrugineux avec bois fossile , sable
gris, argile grise dite la terre à plombeur, banc qui serait d’après
M. Graves fluviatile comme le précédent, enfin du grès vert.
De ce lieu la Société se rend à Courcelles dans une localité où
le chemin creux laisse voir de nouveau les couches jaunâtres et
arénacées du grès vert } tandis que plus loin dans un champ près
de Ville en Bray , l’on peut voir des couches coquillères qui oc-
cupent dans le grès vert , une place plus inférieure sous la
marne bleue. Ce sont des grès verts calcaires en partie à ciment
de spath calcaire ( Grit des Anglais) avec des impressions res-
semblant un peu à de grands Fucoides branchus? et des luma-
chelles arénacées'à grains verts et à petites Huitres, Anomies, Poly-
piers, etc.
M. Graves place entre ces deux dernières roches une argile
verdâtre et il cite dans le grès vert spathisé la Trigonia scabra et
rugosa , la Mya mandibulata , des Cucullées et des Huitres. Ce banc
forme ailleurs des assises puissantes.
La Société revoit à Lafresnoy de grandes carrières de grès vert
supérieur, offrant du grès jaunâtre à traces de végétaux en partie
changés en fer hydraté et à impressions ; et inclinant au N-E. Cette
masse paraît être intercalée entre deux assises d’argile dont l’in-
férieure ressort non loin de là.
SEANCES DU G AU 1 1 SEPTEMBRE 1 83 1 * ij
Après une promenade au milieu du bois de Ville en Bray, la So-
ciété monte sur les hauteurs pelées et couvertes de bruyères près de
St-Germain-la-Poterie ( 1 64 met. de hauteur ), pour y observer un
vaste dépôt de minerai de fer oolitique exploité et appartenant au
grès vert supérieur. Elle voit ce fait avec d’autant plus de satisfaction
qu’on ne peut pas en désirer d’exemple plus distinct. D’après M. Gra-
ves, ce minerai entouré de sable rubanné jaune se trouve à B.ainvil-
îers, repose sur une argile à potier pétrie de coquilles marines, et
renferme des morceaux de fer hydraté ocreux à fossiles marins.
Le retour à Beauvais , offre encore à la Société l’occasion de voir
entre Goincourt et Saint Paul, à la Sablonnière de Saint-Paul, une
autre dépendance curieuse du grès vert, telle que les couches qui re-
présentent en grande partie à Beauvais les couches fluviatiles de la
foret de Tilgate en Angleterre. La Société y remarque des escarpe-
mens assez grands d’un grès fin , blanchâtre ou jaunâtre à impres-
sions végétales monocotyledons et même à fougères (Pecopteris reti-
(Cw/atoMantell. ou Lonchopteris y Ad. Brong.)et audessus des couches
marneuses avec des lits d’une marne ferrugineuse jaune, brune
à petits grains de fer oolitique et à coquilles marines , soit bivalves,
soit univalves, telles que la Trigonia cilœformis Sow.,des Nucules,
des Thethis Sow. et des moules intérieurs difficiles à classer.
Le 9 , la Société se rend à Gournay, par Savignies, Hanvoile
et Hecourt.
M. Graves lui fait observer, près de Glatigny, que la craie
repose sans l’intermédiaire de la craie chloritée sur le grès vert
supérieur ou ferrugineux. Ce fait se répète sur toute la lisière
nord-est du pays de Bray.
Dans le village d’Heraulle près d’Hanvoilc , la Société observe
dés argiles grises à potier et smectiques, qui renferment les mêmes
empreintes de fougères que le grès de la sablonnière de Saint-Paul,
ainsi que des Ammonites et divers moules de petites bivalves;
telles que des Nucules et des Corbules. Ce sont encore des dé-
pendances du grès vert se trouvant sur le même horizon géologi-
que que l’argile de Savignies.
Au dessus d’Hanvoile , la société observe , dans une carrière , du
grès vert calcaire, et des calcaires arénacés jaunâtres, à petites Ano-
mies, Peignes, Modioles etc. , appartenant aussi au grès vert in-
férieur. On y trouve des masses non en place de lumaclielles bleues
à petites Gryphées, et à Vembé prés de Gerberoy, des lumaclielles
a Anomies. Un membre remarque des blocs d’une lumachelIeàPa-
ludines semblable au marbre de Sussex. M. Graves n’a encore
trouvé cet te roche qu en blocs et généralement aux points de contact
Soc. Gdol. Tome II. 2
l8 SÉANCES DU 6 AU 11 SEPTEMBRE 1 85 1 .
des sables ferrugineux et du grès vert inférieur, soit au-dessus
d’Hanvoilc , soit à Hannaches, mais il ne doute pas qu’on ne la dé-
couvre un jour en place, dans le pays, comme c’est le cas pour
les blocs d’autres lumachelles.
En moutautau plateau du moulin de Bois-Aubert ou de Senantes,
quelques membres voient des affleuremens de marnes grises et
bleuâtres inclinant au N. E., tandis que les blocs couvrant les
champs et les carrières, indiquent que le plateau est formé de
calcaire compacte blanc à aspect lithographique , mais non feuil-
leté et couvert d’une lumachelle rosâtre pétrie d’une espèce de
petite Gryphée très-voisine, si ce n’est l’identique de celle appelée
Gryphea virgula. L’inclinaison très faible des couches y est au
contraire au N. O. et reste ainsi jusque vers Gournay.
En se rendant au village de Hecourt, la Société a occasion encore
de voir des affleuremens d’alternats d’argile bleuâtre ou noirâtre
et de lumachelle bleuâtre à petites Gryphées. Elle rencontre aussi
beaucoup de blocs de ces lumachelles et y observe des grandes
Hui très, des Ammonites, des Térébratules etc.
M. Graves a déterminé dans les lumachelles les fossiles suivans :
Gryphea virgula Defr. ou angusta Lam., Y Ostrea gregarea Sow.,
Trigonia nodulosa Lam. , Perna aviculoides Lam. , Ammonites
contractas Blainville et coronatus Schloth, Gryphea latissima
et Cidarites crenularis Lam. Les deux premiers fossiles forment
la grande masse de la roche.
Sous la conduite de M. Langlois de Beauvais , la Société va voir
dans sa propriété, au N. O. de ce village un puits percé à travers les
lumachelles et le calcaire compacte jusqu’à la profondeur de
quarante pieds. D’après le rapport de ce propriétaire , espérant
trouver delà houille, les ouvriers se seraient arrêtés dans une roche
bleuâtre très dure , dont M. Graves conserve des échantillons rap-
portés par les ouvriers , et ramassés par Jui dans les déblais du puits.
La Société n’en peut malheureusement trouver aucune trace ,
mais elle reconnaît bien positivement dans la collection de
M. Graves que cette roche est un calcaire intermédiaire à encl ines
identique avec ceux de la Belgique et de Marquise en Picardie.
Quoi qu’on puisse élever des doutes sur ce rapport d’ouvriers,
et que les échantillons n’aient pas été détachés par M. Graves
lui-même, il n’en serait pas moins important de vérifier, s’il est
possible, cette curieuse observation. Si elle était vraie, des crêtes
ou des proéminences de terrain ancien perçant à travers les dépôts
secondaires les plus modernes ou s’étant trouvées assez élevées, pour
n’être pas recouvertes par eux, seraient peut-être les causes de ces
SÉANCES ru 6 AU 11 SEPTEMBRE 1 85 1 . i q
dos d’âne que forment , soit dans cette contrée, soit dans le sud-
est de l’Angleterre , les couches du grès vert , de la craie et même
des dernières assises jurassiques. D’autres personnes y voient plu-
tôt des motifs suffisans pour la supposition de soulèvemens. Tel est
l’objet des discussions de la Société pendant le reste de cette soirée ;
mais un autre fait assez problématique appelle son attention.
Non loin de ce puits de M. Langlois , ce propriétaire conduit la
Société dans une prairie où, pour établir un étang, il avait fait faire
une tranchée assez profonde dans le soi. Il avait coupé des alter-
nats d’une marne noire bleuâtre à pyrites et à huîtres qui parais-
sent en partie, à quelques personnes, malgré la médiocrité des
échantillons, voisines de Y Ostrea deltoidea. Mais M. Graves ne
partage pas cette opinion. Certains membres de la Société veu-
lent reconnaître en conséquence l’argile de Dives ou de Kim-
meridge, dans ce dépôt , placé en effet sur un niveau plus
élevé que les lumachclles du puits. Ce classement pourrait bien
être le véritable; car on retrouve aussi en Angleterre, sous et
dans l’argile de Kimmeridge des lumachclles à Gryphées virgules;
ce gisement serait alors analogue à celui d’Oxford , où les couches
de Portland sont simplement représentées par certaines couches
arénacées coquillères qu’on n’a pu séparer du grès vert que par
suite du soin minutieux, avec lequel les Anglais ont examiné le
détail des couches secondaires récentes. Mais le temps pressait et
la Société aurait été obligée de retourner fort loin sur ses pas pour
voir si elle pouvait adopter cette idée en pleine conviction , ou si
ces argiles n’étaient encore que des dépendances inférieures du
grès vert. Elle regrette de n’avoir pu donner assez d’attention , à
cause du mauvais temps , aux affleuremens sur le versant sud-est
du plateau de calcaire lithographique.
Le 10, la Société retourne de Gournay à Beauvais par la
grande route.
Elle voit en chemin, à Epaubourg, la belle exploitation d’ar-
gile plastique grise, jaune et rouge : dépôt évidemment dépen-
dant du grès vert comme le prouvent les affleuremens qui parais-
sent çà et là sur la route , et l’absence totale de l’argile plastique
tertiaire près de Beauvais.
A Saint-Gertner , la Société observe des grès ferrugineux en
plaquettes; et au lieu dit le Becquet, près de Saint-Gcrmer , elle
examine un dépôt pyriteux très-récent, et exploité pour une fa-
brique de couperose. Sous la tourbe ordinaire et le limon for
20 SÉANCES DU f> AU 11 SEPTEMBRE 1 85 1 •
niant ensemble une épaisseur de quinze pieds, on rencontre des
bois en général très-faiblement bituminisés et appartenant évi-
demment à des espèces croissant dans le pays tels que le bouleau ,
le saule , le coudrier et le noisetier. L’écorce de ces troncs est sou-
vent intacte ; et on y voit meme des noisettes. Plus bas au dessus
de ces bois, empâtés dans un gravier noirâtre et incrusté de fer
sulfuré, il y a, d’après MM. Graves et Bineau , une couche de
lignite friable alunifère, ayant 3 pieds d’épaisseur ; enfin , un lit
de galets siliceux noirâtre de 3 pieds. Malheureusement l’eau rem-
plissait les excavations. Quelques membres vont visiter plus loin
un autre amas tout-à-fait semblable, près de Goincourt , et sont
assez heureux pour y trouver une coupe présentant 20 pieds de li-
gnite pyriteux , 3 pieds de galets noirs et 3 pieds de lignite pyri-
te ux. D’après M. Graves, on y distinguerait une couche d’arbres ren-
versés (2 met.), de la tourbe noire compacte (25 centim.), du gra-
vier vitriolique fin ( 2 mèt. ), du gravier semblable grossier avec
des silex de la craie (60 centim.), des galets siliceux à pyrites avec
des oursins silicifiés, et de l’argile. Des ossemens de chevaux , de
bœuf et de chevreuil se trouvent dans ces deux dépôts.
L’opinion la plus générale, dansla Société, est quec’esL un sédiment
alluvial ou lacustre, sur lequel s’est formée postérieurement de la
tourbe, mais ce sédiment doit être fort ancien, puisqu’il participe
à la coupure de la vallée.
L’après-midi est employé à visiter en détail la belle collection
de M. Graves , où la Société voit avec le plus grand intérêt ,
outre toutes les roches de l’Oise , groupées géologiquement,
une nombreuse et superbe suite de fossiles très - bien classés.
Parmi ces derniers on remarque beaucoup d’ossemensde rumi-
nans (bœufs, cerfs) trouvés dans les tourbières. M. Graves a des
doubles en assez grande quantité pour qu’il veuille bien en pro-
mettre à la Société un envoi considérable. Il fait la proposition
d’adresser une circulaire générale aux membres pour les enga-
ger à enrichir les collections de la Société ,et de leur indiquer
en général les objets qui pourraient être utiles.
M. Graves montre en particulier, à la Société, une craie jaune
de Hedencourt (canton deFroissy) qui, par son aspect et sa na-
ture cristalline avait l’air magnésienne, ce qui ne se trouve pas
vérifié à cause de l’effervescence vive qu’elle fait avec les acides.
Quant aux dents de cheval que M. Graves a recueillies dans
un bloc de craie près de Beauvais , il reconnaît lui -même
SÉANCES DU 6 AU 1 1 SEPTEMBRE 1 85 ï . 2 J
combien ce fait est douteux, et il regrette qu’on en ait fait
mention publiquement. La Société s’assure que la craie en-
tourant les dents est moins fortement aggrégée qu’à l’ordi-
naire, de manière qu’elle a plutôt l’air d’un limon crayeux, qui
aurait enveloppé ces dents , qui seraient tombées accidentelle-
ment dans une petite fente ou empâtées dans la surface délayée
d’un bloc de craie. D’ailleurs elles ne sont nullement fossilisées.
Après l’examen de la collection de M. Graves , la séance est
ouverte par la présentation, au nom de M. Buckland, d’une suite
nombreuse de divers Goproiites, tant en moules qu’en nature ,
et d’un mémoire extrait du volume , sous presse , de la Société
géologique de Londres intitulé : « Sur les restes d’éléphans et
d’autres quadrupèdes trouvés dans le limon gelé de la baie
d’ Eschsclioltz dans le détroit de Bering t et sur d’ autres rivages
des mers arctiques . »
11 est fait lecture d’une lettre de M. de Montlosier, qui té-
moigne tout l’intérêt qu’il porte encore à la science.
. On lit le mémoire suivant de M. Teissier d’Ànduzc, intitulé :
Note sur une grotte à ossemens près d'Anduze, département
du Gard, mémoire accompagné d’un envoi d’ossemens fossiles.
<f 11 y a quelques jours qu’on a découvert, à deux lieues au nord-
est d’Anduze , dans la commune de Mialet, une grotte à ossemens
dans le calcaire jurassique caverneux. Cette caverne s’appelle la
Grotte du Fort • elle est célèbre dans le pays , parce que, pendant
les guerres des Camisards,elle servit souvent de lieu de refuge ou
d’assemblée aux pasteurs et aux liabitans persécutés.
Ces ossemens, dont une partie m’a été donnée, me paraissent
appartenir à l’ours des grottes ( Ursus spelœus ) • et j’adresse à la
Société une moitié gauche de maxillaire inférieure ; un fragment
de maxillaire supérieur du même côté , l’un et l’autre garnis de
dents ’ une seconde vertèbre cervicale ; une partie inférieure
d’humérus 3 un fragment de fémur et de tibia • deux rotules , un
calcanéum, un os du métatarse; plusieurs dents détachées; une
phalangette de l’extrémité delà griffe, et un cône évidé, qui paraît
avoir été un ongle, ou n’est peut-être qu’un débris de dent.
La caverne où ces ossemens ont été trouvés est spacieuse et
élevée. Les ossemens reposent sur le sol , empâtés dans un limon
argilo- ferrugineux. Ces ossemens ont été aperçus après quelques
coups de bêche donnés sans dessein ; de sorte que , quoique les
22 SÉANCES D1J G AU 11 SEPTEMBRE 1 85 1 .
recherches se soient bornées là , on peut être assuré que la grotte
en contient une grande quantité.
Eu élevant les flambeaux vers la voûte, on aperçoit qu’un
limon pareil à celui du sol est resté attaché en plusieurs endroits
aux rochers du plafond , et que ce limon empâte beaucoup de
fragmens osseux. O11 peut donc penser que la grotte , primi-
tivement vide, a été remplie de [limon mêlé d’ossemens par
une action violente, celle des eaux sans doute ; que, postérieure-
ment , l’action des eaux agissant en sens contraire , a déblayé une
partie de ce dépôt delà caverne; cependant une partie de ce mélange
d’ossemens et de terre est restée attachée aux parois et à la voûte
de la caverne comme un monument des révolutions qui s’y sont
succédées. L’observation de ces ossemens attachés à la voûte, ne
détruit elle pas l’opinion de ceux qui pensent exclusivement que
les animaux ont vécu dans les grottes , où l’on trouve leurs débris?
Il est une autre remarque tout aussi curieuse : c’est que sur le
limon où les ossemens sont empâtés, et sous un petit avancement
de rocher on a trouvé un squelette humain. Auprès de ce sque-
lette était une figurine en terre cuite (argile jaune fine ) représen-
tant un romain vêtu de la tunique , et drapé de son manteau qu’il
relève de la main gauche : il a les bras , les jambes et la tête nus ,
le front découvert, et les cheveux coupés à la Titus. Cette figurine
de six pouces de hauteur, évidée à l’intérieur, et pénétrée en cer-
tains endroits par le limon de la caverne, est en la possession de
M. Miergue, chirurgien de cette ville; si la Société le désire, je
pourrai lui en envoyer un dessin.
Ce squelette , cette figure en terre cuite parfaitement conser-
vée, ces ossemens et les circonstances de leur position relative,
peuvent jeter quelque jour , comme la Société le sentira parfaite-
ment , sur la question soulevée par MM. Tournai et de Chris toi
au sujet des cavernes de Bize , de Souvignargues , dans les-
quelles ils ont trouvé des ossemens d’espèces animales perdues ,
des ossemens humains et des débris de poterie. »
La Société, en remerciant M. Teissier, le prie d’envoyer
un dessin de la figurine.
La lecture d’autres notices est renvoyée, faute de temps, aux
séances ordinaires.
Le reste de la séance est employé â discuter les observations
faites sur la stratification et la composition du sol secondaire
de Beauvais.
M. Cordicr en esquisse un profil , et fait voir le peu de rai
SÉANCES DU 6 AU 11 SEPTEMBRE 1 85 1 .
23
sons qui paraissent militer en faveur de la supposition que le
pays de Bray est l’axe central d’un soulèvement qui aurait cour-
bé en dos d’âne toutes les couches de la craie , du grès vert ,
ainsi que du calcaire jurassique tout-à-fait supérieur. Toutes ces
masses n’offrent que des inclinaisons très-faibles , et paraissent
être,, par conséquent, dans leur position originaire.
La Société pense qu’il serait convenable de faire lithogra-
phier d’après les observations précédentes une coupe des cou-
ches entre Beauvais et Gournay (Voyez Planche I, fig. 1 ),
Le tableau suivant offre l’ordre approximatif que la Société
croit entrevoir dans la succession des couches observées :
ÉTAGE
DE LA CRAIE
PROPREMENT DITE.
ÉTAGE
DES SABLES VERTS.
ETAGE
DES SABLES
FERRUGINEUX.
ÉTAGE
DES
GRÈS VERTS.
ÉTAGE
DES MARNES
PETITES GRYPHÉES.
( Craie blanche à lits el filons de silex. ( Entre Beauvais et
< Saint-Martin-le-Nœud.)
( Craie dure ou calcaire crayeux. (Flambermont.)
| SableSavStsnS Ve' tS‘ } tchâteau de Sénefontaine.)
'Argile lie de vin bigarrée. (Epaubourg) ?
Sables quarlzeux/rouges, roses et jaunâtres, avec minerais
de fer. (Savignies.)
Sables blancs ou roussâtres. (A l’ouest de Savignies.)
Couches de minerai de fer. (Mont Bénard.)
1 Argile de Savignies. (Mont Bénard.)
] Argile à coquilles marines. ( Bois de Craine , près de l’Hé-
raulle.)
\ Sable ferrugineux.
| Minerai de fer en grains. (Saint-Germain-la -Poterie.)
| Minerai de fer coquiller. (Saint-Paul.)
I Sable et grès blanc à fougères. (Sablonnière de St-Paul.)
I Argile. ( Venancourt, Ons en Bray.)?
! Sables et grès ferrugineux. (Lafresnoy.}
1 Argile à foulon. (Lafresnoy.)
' Argile à foulon. (Hanvoille.) ?
Argile jaunâtre. (A l’ouest d’Iïanvoille.)
Grès vert. (A l’ouest d’IIanvoilîe.)
Lumachelle grise à grosses paludines.
Marnes et argiles grises et bleuâtres, avec des lits de luma-
chelles à petites huîtres ou anomies. ( A l’ouest d’Han-
voille et Courcelles.)
Marnes et argiles grises, à petites huîtres ordinaires. (Hé-
court. )
Argile marneuse noirâtre à huîtres. (Ilécourt.)
Lumachelle grise, à petites gryphées. (Ilécourt.)
Lumachelle rougeâtre , à gryphées virgules. ( Plateau cul-
minant de Senantes.)
Calcaire compacte argilifère blanc jaunâtre. (Sur le même
plateau.)
Avant de sc séparer, la Société charge le Bureau d’être son orga-
ne auprès de M. le préfet de l’Oise, pour le remercier d’avoir mis
â la disposition de la Société une salle pour tenir ses séances.
séance nr 7 Novembre i 83 i .
24
SÉANCES ORDINAIRES A PARIS.
— » 9 m* _
Séance du 7 novembre 1831.
M. Gordier occupe le fauteuil.
Le procès-verbal des séances extraordinaires tenues à Beau-
vais est lu et adopté.
Le président proclame membre de la Société:
M. J. -A. Delpon, député, présenté par MM. Meyranx et
Boué.
Il est fait hommage à la Société des ouvrages suivans .
i° De la part de la Société d’histoire naturelle de Strasbourg,
de la première livraison du premier volume de ses Mémoires ,
avec la promesse d’envoyer la seconde , maintenant sous
presse.
20 De la part de la Société industrielle de Mulhouse, du nu-
méro 20 de son Bulletin .
3° De la part de la Société d’agriculture , des sciences et des
arts du département de l’Aube , des numéros 38 et §9 de ses
Mémoires.
4° De la part de la Société géographique de Paris , des nu-
méros 99 et 100, de son Bulletin.
5° De la part de M. Bailly de Merlieux , des numéros 7,8,
9 , et 10 de son Mémorial encyclopédique.
6° De la part de M. Brongniart, d’un Mémoire sur une
excursion à Londonderry, Tyrone et Doivne en Irlande par
M. Giesecke , (in-8° en anglais ).
70 De la part de M. Girardin , d’un rapport sur l'emploi de
la gélatine des os dans le régime alimentaire des pauvres et
des ouvriers i83i).
8° De la part de M. de la Bêche, de son Manuel géologique,
SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1 83 1 . $5
( Geological M annal), in-8°de 536 pages, avec des vignettes
(Londres, 1 85 1 ) .
q° De là part de M. Delpon , de sa Statistique du dépar-
tement du Lot , in-4° de 534 pages (Paris , i85i.)
io° De la part de M. Moreau , du numéro 9 du premier vo-
lume de son Journal des travaux de /’ académie et de l* in-
dustrie agricole , manufacturière et commerciale.
Il est présenté par M. Boué; i° un Mémoire sur les eaux mi-
nérales en général, et un tableau de 880 des sources miné-
rales et salines les pl^is connues en Allemagne , en Suisse et
dans les pays environnans, avec des tables contenant plus de
a5o analyses (Abhandlungvon den Miner alquellen etc.), par
le Dr C. Stucke ave une carte géologique des sources de
l’ Allemagne en 4 feuilles, in-folio de 1 10 pages (Cologne i85i.)
L’auteur y distingue 17 espèces de sources 5 savoir: dans la classe
des eaux thermales, les eaux sulfureuses à natron, à sel de glauber,
à muriate de soude et à élémens chimiques indifférens ) dans celle
des eaux froides minérales, les eaux sulfureuses ferrugineuses, à na-
tron, à muriate de soude ou acidulées, à sel de glauber, à muriate
de magnésie et à muriate de soude \ enfin il y joint les eaux salées
proprement dites, les sources de naphte, les bains de mer, les eaux
minérales artificielles et les bains de boue.
20 Des Observations sur les fossiles du calcaire intermédiaire
de l’Eifel, ( Bemerkungen uber die V ersteinerungen etc.), par
M. Steininger , in-4° de 44 pages , à Trêves. L’auteur promet
d’y ajouter les figures des nouvelles espèces indiquées.
M. Rozet écrit de Châlons-sur-Saône qu’il a adressé à la
Société deux caisses contenant toutes les roches et les fossiles
récoltés dans le pays d’Alger.
M.Bertrand-Geslin offre à la Société des suites de roches du
Poitou , de Fontenay et de la Rochelle , et annonce qu’il a con-
fronté, avec MM.Fleuriau de Bellevue et Lajonkaire , les clas
semens des calcaires de la Rochelle proposés d’un côté par
M. Dufresnoy, et de l’autre par MM. Gressac etManès. Il se pro-
nonce pour ce dernier, parce qu’entre la pointe des Minimes et
celle de Duché il n’a pas pu trouver des argiles bleues comparables
SU SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1 85 1 .
h l’argile d Oxford , et eu un mot une ligne de séparation dans
l’étage oolitique inférieur et l’étage moyen de M. Dufresnoy.
L’oolite moyenne existerait donc seule à la Rochelle.
M. le docteur Daubeny, d’Oxford, annonce que la seconde
réunion de la société générale des naturalistes et des savans
d’Angleterre aura lieu l’an prochain, en juillet, h Oxford. A la
réunion de York, en septembre, M. Buckîand a été élu prési-
dent pour i852; MM. Brewster et Whewell , de Cambridge ,
vicc-présidens, et MM. Powel et Daubeny, secrétaires. Les tra-
vaux de la réunion de York sont sous presse. Il écrit aussi qu’il a
fini son examen des eaux thermales d’Aifgleterre par celle de
Jorfeswell, près de Cardiff, dans le pays de Galles méridional ;
cette source a une température de 74° F. Toutes les eaux ther-
males d’Angleterre , lorsqu’elles dégagent du gaz , émettent de
l’azote. Ces eaux et beaucoup de sources acidulés se trouvent
au-dessus ou près delà grande faille du terrain calcaire du Der-
byshire, telle qu’elle a été décrite par M. Farey : M. Philipps,
a fait la meme remarque dans le Yorkshire.
On lit la lettre suivante de M. Morren, professeur à G and.
« Les collections que j’ai faites de 1825 à 18*28 ont été transportées
en Hollande, on ne me les rendra qu’à la paix, La science est veuve
de quatre naturalistes, qui nous ont été enlevés : M. Kickx, En-
zelspach, Vanderlinden et Rouceî, Le premier était botaniste et
géologue ; il a fait un Tentamen mineralogicum , un Mémoire
sur la chaux sulfatée des environs de Bruxelles, un Mémoire sur
les trapp. Yoici le peu de travaux que j’ai faits celte année, 1 0 j’ai
rassemblé tons les écrits rares sur les Hunnebedden , blocs erratiques
arrangés par les Celtes. J’ai une collection complette de leurs
figures et quelques planches sont faites d’après nature et inédites.
J’ai traduit là dessus les meilleures données du grand ouvrage
de Westendorp. Dans le grand travail que Haussmann a préparé,
mon ancien maître, M.Yan Breda, y a coopéré pour les Hunnebedden
de Groningue , sur lesquels les géologues se sont trompés. Dans
cette coopération, M. Van Breda s’étend sur la géologie de tous
les Pays-Bas. M. B’Omalius a fait croire dans ses nouveaux élé-
înens, p. 168, que M. Yan Breda avait publié un mémoire sur
les Flandres. Ce travail n’existe qu’en notes manuscrites hollandaises
dans la commission de statistique même, 20 les ossemens de cette pro-
SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1 83 1 . 27
vincc m’ont occupé davantage. J’ai décrit une précieuse mâchoire
inférieure d’éléphant, telle que personne n’en a encore figuré.
Elle se termine par une symphyse en long bec : la conclusion du
Mémoire , est que dans l’espèce El. primogenius , il y avait deux
variétés comparables au Morknoh et Deuhtelah des Indes. Si ce
travail peut faire plaisir, je l’enverrai. 3° J’ai fait des recherches
sur les castors des tourbes'; il est certain que chez nous , ils
ont habité toutes les petites rivières entre la partie de l’Escaut
qui coule par Gand, et le Hond ou l’embouchure de FEscaut occi-
dental , mais ce que je crois peu connu , c’est le gisement
exact de ces os. Ils reposent sur le sable en dessous des
tourbes, à deux mètres au dessous du sol. Ils ne sont pas dans
la couche, quoiqu’ils en soient colorés. Le sable dont la partie
supérieure les porte, est blanc, siliceux , à petits grains , semblable
en tout au sable de nos grandes bruyères. Je conclus de là que ces
os ont passé par la tourbe qui les a teints, et qu’àinsi ils pourraient
bien être plus récens que cette matière. Du reste j’observe sur ces
os les différences queM. Cuvier a remarquées sur l’espèce fossile.
3° Dans nos tourbes, on a découvert des ossemens humains. J’ai
dessiné deux frontaux, qui sont excessivement petits et très-bombés.
4° L’aurochs s’est trouvé dans la tourbeàNinove; à Ternath, sont les
cochons des tourbes, dont M. Cuvier déplore quelque part de n’avoir
pas de figures. 5° Les loutres ont laissé leurs os avec ceux des cas-
tors. 6° Ce qu’il y a de curieux , c’est le nombre des chiens des
tourbes, du moins dans la Flandre occidentale ; sur 10 crânes, il y
en a 9 de chiens, la plupart sont fort grands. 70 J’ai encore à noter
parmi les ossemens du Brabant les rhinocéros trichorinus et le
cheval, dont les restes confirment les remarques de l’illustre Cuvier.
8° J’ai trouvé à Forest, près Bruxelles , un autre gite d’ossemens
( du calcaire grossier?? ) ; ce sont encore des masses de Batraciens,
mais cette fois j’ai des os de salamandres et de petits mammifères.
Ce qui caractérise le calcaire grossier de Gand , c’est le grand nom-
bre de fruits fossiles. Les lieux où 011 les trouve sont fortifiés au-
jourd’hui : toute récolte est interdite. J’ai écrit à la régence et au
conseil de l’Université de Gand pour que le plus beau palais acadé-
mique du pays soit mis à sa disposition, en cas que la Société géolo-
gique nous fasse l’insigne honneur de venir ici. Les autorités s’em-
presseront de la recevoir avec tous les honneurs dignes d’elle , et
aucun sacrifice ne leur coûtera pour répondre au choix dont elle
voudrait les honorer. »
M. Zuber-Karth écrit une lettre trèsdlaltcusc pour la So
28 si AN CE DU 7 NOVEMBRE l85l.
ciété , en l’engageant h choisir Strasbourg comme lieu des
réunions extraordinaires pour t83ü.
M. La Joye présente à la Société les coupes du sol tertiaire de
Lisy-sur d’Ourcqet de St-Aulde , h deux lieues de la Ferté-sous-
Jouarre.
a Dans le premier lieu il a observé, de bas en haut, les couches
suivantes : i° du calcaire à cérithes ; 2° une masse de sables et de
grès qui est très-coquillère dans sou milieu, tandis que près de sa
base il y a une couche coquillère à Lenticulines , avec des Cor-
bules, des Mactres, des Yolutes , des Fuseaux, des Cérithes
géants; la partie supérieure est, aussi, pleine de coquillages , en
particulier deMélanies, de Cérithes, d’Auricules et d’Erycines ;
3° du calcaire grossier à cérithes et à débris de Crabes (Pagure) ,
dont la portion inférieure est très -friable. 4° Des marnes blanches
à Lymnées.
La coupe de Saint-Aulde offre de bas en haut : i° une masse de
calcaire grossier qui est inférieurement à grains verts, et dans la-
quelle on voit plus haut se succéder du calcaire à dentales, du
calcaire très coquiller avec de nombreuses Natices , des bancs à
lits de silex corné à Cérithes agathisées; 2° des marnes à Nucules
et Cérithes; 3° plusieurs lits alternant de marne blanche à ménilite
avec et sans coquilles marines ; 4° une masse de sables avec des blocs
de grès , et présentant supérieurement un lit coquiller à Méla-
nies , Cérithes et Cythérées; 5° un mince banc de calcaire à co-
quilles marines ; 6° du sable à Lymnées ; 70 du calcaire à Lymnées
et à Cyclostomes (C. mumia ), avec des masses nombreuses de
quarz résiniteet de silex ménilite empâtant les mêmes coquilles ;
8° des marnes vertes; 90 la terre végétale. »
M. La Joye fait hommage à la Société d’une suite d’échanr
tillons à l’appui de sa notice.
Ce sont dix-huit échantillons de roches de St-Aulde , une
dixaine de Lizy, ainsi que 55 espèces des fossiles de cette der-
nière localité. Plusieurs de ces espèces sont en grande quantité ;
on y remarque en particulier des individus qui indiquent
soit le passage des Fuseaux aux Pyrules, soit les grandes variétés
du Fusus bulbiformis. Parmi les roches on doit citer un grès de St-
Aulde avec l’impression d’une feuille de dicotyledon , un beau
morceau de silex avec des Cyclostoma mumia du même lieu , un
échantillon du calcaire grossier à Crabes deLisy,un gros échantillon
des grès de Lisy tout pétri de coquilles (Lenticulines, I)elphinules9
SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1 85 1 - 2^
Polypiers), renfermant des fragmens de calcaire grossier qui sont
roulés et percés de coquilles perforantes. Le test de ces derniers y
est encore visible.
M.Boué fait hommage à la Société des 4oo roches et des 600
fossiles suivans :
8 roches de Croatie , 16 échantillons de Transylvanie ; 68
échantillons de diverses parties de l’Allemagne; 118 échantillons
de différentes localités de France , savoir : 4 de l’Estrelle; 3 du
lignite de St-Alexandre , près du pont St-Esprit; 5 du calcaire
tertiaire supérieur de St-Paul-Trois-Châteaux; 1 morceau de mo-
lasse de Limoux; 3 échantillons de Banyul-des-Aspres ; 3 de Dax ,
un morceau de calcaire tertiaire du Mont-de-Marsan ; 1 calcaire
de Terris ^ la marne à Arragonite et 3 échantillons de grès à bi-
tume de Bastènes , 1 morceau de Lenzinite de St-Sévère ; 2 échan-
tillons de craie verte de St- Jean de Marsac , du calcaire à orbito-
lites deBaitz; 3o roches des Pyrénées, entre autres des morceaux
de Lherzolite, du calcaire maclifère de Cierp, des roches à maries
et actinote de Pousac , des grès de Loubeing , des calcaires de
St-Girons , y compris la Gryphée du lias de cette localité ; 8
échantillons des filons de granité et des schistes schorlifères de
Versailles, près de Nantes ; 2 morceaux de porphyre, Pun
d’Anzet , sur la Loire, et l’autre de la Vendée* le macline de
Bretagne, du lignite de Joigny; un morceau de craie verte de
Saumur; 8 échantillons crayeux de La Flèche; 2 oolites delà
Ferté-Bernard , des calcaires jurassiques d’Auxerre et de Susen-
necourt, du granité de Semur; 2 échantillons du schiste marno-
bitumineux à poissons et graines d’Autun ; 1 échantillon de
Chessy et deux de Couches ; i3 échantillons du lias et du grès du
lias de Vigy près de Metz ; 3 de Vie en Lorraine ; 1 de Langres ;
1 de Nancy ; 4 échantillons du lias coquiller de Château -Salins ;
3 calcaires jurassiques de Béfort; 1 de Besançon ; 1 des Faucilles
et 1 du fort de l’Ecluse; 11 échantillons d’Entrevernes en Savoie;
5 échantillons des Voirons avec ammonites; 4 échantillons de grès
et du calcaire de Bonneville; 3 échantillons du gypse du Mont-
Cenis; 1 gneiss du Simplon ; 2 granités de Baveno ; 11 échan-
tillons des roches secondaires récentes (grès de Taviglianaz,
grès vert, etc. ) de Ralligen , sur le lac de Tliun en Suisse;
2 échantillons du calcaire oolitique du Stockhorn ; 2 roches de
Soleure , savoir : le Muschelkalk , et la Corgneule ou rauch-
waeke ; 2 calcaires de Dcnschburen, près d’Arau; 8 échantillons
00
SÉANCE DU 7 NOVEMBRE l83l.
des molasses de Verny, près de Genève , i agglomérat tertiaire
du Belpberg près de Berne, le phospliorite terreux du Marmarosh,
le quarz liyalin cristallisé de Transylvanie ; 2 échantillons du cal-
caire apennin de Stetera , daus les états romains ; une lave ain-
phigénique de Borghetto ; 2 morceaux des marnes subapen-
nines de Volterre ; 2 morceaux de soufre tertiaire de Cesena ;
3 échantillons de Gênes; 1 agglomérat coquiller alluvial de Ve-
nise; le silex résinite thermogène du Geyser, en Islande , et 2
laves de l’Ile de Bourbon.
Les fossiles comprennent deux grès bigarrés coquillers de
Soultz en Alsace , 1 1 fossiles du Muschelkalk, savoir le Mytilus
soda lis , T Ammonites nodosus, l’Encrinites lilïiformis, le Trigo-
nellites curvirostris , la Terebralala vulgaris» , le Myadtes mus -
culoides , le Buccinites dubius , et 5 morceaux d’ossemens , la
Gryphea arcuatade Metz, la Gryphea gigas ( Schloth. ) du lias
d’Amberg en Bavière, 6 échantillons du grès impressionné du Lias
du même lieu, le Ceritliium figuré dans Knorr vol. 2 part. 1 T., G.
VI, fig. 7, 12 échantillons de l’oolite inférieure de Les Moutiers
près de Caen, ( Pholadomie , Pleurotomaire, Turbo , Terebratules
etc. ) 20 espèces silicifiées du calcaire jurassique d’Amberg
( Echinites paradoxus et orifidatus{ Schl.), Terebratula loricala ,
substriatdj vicinahs, vulgaris , bicanaliculata , nucleata , varia-
bilis etc. ) un Turbo jurassique de Basle , une bivalve des oolites
d’Oxford, 32 pétrifications de Solenhofeu , savoir : 6 poissons ,
10 crustacés , 2 étoiles de mer, un os de sèche , une Comatule ,
3 vermiculites, une impression ressemblant un peu à une con-
ferve ? , 2 Ammonites dont l’une empâte le fossile appeilé Tel-
linites ( Schl. ) 4 échantillons du Telliniles problematicus et 2 du
T. Solenoides , 16 échantillons d’impressions de poissons dans
le schiste marno-bitumineux jurassique de Seefeld en Tyrol ,
deux Astrées et deux échantillons à? Orthocères du calcaire ju-
rassique des Alpes du Salzbourg , un petit Turbo de l’Eggenalp
en Tyrol , la Gryphée et le Diceras de Salève, le Diceras d’Au-
triche, T Ostrea deltoidea d’Oxford, la Gryphea virgula , 10 po-
lypiers siliceux des marnes ferrifères du grès vert de Natheim ,
en Wurtemberg, l’ Ostrea biauricularis delà Flèche, la Gryphea
columba soit des Carpathes , soit de Chatellerault , une petite
Gryphea de la dernière localité , 6 fossiles du grès vert de la
perte du Rhône, y compris les Orbitolites , 4 fossiles de la craie
verte de Saint-Colombe , près Saint-Sevère , (Crabes, Terebra-
tules , etc. ) 7 échantillons d’Echinidées crayeuses de Bedat
( Landes ), ( 2 ou 3 espèces ), une Térébratule de la craie de
SÉANCE BU 7 NOVEMBRE 1 85 1 . 5l
Dresde, 2 du Périgord, la Nummulite crayeuse de Donzat
( Landes, ) celle du Kressenberg , iB polypiers et 3a coquilles
fossiles de Gosau en haute Autriche, non compris 3 Tornatelles
gigantesques, 2 espèces de Grunbach, une petite Tornatelle, des
Mélonies et des Hippurites du même horizon géologique de Gams
en Styrie, 3 espèces du même dépôt de Scecsor en Transylvanie,
3 fossiles tertiaires de Wendlinghausen en Westphalie , 2 de
Francfort-su r-le-Mein et un de Hildesheim, 34 espèces de fossiles
de Paris , i5 espèces tertiaires du Hampshire en Angleterre, 23
espèces du calcaire tertiaire à INummulites de Castelgomberto
dans le Yicentin , 5 espèces de Pionca, 6 échantillons de petits
poissons d’Aix en Provence et 24 morceaux appartenant à de
grandes espèces ainsi que les Paludines, le Cypris fava et le Pal-
macite de cette localité, une coquille de Tourraine , 20 espèces
de Bordeaux , y compris deux gros polypiers, 4 de Dax, 14
de Banyuls-des-Aspres en Roussillon ; deux huîtres du Lot et
Garonne, (Aiguillon, Beaupuis, ) trois coquilles du calcaire d’eau
douce de l’Agenois ainsi qu’un fragment d’os et deux bois sili-
cifiés^ (Grateloup) dont l’un est de Palmier ( Montflanquin, )deux
échantillons coquillers et 6 impressions végétales d’Oeningen, en
Suisse , iômorceauxde lignites terreux à impressionsde feuilles ou
à graines de Salzhausen eu Wetteravie, 5i espèces subapennines
de la Toscane, une centaine d’espèces connues et une trentaine
d’espèces nouvelles de Basse Autriche , savoir : 2 espèces des
argiles à lignite dans les sables tertiaires de Pielach, 4 nouvelles
espèces d’eau douce de l’argile subapennine de Vienne , 3o
espèces connues et 17 espèces nouvelles du même gisement à
Baden et un moule d’eau douce d’Oedenburg, 4 espèces des sables
tertiaires supérieurs de Pfaffstetten, 6 à 7 espèces du meme dépôt
à Helias , 9 espèces des mêmes sables à Pullendorf, 5 de
Gaunersdorf , 4 ou 5 de Nexing, 18 espèces du calcaire tertiaire
supérieur d’Enzersfeîd ; 20 espèces sur le même horizon géo-
logique à Steinabrunn en Moravie; 2 Mélanopsides des sables de
Bisentz dans le même pays , 4 espèces du calcaire à coraux de
Prinzendorf, et 3 de celui de Wollersdorf en basse Autriche ;
5 fossiles des sables inférieurs à ce calcaire à Eisentadt en Hongrie-
60 ossemens du calcaire à coraux de Lauretto dans le même pays;
savoir: deux dents, trois côtes, une douzaine d’os longs, des os méta-
carpiens et sternaux, des vertèbres, etc., appartenant à des mam-
mifères ( Rhinocéros , animal voisin du Mouton ? ) ou à des
poissons et des amphibies (tortues), 6 espèces des sables tertiaires
supérieurs de Tihany sur le lac Balaton , ( 2 espèces de Mêla-
02 SÉANCE DU 7 NOVEMBRE I 83 1 .
nopsidcs , des Moules d’eau douce , etc. ) un fossile numrnu-
litiforme de Hongrie, 8 espèces d’eau douce des sables tertiaires
supérieurs d’Arapatak eu Trausylvanie , 5 du calcaire d’eau
douce de Colle en Toscane, 3 de la marne alluviale de Tolz eu
Bavière, 2 dans une roche semblable à Baden , près de Vienne ,
et deux espèces de coquilles vivantes daus les eaux thermales
de la même localité.
M. Desnoyers donne lecture d’une lettre de M. Prévost, en-
voyé par l’Académie des sciences pour explorer l’île volca-
nique récemment sortie du sein de la Méditerranée. Cette lettre
est datée de Malte le 3 octobre i83i.
« Partis de Toulon le 16 septembre à une heure , nous ne par-
vînmes que le 25 au matin à la hauteur de l’extrémité occidentale
de la Sicile, après avoir côtoyé d’abord les îles d’Hyères, et tra-
versé le canal qui sépare la Corse de la Sardaigne, dont j’ai vu les
rives correspondantes avec un intérêt, qui me donne le plus vif
désir de les examiner de plus près.
Dans la matinée du même jour , nous dépassâmes l’île Mareti-
mo, et le soir, sur les cinq heures, la vigie placée dans les mâts
signala une terre de laquelle s’élevait de la fumée ; étant montés
sur les hunes, nous aperçûmes en effet distinctement l’île qui avait
assez bien la forme de deux pitons réunis par une terre plus basse.
Nous étions à 18 milles, et nous voyions par moment des bouf-
fées d^une vapeur blanche qui s’élevaient du côté du sud, prin-
cipalement à une hauteur double de celle de l’île; à plusieurs re-
prises et lorsque nous étions sous le vent, nous sentîmes une
odeur sulfureuse plus analogue à celle du lignite pyriteux en
combustion qu’à celle de l’hydrogène sulfuré.
Le 26 septembre, le vent étant contraire et la mer très-grosse ,
nous fûmes obligés de nous éloigner; dans la nuit du 26 au 27 ,
nous fûmes même assaillis par une tempête affreuse. Les yeux
fixés sur le point où devait se trouver le volcan, pour voir si
quelque lueur s’en échappait, je n’aperçus aucun indice d’érup-
tion lumineuse ; seulement l’odeur sulfureuse, qui arrivait par
intervalle jusqu’au bâtiment, était suffocante.
Le 27 au matin, nous parvînmes à nous rapprocher, malgré
une mer très houleuse; vers midi , nous étions à 8 milles environ,
alors nous tournâmes l’île et pûmes en prendre un grand nombre
de vues sous sesdifférens aspects. Elle paraissait comme une masse
noire , solide, ayant tantôt la forme d’ün dôme surbaissé, dont
la base était triple de sa hauteur, tantôt celle de deux collines
SÉANCE BU 7 NOVEMBRE 1 85 1 . 55
inégales, séparées par un large vallon : ses bords s’élevaient à pic,
à Texception du côté d’où la vapeur sortait avec plus d’abon-
dance; celle-ci s’échappait visiblement de la surface de la mer,
et même à une assez grande distance ( 3o à 4o pieds. )
Les arêtes vives des escarpemens , la couleur d’un brun bril-
lant et parfois gras de ces faces abruptes , la forme générale de
l’île rappelaient un massif de roches solides; et si, me laissant
guider par l’analogie , j’avais dû m'en tenir à des conjectures ,
j’aurais cru avoir sous les yeux un cirque formé par du basalte ,
de la serpentine ou du porphyre, figurant un véritable cratère
de soulèvement, dans le centre duquel l’eau de la mer serait ve-
nue s’engouffrer 9 ainsi qu’on l’a avancé dans des relations précé-
dentes; toutes ces apparences m’auraient conduit à une erreur ,
ainsi que les observations des jours suivans me l’ont démontré.
La nuit du 27 au 28 fut encore très-orageuse et la mer était
très-forte. Le 28 au matin , nous pûmes cependant approcher jus-
qu’à deux milles, et voir alors distinctement que la vapeur s’éle-
vait, non seulement de la mer, mais encore d’une cavité séparée
de celle-ci, par Un bord très-mince, du côté du sud.
Quoique nous voyions la mer briser avec une grande violence
sur toute la circonférence de la falaise à pic, je demandai au ca-
pitaine à faire une tentative ; un autre motif d’appréhension était
la couleur d’un jaune verdâtre de l’eau qui entourait l’île , cou-
leur qui contrastait avec celle d’un bleu indigo de la pleine
mer, et qui semblait annoncer soit des écueils , soit des courans
rapides , dans une eau modifiée par l’action volcanique souter-
raine.
A midi la mer était un peu tombée , le capitaine voulut bien
faire mettre un canot à notre disposition. En moins d’une heure ,
nous arrivâmes sur les brisans; nous reconnûmes alors que ceux-
ci étaient produits par la lame qui venait frapper avec force
contre une plage courte, et terminée brusquement par une pente
rapide et non par des roches solides. L’eau vert-jaunâtre dans la-
quelle nous étions et qui était couverte d’une énorme écume rousse,
avait une saveur sensiblement acide, toutefois moins amère que
celle de la grande mer. Sa température était aussi plus élevée ,
mais de quelques degrés seulement, de 21 à 23° O. Nous sondâ-
mes à environ 3o brasses du rivage, et nous trouvâmes le fond à
4oou 5o brasses.
Nous nous e'tions dirigés vers le seul point où , de la surface de
l’île , on peut descendre par une pente douce vers la mer; c’est
une espèce de golfe.
ô’oc. ge’ol. Tome II.
3
54 SK ANC K 1)U 7 NOVEMBRE 1 85 1 .
Les vagues roulaient sur elles-mêmesen s’élevant de ta à i5 pieds
lorsqu’elles frappaient le rivage, à 3o pieds sur notre gauche;
ces vagues semblaient s’élancer en vapeur dans l’atmosphère ; à
une pareille distance à droite, la mer semblait briser sur un banc
qui se serait étendu à plus d’un mille au large. Les marins pen-
sèrent, d’un commun accord, qu’il y aurait imprudence à tenter
le débarquement dans ce moment.
Nous n’étions qu’à 4o brasses de l’île , je pus bien à cette dis-
tance me convaincre qu’au moins, pour la partie que nous avions
sous les yeux, l’île était formée de matières meubles et pulvé-
rulentes (Cendres , Lapilli, Scories ) , qui étaient retombées,
après avoir été projetées en l’air pendant les éruptions.
Je n’aperçus aucun indice de roches solides soulevées ; mais
je reconnus bien distinctement l’existence d’un cratère ou enton-
noir presque central, duquel s’élevaient d’épaisses colonnes de
vapeur, et dont les parois étaient enduites d’efflorescences sali-
nes blanches.
Deux marins gagnèrent l’île à la nage , et s’élevèrent jusqu’au
bord du cratère, marchant sur des cendres et des scories brûlan-
tes, et au milieu des vapeurs qui s’exhalaient du sol ; ils nous
annoncèrentque le cratère était rempli d’une eau roussâtre et bouil-
lante , formant un lac d’environ 8o pieds de diamètre. Parmi les
morceaux rapportés, je trouvai un fragment de calcaire blanc,
ayant tous les caractères de la dolomie.
Dans la nuit du 28 au 29, nous fumes portés par des courans
vers les côtes de Sicile, et nous nous trouvâmes le matin à plus
de 6 milles du volcan, sans pouvoir en approcher davantage.
Le calme étant survenu , un canot fut de nouveau mis à la mer
vers dix heures; j’avais fait mes préparatifs, fait disposer des bou-
teilles, des flacons, des boites de fer-blanc , nous prîmes des
thermomètres, et une machine faite à bord pour puiser i’eau à
différentes profondeurs.
Les observations faites les 26 , 27 et 28 par le capitaine , M. La-
pierre, l’ayant convaincu que le nouveau volcan n’est pas placé sur
lepointoîi Smith indique dans sa carte marine lebanc deiVema;
qu’au contraire, cet îlot volcanique est situé sur un fond qui avait
5 à 700 pieds d’eau , nous pensâmes ensemble qu’il y aurait de
graves inconvéniens pour les marins à donner à la nouvelle île le
nom de Nerita qui a déjà été proposé ; et, comme le phénomène a
paru dans le mois de juillet, nous convînmes de désigner la nou-
velle île sous le nom de Julia , nom sonore , dont la terminaison
italienne et harmonieuse peut facilement être adoptée par les lia-
35
SEANCE I)U 7 NOVEMBRE 1 83 1 .
bitans les plus rapprochés ; en conséquence nous préparâmes une
planche de deux pieds de long , sur laquelle nous clouâmes une
bande de drap bleu de six pouces de large et une autre de drap
rouge de pareille largeur. Sur sa partie moyenne, peinte en blanc,
j’écrivis en lettres de trois pouces de hauteur :
ILE JULIÂ.
Etat-major du brick La Flcclie ,
MM. C. Prévost , professeur de géologie a Paris ,
E. Joinville , peintre.
27, 28, ET 29 SEPTEMBRE 1831.
Nous mîmes deux heures à traverser ^espace qui séparait le
brick du volcan.
À un mille de distance, nous commençâmes à traverser des cou-
rans d’eau jaunâtre, dont je remplis quelques bouteilles et pris la
température. Des courans de pareille couleur semblaient partir,
comme des rayons, d’une zone semblable qui entourait l’ile. La
sonde nous donna 4° , 5o et 60 brasses dans les eaux , en appro-
chant de l’île jusqu’à 200 pieds des bords. À un mille, on trouvait
100 brasses.
Abordés à une heure et demie , nous nous distribuâmes les rô-
les. MM. Aragon et Barlet , directeurs de l’expédition maritime,
se chargèrent de mesurer la circonférence de l’île , qu’ils trouvè-
rent être d’environ 700 mètres sur 70 de hauteur ; le docteur
Baud fit toutes les expériences thermomé triques. M. Defranlieu
fit sonder dans le cratère et puiser de l’eau dans les diverses pro-
fondeurs et sur les différens bords. M. Joinville prit des dessins ,
parmi lesquels se trouve une vue de l’intérieur du cratère. Enfin,
M. Derussat fit hisser le pavillon tricolore sur le point le plus
élevé de l’île et fixer l’écriteau que nous avions préparé; non pas
pour prendre possession , par une vaine et ridicule cérémonie ,
d’un tas de cendres surgi au milieu des mers, mais pour constater
notre présence , et pour apprendre à ceux qui viendront après
nous que la France ne laisse pas échapper l’occasion de montrer
l’intérêt qu’elle prend aux questions scientifiques dont la solution
peut étendre le domaine des connaissances positives.
Je me mis en devoir de parcourir tous les points de notre ilôt
pour rechercher surtout si , en quelqu’endroit des matières ap-
partenant au fond de la mer, n’auraient pas été soulevées ou pro-
jetées. Après avoir gravi la plus haute cîme au milieu des scories
brûlantes, après avoir deux fois fait le tour entier des falaises ,
56 SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1 85 1 .
je fus assuré que ce monticule dont la base était peut-être à 5 ou
6oo pieds dans la mer était entièrement composé, comme je
Tarais présumé le 28 , de matières pulvérulentes , de fragmens
de scories de toutes les dimensions , jusquà celle de 2 pieds cubes
au plus; je trouvai quelques b’ocs dont le centre très-dur avait
l’aspect et la consistance de la lave, mais ces masses globulaires
avaient été projetées.
Enfin, l’ilot entier me parut être, comme tous les cratères d’é-
ruption, un amas conique autour d’une cavité également co-
nique , mais renversée. En effet , examinant les parois intérieures
du cratère , 011 voit que celles-ci ont une pente d’environ 45° ,
et dans les coupes latérales produites parles éboulemens, on dis-
tingue que la stratification est parallèle à cette ligne de pente ,
tandis que du côté extérieur les mêmes matériaux sont disposés
dans un sens opposé.
Quant à la coupure à pic des falaises , il est facile de voir
qu’elle est l’effet postérieur des éboulemens causés, soit par
des secousses imprimées au sol, soit plus probablement par l’action
des flots qui , entraînant les matières meubles accessibles à cette
action, ont successivement miné les bords; ceux-ci se trouvant
en surplomb sont tombés ; tous les jours ils se dégradent ; et c’est
déjà aux dépens des éboulemens qu’il s’est formé autour de l’Ile,
une plage, sorte de bourrelet de i5 à 20 pieds de largeur qui se
termine brusquement en pente dans la mer.
D’après cette manière de voir, il est facile de reconnaître que
les éboulemens continuant à avoir lieu par la cause qui les pro-
duit tous les jours, l’île s’abaissera graduellement , jusqu’à ce
qu’une grosse mer venant à enlever tout ce qui restera au-dessus
de son niveau , il n’y aura plus à la place qu’un banc de sable
volcanique , d’autant plus dangereux qu’il sera difficile d’en avoir
connaissance à quelque distance.
Les bords actuels du cratère sont d’inégales hauteur et épais-
seur. Du côté du nord , l’élévation est d’environ 200 pieds , tan-
dis qu’elle n’est que de 3o ou 4o au sud.
L’eau contenue dans le cratère paraît être au niveau de la mer,
elle est d’un jaune orange, couverte d’une écume épaisse ; les
scories qui bordent le bassin sont enduites de fer hydroxidé.
Des vapeurs blanches s’élèvent continuellement, non-seulement
de la surface de l’eau qui semble être en ébullition , mais de tout
le sol , par de nombreuses fissures. C’est surtout du côté sud que
ces vapeurs sont les plus abondantes, et comme je l’ai déjà dit,
elles sortent de la plage , et de la mer elle-même , en dehors du
SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1 8 3 1 . 5y
cratère. Aussi nJest-ce pas sans peine que nous parvînmes à faire
le tour complet de l’île , en passant à travers cette étuve de va-
peurs brûlantes, et parfois suffocantes, car Fodeur sulfureuse
n’était pas toujours sensible, lorsque nous étions au centre de la
colonne de vapeur. Dans un espace, qui peut avoir 5o à 6o pieds
de long , le sable noir de la plage est véritablement brûlant ; le
thermomètre indiquait sur le sol baigné par la mer , à chaque
flot, une température de 8i à 85°; l’eau qui restait dans les dépres-
sions semblait bouillir ; mais en y plongeant la main je ne la
trouvai pas assez chaude pour qu’elle pût s’évaporer ; enfonçant
ma main à quelques pouces dans le sable brûlant de la surface, je
le trouvai frais. Dans une de ces expériences, l’un de mes doigts
s’étant trouvé sur le trajet d’une bulle de gaz ou de vapeur qui ,
visiblement était partie d’une grande profondeur , je fus vivement
brûlé, et convaincu que l’ébullition était produite par des bulles qui
venaient de l’intérieur de la terre ; chacune d’elles projetait même
avec une légère détonation , du sable et des grains volcaniques re-
présentant autant de petits cratères d’éruption. Parmi ces milliers
de volcans en miniature , j’en fis remarquer un qui me servit à
donner à mes compagnons de voyage une idée de la manière dont
l’île Julia avait été formée. Il avait environ un pied de diamètre,
c’est-à-dire que le sable et les scories lancés continuellement
par lui , jusqu’à 2 pieds de haut , avaient formé autour de la bou-
che d’éruption une sorte de taupinière d’un pied de base sur 5 à 6
pouces de hauteur, je fis ébouler les parois extérieures de ce
cône, et j’en fis un cratère semblable à l’île Julia.
Je cherchai en vain à enflammer le gaz qui s’échappait ainsi du
sol; il me parut sans odeur; mais à quelques pas, des vapeurs sul-
fureuses sortaient des parois du grand cratère , et déposaient du
soufre et du muriate de soude sur les parois environnantes.
L’eau du bassin intérieur était à une température de g5 à 98°.
J’avais promis une prime aux matelots qui me rapporteraient des
cailloux blancs ou jaunes et des coquilles; j’ai rassemblé plusieurs
des premiers , et j’en ai trouvé moi - même mêlés avec les pro-
duits volcaniques. Ils sont altérés, et ils ont été projetés du fond
avec les scories.
Tout me porte à croire que ce volcan a produit des coulées de
laves sous-marines; et si, comme cela est présumable, l’appari-
tion du cratère d’éruption a été précédée du soulèvement du sol
qui paraît avoir été de 5 à 600 pieds au-dessous du niveau de la
mer, il doit exister autour de l’île Julia , une ceinture de roches
soulevées qui seraient le bord du cratère de soulèvement; peut-
58
SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1 85 1 -
être cctie nouvelle disposition du fond est-elle la principale cause
de la coloration particulière en vert jaunâtre des eaux de la mer,
à une assez grande distance de l’île , et des courans qui se mani-
festent autour, et n’existaient pas avant l’apparition du phéno-
mène volcanique. »
M. Héricart- Ferrand lit un mémoire sur la question sui-
vante : les grès marins de Levignan , de N anlheuil-le - H au-
doin et de Bregy sont-ils de la deuxième ou do la troisième
formation tertiaire ?
aLes sables et les grès marins supérieurs intermédiaires entre la
formation d’eau douce supérieure, et les grandes masses de sables
et du grès , (de Fontainebleau) s’étendent au delà au nord , et en
deçà au midi de la ligne que décrit la coupe géognostique du dé-
partement de V Oise, que j’ai présentée précédemment àla Société.
M. Brongniart a présenté, comme on sait, ses doutes sur le classe-
ment des grès marins supérieurs de Nantheuil-le-Haudoin dans le
groupe protéique, et M. Graves les a augmentés par ses obser-
vations sur les carrières d’Ognes , sur les grès marins de Nan-
theuil-le-Haudoin et sur le terrain d’eau douce qui les surmonte.
(Voyez : Précis de statistique sur le canton de Nantheuil-le-Hau-
doin, Beauvais, 182g.)
Un classement définitif devient donc difficile; néanmoins s’il
fallait opter entre les deux classemens proposés , plutôt que de
reconnaître dans ces grès des dépendances du calcaire grossier, je
préférerais les rapporter au terrain protéique, j’y tiens par les con-
sidérations suivantes.
La descente de Levignan à Nanthouil-îe-Haudoin , est un
angle saillant, ou une pointe à la réunion de deux vallées. Sa
base est de sable. Les grès non coquillers, d’abord en place dans le
haut, et ensuite rompus, déchaussés et affaissés par étages
jusqu’au bas de la descente, me semblent expliquer l’irrégula-
rité apparente des grès marins, et du terrain d’eau douce qui les
recouvre. De plus il faut remarquer que les sables et les grès non
coquillers de cette localité se continuent sans interruption avec
ceux de la petite vallée delà Chapelle des Marais, qui remonte
au nord vers Crépy; avec ceux de la vallée de Nantheuil-le-
Haudoin , en descendant vers Broises. Sur le côté droit de cette
vallée, au dessous du bois de Piémont, la partie inférieure de
la masse de sable présente la zone des Discorbites , fossiles qu’on
n’a reconnus que dans la partie inférieure de la grande masse de
SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1821. 5g
sable. Enfin c'est encore plus bas , en descendant la vallée, qu’on
voit sortir de dessous le sable du côté de Versigny , le calcaire
grossier marin.
Les carrières d’Ognes que j’ai été reconnaître d’après les indi-
cations de M- Graves , loin d’ébranler mon opinion, la conso-
lident^ et malgré le regret que j’éprouve de me déclarer en oppo-
sition avec le géologue qui connaît le mieux le département de
l’Oise, je persiste à voir dans ces carrières le terrain d’eau
douce supérieur et le grès marin supérieur. Ma perséyérance , ou
mon erreur si je me trompe , est fondée sur les faits suivans : c'est
que ce n’est qu’en descendant le vallon dans lequel elles sont ou-
vertes , jusqu’à son embouchure dans la vallée de la Therouanne,
et celle-ci jusqu’à son ouverture dans la vallée de l’Ourcq, qu'on
voit après un trajet de deux myriamètres environ, la grande
masse de sable inférieure aux carrières d’Ognes, ne laisser paraître
le calcaire grossier marin qu'à la proximité de la vallée de
l’Ourcq.
Le Mémoires de i83o de M. Eugène Robert sur les grès marins
de Nantheuil-le-Haudoin et de Bregy , les présente cemme l'é-
quivalent du calcaire grossier marin ou faisant partie du grès co-
quiller marin de la deuxième formation.
Cette opinion doit nécessairement augmenter les doutes de
M.Brongniart sur ces roches, en même temps qu’elle ne peut éviter
de lui en faire naître sur le grès marin de Levignan, maintenu dans
le terrain protéique, mais rapporté par M. Robert, au grès de la
deuxième formation. Ces doutes devront alors en suggérer sur le
terrain d’eau douce, qui surmonte les grès marins de Nantheuil-
le-Haudoin, de Levignan et delà butte de Montepilloy, sur
laquelle M. Robert trouve , non le terrain d’eau douce supérieur ,
mais le terrain d’eau douce moyen , opinion que j’ai le regret, de
ne pouvoir adopter.
Tout le vaste espace de terrain d’eau douce superficiel décrit
parM. Robert et comprenant toute la plaine de Dammartin à
Nantheuil-le-Haudoin, l’avait déjà été en partie dès 1829,
par M. Graves, mais ce dernier ne s’était pas prononcé sur la
formation à laquelle appartient ce terrain d’eau douce. M. Robert
le rapporte à la formation moyenne de M. Brongniart , ou infé-
rieure aux gypses. La localité de Saint-Ladre à un demi-my-
riametre au nord de Dammartin où M. Robert a trouvé des em-
preintes de fossiles qu’il annonce avoir pris pour des dliliolites , et
le calcaire d’eau douce dans sa véritable place, paraîtrait devoir
40 SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1 85 1 .
être le complément irrécusable des motifs qui l’y déterminent ;
je ne connais point cette localité.
La description donnée par M. Graves , et la comparaison qu’on
peut faire du terrain d’un grand nombre de localités de cette
meme plaine , avec les caractères connus des divers dépôts d’eau
douce du bassin parisien , me semblent ne pouvoir manquer de
tenir long-temps en suspens avant d’adopter l’opinion deM. Robert;
ainsi donc en admettant l’existence dn terrain d’eau douce
moyen à Saint-Ladre au nord de Dammartin , ne serait-on pas
fondé au contraire à reconnaitre le terrain d’eau douce supérieur
dans tout l’espace qui comprend Bregy P Je suis effrayé de la con-
séquence que je devrais inévitablement tirer de l’opinion inverse;
c’est que la grande masse de sable et de grès que cette formation
d’eau douce superficielle laisse paraître au jour, à l’est, au nord, à
l’ouest, et qui a été constatée dans la plaine de Silly par la per-
foration de puits, n’appartiendrait plus à la grande formation des
sables et des grès ( de Fontainebleau ). Un tel changement qui
s’étendrait sur les sables elles grès de Mortefontaine, d’Ermenon-
ville, et d’autres localités voisines mènerait bien plus loin qu’on
ne le pense.
M. Robert, en parlant des grès marins de Bregy, fait observer
qu’ils reposent sur une grande masse de sable qui n’a jamais été
percée. C’est la même masse de sable que celle sur laquelle re-
posent les carrières d’Ognes ; cette grande masse de sable est
encore pour moi, celle de la grande formation des sables et des
grès (de Fontainebleau ). Le jugement final du travail de M. Ro-
bert , serait appliqué à un cercle encore trop restreint, si la vérité
est pour lui , et l’erreur pour moi. Le même jugement me sem-
ble devoir englober tous les sables et les grès de Gondreville, de la
forêt de Villers-Cotterets, de Maquelines, de Betz, de Thury, de
Retz, deBouillancy, deDacy, ceux du bord de la vallée de l’Ourcq
et enfin au delà de cette vallée, ceux de Neuilly Saint-Front ,
d’Oulchy , d’Arcy Sainte-Restitude, de Fère en Tardenois, de
Coincy , etc. Ce serait une moitié de la grande formation des sa-
bles et du grès, ( de Fontainebleau ) telle qu’elle est établie par
M. Brongniart.
Dans la discussion qui s’engage après la lecture de ce mé-
moire , M. Cordier appuie sur la coupe de la descente de
Mallicrs, qui est classique pour le sol parisien, puisqu’on y voit
de bas en haut de la craie et des sables , le calcaire grossier à
grains verts, le calcaire grossier ordinaire, du calcaire d’ean
SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1 83 1 . 41
douce pétri de paludines , le grès de Beauchamp exploité dans
le bois Carreau, un petit lit de calcaire à coquilles brisées, du cal-
caire d’eau douce à paludines, puis vers les hauteurs les marnes
et le gypse, et vers d’Aumont les sables et les grès supérieurs.
Le dépôt de grès inférieur est donc placé dans le milieu du sys-
tème d’eau douce inférieur, et non pas dans le calcaire grossier.
M. La Joye fait observer que la coupe de St-Àul de confirme
cette dernière opinion et il parle d’un calcaire siliceux à moules
de coquilles marines , qui forme à Provins un petit lambeau de
4o à 5o pieds sur la craie.
M. Deshayes exprime le désir que la conchyliologie fos-
sile de ces grès soit étudiée avec soin.
Séance du 22 novembre 1831.
M. Cordier occupe le fauteuil.
Après la lecture et l’adoption du procès-verbal de la précé-
dente séance, le président proclame membre de la Société :
M. Paul Savi , professeur d’histoire naturelle h l’Université
de Pise, présenté par MM. Cordier et Brongniart.
On passe à la correspondance.
M. Savi offre ses services à la Société pour ce qui regarde la
géologie de la Toscane.
M. de la Bêche annonce l’envoi de deux fougères arbores-
centes de la Jamaïque.
M. Cramaille , sur le point de partir pour Mexico , propose è
la Société de servir d’intermédiaire pour établir des rapports
géologiques avec cette partie de l’Amérique.
La Société décide qu’on remerciera M. Cramaille , et qu’on
lui donnera des prospectus, des instructions pour collecter des
roches, et trois exemplaires du premier volume du Bulletin.
La Société reçoit les ouvrages suivans :
i° De la part de M. Héricart de Tliury neuf mémoires dont
il est l’auteur;
a. Rapport fait à la Société (V encouragement pour l'indus-
trie nationale , sur le procédé proposé par M. Rrard pour rc~
t SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1 85 1 .
connaître immédiatement les pierres qui ne peuvent point
résister à la gelée , et que l’on désigne ordinairement sous les
noms de Pierres gelives ou Pierres gelisses. — In - 4°* Paris ,
1824»
b. Discours d'installation de la Société d' horticulture de
Paris, — In- 8°. Paris, 1827.
c. Programme d’un concours pour le percement de puits
forés suivant la méthode artésienne , suivi de considérations
géologiques et physiques sur le gisement des eaux et recherches
sur les puits forés en France. — * In- 8°, avec deux planches.
Paris, 1828.
d. Extrait du rapport ou procès-verbal du voyage des com-
missaires de la commission administrative de la succession
Delamarre pour la prise de possession du domaine d’ Har-
court , au nom de la Société voyelle d’agriculture. — I11- 8°.
Paris, 1828.
e. Notice historique sur la plantation de la montagne de
S aint-Martin-le- Pauvre, entre Thury et Foulard ( Oise j. —
In-8°. Paris, 1829.
F. Notice sur les recherches entreprises cl Luzarchcs et sur
le degré de possibilité d’y trouver une mine de houille. — In-8°,
avec deux planches. Paris.
g. Rapport sur le concours ouvert pour le percement des
puits forés. — ïn-8°, avec deux planches. Paris, i83o.
iï. Extrait du rapport fait à la Société d’ encouragement
pour l’industrie nationale, dans sa séance générale du 29 dé-
cembre 1 83o , sur le concours ouvert pour l’établissement des
puits forés. — In-4°. Paris, i85o.
1. Du dessèchement des terres cultivables sujettes à être
inondées. — In- 8°. Paris, 1 83 1 .
20 De la part de M. Graves cinq Mémoires qu’il a insérés
dans les Annuaires de l’Oise de 1827 à 1 85 1 , et contenant une
description géologique générale de cinq cantons de ce dépar-
tement :
A. Précis historique sur le canton de Chaumont. — In- 8°.
Beauvais, 1827.
b. Précis statistique sur le canton de Creil, arrondissement
de Senlis. — ln-8°, avec une carte. Beauvais, 1828.
SÉANCE DU 2 2 NOVEMBRE 1 83 1 . 43
c . Précis statistique sur lecanton deN anthcuil-le-H audouin ,
arrondissement de Sentis , — In-8°, avec une carte. Beauvais ,
d. Précis statistique sur le canton de Nivitlers , arrondisse-
ment de Beauvais. — In- 8°, avec une carte. Beauvais , i83o.
e. Précis statistique sur le canton d* Auneuil, arrondisse-
ment de Beauvais. — In-8°, avec une carte. Beauvais, 1 85 1 »
3° De la part de M. Bailly de Merlieux, le numéro n(i83i),
de son Mémorial encyclopédique.
4° De la part de la Société de géographie de Paris, le nu-
méro loi de son Bulletin.
5° De la part de la Société linnéenne de Bordeaux , les six
livraisons du tome IV de ses Actes (in-8°, avec planches, i83o
à 1 83 1), contenant en particulier deux Mémoires de M. Jouan-
net sur la géologie du sol tertiaire de la Gironde; un Mémoire
de M. Bilîaudel sur les cailloux roulés et les alluvions de ce
département, et une Dissertation sur les Ichtyosarcolites , par
M. Rouland.
6° De la part de M. Deshayes,
a. Les douze premières livraisons de sa Description des co-
quilles fossiles des environs de Paris. In-4°, avec quarante-huit
planches.
b. Sa Description de coquilles caractéristiques des terrains.
In-8°, avec quatorze planches. Paris, 1 83 1 .
7° De la part de M. Brongniarl, son Tableau théorique de
la succession et de la disposition la plus générale en Europe
des terrains et roches qui composent la croûte du globe , ou
description graphique du tableau des terrains. Une grande
feuille. Paris, i83i.
8° De la port de M. de Buch, par l’entremise de M. de Hum-
holdt , sa Carte physique de l’île de Tènériffe. Une grande
feuille. Paris. Levrault, 1 83 1 .
Il est présenté :
i° Par M. Gordier, le premier numéro du nouveau journal
mensuel américain de géologie et d’histoire naturelle [Monthly
amer ic an J ou mal of geology and natural science) , par M. C.
W. Fcathcrslonaugh. Juillet, 1 85 1, Philadelphie, et Paris, chez
À» Bertrand.
44 siiANClî DU 2 J ISOVJtBIBRE 1 85 i .
On y remarque un Mémoire sur un nouvel animal fossile , le
Rhinoceroïdes alleghaniensis $ un Mémoire sur l’écoulement ancien
des eaux dans le nord de l’Amérique et sur l’origine de la cataracte
du Niagara j un Rapport sur les ossemeus fossiles accumulés sous le
sol à Big Bone Lick , dans le Kentucky* une Notice du docteur
Harlan sur une nouvelle espèce de Megalonyx et de Fucoïde j et
une autre sur les cavernes à ossemens de la Nouvelle-Hollande.
2° Par le secrétaire :
a. Les livraisons 3 et 4 de ,1a Description des pétrifica-
tions du Wurtemberg , par M. de Zieten ( in-folio, Stuttgart,
1 83 1 ) , contenant la suite des Ammonites et les Bélemnites de
ce pays.
b. Une brochure intitulée les Puits artésiens a Vienne et
dans ses environs ( Die artesisclien Brunnen in undum Wien),
par M. le baron de Jacquin, avec des observations géologiques
sur le bassin Viennois, par M. P. Partsch. In-8° de 4$ pages ,
avec une planche. Vienne, i83i.
c. Les fragmens de géologie et de climatologie asiatique ,
par M. deHumboldt ( 2 vol. in-8°. Paris , i83i ) , contenant
son Mémoire sur les chaînes et les volcans de l’Asie centrale ,
et celui de M. Klaproth sur les points volcaniques du Japon et
de la Chine.
On trouve en tête de cet ouvrage que le voyage de l’Oural , en
Sibérie, et à la mer Caspienne, de M. de Humboldt, contiendra un
Tableau géognostique et physique du nord-ouest de V Asie , par ce
savant , et une partie minéralogique et géognostique , résultats
d’analyses chimiques , et itinéraire, par M. Gustave Rose.
3° Par M. Pitois, libraire :
a. T Itinéraire du département du Puy-de-Dôme contenant
C indication des principales formations géologiques , du gise-
ment des espèces minérales des volcans anciens et modernes
et de tous les lieux remarquables , par MM. Lecoq et B ouille t.
Paris. In-8° de 178 pages, avec une carte géologique.
b. V ues et coupes des principales formations géologiques
du département du Puy-de-Dôme , accompagnées de la des-
cription et des échantillons des roches qui les composent , par
MM. Lecoq et Bouilîet. Paris. In-8° de 266 pages, avec un atlas
in-4° de 3 1 planches coloriées.
SÉANCE DÛ 22 NOVEMBRE l83l. 45
Le secrétaire en fonction donne lecture d’un article du -Na-
tional, du 1 1 novembre, extrait du Courrier du Monde et de la
politique , de Cologne.
En juillet, on a foré un puits artésien àRiemke, près deBochum,
en Westphalie , et on a trouvé , à i/fî pieds , une eau limpide et
abondante. Pour arrêter l’écoulement , on mit sur l’ouverture des
planches j mais le lendemain on fut bien surpris de trouver dans
cette eau des petits poissons de 3 à 4 pouces de longueur. Près de
ce village, il n’y a pas de rivière, et les cours d’eau les plus voisins
sont la Ruhr à 4 lieues et l’Emster à i lieues.
M. La Joye fait hommage à la Société de 4o échantillons de
diverses roches, parmi lesquelles on remarque de beaux échantil-
lons d’Eclogite du Fichtelgebirge, de calcaire grenatifère du pic
du midi aux Pyrénées, de Trachytes, une Ostrea vesicularis, etc.
La Société donne son approbation aux décisions suivantes
du conseil, prises le 3i octobre.
Dans les collections, les fossiles seront collés sur des cartons,
classés géologiquement et placés à la suite des terrains qui les
renferment. On ne formera une collection méthodique que
lorsque les échantillons seront assez nombreux.
Les étrangers ne pourront voir les collections qu’avec un
membre de la Société.
Le trésorier est chargé d’adresser un dernier avis aux mem-
bres qui n’ont pas encore payé leurs cotisations , en mention-
nant qu’on cessera de leur envoyer le Bulletin , et en leur rap-
pelant l’article 6 du premier chapitre du réglement.
Le nombre des feuilles du Bulletin sera augmenté , et quel-
ques planches de coupes lithographiées y seront ajoutées.
Un membre du conseil est chargé de s’aboucher avec le li-
braire M*** pour la publication des mémoires de la Société ,
publication pour laquelle il paraît favorablement disposé.
M. Desnoyers est chargé de présenter dans la première séance
de janvier le résumé des travaux de la Société pour l’année ex-
pirée, et M. Boué d’exposer les progrès de la géologie et scs ap-
plications pendant cette époque.
MM. Brongniart, Deshayes et Boué sont nommés pour la ré -
daction d’une instruction relative à l’envoi de roches et de fos *
siles.
46 SÉANCE OU 2 2 NOVEMBRE i 85 1 .
M. Michelin propose de compléter l’ ouvrage sur les fossiles
de Paris , dont M. Deshayes a regretté de ne pouvoir donner
que douze livraisons.
M. Walferdin propose de décider que le local de la Société sera
ouvert tous les lundis qui ne sont pas consacrés aux séances ordi-
naires, pendant la soirée, pour qu’on puisse lire et consulter les
ouvrages que possède la Société.
Ces deux propositions sont renvoyées au conseil.
On lit une Notice gèognostique sur les environs d’Oran,
par M. Rozet.
« Ayant été envoyé à Oran pour lever le plan des environs de
cette ville et pousser quelques reconnaissances dans l’intérieur du
pays , j’ai profité de la circonstance pour en étudier la constitution
géognostique.
Les formations de cette contrée présentent des faits très-curieux
et dont la connaissance parfaite exige une étude approfondie des
roches et des espèces fossiles que j’ai réunies j c’est pourquoi je ne
donne maintenant qu’une notice succincte , me réservant, à mon
retour en France, de publier un Mémoire fort étendu, accompagné
de coupes et d’une carte topographique.
Oran est situé sur le bord de la mer, dans le fond d’une baie.
Au sud et à l’est, se développe une vaste plaine, coupée par quel-
ques petits coteaux qui s’étendent jusqu’au pied de l’Atlas, dont la
chaîne, éloignée de sixou sept lieues, court E. N. E. à O. S. O.
A l’ouest , la ville est dominée par de hautes montagnes , le mont
Mezetta , la montagne de Santa -Crux , qui s’élèvent le premier à
458 mètres et l’autre à 4oo mètres au-dessus du niveau de la
Méditerranée.
Les ramifications de ces montagnes s’étendent fort loin vers
l’ouest et le sud-ouest. Au nord-ouest d’Oran se trouve la baie de
Mars-el-Reber , la seule où les bâtimens puissent mouiller. Cette
baie est entourée par les monts Rammra qui atteignent 478 mètres
d’élévation absolue. Après le fort de Mars-el-Keber , situé à l’ex-
trémité nord de la baie , vient une côte fort escarpée , à laquelle
succède la place de las AguadUs , qui s’étend jusqu’au cap Falcon,
à quatre lieues N. O. d’Oran. C’est à ce point que mes observations
se sont arrêtées du côté de l’ ouest; au sud et à l’est je n’ai pu m’a-
vancer seulement qu’à six mille mètres de la ville , parce que je
n’avais que soixante hommes d’escorte , et que les Arabes , épou-
vantés par nos opérations, s’étaient réunis au nombre de 2 ou 3oo,
et nous faisaient une guerre continuelle.
SEANCE l)TJ ‘22 NOVEMBRE 1 85 1 . ^
Des falaises fort escarpées qui s’élèvent souvent à 8o et ioo mè-
tres au-dessus de la mer , des vallées profondes et quelques car-
rières rendent très-facile l’étude de la constitution géognostique du
pays. Voici les principaux résultats auxquels cette étude m’a con-
duit:
i° Le terrain ’ de transition composé de phvllade passant au
schiste ardoisé et rarement au schiste talqueux , renfermant de
nombreuses couches de quarzite et coupé par des veines de quarz,
forme, comme près d’Alger, la base sur laquelle reposent toutes
les autres roches. Les couches de schiste et celles des quarzites sont
généralement verticales; quand elles sont moins inclinées, on les
voit plonger vers le nord sous un angle qui n’est jamais moindre
de 3o°.
Cette formation paraît dépourvue de métaux et de restes orga-
niques. C’est elle qui constitue la masse des montagnes depuis Oran
jusqu’au cap Falcon, mais elle disparaît de temps en temps sous le
terrain tertiaire.
2° Les formations secondaires manquent tout-à-fait à Oran.
Dans les vallées et les escarpemens des montagnes, on voit le ter-
rain tertiaire reposer immédiatement et transgressivement sur les
schistes. Ce terrain a beaucoup de rapports avec celui d’Aix en
Provence ; il est composé de couches de marne et de calcaire alter-
nant ensemble , les marnes sont jaunâtres et souvent schisteuses ;
Au milieu de ces couches se distinguent deux bancs ayant un mètre
de puissance, d’une argile schisteuse très -blanche. Les masses
de cette argile ?e fendent comme de l’ardoise^ et sur les plaques on
trouve des poissons fossiles parfaitement conservés ; ils sont extrê-
mement nombreux, surtout à la grande carrière, près le fort Saint-
André. En brisant une masse d’argile d’un pied cube, il est rare de
n’en pas trouver trois ou quatre. Ces poissons , que je crois d’eau
douce, appartiennent à trois espèces au plus. Dans les bancs qui les
renferment, il n’y a point d’autres restes organiques ; mais au mi-
lieu des marnes et des calcaires, il existe des Peignes , quelques
Echinites , et beaucoup de grandes Huîtres associées avec des Gry-
phées, reconnues par MM. de Férussac et Deshayes pour Y Ostrea
navicularis (espèce vivante) de divers âges. A la carrière St-André
et dans le ravin au pied du village Raslaïne , les Huîtres mélangées
avec les Gryphées forment des bancs assez étendus , ce qui prouve
que ces animaux vivaient ensemble dans l’ancienne mer.
Cet assemblage de marnes et de couches calcaires repose , en
quelques endroits, sur une masse de marne bleue, que je crois être
la marne bleue subatlantique. Malheureusement je n’y ai point
4& SÉANCE DU 2 2 NOVEMBRE 1 85 1 -
trouvé de fossiles. La partie supérieure de cette formation est oc-
cupée par une brêclie calcaire mal stratifiée, dans laquelle les fos-
siles sont fort rares.
En sortant par la porte de l’ouest au pied du Mezetta , on ren-
contre des escarpemens d’une brèche ferrugineuse qui recouvre le
terrain tertiaire , et dans la composition de laquelle il entre beau-
coup de fragmens de trapp.
Ce terrain tertiaire occupe toute la plaine qui s’étend au sud et
à l’est d’Oran* on le trouve sur les monts Mezetta et Rammra à
470 mètres au-dessus de la mer. Dans la plaine les couches sont
assez parfaitement horizontales , mais sur les montagnes elles sont
souvent inclinées $ je les ai vues plonger au sud-est sous un angle
de io° à 20°. Ce terrain forme aussi le sol de la plaine contigüe à
la plage de Las Aguadas entre le fort Mars-El-Keber et le cap
Falcon. Il est là en couches horizontales reposant sur la tranche
des schistes. Entre les deux formations ou plutôt à la partie in-
férieure de la première se trouvent des amas immenses de coquilles
(Peignes, Bucardes, Huitres, etc.) identiques avec celles qui vivent
encore maintenant dans la mer, mais parmi ces coquilles je n’ai pas
vu une seule Gryphée. Elles habitaient sur le schiste lors du dépôt
du terrain tertiaire.
3° Le fort Santa Crux s’élève sur une crête étroite formée par
une roche noire compacte avec quelques points brillans, à laquelle
je donne provisoirement le nom de trapp. Cette roche est très-
lourde ; elle se laisse difficilement entamer par l’acier, mais elle ne
fait pas feu au briquet. Dans l’acide hydrochlorique elle donne une
effervescence assez vive, et se dissout un peu • elle est accompagnée
de parties scoriacées , et contient quelques veines d’une substance
blanche, mamelonnée, et des traces de fer oligiste micacé.
Ce trapp passe à une roche jaunâtre qui le surmonte sur toutes
les pointes où ces masses existent ensemble. Cette roche est très-
sonore, plus dure et moins lourde que le trapp • elle fait aussi ef-
fervescence dans les acides. Lorsque le fer oligiste micacé est très-
abondant, il forme de nombreuses veines qui coupent la masse dans
toutes les directions.
Les deux roches dont je parle n’offrent aucun indice de stratifi-
cation ni de division prismatique. Elles sont massives, et présentent
tous les caractères des formations volcaniques j elles se trouvent
répandues sur les schistes dont elles remplissent les cavités de la
surface • et ceux-ci au point de contact ont presque toujours
éprouvé une altération très-sensible ; enfin ces roches sont accom-
pagnées de tufs semblables à cenx des basaltes.
SÉANCE DU ï 19, NOVEMBRE 1 85 1 . 4g
Ce terrain pyroïde est développé sur une longueur de quatre
lieues depuis O ran jusqu’au cap Falcon. Sur le Mezetta, il pa-
raît recouvrir le calcaire tertiaire. A Mars-el-Keber , il occupe
le sommet d’une montagne qui s’élève à 3go métrés au-dessus
de la mer. Il descend ensuite le long des plaines et vient former
la pointe sur laquelle le fort est bâti. C’est lui , et particulièrement
la roche jaune qui constitue le cap Falcon , et les rochers qui l’en-
vironnent. Il y recouvre encore le schiste , il ne contient plus
de fer oligiste, mais une immense quantité de fer carbonaté subla-
mellaire.
Ce minéral s’y présente en grosses masses intimement liées à la
roche avec laquelle il paraît avoir été vomi. Le mamelon qui s’é-
lève au-dessus de la pointe Est du cap est une masse de fer carbo-
naté ayant 200 mètres de long et 20 à 25 de hautj cette masse a
pour base le trapp jaune avec lequel elle se trouve intimement liée.
On observe même dans son intérieur des alternances des deux ro-
ches. La pointe du cap est formée par le phonoîite renfermant
beaucoup de fer carbonaté.
On voit les roches pyroïdes recouvrir le calcaire tertiaire, et les
couches supérieures de celui-ci sont souvent recouvertes de fer
carbonaté qui s’y est incrusté, ce qui me porte à croire que le trapp
et les roches qui l’accompagnent sont d’une formation plus récente
que l’époque tertiaire. Le terrain trappéen n’existe pas au sud et
â l’est d’Oran, dans le rayon que j’ai parcouru autour de cette
ville.
4° Enfin le long des côtes et particulièrement dans la baie de
Mars-el-Keber, on trouve par-dessus toutes les roches des agglo-
mérats de coquilles, les mêmes qui vivent encore dans la mer
actuelle , et qui sont changées en spath calcaire et réunies par un
ciment ferrugineux qui a beaucoup de ressemblance avec celui de
la brèche à fragmens de trapp.
Il résulte de tout ce que je viens d’exposer que les formations
géognostiques qui se montrent au jour dans la portion de pays que
j’ai explorée sont par ordre d’ancienneté : les schistes de transition, ?
le terrain tertiaire qui les recouvre, à stratification transgressive,
un terrain pyroïde très-singulier, enfin des brèches ferrugineuses
à fragmens de trapp et des agglomérats de coquilles qui existent
seulement lejong des côtes.
La présence des Gryphées au milieu du terrain tertiaire est un
fait si ce n’est nouveau , du moins intéressant, puisqu’on a cru
jadis que cette famille de mollusque n’existait que dans le terrain
Soc. gc'ol. Tome II. 4
5o SEANCE DU 2 2 NOVEMBRE 1 83 1 .
secondaire , et c’était meme un des principaux caractères de cette
époque géogoostique. Pendant que j’observais à Oran , M. Noël ,
ingénieur des constructions hydrauliques , recueillait à Alger, dans
les carrières près du jardin de Mustapha-Pacha , les fossiles du ter-
rain supérieur à l’argile bleue subatlantique ; et lorsqu’à mon re-
tour il me montra ces fossiles , j’eus le plaisir d’y reconnaître
plusieurs Gryphées identiques avec celles que j’apportais d’Oran.
A la partie supérieure du calcaire grossier exploité dans une marne
sableuse et un calcaire tendre , il y a un banc fort étendu de Gry-
phées. Ceci me confirme pleinement dans l’opinion que lajforma-
tion calcaire marneuse d’Oran constitue le second étage du terrain
subatlantique. »
Après la lecture de ce Mémoire , M. Deshayes rappelle que
les Gryphées se trouvant encore vivantes , rien ne s’oppose à
ce qu’on en rencontre dans les dépôts tertiaires. Outre la Gry-
phée des collines subapennines et d’Alger, il cite dans le terrain
tertiaire la Gryphœa cymbiolci de Valmondois, décrite par lui
dans le dictionnaire classique, et la Gryphœa Defrancü ; enfin,
il pense que le genre Gryphée est à réunir aux Huîtres.
M. Boué donne les éclaircissemens suivans sur la Gryphée
colombe qui a été citée dans le sol tertiaire de Castelgomberto.
Ce fossile, associé avec le Plagiostoma spinosa et une grande
Huître, se trouve au milieu d’une argile grise bleuâtre, formant
le pied d’une des côtes du Val-di-Lonte. A une distance peu
considérable , on voit à un niveau plus élevé des rochers de
calcaire tertiaire à Nummulites alternant avec destufas basal-
tiques. La présence de ces fossiles dans le sol tertiaire ne sera
donc prouvée par cette localité que quand on les retrouvera
dans la même position dans quelque autre point du Vicentin ou
du Véronais. De plus , le grès vert de ces contrées offrant des
argiles semblables et les dérangemens plutoniques y étant fré-
quens,il faudra encore bien s’assurer que ces argiles coquillères
ne dépendent nullement du grès vert.
M. Cordier remarque que le système volcanique d’Oran
paraît avoir des rapports avec celui qu’il a observé sur la
côte opposée de l’Espagne, entre le cap de Gates et Cartha-
«îène , et qui est probablement couvert aussi de calcaire d’eau
douce.
SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1 83 1 . 5l
On lit une Notice sur les Alpes Bernoises , de M. le profes-
seur Studer, de Berne.
«Depuis six ans, dit M. Studer, je me suis occupé de la géologie
des Alpes entre la dent de Mordes et la Jungfrau , et maintenant je
vais mettre au net mes observations pour les publier. Les fossiles re-
cueillis suffiront, j’espère, pour caractériser les divers dépôts et pour
déterminer l’âge des oolites ferrugineuses de Lauterbrunn et des cal-
caires deBex , de Boltigen et de Stockhorn. C’est M.Voltz qui est
chargé de contrôler mes déterminations dans sa belle collection. Les
plus anciennes couches calcaires paraissent toujours appartenir au lias
ou du moins au calcaire jurassique le plus ancien; les plus récentes,
aux assises inférieures de la craie, mais il y a de plus des dépôts ju-
rassiques moyens , du moins dans cette partie de la Suisse, qui n’est
qu’un prolongement de la chaine de Savoie.
A l’est du lac de Thoun , au contraire, la craie commence à pré-
dominer tellement que tous les dépôts secondaires plus anciens
paraissent élagués jusque dans la vallée du Rhin , et même peut-
être encore plus à l’est. La grande confusion de la géologie alpine
me paraît provenir de ce qu’on a été habitué à regarder la chaîne
sédimentaire entière depuis Vienne jusqu’au Rhône comme une
série continue de dépôts semblables, et de ce qu’on a cru pouvoir
appliquer les résultats tirés d’une coupe à l’explication d’autres
profils. Tous ces faits tendent, au contraire , à prouver que cette
uniformité des rapports géologiques n’existe pas dans la nature.
Dans les Alpes calcaires on voit des formations isolées apparaître,
se renfler prodigieusement, prendre la place d’un dépôt voisin et
se perdre aussi à leur tour, comme cela a aussi lieu dans les pays de
plaine. On approcherait plutôt de la vérité en supposant pour
terme de comparaison qu’une chaîne de la hauteur de nos Alpes pri-
maires a surgi tout-à-coup entre Paris et Berlin , et a subitement
exercé une grande pression sur tous les divers dépôts sédimen-
taircs qui couvraient jadis la fente dont une pareille chaine serait
sortie. Il faut se contenter de suivre pas à pas les différentes for-
mations, et, au lieu de sauter d’un profil à un autre, de tracer les
chaînes qui ont été rompues dans l’un j usque dans l’autre, afin de
se convaincre si elles existent bien dans les diverses coupes ou pour
trouver Fendroit de leur disparition. Tel est le plan que j’ai suivi
dans nos Alpes, et le résultat a répondu à mes espérances. J’ai pu
tracer sur une carte les limites des dépôts que je crois nécessaire
de distinguer, et six profils à travers la chaine du Valais jusqu’à la
molasse montrent les rapports de gisement et la forme extérieure
5 2
SÉANCE Dü 32 NOVEMBRE 1 83 1 .
des montagnes. Je désire publier ce travail en soignant la partie
topographique de la carte pour laquelle j’aurais à faire d’assez
nombreuses corrections aux cartes anciennes.
Cet été. j’ai été pour vérifier les observations si curieuses que
M. Hugi a faites dans la vallée du Roththal, sur la côte occidentale
de la Jungfrau, et dans l’Urbachthal, entre la Scheidegg et le pas-
sage de la Grimsel.
Le chemin qui conduit au Roththal est très-rapide , mais nulle-
ment si dangereux que le dépeint M. Hugi, et il est bien à désirer que
cette ascension pénible n’empêche aucun géologue étranger de visiter
ce vallon. La description de M. Hugi est en général parfaitement
exacte. Il abien observé les superpositions ; néanmoins je suis loin
de pouvoir adopter ses conclusions et ses idées théoriques.
Après être monté du fond de la vallée, pendant environ deux
heures, par dessus des couches verticales de gneis, on atteint enfin
la limite supérieure de ce massif et les couches les plus inférieures
du calcaire , qui forment la croûte septentrionale de la Jungfrau et
qui offrent une forte inclinaison au sud et contre les montagnes de
gneis placées dans cette direction. Immédiatement sur le gneis, il y
a une dolomie compacte de 3o pieds de puissance, qui est recou-
verte de quarzite associé avec du schiste argileux bigarré. A cette
masse, qui a quinze pieds d’épaisseur, succède, en montant, du fer
oolitique ou de la chamoisite noire, verte, enfin vient le calcaire
généralement schisteux noir ou gris , qui s’élève jusqu’au sommet
de la montagne et qui forme la masse principale de nos alpes secon-
daires. Le minerai de fer contient de grands nids de fer oxidé rouge,
massif ou en gros grains. Le calcaire grenu noir et les divers bancs
ferrifères sont riches en fossiles, surtouten bélemnites et ammonites.
Ces dernières paraissent appartenir à l’ Ammonites communis de
Sow., et M.Voltz y a reconnu les A . decipiens Sow., annularisZ ie-
ten, et plicatilis Zieten. Je n’y ai nullement trouvé les fossiles du
Muschelkalk , comme le prétend M. Hugi. Les assises les plus infé-
rieures ne paraissent répondre qu’au lias ou calcaire jurassique
ancien.
Après être monté pendant une demi-heure par dessus les ro-
cfters calcaires et des débris, on arrive enfin à l’entrée du^vallon ap-
pelé Roththal, et on y voit, non sans surprise, distinctement le cal-
caire recouvert de gneis sur une étendue qu’on met une demi-heure
à parcourir et qui se prolonge plus loin dans des lieux où il est trop
dangereux d’aller. Le contact des deux dépôts est complètement
à nu, mais l’on n’y observe aucune trace d’un effet quelconque
exercé par une des roches sur l’autre, et le calcaire immédiatement
55
SÉANCE DU 2 2 NOVEMBRE 1 83 1 .
sous le gneis est le même schiste calcaire gris qui recouvre plus bas
les bancs bélemnitifères. Vers les sommités , on voit encore une fois
du calcaire, sous la forme d’une masse ellipsoïde colossale, qui est en-
foncé comme un coin dans le gneis, et enveloppé par cette rochc.La
puissance de chacun de ces massifs calcaires peut avoir près de
5oo pieds , et la masse de gneis qui les sépare a environ la même
épaisseur ( i ).
On ne peut rester long-temps incertain sur la manière dont on
doit envisager ces alternatives ) car en considérant la montagne en-
tière de la Jungfrau, on remarque que le calcaire forme tout son
côté septentrional jusqu’à sa cime, tandis que sa portion méri-
dionale est toute composée de gneis qui s’élève des points les
plus bas jusqu’aux plus hautes crêtes. Il n’y a, de plus, aucune dif-
férence appréciable entre le gneis qui couvre le calcaire dans le
Roththal et celui qui resort au-dessous de cette vallée ou qui
constitue en général la chaîne primaire. La dénomination de demi-
granite ( Halbgranit ) proposée par M. Hugi est tout-à-fait inutile ,
puisqu’elle tendrait à séparer des roches identiques.
En jetant les yeux sur le profil naturel de la montagne, il de-
vient clair que l’introduction du calcaire dans le gneis , sous la
forme d’un coin et vice versa , n’est qu’une suite du soulèvement
qui n’a pu s’opérer sans faire éprouver aux couches secondaires des
fendillemens, des brisures et desplissemens. La théorie de M.Hugi
est donc aussi inadmissible.
On peut observer encore plus aisément les mêmes faits dans le
Mettenberg près Grindelwald , ainsi qu’au Laufcstock et au Plat-
tenstock , sur les bords de la route qui conduit au même hameau.
On doit vraiment s’étonner avec M. Hugi , qu’aucun savant ne
les ait pas vus , puisqu’il ne s’agit pas de voyages pénibles , mais
seulement de savoir distinguer les rochers calcaires d’avec ceux
composés de gneis , dans un des lieux les plus visités en Suisse.
En considérant en face les trois montagnes mentionnées, elles
paraissent n’offrir qu’une masse calcaire de plusieurs milliers de
pieds de puissance et à sommet tronqué. Cette roche semble s’éle-
ver jusqu’à la cîme'et repose indistinctement sur le gneis ; mais en
voyant les mêmes montagnes en profil , on remarque qu’il s’élève
encore du sommet vers les montagnes placées derrière une hauteur
à pente douce qui a tout l’extérieur des rochers de gneis, et qui en
est composée en réalité , comme on peut s’en assurer en place. En
(i) Voyez planche I, üg. 3.
SÉANCE DU 2 2 NOVEMBRE 1 85 1 .
54
poursuivant le calcaire dans les ^vallons latéraux et dans la direc-
tion des montagnes plus au sud , 011 voit sa puissance diminuer
petit à petit et sa terminaison en coin dans le gneis. Dans cet en-
droit , le gneis supérieur ne se distingue pas particulièrement de
celui qui est inférieur au calcaire : ce sont donc encore des masses
calcaires enveloppées et non alternantes. Je serais même disposé à
penser qu’elles ne sont qu’une réunion de lits elliptiques et concen-
triques comme dans le coin calcaire supérieur du Roththal ; la sortie
des roches feldspatliiques aura produit cette inflexion , néanmoins
mes observations ne me permettent pas encore d’assurer que c’est
en réalité dans la partie supérieure de la vallée d’Urbach où se
termine le calcaire duLaubstock, je n’ai trouvé, aulieu delà dolo-
mie grenue de M. Hugi , que du calcaire lamelleux.
Le point le plus important pour observer les rapports géologi-
ques précédens, est sans contredit le col entre la vallée d’Urbach et
le glacier appelé Rosen Lauigletscher ; caron y voit, non-seule-
inent le gneis et le calcaire pénétrer mutuellement l’un dans
l’autre sous la forme de coins très-variés mais de plus , tous les
rapports des deux roches sont comme un tableau complètement à
nu depuis le fond de la vallée jusqu’aux plus hautes cimes. U y à
déjà quarante ans que mon père a dessiné le profil de ces alternati-
ves répétées de calcaire et de gneis. Il est singulier que M. Hugi
ait mal représenté les faits dans ces lieux j car ni sa description ni
ses profils 11e coïncident avec la réalité , qui confirme cependant si
bien ses observations dans ce Roththal (1).
Le gneis du Tossenhorn s’insinue dans le calcaire à plusieurs re-
prises , et l’on peut observer parfaitement la ligne de contact de
ses coins avec le calcaire sur la muraille presque verticale deGstelli-
horn. Entre le gneis, le calcaire se présente surtout comme une
dolomie compacte grise avec un enduit terreux jaune de paille.
Dans quelques lits , il est saccharoïde , translucide et de teintes
blanches, bleues verdâtres ou rougeâtres. Le gneis est partout le
même et peu différent de celui du Roththal , ou du fond de la
vallée, ou bien de Branson près deMartigny. C’est un mélange de
mica tal queux, de feldspath blanc ou brunâtre et de très-peu de
quarz , qui oscille toujours entre le granité et le gneis, quoiqu’en
grand il paraisse appartenir plutôt à la dernière roche. Je n’ai rien
pu observer des nids et des filons de granit que M. Hugi décrit
dans ces lieux. Je suis obligé de dire que dans plusieurs points où
il indique du granit , j’ai trouvé du gneis. Le Mont-Kanzel , près
(1) Voyez plant lie I, fi". 2.
SÉANCE DU 2 2 NOVEMBRE l85l. ^55
du col ou de la vallée d’Urbach , n’est pas granitique comme le
dit M. Hugi, mais composé de calcaire à belemnites.
Il V a vingt ans , lorsque les roches feldspathiques étaient encore
appelées strictement primitives , les observations précédentes au-
raient fait sensation ; mais maintenant on n’y a vu qu’une répéti-
tion des faits de Predazzo et de Yalle Rabbiose. Néanmoins quelle
différence! les montagnes du Tyrol méridional sont des collines en
comparaison des Alpes Bernoises, et ce qu’on y peut voir en quel-
ques heures , exige ici des courses de plusieurs jours. Quoique les
faits n’aient plus l’attrait de la nouveauté , ils sont décisifs pour la
théorie de l’origine des Alpes. Les apparences de Predazzo sortent
pour ainsi dire de la ligne de celles qu’on peut appeler ordinaires,
parce qu’elles se lient aux éruptions du porphyre pvroxénique , et
il reste toujours quelqu’incertitude pour savoir si le granit de
Canzacoli n’est positivement qu’une forme particulière de la roche
pyroxénique; ce ne sont donc pas ces faits qui sont applicables aux
Alpes Bernoises. Nous savons à présent qu’il existe entre le dépôt
calcaire des Alpes et le gneis-granit delà chaîne centrale , une ligne
de contact telle qu’elle n’est explicable par aucune théorie de dé-
pôts formés paisiblement dans le sein, des mers. Les particularités
de ces accidens peuvent seules se rattacher aux grands soulèvemens
indiqués par Predazzo , et par tous les rapports de contact observés
jusqu’ici entre les roches feldspathiques et sédimentaires. »
On lit ensuite utie lettre de M, Yoltz , adressée de Stras-
bourg.
«La seconde livraison des Mémoires de notre Société d’histoire
naturelle renfermera entr’ autres objets géologiques fort intéressans
un travail deM. Studer sur les calcaires des Alpes et sur leurs fos-
siles. Il m’a communiqué tous les fossiles qu’il a recueillis dans les
Alpes et j’y ai trouvé un bon nombre de pétrifications qui caracté-
risent notre troisième étage jurassique (l’argile de Kimmeridge) et
les couches de Portland à Besançon , Montbéliard, Porentruy , Cha-
rier, etc.
Dans ce cas sont 1 ’ Isocardia excentrica N. Sp. et iriflata N. Sp.
Ammonites inœcjuistriatus N. Sp. et un Proto encore indéterminé.
D’autres fossiles se trouvent dans le calcaire jurassique du Wur-
temberg tels sont l’ Ammonites decipiens Sow , annularis Ziet en, pli-
catilis Z., colubratus Z., Belemnites hastatus , sulcatus (Theodori),
biplex Sow., planulatus , comprimatus Z., Cidarites subangularis
Goldf. D’autres pétrifications existent dans divers étages jurassiques,
dans le lias du Jura, de la Normandie et de l’Angleterre. Tels
sont l’A. Davoeii , œquistriatus Z., Parkinsoni Sow. , falcif erSow . y
56
S&A.NCE DU 2 2 NOVEMBRE 1 85 ï ,
Tellinites problematicus Schl. , Tet'ebratula inconstans Sow. et
ornithocepliala Sow. Il y a de plus beaucoup d’espèces nouvelles
qui seront figurées dans notre prochaine livraison,
La société désire savoir s’il existe des Belemnites intermédiaires
dans le Muschelkalk; nous possédons un marbre noir de Cascastel
aux Pyrénées avec des Orthocères , et un fossile qui est analogue
aux Belemnites et que je désignerai sous le nom de B. Dubius . L’al-
véole et la gaine sont bien prononcées , la première est très-aigüe,
beaucoup pins que dans les autres Belemnites ; c’est peut-être l’ex-
trémité ou plutôt le commencement de la partie originaire d’une or-
thocère, ou un passage des Orthocères aux Belemnites. M.d’Althaus
possède une alvéole de Belemnite qu’il a extraite lui-même du Mus-
chelkalk de Marbach, mais il n’a pas vu de gaine. M. Thurmann a
dressé des profils instructifs pour le redressement des couches des
terrains près de Montbéliard où les superpositions sont plus claires
que dans la Haute-Saône. »
On lit le Mémoire suivant de M. Jules Teissier , docteur-
médecin à Anduze (Gard).
« Depuis que j’ai donné connaissance à la Société de la découverte
d’une caverne à ossemens aux environs d’ Anduze, je l’ai examinée
de nouveau avec M. Marcel de Serres.
Nous sommes partis de Nismes le 22 octobre , accompagnés de
M. Dumas de Sommières, qui s’occupe à dresser la carte géologique
de notre département. On sait que Nismes est bâti au pied de col-
lines qui dépendent de la formation de la craie , et qu’au midi de
cette ville on ne trouve, jusques à la Méditerranée , que le dilu-
vium dans les plaines, des amas de cailloux roulés semblables à ceux
de la craie d’Arles, formant du côté de Saint-Gilles des monticules
étendus, et quelques traces de calcaire tertiaire grossier ou moëllon
de M. Marcel de Serres.
Si l’on sort de la ville du côté du nord , on trouve sur la route
d’Alais des collines de craie compacte 9 "qu’on pourrait facilement
confondre minéralogiquement avec le calcaire du Jura • et dans ces
collines se trouve la carrière de Barutel , d’où les B.omains ont ex-
trait les blocs principaux qui ont servi à la construction des Arènes
et de la Tour-Magne.
La route d’ Anduze est au nord-ouest de la ville et traverse les
mêmes formations que celle d’Alais. A l’ouest encore de cette route
d’ Anduze, près de celle de Montpellier, avant d’être au village de
Saint-Césaire, une formation d’eau douce dont nous parlerons tout
à l’heure, s’avance sur le sommet de certaines collines, par une je-
SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1 85 1 . 5?
tée étroite , jusques au Bied-d’ Autel , monticule à demi-lieue au
nord-ouest de Nismes.
En suivant la route de Nismes à Ànduze , on se trouve pendant
trois lieues à peu près , c’est-à-dire de Nismes jusqu’à Fons , sur la
formation de craie compacte qui rend le sol aride , pierreux , et
n’offre rien de remarquable , si ce n’est quelques marnes bleues
dans les Vallongues et un banc d’oolite miliaire tout auprès.
Après les baraques de Fons, la formation de craie est recouverte
par une formation d’eau douce qui, courant du couchant au levant,
couvre une bonne partie de notre département, et qui est traversée
ici par la route du nord au midi, dans le sens de sa largeur. Cette
partie de la route tracée sur le calcaire d’eau douce s’appelle la
montée de Fons et a près d’une lieue de longueur.
Aux approches de Montagnac , la formation d’eau douce dispa-
raît et l’on se retrouve sur la craie. C’est à une demi-lieue à l’ouest
de ce village que se trouve la belle carrière de Lynx ; on y extrait
une craie compacte d’un beau blanc , quelquefois sub-oolitique à
grains fins , dont les Romains se sont servi pour la construction de
la Maison-Carrée à Nismes.
De Montagnac à Lésan , on est toujours sur la craie argileuse et
les marnes bleues de la craie , qui par leur décomposition forment
un terrain de la plus mauvaise qualité : aussi tout est-il de la plus
grande aridité aussi loin que la vue peut s’étendre.
A Lésan , s’observent quelques poudingues qui nous semblent
devoir être rattachés à la formation d’eau douce, et de là jusqu’à
la Madeleine, près d’ Anduze, on ne trouve qu’un excellent terrain
d’alluvion dans la plaine et des poudingues sur les hauteurs.
A la Madeleine, deux collines de calcaire du Jura forment un
barrage que la rivière semble avoir coupé ; et quand on a franchi
ce détroit, les collines qui bordent le vallon d’ Anduze sont des do-
lomies appartenant au lias, jusqu’auprès de la ville.
La ville d’Anduze est bâtie au pied de deux montagnes du cal-
caire du Jura, nommées Pierremole et Saint-Julien. Ce calcaire ju-
rassique est supérieur à la formation du lias. Au nord d’Anduze ,
dans le vallon des Gypières, on observe encore ce calcaire jurassi-
que , le lias et un banc exploité assez puissant de gypse compacte
secondaire, ou l’on n’a pourtant pas observé de fossiles.
La route d’Anduze à Mialet se dirige au nord d’Anduze; elle
traverse la coupure faite par le Gardon dans le calcaire du Jura ,
entre les montagnes de Pierremole et de Saint-Julien , et on re-
trouve la formation du lias au village de Cornadel.
De ce hameau jusqu’au-delà de celui de Montsauve ,
on trouve
58
SÉANCE DU 2 2 NOVEMBRE 1 85 1 .
les diverses roches du lias , le calcaire bleu , les schistes noirs , le
calcaire siliceux , la dolomie compacte j et après avoir parcouru
toutes ces roches , on quitte le terrain secondaire pour entrer dans
celui de transition où l’on observe successivement des grès rouges
inférieurs au lias, des arkoses, des marnes irrisées, des sables et des
cailloux roulés, des traces de schistes micacés, et enfin le granit.
Cette roche primitive , qu’on trouve vis-à-vis la tour de Mont-
fescaut et qui dépend de la chaîne de Palières, dont elle est séparée
par une profonde coupure où passe la rivière , se décompose en
blocs arrondis. On y observe en filons de la wake, de la baryte sul-
fatée, du quarz en roche, du fer sulfuré.
Entre les métairies du Rocan et du Pradinas , le granit cesse et
on rentre sur la formation du lias , sans trouver les roches inter-
médiaires observées sur le revers opposé de la montagne granitique.
Près du Pradinas , il existe dans le lias un banc assez étendu qui
abonde en fossiles. De là jusqu’à Miolet et jusqu’à la grotte qui se
trouve un peu plus loin vers le nord , toutes les montagnes qui
bordent la vallée du Gardon appartiennent à la formation du lias ;
seulement la plupart, et les plus élevées en général, sont recouvertes
par plusieurs couches horizontales de calcaire jurassique.
C’est dans la dolomie dépendante du lias que s’ouvre la grotte du
Fort, et non dans le calcaire du Jura qui lui est supérieur, comme
je l’ai dit d’après des rapports inexacts dans ma première notice.
Cette grotte est ouverte sur une coupe abrupte et d’un abord
dangereux de dolomie compacte , à trente mètres environ au-des-
sus du niveau de la rivière. La hauteur du portail qui en forme
l’entrée est d’environ huit mètres et sa largeur de quatre.
A l’intérieur de la grotte, le sol monte rapidement et se rap
proche de la voûte, de telle sorte qu’on ne peut bientôt plus se te-
nir debout. La grotte se partage en plusieurs boyaux. Le sol n’en
est point établi sur le rocher, mais dans les premières parties de la
grotte sur un sable dolomitique, détritus évident de la roche dans
laquelle elle est percée.
Dans quelques endroits, ce sable est recouvert de couches stalag-
mitiques d’un à trois centimètres d’épaisseur, qui s’arrachent faci-
lement en tables étendues de plusieurs pieds en carré. Ces stalag-
mites sont d’un gris foncé comme la roche j leur cassure est à peu
près de même couleur , seulement on y voit quelques facettes et
aiguilles cristallines, de sorte qu’il semble qu’un liquide incrustant,
tombé du plancher goutte à goutte , a saisi et solidifié une couche
de un à trois centimètres d’épaisseur du sable sur lequel elle est
tombée. Ces stalagmites et ce sable ne s’observent guère que dans
SÉANCE DU 2 2 NOVEMBRE 1 83 1 . 5g
les premières parties de la grotte; dans les parties plus éloignées,
un limon gras les remplace , et son épaisseur , qu’on a trouvée de
près d’un mètre en certains endroits , paraît beaucoup plus consi-
dérable dans d’autres, où l’on n’a pas creusé jusqu’au rocher,
A cinquante mètres à peu près de l’entrée de la grotte , au haut
de la montée dont nous avons parlé , sous les stalagmites déjà dé-
crites et sous une couche de sable limoneux de deux à quatre déci-
mètres , se trouvent des ossemens humains en grande abondance.
Nous n’en avons pas trouvé d’autres en cet endroit. Ils sont peu
pénétrés de sucs pierreux , légers , assez fragiles ; nous avons
trouvé mélangés avec eux des débris de poterie grossière, noire tant
au dehors que dans la pâte , dont les surfaces en certains endroits
avaient quelquefois pris par l’action du feu une teinte rougeâtre.
Cette pâte est formée d’une terre grossièrement pétrie et non
tamisée , renfermant de petits rhomboïdes primitifs de chaux car-
bonatée. Il y avait des débris de grands et de petits vases; les pre-
miers, épais de un à deux centimètres, donnaient à supposer dans
leur intégrité par la courbure des fragmens , un diamètre de trois
à quatre décimètres. Les plus petits n’avaient guère que deux à
trois lignes d’épaisseur ; ils étaient extérieurement décorés de filets
en creux , ou d’impressions symétriques , comme on en pourrait
faire avec la pointe d’un couteau.
Après nous être arrêtés quelque temps à l’entrée du premier
boyau pour faire ces premières fouilles, nous suivîmes une descente
assez rapide, en rampant sur le sable, dans de longs couloirs,
presque comblés de sables dolomitiques , de gros et de petits frag-
mens de dolomie et de limon gras; et bientôt nous vîmes des débris
nombreux d’ossemens d’ours. Je laisse à d’autres le soin de déci-
der s’ils appartiennent à VUrsus spelœüs , Artoideus , Pistons , ou
à toute autre espèce.
Dans quelques endroits de la grotte, aux ossemens d’ours se
trouvent mêlés quelques débris rares et peu reconnaissables de ru-
minans, de rongeurs et d’oiseaux. Dans certains couloirs profonds,
étroits et où l’on n’arrive, même en rampant, qu’avec la plus
grande peine, on trouve des ossemens indéterminables incrustés
au plafond et tenant si solidement au rocher qu’on ne peut les
avoir sans les briser en éclats.
Jusques ici, nos observations n’ont rien d’extraordinaire, elles
diffèrent peu de ce que j’avais déjà rapporté. J’ajouterai que les
ours ont pu certainement vivre dans notre caverne à ossemens,
qu ils ont pu y vivre tranquillement, et que les débris de plusieurs
générations ont pu s’y accumuler. Il est possible aussi que ces ours
Go
SEANCE DU 2 2 NOVEMBRE 1 85 1 .
saisis par une inondation aient péri violemment dans cette caverne,
ou, qu’effrayés par les eaux qui s’amoncelaient, ils s’y soient réunis
en plus grand nombre que de coutume. Mais il est encore possible
que noyés ailleurs, leurs osseméns aient été amenés dans la caverne
par les eaux. Toutes ces choses peuvent se soutenir. D’un autre
côté, la présence des ossemens incrustés au plafond de la caverne
prouve qu’elle a été remplie de limon à ossemens par une action
violente qui doit être celle des eaux. Car sans cette action violente
et dans l’ordre ordinaire des choses, les ossemens des ours qu’on
supposerait avoir habité la caverne se trouveraient tous sur le plan-
cher, par couches horizontales, et aucun ne pourrait être incrusté
à la voûte.
Au reste , l’action des eaux n’est pas difficile à concevoir dans
cette localité où le lit du Gardon parait s’être considérablement
abaissé par la coupure d’un barrage de rochers qui existait peu au
dessous. Ce qui viendrait à l’appui de cette explication, c’est qu’on
observe dans la grotte en plusieurs endroits des lits d’un sable
différent de celui qui provient du détritus de la roche dolomi tique,
et parfaitement identique avec celui que roule actuellement le
Gardon , c’est-à-dire , composé de grains de quarz et de débris de
gneis et de schistes mica cés.
Nous allons maintenant aborder la" question la plus importante.
Dans les boyaux les plus profonds , dans les plus étroits , à plus
d’un mètre de profondeur , dans le limon gras de la caverne, on
a trouvé, mélangés ensemble, des ossemens d’hommes, d’enfans
et des ossemens d’ours.
Il est vrai qu’à peu de profondeur dans le limon, au-dessus des
ossemens d’ours on avait déjà trouvé un squelette humain et une
figurine romaine, et que plus loin encore, vers le fond de
la grotte on a sorti d’un seul coup de pioche six bracelets en
cuivre fin , fondu, assez grossièrement sculptés au burin et que je
crois pourtant romains. Mais il est vrai aussi , qu’on a trouvé des
ossemens humains dans la profondeur du limon , pèle-mèle avec
ceux des ours; qu’il y avait des têtes entières, des épines dorsales,
dont tous les os étaient en connexion , des ossemens d’enfans , des
débris de poterie , des dents de chien et de renard percées proba-
blement pour être suspendues en amulette autour du cou : une valve
d ’unio margaritifera qui sans doute avait servi au même usage,
et enfin plusieurs os pointus affilés de main d’homme.
Ces derniers os sont des radius et des cubitus de chiens , de re-^
nards ou d’autres espèces de pareille grosseur. Ils sont trop gros-
sièrement travaillés pour qu’on suppose qu’ils ont servi de styles
SÉANCE DU 2 2 NOVEMBRE 1 85 1 . Cl
à écrire; ils sont trop petits et trop faibles pour avoir servi d’ar~
mes; ils doivent avoir été taillés pour servir à porter à la bouche
les alimens, et surtout à piquer la viande.
La grotte du Fort a toujours élé connue dans le pays, mais on
ne soupçonnait pas qu’elle contînt des ossemens. MM. Duché,
pasteur évangélique à Mialet, et Julien , instituteur primaire qui a
quelque temps étudié la médecine, s’en aperçurent les premiers.
Entre le i5 août et le 23 septembre , jour de mon excursion, la
grotte a été visitée par beaucoup d’amateurs qui ont emporté un
grand nombre d’ossemens ; et de plus elle a été dévastée par les
paysans qui ont tout bouleversé dans l’espoir d’y trouver de l’ar-
gent, espoir excité par la découverte des bracelets. Maintenant il
n’y a plus rien à y voir. Mais parmi les objets curieux qu’on en a
extraits, je dois citer uiïe belle tête d’ours presque entière qui a
plus d’un demi - mètre de longueur et qui est en la possession de
M. Duché. Deux têtes pareilles, des humérus, des fémurs, des ra-
dius, des cubitus, des sacrum et autres os entiers possédés parM. Ju-
lien qui a de[plus la figurine et les bracelets romains. Il possède aussi
les dents percées en amulette, les styles ou fourchettes en os, la
coquille , des débris de poterie , plusieurs têtes humaines et un
grand nombre d’ossemens d’hommes ou d’ours.
De ces faits fidèlement rapportés il me semble qu’on peut en dé-
duire les conclusions suivantes :
i° Â une époque reculée, des ours nombreux et d’espèces au-
jourd’hui perdues vivaient dans le pays. Ces ours ont pu habiter
dans cette grotte ou dans le voisinage. S’ils ont vécu dans la grotte,
leurs ossemens s’y sont naturellement accumulés. S’ils ont vécu dans
le voisinage, il se pourrait que leurs ossemens eussent été apportés
dans la grotte par les eaux. Mais dans l’un et Fautre cas, ces ossemens
mêlés à un limon gras, supposés une fois dans la grotte, ont été en-
traînés par les eaux dans des couloirs où les ours n’ont pas pu
vivre et qui ont été remplis jusqu’à la voûte. Plus tard ces couloirs
ont été vidés en partie par un effet contraire des eaux, et certains
ossemens sont restés empâtés à la voûte en témoignage de ces ré-
volutions.
2° Certaines petites espèces de ruminans,de rongeurs et d’oiseaux,
tous en petit nombre, paraissent avoir partagé le sort des ours.
3° Des ossemens d’hommes en grand nombre , et quelques-uns
d’enfans se trouvent aussi dans cette caverne. Les bracelets et la
figurine donnent à penser que ce sont des restes de romains. Les
poteries grossières, les dents en amulette , les os pointus pour aider
à manger , les dents des têtes usées par la mastication, môme chez
62
SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1 83 1 .
de jeunes sujets , portent à penser cju’une partie de ces dépouilles
appartient à des peuples moins civilisés. N’est-il pas possible qu’on
trouve ici mêlés les romains vainqueurs , et les indigènes vaincus
de l’époque de la conquête de la Gaule?
4° Mais les hommes ont-ils vécu dans cette caverne? Non cer-
tainement en rciême temps que les ours. — Non certaiment les ro-
mains en même temps que les sauvages. — Et ni les uns, ni les
autres dans la plupart des endroits oii on les trouve actuellement
et où l’on ne peut passer qu’en rampant.
5° Ces hommes ont-ils été ensevelis dans le lieu où on les trouve?
C’est possible pour certains endroits de la caverne. — Ce n’est nul-
lement probable pour d’autres. — Ils peuvent avoir été ensevelis à
l’entrée et dans des endroits assez spacieux où l’on en trouve un grand
nombre qui paraissent isolés. — Ils ne peuvent l’avoir été au fond,
dans des couloirs impraticables où ils sont mêlés aux ossemens d’ours.
Ils ont été portés là par uue cause violente , par la même cause qui
a charrié les ossemens d’ours , par les eaux qui les ont mêlés en-
semble et pétris avec le limon.
6° Mais ces ossemens entassés par la même cause , au moins dans
certaines parties de la grotte, sont-ils tous contemporains? En
d’autres termes , les hommes et ces ours d’espèces actuellement
perdues ont-ils vécu à la même époque ? Question compliquée qu’on
ne doit peut être pas résoudre d’une manière positive , mais qu’on
peut cependant éclairer de quelques réflexions.
Eu effet, une violente inondation a bien pu prendre au dehors
des ossemens d’hommes et d’ours , les mêler , les pétrir de terre et
les amonceler au fond de cette grotte : mais de grandes difficultés
combattent cette supposition. L’eaü aurait-elle trouvé au voisinage
de la grotte assez d’ossemens d’hommes , d’ours et de ces espèces
seulement? Aurait-elle transporté la figurine fragile entière et les
bracelets de métal qui sa sont trouvés réunis et non épars ? Il y a
dans cette supposition des circonstances qui paraissent aussi impos-
sibles à réaliser que celles de l’habitation simultanée de cette grotte
par des ours , des sauvages et des romains.
Si l’on renonce à la contemporanéité d’existence, soit dans la
grotte , soit au voisinage de la grotte , les choses deviennent plus
faciles à comprendre et à expliquer. Je conçois que d’abord les ours
ont habité la grotte , qu’ils en étaient les seuls maîtres et que leurs
générations successives l’ont peuplée de lenrs débris. Plus tard cer-
tains habitans de la contrée s’en sont emparés , soit comme lieu
d’habitation , soit comme lieu de sépulture : ils y ont laissé ces os
affilés et pointus , ces dents percées en amulettes , ces poteries gros-
SEANCE DU 22 NOVEMBRE 1 83 1 . §§
sières que nous y avons trouvées. À une troisième époque, des ro-
mains ont pu s’y cacher , s’y retrancher ou s’y ensevelir : delà ,
la figurine romaine et les bracelets de bronze,
Que faut-il pour arracher tons ces débris jusqu’ici distincts du
lieu de leur sépulture ou de leur gisement j pour les mêler en-
semble, les précipiter au fond de la grotte, les attacher à la voûte
dans des couloirs inabordables? Il ne faut qu’une simple inonda-
tion. Sans recourir pour la produire à ces cataclysmes dont on est
si prodigue en géologie, il ne faut supposer qu’un barrage un peu
élevé en aval de la rivière et la rupture d’un pareil barrage en
amont qui élèvent subitement les eaux.
De pareilles catastrophes ont existé partout; partout on en trouve
des traces ou des souvenirs, et dans le cas qui nous occupe, les sa-
bles du Gardon retrouvés dans la caverne fournissent à l’appui de
notre opinion un témoignage presque irrécusable.
Je dois ajouter pour terminer, que les os^ëmens humains me
semblent moins pesans , plus altérés , moins pénétrés dans leur
substance de matière terreuse que ceux des ours , et que , par con-
séquent , leur aspect particulier me porte aussi à conclure qu’ils
sont ensevelis depuis moins de temps que les autres.»
La Société décide qu’on priera l’auteur d’envoyer des pote-
ries de la caverne.
M. Deshayes rend compte de ses observations faites près
d’Epernay.
«J’ai constaté que les argiles à liguites d’Epernay reposent entre
la craie et des assises de meulière , qui recouvrent aussi le calcaire
grossier • les argiles sont placées en une espèce de parallélisme avec
le calcaire grossier , qui n’offre dans ce lieu que ses assises infé-
rieures et une partie de ses assises moyennes. A Dammerie, il ren-
ferme au moins 4oo espèces de coquilles. Lorsqu’on va vers Dam-
merie par le vallon de Lisy, on observe que le terrain argileux
s’appuie sur le calcaire grossier et atteint le même niveau. D’un
côté de la vallée , on voit d’abord des couches de galets roulés $
puis de bas en haut, l’argile plastique, le calcaire grossier , le grès
marin supérieur et la meulière j et de l’autre, l’argile à liguites et à
coquilles d’eau douce.
Ce dernier dépôt n’est qu’une continuation de celui du Soisson-
nais et de Rlieims ; car près de cette dernière ville et à Hautvillers,
le calcaire grossier et l’argile à lignites sont bout à bout l’un à côté
de l’autre, c’est-à-dire que l’argile s’est déposée dans des vallées du
64 SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1 85 1 .
calcaire grossier , et que les deux formations ont été couvertes en-
suite par les meulières.
La colline entre Nantheuil-la-Fosse et Cumière offre , sur une
de ces pentes, les argiles à lignites à coquilles d’eau douce et sur
l’autre, le calcaire grossier. »
Après l’exposé de ces observations, M. Cordier rappelle que
M. Prévost avait aussi annoncé que le calcaire grossier et les
argiles à lignites du Soissonnais formaient des falaises appli-
quées l’une contre l’autre bout à bout.
une alluvion fluviatile qui s’est amoncelée dans ce lieu , et qui
n’a pu être portée que rarement et , en plus petites portions ,
dans le bassin parisien.
La discussion s’engage sur les meulières de La Ferté-sous-
Jouarre , qui sont dans une argile sableuse et ont été réputées
jusqu’ici une dépendance du sol tertiaire supérieur. Si ce der-
nier terrain fournit la plupart des pierres meulières pour l’in-
dustrie , on en extrait aussi , sur divers points , du dépôt
fluviatile moyen des environs de Paris.
i
JondrGeo/ngi^ne^eJrnnçe^
Tom. //. Pi L
Fig'.l.
.'IComit. Cou/ir depuis Za. Hàus.rvye jusya'à Geriee-oy ,pr'es£eaaoais . ( Oise)
la Houssoye
X-iÛi de Roissy .
SÎJ4.;
SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1 85 1 .
61:
Séance du 5 décembre 1831.
M. Cordier occupe le fauteuil.
Le procès- verbal de la dernière séance est lu et adopte.
Il est fait hommage à la Société :
i° Par M.AlexandreBrongniart,d’un Mémoire intitulé Essai
sur les Orbicules siliceux et sur les formes à surfaces courbes
qu'affectent les Agates et les autres silex. Paris, 1 85 1 . Un ca-
hier in- 8° de 40 pages, avec 4 planches, extrait des Annales
des Sciences naturelles.
<i° Par M. Studer, de sa Monographie de la Molasse {Mono-
graphie der Molasse)., Un vol. in- 8° de 427 pages , avec une
carte et une coupe. Berne, 1 83 1 .
3° Par M. Walferdin, du T ableau général du commerce de la
France avec ses colonies et les puissances étrangères , pendant
l'année i85o, publié par l’Administration des Douanes. Un vol.
grand in-4° de 71 pages.
4° Par M. Boué, des trois premiers volumes du Journal de
Géologie. In -8°, i83oà 1 83 1 . GhezLevrault , libraire , à Paris.
Les quatre derniers cahiers contiennent outre les petites notices
16 mémoires, savoir : Des observations faites dans la Steppe des Kir-
gliis; un Mémoire sur les Alpes, par MM. Sedgwick et Murchison;
un Travail sur les terrains tertiaires inférieurs , par M. Reboul ; un
Mémoire sur l’île de Sylt en Danemark , par M. Forkliammer;
une Description des mines de Dognasca dans le Bannat, par
M. Scherubel ; une Lettre de M. Savi sur les fossiles secondaires
des montagnes de la Spezzia ; une Notice sur de nouvelles cavernes à
ossemens, par MM. Marcel de Serres et Pitorre ; un Mémoire sui-
tes brèches osseuses à coquilles marines et sur des dépôts très-récens
de Sardaigne , par M. de la Marmora ; la Description des bassins
tertiaires de Baza et d’ Alhama dans le royaume de Grenade , par
M. Silvertop ; une Description du sol tertiaire au pied des Alpes
Allemandes, par M. Boué ; une Note sur les idées de M. de Beau-
mont relativement aux soulèvemens, par M. Boué; un Tableau
des nouvelles sociétés savantes et des publications qui s’occupent
de géologie, par M. Boué; une Notice sur les altérations des ro-
ches calcaires du littoral de la Grèce, par M. Boblaye ; enfin, les
deux Mémoires sur le petit Atlas et la Barbarie, par M. Rozet.
Sec. gefol. Tome II. 5
SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1 85 1 .
66
M. Saigcy envoie 27 numéros du Lycée, h partir du icr dé-
cembre i85i, et accepte l’échange de ce journal contre le
Bulletin de la Société.
M. de Férussac, comme directeur de la Société du Bulletin
universel, adresse en échange du Bulletin de la Société, les
quatre premiers cahiers du Bulletin des Sciences naturelles et
de Géologie pour 1 83 1 .
Il est présenté par M. Boué:
ic Des observations sur les végétaux fossiles avec des figures
de leur structure intérieure vue au microscope ( Observa-
tions 011 fossil végétai les, etc. ), par M. H. Witham. In-4° de
/jô pages, avec 6 planches. Londres, 1 83 1 .
20 La Flore fossile de la Grande-Bretagne, ou des figures et
des descriptions des végétaux fossiles de ce pays ( The fossil
Flora, of great Britcdn , etc. ) , par MM. Lindley et Iiutton.
In-8° , par cahiers de 20 pl. et de 60 p. de texte. Numéros I
et II. Londres, 1 83 1 . Prix du cahier : 4 sch. 6 p.
5° Esquisse de l’histoire naturelle de la Lithuanie , de la
Volhynie et de la Podolie, sous les rapports géognostique , mi-
néralogique, botanique et zoologique (Nalurhistorische Skizze
von Lithauen , V olhynien u Fodolien, etc. ) , par Ed. Eich-
wald. In-4° de s56 pages, avec 5 pl. Wilna, i83o.
4° Le premier cahier du troisième volume des Archives de
minéralogie , de géogno&ie, etc., du docteur Karslen. Berlin,
1 85i.
Ce cahier contient une description géologique d’une partie de la
Silésie inférieure et des montagnes de la Bohême , avec une carte
géologique , par MM. Zobel et Carnall • la Description des rochers
appelés Bruchhauser-Steine sur l’îssenberg, dans le district d’Arns-
berg, par M. Noggerath; un Voyage aux mines de Ramos,c!e
Catorze et de Chareas dans l’état de San Luis Potosi au Mexique,
par M. Burkart , et un Mémoire sur le sol tertiaire parisien avec
une coupe, parM. de Strombeck.
5° Le troisième cahier des Annales de minéralogie , de géo-
logie et de paléontologie > de MM. de Léonhard et Brown. Hei-
delberg, 1 85 1 .
On y trouve un Mémoire de M. Rengger sur les cols et les pas-
SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1 8 3 1 . 67
sages praticables pour les voitures dans les Alpes, et une disserta-
tion de M. Studer sur la place de la géologie parmi les sciences na-
rélles et sur les subdivisions qu’on peut y établir.
6° La description géognostique du duché de Nassau, surtout
p ar rapport aux sources minérales de ce pays ( Geognostische
Beschreibung des H erzogthums Nassau, etc.) In-8° de 606 p. ,
avec une carte géologique en 4 feuilles. Wiesbaden, i83i.
70 Tableau des rapports orographiques et géognostiques du
N. O. de l’Allemagne [Ubersicht der orographischen and geog-
nosiiscken VerJmltnisse, etc.), par M, F. Hoffmann. 2 vol. in-8%
avec une carte et deux planches de coupes. Leipzig, i'83o.
On lit la lettre suivante de M. le comte Munster:
a Les N ummulites citées par M. D’ Alberti dans le Muschelkalk du
Wurtemberg , 11e m’ont offert aucune chambre et ne peuvent donc
pas appartenir à ce genre. Eu général, je n’ai encore vu nulle part en
Allemagne, soit dans la craie , soit dans le sol tertiaire de véritables
Nummulites, mais il y en a dans les couches entre la craie et le ter-
rain tertiaire des Alpes Bavaroises. D’un autre coté,, les autres dé-
pôts tertiaires de l’Allemagne m’ont offert quelques centaines d’es-
pèces de Céphalopodes foraminifères. Les fossiles qu’on a pris pour
des Nummulites au Mont- Saint-Pierre près de Maëstricht appar-
tiennent sans exception aux Orbitolites. Dans les formations plus
anciennes il y a, commel’on sait, quelques espèces de la même classe
des Céphalopodes foraminifères.
J’ai visité les Alpes du Salzbourg et du Tyrol, j’ai eu le plaisir
de rassembler dans ce dernier pays près de Saint-Cassian , dans le
baillage d’Enncberg ( au nord de la vallée de Fassa ), plus de i3o
espèces de coquilles avec leur test ; il y en a près de 100 qui sont
nouvelles et je suis occupé à les décrire.
La détermination des formations dans les Alpes au moyen de la
zoologie, paraît être une chose difficile, puisque le même dépôt y
paraîtrait recéler des fossiles qu’on croyait jusqu’ici appartenir à
plusieurs formations.
Je n’ai trouvé dans le calcaire compacte rouge à Oi tliocères du
Salzbourg, ni Bélemnites , ni véritables Ammonites , mais deux
espèces d’Ortliocères et des fragmens de Goniatites , tandis que le
calcaire marneux brun rouge à Bélemnites, m’a offert i5 espèces
d’ Ammonites , d’un pouce à un pied de diamètre , dont deux sont
nouvelles et les autres caractéristiques du lias.
65 SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1 85 1 .
Les Bélemnites, les Trigonellites et les Térébratules de ces mêmes
couches, sont à l’ordinaire dans la même classe de dépôt qui règne
des deux côtés de la Salza et qui est moins élevé que les roches* à
Orthocères.»
On lit la lettre suivante de M. le professeur Studer , de
Berne :
« Les pétrifications, en particulier les Ammonites du pied nord
du Stockhorn ou du Fallbach près de Blumenstein, ont été recon-
nues par M.Y oltz pour des fossiles du lias, tandis qu’il classe d’après
les caractères paléontologiques le calcaire de Chatel Saint - Denis ,
des Yoirons et de toute la chaîne du Stockhorn dans l’étage juras-
sique moyen. Quant aux roches calcaires et charboneuses de Bol-
t.igen, leurs fossiles les font ranger pai\M. Yoltz dans l’argile de
de Kimmeridge et le dépôt Portlandien. Pour quiconque avait
visité les lieux, il était impossible d’adopter le classement de M.Bron-
gniart , qui aurait voulu retrouver des roches tertiaires à Boltigen.
Au contraire les classifications que M. Yoltz a faites d’après l’ins-
pection seule des fossiles, se trouvent conformes aux observations
de gisement de ces divers dépôts. Eu effet, les roches de Boltigen
sont superposées distinctement au calcaire ammonitifère du Stock-
horn et les oolites foncées de cette chaîne sont bien à leur place
dans la nature. En se prolongeant dans le pays de Fribourg, la chaîne
du Stockorn change petit à petit sa direction de l’E. à l’O. , pour
celle du N. E. au S. O.; or, d’après la théorie de M. de Beaumont
le point où un pareil changement a lieu devrait offrir des disloca-
tions et des entrecroisemens de directions ou de systèmes divers ,
ce qui n’a pas lieu , puisque ce changement se fait au moyen
d'une courbure peu forte. M. de Beaumont se fiant au tracé défec-
tueux des cartes , a cru retrouver un indice de son système Pyrénéo-
Apennin dans l’extrémité orientale de cette chaîne; néanmoins
il s’est laissé induire en erreur, car la direction y est encore celle
de l’E. àl’O., et son extrémité vient toucher à Reutigen. D’un
autre côté, une portion de la chaîne calcaire qui accompagne le
versant nord de la chaîne du Niescn , s’étend à travers le Simmen-
thaï , et vient se juxtà-poser à l’extrémité sus-mentionnée
du Stockhorn. Dans le défilé de Wimmis , on coupe une por-
tion de cette chaîne au sud du Stockhorn, et sur un aperçu su-
perficiel, on pourrait croire qu’elle fait encore partie de cette
dernière chaîne. J’avoue que je ne vois pas non plus ce qui peut
porter M. de Beaumont à prolonger la ligne de son système des
SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1 85 1 . 69
Alpes occidentales à travers les Alpes Suisses ; je n’en connais pas
d’indices même à Marti gnv , où les cartes pourraient en faire pré-
sumer. Dans l’extrémité orientale des Alpes , cette chaîne subit une
courbure pour se prolonger dans les Carpathes par Wimpassing et
Theben. La carte géologique de M. Partsch et les mémoires de
M. Boué ont suffisamment détaillé ce fait. Or, il en résulte que
M. de Beaumont se serait aussi trompé en classant le Sommering
dans le système Apennin, tandis que la forme du contour extérieur
lui a suffi pour placer dans son système nord-sud ITstrie, qui ap-
partient probablement au système Apennin.»
La Société approuve les décisions suivantes du conseil :
MM. Cartier, de Roissy et Clément Mullet sont nommés pour
vérifier les comptes du Trésorier; MM. Iléricart Ferrand, Vé-
ma-rd et Puillon-Boblaye pour examiner la gestion de l’Archiviste.
On accepte l’échange du Bulletin de la Société contre le
Mémorial encyclopédique de M. Bailly de Merlieux.
Chaque membre de la Société n’a droit qu’à un seul exem-
plaire du Bulletin, lors même qu’il offrirait d’en payer le prix.
On nomme une commission composée de MM. Deshayes ,
Walferdin et Dufrénoy, pour s’entendre avec un libraire,
sur l’impression des Mémoires de la Société, en s’en tenant ,
autant que possible, aux termes du réglement pour ce genre de
publication.
Le local de la Société sera désormais ouvert , pour tous les
Membres, les dimanches, de 10 heures à 4 » et tous les lundis ,
autres que ceux des séances ordinaires, de 7 à 10 heures du soir.
M. Dufrénoy lit une Note sur ia position géologique des prin-
cipales mines de fer de la partie orientale des Pyrénées.
«Les mines de fer sont répandues à l’extrémité orientale des Py-
rénées avec une grande profusion; elles y forment ordinairement
des masses plus ou moins considérables, disséminées d’une manière
très-irrégulière dans un calcaire saccharin , gris clair, que l’on a
regardé pendant long-temps comme de transition , et que nous
rapportons à des formations différentes malgré ses caractères pres-
que uniformes. Cette constance dans les caractères du calcaire,
quel que soit son âge, parait due, ainsi que nous allons l’indiquer,
à la même cause que la formation des minerais de fer, c’est-a-dire,
au contact du terrain calcaire et de granité.
SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1 85 1 -
1°
Les nombreuses mines de fer qui sont exploitées sur les pentes
du Canigou fournissent un exemple très-remarquable de cette
position; elles forment par leur ensemble une espèce de zone cir-
culaire d’environ huit mille toises de diamètre qui enveloppe |le
Canigou de tous côtés presqu’à la meme hauteur, et dont les prin-
cipaux points sont: Py , Fillols , Saint-Etienne-dc-Pomers , Val-
mague et Battere.
Les minerais sont un mélange de fer spathique, de fer hématite
brun , de fer oxidé rouge et de fer oligiste écailleux. Les deux
premiers sont beaucoup plus abondans et forment seuls la base
des exploitations. Ils sont inégalement réparfis dans les mines ;
quelques-unes fournissent presque exclusivement du fer spathique,
et d’autres de l’hématite brune. Le minerai existe également dans
le calcaire et dans le granité; cependant il est plus pur et plus
abondant dans la première de ces roches ; aussi les puits d’extrac-
tion sont-ils ordinairement ouverts du côté du calcaire.
Les gîtes métallifères se présentent tantôt sous forme de filons ,
de veines parallèles aux couches, ou d’amas, intercalés indifférem-
ment, ainsi que nous venons de le dire, dans le granité et dans le
calcaire. Ces gîtes ne se prolongent pas très avant dans ces deux
roches ; elles constituent par leur réunion une espèce de bande
placée au contact du granité et du calcaire , de sorte que , malgré
la grande irrégularité du gisement de chacune de ces mines de fer,
cependant leur ensemble affecte une certaine régularité. Le cal-
caire qui accompagne les mines de fer du Canigou est constam-
ment saccharoïde, et presque toujours blanc ; il présente alors
(àPv, Fillols, Valmague, etc.) les caractères du marbre de
Carrare. On ne rencontre pas de fossiles dans ce calcaire, on pour-
rait donc le supposer primitif. Mais d’après des observations nom-
breuses que nous avons été à même de renouveler cette année, les
calcaires saccharoïdes de la chaîne des Pyrénées , ne sont que des
exceptions locales, et ils dépendent des terrains qui les environnent.
Les calcaires saccharoïdes du Canigou feraient donc partie des ter-
rains de transition de Villefranche et de Livia situés au pied de ce
massif de montagnes. Ils en auraient été séparés à l’époque où la
montagne qui les supporte s’est élevée, et c’est à la même cause qui
a fait surgir cette montagne que sont dus la texture cristalline du
calcaire et les nombreux dépôts de minerais de fer de cette con-
trée. Plusieurs années s’étant écoulées depuis que j’ai visité les
mines de fer du Canigou, je ne saurais donner des détails plus cir-
constanciés sur leur manière d’être, mais j’ai été à même d’étu-
dier il y a peu de temps lin gisement analogue dans la vallée de
si 1 N CE DU 5 DÉCEMBRE 1 85 1 . 71
Gly; je vais le décrire pour donner une idée plus complète de la
position remarquable de ces minerais de fer.
Ce gisement est situé à une petite distance de Saint-Paul *de Fe-
nouillet, à une demi-heure du pont de la Fou, où la Gly entre dans
une gorge étroite et profonde ouverte dans un calcaire cristallin en
couches presque verticales. Les caractères extérieurs de ce calcaire
ne sauraient nous donner aucune idée de son âge; il a constamment
été rangé avec les terrains de transition des, Pyrénées, et ce n’est que
dans le voyage que je fis l’année dernière dans cette contrée, avec
M. Elie de Beaumont , que nous reconnûmes qu’il appartient au
terrain de craie inférieure. Ce calcaire est en effet associé à des mar-
nes noires renfermant des fossiles de cette formation; il pré-
sente en outre quelques indices d’Hippurites et de Dicérates. Ces
fossiles disséminés dans le calcaire saccharoïde sont à l’état lamel-
leux; ils se dessinent presque toujours en noir sur la pâte du cal-
caire qui est d’un gris bleuâtre, analogue à la couleur du marbre
bleu turquin. Il faut avoir vu un grand nombre de ces fossiles pour
pouvoir les reconnaître; ils paraissent avoir été comprimés dans tous
les sens , et de plus ils sont tellement adhérens au calcaire, qu’il
est difficile d’en détacher des fragmens caractérisés. Au pont de la
Fou , les couches sont redressées très-brusquement, circonstance
en rapport avec la présence dn granité qui se trouve à une petite
distance de la surface du sol, et se montre au jour de tous cotés.
Les minerais de fer, dont je veux parler, sont précisément au
contact même du calcaire et d’une pointe de granité qui sort au
milieu du terrain secondaire.
Depuis le pont de la Fou jusqu’à l’endroit où l’on voit les mine-
rais de fer, le calcaire présente les caractères généraux que je viens
d’indiquer; cependant on peut dire qu’il est de plus en plus cris-
tallin à mesure que l’on s’approche des masses granitiques. Au
pont de la Fou, le calcaire était encore un peu esquilleux ; à trois
cents mètres du granité, il est tout-à-fait saccharoïde, et ne contient
plus de traces de fossiles.
Voici la disposition que l’on observe. Les conciles plongent vers
FEst 25° Sud sous un angle de 7 5° , de manière à s’appuyer sur le
granité qui forme les collines de St. -Martin. On marche sur le
calcaire saccharoïde gris clair jusqu’à cent mètres environ de la masse
principale de granité, et seulement à trente-trois mètres d’une rar
mification de granité dont je vais bientôt parler. On trouve alors:
i° Un calcaire rougeâtre saccharoïde ferrugineux , formant des
couches régulièrcs?dont la puissance est de quinze mètres environ. On
n’observe pas de passage de ce calcaire au calcaire saccharoïde gris
72 SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1 85 1 .
clair qui le recouvre. La ligne qui le sépare est très-tranchée; il
n’en est pas de même de sa surface de contact avec la roche sur la-
quelle *il est superposé.
2° C’est une dolomie assez solide quoique composée de la réunion
de petits rhomboèdres isolés. Cette roche , non stratifiée, forme
une masse carriée dans tous les sens, qui peut avoir dix-liuit mè-
tres de puissance. Elle se décompose d’une manière très-irrégu-
lière ; sa surface est fortement colorée , tandis que dans une cas-
sure fraîche cette dolomie est d’un jaune terne très-clair. Elle con-
tient quelques veines fort irrégulières de fer apathique à très-petits
grains , et des taches de fer spéculaire. Le fer spathique se distin-
gue avec difficulté au premier abord de la dolomie ; mais on re-
marque bientôt qu’il est plutôt en lames qu’en cristaux. La couleur
foncée des surfaces extérieures des masses de dolomie, est due à
l’altération du fer spathique.
3° La dolomie recouvre immédiatement une roche feldspathi-
que très-quarzeuse qui forme une espèce de filon couché de vingt-
deux mètres de puissance. Il est difficile de donner une idée exacte
de cette roche; elle est le résultat de la pénétration du granité
dans le terrain , et formé par conséquent d’un mélange d’élémens
très-différens. Cette masse ne présente aucune stratification. Elle
est pénétrée dans tous les sens de fer spathique lamellaire qui y est
disséminé sous forme de réseau. Il est accompagné de pyrites et d’un
peu de fer oligiste. Ce dernier minéral est plus abondant dans une
couche plus rapprochée du granité que celle-ci.
4° Le mélange de dolomie et de fer spathique qui recouvre la
roche quarzeuse dont nous venons de donner la description, forme
de nouveau une masse de 2 mètres de puissance. Elle s’appuie sur :
5° Une roche granitoïde non stratifiée, formant cependant une
masse disposée parallèlement aux couches, et dont la puissance
est de 37 mètres. Cette roche est composée de feldspath à très-
grandes lames, de mica vert, et de quarz très peu visible. Elle est
mélangée de fer spathique et de fer oligiste écailleux,distribués sous
forme de petits nids. Les parties qui contiennent les minerais mé-
talliques paraissent altérées , le feldspath qui est alors verdâtre se
laisse entamer par une pointe d’acier ;
6° A cette roche granitoïde succède de nouveau de la dolomie ,
qui forme comme une salbande épaisse à l’espèce de filon feldspa-
thique dont nous venons de parler. Cette troisième masse de dolo-
mie , dont la puissance est de douze mètres , est beaucoup moins
régulière que les deux premières. Ses surfaces de contact ne sont
pas planes , la dolomie pénètre un peu dans la roche granitoïde
SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE ï83l. ^3
précédente et dans le granité sur lequel elle s’appuie. Elle contient
encore du fer spathique , mais elle est surtout riche en fer oligiste
écailleux qui y est disséminé en nids assez abondans.
70 Enfin on trouve le granité qui forme les montagnes de St.-
Martin. Il diffère essentiellement de la roche granitoïde n. 5 , il
est à petits grains et à mica noir. Malgré cette différence , on peut
assurer que la roche granitoïde intercalée dans la dolomie est une
ramification du granité. C’est très-probablement à l’action réci-
proque du granité sur le calcaire et aux dégagemens de gaz qui ont
du se faire au contact de ces deux roches que sont dus la différence
de texture du granité , les changemens que le calcaire a éprouvés
et l’introduction des minerais de fer.
Ce gisement intéressant nous fournit une nouvelle preuve du
peu d’ancienneté du granité des Pyrénées. Comment concevoir
en effet l’intercalation de la roche granitoïde entre deux couches
de dolomie , si le granité ne s’y était introduit à la manière des fi-
ions? La position presque verticale des couches et le parallélisme
de la dolomie , et des masses de granité s’opposent à la supposition
que le calcaire s’est déposé dans les anfractuosités du granité, tandis
que le soulèvement de cette roche postérieurement au terrain de
craie , et son épanchement entre deux couches de ce terrain, expli-
quent d’une manière simple et naturelle le phénomène que nous
venons de décrire
Les mines de fer de Rancié dans l’Arriége qui alimentent à elles
seules un grand nombre d’usines, nous paraissent d’après nos obser-
vations et surtout d’après celles de M. Marrot, se trouver dans la
même position que les minerais de fer du Canigou. En effet , le
gîte métallifère est placé à la proximité du granité, dont le contact
avec le calcaire s’observe à une petite distance de la mine dans le
ravin de Sem, et il contient de la dolomie. En outre, M. Marrot
annonce , dans un Mémoire inséré dans les Annales des Mines
( Volume 4 , page 3 1 4 ) ? « que les couches du terrain de tran-
» sition sont quelquefois interrompues par d’énormes masses de
» granité, auxquelles ces roches adhèrent parfaitement, quoique le
» passage soit brusque de l’une à l’autre. Ces couches de transi-
» tion renferment alors quelques filons contenant de la galène ar-
» gentifère, du cuivre pyriteux et souvent des amas de minerai de
» ter analogues à ceux de la vallée de Sem. »
Ces détails nous conduisent à conclure que la plupart des mines
de fer de la partie orientale des Pyrénées sont placées à la jonction
des terrains de granité et de calcaire , que leur formation est en
rapport intime avec le soulèvement de la chaîne granitique, enfin
SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1 83 1 .
que la texture cristalline est également un résultat de cette action,
laquelle s’est transmise au calcaire, quelle que soit la formation à i
laquelle il appartient. »
On lit un Mémoire de M. Reboul, intitulé Précis de quelques
observations sur la structure des Pyrénées.
« Les observations que j’ai eu l’honneur de soumettre àl’Académie
sur la structure de la chaîne des Pyrénées m’ont paru mériter son
attention, en ce qu’elles modifient et contredisent, à quelques
égards , les opinions les plus accréditées sur la géographie physique
de ces montagnes.
Comme on est plus occupé qne jamais à chercher dans la di-
rection des grandes chaînes, et dans leurs relations géologiques ,
des indices propres à décéler le mode et l’âge de leur formation ; •
j’ai essayé de soumettre à un nouvel examen la détermination de
l’axe pyrénéen et les rapports de cet axe , soit avec la direction
des strates inclinés , soit avec les principales parties dont se com-
pose la chaîne totale.
Ces recherches m’ont conduit aux conclusions suivantes bien i
peu conformes aux idées émises jusqu’à ce jour : i° Qne les Pyrénées
ne sont point dirigées de FE.-S.-E. à l’O.-N.-O., mais à i5°, au
moins, plus au sud de cet alignement} 2° Que la direction des stra-
tes y est rarement parallèle à cet axe; 3° Qu’elles ne constituent
point une chaîne simple , et qu’on puisse supposer avoir été formée
d’un seul jet; 4° Qu’on y trouve, comme dans les autres chaînes
de montagnes , des indices de plusieurs évulsions souterraines dont
elles sont le produit; 5° Que ces évulsions, qui paraissent s’être
succédées pendant la longue durée des anciennes périodes , se sont
prolongées, comme celles des Alpes, jusque dans les temps assez
avancés de la période tertiaire.
Les monts Pyrénées , dit Pline , séparent les Gaules de l’Espagne
eu jetant deux promontoires dans les mers opposées (i). Ptolomée
a indiqué la situation du promontoire occidental au golfe de Gas-
cogne . et l’a désigné par le nom d’OEaso , que Danville rapporte
à la punta de Figuera , près l’embouchure de la Ridassoa , et Gos-
selin au cap Macliicaco , sur les confins du Guipuscoa et de la
Biscaye; mais ni ce cap , ni la punta di Figuera ne terminent la
chaîne des Pyrénées. Ils en sont de simples appendices: et, en
les laissant au nord , elle se prolonge jusqu’aux rivages de la Galice.
(i) Ilist. nat. , 1. 3 ch. 3.
SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1 83 1 -
C'est ainsi que l'avait envisagée Strabon, le plus judicieux et le
mieux informé des géographes anciens.
Cette erreur de Pline et de Ptolomée, quoique relevée par
Danvillc , se retrouve néanmoins encore conservée textuellement
dans la plupart des descriptions des géologues de notre siècle.
Ceux même qni l’ont reconnue ont continué d’admettre les fausses
conséquences qu’on en avait déduites. C’est ainsi que la direction
de la chaîne des Pyrénées se trouve déterminée presqu’ unanime-
ment du cap Créons à la punta di Figuera , deux points extrêmes
dont l’un est situé au sud, l’autre au nord du véritable alignement
de l’axe pyrénéen.
Cet axe commence dans la Méditerranée , non au cap Créons
en Espagne , mais à celui de Cervères dont la crête sépare le plus
également les torrens dirigés au nord de ceux dirigés vers le midi.
Cette crête centrale , formée par la ligne de partage des eaux , a
été aussi adoptée par la politique comme limite naturelle des Gaules
et de l’ Espagne (i).
Le point où se termine à l’occident l’axe pyrénéen est plus
difficile à déterminer , parce qu’aux approches de la mer de Galice
la chaîne subit une bifurcation dont les deux branches vont se
terminer, l’une au cap Ortégal , l’autre au cap Finistère.
Un alignement dirigé du cap Cervères au point où commence
cette bifurcation, viendrait atteindre la mer entre les deux caps
auprès de la Corogne et à l’île Sisarga.
Cet alignement remplit mieux qu’aucun autre les conditions
prescrites pour un axe géographique , ou plutôt il est le seul qui
les remplisse. C’est lui qui s’écarte le moins des sinuosités extrêmes
de la crête formée par les deux versants , qui partage le plus éga-
lement entre ces deux pentes la région montueuse , et qui lie plus
naturellement les extrémités avec le centre , les sommités les plus
notables avec les points eulminans d’où partent les principaux
courants fluviatiles , tels que l’Aude , l’Arriége , la Garonne , les
Gaves en France , et en Espagne la Sègre , le Douro et le Minlio.
Or, l’alignement de cet axe pyrénéen qui , du cap Cervères à la
Corogne affleure les sources de tous ces courans, bien qu’il laisse
encore un peu au midi les arêtes dominantes des Maladettes et de
Marboré , s’écarte seulement de 6 à 70 de la parallèle à l’équateur.
Il y a loin de cette détermination à celle qui le suppose dirigé
à l’O. N. O.
Si on voulait n’avoir égard qu’à la chaîne - limite des deux
(1) Cervaria finis galliea, Pomp. Mêla.
76 SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1 85 1 .
royaumes , un alignement tiré du cap Cervères au col d* Arrais , point
culminant le plus voisin du golfe de Gascogne , ne s’éloignerait que
de io° nord de la parallèle à l’équateur. Mais outre l’inconvénient
de 11e point être applicable à la chaîne totale, il laisserait à une
grande distance la région centrale et dominante de toutes les
Pyrénées.
Quant à la ligne dirigée du cap Créons à la Punfa de Figuera ,
elle est, non seulement oblique à l’axe total, mais encore à cet axe
fractionnaire ou limite des deux royaumes dont elle va toujours
s’écartant vers le nord , après l’avoir coupé à peu dedistance de son
point de départ et de la Méditerranée.
Cet axe supposé laisserait au midi , avec tout le versant espagnol
une grande partie de celui de France, et notamment toutes ses
hautes régions ; au lieu de limiter au sud ce versant , il le traver-
serait obliquement, et le diviserait en deux parties, dont la plus
considérable se trouverait jointe aux Pyrénées espagnoles déjà plus
spacieuses que celles de France.
Il suffit d’exposer ces faits pour en offrir la preuve , il n’y a
point de carte des contrées pyrénéennes où il ne soit facile de les
vérifier.
On peut admettre dans une chaîne plusieurs axes géologiques ,
soit à raison de l’alignement de certaines roches spéciales , soit à
cause de la direction qu’affectent les feuillets et les bancs des ro-
ches stratifiées , mais il est évident que ces axes sont partiels à
moins qu’ils ne se confondent par leur parallélisme avec l’axe cen-
tral et géographique , qui est , par sa nature et par les considéra-
tions géométriques, unique et universel.
La recherche d’un axe granitique me paraît, jusqu’à ce jour,
avoir été infructueuse. Les masses de cette roche forment au sein
des Pyrénées comme de grandes îles qui ne s’éloignent, ni entre
elles , ni avec l’axe géogïaphique.
Dans la région occidentale dès Pyrénées françaises, M. Palassou
a reconnu que les traînées de l’ophite se prolongeaient à peu près
comme la chaîne de l’est à l’ouest , mais ces roches manquent
presqu’entièrement dans la région orientale.
Tous les géologues qui ont écrit sur ces montagnes paraissent
unanimes touchant la direction générale des strates vers l’O.N. O.
et leur parallélisme avec l’axe pyrénéen. Mais si cet axe ne s’écarte
que de 6 à 70 vers le nord de la parallèle à l’équateur, et si les
strates sont en effet dirigés vers l’O. N. O., ces deux lignes, loin
d’être parallèles se coupent sous un angle de plus de i5°.
Il existe dans les Pyrénées françaises , et notamment dans les
SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE l8oi. 77
vallées où coulent les afflue ns de la Garonne et de l’Adour, un
grand nombre d’arêtes obliques , dirigées ainsi que leurs strates
vers l’O. N. O, et même vers le N. O, Le cours des torrens y est,
à divers intervalles, parallèle à ces strates et à ces arêtes qu’ils
interrompent ensuite en se repliant dans des coupures étroites et
transversales. Cette direction fréquente des strates des Pyrénées
vers l’O. N. O. ayant été d’abord reconnue par M. Palassou , puis
vérifiée par d’autres observateurs , on n’a eu aucun égard aux
exceptions que le premier avait indiquées , ni à beaucoup d’autres
non moins réelles. On s’est hâté d’ériger cette direction en loi
générale et de lui assujettir la chaîne toute entière. Mais cette in-
duction s’évanouit devant la preuve directe que des bancs dirigés
vers l’O. N. O. s’écartent au moins de i5° de l’alignement de l’axe
pyrénéen. M. Palassou a eu le mérite d’apercevoir le rapport qui
existe entre la disposition des strates et l’axe de la chaîne , quoiqu’il
eût d’abord méconnu la vraie direction de celui-ci , mais en recti-
fiant cette détermination comme l’a fait, eu 1819, ce respectable
observateur dans ses derniers travaux sur l’ophite (x). Il suffit
d’appliquer le rapport qu’il avait découvert, non à la direction
locale de quelques strates , mais à la direction moyenne de tous. En
effet, plusieurs arêtes des Pyrénées sont dirigées vers l’O. S. O.,
et leurs bancs suivent cette direction ; telle est celle du Ganigou
dont on voit sur les sommités les gneis et les schistes micacée
dirigés comme la protubérance dont ils forment le faîte.
On rencontre aussi, mais assez rarement, des bancs dirigés
comme la chaîne totale de l’Est à l’Ouest. Les anomalies de ces
directions sont très nombreuses et souvent très rapprochées.
Les sinuosités du faîte rendent manifeste la multitude de petites
arêtes, qu’il est moins facile de distinguer dans les régions
moyennes. Leur obliquité relativement à l’axe central, leur inci-
dence réciproque et leur jonction en un faîte sinueux prouvent
que la chaîne des Pyréuées a été comme toutes les autres , le pro-
duit d’un grand nombre de soulèvemens partiels. Cette consé-
quence qui se déduit des irrégularités de détail de la crête centra-
le est confirmée par le rapport de ses grandes et principales divi-
sions.
Indépendamment des chaînons qu’on peut reconnaître sur les
deux versans , il y en a trois principaux et bien distincts qui con-
courent à former ce long faîte des Pyrénées. L’arête qui domine la
région orientale suit la direction de l’E. N. E. à l’O. S. O. Elle s’é-
(1) Suite des Méiwvr(,s . p. 4 1 :k
ÿ8 SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1 85 i .
tend de la plaine du Roussillon à celle de la Catalogne en bordant
en France la rive droite de la Tet , et en Espagne la rive gauche de
la Sègre, jusqu’au-dessous de la Seu d’Urgel. Ses nombreux som-
mets atteignent la hauteur de 14 à i5oo toises , entre le Canigou
de Roussillon et le Puigmaljde Cerdagne , qui en est le point le
plus élevé. La crête centrale qu’il interrompt entre Mont-Louis et
Prats de Mollo lui est très inférieure.
Les vallées de la Tet et de la Ségre qui se joignent par leurs
sommets , forment au pied de ce chaînon une longue coupure lon-
gitudinale, la seule de cette espèce qui se présente dans toute l’é-
tendue de la chaîne. Le grand bassin dé Cerdagne occupe le col!
culminant de la double vallée qui semble isoler cette région orien-
tale du reste de la chaîne. Cette ancienne cavité lacustre, la plus!
grande qui se rencontre dans les Pyrénées , se trouve ainsi placée1,
dans l’alignement du faîte à une hauteur d’environ 6oo toises au-!
dessous de ses sommets (i).
C’est au N. O. de ce bassin que se relève la seconde arête dirigée
vers l’O. i/4 N. Sa hauteur se rapproche de i5oo toises vers lesj
sources de l’Ariège orientale, et dépasse ce terme dans la région |
de l’Ariège occidentale! Elle se prolonge dans celle de Salat, et
jusqu’aux premiers rameaux de la vallée dJAran , puis s’abaisse et
se perd dans les montagnes du versant français. C’est celle-ci dont
l’alignement prolongé viendrait se terminer près l’embouchure de i
la Bidassoa.
Le faîte des Pyrénées passe brusquement de cette arête à une,
autre plus méridionale. Celle-ci est en effet la principale, elle em-
brasse dans son alignement presque parallèle les points les plus
notables de la chaîne. Plusieurs géologues ont cru que cette arête!
maîtresse était la continuation de la précédente et qu’elles étaient
réunies par un repli ; d’autres ont considéré l’une et l’autre comme;
parallèles. Il est d’abord évident que l’alignement de la première
(i) On a observé aussi , dans l’appendice des Pyrénées appelé Corbières , une
déviation fréquente des arêtes et des strates vers l’O. S. O. , ce qui les rend pa- !
rallèles au chaînon du Canigou et du Puigmal. Cet appendice est lié aux Cévennes
par une arête qne l’Aude traverse entre les villages d’Homes et d’Argens. Cette
arête pyrénéo-gébennique en se prolongeant sur le N. E. et la vallée du Rhône ,
borde au nord les bassins tertiaires de l’Aude , de l'Orb et de l’Hérault. L’Orb y
creuse un défilé au dessous de Cassenon, L’Ergue , au-dessous de Lodère , l’Hérault
entre Gangen et St-Guillera.
Ainsi , on peut suivre la trace des évulsions qui ont soulevé les Alpes occidentales
dans les directions approchantes de l’O. S. O. à l’E. N. E., non seulement jusqu’au
voisinage , mais jusqu’au centre des Pyrénées.
SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 1 85 1 .
£e dirige vers la mer de Gascogne, et que l’autre est la seule dont
le prolongement atteindrait la mer de Galice. On peut aussi se con-
vaincre qu’aucun repli ne èe fait remarquer entre les deux arêtes
juxtà-posées , et qu’ellês se joignent seulement par leurs pentes in-
verses dans le bassin de Beret qui fut aussi un ancien lac dont les
eaux comme celles du grand bassin de Cerdagne ont dû s’écouler
à la fois vers la France et vers l’Espagne.
Ainsi, la chaîne des Pyrénées , quoiqu’elle soit l’une des plus
simples, est néanmoins composée de plusieurs arêtes qui affectent
des directions différentes , soit dans l’alignement de leurs masses ,
soit dans celui de leurs strates. Cette disposition l’assimile aux au-
tres chaînes plus compliquées , et prouve que son exhaussement
s’est pareillement opéré par le concours de plusieurs évulsions par-
tielles , soit contemporaines, soit successives.
Cette induction ne s’accorde point avec la théorie si ingénieuse
et si séduisante de M. Elie de Beaumont qui attribue à diverses
époques les soulèvemcns dont la direction n’est point la même, et
suppose néanmoins que les Pyrénées ont été formées d’un seul jet.
Que devient en effet cette théorie, si le chaînon du Canigou et du
Puygmal et celui des sources de l’Ariège et du Salat qui se croi-
sent sous un angle de plus de 3o°, ont été le produit d’une même
évulsion.
On trouve dans les Pyrénées les indices de roches soulevées à
plusieurs époques , soit avant, soit après celle des dépôts secon-
daires les plus récents portés au sommet du Mont-Perdu.
Le plus ancien de ces indices est la présence des calamites dans
les grauwack.es de la Maladetta et dans les dépôts d’anthracite des
terrains intermédiaires. L’époque du soulèvement de ces terrains
anciens n’est pas bien connue , mais quand ils se sont formés, les
végétaux dont ils ont enfoui les restes couronnaient les hauteurs
voisines de leurs bassins , et ces hauteurs étaient déjà des monta-
gnes.
D’autre part, on a observé dans le Roussillon les molasses ter-
tiaires soulevées comme au voisinage des Alpes. C’est au débouché
de la Tet , dans la plaine , qu’on peut vérifier ce fait important ,
le seul peut-être où le terrain tertiaire de sédiment , non alluvial
et pareil à celui de l’Hérault ou des Apennins , se trouve en con-
tact avec les roches pyrénéennes. Car depuis les bords de la mer
de Gascogne jusqu’à l’embouchure du Tech dans la Méditerranée,
la chaîne sc montre partout entourée de terrains d’alluvion : mais
à Nafiach , près Millas , les sables du dépôt coquiller laissent à
découvert un grand lambeau de molasses et de marnes sableuses
8o SÉANCE DU Ô DÉCEMBRE 1 85 1 .
bleuâtres adossées à la roche quartzeuse pyrénéenne , soulevées
avec elle et plongeant au S. avec une inclinaison d’environ 3o°(i).
Non seulement il suffit de ce fait pour annuler les inductions
qui ont fait considérer le soulèvement des Pyrénées comme anté-
rieur à celui des Alpes , mais peut-être serait-on autorisé à tirer
l’induction contraire de la comparaison des phénomènes des deux
régions montagneuses; car les dépôts glauconiens qui occupent aux
Pyrénées le point central du Mont-Perdu , ne se rencontrent aux
Alpes que sur des sommités latérales et à des hauteurs moyennes (2).
Et quant aux molasses soulevées , celles des Pyrénées reposent
immédiatement sur les roches de l’arête centrale , au lieu qu’aux
Alpes elles n’atteignent point cette arête, mais occupent seulement
une partie de la chaîne extérieure, qui, d’après les observations de
Saussure appartient plutôt au système du Jura qu’à celui des
Alpes du Mont-Blanc. Ce grand observateur a fait remarquer que
la vallée de Taninge et celle du Reposoir servaient de limites aux
deux systèmes , et qu’à partir de cet alignement les bancs se rele-
vaient d’un côté vers le Mont-Blanc pour former la grande arête
des Alpes occidentales, de l’autre vers le cours du Rhône et le
Jura (3). Or, c’est dans celle-ci seulement que se rencontrent les
molasses.
Comme la plupart des systèmes de montagnes ( les volcaniques
exceptées) se ressemblent beaucoup par la composition et la dispo-
sition de leurs roches , il est probable qu’ils diffèrent entre eux
bien plus par les accidens locaux que par des rapports généraux,
tels que les dates du temps où aurait commencé leur apparition et
celui où elle se serait achevée. Cette apparition est le phénomène
le plus saillant et le plus universel des anciennes périodes géolo-
giques. Les indices du soulèvement des roches remplissent quel-
ques époques de la primitive et toutes celles de la secondaire.
Elles se reproduisent à plusieurs reprises pendant l’époque ter-
tiaire, où les grandes évulsions terrestres qui avaient produit les j
grandes chaînes de montagnes ont commencé à être suppléées par
les éruptions volcaniques et les tremblemens de terre dont nous j
sommes encore les témoins. »
Après la lecture de ce Mémoire, M. Dufrénoy annonce qu’il !
a reconnu avec M. de Beaumont qu’il existe quatre directions
(1) Voyez la Planche n° 1,
(2) A la montage de Fis près Servos, et à celle des Diablerelz dans le Bgs-Valais.
(3) Voyez la Planche n° 2.
SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1 85 1 . 8l
de soulèvement dans les Pyrénées. Le plus ancien a suivi immé-
diatement la formation des terrains intermédiaires. Le second
a eu lieu entre le dépôt du grès vert , ou plutôt de la craie an-
cienne et l’assise supérieure des terrains crétacés. Le défilé de
Pancorbo entre Vittoria et Burgos en offre un exemple très-re-
marquable ; sa direction est S. 25° O., la même que le système
des Alpes occidentales. Le troisième est postérieur à tout le
système crayeux; il se dirige de l’ouest i6° nord à l’est i6°sud.
Enfin, le quatrième, qui a donné naissance aux ophites , aux
gypses et au sel gemme, est d’une époque plus récente que les
terrains tertiaires; sa direction est à peu près 0. 120 S., E. 120
N. , la même que la chaîne principale des Alpes. Malgré ces
quatre directions , dont on observe des traces dans plusieurs
vallées, il est néanmoins entièrement vrai , comme l’a annoncé
M» de Beaumont, que la chaîne des Pyrénées doit son relief
actuel et sa direction générale au troisième système de soulève-
ment, celui qui est postérieur au terrain de craie, les deux pre-
miers ayant été modifiés par le soulèvement de la chaîne. Quant
au quatrième, il ne se fait sentir que dans les endroits où i’ophite
s’est fait jour.
M. Boué commence la lecture d’un Mémoire intitulé Essai
pour apprécier les avantages de la paléontologie appliquée à
la géognosie et a la géologie.
Séance du 19 décembre 1831.
M. Gordier occupe le fauteuil.
Après la lecture et l’adoption du procès-verbal de la précé-
dente séance, le président proclame membre de la Société :
M. R avergie, naturaliste-voyageur du Muséum, présenté par
MM. Brongniart et Michelin.
La Société reçoit les ouvrages suivans :
i° De la part de M. de Férussac, le cahier de mai du Bulletin
des Sciences naturelles et de Géologie.
2° De la part de M. Bailly de Merlieux , le numéro 12 du
Mémorial encyclopédique,
Soc. gdol. Tome II. <>
82
SEANCE DU 19 DÉCEMBRE l83j.
3* De a part de la Société de géographie, le cahier d’octobre
1 85 1 de son Bulletin.
4° De la part de la Société d’histoire naturelle de Marbourg,
dans la Hesse électorale, la seconde partie du premier volume
de ses Mémoires ( Schriften der Gesellschaft zur Beforderung
der gcsammten Nalurwissenscliaften zu Marburg. In - 8°.
1 85 1.)
5* De la part de la Société industrielle de Mulhouse, les
numéros 2, 5, 4 et 5 de la Statistique générale du département
du Ilaut-Bhin , publiée par cette Société et mise en ordre par
M. Achille Penot. In 4'* Mulhouse, 1 83 1 .
G0 De la part de M. Rozet, son Cours élémentaire de Géo-
gnosie. In-8°. Paris , Levrault , 1880.
70 De la part de M. Boué , les Voyages minéralogiques en
Calabre et dans la Pouille ( Miner alogische Beisen durch Cala-
brien u. Àpulien ), par Albert Fortis. In- 8°. Weimar, 1788.
Il est présenté par le secrétaire les ouvrages suivans ;
i* L 'Itinéraire géologique et minéralogique dans les dépar-
temens de la Moselle , du Haul-Bhin , du Bas-Bhin , des V os -
ge s, de la Meurtlie et dans des contrées voisines , par M. Victor
Senion. In-8° de 18 pages; extrait des Mémoires de l’Acadé-
mie de Metz. 1 85 1 .
20 Les deux dernières parties du premier volume des Tran-
sactions de la Société d'histoire naturelle du N orthumberland,
de Durham et de Newcastle sur la Tyne. 2 vol. in- 4°, formant
237 p. et accompagnés de i5 planches, de coupes ou de cartes
géologiques. Newcastle et Londres, 1 83 1 .
On y trouve les mémoires géologiques suivans : Remarques
sur la géologie des bords de la Tweed de Carnham dans le Nor- Jl
thumberland jusqu’à la mer à Berwick , par M. Winch ; la Des-
< ription d’un groupe de filons trappéens dans les houillères de
Witehaven , par M. Williamson Peile ; une Notice sur les mines
de charbon de Gilmerton , dans le Mid Lothian , pab M. DuUn *
un Mémoire sur les grès rouges du Berwickshire , en particulier
sur ceux de l’embouchure de la Tweed , par M. Witham ; une
Description des troncs fossiles trouvés dans les mines de houille
de Killingworth, à 48 toises de profondeur ? par M. Nicolas Wood;
SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1 83 1 . 85
un Synopsis des lits de houille dans le district de Newcastle et des
coupes détaillées des houillères de ce lieu, par M. Buddle; la Des-
cription d’un arbre fossile trouvé à Craigleith près d’Edimbourg ,
par M. Witham ; et un Mémoire sur la géologie d’une partie du
Northumberland et du Cumberland , par M. Wood.
3* Deux cahiers du vingtième volume du J ournat américain
des Sciences et des Arts, de M. Silliman.
On y remarque un Mémoire sur les roches intermédiaires du
Cataraqui , par le capitaine Bonnycastle ; une Notice sur les traces
d’érosion observées à la surface des rochers de grauwacke dans les
Alleghany, parM. W. Thompson; une notice sur les régions vol-
caniques de Pile de Owyhée, par M. Goodrich ; et un Rapport de
MM. Cooper , Smith et de Kay, sur les ossemens fossiles dé Big-
Bone Lick, dans le Kentucky.
Le secrétaire donne quelques détails sur la première grande
réunion des naturalistes et physiciens d’Angleterre , tenue à
York du 26 au 29 septembre i83i, et sur les Mémoires géolo-
giques lus dans ces assemblées.
Le but de cette association est de donner une impulsion plus
forte et une direction plus systématique aux recherches scientifi-
ques, de mettre les savans de la Grande-Bretagne plus fréquemment
en rapport avec les naturalistes étrangers , et en général de faire
avancer les sciences en tâchant de lever les obstacles qui retardent
leurs progrès.
Outre les réunions annuelles , cette Société a établi des sous-co-
mités et des comités locaux; un droit d’entrée d’une livre ster-
ling couvrira les frais de correspondance et l’impression des Mé-
moires lus.
M. Philipps a fait un discours sur la géologie du Yorksliire et a
discuté la détermination zoologique d’un fossile trouvé dans le
charbon de West-Riding. Ce serait peut-être un poisson.
M. Hutton a lu un Mémoire sur le grand filon trappéen de l’An-
gleterre septentrionale.
MM. Murchison et Philipps ont ajouté des observations sur les
filons semblables du Durham , et M. Witliam a présenté une No-
tice sur la végétation et la formation des houillères.
La Société s’occupe pendant quelques instans d’un puits foré
par M.Degouzée dans le faubourg St- Antoine, rue de la Roquette.
84
SÉANCE T)U 19 DÉCEMBRE 1 8 3 1 .
L’eau ascendante a été trouvée h i5o pieds de profondeur, après?
avoir traversé 5o pieds de sable, 5o pieds de marnes, 4& pieds
de calcaire et de marne, 3o pieds d’argile pyriteuse, puis des
sables verts et des grès.
On parle ensuite d’un puits semblable exécuté près du Jardin
des Plantes, et dans lequel on a trouvé , à 4<>o pieds de profon-
deur, de l’eau s’élevant à un pied au-dessous du niveau du
sol.
M. Rozet fait hommage à la Société et met sous ses yeux une
suite de roches d’Alger, de l’Atlas et d’Oran , consistant en
000 échantillons de roches et 96 fossiles.
M. Teissier d’Anduze envoie à la Société le dessin de la figu-
rine et de la lampe antique trouvées dans la caverne du Fort
près de Miaîet. Il y joint le dessin d’une tête humaine et d’une
mâchoire inférieure. L’angle facial , pris avec un équerre mo-
bile, est de 70°. C’est la tête d’un vieillard , tandis que la mâ-
choire inférieure appartient à un jeune sujet.
Les deux molaires qui sont en place sont sans mamelons ,
usées, à couronne plate, et creusées chacune de cinq petits
cnfoncemens. Cette forme 11’est, selon l’auteur, l’effet ni du
temps, ni de l’ensevelissement, mais de la mastication de corps
durs : ce qui indique un état frugivore , une civilisation peu
avancée, et une nourriture au moyen de racines, de glands et
de fruits acres et durs.
Il promet de procurer à la Société quelques débris de po-
terie.
Depuis son dernier Mémoire , on a découvert dans la grotte
de grosses dents d’hyène, mars en petit nombre; des fragmens
de Jade et de silex effilés , mais petits , qui peuvent ayoir servi
de petits couteaux ou d’instrumens de chirurgie; un crâne de
ruminant surmonté d’un fragment de grosse corne ayant envi-
ron huit pouces de longueur , et qu’il croit avoir appartenu au
genre Antilope; enfin, une énorme patte d’ours entière , dont
tous les os, même les sésamoïdes, étaient en connexion et em-
pâtés dans de l’argile durcie.
Tous ces objets, et la plupart de ceux décrits dans les précé-
dentes communications de M. Teissier, appartiennent à M. Ju-
8o
SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE l83i.
lien, ex-étudiant en médecine, demeurant maintenant à Mialet.
Ce dernier offre à la Société d’en faire l’acquisition, proposition
qui est renvoyée à l’examen du conseil.
On lit la note suivante de M. Teissier:
« Ayant pour quelques jours à ma disposition une tête entière
d'ours , que je rapporte à Yursus spelœus de M. Cuvier , je l’ai
exactement mesurée dans tous les sens et dans toutes les parties , et
j’adresse à la Société le tableau de ces dimensions. J’espère qu’elle
le recevra avec intérêt. Les dimensions sont en général plus fortes
que celles de Yursus spelœus d’Iserlohn et de Lunel-Viel; dJail-
leurs, ces dimensions sont complètes, tandis que les tableaux cités
offrent beaucoup de lacunes , sans doute à cause de l’imperfection
des échantillons.
ï . Longueur de la tête depuis l’épine ou protubérance oc-
cipitale jusqu’aux incisives supérieures ( plus grande m.
longueur de la tête ) o,535
2. Largeur du crâne entre les apophyses post - orbitaires
du frontal , ces apophyses non comprises 0,1 3o
3. Distance de l’extrémité postérieure de l’épine occipitale
à une ligne qui couperait en travers les apophyses
post-orbitaires du frontal d’un côté à l’autre ( en sui-
vant les courbures ) o,3oo
4- Distance de la même ligne aux incisives (en suivant les
courbures) 0,270
5. Distance de cette ligne à la réunion des crêtes qui vien-
nent des apophyses post-orbitaires du frontal pour
former la crête sagittale <>,220
6. Plus grande longueur des arcades zygomatiques. . . . 0,200
7. Distance de l’apophyse post-orbitaire de l’os molaire
d’un côté à celle du côté opposé ( les apophyses com-
prises ) 0,1 5o
8. Longueur d’une incisive latérale ou troisième supé
rieure, portion saillante hors de l’alvéole 0,020
9. La même incisive incrustée à la partie la plus épaisse
de sa racine 0,020
10. Hauteur de la portion émaillée de cette incisive prise à
sa face postérieure o,oa5
1 1. Pénultième molaire supérieure , mesurée dans son dia-
mètre antéro-postérieur. o,o3o
86 SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1 85 K
12. La même . mesurée dans son diamètre transversal. . • 0,010
13. Dernière molaire supérieure, mesurée dans son dia-
mètre antéro - postérieur o,o5o
14. La même , mesurée dans son diamètre transversal. . . 0,028
15. Condyle du maxillaire inférieur , d’une extrémité à
l’autre 0,070
16. Diamètre antéro-postérieur du demi-cylindre ou sur-
face articulaire o,o35
1 7. Hauteur du maxillaire inférieur, prise dans l’intervalle
entre la canine et la première fausse molaire 0,070
18. Epaisseur de ce maxillaire , mesuré en arrière du trou
menton nier 0,028
19. Hauteur de la couronne d’une troisième incisive ou la-
térale inférieure, prise en dehors 0,018
20. Canine inférieure isolée , mesurée en ligne droite. . . o, i3o
2 ï . Hauteur de la portion émaillée de la même canine. . o,o45
22. La même canine, mesurée à la partie la plus large de sa
racine o,o38
23. An té-pénultième molaire inférieure, longueur antéro-
postérieure. o,o3o
24. La même , mesurée transversalement 0,017
25. Longueur antéro-postérieure de la pénultième molaire
inférieure o,o33
26. Même dent mesurée dans le sens transversal 0,019
27. Longueur antéro-postérieure de la dernière molaire in-
férieure ou tuberculeuse o,o3i
28. Diamètre transversal de la même dent 0,021
29. Hauteur du maxillaire inférieur en arrière de la tuber-
culeuse o,o83
30. Distance du condyle de la mâchoire inférieure aux in-
cisives o,35o
3 1 . De l’angle de la mâchoire inférieure au sommet de
l’apophyse coronoïde 0,220
32. De la voûte palatine au sinciput , hauteur du crâne. . 0,190
33. De la face externe d’un condyle de la mâchoire infé-
rieure à l’autre o,25o
34. De la face externe d’une canine supérieure à l’autre. . 0,120
35. Plus grande largeur de la face externe d’une arcade
zygomatique à l’autre o,3oo
36. Distance des incisives supérieures à l’extrémité posté-
rieure des condyles de l’occipital 0,480
37. De l’angle de la mâchoire inférieure au sinciput. . . o,33o
SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE l85l» 87
38. Du bas de l’apophyse mastoïde à la crête occipitale. . 0,200
3(). De la base d’une apophyse çoronoïde à l’autre , anté-
rieurement o,i5o
4o. D’un angle de la mâchoire inférieure à l’autre, posté-
rieurement 0,200
4i • D’une apophyse mastoïde à l’autre 0,280
42, Plus grande distance de l’arcade zygomatique au sphé-
noïde q,t3o
43. Plus grande largeur de l’ouverture des naseaux. . . . 0,090
44. Plus grande hauteur de l’ouverture des naseaux. . . . 0,080
45. De l’angle inférieur et antérieur de l’orbite à l’extré-
mité de la protubérance occipitale o,33o
46. De l’angle antérieur et inférieur de l’orbite à la racine
de l’incision supérieure médiane 0,200
47. Plus petite largeur du front d’un orbite à l’autre. . . o,io5
48. Hauteur depuis le bord de l’alvéole de la dernière mo-
laire supérieure jusqu’à la naissance du front. . . . . o, i3o
On remarquera que supérieurement il y a cinq incisives; etqu’in-
férieurement il n’y en a que quatre; mais le nombre normal paraît
être de six, ce qui fait qu’on observe souvent de petites dents hors
de place, qui percent antérieurement sous les autres, à la mâchoire
inférieure surtout, car je ne l’ai pas observé à la supérieure.
Inférieurement , la distance de la première molaire à la canine
est de o,no65; supérieurement, de o,o52.
D’une pointe de canine à l’autre , il y a supérieurement om09o,
et inférieurement 0,080.
Quoique la tête et la mâchoire inférieure se raccordent assez
bien, il est probable cependant qu’elles n’ont pas appartenu au
même individu.
M. Boue achève la lecture du Mémoire commencé dans la
précédente séance.
Ce mémoire est divisé en quatre parties; dans la première,
rauteursoumetàM.Dcshaycs quelques doutes sur ses conclusions
géologiques déduites d’observations conchyîiologiqucs, dans
îa seconde, il examine par quelles inductions le classement des
diverses formations est entré petit à petit dans le domaine de la
science; dans la troisième , il compare les résultats de classili -
cation obtenus jusqu’ici par la méthode géologique et par la pa-
léontologie, appliquées chacune isolément; enfin , dans la qua-
trième, il oppose les unes aux autres les conséquences géogé
88
SEANCE DU 19 DÉCEMBRE l85l.
niques qu’on peut tirer, d’un côté, de la géologie proprement
dite, et , de l’autre , de la paléontologie appliquée à cette
science.
L’auteur conclut, comme M. de Beaumont, i° que l’obser-
vation de la continuité des couches est encore jusqu’à présent
la règle la plus sûre pour la détermination géognostique des
dépôts.
20 Que la géologie sans la paléontologie possède assez de
données pour amener à tous les grands résultats et à toutes les
divisions et subdivisions importantes adoptées dans la science
actuelle.
3° Qu’011 ne peut pas encore faire de la géologie sur toute la
surface terrestre simplement avec les données paléontologi-
ques , toute la terre 11’étant pas encore étudiée; néanmoins,
connaissant bien un bassin ou un grand continent, l’observation
de la distribution géologique des fossiles deviendra un guide
assuré et quelquefois commode.
4° Que les indications données par les pétrifications peuvent,
jusqu’à un certain point et dans des cas particuliers , être très-
utiles, lorsque la superposition est obscure ou incertaine.
5° Que l’on peut déduire isolément des observations géolo-
giques ou paléontologiques des idées géogéniques d’un intérêt
égal, mais quelquefois d’une nature différente.
M. Deshayes fait observer que M. Boué, dans le mémoire qu’il
vient de lire , mémoire qui soulève la plus grave question que la
science géologique puisse mettre en discussion , n’est point parti
d’une base fondamentale pour appuyer son opinion.il est donc né-
cessaire de ramener la question sur son véritable terrain ,, et l’on
verra que par ce moyen on arrive rationnellement à des conclusions
toutes contraires.
Pour éviter toute espèce de malentendu dans la discussion, il est
convenable de donner des définitions rigoureuses des diverses cho-
ses qui seront discutées.
Puisqu’il est question de décider si la géologie doit être minéra-
logique ou zoologique , il faut d’abord se demander qu’est-ce que
la géologie ? C’est la science qui s’occupe des couches de la terre
dans leur nature et leurs rapports.
Lorsque l’on a sous les yeux un grand nombre des couches
SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1 85 1 . 89
de la terre ou quand on les a toutes réunies dans un tableau figu-
ratif, l’idée simple qui naît de l’inspection de leur masse, c’est celle
d’un espace de temps écoulé.
Les couches de la terre ne représentent donc à l’esprit , en der-
nière analyse , qu’un long chronomètre dont nous cherchons à
connaître l’étendue.
En examinant, en étudiant avec soin les couches de la terre, on
s’est bientôt aperçu qu’elles n’avaient pas toutes été déposées sous
l’influence des mêmes phénomènes ; on entrevit en même temps
que les mêmes phénomènes avaient présidé en quelque sorte à la
formation d’un certain nombre de couches : on les groupa dès lors,
on brisa par la pensée la grande période , on la décomposa en pé-
riodes plus petites , à chacune desquelles on a donné le nom de
formation.
S’il est vrai que les couches de la terre représentent un long
espace de temps ; s’il est vrai que toutes les couches n’ont pas été
déposées sous l’influence d’un même phénomène, mais que les phé-
nomènes se sont succédé à mesure que des groupes de couches
ont été formés , il faudra en conséquence que la définition la plus
simple d’une formation soit celle-ci : Un espace de temps repré-
senté par un certain nombre des couches de la terre , déposées
sous V influence des mêmes phénomènes .
Si cette définition simple d’une formation découle naturellement
de ce qui précède , si elle en est la conclusion , il devient de toute
évidence qu’on ne peut limiter une formation, sans avoir apprécié
préalablement avec le plus grand soin les phénomènes et leur valeur
respective : c’est là la conclusion logique.
Dès lors on doit se demander qu’est-ce donc que ces phéno-
mènes, et d’abord sur quoi ont-ils agi?
Il est évident qu’ils n’ont eu d’action que sur deux sortes de
choses : de la matière inorganique et de la matière organisée.
La matière inorganique ou minérale des couches est extrêmement
variable ; c’est un fait incontestablement prouvé et établi par l’ob-
servation de tous les géologues : ainsi une même couche pourra
être marneuse, calcaire, cristalline, siliceuse ou de sable ; elle sera
tantôt blanche ou de tout autre couleur , selon les circonstances
locales qui l’auront modifiée, etc. Les élémens chimiques sont éga-
lement variables. On ne peut donc pas dire que deux couches que
l’on ne voit pas en continuité sont du même âge parce qu’elles ont
Ja même composition minérale.
Lorsque l’on examine avec quelque attention les corps organisés
contenus dans les couches terrestres, on voit leurs espèces passer
90 SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1 85 1 .
d’une couche à l’autre, quoique par leur nature ces couches soient
trés-différentes j ces espèces restent les mêmes ou subissent peu
d’altération , quoique la composition des couches qui les récèlent
ait été considérablement modifiée.
En admettant ces deux faits comme incontestables, et ils le sont,
c’est-à-dire que la composition minérale des couches est très-va-
riable , tandis que les débris d’êtres organisés qu’elles renferment
ne le sont qu’infiniment moins, on peut conclure évidemment que,
s-i l’on veut trouver un moyen , une mesure pour déterminer les
limites d’une formation, on doit les chercher dans ce qui est le moins
variable , on doit les prendre aussi dans ce qui présente quelque
chose à l’esprit.
Qu’est-ce qu’une période minéralogique ? On ne peut le conce-
voir , tandis que tout le monde comprendra ce que c’est qu’une
période zoologique. Cela sera d’autant plus facile , que nous avons
sous les yeux une de ces périodes, et que nous pouvons la comparer
avec une période de la nature ancienne , que nous pouvons par
approximation nous figurer cette nature ancienne, parce que nous
avons avec elle un point fixe de comparaison.
Dès lors une formation est une période zoologique } conçue ra-
tionnellement, elle est représentée par un certain nombre des cou-
ches de la terre recéîant un ensemble d’êtres organisés qui ne se
trouvent que dans ces couches.
Il faut donc connaître les corps organisés pour décider les limites
des formations ; cette conclusion est de toute rigueur.
Ainsi une formation ne sera pas limitée par le changement subit
de la nature de la roche, par la position contrastante des couches ,
par des phénomènes de soulèvement, de dislocation, etc. Tout cela
peut fort bien n’être que des accidens locaux ) tous ces accidens ont
pu survenir sans que les êtres vivans aient éprouvé d’altération, et
c’est en effet ee que l’ observation démontre. Mais quand on pourra
dire : U11 tel ensemble d’êtres organisés a commencé à telle cou-
che et a fini à telle autre couche, et à cet ensemble en a succédé un
autre qui ne lui ressemble pas, on aura fixé définitivement la lon-
gueur d’une période de vie ou dJune formation • et il n’en faut
pas douter, dans l’ensemble des couches de la terre il y a plusieurs
de ces périodes.
Si ce qui précède est fondé en raison , en logique, que devient
donc l’opinion de ceux des géologues qui croient pouvoir soutenir,
avec M. Boué, que la géologie peut se passer de l’étude des corps
organisés fossiles? Il est évident que cette opinion nJa point de
base. On peut bien dire que quelques personnes ont introduit des
SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE l85l. 01
erreurs dans la géologie , en mettant en œuvre des matériaux pa-
léontologiques incomplets ; mais peut-on raisonnablement con-
clure de là quela science des fossiles ne doit jamais donner que de tels
résultats ; que, plus parfaite et appliquée convenablement, elle ne
deviendra pas de première importance ? Cette conclusion est trop
évidemment fausse pour avoir besoin d’être sérieusement réfutée.
En dernière analyse , tout l’important de la question consiste à
décider si les caractères zoologiques auront la prédominance sur
les caractères minéralogiques dans l’étude de la géologie. Sans
diminuer en rien l'importance des caractères minéralogiques, nous
avons l’intime conviction qu’ils ne sont, relativement aux premiers,
que d’une valeur secondaire.
La manière d’envisager la question n’est point une chose indif-
férente ; elle touche à ce que la science a de plus fondamental , à
son avenir; car elle décide si la géologie restera une science pra-
tique , ou si , à l’égal des autres sciences , elle aura aussi sa haute
philosophie. Ce que l’on peut dire, c’est que la géologie minéralo-
gique conduit à la seule pratique matérielle de la science , la re-
cherche des substances utiles : c’est l’art du mineur perfectionné ;
tandis que la géologie paléontologique peut également conduire
au même résultat, mais elle atteint un but plus élevé, la philosophie
de la science. Quelle est en effet cette philosophie? La comparai-
son de l’état ancien du globe avec l’état actuel ; l’appréciation des
changemens successifs qne sa surface a subis. Comment pourra-t-on
arriver à ce but, si l’on se borne à l’étude de la matière inorgani-
que diversement modifiée? Ces modifications sont d’ailleurs d’une
faible valeur. Quel que soit l’âge d’une argile, d’un calcaire , etcc,
n’est-ce pas toujours un calcaire, de l’argile, etc. ? Ce qu’il y a ac-
tuellement d’important à la surface de la terre , c’est la matière
organisée soumise aux lois de la vie; ce qui est important, c’est de
comparer cette nature vivante actuelle avec la nature ancienne ;
c’est de reconnaître si les lois de la nature 11’ont point subi de mo-
difications; c’est enfin de pouvoir conclure quelque jour l’état de
la surface de la terre , d’après la nature des êtres dont nous étu-
dions les restes fossiles. Voilà ce qui doit exciter l’attention des
géologues et leur faire sentir toute l’importance, toute la nécessité
de l’étude des fossiles ; en se livrant à cet égard à de nombreuses
recherches, ils donneront à la science une nouvelle impulsion dans
une route toute philosophique , dans laquelle elle ne fait à peine
que d’entrer. Ce n’est donc pas sans quelque raison que j’ai pu dire
ailleurs , et que je répète ici avec la plus grande conviction : Point
de géologie sans zoologie. »
9‘2 SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1 83 1 .
M. Dufresnoy fait observer qu’en géologie le nom de forma-
tion est donné à une série de couches déposées dans les mêmes
circonstances ; comme, par exemple., entre deux soulèvemens.
Il est persuadé que la manière dont M. Deshayes propose d’é-
tablir les formations donnerait des résultats analogues à ceux
obtenus par la différence de stratifications, parce que les révo-
lutions qui ont suivi les soulèvemens ont nécessairement donné
naissance à des groupes zoologiques. Il ajoute que l’étude des
superpositions lui paraît la base actuelle de la séparation des
terrains, et que, depuis 20 à 25 ans, on n’a fait autre chose que
grouper les dépôts décrits dans les formations établies dès long
temps par la seule observation des superpositions. Du reste , il
regarde comme impossible, dans l’état actuel de la science,
de se passer de la considération des fossiles , ce caractère étant
souvent le plus facile à constater, et dans beaucoup de cas le
seul que la nature offre au géologue.
93
SÉANCE DU 9 JANVIER î83‘2.
Séance du 9 janvier 1832*
M. Cordier occupe le fauteuil.
M. Desnoyers tient la plume comme secrétaire en fonction.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
Il est fait hommage à la Société des ouvrages suivans :
i° De la part de M. de Bonnard , quatre ouvrages dont il est
l’auteur;
a . Essai gèognostique sur /’ Erzgebirge ou sur les montagnes
métallifères de la Saxe. — Un vol. in-8°. Paris, 1816.
b. Notice gèognostique sur quelques parties de la Bourgogne .
— ïn-8°, avec 2 planches. Paris, 1825.
c. Sur la constance des faits géognostiques qui accom *
pagnent le gisement du terrain d’Arkose , à l’est du plateau
central de la France. — Un vol. in-8° de 106 pages, avec
trois planches. Paris, 1828.
d. Mémoire sur les gîtes de Manganèse de Romanèche (Ex-
trait des Annales des Sciences naturelles; mars, 1829). —
In- 8°, avec une planche.
20 De la part de M. Graves :
Deux mémoires qu’il a insérés dans X Annuaire de l’Oise de
i832 , et contenant une description géologique générale de
deux cantons de ce département:
a. Précis statistique sur le canton d3 Estrées- Saint- Denis ,
arrondissement de Compiègne . — Un vol. in- 8° avec une carte.
Beauvais, i832.
b. Précis statistique sur le canton de F roissy , arrondisse-
ment de Beauvais. — Un vol. in-8° avec une carte. Beauvais,
i852.
3° De la part de M. Spencer-Smith :
Coup d’œil historique sur C Angleterre depuis jusqu’en
16090 — In- 8°. Paris, 1 83 1 .
M. le vicomte Héricart-Ferrand fait aussi hommage à la
Société , pour chacun de ses membres , de 5 70 exemplaires
d’une Coupe gèognostique du département de l’Oise , destinée
à accompagner l’extrait de son mémoire inséré dans le deuxième
volume, page 9, du Bulletin de la Société.
^4 SÉANCE DU 9 JANVIER l832.
M. Yirlet fait présent à la Société d’une suite de soixante-cinq
échantillons, extraits de la grande collection des roches de la
Grèce , déposée au Jardin-des-Plantes , et recueillie pendant
l’expédition scientifique de Morée ,, dirigée par M. le colonel
Bory de Saint Vincent. Ces échantillons sont relatifs à la seule
chaîne du Taygète, et se composent de 7 échantillons des ro-
ches anciennes de transition ; de 40 de la série talqueuse ,
comprenant particulièrement des phylîades talqueux, des ana-
génites, des marbres blancs , verts, rouges et tigrés de diverses
couleurs; et 18 échantillons de la série des marbres et calcaires
siliceux, firéchoïdes , à bandes et rognons de phtanite , et qui
succèdent aux précédentes formations.
La Société reçoit une lettre de M. Savi, de Pise, qui lui an-
nonce le prochain envoi de ses observations géologiques sur la
Toscane.
La Société procède à l’élection du président , qui doit être
choisi parmi les quatre vice-présidens en exercice ( MM. Alex.
Brongniart, Brochant, de Blainville et Constant Prévost).
La pluralité des votes des membres résidans et non résidans
se portent sur M. Alexandre Brongniart , qui est proclamé
président pour l’année i832.
Les autres voix ont été données à M. Constant Prévost.
M. Brongniart remercie la Société de cet honneur , et vient
occuper le fauteuil.
Sur la proposition du secrétaire en fonction , des remercî-
mens sont votés à M. le président sortant , pour l’intérêt et
l’empressement qu’il a mis à présider les travaux de la So
ciété.
M. Cordier annonce ? en quittant le fauteuil , que les démar-
ches qu’il a faites pour obtenir l’autorisation royale pour la
constitution définitive de la Société, auront incessamment leur
effet.
M. Elie de Beaumont, en raison de ses occupations et de ses
voyages fréquens , donne sa démission de secrétaire. La Société
renvoie au conseil le soin de décider s’il sera pourvu à son
remplacement avant l’expiration de deux ans que doivent durer
les fonctions des quatre secrétaires et vice-secrétaires.
SÉANCE I)U (J JANVIER l852. C)5
MM. Deshayes et Desnoyers proposent que l’un des secré-
taires soit positivement nommé secrétaire pour l’étranger ,
suivant l’esprit du réglement. Celte proposition est également
renvoyée au conseil.
D’après une proposition faite par M. Boué , et soumise déjà
au conseil dans sa séance du 5 1 octobre 1 83 1 , la Société décide
que pour la vice-présidence on ne peut pas pren dre des mem-
bres du bureau.
On procède à l’élection des quatre vice présidens :
MM. CORDIER, DeFRANCE,
Arago, De Bonnard,
sont successivement élus et proclamés vice-présidens.
Les autres voix se sont partagées entre MM. Fleuriau de
Bellevue, Duperrey, Delafosse, Walferdin, Régley et Héricart
de Thury.
On procède au remplacement de cinq membres du conseil;
savoir : de M. Coquebert de Montbrét, décédé; de M. Passy ,
préfet du département de l’Eure ; de M. de Bonnard , nommé à
la vice- présidence; et de MM. Héricart de Thury et Delafossc ,
écartés par la voie du sort.
MM. Constant Prévost , de Blainville , Brochant de Villiers,
Elie de Beaumont et Cartier obtiennent la majorité des suf-
frages.
La Société décide que les membres du bureau ne pourront
être nommés à d’autres fonctions que celles qu’ils remplissent
avant l’expiration de leur temps d’exercice.
M. Clément-Mullet, rapporteur de la commission pour l’exa-
men des comptes du trésorier, présente , à la suite du compte
des recettes et des dépenses faites pendant l’année 1 83 1 , son
rapport à la Société. Les conclusions, tendant à l’approbation
du compte, sont adoptées.
COMPTES
COMPTES des recettes et des dépenses faites pendant Vannée i83i,.
par M. Hardouin Michelin, trésorier de la Société Géologique de
France.
RECETTE.
NATURE
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RECETTES
À
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DES RECETTES.
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F. C.
F. C.
F. C.
F.
F.
F.
Art. icr. Reliquat de i83i . . . .
ix57 55
ix57 55
HÔ7 55
Art. 2. Arriéré \ Droit d’entrée. .
1000
1000 >
44o
>'
56o
160
400
de i83o. t Cots. annuelles.
770 >•
770 >
35o
»
420
120
3oo
Art. 3. ( Droits d’entrée .
120 >'
640 >
5oo
»
140
x4o
Année i83i. (.Cols. annuelles.
Art. 4,Contrib. une fois payée par
4410 »
5370 >
2840
»
2,53o
750
1780
M. Sedgwick de Cambridge. .
» »
3oo >
3 00
«
»
»
»
Art. 5.Vente du iervol. duBullet.
» »
3 v
3
«
y>
»
»
Art. 6 Recette extraordinaire. .
» »
22 25
22 25
»
»
»
Totaux
7457 55
9262 80
56x2 80
365o
io3o
2620
DÉPENSE.
NATURE DES DÉPENSES.
BUDGET.
DÉPENSE
EFFECTUÉE.
EXCÉDANT.
ÉCONOMIE.
F. c.
F. C^
F. G.
Art. ier. Impressions diverses et lithographies. . .
200
i63 35
36 65
Art. 2. Bulletin
. . . .
1 140
I
°3q q5
100 5
Art. 3. Mobilier
200
218 5
18 5
» »
Art. A- Affranchissement, ports de lettres et paq.
25o
265 70
i5 70
» »
Art. 5. Agent de la Société . . .
400
4oo »
» »
» «
Art. 6r. Loyer
1000
1
000 »
» y
» »
Art. 7. Chauffage, éclairage. . . .
200
i38 »
Y> »
‘62 »
Art. 8. Dépenses diverses . . . . .
200
249 i5
49 ï5
>* »
Totaux. . .
35g0
3474 20
82 90
198 70
Résultat final.
La recette totale étant de 5, 612 fr. 80 c.
La dépense totale de 3,474 20
Le reste en caisse au 3i décembre s83i
est de. 2,1 38 fr. 60 c.
Y compris 255 fr. provenant de la cotisation Sedgwick.
Fait et présenté le 4 janvier i832 par le Trésorier soussigné ,
H. MICHELIN.
SÉANCE DU 9 JANVIER l852. 97
RAPPORT SUR LES COMPTES DU TRÉSORIER.
M. CLÉMENT-MULLET , RAPPORTEUR.
Les membres de la commission nommée par vous pour F examen
de la gestion de votre trésorier pendant Tannée i83i , ont bien
voulu me charger de soumettre leur travail à votre approbation ,
et de vous exposer la position financière de la Société.
Les comptes qui nous ont été présentés sont très-simples et très-
faciles à saisir par eux-mêmes; nous avons cru devoir en faire la
vérification en les rapprochant du budget de i83 1 . Un double motif
nous a fait prendre cette marche. C’était d’abord un moyen de
constater la prospérité de notre Société ; car un budget s’établissant
à l’avance et sur les ressources existantes au moment de sa fixation,
si l’actif présumé est ensuite dépassé par l’actif survenu , il y
a une amélioration d’état qu’il est intéressant et utile de mettre au
jour.
L’autre raison, qui touche déplus près le comptable, c’est qu’il
est plus aisé de constater l’exactitude de sa gestion , et de voir s’il
y a économie, ou si les crédits ouverts ont été outrepassés, ce dont
il est important de s’assurer. Ici , messieurs , nous avons économie
et non excédant de dépenses.
Le chapitre de la recette , suivant le compte du trésorier , se
compose de six articles, (Voir le compte.)
Les cinq premiers articles ne semblent demander aucune expli
cation ; quant au sixième , indiqué sous le titre vague de recette
extraordinaire , il lui faut quelque commentaire pour être bien
compris. Notre Bulletin avait été saisi, parce que l’administration
des domaines l’ayant confondu avec les journaux ordinaires , elle
voyait dans l’absence du timbre une contravention passible d’a-
mende. Une contrainte fut décernée , et votre trésorier s’est em-
pressé de consigner cette amende pour éviter déplus grands frais.
Depuis, Terreur ayant été reconnue, la consignation a été rendue.
Telle est l’origine de cet article : la somme ayant été sortie en dé-
pense, elle a dû y rentrer en recette. Je signalerai ici l’obligeance
et le zèle apportés dans cette affaire par M. Lajoye, l’un des mem-
bres de la Société, qui, par ses démarches réitérées, a pressé, à la
direction générale des domaines, l’expédition d’une décision si fa-
vorable dans ses conséquences.
L’ensemble de ces six articles donne un total de 9,262 fr 80 c.
Le budget de i83i avait fixé la recette à . . 7,45-7 55
Excédant. .... i,805 fr. a5 c.
Soc. gdol. Tome I L
7
98 si ANClî DU 9 JANVIER l85ü.
Mais , messieurs , ne nous faisons point illusion , la somme de
9,262 fr. 80 c. 11’est pas tellement certaine qu’on doive la porter
pour sa totalité en avoir , car si nous avons eu nos succès , nous
avons eu aussi quelques revers. Le décès de quelques membres, la
démission de quelques autres ont amené une réduction de 1 ,o3ofr.;
ainsi que F examen des registres , des démissions et autres pièces
justificatives l’ont prouvé.
Cette somme de 9,262 fr. 80 c.
ou bien, après la réduction de la non-valeur. . i,o3o »
celle restant de 8,232 80
n’a point été encaissée en totalité ^ il a été reçu
seulement 5,6 12 80
Il reste donc encore à recouvrer 2,620 fr.
Maintenant arrivant à la dépense, nous trouvons qu’elle se com-
pose de huit articles, tous appuyés de quittances et de pièces justi-
ficatives.
Yoir le tableau de dépense au compte, dont le total est de
3,474 fr* c.
Si, comme nous l’avons fait pour la recette, nous comparons la
dépense avec le budget , nous trouvons que quelques articles ont
dépassé la fixation, excédant qui s’explique très-bien , soit par les
frais d’envoi nécessités par l’accroissement du nombre des membres,
soit par les ports des échantillons reçus ou des meubles construits
pour caser les collections ; mais en résultat nous avons encore une
économie de 1 15 fr. 80 c.
En effet, le crédit ouvert au budget était de. 3, 590 fr. » c.
La dépense réelle a été de 3,474 20
Somme pareille à celle qui vient d’être dite. 1 1 5 fr. 80 c.
Actuellement, balançantla recette qui s’élève à. 5, 61 2 fr. 80 c.
Avec la dépense qui est de 3,474 20
ïi reste en caisse 2,i38 60
Ajoutant ce que doivent les reliquataires. . 2.620 »
Nous trouvons que l’actif financier de la So
ciété s’élève à 4,758 fr. 60 c.
SÉANCE DU 9 JANVIER l852. 99
Vous avez sans doute été étonnés, messieurs, et vos commissaires
Font été aussi, de voir, à la fin de la deuxième année de Fexistence
de la Société , un arriéré aussi considérable. Il serait pénible et
désagréable de vous signaler les retardataires. Nous avons cru de-
voir consigner au procès-verbal l’invitation faite au trésorier d’em-
ployer tous les moyens que les réglemens mettent en son pouvoir
pour presser le recouvrement de ce qui est encore dû.
Le compte que nous examinons nous fait voir que la Société est
dans un état florissant, tant sous le rapport des finances que sous le
rapport du nombre de ses membres j en effet, Fan dernier nous
comptions 1 4 1 membres ) cette année nous en comptons 160, mal-
gré l’influence fâcheuse qu’a dû exercer sur les esprits l’état de
vague et d’incertitude des affaires politiques.
Une collection précieuse pour la science commence à se former $
des envois déjà assez nombreux d’échantillons vous ont été faits et
nous en font espérer d’autres. Il nous est donc permis , messieurs,
de nous confier à un avenir de plus en plus satisfaisant. L’utilité
de la Société de mieux en mieux comprise, elle s’élèvera à cet état
désirable qui lui permettra de faire tout le bien que se sont pro-
posé ses fondateurs.
Je termine en vous proposant , messieurs , au nom de la com-
mission , d’approuver purement et simplement sa décision , qui
déclare M. Michelin , trésorier de la Société, quitte et libéré de sa
gestion de l’année mil huit cent trente-un.
J. -J. Clément-Mullet ,
Rapporteur.
M. le trésorier dépose , au nom du conseil , le projet de
budget pour 1 85*2. La discussion en est renvoyée à la prochaine
séance.
LTSTE DES MEMBRES
LISTE DES MEMBRES
DE LA
DE FRANCE,
AD 9 JANVIER 1832.
COMPOSITION DU BUREAU.
Président.
M. Alexandre Brongniart.
M. CoRDIER.
M. Arago.
V ice-présidens.
M. Defrance.
M. de Bonnard.
Secrétaires.
M. Desnoyers, Sre en fonction.
M. Boue, Sre pour l’étranger.
T rèsorier .
M» Hardouin Michelin.
V ice-secrètaires ,
M. Dufrenoy.
M. Delafosse.
Archiviste .
5 M. Félix de Roissy.
Membres du Conseil.
M. Elie de Beaumont.
M. de Blainville.
M. Brochant de Villiers.
M. Cartier.
M. Deshayes.
M. Duperrey.
M. de Ferussac.
M. Huot.
M. de La Jonkaire.
M. Constant Prévost.
M. Regley.
M. Walferdin.
LISTE DES MEMBRES.
*0
Membres de la Société.
MM. "'7S
André, Conseiller de cour et Membre de plusieurs Sociétés sa-
vantes, à Stuttgard, en Wurtemberg.
Aràgo, Secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences, à l’Obser-
vatoire, à Paris.
Bassano (Eugène de) , rue Saint-Lazare, n° 60, à Paris.
Basterot ( de ) , Membre de plusieurs Sociétés savantes , chez
M. Ramsault, cours d’Aquitaine, n° 107, à Bordeaux.
Beaumont (Elie de). Ingénieur des mines, rue de Boufflers , n° 3
bis, à Paris.
Belzons (Edouard), rue de Grammont, n° 1 3, à Paris.
Berard (Simon), Membre de la Chambre des Députés, Directeur-
général des ponts- et-chaussées, rue de Varenne, n° 26, à Paris.
Bertrand-Geslin fils, Membre de la Société d’Histoire naturelle de
Paris, sur les boulevarts, à Nantes.
Billaudel, Ingénieur en chef des ponts-et-chaussées, à Bordeaux.
Bineau, Ingénieur des mines, à Beauvais (Oise).
Blainville (de) , Membre de l’Académie des Sciences, rue Jacob ,
n° 5, à Paris.
Blucher (de) , Docteur ès-sciences , Munzstrasse , n° 16, à Berlin ,
Prusse.
Bonar (H.), impasse Saint-Dominique-d’Enfer, n° 2, à Paris.
Bonnard (de) , Inspecteur-divisionnaire au corps des mines, quai
Malaquais, n° 19, à Paris.
Bostock , Docteur-médecin , Membre de la Société géologique de
Londres, rue Taranne, n° 10, à Paris.
Boube'e (Nerée), Professeur de Géologie, de Minéralogie et de Con-
chyliologie, etc., rue Guénégaud, n° 17, à Paris.
Boue (Ami) , Docteur-médecin , Membre de la Société d’histoire
naturelle de Paris, rue de Tournon, n° 17, à Paris.
Brochant (Hyppolitc) , avocat , rue Saint-Dominique St-Germain,
n° 70, à Paris,
Brochant de Yilliers , Membre de l’Académie des Sciences , rue
St-Dominique St-Germain, n° 71, à Paris.
Brongniart (Alexandre), Membre de l’Académie des Sciences, rue
St-Dominique-St-Germain, n° 71, à Paris.
Brue, Géographe , et Membre de la Société de Géographie de Pa-
ris, rue des Maçons-Sorbonne, 110 11, à Paris.
Buckland , Professeur de Géologie de l’Université d’Oxford
Membre de la Société royale et de la Société Géologique de
Londres , etc, , à Oxford (Angleterre).
102
LISTE
Caillaud (Frédéric), Conservateur-adjoint du Musée, à Nantes.
Cambessèdes , Membre de la Société d’Histoire naturelle de Paris,
place St-André-des-Arts, n° 3o, à Paris.
Cartier , ancien Capitaine d’artillerie , rue des Ecuries-d’ Artois ,
n° 4» à Paris.
Caumont (de) , Secrétaire de la Société Linnéenne , Membre de
plusieurs Académies, à Caen (Calvados).
Ciiesnel (Marquis de) , Lieutenant-colonel , à Restinclière , près
Montpellier.
Christol (Jules de), Secrétaire de la Société d’Histoire naturelle, à
Montpellier (Hérault).
Clément-Mullet, Membre de plusieurs Sociétés savantes , rue du
Bac, nu 12, à Paris.
Colson (Alexandre), Docteur-médecin à Noyon, Oise.
Cordier, Membre de l’Académie des Sciences, rue de Seine (Jardin
des-Plantes), n° 25.
Courtigis (de) , Capitaine au corps royal d’état-major , à Melun
(Seine-et-Marne),
D’Abbadie, rue Cassette, n° 3y, à Paris.
Dàlmatie (Marquis de) , Officier d’état-major, au ministère de la
guerre, à Paris.
Daudin (Hyacinthe), propriétaire, à Pouilly, Oise.
Debaxjx, Naturaliste, rue Lalande, à Agen (Lot-et-Garonne).
Defrance, Membre de plusieurs Sociétés savantes, à Sceaux(Seine).
Delafosse, Aide-naturaliste au Jardin-du-Roi, rue des Mathurins-
St- Jacques, n° 24, à Paris.
Delcros , Chef-d’ escadron au. corps royal des Ingénieurs-Géogra-
phes, boulevart St-Antoine, n° 61, à Paris.
Belneufcourt, Elève-ingénieur des Mines, à Mons.
Delorme, rue de Valois, n° 8 (Palais-Royal), à Paris.
Delpon, Député du département du Lot, à Figeac.
Deshayes, Docteur-médecin , Membre de la Société d’Histoire na-
turelle de Paris, rue de Paradis, n° 9, au Marais, à Paris.
Desmoulins (Charles), Membre de plusieurs Académies, à Bordeaux,
Desnoyers (Jules), Membre de la Société d’Histoire naturelle de
Paris, rue de Paradis, n° g, au Marais, à Paris.
Diaz (Jean), de Panama, rue d’Enfer, n° 3g, à Paris.
Dibon (Paul), à Louviers (Eure).
Domnando (D,) , Conseiller honoraire de Russie, à Trieste , et à
Paris, rue et hôtel Coquillière.
DES MEMBRES. 1 o5
D’Orbigny père, Docteur-médecin , Membre de plusieurs Sociétés
savantes, à la Rochelle (Charente-Inférieure).
Doublier, à Rassuën, près Istres (Bouches-du-R.hôue).
Dre'e (Marquis de) , Membre de la Chambre des Députés , rue des
Saints-Pères, n° 71, à Paris.
Dubreignou (le comte Henry), à Morlaix, Finistère.
Duchatel (le comte), à Versailles.
Duclos , Membre de la Société d’Histoire naturelle de Paris , rue
de la Lune, n° 20, à Paris.
Dufrenoy, Ingénieur des Mines, rue du Battoir-Saint-André-des -
Arts, n° 19, à Paris.
Dujardin, Professeur de chimie, à Tours (Indre-et-Loire).
Dumas (Emilien), à Sommières (Gard).
Duperrey , Capitaine de frégate, rue de Seine-St-Germain, n° 14,
à Paris.
FERUSSAc(le baron de), Directeur du Bulletin universel des Sciences,
rue de l’Abbaye, n° 3, à Paris.
Filhon, Chef d’escadron au corps royal des Ingénieurs-Géographes,
et Directeur du Bureau topographique de l’armée d’Afrique, rue
Bleue, n° 32, à Paris.
Fleuriau de Bellevue, Correspondant de l’Académie des Sciences,
à la Rochelle (Charente-Inérieure).
Fontenelle(de la), Secrétaire de l’Académie de Poitiers, Conseiller
à la cour royale, etc., à Poitiers (Vienne).
Fourmont (Gustave), garde général des eaux et forêts, à Landrecies
(Nord).
Fournoue de Montalembert , rue Basse -du- Rempart , n° 44 > à
Paris.
François (Victor), Docteur en médecine, à Mous.
Geraldi (Juste), Inspecteur des carrières du département de l’Oise,
à Beauvais.
Gérard, Avocat, au Parc, à Bruxelles.
Gïrardin, Professeur de chimie, à Rouen (Seine-Inférieure).
Gitton de Laribellerie, Commissaire-priseur, rue de Paradis, n° iG,
au Marais, à Paris.
Gossart, Pharmacien, à Mous.
Graves , Secrétaire-général de la préfecture du département de
l’Oise, à Beauvais.
IIallowel, Docteur en Médecine, de Philadelphie (Etats-Unis).
Ha rd oui n (Paul).
LISTE
Iû4
IIécart , Conservateur du Cabinet d’Histoire naturelle , à Valen
ciennes (Nord).
Hericart de Thury ( le Vicomte ) , Membre de l’Académie des
Sciences, Président des Sociétés d’ Agriculture et d’Horticulture,
rue de l’Université , n° 29 , à Paris.
Héric art-Ferrand (le Vicomte) , Membre de diverses Sociétés sa-
vantes, rue Sainte-Catherine-d’Enfer, n° i , à Paris.
Hoeninghaus , Membre de plusieurs Sociétés savantes , à Crefeld ,
en Prusse (Westphalie).
Hogard (Henri), Membre de la Société d’ Emulation des Vosges, à
Epinal.
Huot, Membre de la Société d’Histoire naturelle de Paris , à Ver-
sailles.
Jackson (Charles-J.), Docteur médecin , Membre de plusieurs So-
ciétés savantes, à Boston, Massachussetts (Etats-Unis d’Amérique).
Jacquemin (Maxime) , Capitaine - instructeur à l’Ecole royale de
Saumur.
Jacquemin, Architecte, à Tours (Indre-et-Loire).
Jameson ( Robert ) , Professeur de Géologie , etc. , à Edimbourg
(Ecosse).
Ignon , Membre de plusieurs Sociétés savantes, à Mende (Lozère).
Jobert , Membre correspondant de la Société d’Histoire naturelle
de Paris, rue Guénégaud, n° y, à Paris.
Jouannet, Président de l’Académie de Bordeaux, à Bordeaux.
Jouve, Directeur de Sondages, à Châlons-sur-Marne.
Karsten , Docteur ès-sciences , Conseiller supérieur des Mines , à
Berlin.
La Bêche (de) , Membre de la Société géologique de Londres ,
Atheneum club house , à Londres.
Lacaze (Louis), rue Neuve-des-Mathurins, n° 34? à Paris.
Lacordaire , Ingénieur en chef des ponts-et-chaussées , à Pouilly-
en-Auxois (Côte-d’Or).
Lajonkaire (de) , Membre de la Société d’Histoire naturelle de
Paris, au Petit Montrouge , n° 63 , près Paris.
Lajoye (Félix), Vérificateur des Domaines, quai de l’École , n° 8,
à Paris.
La Rochefoucault (le Comte Alexandre de), Pair de France, rue
Saint-Dominique-Saint-Germain, n° ioo, à Paris.
Lockart, Directeur du Cabinet d’Histoire naturelle d’Orléans ,
Membre de plusieurs Sociétés Savantes, à Orléans.
Lefroy, Inspecteur des études de l’école des Mines , rue d’Enfer,
n° 34? à Paris.
DES MEMBRES. ÎOÔ
Legentil (Laurencée), Membre de plusieurs Sociétés savantes, à
Poitiers.
Lehmann (de), Officier des Mines, à Saint-Pétersbourg.
Lenoir (P. N. ), à l’Athénée des arts, près le Palais-Royal , à Paris.
Leprevost (Auguste), Membre de plusieurs Académies , à Rouen ,
(Seine-Inférieure.)
L’Eveillé (Charles), Vérificateur des Douanes , à Maulde , près
St-Amand-les-Eaux (Nord).
Magneville (Henri de), Membre de plusieurs académies , à Caen,
(Calvados).
Marcel (de Serres), Professeur à la Faculté des Sciences de Mont-
pellier (Hérault).
Martin, Naturaliste, aux Martigues (Bouches-du-Rhône).
Mathieu (Léopold de), à Valenciennes (Nord).
Meyranx , Professeur au collège Bourbon , rue des Beaux-Arts
n° 8, à Paris.
Michelin (Hardouin), Conseiller référendaire à la cour des Comptes,
rue d’Orléans, n° 5, au Marais, à Paris.
Montlosier (le Comte de), Président de l’académie Royale des
sciences et des arts de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).
Moreau (César), Directeur président de la Société française de sta-
tistique universelle, Place Vendôme , n°24, à Paris.
Morren, Docteur ès sciences et Professeur de l’Université deGand,
en Belgique.
Murchison , Président de la Société géologique de Londres , etc.,
à Londres.
Olivier , ancien élève de l’école Polytechnique , rue du Haut Pas,
n° 34 , à Dieppe, et rue Sainte-Anne, n° 3G, à Paris.
d’Omalius d’Halloy, Membre de l’académie Royale de Bruxelles
à Halloy, par Namur (Belgique).
Pareto (le Marquis Laurent), à Gênes.
Paris (de), ancien Magistrat, rue des Moulins , n° 16, à Paris.
Passini (Louis), à Schio , près Vicence.
Passy (Antoine), Préfet de l’Eure , à Evreux.
Peghoux, Docteur - Médecin , k Clermont - Ferrand ( Puy - dc-
Dôme).
Perrot, Géographe, Membre de la Société de Géographie de
Paris, rue d’Angoulême , n° 25, Faubourg-duTemple ? a Paris.
Pouchet , Professeur d’Histoire naturelle, à Rouen ( Seine - Infé-
rieure ).
Prévost ( Constant ) , Professeur de géologie à la Faculté des
LISTE
ioC
sciences , Membre des Sociétés Pli ilomatique et d’Histoire na-
turelle de Paris, rue de Paradis, n° 9, au Marais, à Paris.
Puillon-Boblaye , Capitaine d’Etat-Major , Membre de plusieurs
Sociétés savantes , rue des Saint-Pères , n° 27, à Paris.
Puzos , Sous-intendant militaire, rue des Beaux-Arts , n° 17, à
Paris.
Pusch, Professeur de géologie, à Varsovie.
Rançon, Propriétaire à Beauvais (Oise).
Ravergie, Naturaliste-voyageur du Muséum, rue des Foureurs ,
n° 9, à Paris.
Razoumowski (le Comte Georges), à Vienne (Autriche).
Reboul , Correspondant de l’Institut , à Pézenas (Hérault).
Regley, aide-Naturaliste au Jardin du Roi, rue St-Denis, n° 190,
à Paris.
Requien, Administrateur du Muséum, à Avignon (Vaucluse).
Robert (E.), rue du Mont-Parnasse , n° 1 bis, à Paris.
Roberton, Docteur en médecine, rue de la Ville l’Evêque, n° 23,
à Paris.
Robin Masse, Docteur en médecine, rue des Prêtres-St-Germain-
FAuxerrois , n° 2 1 , à Paris.
Roissy (Félix de), Membre de la Société d’Histoire naturelle de
Paris, rue Cadet, n° 32, à Paris.
Roulland, Officier de marine en retraite, à Bricquebec, par
Valognes (Manche).
Rozet , Capitaine au corps Royal des Ingénieurs géographes , rue
de Verneuiï, n° 9, à Paris.
Ruelle , Chef au ministère des Finances, rue de la Michaudière,
n° 12.
Ruelle (Antoine), Payeur du Trésor, Membre de plusieurs Sociétés
savantes, au Puy (Haute-Loire).
Savary (le général de), rue Taitbout , n° 38, à Paris.
Savi (Paul), Professeur d’Histoire naturelle à l’Université de
Pise.
Schwerin (le Baron de ), Conseiller de cour, Membre de l’académie
de Munich et de plusieurs autres sociétés savantes , à Hauzen-
dorf, près de Ratisbonne.
Schull (G. S.), avocat, à Dordrecht , en Hollande.
Sedgwick, professeurWoodwardien de l’Université de Cambridge,
en Angleterre.
Spencer Smith (J.), Docteur en droit, Membre de l’académie de
Caen, etc., rue Leroy, n° 2, faubourg Saint-Gilles, à Caen.
LES MEMBRES. Ï07
Teissier (Jules), Membre de plusieurs Sociétés savantes , à Anduze
(Gard).
Thirria, ingénieur des mines , à Vesoul (Haute-Saône).
Thurman (Jules), ancien élève de l’école des mines, et propriétaire
à Porentruy (en Suisse).
Tournal fils, Pharmacien , à Narbonne (Aude).
Traulle , Officier supérieur en retraite , rue de Rochecliouart ,
n° 23, à Paris.
Tremeau de Rochebrune , Directeur du Cabinet d’Histoire natu-
relle, à Angoulême.
Truman , Docteur médecin, rue St-Victor, n° 29, à Paris.
Underwood , Membre de la Société géologique de Londres , rue
Neuve-St-Augustin , n° 28, à Paris.
Vallejo, à Léon, en Espagne.
Van Breda , professeur d’Histoire naturelle, à I.eyde , en Hol-
lande.
Van-der-Maelen , Membre des académies Royales de Bruxelles,
Turin , etc., rue du Boulet, n° 12, à Bruxelles.
Vemard (Auguste), rue Rameau , n° 6, à Paris.
Verger, à Nantes,
Verneutl (Edouard de), Avocat attaché au ministère de la Justice>
rue de Vendôme , nü 12, à Paris.
Vinard, Ingénieur des Ponts-et-Chaussées , à Montbart, ( Côte-
d’Or).
Virlet (Théodore), Membre de la Commission scientifique de la
Morée, rue des Pyramides, n° 6.
Voltz, Ingénieur en chef des mines à Strasbourg (Bas-Rhin).
Walferdin, chef de bureau à l’administration des douanes, rue
St-Lazare , 110 1 1 , à Paris.
Zuber-Karth, Président de la Société industrielle de Mulhouse , à
Mulhouse (Ilaut-Rhin).
M. D’ORBIGNY,
Agent de la Socie'te, rue jacob, n° 5 , a Paris.
MM. les Membres sont instamment priés de faire connaître au
Secrétaire leur changement de domicile.
io8
SÉANCE DU S 5 JANVIER l85‘2.
Séance du 23 janvier 1832.
M. Alexandre Brongniart occupe le fauteuil.
M. Desnoyers tient la plume comme secrétaire en fonction.
Après la lecture et l’adoption du procès-verbal de la précé-
dente séance, le président proclame membres de la Société :
MM.
Puzos, ancien sofas- intendant militaire à Paris , présenté par
MM. de Roissy et Deshayes,*
Lehmann, officier des mines, à Saint-Pétersbourg, présenté
par MM. de Roissy, Brongniart et Roué,*
D’Abbadie, à Paris, présenté par MM. Boué et Régley.
On passe à la correspondance.
M. Lockhart annonce à la Société qu’il va lui envoyer une
suite de fossiles de l’Orléanais.
M. Keferstein , de Halle , après avoir exprimé tout l’intérêt
qu’il attache au Bulletin de la Société, annonce qu’il va lui
adresser le dernier cahier de son journal, auquel il joindra la
collection complète des années antérieures * savoir : 19 volumes
avec ï 2 cartes et coupes géologiques.
M. le président charge le secrétaire d’exprimer spécialement
à M. Keferstein les remerciemens de la Société.
Il est fait hommage à la Société des ouvrages suivans :
i° De la part de M. Boué :
a. Une revue des observations géognostiques faites dans
l’Odenwald ( Gedranzte U bersicht der Ergebnisse einer geog-
nostischen Erforschunz der Odenwalder ) , par le docteur
A. Klipstein. — In-4° de j 8 pages. Darmstadt, 1829.
b. Protogœa de Leibnitz. — In- 4° de 1749 pages, avec
12 planches.
c. Description de trois genres nouveaux de coquilles fossiles
du terrain tertiaire de Bordeaux ; savoir : Spiricella , par
M. Ranz; Gratelupia etJouannetia , par M. Ch. Desmoulins.
— In- 8°, 1 828.
d. Traité élémentaire de Géologie , par J, A. de Luc. — -
In-8°. Paris, 1809.
SÉANCE DU 25 JANVIER l832. I09
e. Distribution technique des pierres précieuses avec leurs
caractères distinctifs, par M. le comte G. Razoumowsky. —
In- 8°. Vienne, 1825.
F. Second voyage de deux Anglais dans le Périgord et leur
pèlerinage à Rocamdour , par M. Jouannet. — Petit in-8°.
Périgueux, 1828.
g. Supplément aux observations géognostiques ( Nachtrag
zu den geognoslischen Beobachtungen , etc.) , par M. G. Ch.
Sartorius, avec une carte de hauteur du cercle d'Eisenach. —
In-8°. Eisenach, 1823.
h. Essai d’une description géognostique des contrées des
bords inférieurs du Necker, près de Heidelberg ( V ersuch einer
geognoslischen Derstcllunz , etc.), par M. le docteur H.Bronn.
— In-8°, avec une carte géologique. Carslrube, 1827.
M. Boué offre en outre à la Société deux portraits , l’un de
M. de Humboldt, et l’autre de M. le professeur Mohs, à Vienne.
Ces deux portraits sont destinés à être réunis à la collection
de lettres autographes dont la Société a autorisé la fondation.
20 De la part de M. Desnoyers, les mémoires suivans dont il
est l’auteur :
a. Notice sur le T artuffite , ou bois fossile à odeur de truffes.
— In-4°, avec deux planches. 1822.
b. Observations sur quelques systèmes de la formation
oolitique du N. O. de la France, et particulièrement sur une
oolithe à fougères de Mamers , département de la Sarthe ; sui-
vies d’observations de M. Prévost sur Stonesfield. — • In-8° de
71 pages, avec une carte et deux planches. 1825.
c. Mémoire sur la craie et sur les terrains tertiaires du
Cotentin. — In-4° de 85 pages, avec carte et coupes. 1825.
d. Observations sur un ensemble de dépôts marins , plus
récens que les terrains tertiaires du bassin de la Seine, et
constituant une série de formations géologiques distinctes
( Form . quaternaires) , avec un Aperçu de la non simultanéité
des bassins tertiaires. — In- 8° de i36 pages. 1828.
e. Deux caries doubles des terrains du Cotentin.
f. Deux planches , l’une des principaux fossiles de Stones-
field, l’autre des empreintes de plantes de l’oolilhe de Mamers.
1 10
SEANCE DU 25 JANVIER l852.
M. Desnoyers fait encore hommage à la Société , pour sa
bibliothèque, des neuf ouvrages et mémoires suivans.
A. Essai sur la théorie des volcans d'Auvergne , par M. de
Montlosier. — In-8° de 184 pages. 1802.
b. Aperçu général des mines de houille exploitées en France
par M. Lefebvre. — In-8° de 157 pages, avec carte. 1800.
c. Observations minéralogiques et géologiques sur les prin-
cipales substances des départemens du Morbihan , du Finistère
et des Côtes-du-Nord , par M. Bigot de Morogues. — In-8° de
167 pages. 1810.
d. Mémoire sur les bitumes , leur exploitation et leurs em-
plois utiles, par M. Payen. — In-8° de 64 pages. 1824.
e. Lettres sur la minéralogie, la géologie, et sur divers au-
tres objets de l’histoire naturelles de l’Italie, écrites par Ferber
à de Born, trad. de l’allemand par Dietricht. — In-8° de 5oy p.
1776.
f. De Systematibus miner alogicis, par Wallerius — In-8C de
iÔ2 p. 1778. C’est la première et la plus complète histoire des
systèmes minéralogiques antérieurs au 29e siècle.
g. Traité des pierres de Théophraste, trad. du grec par Hill.
— In 12 de 287 pages. 1704*
11. Mémoire sur un nouveau genre de coquilles de la famille
des Solénoïdes , par Mesoard de la Groye. — In- 4° avec une
planche.
1. Observations et réflexions sur l’état et les phénomènes du
V ésuve , pendant une partie des années 181 5 et 1 8 1 4 > par Ie
même , extrait du Journ . de phys . — In-4° de 1 1 2 pages. 18? 5.
3° De la part de M. de Gaumont :
a. Son Essai sur la topographie géognostique du départe-
ment du Calvados. — In-8° de 3i2 pages , avec un atlas in-4°
contenant sept planches de coupes. Paris, 1828. Chez Lance,
libraire.
b. Sa carte géologique du département du Calvados, dressée
en 1825, et publiée en 1828.
c. La troisième partie du premier volume de la Revue Nor-
mande, rédigée sous la direction de M. de Caumont. — In-8°.
Çaen, 1 85 1.
1 1 I
SÉANCE Bü 20 JANVIER l802.
4° Le numéro i3 du Mémorial encyclopédique et progressif
des connaissances humaines , sous la direction de M. Bailly de
Merlieux. Janvier 1 85 1 . — ln-8°, en échange du Bulletin de la
Société.
5° Les numéros 6 et 7 du Bulletin des Sciences naturelles et
de Géologie , sous la direction de M. de Férussac. Juin et juillet
1 83 1 . — In-8°*
6° Les numéros 20 3 et 204 ( novembre et décembre 1 83 ï )
du Bulletin de la Société de Géographie de Paris. — In-8°.
70 Le numéro 11 du Journal des travaux de C Académie
de r industrie agricole , manufacturière et commerciale, fondée
à Paris par M. César Moreau. — In-4°. 1 85 1 .
8° Les numéros 6, 7 et 8 de l’ Européen, journal des sciences
morales et économiques , paraissant tous les samedis. — In-4°.
90 De la part de M. Beshayes, son Tableau d’une classifi-
cation méthodique des Mollusques acéphalés (Bivalves), extrait
de V Encyclopédique méthodique.
io° De la part de M. J. Steiningcr, Observations sur les
fossiles du calcaire intermédiaire de C Eiffel. — In-4° de 44 P»
Trêves, 1 85 1 .
M. de Férussac envoie le prospectus de la continuation de
son Histoire naturelle générale et particulière des Mollusques ,
et annonce qu’il va publier sept livraisons de 12 planches cha-
cune de la classe des Céphalopodes.
M. le professeur Georges Jan et M. Joseph de Christophori
envoient l’annoncé de la fondation qu’ils viennent de faire h
Milan d’un Musée d’histoire naturelle et d’une bibliothèque.
Leurs collections consistent en 10,000 échantillons de miné-
raux , 4»ooo espèces de coquilles, 17,000 de plantes, etc. Ils
vont en publier les catalogues , et proposent de céder leurs
doubles par action de 100 et 5o fr.,àun tiers au-dessous du prix
courant.
Il est encore fait hommage h la Société par M. Desnoyers,
de la Description de V Ilot volcanique de Sicile, visité par
M. Prévost. — Brochure in-8°, avec deux planches.
Il est présenté à la Société :
i° Par M. le docteur Turmah , un cahier de Vues de cette
1 1 2
SÉANCE DU 2 5 JANVIER l852.
même île, publiées à Naples le 10 décembre i85i, par M. Mar-
zolla. — In- 12 oblong.
M. Turman communique en même temps deux échantillons
de ce volcan et de l’eau contenue dans le cratère.
2° Par M. Boué ,
a. Le troisième cahier des Pétrifications de M. le professeur
Goldfuss , où l’on remarque la même perfection de dessins que
dans les précédentes livraisons.
b. Conchiologie fossile etapperçugéognostique des formations
du plateau P olhyni-Podolien , par M. de Dubois de Mont-
perheux. — In- 4% avec une carte et 8 pl. Berlin, i85i.
On annonce que M. de la Bêche va publier une seconde
édition de son Traité de Géologie , ainsi que M. Lyell une se-
conde édition du premier volume de ses Principes de Géologie *
Le deuxième volume de ce dernier ouvrage vient de paraître.
Il est enfin fait hommage à la Société de la part de M. de la
Bêche, de deux fougères arborescentes de la Jamaïque, longues
de 17 pieds, et garnies de leurs feuilles et racines.
La Société vole des remerciemens à M. de la Bêche , et
adopte la décision du conseil qui détermine que ces beaux
échantillons seront déposés dans la salle de ses séances.
Mt Ciément-Muliet présente à la Société la table du premier
volume du Bulletin , qu’il a bien voulu se charger de rédiger.
Cette table sera imprimée après l’examen de la commission
d’impression.
M. Boubée propose qu’on adresse le Bulletin de la Société
à l’Académie royale de Toulouse , en en demandant l’échange
contre les Mémoires de cette Académie. Cette question est
renvoyée au conseil.
M. Desnoyers communique les extraits suivans de deux lettres
de M. Constant Prévost, adressées à MM. Brongniart et Cordier,
la première de Syracuse, et l’autre de Palerme :
Syracuse, le 29 octobre i83i.
(Du lazaret où M . Prévost a fait quarantaine de 2 1 jours.)
« Je rapporte de Malthe une collection très-nombreuse de roches
et de fossiles. Je me bornerai à vous dire par anticipation qu’ après
avoir parcouru l’île dans tous les sens, je la regarde comme formée
SÉÀNCB mj 20 JANVIER l85s. n5
de terrains très nouveaux et qui entrent dans le groupe que
Desnoyers a si judicieusement établi sous la dénomination de ter-
rains quaternaires. Ce sont, ainsi 'que moi- même je l’avais
avancé dans mon mémoire sur Yienne, des formations intermé-
diaires entre les anciens terrains tertiaires parisiens et les forma-
tions que je suppose (à bon droit , je crois) se déposer encore
dans les bassins des mers actuelles. Seulement ici j’ai retrouvé
les dépôts pe'lasgiques , contemporains des dépôts littoraux , dont
le crag de Norfolk , les faluns de Touraine , du Cotentin, ceux
de Dax, du littoral de la France méridionale, du bassin de Yienne
en Autriche, etc. , sont des exemples.
Aussi la pierre de Malte, les argiles qui alternent avec les bancs
calcaires, ont-elles, par leurs caractères généraux, par leurs
faciès , la plus grande analogie avec certaines parties des terrains
secondaires, au point qu’un géologue qui s’en rapporterait aux
caractères minéralogiques des roches , à la puissance des bancs ,
à la manière d’être des fossiles , etc. , pourrait se croire sur les
côtes de la Normandie ou de l’Angleterre. Il trouverait sans peine
les glauconies crayeuse et grossière , le green-sand , Y iron-sahd ,
les argiles de D iv es , celles dJ Honfleur , le calcaire de Caen , le
coralrag , etc., etc. ; mais' sous des bancs presque entièrement
composés de débris de polypiers, de térébratules , de plusieurs
espèces d’oursins , et même d’encrines ; il verrait des sables et des
argiles qui enveloppent les coquilles subapennines roulées , les
grandes dents de squales, des os de lamantins , et peut-être même
de mammifères , etc. Au milieu de ces dépôts de sédiment , on
trouve plusieurs fois des bancs , ou plutôt des masses étendues de
polypiers en place ; et le sommet ouest de Malte et de Goze est
un banc de polypiers de plus de 0.5 pieds d’épaisseur qui a l’as-
pect caverneux et la consistance de nos meulières , ou plutôt du
calcaire siliceux; je l’avais pris d’abord pour un dépôt de calcaire
travertin; mais je me suis assuré que son origine est marine et
qu’il est du au travail des polypes. J’ai retrouvé également, au-
tour de ce témoin d’un sol qui avait une bien plus grande étendue,
les marques du séjour prolongé de la mer à différens niveaux ,
observation analogue à celle que j’ai déjà eu l’occasion de faire
dans le bassin de "Vienne, oit j’ai indiqué une ligne horizontale
à plus de 200 pieds au-dessus du Danube, le long de laquelle les
roches calcaires sont percées par des mollusques lithophages....
J’ai retrouvé dans la bibliothèque de la cité Lavallette les dé-
bris des collections faites pas Dolomieu ; ils étaient oubliés depuis
bien des années , et l’abbé B'ellanti , homme aussi éclairé qu’obli-
Soc. gèol. Toi». II. 3
i 1 4 SÉANCE DU *3 janvier i83j.
géant , a bien voulu les faire sortir de la poussière pour les mettre
à ma disposition. J’ai séparé tout ce qui appartient au sol de
Malte; j’ai obtenu quelques fossiles que je n’avais pas trouvés , en
échange d’autres que la collection ne possédait pas; j’ai dessiné
tous ceux qui n’existaient pas en double ; j’ai mis des numéros
d’ordre qui correspondent avec ceux de mes échantillons ou de
mes dessins , afin de pouvoir, à mon retour, envoyer les noms des
espèces , ou demander celles qu’il serait le plus important d’avoir
à Paris. J’espère que les géologues qui viendront après moi à
Malte me sauront gré de ce travail que j’ai fait en courant. Je
me suis ménagé, au reste, les moyens d’obtenir de l’obligeance
de M. Miege , notre consul , et de celle du capitaine du génie
anglais M. Barry- Jones , tout ce qui pourrait nous manquer.... »
Extrait de la seconde lettre de M . C. Prévost , adressée à
M . Cordier , de P a 1er me , le 18 décembre i83i.
Après avoir parcouru toute la côte sud-est et nord de la
Sicile * depuis le cap Passaro , et avoir fait une excursion de dix
jours dans les îles d’Eole, M. Prévost arriva à Palerme. Il a
soigneusement comparé dans cette seule course des effets et des
produits volcaniques d’époques évidemment bien distinctes.
u Le cap Passaro, dit-il, est un des points les plus intéressans;
mais au lieu de ces alternances nombreuses de basalte et de cal-
caire dont on a parlé , je n’ai vu qu’une grande formation basal-,
tique qui (probablement sous les eaux) a soulevé, pénétré de
mille manières des calcaires de différens âges , depuis la craie jus-
qu’à un terrain tertiaire moderne. Cette action volcanique a eu
lieu* par conséquent , à une époque très récente , et elle n’a été
suivie que parle dépôt d’un terrain qu’il faudra nommer quater-
naire, dépôt très puissant lui -même et qui renferme un très
grand nombre de fossiles analogues aux animaux actuellement
existans dans la Méditerranée. C’est ce dépôt qui forme une cein-
ture tout autour de la Sicile , et dont on retrouve des lambeaux
dans l’intérieur de Vile. Il me semble analogue au crag et à nos
Jahms , comme M. Desnoyers l’a déjà très bien remarqué. C’est
lui qui constitue en partie le sol de Malte.
Contre l’opinion de MM. Daubeny et Lyell , je crois que le
calcaire de Passaro est de la craie semblable à celle d’Angoulême ,
avec hippurites ,età celle du midi de la France. Une faut pascon-
SÉANCE DU 25 JANVIER l852. 1Î5
fondre ce calcaire avec celui du val di Noto , qui lui-même n’est
pas semblable, peut-être, à celui de Syracuse. J’ai recueilli un
grandnombre de notes, de dessins , d’échantillons, afin de pouvoir
discuter cette opinion des alternances des basaltes et des calcaires.
A Millili , j’ai visité le gisement du dussodyle qui se trouve au
contact des roches volcaniques boueuses et des calcaires plus
récens.
Malgré la saison avancée , et grâces aux bonnes directions de
MM. Gemellaro , notre course à l’Etna a été heureuse. Il faisait
très froid, et de sept que nous étions, je suis arrivé, moi troisième,
au bord du cratère, malgré la neige et les vapeurs qui se dispu-
taient l’honneur de nous arrêter. Le reste de la caravane a été
forcé de rester dans la maison de M. Gemellaro. J’ai marché
sur une petite coulée qui y dans le mois de mars dernier , est sor-
tie par la bouche même du cratère. Je me suis particulièrement
attaché à recueillir les produits d’époques différentes, et à cons-
tater les effets des influences postérieures aux diverses éruptions.
DeCataneà Messine, la route est très intéressante. Aux envi-
rons de Taormine commence un nouveau système de roches
anciennes sur lesquelles reposent encore les formations récentes
dont la brèche de Spallanzani fait partie , selon moi ; car , malgré
le désir que j’aurais eu de trouver dans cette roche un dépôt qui
continuerait à se former , les faits que j’ai observés me forcent à
croire que Spallanzani a été trompé par les apparences , comme
plusieurs personnes du pays le sont encore.
A Messine, j’avais retrouvé le brick : j’espérais pouvoir faire
avec lui mon excursion dans les îles d’Eole ; mais le capitaine
m’a fait craindre qu’il ne lui fut impossible de débarquer, et surtout
de rester dans ces parages dangereux , si la mer devenait mau-
vaise. Je me suis décidé en conséquence à partir pour Melazzo,afin
de prendre une barque qui pût me conduire d une île à l’autre y
pendant huit jours j’ai été retenu par les vents. Heureusement
que la presqu’île deMelazzo m’a offert des faits tellement curieux
que je n’ose en parler sans avoir des pièces de conviction à faire
voir en même temps. Cette presqu’île est formée par trois pitons
de roches anciennes ( pcgmati te , gneiss, granité) que recouvre
un calcaire quaternaire. Mais ces roches inférieures ont été évi-
demment bouleversées à une époque postérieure au dépôt du
calcaire , qui les a pénétrées jusqu’à une profondeur de plus de
200 pieds dans tous les sens ; de manière que dans beaucoup de
cas il est difficile de décider si c’est le calcaire qui a pénétré
les roches feldspathiqucs , ou bien si ce sont celles-ci qui ont passé
Il6 SÉANCE DU 2 5 JANVIER l852.
à travers mie vase calcaire , de même qu’au cap Passaro le basalte a
traversé la craie. Leyalcaire a contractéla plus forte adhérence avec
le gneiss; il a acquis une très grande dureté au contact des roches
micacées. J’ai employé dix jours à visiter endétail les îles de Lipari,
Vulcano , Stromboli , et autres îlots volcaniques de cette côte.
De Païenne, je vais aller à Sciacca , à Girgenti , et reviendrai
par le centre de l’île. Je ne compte pas pouvoir partir avant le
i5 janvier pour Naples.
La société approuve les décisions suivantes prises par le
conseil les 7 et 21 janvier i832.
La société formera une collection des autographes et por-
traits de tous les géologues connus.
Elle accepte l’échange contre le Bulletin, i° du Journal
des travaux de l’ Acadèmié d* industrie 9 fondée à Paris par
M. César Moreau; et 20 de Y Européen , journal des sciences
morales et économiques (paraissant tous les samedis).
Le conseil décide qu’on nommera un secrétaire pour l’inté-
rieur en remplacement de M. de Beaumont, démissionnaire,
et que ses fonctions dureront deux ans à partir du ier janvier.
Le second secrétaire deviendra de droit secrétaire pour
l’étranger.
M. Boué propose que désormais la société tienne trois
séances dans le mois de janvier, dont l’une serait spéciale-
ment destinée aux élections et discnss:ons du budget. — Le
conseil adopte cette proposition, et détermine une troisième
séance extraordinaire pour le 5o janvier.
En conséquence de ces décisions , la société procède à
l’élection d’un secrétaire pour remplacer M. de Beaumont,
démissionnaire. M. Desnoyers, vice-secrétaire, obtient la
majorité, et est proclamé secrétaire.
On procède ensuite à l’élection d’un vice-secrétaire en
remplacement de M. Desnoyers ; la majorité des suffrages se
porte sur M. Delafosse.
Les secrétaires sont donc M. Desnoyers pour la France,
et M. Boué pour l’étranger. Les vice-secrétaires, MM. Du-
frénoy et Delafosse.
M. le trésorier présente le budget pour i852 tel qu’il a
été adopté par le conseil.
SÉANCE DU 23 JANVIER, l83î. H 7
budget présenté pour l’année iS3a.
RECETTE.
1
NATURE DES RECETTES.
SOMMES
admises par la
société.
Art. ier. Reliquat de z83i
A., .. Arriéré de r83o. { *. \
Art. 3. Arriéré de i83i. { J !
] Art. 4. Année .83, . . { J ;
Art 5. Vente du premier volume du bulletin
a,i38 6o
4oo »
3oo •
i4o *
1,780 »
5oo •
5,25o »
45 »
Totaux. . .
io,353 60
DÉPENSE.
! NATURE DES DÉPENSES.
BUDGET
de i83i.
SOMMES
admises par
la société.
P Art. icr. Impressions diverses et lithographies. .
200
•
200
»
| Art. 2. Bulletin
1,140
•
i,5oo
•
! Art. 3. Mobilier
200
9
200
•
| Art. 4. Affranchissemens, ports de lettres et paquets.
260
9
3oo
•
1 Art. 5. Agent
4oo
9
800
»
P Art. 6. Loyer
1,000
9
1,000
»
1 Art. 7. Chauffage et éclairage. ......
200
9
260
>
|j Art. 8. Dépenses diverses et imprévues. . . .
200
9
250
■
i: ( A. Abonnemens exislans ,
Art. q. Bibliothèque. > reliures et ports de livr.
i v 1 j li. Acquisitions pour la bt-
s
9
200
»
I ( bliothèque
9
9
9
»
| { Ne pourront être faites que sur décision de la société ).
I [ A. Acquisitions de meubles
Art. CoUections.
9
9
6«o
•
\ les à la société. . • .
9
9
•
•
( N’auront lieu que par décisiou spéciale).
Art. 11. Impression des mémoires
9
9
2,000
•
Totaux. . .
> — - -
3,590
•
7,3i°
»
RÉSULTAT.
La Recette présumée étant de . . io,353 60
La dépense autorisée étant de 7,5io •
La Recette présumée étant de . . io,353 60
La dépense autorisée étant de 7,5io •
L’excédant de la recette sur la dépense serait de . . . 3,o43 60
Ainsi adopté en séance, le 23 janvier i832.
1 I S SÉANCE DU 25 JANVIER l832.
Une longue discussion s’engage au sujet des collections et
de l’esprit dans lequel la société doit les faire.
Plusieurs membres (MM. Dufrénoy, de Bonnard, de
Beaumont , etc. ) regardent comme inutiles les collections
que pourrait former ]a société, à raison des riches et nom-
breuses collections qui existent déjà à Paris; ils les regar-
dent comme pouvant entraver la publication des mémoires,
en diminuant trop les fonds nécessaires à ce dernier objet,
et enfin comme pouvant embarrasser promptement la so-
ciété, par suite de choix indiscrets d’échantillons. Ils deman-
dent donc que la société ne forme point de collections , ou
du moins qu’elle y apporte la plus grande réserve.
D’autres membres (MM. Deshayes, Boué, Michelin) pen-
sent, au contraire, que la société doit former des collections
les plus étendues en espèces de fossiles et en échantillons de
roches de toutes les localités , particulièrement de la France ;
que ces collections, surtout celle des fossiles, seront delà
plus grande utilité, soit pour la comparaison d’espèces de
localités différentes, soit pour faciliter des échanges.
Un membre (M. de Roissy) propose que tout envoi d’é-
chantillons soit précédé d’un avis au conseil, qui ne les
accueillerait qu’accompagnés d’observations ou d’un mé-
moire.
D’autres membres enfin (MM. de Blainville , Paris, etc. )
proposent que la société en restreigne le cercle dans de petites
collections méthodiquement classées de roches et de fossiles,
et dans la réunion des pièces à l’appui des mémoires, ces
deux premières sortes de collections pouvant être particu-
lièrement utiles aux membres qui n’ont point fait encore une
étude spéciale de la géologie.
M. Desnoyers rappelle qu’on doit aussi former, d’après
une précédente décision, une collection de fossiles classés
par terrains.
M. le président , résumant la discussion , propose à la
société d’interpréter ainsi qu’il suit l’article i'r du cha-
pitre 7 de son règlement. La plupart des membres se ran-
gent à cette opinion , et la société décide que ses collections
^composeront :
SÉANCE EXTRAORDINAIRE DÜ 3û JANVIER 1852,* 1 1 g
1° j Des échantillons à l’appui des mémoires ou commu-
nications verbales ;
2° D’une petite collection fondamentale de roches classées
méthodiquement ;
3° D’une petite collection paléontologique également fon-
damentale et distribuée par genres ;
4° Enfin, d’une série d’espèces des fossiles les plus carac-
téristiques., groupées par formations géologiques .
Séance extraordinaire du 30 janvier 1832.
M. Defrance occupe le fauteuil.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
Le président proclame membres de la société,
MM.
Traullé, officier supérieur en retraite à Paris, présenté
par MM. Boué et Desnoyers ;
Hallowel, docteur en médecine de Philadelphie (Etats-
Unis), présenté par MM. Elie de Beaumont et Nérée Boubée.
On passe à la correspondance.
La société reçoit deux lettres de M. J. Teissier, docteur-
médecin à Ancluze, l’une à la date du 18 décembre, l’autre
du 5 janvier 1 85a.
Dans la première M. T. donne des détails et mesures com- *
paratives de la tête humaine trouvée dans la caverne de
Mialet , dont il a déjà envoyé un dessin à la société.
« II se peut, dit M. Teissier , que l’angle facial que j’ai indiqué
soit un peu trop faible , ayant etc obligé, pour l’obtenir, d’in-
cliner l’équerre mobile, pour faire passer l’une des branches par
le trou auditif, et l’autre parle milieu du coronal. Vous calcule-
rez facilement ce que cette projection peut faire perdre.
Par mon nouvel examen , je me suis convaincu que cette tête
appartenait à la race caucasique ; bien que par une circonstance
que je crois produite violemment ( par compression dans l’enfance,
par l’habitude de porter des fardeaux , ou par accident plus tard ) ,
le crâne se rapproche de la forme nègre.
La tête de Mialet est en général plus petite et moins massive
que celle de mon squelette , qui a appartenu à un homme do
no
SÉANCE EXTRAORDINAIRE
5 pieds 4 pouces. L’aspect et les détails de cette tête de Mialet
ine font croire qu’elîe a appartenu à une femme. Ce qu’elle pré-
sente de plus remarquable, c’est son alongement d’avant en ar-
rière , comme les mesures le prouvent.
Cette tête semble avoir été déprimée de haut en bas par une
force considérable qui aurait produit l’oblitération de la suture
sagittale vers le milieu de sa longueur. Par cette pression , le crâne
a été affaissé, et comme obligé de s’alonger dans son diamètre
antéro-postérieur. Les pariétaux se sont arqués davantage ; et par
suite , la plus grande largeur du crâne se trouve vers leurs bosses ,
au lieu d’être vers la réunion des pariétaux et des temporaux.
L’occipital est l’os le plus altéré dans sa forme ; ses condyles
sont remontés plus haut que les apophyses mastoïdes; iis sem-
blent rentrés dans le crâne. Une grande partie de la portion pos-
térieure de l’occipital est devenue inférieure par suite de la plus
grande courbure qu’il a prise.
Les orbites ont très peu de hauteur; mais la partie orbitaire
du coronal est très concave , ce qui fait que les yeux ont pourtant
en dedans à peu près la même place pour se loger.
La mâchoire inférieure, dont j’ai envoyé le dessin , n’appar-
tient pas au même individu. J’ai parlé dans une autre lettre de
ce que les dents présentaient d’extraordinaire ; on remarquera
dans le mesurage actuel l’écartement des deux branches et la hau-
teur et l’écartement des apophyses coronoïdes.
Tête
de mon
squelette.
Tête
de
Mialet.
Hauteur de la tête au-dessus d’un plan horizontal,
les deux têtes reposant sur les incisives et sur
l’occipital, c’est-à-dire , posées sur une table,
sans mâchoire inférieure. . . 0,1 53
Plus grand diamètre antéro-postérieur de la tête ,
des bosses frontales à la protubérance occipitale, 0,175
Diamètre du crâne de droite à gauche, d’une
bosse pariétale à l’autre 0,1 45
C’est la partie la plus large de la tête de Mialet.
■ — Pour la tête du squelette , la partie la plus
large est au-dessous et en avant de la bosse pa-
riétale , à la rencontre de la portion écailleuse
du temporal. Là les proportions sont inverses. 0,1 5o
Largeur du frontal au-dessus des orbites. .... 0,098
o,i5o
o,iq5
o,i5o
o,i45
0,092
DU 5o JANVIER l85î.
ï 2 1
Tête
de mon
squelette.
Distance du sommet de l’apophyse mastoïde à
l’angle supérieur de l’occipital o,i25
Longueur de la portion de l’occipital tournée
vers le bas 7 0,049
Longueur de la portion de l’occipital tournée
vers le derrière o;o65
Distance d’une apophyse mastoïde à l’autre. . . . 0,102
Plus grande largeur du trou occipital o,o36
Plus grand diamètre antéro-postérieur du trou
occipital o;o34
Condyles de l’occipital , plus saiüans en bas que
les apophyses mastoïdes o,oo5
D’une arcade zygomatique à l’autre 0,1 3o
D’une grande aile du sphénoïde à l’autre, sous
l’arcade zygomatique 0,077
Plus grande hauteur du trou orbitaire o,o33
Plus grande largeur du trou orbitaire 0,040
Hauteur de l’os malaire , prise dans son milieu. . 0,026
Mâchoire inferieure d’un autre sujet .
Distance d’un angle à l’autre 0,110
Distance de l’angle au sommet du condyie .... o,o65
Distance d’un condyie à l’autre extérieurement. . 0,1 18
Distance d’une apophyse coronoïde à l’autre. . . 0,096
Largeur de la branche montante de la mâchoire
inférieure, prise à l’angle o,o35
Distance du milieu de la première grosse molaire
à l’autre o,o45
Télé
de
Mialet
O, l35
0,066
0,062
°?°97
0,028
o,o32
0,000
0,124
0,072
0,025
o,o38
0,023
0,1 t 3
0,072
0,125
0,1 13
0,028
o,o5o
Ayant vu une autre tète de Mialet presque entière, je me suis
assuré que les différences étaient les mêmes. La plus saillante
consiste , chez celle-ci , dans la distance de l’apopliysc mastoïde
à l’épine occipitale. Cette distance étant de o,go pour mon
squelette , est de 110 à 120 pour les tètes de la caverne, ce qui
paraît provenir d’une compression soutenue du cerveau, opérée
vers le milieu de la suture sagittale , laquelle aurait déprimé les
hémisphères et fait saillir d’autant en arrière le cervelet et la
convexité de l’occipital, en augmentant sa courbure et son
12* SÉANCE EXTRAORDINAIRE
bombement d’en bas et en arrière. Deux vertèbres tiennent à cette
tête, et elles sont dérangées dans leurs rapports d’une manière si
forte, qu’elle ne peut être que postérieure à la mort; mais,
quant aux différences du crâne , elles existaient certainement pen-
dant la vie et tenaient probablement à une coutume générale, ou
au genre de travail.
J’ai pensé que ces détails intéresseraient la société, qui désirait
savoir si les tètes de Mialet n’étaient ni mongolis , ni caraïbes;
elles sont caucasiques , je l’ai déjà dit, mais déformées , je
crois , parla violence, comme on l’observe de différentes manières
chez beaucoup de peuplades sauvages.
M. Razoumovski adresse un mémoire manuscrit sur les
Tubulipores, dont les dessins ont été déjà remis à la société.
M. Marcel de Serres envoie deux mémoires, l’un sur les
fossiles végétaux de Lodève, l’autre sur le genre Gloisonnaire.
Il annonce en même temps qu’il a découvert dans la Médi-
terranée l’analogue du murex tublfer de Lamarck , et dans
les sables tertiaires marins de Montpellier le genre cloison ^
naire ou septaria , genre connu dans les mers des Grandes-
Indes, et retrouvé dernièrement dans la Méditerranée.
L’espèce en question ne diffère pas de celle décrite par
Lamarck sous le nom âarenaria.
De plus, il a vu une coquille du genre clavagelle dans le
calcaire moellon et les sables marins tertiaires.
M. Pitorre a trouvé dans les mêmes couches CHaliotis
philberli et deux autres espèces du même genre. Le calcaire
moellon lui a aussi offert le planorbis cornu , Brong. Ces cal-
caires sont chargés de galets de calcaire d’eau douce, ce qui
prouve que ces roches ont été déposées bien postérieure-
ment à ce calcaire.
Au sujet du murex tubifer cité par M. Marcel de Serres
dans la Méditerranée, M. de Blainville observe qu’il est
connu depuis long-temps dans les mers de Sicile. M. Des-
hayes ajoute à cette observation qu’il y a deux espèces con-
fondues sous le même nom, et qu’il est à présumer que ce
murex tubifer indiqué par M. Marcel de Serres est le murex
fistulosus de Brocchi : tandis que le murex tubifer , fossile aux
environs de Paris seulement , a aussi son analogue vivant 8
DU 5o JANVIER 183a. 1*5
dont on ne connaît encore que quelques individus et dont
la patrie est ignorée.
M. Michelin appuie cette observation de M. Deshayes, en
disant qu’il possède dans sa collection un individu vivant du
murex tubifer de Paris.
M. Boubée observe que M. de Christol a retrouvé en
quantité des Fistulanes dans le bassin de Marseille, et que
c’est dans ce même bassin qu’ont été retrouvés les Septaria.
M. le professeur de Lécnhard offre d’échanger son journal
trimestriel le J ahrbuch fur Minéralogie, Geognosie et Paléon-
tologie, contre le Bulletin de la société. Il annonce en même
temps que son ouvrage sur les basaltes est très près d’être
achevé, et qu’il pense que probablement les calcaires grenus
de l’Odenwald sont du Muscheikalk altéré par la voie ignée.
M. le marquis Paretto de Gênes annonce pour le mois pro-
chain un envoi de fossiles et de roches de Lygurie.
M. Boué fait hommage à la Société d’un nouveau recueil
qu’il commence à publier, et ayant pour titre : Mémoires
géologiques et p a léonto logiques. Les premières feuilles sont
consacrées à un travail intitulé : C onsidérations générales et
explicatives de sa carte géologique d' Europe 9 sur la distri-
bution géographique , la nature et C origine des terrains de
l'Europe. On y trouve ensuite le résumé des observations
conchy biologiques de M. Deshayes, relativement au classe-
ment des dépôts tertiaires . In- 8°, Paris, 96 pag.
A l’occasion de ce mémoire sur les terrains de l’Europe,
M. Boué fait les observations suivantes :
Il pense avec MM. Jameson, Cordier et d’autres géologues que
M. Brongniart, dans le rapport fait en iSag sur la Théorie des
Soulèvemens, par M. de Beaumont, n’aurait pas dû prétendre
qu’on n’avait encore observé avant cette époque aucun principe de
liaisons entre les chaînes composées de couches redressées et les
pays plats, à stratification régulière et horizontale ( Voy. Ann. de
Chimie et de Phys. , p. 6 du Rapport). De pareilles déductions
se retrouveraient , suivant M. Boué, dans des ouvrages même
bien plus anciens que ceux de Saussure, ainsi que dans des publi-
cations modernes.
M. Brongniart donne comme une idée nouvelle que toutes les
chaînes de montagnes n’ont pas été soulevées à la même époque.
M. Boué n’y peut voir qu’un oubli involontaire de sa part*
124 SÉANCE EXTRAORDINAIRE
M. de Beaumont ayant cité lui-même textuellement les grandes
époques de souîèvemens ( voy . Ann. des Sc. liât. , déc. 1829,
p. 3q5) que M. Boué a cru pouvoir établir par différentes con-
sidérations géologiques auxquelles il reconnaît que la direction
des chaînes est entièrement étrangère ( voy. Mémoires géolo-
giques et p alé ontologique s , p. 5). — M. de Beaumont a donc
seulement précisé davantage quelques époques de souîèvemens
dont M. Boué ne croit pas pouvoir restreindre le nombre autant
que le fait M. de Beaumont.
En réponse à ces observations , M, Elie de Beaumont fait obser-
ver que le nombre des personnes qui , en parlant du soulèvement
des montagnes, y avaient déjà fait diverses distinctions plus ou
moins explicites, était tellement considérable , qu’il n’est pas éton-
nant que M. Brongniart, tout en en citant un grand nombre, en
ait oublié quelques unes. MM. Parrot et Boué sont bien loin d’être
les seuls géologues dont les noms pourraient être ajoutés à la liste
des citations de M. Brongniart.
MM. de Beaumont et Brongniart se seraient peut-être épargné
toute espèce d’embarras, si, au lieu de citer quelques géologues
modernes ou contemporains , au risque d’en oublier quelques
autres , ils avaient eu Fidée de remonter tout simplement jusqu’à
Stenon, qui écrivait déjà à Florence en 1669, (Ilje ^ es couches
redressées avaient été formées horizontalement ; que les mon-
tagnes que nous voyons aujourd’hui n avaient pas existé dès le
commencement ; qu’il y en a qui sont le produit d’ éruptions
ignées ; qu elles ont des directions diverses sur la surface du
globe , etc.* et qui, relativement à la Toscane en particulier,
avait démontré par des figures que le sol horizontal de sédiment
marin (que nous appelons aujourd’hui tertiaire)^ est postérieur
à l’ existence des vallées dans lesquelles il s’est déposé.
Dates géologiques précises , noms propres de montagnes en
rapport avec chacune de ces dates, direction particulière des
chaînons de montagnes de chaque époque , Stenon avait manqué
de données pour s’en occuper; or, personne n’y avait suppléé
depuis, et il est défait qu’en 1829 il restait à essayer de donner
une forme positive au point de vue que Stenon avait aperçu cent
soixante ans auparavant.
Aussi la réclamation de M. Boué ne porte-t-elle que sur un
point particulier, sur l’annonce faite par lui du peu d’ancienneté
relative des Alpes , dans un passage d’un mémoire allemand im-
primé à Heidelberg en juillet 1827. M. de Beaumont, qui du
reste a reproduit le passage en question dans une note de ses
Recherches, sur les Révolutions du globe , rappelle que dans la
DU 3o JANVIER lSSs. 125
première partie de son Mémoire sur les Vosges , imprimée
dans la deuxième série des Annales des Mines (mai etjuin 1827),
il avait lui-même , à une époque où il ne pouvait avoir aucune
connaissance du travail de M. Boue, opposé les Vosges aux Alpes
(p. 4°5) , sous le rapport de leur âge relatif, et mentionné la dis-
location des couches alpines après le dépôt des terrains tertiaires.
La société reçoit aussi :
i° Le n° 9 de l’ Européen , journal des sciences morales et
économiques. Paris, in-4° ?
20 Les nos 28 à 4i du Lycée , journal des sciences et des
sociétés savantes. Paris, in-4°.
La société reçoit de M. Boubée le Prospectus de son cours
de géologie , divisé en deux parties , cours d’hiver et d’été.
M. le secrétaire pour l’étranger présente à la Société les
ouvrages suivans :
i° Une Description physique et médicale des sources mi-
nérales les plus connues dans les principales contrées de
l’Europe ( Physikal medicinisch. Darstellung der bek. Ileil-
quellen , etc.) , par M. E. Osann. Le premier volume in-8° de
46i pag, Berlin, 1829;
20 Recherches chimiques sur l’eau près de Niedernau [Che-
mische Cnlersucliung des Sauerwassers , etc.) , par C.-G.
Gmelin. ln-8° de 3 1 pag. Tubingue, 1828;
5° Recherches sur les rapports de température de l’Alpe
de Souabe ( Untersuckungen uber die Temperatur-V erhalt-
Ijïnse, etc.); Dissert, inaug. du Dr W. Fr. Kern. I11-80 de
28 pag. Tubingue , 1 83 1 ;
4° De Fonlium mutinensium admirandâ scalurigine
tractatus physico - hydros ta tiens , par Bernard Ramazzini.
ln~4°- Modène, 1691. C’est le premier ouvrage où les puits
artésiens soient décrits complètement ;
5° Les Catalogues des collections de minéraux, de roches
et de pétrifications qui sont en vente au Comptoir de miné-
ralogie à Heidelberg, dans le pays de Bade.
Le secrétaire pour la France présente l’ouvrage anglais de
M. Smith, sur les fossiles d’Angleterre, distribués par ter-
rain ( Strata idenlified et stratifica l arrangement ). Londres ,
1816, in-4°j pi. coloriées diversement suivant les terrains.
M. Boue fait hommage à lu Société de trente-huit lettres
1*6 SÉANCE EXTRAORDINAIRE
autographes, destinées à commencer la collection de lettres
et portraits de tous les géologues connus.
Elles sont de MM. de La Bêche, Catullo, Hérault, Dau-
beny, Graves, G. Hisinger de Stockholm, de Hoff, Hugi, de
Humboïdt, professeur Jaeger de Suttgardt, professeur Ja-
meson, Jouannet, Keferstein,Klipstein , de Léonhard, André
de Luc, Lill, Murchison, Nils , Nordenskiold , Palàssou ,
Pusch, Rengger, de Rosthorn, Sadler, Sartorius, Sc'hubler,
Steininger, Studer, Schwerin , Voith, de Vargas , Voltz,
Waldauf de Waldenstein, Weavêr, Webster de Boston, et
Razoumovski.
M. Desnoyers développe quelques considérations sur les
ossemens humains des cavernes (s) du midi de la France *
tendant à prouver que ces bs , et les objets de fabrication
humaine qu’on y a trouvés avec eux, y ont été laissés posté-
rieurement aux derniers grands cataclysmes , et ne sont point
contemporains des espèces détruites de mammifères aux-
quelles on les trouve réunis. Il s’appuie d’abord sur un passage
de Florus, historien du commencement du deuxième siècle.
Florus rapporte que César ordonna dJ enfermer tes rusés ha -
bitàns de T Aquitaine dans les cavernes où ils se retiraient , sui-
vant un usage commun à plusieurs tribus de race celtique qui
cherchaient dans ces retraites souterraines non seulement un
refuge en temps de guerre, mais un abri contre le froid , des ma-
gasins pour leurs chétives provisions de grains , pour les produits
de leurs chasses et de leurs pêches, et qui même y cachèrent plus
d’une fois avec eux des animaux déjà soumis à la domesticité. Les
Gaulois avaient d’ailleurs , au récit de César, une grande habitude
des travaux souterrains pour l’exploitation du fer et de la marne ,
mais le texte de Florus est bien plus spécialement applicable à
notre sujet : Aquitani , callidum genus , in speluncas se recipie-
hant , Cœsar jussit includi ( Florus , Jrlist. Rom. , Epit . L. Z ,
C. 10).
(i)Ccs observations ont été aussi présentées à l’Académie des
Sciences, et font partie d’un travail plus étendu que Fauteur se pro-
pose de publier sur ce sujet historico-géologique. — Il ne sagit pas
seulement ici des cavernes qui, comme celles de Durfort , contenaient
des amas d’os humains isolés /mais surtout de celles où a été constaté
leur mélange à des os de mammifères.
DÛ 5o JANVIER 1832. *27
Ces malheureux Aquitains auront en partie péri dans ces
grottes, et des cours d’eau y pénétrant postérieurement, auront
confondu leurs ossemens avec les limons , les graviers , et les dé-
bris d’animaux qui déjà étaient enfouis dans quelques unes, peut-
être bien long-temps avant eux. Une pâte stalagmitique aura
depuis, en certains endroits, comme à Bise , cimenté le tout en
aggrégats solides • les os d’ours et de cerfs , des lits inférieurs
avec les os humains , les poteries brisées, les coquilles terrestres ,
elles os d’animaux modernes, du limon noir superficiel. L’a-
baissement irrégulier de la voûte aura produit sur certains points
un contact , et une adhérence égalé des différens dépôts aux pa-
rois de la roche.
Cette explication est d’autant plus naturelle , que l’examen de
plusieurs cavernes montre , même sans parler du fait des ébou-
lemens qu’on y voit si fréquemment, la trace évidente de diffé-
rens cours d’eau séparés par des intervalles de sécheresse , des lits
de graviers ossifères , alternant jusqu’à trois fois avec des couches
de stalagmites (cav. de Schockier, près de Liège). Les premiers
limons ont été d’ordinaire tumultueusement introduits et déposés
en lits très sinueux dont la surface ondulée a été irrégulièrement
recouverte de limons plus modernes. Des couràns moins violens
passant ensuite sur ces couches, tantôt les ont uniformément
recouvertes d’un même sédiment, tantôt ils ont disséminé les corps
gissans à la surface des limons plus anciens , et les ont entassés
dans les anfractuosités du sol inférieur* tantôt enfin, enlevant
une tranche horizontale de tous ccs dépôts , ils ont dû mettre
à nu, et en apparence , à un même niveau géologique , des corps
appartenant à des époques et à des couches en réalité très di-
verses. Ces différens âges de graviers et de limons en lits ondulés
se voient très bien dans la plupart des cavernes du midi de la
France, dans celles de Bise , de Sommières , etc. ) et les alluvions
récéntes prédominent même dans quelques unes. La surface très
inéjg&le du limon ossifère est un fait qui s’observe dans beaucoup
d’aütres cavernes , quoiqu’on ne l’ait pas assez remarqué. M. Des-
noyers l’a vu de la manière la plus évidente dans la caverne de
Bahwell, dans les Mendips, en Angleterre, M. Bertrand-Geslin
l’a signalée dans celle d’Adelsberg.
Recourant de nouveau à la comparaison des témoignages his-
toriques et géologiques , M. Desnoyers fait observer qu’un grand
nombre de cavernes du Périgord, du Sarladais , du Quercy, de
la Guienne, provinces qui faisaient partie de la Gaule aquitanique,
telle quelle fut limitée par Auguste , montrent eu effet des traces
Iî8 SÉANCE EXTRAORDINAIRE
évidentes d’habitations, et même, conformément au récit de Flo-
rus , des traces de clôtures fort anciennes. On les nomme en-
core en Périgord C lus eaux , mot dont on peut trouver l’origine
dans- les cavernes inclasœ par César. Dans plusieurs , dans celle
de Breingues (dép. du Lot), celle de la Combe-Grenant ( dép.
de la Dordogne), décrites par M. Delpon et M. Jouannet, de
nombreux ossemens de mammifères d’espèces en partie perdues ,
étaient enfouis, comme dans celles du Languedoc , sur le même
sol qui , plus tard , reçut les débris de l’espèce humaine et d’une
grossière industrie. Si l’on examine le sol extérieur de l’ancienne
Aquitaine , on le voit presque aussi couvert de monumens d’ori-
gine gauloise que la Bretagne ; dans le seul département du Lot,
sur le territoire des anciens Cadurci , M. Delpon a signalé près
de 5oo dolmen et un plus grand nombre de tumulus .
Mais ce n’est pas seulement à la période gauloise ou gallo-
romaine que peut se rapporter l’habitation des cavernes de cette
contrée; elle a dû se conserver long-temps dans les mœurs d’un
peuple exposé auxdésordres des guerres presque perpétuelles qui le
tourmentèrent durant plus de dixsiècles, sous lesinvasions successi-
vesdesGoths, desSarrasins, des Francs, desNormands, des Anglais.
On en retrouve en effet une preuve aussi authentique que celle de
Florus, six cents ans après cet historien. Eginhard nous apprend
(Annal, de Gestis Car. magni , an 767) que le roi Pépin, après
une lutte prolongée contre les Aquitains et les Wascons, se rendit
maître de la plupartdes châteaux , roches et ça vern es dans lesquels
se défendaient lessujei.sde Waifre, dernier duc d’Aquitaine : Cas -
tella mulla , et petras , atque speluncas, in quibus se hostiwn ma-
nus plurima defendebat , capit ( D. Bouquet , Recueil des Hist.
de France T. F., p. 200). On retrouve en effet dans le dép. du
Lot des traces nombreuses de ces cavernes habitées et fortifiées à
différentes époques ; M. Delpon en a décrit plusieurs dans son
intéressante statistique du Lot. On peut même dire que cet usage
des demeures souterraines , soit passagères , soit fixes, est bien loin
de s’être anéanti dans nos provinces, puisque, sur les bords delà
Loire seulement, quinze à vingt mille familles des dép. de Loir-et-
Cher, d’Indre-et-Loire, de Maine-et-Loire, n’ont pas d’autre ha-
bitation que les grottes creusées dans les collines de craie tufau.
Mais pour ne parler que des cavernes à ossemens humains
du midi de la France^ et même en supposant ceux-ci de l’é-
poque historique la plus éloignée, l’argument que MM. Marcel
de Serres et Tournai ont particulièrement cru pouvoir tirer
de la grossièreté des produits d’industrie qu’on y a découverts,
pour leur attribuer une antiquité fort au-delà des temps his-
ȟ 5o JANVIER i83a. 129
toriques , ne présente pas à M. Desnoyers une telle conséquence.
Les observations si exactement faites et une partie des objets
d’art découverts par M. J. Teissier dans la caverne de Mialet ,
près d’Anduze (lampe et figurine d’argile cuite, bracelets de
cuivre), indiquent même presque incontestablement pour celle-
ci la période gallo-romaine, comme l’examen attentif des crânes
humains démontre la race Caucasique, souche des habitans pri-
mitifs de l’Europe • ce qui confirme encore le témoignage de Flo-
rus, même pour les provinces voisines de l’Aquitaine, puisque
dès-lors le territoire actuel du Languedoc faisait partie de la pro-
vincia romana , dont les habitans primitifs , les Volces tectosages
et arécicomans , n’avaient cependant point encore perdu tous
leurs usages celtiques, sous l’influence de la domination romaine.
Quant aux autres objets trouvés dans plusieurs cavernes des
dép. de l’Aude, du Gard, du Lot, de la Dordogne, etc., et
dans celle de Paviiand, en Angleterre, tels que des fragmens de
poterie noire imparfaitement cuite et pétrie, des haches et des
dards de flèche en silex* des os effilés , tels que les emploient les
sauvages pour armer leurs flèches et leurs lances ; des os taillés en
forme de fourchettes et de peignes , des coquilles et des dents
d’animaux percées comme pour servir d’amulettes , etc. ; tous
ces objets se retrouvent très fréquemment dans les fouilles des
Tumulus, de s Dolmen et des Oppidum , sépultures, autels et
foyers de défense des habitans primitifs de la Gaule, de la Grande-
Bretagne et de la Germanie ; ils annoncent le même degré de
civilisation qui fit élever ces monumens extérieurs, et non point
une industrie antédiluvienne.
En effet, malgré l’opinion des partisans exagérés de notre
civilisation nationale à son berceau , opinion cependant partagée
par des savans d’un grand mérite, il n’en est pas moins prouvé
par une foule de témoignages historiques que , même à l’époque
de la conquête de César, la plupart des tribus gauloises restées
jusque-là indépendantes avaient encore l’usage de se tatouer,
de se peindre le corps, de sacrifier des victimes humaines dans des
sanctuaires de pierres brutes, d’habiter au milieu de vastes forêts
et sur le bord des rivières , des huttes rondes comme celles des
sauvages, de se servir d’armes de pierre , etc. Beaucoup d’autres
usages qui montrent chez ces peuples une civilisation dans l’en-
fance , tout- à-fait en rapport avec les monumens grossiers que ces
peuples ont laissés sur notre sol et avec les objets d’industrie dont
on peut avoir rencontré quelques faibles débris dans les cavernes.
Par une autre coïncidence très intéressante à constater, on
Soc. géol. Tom. II. 9
ïSo SÉANCE EXTRAORDINAIRE
trouve souvent dans les fouilles des monumens gaulois , avec les
mêmes objets d’industrie découverts dans quelques cavernes à
ossemens de mammifères détruits, des os d’espèces encore exis-
tantes d’animaux domestiques ou sauvages, surtout de cerfs , de
moutons , de sangliers , de chiens , de chevaux , de bœufs , et des
coquilles marines analogues à celles qui. vivent sur les côtes voi-
sines. Ge fait a été observé dans le Quercy, comme dans plusieurs
autres provinces. Nul doute que ces corps n’aient été placés dans
les tombeaux et sous les autels celtiques, en mémoire, soit de
Sacrifices offerts aux divinités gauloises , surtout à Hésus, le
Mars des Gaulois (Maiti, animalia capta immolant , dit César),
soit de repas religieux et funéraires , soit enfin par suite d’une
croyance superstitieuse commune à beaucoup de peuples , et qui
faisait déposer auprès des morts de là nourriture et des provisions
destinées aux mânes, pour une seconde vie. N’est-il pas très pro-
bable que dans certaines cavernes qui ont pu, à la fois ou succes-
sivement, servir d’habitations, de retraites ^religieuses , comme
les antres de Mithra et les grottes druidiques, et enfin de sépul-
tures, les ossemens d’animaux plus modernes et les coquilles
marines qu’on a trouvés avec les os humains , surajoutés à l’an-
cien limon ossifère,si constamment fluviatiîe , auront eu une
pareille origine historique plutôt que géologique?
C’est dans cette nouvelle sorte de gisement des Dolmen et des
Tumulus , gisement, pour ainsi dire, historique et monumental,
qu’il faudrait rechercher , mais encore avec une certaine circon-
spection, quoique avec une plus forte garantie d’authenticité que
dans les caveriies , les débris de certains animaux contemporains
des plus anciens peuples de la Gaule. On sait en effet que l’Au-
roch, le Buffle ou taureau sauvage, certains cerfs qui vivaient
alors dans les grandes forêts , peu à peu défrichées , de la Gaule
et de la Germanie, n’en ont été qu’insensiblement expulsés par
lès progrès dèla culture et de la civilisation, puisque l’Urus exis-
tait encore dans les "Vosges, sous les premiers rois Francs, au
y* siècle. Les Gaulois, grands chasseurs , se faisaient une gloire
des dépouilles dé ces animaux, surtout des buffles et des cerfs,
qu’ils offraient à Cernunnos, leur divinité de la chasse, ou qu’ils
fixaient, avec les crânes de leurs ennemis, aux portes de leurs ha-
bitations. Les cornes d’urus leur servaient aussi de coupes dans
les festins.
On a donc quelque chance de retrouver ces objets sous les pierres
druidiques, et les tombelles, sous celles - là , du moins qui sont
ȟ 5o janvier i83a. i5i
antérieures au mode de combustion des morts et des victimes , et
antérieures aux invasions des Francs , des Danois , des Saxons , qui
conservèrent long-temps partie des mœurs celtiques ou germa-
niques.
Cette recherche est un nouvel appui que les antiquaires peu-
vent fournir aux géologues.
M. Desnoyers a déjà attentivement examiné sous un point de
vue analogue la riche collection de monnaies gauloises de la bi-
bliothèque royale. Sur les plus anciennes;, sur celles qui ne parais-
sent pas être une trop évidente imitation des monnaies grecques
ou romaines , il a reconnu le plus habituellement , autant que le
permettent des grossiers dessins, des représentations d’animaux,
surtout de sanglier, de cheval, de taureau sauvage et de cerf ,
espèces qui vivaient alors sur le sol de la Gaule, et dont les os
se retrouvent sous les monumens celtiques. On y voit bien en-
core, beaucoup plus rarement, des animaux symboliques ou
monstrueux, des copies infidèles d’oiseaux, ou d’autres animaux
communs sur les monnaies grecques* mais les plus fréquens et
les plus caractéristiques sont les quadrupèdes que l’histoire nous
apprend avoir été propres au sol de la Gaule et à la vie indus-
trielle de ses habitans.
Si l’on rencontrait sous les monumens celtiques des ossemens
d’ours , de rhinocéros ou d’autres espèces perdues qu’on trouve-
rait d’un autre côté figurés sur les monnaies, c’est alors qu’on
aurait droit de conclure la contemporanéité sur le même sol de
ces animaux et de l’homme , bien plutôt que de leur réunion dans
des cavernes où tant de causes ont pu et dû produire divers re-
maniemens. Rien jusqu’ici , cependant, ne contredit les résultats
généraux zoologico-géologiques constatés par M. Cuvier* et les
fruits du très petit nombre de recherches faites dans cette nou-
velle vue, ne nous montrent encore que des espèces analogues à
celles qui vivent de nos jours. C’est ainsi que M. de Blainville,
dans l’examen de quelques ossemens des Tumuli et des Tuguria
de l’Oppidum Gallo-Belge ( Cité de Limes), des environs de
Dieppe, n’a reconnu, dans six ou sept espèces ( chien , cochon ,
cerf, mouton , boeuf, etc.) , aucune espèce détruite.
• D’après ces diverses considérations et d’autres témoignages his-
toriques que rappelle M. Desnoyers, les ossemens humains des ca-
vernes , qui sont eux-mêmes de différentes époques, lui paraissent
être au plus loin d’origine gauloise ou celtique, quelquefois même
bien plus récens et n’etre, pas plus que les monumens druidi-
ques , antérieurs aux dernières grandes catastrophes du globe. Il
l5a SÉANCE EXTRAORDINAIRE
ne voit pas non plus jusqu’ici de preuves suffisantes que depuis
rétablissement de l’homme dans la Gaule d’autres espèces de grands
mammifères, surtout de genres des contrées équatoriales, aient
été détruites, que celles dont l’histoire y a constaté l’existence.
La question des ossemens humains des cavernes présentait trois
points de vue principaux :
Ou ces ossemens étaient antédiluviens, comme ceux des mam-
mifères d’espèces perdues avec lesquels on les rencontre (ours,
hyènes, rhinocéros, etc.), et l’existence de l’homme aurait alors
précédé dans nos contrées les derniers soulèvemens de montagnes
qui ont dispersé le gravier diluvien , et les grands çhangemens de
température qui paraissent aussi avoir contribué à leur destruction.
Ou bien ces grandes espèces de mammifères n’auraient été dé -
truites par des causes lentes et naturelles que depuis les temps
historiques, ou du moins depuis l’invention des arts et depuis
l'établissement des hommes sur le sol de notre France méridio-
nale; et les Gaulois, pourrait -on dire, auraient chassé aux
rhinocéros , aux hyènes, comme à l’unis, à l’élan et au sanglier.
Ou bien enfin la réunion sur le môme sol souterrain de ces
différens corps n’était que le résultat de plusieurs causes fortuites
non simultanées et distinctes du phénomène général des cavernes
à ossemens.
Plusieurs géologues se sont fortement prononcés pour les
deux premières opinions et pour la contemporanéité de l’homme
et d’un assez grand nombre d’espèces entièrement perdues.
C’est l’opinion contraire et la troisième explication du fait que
M. Desnoyers a essayé de soutenir. Cette opinion , qui paraît
devenir celle du plus grand nombre des géologues , ne diminue
en rien l’intérêt des découvertes et des observations dont
MM. Marcel de Serres, Tournai, de Ghristol, Farines, etc.,
ont tiré des conséquences opposées en reproduisant , à l’égard des
cavernes, la présomption à' hommes fossiles contredite par tous
les autres gisemens; mais peut-être qu’envisagée plus particuliè-
rement sous le point de vue historico -géologique, la question
leur semblera plus douteuse et pourra être éclairée par de nou-
velles observations.
Toutefois le fait des os humains et des objets d’industrie dans
les cavernes n’était pas nouveau; il avait été antérieurement
signalé surtout par MM. Hosenmüîler et de Sommering pour
les cavernes de la Franconie; et pour celles de l’Angleterre, par
M. Buckland , qui même en avait fait l’objet *d’un chapitre spé-
cial de ses Reliquiœ diluvianœ ; mais aucun de ces savans, non
DU 3o JANVIER ï832. 1 53
plus que M. Cuvier, n’en avait conclu la contemporanéité de
l’homme et de plusieurs grandes espèces détruites , regardées
comme antédiluviennes , tant le sol meuble et graveleux du fond
des cavernes, exposé à Faction réitérée des cours d’eau souterrains,
peut avoir subi de remaniemens postérieurs à un dépôt primitif.
M. Boubée observe que l’examen géologique de plusieurs
cavernes du Midi de la F rance confirme , selon lui , ces témoi-
gnages historiques. Les alluvions qui les remplissent lui parais-
sent être plus modernes que le grand attérissement diluvien.
Le rapport sur la gestion de M. de Roissy, archiviste, est
renvoyé à la prochaine séance, par suite de la démission de
l’un des trois commissaires ( M. Héricart Ferrand).
Le président nomme en remplacement , M. Puzos.
M. Boué, dans le dicours suivant, résume les progrès de
la géologie, et ses applications pendant l’année écoulée.
Messieurs ,
Appelé pour la seconde fois à l’honneur de vous présenter un
tableau des progrès de la géologie et de ses applications , pendant
l’année qui vient de s’écouler, je le ferai d’après mon ancien plan.
La science devient toujours plus vaste; elle acquiert sans cesse
de nouvelles branches de recherches ; la multiplicité des journaux
transmet, dans peu de mois, les nouvelles découvertes d’un bout
du monde à l’autre; et ainsi la plupart des mémoires géologiques
deviennent classiques, ou sont au niveau des connaissances du
moment. Si cet état des choses va bientôt rendre la vie d’un
homme trop courte pour embrasser toute la science, il m’ôte
vraiment la faculté d’être bref, tout en me tenant aux seuls faits,
tandis qu’il m’oblige à vous donner plutôt un catalogue raisonné
qu’une dissertation complète qui exigerait un volume.
Les personnes qui s’occupent habituellement de géologie vou-
dront bien pardonner certains détails qui ne s’adressent qu’à ceux
de nos confrères plus novices dans cette science.
Après l’énumération des nouvelles sociétés et des publications
périodiques récemment entreprises et intéressantes pour le géo-
logue , je passerai en revue les principaux travaux géologiques
exécutés en 1 83 1 , savoir : les descriptions géognostiques de cer-
taines localité Y ça de grandes contrées ; les cartes géologiques ,
les traités généraux , les ouvrages et les mémoires paie' ontolo-
giques.
?34 RÉSUMÉ DES PROGRÈS
J’exposerai ensuite les faits ou les problèmes géologiques qui
paraissait avoir attiré plus particulièrement V attention des géo-
logues, et je terminerai par résumer les travaux et les résultats
des sondages ou des puits forés dans ces derniers temps.
L’année 1 83 1 ayant été politiquement et sanitairement fort
agitée pour l’Europe , nous ne devions guère nous attendre à Yé-
tablissement de sociétés savantes ou de publications nouvelles.
Néanmoins je trouve à signaler, en Angleterre , deux nou-
velles associations , i’une à Bedford, et l’autre à Chichester. Un
musée a été fondé dans la première ville , et la société philo-
sophique et littéraire de Gliiçhester forme aussi des collections.
Frappée des avantages des réunions annuelles et nomades des
naturalistes de la Suisse et de l’Ailetïiâgçè , la ville d’York, a vu,
en septembre dernier, la première assemblée des naturalistes et
physiciens des Iles-Britanniques.
Des personnes distinguées des trois universités d’Edimbourg,
d’Oxford et de Cambridge , se sont mises à la tête de ce nouveau
mouvement scientifique, et il n’est pas douteux que cette société
naissante ne devienne bientôt nombreuse, et très efficace pour les
progrès des sciences physiques etnaturellés. Déjà le compte-rendu
des séances d’York est sous pressé; Oxford est choisi pour le lieu
prochain de réunion ; et le bureau a été établi , pour cette année ,
sous la présidence de M. Buckland.
Aucune réunion n’a presque lieu en Angleterre sans qn’il
n’en coûte quelque argent aux membres présens ; et les Anglais
étant, d’une autre part, fort jaloux de la gloire scientifique et
nationale, il s’ensuivra naturellement que cette société publiera
incessamment de beaux recueils, et distribuera, comme la Société
royale et la Société géologique, des encouragemens aux personnes
qui cultivent les sciences. Elle désire déjà spécialement de se
mettre en rapport avec les sociétés semblables du continent; de
manière que l’on arrivera enfin à l’établissement de grands congrès
scientifiques , qui , en rapprochant les hommes éminens de nations
très diverses , feront cesser les rivalités et feront tourner les qua-
lités et les connaissances de chacun des peuples au bénéfice de tous.
Avant de quittet l’Angleterre, je dois mentionner que la pre-
mière distribution du prix de géologie , fondé par M. Wollaston ,
a étéàdjugéàM. W. Smith, comme auteur de la carte géologique
de l’Angletérre , et comme ayant le premier employé les caractères
paléontologiques dans la détermination des formations britanniques.
Dans Y Europe continentale , les grandes réunions scientifiques
annuelles n’ont pas eu lieu; en Suisse, à cause des évènemens pm
de la géologie en i83o et i85i. i55
litiques; en Allemagne, par suite du choléra. Les séances de
Tienne ont été remises à l’an prochain.
Les publications des sociétés savantes en Angleterre n’ont pas
souffert de la crise européenne.
En Ecosse, je trouve à signaler la publication du sixième volume
dés Mémoires de la Société werne'rienne , qui contient trois mé-
moires géologiques, savoir : un mémoire sur la chaîne de Snow-
don, dans le pays de Galles , par M. Stuart-Menteath ; une
notice intéressante sur un fdon d’asphalte, dans le gneiss des monts
de Castleleod , près de Dingwall, en Angleterre, parM. Witham,
et un article sur les os fossiles de diverses cavernes d’Angleterre ,
par M. G. Young.
La nouvelle Société de Newcastle sur Tyné , ou du Northum -
berland et du Durham , a fait paraître les 2* et 3e parties de son
premier volume , riche en documens de géologie locale.
La société philosophique et littéraire de Plymouth a mis en
vente le premier volume in- 4° de ses Transactions , contenant
une monographie géologique des environs de cette ville , par
M. Hennah.
Si l’on n’est pas étonné que les sociétés royales et géologiques de
Londres publient chaque année de beaux volumes , l’apparition et
la réussite de ces publications provinciales sont d’autant plus
étonnantes qu’elles ne sont point achetées par tous les géo-
logues anglais. Ce sont les simples amateurs et les gens riches qui
soutiennent ce genre de publications.
Un nouveau volume des Transactions de la Société géologique
de Londres vient de paraître.
La Société de Cornouailles est occupée à imprimer son qua-
trième volume.
Si la Société wernérienne était en retard pour ses publi-
cations, à cause des trois journaux scientifiques existant à Edim-
bourg, les Instituts littéraires d’Invcrness (Northern institute) ,
de Banff et même de Ferth , de Scarborough et de Bristol , et la
Société d histoire naturelle de Belfast, en Irlande, promettent
de publier des documens géologiques; enfin MM. Webster et
Ainsworth ont donné successivement des cours de géologie à l’In-
stitut royal de Londres. M. Lyell est devenu professeur de géo-
logie au collège royal à Londres ; et la vaste collection de feu
M. Sowerby l’aîné a été achetée par une personne qui en a fait
une espèce de musée public pour l’étude.
En France, les sociétés de Strasbourg et de Bordeaux ont été
seules actives. La dernière a récemment publié un cahier; la
1 56 RÉSUMÉ DES PROGRÈS
seconde partie du premier volume des mémoires de celle de
Strasbourg est sous presse.
A Marseille, on vient de commencer la publication d’un
journal scientifique intitulé Annales des Sciences et de V Indus-
trie du Midi de la France. Il recevra surtout les travaux des
Languedociens et des Provençaux.
Vous savez que M. Boubée vient d’achever son second voyage
de géologie fait avec des élèves.
En Allemagne, outre la continuation de tous les recueils pé-
riodiques, la Société de Marbourg , ainsi que Y Académie impé-
riale Léopoldine, ont fait paraître chacune un volume.
Je dois aussi signaler les articles géologiques de la Revue de
Berlin ( Ialirbucher fur wissenschaftliche Kritik ).
U Acad, des Sc. dêBerlin a proposé, pour 1 833 , un prix, pour
la question de savoir si la tourbe est bien d’origine végétale.
M. le professeur Czenmak a commencé, à Vienne, un jour-
nal d’histoire naturelle.
Un cours de minéralogie et de géologie est donné par M. Walch?
ner à Carlsruhe , dans le pays de Bade ; et un cours de paléon-
tologie a été établi à Freiberg par M. Reich.
De plus je trouve, dans le n° 8, pour 1828, de Ylsis, un article
intéressant sur les objets géologiques et palcontologiques dont se
sont accru un bon nombre de collections particulières ou de mu-
sées. Je renvoie les voyageurs naturalistes a cette énumération
et à notre catalogue des collections d’Allemagne.
Enfin je remarque que le Comptoir minéralogique de Heidel-
berg n’a pas envoyé de livraison de sa Collection géologico-
paléontologique; tandis que la Société wurtembërgëoise d’Es-
lingen continue d’enrichir les cabinets des particuliers par des
voyages entrepris par actions. Un Allemand, M. Teuschwanger,
est même allé , par spéculation , faire des collections géologico-
minéralogiques aux Etats-Unis.
En Italie , les troubles politiques ont arrêté la publication
régulière des Annales d’hist. nat. de Bologne , auxquelles coopé-
raient les professeurs Bartoloni , Ranzani , Alessandrini etOrioli.
Y^ePoligrqfe , rédigé à Vérone par M.Berti, a succédé, depuisîe
milieu de l’année i83o, au journal de Trévise ; et les Annales des
sciences du royaume lombar do-vénitien , publiées in-4° à Vicence
par M. Fusineri, ont remplacé le journal d’histoire naturelle de
Pavie. Enfin M. Vieusseux , de Florence, a annoncé la publica-
tion <Y Annales italiennes pour les sciences mathématiques , phy-
siques et naturelles.
DE LA GEOLOGIE EN l85o ET 1 83 1 .
En Sicile , la géologie est assez cultivée par MM. Gemellaro ,
Ferrara., Scina , J . Alessi, Nava , G. Alessi , Giacomo , Bernardi,
La Via, etc. ; et M. Philippi, à Catane, s’occupe spécialement
des coquilles fossiles et vivantes.
La révolution de Pologne a arrêté jusqu’ici l’établissement du
Journal des Mines , projeté par MM. Pusch et Pieklewsky. Il
n’y a pas encore dans ce pays de chaire spéciale de géologie, et
la translation de l’université de Kielce à Varsovie, si utile pour
d’autres branches d’études , pourra nuire aux progrès de la géo-
logie , vu que les personnes qui la cultivent se trouvent placées
plus loin des montagnes et au milieu des alluviôns.
Nous n’avons pas encore la certitude que la Société minéralo-
gique de Saint-P e'tersbourg ait achevé la publication de son pre-
mier volume de Mémoires russes et allemands.
U Académie impériale de Saint-Pétersbourg a commencé, en
i83o , une nouvelle série de mémoires en français ; MM. Kupfer
et Hess y ont déposé leurs observations géologiques. Les publica-
tions françaises mensuelles de la Société des Natural. de Moscou
continuent , et les amis des progrès des sciences doivent être bien
satisfaits d’apprendre qne cette association a 10,000 roubles à dé-
penser par an , dont 3ooo sont destinés à des naturalistes vovageurs.
Depuis 1829, le Journal des Mines russe ou de Saint-P éters-
bourg s’est infiniment amélioré , et l’établissement de l’école des
mines porte déjà ses fruits parmi les nombreux élèves répandus sur
l’immense surface de cet empire. Les trois dernières années de
ce recueil offrent vraiment des mémoires très importans, accom-
pagnés souvent de cartes géologiques coloriées , dont le nombre
s’élève déjà à.dix-sept. L’addition de ces dernières est inappré-
ciable pour les étrangers; car, sans apprendre le russe, avec un
simple alphabet à la main , chacun peut assez facilement les com-
prendre ; les termes de la science étant les mêmes, et la diffé-
rence des lettres étant toute la difficulté. Les notices les plus
importantes ont rapport à diverses parties de la Russie septen-
trionale , de l’Oural et des provinces turco-russes.
Pour mieux faire apprécier ce recueil, je pense être agréable
à la société en lui en donnant une idée sommaire.
Les matières y sont distribuées en général sous les titres sui-
vans : la minéralogie , la géologie, la chimie minéralogique, la
métallurgie, la bibliographie, et des petites notices. Les articles
originaux ont surtout rapport à la géologie ou à l’art des mines,
et rarement aux autres sujets. Depuis 1829, les rédacteurs ont
donné plus de soin à la partie bibliographique ; ils ont traduit des
1 58 RÉSUMÉ DES PROGRÈS
mémoires étrangers en entier , et en ont analysé un plus grand
nombre qn’auparavant. La paléontologie a été aussi plus souvent
traitée dans ce journal, et F on peut dire qu’il tient le lecteur en
Russie au courant de toutes les découvertes géologiques ou
métallurgiques qui se font journellement en Europe.
Comme il y a tout lieu de penser que les observations géolo-
giques tendent à se multiplier toujours plus en Piussie, le journal
russe deviendra indispensable à tout géologue, ou du moins on
sentira le besoin de donner une traduction des mémoires origi-
naux à Saint-Pétersbourg même ou hors de l’empire russe.
Avant de quitter l’ancien continent, je ne dois pas oublier de
faire attention à deux foyers nouveaux de lumières qui com-
mencent à poindre dans l’Orient j je veux parler de Y Institut
scientifique du Caire , et de la publication d’une Gazette turco -
française , par le gouvernement du grand-sultan.
Les prodiges d’une civilisation toujours progressive aux États-
Unis continuent à étonner notre vieille Europe, qui a de la peine
à sortir des anciennes routines.
Une nouvelle société scientifique et un musée ont été établis à
Chester en Pensylvanie ; et, dans le Massachusetts , il se forme
dans ce moment plusieurs lycées, qui ont pour objet spécial
d’établir de's collections de roches et de minéraux j de faire exé-
cuter des relevés topographiques et géologiques , et de répandre
les connaissances des sciences naturelles et utiles.
Une nouvelle université §e fonde à New-York sur' le plan de
celle de Londres • il est probable qu’elle aura plus de succès que
cette dernière, qui a eu à lutter contre les préjugés les plus invé-
térés et contre l’intérêt personnel de savans distingués ou d’autres
établissemens.
Enfin, M. Eaton, professeur à l’école Rensselaer, à Troyes,
a entrepris des voyages géologiques avec ses élèves. Le dernier
numéro du journal de Silîiman contient les observations faites
dans un tel voyage , qui a coûté à chaque élève 1 5oo fr. pour six
semaines, c'est-à-dire, plus de 35 fr. par jour. Sous un habile
professeur, de pareilles courses bien dirigées peuvent enseigner
promptement la géologie, bien mieux que tous les cours et les ca-
binets. Elles sont pour la géologie ce que la botanique rurale
est pour cette dernière science.
Les collections géologiques du lycée de New-York , des sociétés
d’histoire naturelle de Philadelphie, d’Albany, la société de
Franklin , à Providence , etc. , augmentent sensiblement.
Au Canada , les deux sociétés de Montréal et de Québec offrent
de la géologie en i85o et i85i. 159
un avenir prospère ; leurs collections s’accroissent, et elles im-
priment déjà chacune un second volume de leurs mémoires.
Je puis encore ajouter qu’en 1829 le président de la répu-
blique de Guatimala a fondé une espèce d’académie scientifique
sous le titre de Société économique des ,Âmis du pays. Cette so-
ciété a déjà publié un volume de mémoires in-4°, en 1829,
( Memorie de la Sociedad de los Amigos di Guatemala ) , et un
recueil mensuel de i83o-i83i , in-8° ( Mensile Giornale). On y
trouve surtout des notices géographiques et statistiques.
La Société dé Histoire naturelle de Vile Maurice doit avoir
commencé une publication.
Après ce coup-d’œil sur les sociétés et les publications pério-
diques, je passe à l’énumération des descriptions géologiques de
diverses contrées du globe (1).
L’Ecosse a été visitée récemment par deux habiles géologues
prussiens, MM. d’Oeynhausen et deDechen. Connaissant bien la
géologie de l’Allemagne, il s* ont pu d’autant mieux étudier le ter-
rain classique de l’Ecosse. Ce voyage nous a procuré déjà cinq mé-
moires fortintéressans, et insérés dans les Archives deM. Karsten.
Le porphyre de la cime du mont Ben- Ne As , le plus élevé de
l’Ecosse, repose, suivant eux, sur le granité, ou plutôt s’élève
non en-dessus, mais comme un culot, du milieu d’une masse gra-
nitique ousyénitique. De semblables gisemens paraissent fréquens
en Norwège. h
Le Mémoire sur les trapps et les grès d’ A rthur s Seat n’est nou-
veau que par la coupe figurée de Salisburv-Craig; mais celui sur
Y île de Sky est très important, en ce qu’il confirme pleinement
que la syénite et la sélagite sont postérieures au lias; que la syénite
est un dépôt plus ancien que la sélagite , que le basalte est dû à
une éruption ignée encore plus récente que celle qui a produit
la sélagite, et que le lias de Sky a été modifié ou même changé en
calcaire grenu au contact avec la syénite cellulaire.
Les renseignemcns sur les basaltes, sur le grand filon de réti-
nite du Seuil*, et sur les dikes de basalte, au milieu des oolites ju-
rassiques inférieures de Vile d' ’ESS> font mieux connaître cette île.
J_jeur travail sur Vile dé Arrari } déjà décrite par quatre géolo-
(1) Dans le résume des progrès de la géologie pour i83o cette par-
tie a été omise; le Bulletin ayant pris maintenant plus d’extension,
nous reproduisons ici une partie de ce qui avait rapport à i83o;
nous croyons répondre ainsi au désir manifesté par la société.
l40 RÉSUMÉ DES PROGRES
gués (MM. Jameson, Macculioch Necker et moi) , est surtout
intéressant, comme point de comparaison avec une esquisse sem-
blable de MM. Murchison et Sedgwick ( Trans . géol. N. S. vol. III,
p. 1) , où ces géologues établissent, par la position et les fos-
siles des grès rouges et des calcaires de la côte N.-E. de File
d’Arran , que ces roches sont l’équivalent du grès pourpré , du
calcaire de montagne, ou terrain houiller, du calcaire magnésien
et du grès bigarré.
MM. d’Oeynhausen et de Dechen arrivent à la même conclu-
sion, quoiqu’ils précisent moins ces subdivisions artificielles éta-
blies dans un seul et grand dépôt de grès rouge.
M. Macgillivray a donné des renseignemens sur les roches de
gneiss, de serpentines, etles filons granitiques et irappéens des Hé-
brides extérieures [Edinb. Journ. of nat. cindgeog. Sc. Jany. i85o,
p. 2^5, et mars, p. 4o3).
M. Jameson a publié des notes géologiques sur les gîtes puis-
sans de graphite dans le gneiss , au nord du canal Calédonien ,
et sur le groupe granitique et schisteux central des Grampians ,
autour de Castleton ofBraemar [Eclimb. phil. Journ. Oct. i83o).
On y voit que ce professeur , jadis si zélé nepluniste, a adopté
les idées huttoniennes, même pour les granités etles filons de
cette espèce.
Aucun fait nouveau n’est venu terminer la controverse entre
M. Macculioch et MM. Sedgwick et Murchison, relativement à
la question sur le granité de Caithnes , postérieur, suivant ces
derniers, aux dépôts jurassiques écossais. M. Macculioch leur
a contesté le dernier ce point si curieux [Quart. Journ. 1829).
Enfin , je dois signaler l’annonce de nouvelles forêts sous-
marines découvertes sur la côte nord-est de l’Ecosse, et une note
sur des silex de la craie et des couches argileuses existant sur le
rivage de la mer, près de Fetershead. Le silex étant, avec le
fluoré, un des minéraux communs les plus rares en Écosse, cette
indication est curieuse, et l’on peut se demander si le terrain
crayeux n’existe pas au fend de la mer, non loin des côtes du
golfe appelé Firlh of Murray. ,
En Angleterre , il y a eu , ces deux dernières années, non seu-
lement des publications de mémoires, mais aussi des monogra-
phies géologiques de certaines contrées ou de certains dépôts ;
tels sont le travail sur le sol crayeux de la partie occidentale du
Sussex, par M. P.-C. Martin [Geolog. Memoir on a part of
Western Sussex). Le bel ouvrage de M. Fhilipps, sur les côtes
DE LA GEOLOGIE EN l85o ET 1 83 1 . l^l
du Yorkshire ( Illustrations of the geology of Yorkshire ) , la
réimpression revue de celui sur le même sujet, par MM. Bird et
Young ( Geological survey of llie coast of Yorkshire) , la des-
cription de la géologie et des cavernes à ossemens du Sommersets-
liire, par M. J. Rutiler ( Délinéation of the Northwestern divi-
sion of the county of Sommerset , etc. ).
Je dois rappeler aussi que MM. Robberds et Taylor ont chacun
publié un ouvrage sur les aîluvions anciennes à ossemens et fos-
siles des côtes de* Norfolk. Le classement et la formation de ces
dépôts ont été éclaircis au moyen d’une controverse entre ces
deux géologues.
Parmi tous ces ouvrages, celui de M. Philipps est en première
ligne, parce qu’il nous donne le détail complet des diverses assises
calcaires marneuses, arénacées et charbonneuses du lias anglais,
et qu’il en décrit et figure les fossiles jusqu’ici incomplètement
connus.
Dans les Transactions géologiques de Londres , pour i85o,
nous trouvons trois mémoires géologiques concernant l’Angle-
terre. Le premier, de M. J. Philipps, est sur un groupe de roches
intermédiaires du Cumberland et du TV eslmoreland , et sur deux
failles considérables dans le calcaire de montagne. Le deuxième
est un travail très considérable sur le calcaire magnésien et la
partie inférieure du grès bigarré, par MM Murchison et Sedgwick.
Les auteurs retrouvent dans ces dépôts de l’Angleterre septen-
trionale les équivalens des cinq terrains secondaires inférieurs de
l’Allemagne , à l’exception du Muscbelkalk, comme un de nos
secrétaires l’avait déjà dit depuis long-temps, mais sans en donner
les preuves complètes. Dans la partie sud du même pays, l’ag-
glomérat magnésien remplacerait le grès rouge secondaire et le
zechstein. Le grès rouge est surtout développé dans les lieux où
il couvre le grès houiller en stratification conforme. Enfin, ils
appuient sur le dépôt mécanique aqueux du calcaire magnésien.
Le troisième mémoire est de M. de la Bêche , et donne des ren-
seignemens nouveaux sur les roches secondaires et intermédiai-
res, et en particulier sur les fions trappéens d'une partie des
côtes du Devonshire.
Le premier volume des trafisactions de la société d’histoire na-
turelle de Newcastle sur le Tync , contient .treize mémoires de
géologie, dont six ont rapport aux filons trappéens et à leur
effet sur les grès houillers ou les roches du calcaire de montagne
RÉSUMÉ DES PROGRÈS
142
du Northumberland (i). Les mines de houille de ce pays offrent
de belles occasions de s’assurer de l’élat de coke auquel est ré-
duite la houille près des masses trappéennes. M. Francis Forster
a inséré un mémoire étendu sur les houillères de la partie méri-
dionale du pays de Galles . M. N. Wood est entré dans de grands
détails sur les couches houillères du Northumberland et les dépôts
supérieurs et inférieurs de ce comté et du Cumberland; etM. Hut-
ton a donné un aperçu des localités et des coupes du grès rouge se-
condaire sous le calcaire magnésien du comté de Durham. Enfin ,
des remarques géologiques sur les bords de la .Tweed , près de
Berwick , en Ecosse , ont été présentées par M. 'Winch ; et le grès
rouge du môme comté a occupé M. William.
Parmi les autres mémoires publiés sur rAngleierre , on peut
remarquer un mémoire de M. Sedgwick sur le calcaire de mon-
tagne divisé en trois ou même sept groupes ; une notice sur le
graphite en filons au milieu du porphyre verdâtre ou dioritique
de Borrowdale , par M M. Dechen et d’Geynhâussen (Archiv. de
Karsten, vol. 1, cah. 2) ; la description par M. Nelson de Vile de
Jersey , composée de schiste cristallin et de gneiss ù filons et amas
granitoïdes ; une description des filons couches trappéens dans le
calcaire de montagne de V Angleterre septentrionale , par M. W.
Hutfon; un aperçu sur les fossiles de dépôts secondaires et in-
termédiaires dans les alluvions anciennes de Birmingham , par
M. Jukes ( Mag . of nat. hist ., juiil. i83i) ; une notice fort im-
portante de M. Gillierton sur des alluvions à coquilles marines ,
àPreston , dans le Lancashire , à 6 milles de la mer, et à 3oo
pieds au-dessus de l’Océan. Ces coquilles ressemblent beaucoup
plus aux tests des mollusques vivant encore sur les rivages
d’Angleterre , qu’aux fossiles du Crag de Suffolk
Enfin M. Trimmer a découvert des graviers d'alluvion conte-
nant des coquilles des mers d’ Angleterre au sommet de Moel-
Trifane , près de Caernarvon , dans le pays de Galles . Ces co-
quillages ont été remis à la Société géologique de Londres. De
plus, il a trouvé que les alluvions anciennes du comté de Caer-
narvon * entre la chaîne de Snowdon et le détroit de Menai , exis-
tent non seulement dans les vallées, mais encore sur les flancs
et les sommités des montagnes , et qu’elles offrent des débris pri-
maires et crayeux. Une élévation absolue de mille pieds est la
(1) Ce sont les mémoires de MM. Buddle, M. Forster, Trevelyan
et F. Forster et Williamson, Peile.
DE LA GÉOLOGIE EN î83o ET 1 85 1 . i45
plus grande hauteur qu’atteignent ces alluvions, dont le char-
riage a entamé çà et là les rochers. L'explication de ces faits
exige la supposition d’un niveau plus élevé des mers, ou bien
d’un soulèvement continental, ou d’un déluge. D’un autre côté ,
dans les pays de plaines ou de collines, il arrive souvent que les al-
luvions des très anciens lacs ou des cours d’eau se trouvent main-
tenant recouvrir des plateaux séparés par des vallées. Telle est au
moins l’opinion d’une partie des géologues.
En Irlande 9 M. Weaver, un des géologues les plus instruits
de l’Angleterre , vient de décrire le S. O. de V Irlande , et en a
présenté la carte géologique à la Société géologique de Londres.
Il nous fait espérer, dans quelques années, un travail semblable
sur la partie occidentale non encore décrite de cette île, de
manière que la carte entière de ce pays sera bientôt achevée.
Le nord a été décrit, vous le savez, par MM. Berger, Conybeare,
Buckland [Trans. géol.) ; l’ouest, par MM. Weaver, Steffens, Fit-
ton et Giesecke , les dépôts houillers deConnaught, de Leinster et
Ballycastle par M. Griffith (trois mémoires séparés sous le titre
de Miner, and geological survey > etc.) ; le reste le sera par M. Wea-
ver, qui pourrait déjà donner une carte complète de l’Irlande , té-
moin celle qu’il m’a permis de copier; mais sa modestie égale son
savoir, et il veut donner à son travail toute l’exactitude qu’on
peut attendre d’un seul individu.
Il résulte des travaux de MM. Weaver et Griffith, qu’une
partie des anthracites de V Irlande est au-dessous du grès pour-
pré, et que ce dernier recouvre toujours le sol intermédiaire
en stratification transgressive.
Vous ne vous attendez pas à ce que je m’arrête long-temps aux
travaux géologiques concernant la France , et publiés à la fin
de i83o et en i85i; vous les connaissez mieux que tous les
autres : il me suffit donc de les récapituler.
MM. de Beaumont et Dufrénoy ont republié leurs grands eliin-
portans Mémoires sur V ouest, le sud-ouest et le centre de la France.
Ils poursuivent activement, sous l’inspection de M. Brochant,
le perfectionnement de la carte géologique de la France, travail
pour lequel ils ont visité, en i85o, le sud-est de ce royaume ;
et celte année, les Pyrénées, et la partie sud-ouest.
M. Clerc a donné une notice géologique sur la formation
ardoisière du département des Ardennes.
M. Thirria nous a appris à bien connaître le calcaire jurassique
de la Haute-Saône et ses cavernes , ainsi que ces dépôts argilo -
RÉSUMÉ DES PROGRÈS
i44
ferriferes qui le recouvrent et appartiennent en partie au grès
vert. Depuis lors, de nouvelles observations lui ont fait rectifier
le classement de quelques points ; ainsi le terrain de Chailles est
à placer dans le haut de l’argile d’Oxford, et non pas dans le
Coral-rag, et le calcaire de Rupt dans le Cornbrash. Notre con-
frère M. Thurmann a bien étudié les terrains de Mcntbelliard ,
où les superpositions sont plus claires que dans la Haute-Saône.
Il a dressé , dit-on , des profils interessans pour le redressement
des couches. M. Kœchlin continue ses observations sur les
molasses et les alluvions de Mulhouse.
MM. Manès et Creissac ont imprimé un mémoire fort in-
structif sur le sud-ouest de la France; ils nous ont mieux fait
connaître l’étendue du terrain primaire de la Vendée, un petit
bassin houiller sur son bord méridional, et la distribution dp
lias. Ils nous ont donné surtout des détails précieux sur la suc-
cession des dépôts secondaires de la Charente-Inférieure, sujet
déjà traité par M. Dufrénoy. Vous savez que M. Fassy a remis,
il y a deux ans, à l’Académie de Rouen , une Description géolo-
gique du département de la Seine-Inférieure. Cette esquisse est
sous presse et n’a été retardée que par la gravure d’une grande
carte géologique détaillée.
M. Graves a donné des détails inléressans sur les cantons de
Nivillers et d.\ 'Auneuil , dans le département de l’Oise.
On a imprimé dans les Annales des Mines le mémoire très
connu de M. Eug. Robert sur le grès coquillier marin à débris
de pagure, au-dessus du calcaire parisien, de Bregy et de
Nanteuil-le-Haudoim
En Auvergne, M. Eecoq vient de faire paraître un Itinéraire
au Puy-de-Dôme , et M. Bouillet imprime ses Observations dans
le Cantal, dont il donnera une carte géologique.
MM. Lecoq et Peghoux ont continué leurs publications géo-
logiques dans les Annales scientifiques de Clermont , et le premier
a terminé, avec l’aide de M. Bouillet, sa Collection de vues et
de coupes du Puy-de-Dôme , ses, livraisons instructives de ro-
ches, et son Itinéraire géologique de ce département. Les mémoi-
res sur l’Auvergne de MM. Dufrénoy et Kleinschrod sont de i83o.
Depuis le mémoire de MM. Chaubard et Reigniac , sur le
sol tertiaire du Lot-et-Garonne, et les deux mémoires de
M. Jouannet sur celui de la Gironde , et sur les sondages en-
trepris près de Bordeaux; il n’y a eu sur le sud-ouest de la
de la géologie en i83o Et i 85 i . i45
France que le mémoire sur les cailloux roulés de la Gironde,
par notre confrère M. Biliaudel.
M. Tournai a donné la carte et une Description géologique du
département de V Aude. Il en tire la conséquence que les marnes
bleues marines ou subapennines forment la base du sol tertiaire
du Languedoc.
M. Desnoyers vous parlera des idées de M. Reboul sur les dé -
partemens de V Hérault et de V Aude.
A Montpellier, M. Marcel de Serres, depuis ses mémoires
sur Vaucluse , Salinelle et le Roussillon , en a composé plusieurs
autres qui sont sur le point d’être publiés, et en particulier une
indication des végétaux fossiles de Lodève.
Les deux mémoires publiés par M. Pareto sur la géologie du
Far font bien désirer qu’il en fasse le sujet d’une monographie,
car ce département contient d’abord presque toutes les forma-
tions secondaires, y compris le grès bigarré, le Muschelkalk
et les dépôts porphyriques ; puis il est à une des extrémités
du grand système géologique qui caractérise, comme je l’ai
détaillé ailleurs, tout le S.-E. de l’Europe et les Alpes.
J’ai donné un aperçu sur le gisement si curieux du gypse
quarzifère de Fitou dans le Roussillon. Qu’on veuille y voir
un élfet d’émanations ignées acides, ou qu’on rejette cette
théorie, il n’en résulte pas moins qu’une masse syénitique oudio-
ritique y est sous la forme d’un gros filon , dans un calcaire dont
elle est séparée par une bande de cargneule ou rauchwacke et de
calcaire siliceux , et que ce filon ne paraît pas avoir percé toute
la masse calcaire, puisqu’il est séparé en deux portions par une
butte de cette nature.
On sait que le dernier gouvernement des Pays-Bas avait or-
donné un relevé géologique général , à la tête duquel on avait
placé MM. Van Breda, Van Gorkum etd’Omalius d’Halloy. Pour
accélérer l’exécution de cette entreprise , des descriptions géo-
logiques de certaines contrées avaient été mises au concours par
l’Académie de Bruxelles et la Société des sciences de Harlem;
c’est ce qui nous a valu deux Mémoires sur le grand-duché de
Luxembourg , l’un par M. Steininger, et l’autre par M. Cauchy
(en 1825). En 1800, MM. Dumont et Davreux ont chacun com-
muniqué à l’Académie de Bruxelles un travail important sur la
province de Liège. Le dernier géologue a publié, conjointement
avec M. C. Willekens , une note sur le sol charbonneux et cal-
caire de la Belgique ; et dans son mémoire sur les environs de
$oc. géoh Tome II. 10
l46 RÉSUMÉ DES PROGRÈS
Liège , il reconnaît les divisions anglaises du schiste de transi-
tion, des calcaires intermédiaires , du grès pourpré et du grès
houiller. Ce travail complétera celui de M. d’Oeynhausen et Dec-
hen, et rectifie, dit-on, certains classemens proposés par RI. llo-
zct. A la fin de 1829, il a été publié en Belgique deux ouvrages
en hollandais qui sont peu connus, savoir : un mémoire de
M. Van Breda sur V aspect de la dolomie près de Durbuy dans les
Ardennes et sur la géologie de ce pays (in~4a avec 5 planches) ;
et une brochure de M. le professeur V. Bronn sur les moyens
à' utiliser des terrains incultes des Ardennes (in- 8°).
Les troubles politiques ont empêché la société de Harlem de
recevoir pour 1801 la description du Brabant méridional qu’elle
avait demandée. Néanmoins M. Morren a étudié autant qu’il a
pu les fossiles des dépôts tertiaires et d’alluvion des Flandres .
Il serait bien à désirer qu’il décrivît tous les ossemens de batra-
ciens, de rongeurs et de mammifères qu’il a découverts dans le
calcaire tertiaire du Brabant. Ce fait, rapproché des concrétions
siliceuses si fréquentes dans ce dépôt, et des ossemens découverts
par M. Van Hees dans un pilier des souterrains de Maestricht,
jette encore bien du doute sur le classement véritable de ces
divers aiftas reconnus tertiaires par MM. Conybeare, Buckland,
Fitton et Hony. N’y a-t-il pas une certaine probabilité à les pla-
cer dans le groupe tout-à-fait supérieur?
En Allemagne, nous trouvons d*abord dans le grand-duché
de Bade l’ouvrage de M. Eisenlohr sur le Kaiserstuhl ; celui de
M. d’Althaus sur le gypse d’eau douce et les molasses de l’Hégau ;
et la description du cercle du Necker inférieur par M. Bronn.
M. Jilipstein nous a décrit Y Odenwald , le Spessart et les dé-
pôts secondaires anciens de la Wettcravie. M. Walchner nous a
bien fait connaître le dépôt ferrifère soit alluvial , soit du grès vert
de Kandern , dont j’ai aussi parlé en publiant une note sur les
dépôts secondaires anciens qui se trouvent réunis et redressés
dans cette localité.
En Wurtemberg , depuis l’ouvrage classique de M. d’Alberti
et les belles cartes de MM. d’Oeynhausen et Dechen , M. le doc-
teur Hehl nous a donné une suite de mémoires, dont le dernier
traite des basaltes en filons et culots au milieu du calcaire juras-
sique , des cavernes de ce calcaire et du minerai de fer en grains
superficiel. Il lie la formation de ce dernier à des sources miné-
rales gazeuses, à des phénomènes ignés, et recherche en partie
leur origine dans les oolites ferrifères inférieures du Jura aile-
de la géologie en i83o et i 85 i . 147
mand. Il émet meme l’idée que de cette manière des cavernes
ont pu être remplies de minerai de fer.
M. d’Alberli prépare un nouvel ouvrage sur le Keuper, les
marnes charbonneuses inférieures de ce dépôt et le Muschelkalk
supérieur. Il montrera que ces trois masses ont exactement les
mêmes fossiles.
M. le professeur Schubler continue à enrichir de détails géo-
logiques très circonstanciés la statistique du Wurtemberg que
publie M. Memminger ( Jahrb . fur Slatïst ., i83o. cah. 2, et Bes-
chreibung des Konigr. Wurtembergs , cah. 8.) Dans le dernier
cahier de cet ouvrage, on décrit le district d’Urach.
MM. de Yoigt et de Schwerin nous promettent de nombreux
renseignemens géologiques sur la Bavière , qui possède moins
de géologues actifs que d’autres parties de l’Allemagne. M. de
Voilh a publié une note sur le bassin d'eau douce d'I/n Riess au
milieu du Jura allemand. M. Hoff a donné un mémoire sur le
pays de Cobourg , district intéressant , parce que le Keuper y
renferme une puissante assise de dolomie , et que près de là s’élè-
vent, sans l'intermédiaire du calcaire à gryphées arquées, les dolo-
mies et les calcaires du Jura, placés sur le grès et les marnes du
lias. Son ouvrage sur le nivellement du terrain entre Gotha et
Cobourg se rattache à ce mémoire.
En Saxe , M. Tauschner a décrit le sol secondaire ancien et
métallifère de Kamsdorf, et M. Martini a donné des détails
sur le minerai de fer au contact du granité et du schiste de
Schneeberg ( Archiv , de Karsten , vol. 19, tab. 2). M. Rlipstein
a visité le gîte stannijere d'Allenberg et de Zinnwald , et a ex-
posé les résultats des travaux souterrains entrepris pour s’assurer
de la position véritable de la syénile à l'égard de la craie et du
grès vert. Tout aussi partisan dn plutonisme que MM. les pro-
fesseurs Weiss et Hoffmann, il ne pense pas cependant que dans
ce cas il faille précipiter son jugement, et il lui paraîtrait même
probable que les couches secondaires se sont prolongées dans
les anfractuosités ou les cavernes des falaises syénitiques, de
manière que la craie a l’air d’être couverte par la roche ignée.
M. Josa a donné une notice et une carte géologique des envi-
rons d’Altenbcrg et de Zinnwald dans le journal russe (n» 1, i85i).
M. le comte Munster a cherché éprouver, par une liste desybs-
siles de certaines couches mises au jour par l'éruption syénitique
de Hohnslein , qu’il y avait dans ce lieu des oolites inférieures.
M. Naumann a rendu encore plus évident que les granités entre
l48 RÉSUMÉ DES PROGRÈS
Dresde et la Bohême étaient postérieurs au sol intermédiaire.
MM. Zobel et (le Carnall viennent de compléter notre connais-
sance des terrains houillers à porphyre trappéen et des autres
dépôts soit secondaires , soit anciens , d'une partie de la Silésie
inférieure , du pays de Glatz et des montagnes voisines de la Bo-
hême ( Archiv . de Karsten, vol. 3 et 4)- Ce travail se joint à ceux
de MM. Moteglek, de Raumer et d’Oeynhausen ; il est beaucoup
plus étendu que ceux de MM. Buch et Schulze, et est au niveau
des connaissances actuelles. La société scientifique de Breslau et
M. Glocker nous promettent do nouvelles données sur la Silésie
supérieure .
Il y a eu un mémoire sur Y or de Silésie par M. Dechen [Archw.
de Karsten ).
M. Kloden a fait une étude particulière des îlots secondaires et
du sol tertiaire du Brandebourg. Les géologues doivent lui savoir
gré de ce travail difficile, et dont M. Hoffmann s’était déjà occupé
dans tout le nord de l’Allemagne. De nouvelles localités de gypse
secondaire et d’autres roches anciennes ont été le fruit de ces re-
cherches.
M. Karsten est revenu sur le gisement de Y ambre en Prusse ,
objet déjà traité par M. d’Oeynhau.sen dans la relation de son
voyage en Poméranie et de file de Rugen ( Archw. de Karsten,
vol. 18).
Au Harz , M. Zinken , ingénieur des mines à Magdesprung, a
donné une carte du Harz oriental , et promet de nouveaux détails
sur le gîte des minerais sélénitifëres pr'es des masses pyrogènes.
C’est encore en partie à lui qu’on doit la découverte du Palla-
dium au Harz. M. Zimmermann a publié un Guide géologique
dans le Hars , et une notice intéressante sur les amas ferrifères
accompagnant des filons et des filons- couches de diorite ou de
trapp dans celte chaîne, sujet déjà traité par M. Bobert. M. Sec-
kendorf a observé un contact de la grauwacke et des granités
des frcigmens coquilliers de la première roche dans des filons gmni-
toides. Dans les Transactions des Amis de V art des mines de Goë.t-
tingue , nous trouvons un mémoire sur le lignite du Habicht-
swald , par M. Strippelmann ; un autre de M. Schwarzenberg
sur les filons basaltiques et leur manière d'être dans les roches
tertiaires et secondaires au Habichtswald ; un troisième sur les
roches tertiaires d’Almerode , par M. Strippelmann; enfin, le
grand travail de M. Hausmann sur les dépôts secondaires des
bords du FFeser. Malgré quelques taches que M. F. Hoffmann a
DE LA GÉOLOGIE EN 1 83o ET 1 83 1 . 1 49
relevées dans ce dernier, il n’en reste pas moins un ouvrage à pla-
cer à côté de celui de M. Freiesieben sur le Mansfeld etlaThu-
ringe.
M. Hoffmann a fait de son côté une publication qui fait épo-
que dans la science ; nous voulons parler de sa superbe Carte du
nord-ouest de V Allemagne et de son Atlas de coupes. Jusqu’ici
il n’avait pas encore paru de carte si chargée de détails géolo-
giques ; et l’irrégulière distribution des dépôts en Allemagne
rendait l’exécution d’un semblable relevé infiniment plus difficile
qu en Angleterre et en France.
Il est à regretter que ce savant n’ait pas accompagné ses cartes
d’une description complète du nord-ouest de V Allemagne. Fati-
gué malheureusement d’avoir consacré huit ans de sa vie à l’ex-
ploration d’un même pays , et pressé de la faveur qu’on lui avait
accordée de voyager en Italie, il ne nous a donné que deux vo-
lumes de texte. Le premier est un traité complet sur Y orographie
de celte partie de V Allemagne , et on ne saurait trop en recon-
naître le mérite; mais dans le second il ne traite que de quelques
terrains ou de quelques questions géologiques, et il ne fait qu’ef-
fleurer le reste de son sujet. Un mémoire de M. de Veltheim ,
capitaine des mines , sur le grès rouge , les houilles et les por-
phyres, se trouve à la fin de cet ouvrage. Il est bien fâcheux qu’un
administrateur aussi savant que lui ne puisse pas nous faire con-
naître toutes les nombreuses observations qu’il a faites dans le
Mansfeld et le Harz. Il en a dressé, dit-on, des cartes extrêmement
détaillées ; mais le bureau central militaire topographique de
Berlin n’en a pas voulu permettre la publication.
Le Mecklembourg , pays ondulé et de plaine, avait jusqu’à
C03 dernières années peu excité l’attention des géologues. Dès
i8a5, M. Bruchner nous a fait connaître les hauteurs qui traver-
sent la portion méridionale du pays , et qui abondent en craie et
en lignite ou terre aîunifère placée dans des sables. En 1829,
M. de Blucher a publié un Aperçu géologique sur tout le Mec-
klembourg, et s’est occupé des sources salées de ce pays, eaux
dont l’origine est encore équivoque dans le terrain tertiaire.
Des amas gypseux reconnus pà et là sous le sol vont être étudiés,
complètement, et les notions que M. de Blucher a puisées sur les
fossiles pendant son séjour parmi nous, nous procureront tous
les détails désirables sur les coquilles d’un calcaire tertiaire assez
rare dans ce pays . Depuis la publication de notre confrère, M. le
docteur Kastner s’est aussi occupé des sources salées des bords
I f)0 RÉSUMÉ DES PROGRES
de la Baltique , et il a combiné ensemble les observations de
MM. de Bluoher et d’Oeynhausen.
M. de Dechen a décrit longuement deux exploitations de li-
gnite tertiaire du district de Brühl, près de Bonn [Archiv* de
Karsten, vol. o, cah. 2).
M. Stifft a donné une description du pays de Nassau , ouvrage
surtout précieux par ses vues sur les sources minérales et les
détails sur les diorîtes et le Schaalstein du sol intermédiaire. Le
Schaalstein est une roche trappéenne mélangée de débris de cal-
caire ou de schiste, ou bien un schiste très modifié et même bour-
souflé, et il forme tantôt des filons ou filons-couches, tantôt des
salbandes de filons feldspaliques , pyroxéniques ou dioritiques.
M. Bronn a visité soigneusement les deux localités coquillières
du Bensberg et du Grafenberg sur les bords du Rhin inférieur.
II n’a reconnu dans la première localité que des fossiles intermé-
diaires, et dans la seconde des coquillages tertiaires. M. d’Hoe-
riinghaus adopte le même classement; et M. Fitton a donc eu
tort dé réunir le dépôt du Grafenberg, près de Dusseldorf, au
grès vert d’Aix-la-Chapeile. 11 y a dans les deux endroits quel-
ques genres semblables , mais les espèces sont différentes. Les
indications géologiques données par M. Schlotheim sur ces trois
localités étant très vagues, M. Bronn a rendu un service à la
science en précisant les faits.
MM. Lowe et Noggerath ont revu les dômes porphyriques qui
s'élèvent hors du schiste argileux intermédiaire au mont Issen -
berg , dans le district d’Arnsberg. Ils ont un gisement remar-
quable en ce qu’ils s’y enfoncent en coin et altèrent sensiblement
les couches schisteuses ; ce sont des culots injectés par la voie
ignée. M. Schleiden a découvert des morceaux de schiste co-
qu il lier dans ce porphyre. M. Steininger a observé une espèce de
filon ferri fer e curieux au milieu du schiste de transition du
Hundsriick.
Dans les états autrichiens, nous trouvons à citer en Bohême
l’ouvrage de M. Moteglek sur le sol ancien et secondaire du
pied du Riesengebirge. Le tableau général des formations du pays
par M. Zippe. M. le comte Rasoumowski nous a appris à connaî-
tre une petite portion du sol primaire de la Moravie, qui offre
plusieurs gîtes métallifères, et en particulier des quarz résinites
(fsfsi i83i), et j’ai communiqué à la Société géologique de
Londres une Esquisse générale de la Moravie , avec une carte
géologique. M. le docteur Reichenbaçh promet pour Pâques une
DE LA GÉOLOGIE EN î85o ET S 83 1. l5t
description des environs de Bruno. M. le comte Razoumovski a
publié ses Idées sur le grès de Vienne et certains fossiles de ses
environs. M. Partsch a donné une coupe et une description géné-
rale du bassin tertiaire de V ienne , qui cadrent tout-à-fait avec
ce que j’en ai dit dans le Journal de Géologie. M. Ancker a publié
une Notice historique sur les points volcaniques de la Styrie.
Vous connaissez le Mémoire de M. Murchison sur le cak
caire alpin à-fucoïdes et à poissons de Seefeld , en Tyrol, el le
beau travail, et les coupes de feu M. Lill de Lilienbach , sur les
montagnes si intéressantes du Salzbourg. Vous savez aussi que
MM. Murchison et Scdgwickse sont occupés de ce pays et ont donné
une coupe générale à travers toutes les Alpes du Salzbourg et de
la Carinthie jusqu’à Venise. Ge Mémoire avait été précédé d’un
autre sur les Alpes vénitiennes. J’ai aussi parlé brièvement du Salz-
bourg. Avant de mourir, M. Lill a insisté sur la probabilité de
l’existence du lias dans le Salzbourg. 11 en a envoyé des fossiles à
M.Bronn, et a laissé sur ce sujet un Mémoire encore inédit. M.Ros-
thorn a le premier spécifié la localité du calcaire à hippurites , et
du dépôt de Gosau , près d’Aussée , en Styrie. On connaissait les
fossiles de ces assises, mais on les avait trop souvent confondus avec
ceux du terrain salifère- Propriétaire de grandes usines àAVolfsberg
en Carinthie, et possesseur d’une vaste et belle collection de mi-
néraux, de roches et de fossiles, ce savant s’occupe depuis long-
temps de la géologie de son pays. Il en a dressé dernièrement
une carte géologique qui comprend la Carniole et la Styrie méri-
dionale. La publication d’un pareil travail sera précieuse, car
depuis M. Hacquet nous n’avons eu presque rien de semblable
sur ce pays intéressant. *
MM. Studer et Iieferstein nous ont appris à connaître certai-
nes parties de la Carinthie et la Styrie méridionale. Leurs travaux
sont de véritables acquisitions pour la géologie. Je me contente
de rappeler ici ces lambeaux épars de l'oches secondaires à co-
quilles tertiaires , et ces molasses accompagnées d’agrégats ira -
chy tiques et ponceux , près de Cilly . M. Studer a même poussé
jusqu’en Croatie , et a vu mieux que moi le gîte de soufre et de
lignite à poissons et insectes de Radeboy. Le même géologue a aussi
revisité Prcdazzo , le mont Mulazzo et le mont Raldo, dans le
Tyrol méridional. 11 est de ceux qui admettent les altérations su-
bies par les roches calcaires au moyen de la voie ignée, et qui
croient aussi que le calcaire grenu à idocrase de Predazzo et
du mont Monzoni est une roche jurassique coquillière modifiée.
1Ô2
RÉSUMÉ DES PROGRÈS
M. Zeuschner vient d’admettre encore la même opinion. ( Isis ).
M. Necker nous promet, enfin, ses observations faites en Is-
trie , qui , [jointes à^celles que j’ai publiées, et’que je publierai,
achèveront de nous faire connaître ce pays entièrement occupé
par le grand système secondaire à numulites.
On trouve dans \e Journal de Géologie les caries de tous les dis-
tricts miniers du Bannat , et des données sur plusieurs des plus
célèbresmines de la Transylvanie. Nos renseignemenssur la Hon-
grie se bornent cette année à ce que j’ai dit du sol tertiaire de ce
pays, et à une note où j’ai insisté sur l’erreur de M. Beudant, d’a-
voir regardé le calcaire d’ eau douce de Czigled, comme se formant
encore actuellement. Ce vaste dépôt, particulier par le test con-
servédes coquilles, est de la dernière époquetertiaire, oumêmede
la période alluviale ancienne, car il estaumilieu de la grande
plaine orientale de la Hongrie, au moins à i5o ou 200 pieds au-
dessous du calcaire d’eau douce tertiaire qui recouvre déjà les
sables tertiaires supérieurs , et qui est minéralogiquement ana-
logue à celui du Lot-et-Garonne. J’ai soumis à la Société géolo-
gique de Londres un esquisse générale de la géologie de la Tran-
sylvanie, avec une carte géologique. Mes conclusions les plus
curieuses sont : que le terrain salifere y est tertiaire , que les
porphyres métallifères sont des éruptions ignées qui lient les tra-
chytes aux porphyres secondaires et anciens, et que ces masses
sont postérieures au grès carpathique , et, par conséquent, de la
fin de la période crétacée; enfin ce qu’on a appelé jusqu’ici grau-
wacke , en Transylvanie , "n’est autre chose que le grès secondaire
des Garpathes, plus ou moins intact ou modifié.
Le système ûesCarpathes étant intimement lié aux Alpes , l’in-
térêt que la structure de cette chaîne a inspiré s’est porté aussi
sur les premières ; montagnes. MM. Lill, Pusch, Zeuschner,
Keferstein et moi nous sommes occupés des Carpathesen 1826,
1827, 182g et i83o. L’esquisse de M. Pusch, annexée à sa des-
cription de la Pologne, présentait, suivant moi, des classemens
faux; mais, depuis son nouveau voyage en i83o, nous sommes
d’accord sur presque tous les points. Le grand massif marno-aré-
nacé et calcaire à fucoides repose sur du calcaire jurassique
récent, ou bien sur le calcaire alpin. Il contient des couches d’un
calcaire à bélemnites et ammonites qui a quelques rapports avec
la Scaglia. Tout ce qui est supérieur à cette dernière roche ap-
partiendrait déjà au grès vert ou à son système à nummulites,
tandis que ce qui est inférieur serait encore jurassique. Le soulè-
de la géologie en i85o et i 85 1 . 1 53
veinent très récent du Tatra et d’autres masses primaires aurait
donné naissance aux courbures des grès carpathiques, et aurait
même produit des effets analogues sur la molasse au pied nord
des Carpathes.
JVi. Pusch a publié aussi quelques faits sur la Gallicie ; mais la
plupart sont empruntés au travail que M. Lill a envoyé à notre
société, et qui lui a été communiqué.
En Suisse, je dois citer en première ligne l'ouvrage sur les
Alpes bernoises , par M. Hugi, dont les observations si impor-
tantes viennent d’être vérifiées par M. Studer.
MM. Merian et Rengger nous ont donné, dans les Mémoires
de la Société Helvétique , des notions bien précises sur la structure .
de la partie septentrionale du Jura suisse. Les dépôts du lias, des oo-
lites inférieures des oolites proprement dites, et du calcaire jurassi-
que récent y sont distribués d’une manière irrégulière, soit àcause •
des dérangemens éprouvés, soit à cause de la surface inégale of-
ferte par le Keuper et le Mnschelkalk, dépôts qui ressortent cà et là
dans cette pariiede la chaîne jurassique ; des lambeaux de molasse
complètent la composition de ccs montagnes. La coupe depuis
le Saint-Gothard à Altdorf, par M. le docteur Lusser, est un
document précieux pour l’histoire des Alpes. Les porphyres
qu’il a découverts se lient probablement aux éruptions dont
M. Studer a trouvé çà et là quelque trace dans les Alpes suisses,
et à celles de l’Àllgau en Bavière. Ce sont les ophites des Alpes,
et ils paraissent d’un âge très moderne. Il faut espérer que M. le
docteur Lusser pourra, à force de recherches, trouver dans les
calcaires foncés bélcmnitiferes et placés sur le gneiss, des pétri-
fications dont les espèces soient déterminables.
Je dois encore rappeler le beau travail de M. Necker sur la
vallée de V alorsine , où il a si bien détaillé l’injection des gra-
nités dans les couches secondaires et les altérations et les déran-
gemens que ces dernières ont subis. Sa découverte des sèla-
gites de la V dltelinc est encore un fait tout nouveau dans la
géologie des Alpes. Ce savant a fait de nombreuses observations
sur celte chaîne, soit en Savoie, soit dans les Etats autrichiens^
et leur publication entière paraît très prochaine, et il nous don-
nera une carte géologique des montagnes du Chablais et du F au-
cigny% M. Studer a examiné de nouveau la chaîne du Stockhorn ,
et il ne la regarde plus que comme un grand massif calcaire
intercalé entre des grès marneux gris à fucoïdes, et de l’époque
secondaire récente.
RÉSUMÉ DES PROGRÈS
I 54
Les ouvrages et les mémoires publiés ces deux dernières années
sur VItalic nous ont fourni peu de détails nouveaux pour la
partie méridionale de cette péninsule. Sur les environs de Naples ,
nous n’avons à citer que le résumé des dix à douze mémoires
intéressans dont l’auteur ou le compilateur estM. Forbes ( Edimb .,
Journ. ofSc.). M. F. Hoffmann s’explique les phénomènes du
temple de Sérapis comme de Jorio , Forbes et Lyell. MM. Mon-
ticelli et Covelli étaient sur le point de publier une seconde
édition de leur Description des produits minéralogiques du
Vésuve , lorsque la mort a frappé le plus jeune de ces savans.
M. Monticelli, à son âge , et privé du secours d’un chimiste, ne
donnera pas peut-être de suite à ce projet. M. E. Hoffmann, de
Russie, a publié un mémoire sur les environs de Rome ; M. Proc-
caccini Ricci, un travail sur les plantes et les poissons fossiles
des lignites du gypse- tertiaire de Sinigaglia ; et M. Capello , des
discussions sur les changemens arrivés au cours de l’Anio ( Opus -
coli scelti Scientifici. Rome , r85o , in 8°).
En Toscane , M. Savi nous a donné des détails sur le grès
des Apennins , et en général sur les roches de ce pays ( Nuov .
Giorn. n° 5o); sur les environs de Campiglia et les dolomies
de Seravezza. Il regarde ces dernières roches comme des pro-
duits volcanisés , et décrit les altérations observées autour
d’elles. Ce mémoire a fourni à M. Brongniart l'occasion de faire
une remarque intéressante sur le groupement du talc autour de
morceaux empâtés de calcaire grenu.
M. Guidoni a décrit les roches de la Speszia en Ligurie , où
il y a quelques Ammonites et quelques Bélemnites, cas rare en
Italie. M. de la Bêche avait aussi parlé de ces roches, et il a
repris la Description des environs de Nice , faite par MM. Risso et
Allan. Il en a redonné la carte et l’a coloriée jusqu’à Vintimiglia.
II est de l’avis de ceux qui y reconnaissent un vaste système de
grès vert à nummulites et autres fossiles. M. Buckland a donné
les observations qu’ils a recueillies en se rendant de Nice à
Turin par le col de Tende.
Quant à la Lombardie , depuis la belle carte des environs des
lacs de Lugano et d’Orta, et du Lac Majeur, par M. de Buch,
cette contrée, si classique pour la théorie sur la dolomisation et
les porphyres pyroxéniques , a été visitée par M. Link , de
Berlin, qui a confirmé les observations de l’illustre géologue de
Berlin ( Archiv . de Karsten). M. de la Bêche a fait suivre son
mémoire sur les bords du lac de Corne d’une jolie carte publiée
DÉ DA GEOEOGIE EN 1 83o ET 1 85 1 . 1 55
dans son Atlas géologique. M. Stud.er a donné quelques notes sur
Y Apennin t an sud de Castellarcuato ( Zeitsch . f M inval).
Dans les anciens Etats vénitiens , M. Pasini est entré dans des
détails curieux sur les bassins tertiaires et les craies près de
Roveredo ( Bibliolh. ital. ), et a cherché à retrouver dans le
Yicentin les systèmes de souîèvemens proposés par M. de Beau-
mont; il a réuni pour cela beaucoup de données, tant sur la
direction et le redressement des couches , que sur les masses
ignées qui les ont traversées à diverses époques. Sa conclusion
a été que le Yicentin ne paraissait guère se prêter à la théorie ,
telle qu’elle est exposée actuellement.
M. Catullo a continué de nous faire connaître ses travaux
sur les fossiles de ce pays comme complément de son grand
ouvrage sur le même sujet. Il a parlé successivement des fos-
siles des monts Euganéens ( Giornale sulle scienze , etc. , janv.
et févr. 1829) ; de ceux des Pépérites ( dito , vol. 2, p. 207)
de la classification de certains dépôts secondaires du pays
de Venise ( Ann. di Sc. nat. de Bologne ) ; des cailloux et
de la formation des vallées ( Journ . de Trévise ). J’ai décrit
le porphyre pyroxéniqiie métallifère pies de Schio ; j’ai mon-
tré que ces roches, postérieures à la craie, changent cette
dernière au contact en un calcaire fendillé fréquent dans les
Alpes, et qu’entre ces deux roches il y a une bande, composée
des débris des roches anciennes traversées. Ce sont des érup-
tions contemporaines avec celles de plusieurs roches aurifères de
Transylvanie et de Hongrie. Enfin j’ai donné la coupe de
Volterre et de Sienne ; et M. le docteur Bronn a publié, dans
le deuxième volume de son Yoyage scientifique en Italie, des
observations sur les fossiles et les ossemens qu’il a rencontrés
dans ce pays. MM. P a veto de Gênes, Savi de Pise, Cristofero
de Milan , et Pasini de Schio , travaillent activement à une carte
géologique générale de tout le nord de V Italie, y compris la
Toscane. Les relevés de la Ligurie et des états vénitiens sont
déjà très avancés. MM. F. Hoffman, Escher et le doct. Philippe
ont parcouru l’Italie,
Nos renseignemens géologiques sur la Sicile se bornaient jus-
qu’ici aux ouvrages ou mémoires de Spallanzani, Borch, Bri-
done , Dolomieu , Ilamillon, Brocchi , ltecupero , Ferra r a ,
Smith, liephalides, Morieaiid , Daubeny et Hogg. Bécemment
cette île a été non seulement examinée sur plusieurs points par
pes nombreux géologues , mais encore par des savans distingués.
1 56
RÉSUMÉ DES PROGRÈS
tels que MM. Buckland, Lyell, de la Marmora , Escher, F. Hoff-
mann, Christie, Prévost et Montalembert. Nous allons donc en
avoir une connaissance parfaite, et les collections des roches et
des fossiles de Sicile deviendront communes en Allemagne
comme sur les bords de la Tamise et de la Seine.
Les trois volumes des Actes de la Société dliistoire naturelle
de Catane contiennent plusieurs mémoires géologiques impor-
tons, dont cinq sont de M. le docteur Ch. Gemettaro, savoir:
une Esquisse de la Topographie physique de VEtna et de ses
environs ? sur V étendue occupée parce volcan , sur le Basalte
et sa décomposition ; une Esquisse des environs de Contes sa,
d’une partie de la vallée de Mazzara et de ses S aises, une notice
sur les volcans éteints du Val di Noto. On y remarque encore
des Observations sur le comté de Sommalino , par M. G. Barnaba
La Via; une Relation géologique des environs de Militello , par
M. A. de Giacomo , une Description physique et minéralogique
dyEnna ou de Castro giovanni , par M. le professeur J. Alessi ;
des remarques sur les environs de Nicosie , par M. La Via, et une
Histoire critique des éruptions de VEtna , depuis les temps fabu-
leux jusqu à la domination romaine, par M. le chanoine G. Alessi.
Je suis fâché que l’espace me manque pour vous analyser ces utiles
documens.
M. de la Marmora a donné une coupe intéressante des couches
coquillieres tertiaires supérieures et méditerranéennes de P alcrme
( Journal de Géologie , i83i). M. le docteur Christie a traversé
la Sicile en se rendant aux Indes par l’Egypte; il a donné un
Aperçu sur les formations de la Sicile ; il a reconnu le système
crayeux à Nummulites et Hippurites, et il distingue deux dépôts
tertiaires, outre le dépôt alluvial méditerranéen. Les coquilles
de ce dernier vivent encore toutes dans les mers voisines, tandis
que celles du sol tertiaire sont en partie éteintes.
M. F. Hoffmann a déjà publié quatre Lettres sur la Sicile ( Arch .
de i^ar5/en,v.3,cah.2,et v.4?cah. i).Ilest d’accord avec MM. Lyell,
Deshayes et Prévost pour reconnaître, dans le sol terÇai^e d’une
grande partie de la Sicile , des dépôts très récens ou quaternaires
dont la plupart des fossiles sont des coquillages de la mer médi-
terranée. lien a déjà cité 5y espèces d’une localité près de Ca-
tane, à 200 pieds sur la mer; 70 espèces de Cefali ; 18 espèces
à Buccheri et Sortino, etM. de Giacomo en a trouvé encore da-
vantage à Militello. Mais, outre ces coquilles vivantes dont
M. Hoffmann augmentera encore le nombre lors de l’exnen de
DE LA GÉOLOGIE EN l83o ET l83l.
ses collections, il signale aussi dans ce même sol tertiaire quel-
ques pétrifications sans analogues vi vans, tels que VArca antiquata ,
des Lenticulines et quatre Térébratules.
Le même savant a retrouvé les mêmes fossiles ou les analogues
dans les tufs basaltiques alternant avec le calcaire tertiaire, ou
en amas, dans cette roche à Sortino, Giormino, etc. Il a bien
observé les alternatives de ces roches avec des basaltes et des
filons basaltiques traversant les couches tertiaires des îles des
Cyclopes, sans altérer sensiblement le calcaire. A Militelîo, il
a signalé dans le tuf trappéen un filon basaltique à salbandes vi-
treuses. Il a bien vu le calcaire à hippurites et à nummulites
du cap Passaro, reposer sur des wackes amygdalaires et pyroxé-
niques ; mais il n’a pas vu alterner ces roches comme l’a pré-
tendu M. Daubeny, et il n’a point vu de cratères dans le Yal di
Noto , ou à Yizzini, où M. Ch. Cemellaro en avait placé. S’il
reconnaît dans le calcaire à hippurites celui de Trieste , de l’Is-
trie, des Appennins ( à Subiaco et Avezzano), il n’ose pas affir-
mer que ce dépôt soit décidément crayeux, quoiqu’il penche
pour ceite opinion. Enfin, ayant adopté les idées de M. de Buch
sur la formation des cratères de soulèvemens, il a été fort étonné
de ne pas trouver à la base de l’Etna cette ceinture basaltique
dont parle M. de* Buch. Le basalte n’y paraît que çà et là en
mamelon; mais l’espèee de cavité élevée de l’Etna, appelée
Valle del Bove , lui a paru un cratère de soulèvement, dont les
bords sont formés d’alternats, de scories et de roches trachyli-
ques modifiées. Le trachyte y paraît même en masse et filons.
En Italie, nolresavant Prussien aaussicru retrouver des cratères
de soulèvement dans les montagnes d’AIbano ; nous devons donc
nous attendre à une controverse intéressante entre lui et M. Pré-
vost, qui, comme M. Cordier, paraîtrait opposé à cet idée, et
m’admettrait qu’une formation cratériforme , savoir : celle pro-
duite par des déjections incohérentes et des coulées de laye au-
tour d’un^ cratère. M. Hoffmann nous a appris que Vile de
Pantcllarêa est volcanique, et qu’elle renferme beaucoup de
matières vitreuses. 11 a lié cette île et les sources chaudes de
Sciacca , en Sicile, avec le nouveau volcan de l’île de Julia
(Preussische Slaats - Zeitung) , à côté de laquelle vient de s’é-
lever un second volcan plus petit. Un Anglais vient d’appliquer à
la formation de ces îles la théorie de M. de Buch , et le banc sur
lequel elle paraissent assises n’ayant pas été observé avant leur
élévation, est pour lui le pourtour du cratère de soulèvement,
1 58 RESUME DES PROGRES
La géologie véritable de Malte étant presque inconnue , nous
devons attendre avec impatience les observations de MM. Prévost
et Christie.
Quant a la Sardaigne, M. Prunner de Cagliari en étudie la mi-
néralogie, et M. de la Marmora travaille activement à l’achève-
ment de sa description détaillée de cette île.
Les données sur la péninsule ibérique sont assez rares pour
qu’on puisse dire que les années i83o et iS5i nous ont fourni sur
cet intéressant pays un bon nombre de faits. M. le professeur
Hausmann , quia traversé ce royaume, nous a esquissé sa struc-
ture générale, et prépare maintenant un plus grand travail sous
la forme d’un voyage ( Gotlinger gelelirt. Ànzeig. et Quart .
Mining. Review, n° 1, 1802).
Le grès vert qu’il a découvert sur le bord méditerranéen de
l’Andalousie, l’étendue. qu’il a reconnue au lias et au grès du lias
avec des couches de combustible et du minerai de fer, le redmarl
de l’Angleterre retrouvé au centre de l’Espagne, et couvert d’un
mince dépôt de niagnésüe, voilà les faits les plus saillans de sa
notice.
D'autre part, M. le colonel Silvertop a publié un Mémoire sur
le bassin tertiaire d’ Alabama eide Bazay dans le royaume de Gre-
nade. Cesont des cavités du solprimaire et intermédiaire, garnies
de calcaire secondaire à nummulites et de marnes subapennines
à gypse, soufre et sources salées, et couvertes d’un calcaire d’eau
douce. S’il n’y a point là de coquillages marins tertiaires, l’au-
teur en a reconnu dans les dépôts flanqués contre le revers op-
posé ou méridional de la haute chaîne de Sierra-Nevada.
M. le professeur Gutierrez a imprimé, dans le Journal de géo-
logie, une Relation des tremblemens de terre arrivés en Murcie.
Il y montre clairement que le terrain bouleversé est formé par
la marne argileuse subapennine, couverte près de la mer de
sables et de brèches coquillières. Le sol tertiaire formerait donc
une bande presque continue le long de là Méditerranée, depuis
Barcelone jusque dans le royaume de Grenade, s’il ne s’y trou-
vait, comme sur la côte de Gènes et de la Toscane, dans des es-
pèces de golfes entre les promontoires de l’ancienne mer, qui for-
ment actuellement des chaînes basses.
La sécheresse qui désole en été les plateaux de l’Espagne cen-
trale a fait accueillir avec joie la proposition de forer des puits
artésiens, ce qui a donné lieu à une petite Notice géologique sur
les environs de Madrid , dans la Gazette espagnole de Bayonne.
DE LA GÉOLOGIE EN l83o ET 1 83 1 . 169
M. de Pineda a imprimé à Madrid , l’an passé, une brochure sur
les mines de plomb de la Sierra-de-Gador.
Il paraîtrait que M. Silverlop , long-temps résidant en Espa-
gne , nous donnera encore d’autres aperçus géologiques. De
plus, M. Lyell a visité, en 1829, le nord de la Catalogne, et en
particulier le district volcanisé de ce pays. M. Dufrénoy a revu
Cardone, et vient de pousser, avec M. de Beaumont, une re-
connaissance du Mont-Perdu, à Pampelürie; M Schulze, Hes-
sois, au service des mines royales en Espagne, vient, en passant
à Paris, de nous promettre des détails sur toute l’Espagne; M. le
capitaine Edward Cook vient de lire, à la Société géologique de
Londres, un Mémoire sur V Espagne méridionale. Vous savez qué
c’est à MM. Torrubïa, Dillon, Bowles , de la Borde, Link et de
Humboldt, qu’on doit tout ce qu’on savait jusqu’ici sur l’Espagne;
et le premier est le seul qui ait parlé et figuré des fossiles du pays.
MM. Pouqueville, Clarke, de Bucli et la collection de M. Pa-
roîini, ont jeté quelque jour sur la géologie de la Grèce; et
M. Webb a donné un fragment géologique sur la Troade : mais
toutes ces notes isolées vont être effacées par la publication vrai-
ment géologique de nos confrères qui ont visité ce pays derniè-
rement.
Le voyage de M. Yirlet à Smyrne et Constantinople doit
nous procurer de nouveaux détails sur la Turquie; et la visite de
M. delaBèche aux Iles Ioniennes des renseignemcns plus précis
sur les calcaires jurassiques supérieurs à silex, les Colites et les
gypses de cet Archipel.
La Pologne , pays en grande partie plat, n’avait guère occupé
les géologues avant ces dernières années. Les ouvrages et les
mémoires ( Rosz> Towarz. Krolewsk. TVarszawsk. prz. nauk9
vol. 7-10 ) du savant abbé Staczie, et quelques notes éparses dans
les ouvrages de Guètlard, de Hacquet, de Carosi et de Razou-
movsky, et ayant rapporta la partie méridionale de ce royaume,
étaient les seules sources de renseignemcns. Heureusement pour
la science, M. Fuscli devint, il y a quelques années , professeur
de l’université de Kielee, et conçut le projet d’étudier complè-
tement le royaume de Pologne et la Gallicie,
Après plusieurs années de courses, M. Pusch présenta, en
1828 , un résumé de ses observations à la Société des naturalistes
d’Allemagne, réunie à Berlin. Ce travail augmenté .parut en
i83o, en polonais, à Varsovie, et se trouve aussi dans le Jour-
al de géologie. Le grand ouvrage allemand de l’auteur, avec de
l6o RÉSUME DES PROGRES
belles cartes et des coupes, est sous presse à Stuttgardt. En atten-
dant, il est bon d’avertir que les auteurs de la grande carte de
Gotthold, coloriée géologiquement, ont déjà profité des documens
recueillis par M. Pusch. L’on sait que ce savant a reconnu dans
le sud-ouest de la Pologne, non seulement une petite chaîne in-
termédiaire négligée par tous les géographes , mais encore tous
les dépôts secondaires , excepté le zechstein et le lias , qui paraît
remplacé par son grès. M. Pusch donne aussi d’intéressans ren-
seignemens sur le plateau primaire de la Podolie, et surtout sur
le sol tertiaire , çà et là, si coquillier de la Pologne méridionale.
Il est d’opinion qu’il y a, outre les dépôts subapennins, des cal-
caires coquiiliers, qui correspondraient aux bancs moyens du cal-
caire de Grignon. Je ne crois pas devoir partager cette idée
ni celle par laquelle il admet un gypse crayeux. Celte dernière
opinion a été aussi combattue indirectement par M. Becker, géo-
logue, peu connu jusqu’ici. Son ouvrage sur les puits salés du
sud-ouest de la Pologne russe tendrait à faire croire que le ter-
rain de Wieliczka dépasse les limites de la Gallicie.
i\l. Bloede a publié un Traité sur le sol intermédiaire des schis-
tes de la Grauwacke et du calcaire métallifère de la Pologne
méridionale. Cet opuscule est accompagné d’une carte détaillée.
Déjà M. A. Schneider avait imprimé dans le deuxième cahier
du dix-neuvième volume des Archives de M. Karsten , un mé-
moire sur le même sujet , excepté qu’il y parle encore d’une partie
de la Silésie. Il décrit aussi du terrain houiller, du Muschelkalk ,
du grès bigarré , et du keuper, et du grès de lias , et du grès vert.
C’est le seul écrivain qui parle encore de zechstein en Pologne,
ce qui est évidemment une erreur.
M. le professeur Andrzejowski s’est occupé avec succès des
dépôts tertiaires de la Volhynie , dont il en a tout récemment
figuré treize espèces nouvelles de fossiles dans le Bulletin des na-
turalistes de Moscou. Il avait déjà précédemment donné des
observations botaniques et géologiques sur le pays entre le Bug
et le Dniester.
M. Dubois de Monipeyreux vient de faire paraître à Berlin une
Conchyliologie fossile et un Aperçu géologique du plateau delà
Volhynie et de la Podolie. Cet ouvrage est orné de plusieurs
planches lithographiées représentant des pétrifications tertiaires;
l’auteur y spécifie celles c re elles dont les analogues existent
encore.
M. Zeuschner, professe >r de minéralogie à Cracovie, a pu-
DE LA CÉOLOGIE EN 1 85o ET 1 83 T. ffit
blié un Opuscule polonais sur les basaltes, ül. le colonel Jackson
a inséré clans la Bibliothèque universelle une notice sur les blocs
erratiques dans lesquels il a retrouvé des roches primaires de
la Finlande et des fossiles intermédiaires de i’Ingrie.
Enfin , M. Dmitrieva donné dans le J. des min. rwssedeux mé-
moires, savoir : une revue géognoslique des gîtes de houille en Po-
logne { ’Journ . des mines. n° 12, i82jj), et une notice sur les mines
dece royaume ( Dito , n° 1, 1 85 1 ) . Cette dernière est accompagnée
d’une carte et d’une coupe qui offrent une idée de la structure de
la partie de la Pologne russe non loin de la Silésie supérieure.
Tels sont les travaux à signaler en Pologne ; il n’est pas dou-
teux que le nouveau Journal des mines , réuni aux louables
efforts de MM. Pusch et Zeuschner, ne nous procure encore
beaucoup de renseignemens. En i83o, ces deux messieurs on
employé six semaines à parcourir ensemble les Carpalhes de Ia
Gallicie et du nord de la Hongrie.
La Russie ne fournissait guère ou point de renseignemens géo-
logiques, il y a une douzaine d’années. Cet ordre de choses ne
pouvait pas durer dans des contrées auxquelles des connais-
sances positives de géologie pouvaient procurer de si grandes
sources de prospérité ; tandis que l’ouverture de nouvelles rou-
tes, le creusement de canaux et l’établissement de grandes fa-
briques devaient tourner nécessairement i’at tentîon vers la géolo-
gie. Un changement complet a eu lieu à cet égard, et le zèle le
plus louable a succédé à l’indifférence. Les exploitations de l'Ou-
ral ont commencé d’abord à être poussées avec plus de vigueur,
puis on a découvert de grands gîtes d’or alluvial , connus peut-
être par les anciens. Plus tard, le platine et le diamant sont ve-
nus se joindre au métal précédent.
Depuis ces découvertes, les notices géologiques n’ont cessé de
se multiplier; les propriétaires ont fait visiter leurs terres par des
mineurs, et l’on a senti le prix réel de l'école des mines de Saint-
Pétersbourg, non seulement pour former (les mineurs, mais en-
core pour élever des géologues. Pénétré de cette vérité, l’empe-
reur a augmenté les dotations des sociétés de Saint-Pétersbourg
et de celle des naturalistes de Moscou, et a appelé M. de Hum-
boldt en Russie, tandis que le gouvernement a fait voyager des
savons dans presque toutes les parties de l’empire, et a fait exé-
cuter même le relevé de la carte géologique de la Lithuanie , de
la Courlande y de VEsthonie et de la Livonie , par MM. UJprecht,
d’Engelhardt , Ulmann et Liaclmicky.
Soc. géol. Tome II.
iz
162 résume des progrès
VEsthoniee tla Livonie ont fourni à MM. d’Engelhardt et TJIp-
recht le sujet d’un mémoire sur les calcaires à orthocères, etc. ,
les marnes gypsiferes et les autres roches de ces contrées, mais
leurs conclusions sont contraires à tout ce qui est connu, puis-
que des roches regardées jusqu’ici comme secondaires récentes
seraient au-dessous des couches intermédiaires ( Arcliiv. de
Karsten , vol. II). Ce rapport ne cadre pas non plus avec l’es-
quisse que M. Pusch a donnée de la Courlande et de ces pays
d’après des collections de roches et comme un appendice à sa
géologie de la Pologne.
M. Eichwald a fait suivre son mémoire sur la Lithuanie et
l’Ingrie d’un grand travail sur les formations de ta Lithuanie , de
la Volhynie et de la Podolie. Il a ajouté des détails à ce que
M. Pusch et d’autres géologues nous avaient déjà appris sur le
sol granitique et schisteux et sur le calcaire à orthocères de la
Podolie. Le sol tertiaire dominant dans ces pays, il nous a donné
beaucoup de coupes de ces dépôts, et y a ajouté une liste de
leurs nombreux fossiles. Malheureusement il paraîtrait avoir éta-
bli trop légèrement beaucoup d’espèces nouvelles dont il ne
donne que la phrase caractéristique latine.
Comme ces contrées ont été aussi l’objet des recherches de
M. Dubois de Neuchâtel , et que ces deux géologues ont envoyé
à M. de Bucli une partie de leurs récoltes en fossiles, ce der-
nier a pu rectifier la détermination de quelques coquilles ter-
tiaires, et donner de plus Y indication de quelques fossiles du sol
intermédiaire de Lithuanie décrit par M. Dubois dans un mé-
moire séparé ( Archiv . de Karsten , vol. II, eha. 1 ).
M. Hermann a dit quelques mots sur la formation crayeuse du
gouvernement de Moscou , composé de craie dure , de grès , de
marnes en partie coquillières. Ce dépôt forme un plateau dans la
partie nord -du gouvernement de Toula jusque dans les mont9
\y aidai, et il est couvert de sable rempli de zoophytes pétrifiés. Iï
y cite des Favosites, des Rètépores , des Astro'ites , des Ortho~
cères , des Bélemnites , des Ammonites , etc.
L'ouvrage de M, Erdmann sur plusieurs endroits de la Russie
est déjà beaucoup plus ancien. Dans le Journal des mines
russe, on trouve depuis 1.828 un grand nombre de document
géologiques , dont l’analyse m’entraînerait trop loin , et dont
je crois cependant utile de donner les titres. Ce sont ; des
Recherches géôgnostiqües dans F arrondissement de Sarskoselo ,
près de S L -P été rs bourg 9 par M. Sokolov (Jauni, des min . ,n°u
DE LA GEOLOGIE ÉN l83o ET lS5l. l65
i85o) ; un mémoire sur les environs de la rivière d'Onega en In -
grie, par M. Foulon (dito, n°i, i85i) ; une Esquisse géognostique
du bord occidental du lac Onega , par M. Boutenev (dito , n* 5
»83o); un Relevé géologique du gouvernement de Nowogorod,
par M. Olivieri (dito , n° 3, 1 85 1) ; un Mémoire sur le gou-
vernement de Voitsk , par M. Gramattchikov ; un autre sur
les mines d' Ononoketz (n° 4, i83o) ; un long Mémoire sur les
dépôts et les houillères des bords du Donetz , par M. Kova-
levski (n08 î , 2 et 5, 1829); un autre sur la géologie de V oyarsk,
par M. Parandov (n° 1, 1828); une autre sur les mines d'O-
lonetz , par M. Butenev (n° (\, 1B28); une Coupe géognostique des
mines sur les bords du Don, par M. Syrochvatov (n° 5, 1828) ;
une description et une carte géologique des bords du Don
et du Donetz , près de leurs débouchés dans la mer d'yjzow ,
par M. Olivieri ( Journ . des Mines , n° 2, i83o). Celte contrée
est composée de terrain houiller, de grès bigarré, de grès et de
calcaire secondaire, de calcaire, grès et sable tertiaire coquillier
et de marne; une description du gîte de tripoli dans le gou-
vernement de Koursk et des environs de ce gisement, par
M. Olivieri (dito n° 2, i85o); un relevé géologique de la rive droite
du IVolga , de Samara jusqu'à l'extrémité du gouvernement de
Saratov , par M. Chirokchin (dito, n° 3, i83o) ; on Mémoire
sur les houillères du gouvernement d'Ecatharinoslavsk et de
Tangarog , par M. Olivieri (n° 6, 1828); des Observations géo-
logiques sur les environs des mines d'Igor , par MM. Gauriev et
Dmilriev (n° 10, 1828); un V oyage minéralogique en Prusse, en
Silésie et en Gallicie , par M. Kuhn (n° 4? 1829); une Description
géologique, du canton de Chilkin, par M. Kovrighin, avec un carte
géologique d’après laquelle le pays est composé de granité en
partie porphyrique , de siénilc, de porphyre, de gneiss, de
schiste micacé ou argileux, de calcaire et de grauwacke (n° 6,
1829) ; une Esquisse minéralogique intéressante du littoral de la
Crimée , tirée de la description de M. Kosin (n° 5, 1828); des
détails sur le lac salé d’Inder, par M. Hermann ; la Découverte
des sables aurifères de JValadimir (n° 6, 1828); celle des mines
d'or dans le gouvernement de Toinsk (n° 2, 1829).
Nous avons eu successivement sur Y Oural et ses richesses
aurifères deux brochures de M. d’Engelhardt, l’une sur le gisement
du platine et de for , et l’autre sur celui du diamant , gemme
qu’il voudrait placer dans le talc schiste (en allemand et dans
le Journal des mines russe, n° 8, 1829; n°6, i83i). Ensuite
i64 RÉSUMÉ DES PROGRÈS
a paru le tableau de V Oural , par M. Knpfer ( Ann . des sciences
nat. décemb. 1829, et Ann. de chimie, vol. 17, cab. 4)- De plus,
on trouve dans le Journal des mines russe , un mémoire sur la
houille de l'Oural ( Journal des mines russe , n° 4? 1828),
des recherches sur V arrondissement d' Ekaterinenbourg , par
M. Chaikovski, une description des gîtes diamantifères près
de Vusine de Biserke dans les domaines de la comtesse Po-
lie t , par M. Karpov {dito , n° 4 » ï83o) , cl une description et une
carte géologique des environs de l'usine de Yongovsk , par M. Sa-
moilov ( dito , 6, i83o) ; une description et une carte géologique
des bords de la Toura , par M. Protasov , sur laquelle on a tracé
le gisement des mines de cuivre, métal associé avec du fer et
du grenat, et entre des dioriles et du calcaire grenu comine dans
le Bannat (J ourn. des mines russe , i83o).
Récemment MM. de Helmersen et E. Hoffmann ont visité la
partie méridionale et S. -O.de celte chaîne, et viennent de publier
leurs observaions ; MM. de Humboldt et Rose ont vérifié avec
eux une partie de leurs observations. Yous savez que les dépôts
métallifères de V Oural se trouvent, comme dans le Bannat sur-
tout, au milieu d’un terrain schisto-talqueux, en amas et en ré-
seaux au contact des roches pyrogènes, telles que la serpentine,
la diorile, la syénite, et que les calcaires compactes y sont aussi
changés en marbre. Vous connaissez aussi la structure de cette
chaîne dont la pente est si douce, surtout sur le côté européen,
et dont le granité et les matières d’épanchement sont sur son
revers oriental. La présence de l’or dans les serpentines est un
fait nouveau; celle du platine, de l’iridium et du diamant dans
les débris de ces montagnes est encore plus intéressante. Là ,
comme au Brésil, les schistes talqueux et quarzeux sont l’un des
gîtes de l’or. Les plus grandes masses d’or et de platine ayant
été naturellement sublimées au milieu des portions les plus supé-
rieures des roches, la destruction de ces dernières a disséminé
ces pépites ou morceaux, dont la grosseur paraît surpasser tout
ce que l’on rencontre dans les filons.
Deux Anglais, MM. Morton et Webster, ont publié en i83o leurs
voyages en Russie, le premier scus le titre de Travelsin Russia ,
et l’autre sons celui de Travels through Crimea (2 vol.). On vient
de lire à la Société géologiquede Londres un mémoire sur la par-
tie méridionale de la Crimée y et M. le docteur Brunner de Berne
a parcouru la Russie méridionale jusqu’au Caucase.
Je ne ferai que rappeler le voyage de M. de Humboldt , se»
DE LA GÉOLOGIE EN ï 83o ET 1 85 1 . 1 65
lettres à M. Arago, et son mémoire sur les chaînes et les volcans
del’Asie centrale. Le monde savant attend avec impatience toute
la relation du voyage de M. de Humboldt et la partie minéralo-
gique qui doit être rédigée par M. G. Rose.
Dans le Journal des Mines russe, je trouve à signaler pour
la Sibérie une description géologique de la vallée d’ O non- B or-
sinsk , par M. Taskin ( Journ . des mines , n° 7 et 8, 1829). Uans
ce mémoire fort détaillé et accompagné d’une carte géologique,
l’auteur décrit les roches granitiques, porphyriques, schisteuses
et houillères du pays, ainsi que leurs amas et filons de minerais
ou de minéraux ;
2° Un coup-d’œil sur les environs de Doudergovsk et les mon-
tagnes voisines , par M. Arseniev [Journ. des mines , n°9, 1829).
3’ Une description de la chaîne Adouchilon , par M. Koulibin
(Journ. des mines , n° 10, 1829). Les deux cartes , qui accom-
pagnent cette notice, indiquent, dans ces montagnes, du granité,
du schiste siliceux, du schiste argileux, de la grauvvacke et du
porphyre.
4° Une description géologique de la vallée de Ichaginskoi ,
près de la rivière Argin, par le même savant. D’après la carte, cette
vallée serait composée de granité, de gneiss, de schiste argileux
et de porphyre (Journ. des mines , n° 11 , 1829).
5° Une notice sur le gîte du jaspe , dans le mont Revncva , dans
V Allai encore par le même savant (J. des mines , n° 11, 1829).
6° Une description des montagnes sur les bords de la rivière
de Gasiïnour, par M. Melechin (Journ. des mines , n° 12, 1829).
70 Une description des montagnes qui s'étendent le long de la
rivière d’Ouroulunga, par M. Rik (dito\
8° Une notice sur les alluvio ns aurifères de U Allai ( dito , n° 4*
i83i, et mes Mémoires géologiques vol. I).
On sait que M. le docteur Ermann de Berlin a traversé toute
l’Asie septentrionale , a passé dans l’Amérique russe, et est re-
venu par mer en touchant à Olaïti et Rio-Janeiro. Ses lettres,
datées de Sibérie, finit vivement desirer la publication de toutes
ses observations géologiques sur le nord de l'Asie, les îlesAléoutes
et la Californie. Elles seront accompagnées de remarques sur la
température des inities, des sources et de la surface de la mer,
d’une carte géognoslique d’une partie de la Sibérie et du Kamt-
schalka et d’un profil des montagnes de cette dernière contrée.
La partie historique du voyage sera enrichie de quatre vues des
mêmes chaînes, d’une vue du volcan de Schwiweloutschi
RÉSUMÉ UES PROGRÈS
166
de celle du yolcan de Kiioutschewsk ( Positions géographiques
de VObi, depuis Tobolsk à la mer glaciale, 1832).
MM. Ledebour, Meyer et Bunge ont voyagé dans les chaînes
appelées par les géographes Allai et Koliwan , et leurs notes
géologiques , revues par M. d’Engelhardt , forment un appendice à
la relation de leur voyage b oîanico-géo graphique. Les phéno-
mènes offerts par les filons granitiques se rencontrent dans ces
montagnes sur une grande échelle, et ce voyage a rectifié le9
données publiées par Henovanz.
M. le docteur Hess a visité les contrées à l'est du lac Baïkal
( Zeitsch. de Leonard ; Journal des mines russe , n° 3, 1.828, et
Mémoires de Vacadémiede Saint-Pétersbourg, séance du 16 nov.
1829). M. E. Hoffmann a publié les observations qu’il a faites
sur le pays volcanisé du Kamtschalka , sur lequel M. Ermann
nous donnera encore des détails. On se rappelle la description
du très petit volcan de Kosima , par M. Tiîesius. M. de Hedens-
trom , qui a parcouru, il y a quelques années, la côte maritime de
la Sibérie , va publier sa relation de voyage dans laquelle il don-
nera des détails curieux sur cette immense quantité d’os d’élé-
phans, de buffles, etc., qu’il a trouvés au milieu des glaces.
Un voyage fait en 181 5 par MM. Genz, Teofiiatiev et Tche-
kiaiov, dans la Steppe des Kirghis, a donné lieu à un Essai miné-
ralogique sur ces pays inconnus jusqu’ici [Go moi journal 1829 ,
n° 5 , et Journal de géologie ). Vous vous rappelez que les expé-
ditions russes à Buchara et à Khiva nous ont déjà fourni des ren-
seignemens précieux sur une vaste étendue de l’Asie , et nous y
ont fait connaître non seulement la nature du sol tertiaire très
récent, mais encore des dépôts secondaires en partie coquilliers ,
et des montagnes dioriliques ou porphyriques. Le docteur Evers-
mann , qui a été de ce voyage , en a fait de nouveaux sur les
bords septentrionaux de la mer Caspienne.
Il paraît que MM. Eichwa!d,de Hehnersen etE. Hoffmann ont
aussi bien observé les rives des mers Caspienne et d’Aral, qui
sont un énorme affaissement de la croûte terrestre dont le niveau
est plus bas que celui de la mer Méditerranée et de l’Océan.
M. Hermann a donné quelques observations sur les dépôts
tertiaires au pied du Caucase. Ces roches, qui recèlent les co-
quilles encore vivantes des mers Noire et Caspienne, reposent
quelquefois à 2,5oo pieds d’élévation absolue sur le calcaire
jurassique recouvert d’un système crayeux, arénacé, marneux,
et elles s’élèvent à 5^ooo pieds. JU a observé aussi des coquille»
DE LA GEOLOGIE EN l83o ET 1 83 1 . 16^
perforantes et d’eau douce dans ces couches rehaussées. Il en
conclut que le Caucase n’a pris son relief actuel qu’après leur
formation. M. Eichwald a imprimé on préparé un ouvrage sur
le périple de la mer Caspienne, dont il décrira les vastes dépôts
tertiaires ainsi que les curieuses salses qu’il regarde comme de
petits volcans réels à cause de leurs produits, de leurs effets, et
des blocs rejetés de roches anciennes.
M. Gouriev a publié des recherches géologiques faites eu 1829
pendant un voyage de Kasachshoi à Chamichadilskoi , dans
V arrondissement d’ Elisahethpol au Caucase. L’auteur donne une
carte et des coupes géologiques, et décrit le pays sur la rivière
Koura noire , près du lac Gotchi , comme composé de la diorite,
d’amygdaloïde, de porphyre, de porphyre syénitique, de tra-.
chyte, de basalte et de calcaire [Gornoi Journal, n° 10, i83o).
M. Barozzi de Els a décrit l’éruption boueuse qui a eu lieu
en juin i83o, dans le mont BozTépé, près de Bakou {dite. n° 6,
i83o). Cette salse, au milieu d’un sol subapennin, a lancé beau-
coup de grosses pierres appartenant à ce terrain. Il y a eu ensuite
des détonations, des éructations argileuses, enfin un affaisse-*
ment. L’hydrogène carboné était un des principaux agens du
phénomène, le chlore et l’hydrogène sulfuré n’y étaient qu’acci-
dentellement, des, sels, du soufre, et l’oxide de fer se trouvent
dans des sources de la montagne.
Le Caucase central a été visité par MM. Kupfer, Hermann et
le docteur IHeljubin, qui ont déjà chacun publié quelques notes, sa-
voir : le preuiiersur son ascension du mont trachilique de l’Elbrouz,
et les autres des notes sur les environs des bains, au pied nord
de la chaîne. C’est à MM. d’Engclhardt , Perrot, lleinegg, Frey-
gang et Klaproth, que nous devions jusqu’ici nos notions sur la
constitution géologique de cette vaste chaîne.
II y a dans le Journal des mines russe (i83o, n° 2) des
Recherches minéralogiques sur les environs de la colonie Moux -
Ravan en Géorgie , et sur les mines d’argent et de cuivre d’Ellah -
verdi, dans le même pays.
M. Voskoboinikov adonné une description minéralogique des
environs du fort Diadin sur V Euphrate , dans la Turquie asia-
tique [J oiirn. des mines russe , n° 8, 1829,0! mes Mêm. géoL v. I)«
En Arménie on a examiné des mines de sel gemme qu’on
trouve décrites dans le 11® 12 du Journal des mines russe pour
1828. Des mines de «outre, d’arsenic, de plomb, d’argent et de
cuivre y ont aussi excité l'attention.
s 68 RÉSUMÉ DES PROGRÈS
MM. Kuhn et Berozzi de Els ont donné une description geo/o-
gtque de certaines contrées de /* Arménie dans les environs du
lac de Goklchi ( Journ . des mines , n° 2 , 1829), pays où abon-
dent les roches et même les verres volcaniques.
L’on sait que M. Barrot et d’autres savans ont escaladé l’A-
raral; ces sommités volcaniques sont couvertes de ponce et
d'obsidiennes.
* Depuis les rapports de MM. Fraser et Monteith, nous n’avons
guère eu de renseignemens géologiques sur la Perse. Sur le bord
du lac Ourmiah on a indiqué des roches primaires du calcaire
grenu, etc. Le Liban nous est maintenant connu grâce à
M. Botta fils, les renseignemens donnés par les missionnaires
américains étant très vagues.
La Finlande a été examinée par M. Nils Nordenskiold , qui
nous en promet une description plus complète que celle de
M. d’Engelhardt. Un mémoire sur ce pays est dans le Journal des
mines russe ( 1 828 , n" 11).
M. Foulon a publié un voyage minéralogique de Petrosavodska
à V usine de Kontche [dito , n° 2, 1 83 1) .
M. Koulibin a fait des recherches sur les gîtes aurifères sur
VOpon ( Journal des mines russe , n° 1, i83o). M. Kovrigbin,
sur les mines d’étain d’Oponsk {Dito, n° 4 , i83o). Sa carte
indique dans celte contrée du granité, du gneis, du schiste mi-
cacé , des schistes argileux primaires et intermédiaires.
En Suède, je ne trouve ù noter qu’un catalogue français
des fossiles de ce pays parM. Hisinger, et un mémoire de M. Pin-
gel sur les roches intermédiaires de Bornholm. Vous savez qu’en
1825 ce dernier savant décrivit le grès vert ou charbonneux de
cette île. Ce mémoire fut le résultat d’un voyage exécuté par le
prince Chrétien de Danemark, avec MM. le comte de Yargas et
Forchhainmer. Il s’agissait de déterminer le gîte véritable de cer-
tains minerais de fer. Dans son second mémoire, il parle du
schiste argileux, et du calcaire intermédiaire à E ntomo s tracées t
Graplolithes et Trilobites , ainsi que d’une espèce d ’arkose ( Tid~
skriftfor naturvidenskaberne. Cah. i5, 1828).
Cette île avait déjà fait le sujet de plusieurs mémoires plus an-
ciens et dus à MM. Hisinger, Garlieb et Esmark. L’ile voisine
d'Oeland a été décrite aussi par MM. Wahlenberg et Hisinger.
Les géologues du Danemark , soutenus par les encouragemens
et le goût du prince Chrétien , pour les sciences minéralogiques,
continuent leurs observations sur la géologie des îles et du conti*
de la géologie en ï85o et i83i. 16g
lient danois, si MM. Forchhammer, Brecîsdorff (professeur de mi-
néralogie, à Soroe, en Zélande), tardent à réaliser leur projet
d’exécuter une carte géologique du Jutland, du moins leurs
observations pourront servir à colorier géologiquement la carte
départementale du Danemark, dont le gouvernement danois a
commencé le relevé. MM. le docteur Pingel et Forchhammer ont
commencé la publication de mémoires géologiques sur le Jutland.
Celui de M. Pingel décrit la partie nord ouïes alluvions anciennes
du Vendsyssel ( Tidshrift , etc., n° 14), celui de M. Forchhammer,
inséré dans le 5e volume des Mémoires de la Société d’histoire
naturelle de Copenhague ( Kongl . Danske , etc.), traite delà côte
occidentale du Jutland; il y décrit divers sables en partie à
kaolin, et des marnes micacées et coquillières du sol tertiaire. 11
ne donne que le nom générique des fossiles. Plus anciennement,
M. Forchhammer avait parlé d u gypse du SegchcrgeX de la Zélande,
et de ses roches crayeuses particulières ( Mémoire de V Acadé-
mie des sciences pour i8a5), ainsi que de Vile de Syll ( Mémoire
de l’Académie des sciences de Copenhague pour 1828).
L’île de Helgoland , au débouché de l’Elbe, a été visitée ces
dernières années par M. F. Hoffmann, qui y a reconnu, outre la
craie , des grés secondaires.
En Nonwège , M. Estnark a publié des détails intéressans sur
le gisement d’immenses amas de porphyre et de roches granitoi -
des au-dessus du sol intermédiaire de certaines contrées monta-
gneuses peu connues. ïî a donné à des roches chlorileuses et quar-
zeuses comme celles d’Ecosse, le nom de Sparagmitc. M. Eve-
rell, Anglais, a inséré quelques observations géologiques dans
son voyage en Norwège et en Laponie. M. Bobert, établi, près
de Christiania, a retrouvé dans ce pays les diorites perçons
comme au Harz, enfilons et filons couches, le schiste intermé-
diaire. M. Keilh.au n’a publié, en 1800, à Christiania, que des
Esquisses topographiques de ce pays. L’on connaît sa notice géo-
logique sur les roches secondaires et basaltiques d’une partie du
6 pitzberg et des îles de Cherry ; on est étonné que le zèle de la
géologie aille jusqu’à pousser les savons dans ces régions glaciales.
Je dois rappeler que ce savant est encore du très petit nombre
des géologues qui n’adoptent pas la théorie huttonienne pour les
roches granitoïdes, quoique son bel ouvrage sur les environs de
Christiania soit plein de faits à l’appui de cette doctrine. Il croit
à la formation contemporaine des filons et des roches qui les con-
tiennent.
1JO RÉSUMÉ DES RRO.GRÈS
Enfin, M. Beck, conservateur du cabinet paléontologie du
prince de Danemark, à Copenhague, s’occupe avec zèle de la
détermination des fossiles Scandinaves. Il faut espérer qu’il ren-
dra moins sensible la mort de M. Dalman, à qui la science doit
des monographies sur les trilobites et 1rs térébratules ( Mémoires;
de l’Académie de Suède pour 1824, et 1827).
L’Islande a de nouveau fixé l’attention de M. le comte Vargas-
Bedemar, qui est du petit nombre de ceux qui ont cru y aperce-
voir des roches altérées par la voie ignée ( On vulcaniske pro-
ducter , p. 9, 1817). La structure géologique générale de cette
île nous est assez bien connue par les ouvrages de MM. Macken-
sie , Henderson , Hoocker , Garlieb, etc. ; et les îles de Feroë ont
été revues par M. Forchhammer, et dernièrement par M. le
comte de Piaben. Le premier a déjà publié ses observations dans
les archives de Karsîen.
Pour Y Afrique, les années i83o et 1 83 1 nous ont fourni des
notices intéressantes sur les états du pacha d’Egypte. MM. Rup-
pell et Ehrenberg ont complété les rapports publiés par M. Cail-
laud, et la commission scientifique d'Egypte. Le voyage de
M. Ehrenberg a fait connaître surtout les contrées de l’Oasis de
, Siwah, et les calcaires coquillier s du plateau du désert entre ce
point et la vallée du Nil. Les données sur F Arabie-Pélrée, et
quelques îles de la mer Rouge, sont aussi fort intéressantes; et
sa carte géologique est la première esquisse d’une portion de
l’Afrique continentale. M. Iluppeli a aussi parlé de la géologie de
V Arabie-P étrée et de celle du Kordofan , où il n’y a que des
roches primaires 9 des grès secondaires et des dépôts tertiaires »
La mort prématurée de M. Brocchi nous a privé de la publica-*
tion des nombreuses observations qu’il avait faites dans les
-mêmes contrées.
M. llozet, au péril de sa vie, nous a fait connaître une partie
du pays d’Alger. Ses courses dans V Atlas et à Oran sont de véri-
tables conquêtes pour la science. Si le lias reconnu dans l’Atlas,
et le terrain subnpennin, à Alger, sont des faits curieux, le
gîte des poissons marins d’ Oran, différent de celui d’Âix, et sem-
blable à un de ceux du Liban, ne l’est pas moins.
Le nouveau journal du Cap de Bonne- Espérance contient déjà
quelques notices sur cette partie de l’Afrique. Les environs du Cap
nous ont été décrits, il y a plusieurs années, par M. Macdonald.
M. Verreaux vient de rapporter quelques minéraux du pays des
Galfres.
DE LA GÉOLOGIE EN 1 85o ET 1 85 1 . 1^1
Vous savez que le reste de nos documens sur l’Afrique se ré-
duisent à quelques notes sur la Cyrénaïque, par MM. de la Cella
et Beechey,sur la rouie de Tripoli au lac Tchad, par MM. Clap-
perton et Laing, sur le Sénégal ( Annales des mines) , sur Sierra-
Leone , par M. Bierley, sur le Congo , par MM. Tuckey et Smith.
M. Murray a réuni dernièrement tous les documens géographi-
ques sur les différentes parties de V Afrique ; et M. le professeur
Jameson y a ajouté un résumé des observations géologiques .
Dans ces dernières années, M. Buckîand adonné, d’après
M. Farquharson, quelques renseignemens sur la géologie de
Madagascar , MM. Bowdich et Colebrooke sur les îles du Cap -
Vert , et MM. de Bucli, Bennett et Alison, sur les Canaries .
Aux États-Unis la géologie prend de plus en plus faveur, té-
moin les nombreux travaux géologiques qui sont publiés journel-
lement dans ce pays, et la rapidité avec laquelle s’y succèdent
les traductions d’ouvrages classiques européens. MM. Jackson et
Alger nous ont donné la carte et la géologie de la Nouvelle-Ecosse,
Ce pays est riche en roches basaltiques zooliliques , dépôt rare dans
le nord de l’Amérique. M. Geddes a décrit le côté sud de la vallée
de V Ontario ; M. Shepard, des portions de la Nouvelle- Angle-
terre; M. Morse, les Grauwackes de l’état de New-York; M. Henry,
la configuration du sol de cet état ; M. Nash, la géologie du II amp-
shire {Amer. J. of Sc. v. 12). MM. Eaton et Silliman , les dépôts
anthracitifères de Pensylvanic et du New-York; M. Silliman, les
effets du trapp sur des grès secondaires [Amer. J. of S. ocl. 1829);
M. Elisha Mitchell, les mines d’or alluvial de la Caroline , qui
avaient déjà occupé MM. Roth et le professeur Olmsted; M. Hil-
dreth , des portions de l’Ohio; M. Joshua Forman , la formation
salifèrede Salina; M. Finch , le comté du Saint- Laurent ; M. Bon-
nycastle, le sol intermédiaire de Calaraqui; M. Morton, le grès
vert et ferrugineux du Nouveau- Jersey 9 et l'argile tertiaire : dé-
pôts dans lesquels il a trouvé plusieurs fossiles caractéristiques
de ces formations. Le comté d’Ontario a offert à Canandaigua
des jets naturels d’hydrogène carboné. Enfin, les dépôts des bords
du canal Eric ont été classés de nouveau par M. le professeur
Eaton, qui n’a pas cru y devoir reconnaître les formations éta-
blies en Europe, et qui a donné des noms nouveaux non seule-
ment aux terrains, mais aussi à leurs différentes assises. Heu-
reusement, M. Feasterslonough est venu nous donner la clef de
ces dénominations nouvelles des dépendances du sol intermé-
diaire et secondaire. U me suffit de dire que M. Eaton distinguo
172 RÉSUMÉ DES PROGRÈS
trois grauwackes tant secondaires qu’intermédiaires ; qu'il parle
du lias sans faire connaître sa place; bref, il ne donne point de
synonymies ,011 il en donne de fausses.
Le Canada a été examiné ces dernières années par M. le doc-
teur Bigsby, et va l’être encore davantage par les membres des
sociétés de Montréal et de Québec. M. Big-by nous a donné suc-
cessivement d’intéressans mémoires sur les lacs Supérieur, Huron,
Ontario , Erié , et sur les environs de la chute du Niagara. Il a
complètement confirmé le classement proposé par M. Feasters-
tonaugh, concernant les nouvelles divisions de M. Eaton. Les
grands lacs sont entourés de terrain primaire et trappéen , et de
terrains arénacés et calcaires de la classe intermédiaire . Les
sources salées, les couches marneuses ou ferrifères, les calcaires
géodiquesou coquilliers, n’y sont que des accidens.
Le comlé de Saquenay a occupé M. Stuart ; et les environs de
la chute de Montmorency, M. Green.
M. le capitaine Bonnycastle a aussi donné une notice sur la
chute du Niagara, tandis que le capitaine Bayfield nous a appris
à mieux connaître les alluvions des bassins des grands lacs du
Canada, et en particulier du lac Supérieur.
M. Bair a publié quelques notes sur Terre-Neuve; M. Baddeley
a décrit les syénites et les roches primaires de la côte du La-
brador.
Nous n’avons pas eu de nouveaux renseigncmens sur la géologie,
soit du nord-ouest de l’Amérique, soit du Groënland, depuis les
relations des voyages de MM. Franklin et Richardson dans les
premières contrées, et de MM. Scoresby et Giesecke dans le
second pays. M. Jamcson a réuni tous ces documens à la suite
d’une relation des voyages entrepris dans les contrées arctiques,
publication faite par M. Murray. M. Pingel,de Copenhague,
vient de rapporter beaucoup de roches du Groënland occi-
dental, où il avait été envoyé .avec une expédition pour retrouver
les anciennes colonies qui ont existé dans ce pays.
Vous connaissez tous le résultat des voyages dans l’intérieur
de l’Amérique septentrionale et aux montagnes rocheuses par
MM. Schoolcraft, Nutail, Keating, Lew, Clarke, et Long.
Quelques nouveaux détails nous sont parvenus sur la géologie
des bords du fleuve Columbas et de la Californie septen-
trionale.
Pour la Colombie , je ne trouve à citer que les notices de M. de
Uumboldt sur le sol sub-apennin de Carthagène, et en général
de la géologie en i83o et 1801. ï^3
de la côte de la Nouvelle-Grenade et sur les salses de Turbacoy
genre de phénomène que ce savant croit lié aux volcans. Une
formation aréuacée très étendue dans La Nouvelle-Grenade est
■classée par lui dans le grès rouge secondaire. Enfin il a donné des
aperçus sur les bassins du Cauca et du Funza en Colombie. On
y trouve du grès liouiller, un dépôt gypsijère et quelquefois mu -
riatiferc, et un calcaire secondaire à poissons , à ammonites et ver-
tèbres de crocodiles.
Le dernier volume du Voyage au Brésil , de MM. Spix et Mar-
lias, vient d’être mis en vente. Les trois volumes de ce bel ouvrage
sont remplis de notices géologiques intéressantes. Le champ de
leurs observations n’a pas été circonscrit, comme dans le cas de
MM. Mawe, Eschwege, Schâffer, Caldcleugh et autres, à la pro-
vince de Rio-Janeiro , et aux districts aurifères et diamantifères.
Ils ont traversé plusieurs autres gouvernemens, et ont décrit en
particulier, les premiers, la Constitution géologique de V immense
bassin du fleuve des Amazones , occupé surtout par un dépôt
de keuper , avec de rares lambeaux d' aggrégats coquilliers rua -
rins et des îlots granitiques et quarzenx ; les montagnes calcaires
près du St- François , leurs cavernes à os de Mégathérium ; les
dépôts dioriliques sur la frontière des provinces de Bahia et de
>Saint-Francois , les dépôts de lignites de la côte de Bahia , et ses
manias coquilliers élevés et abandonnés récemment parles eaux de
da mer , par suite du soulèvement du continent .
Il est fort curieux d’apprendre que le phénomène des blocs erra-
tiques , et même les dépôts tertiaires, sont entièrement étrangers
iaux plaines du fleuve des Amazones, tandis qu’ily en a des traces
(flans le bassin colombien de l’Orénoque. D’une autre part, d’a-
près ces savons bavarois , le keuper gypsifère, mais non métal-
lifère de ces plaines, serait le même dépôt que le Tapanhaucanga
aurifère et diamantifère, encroûtant les montagnes quarzo-lal-
tqueuses métallifères de Mineas-Geracs et d’autres provinces du
.Brésil.
Néanmoins il faut observer que M. de Humboldt place parmi le
[grès rouge les aggiégats des Llanos de l’Orénoque et de la ri-
vière de la Madeleine, et que M. Rengger n’a guère cru voir que de
4a molasse flans les plaines du Paraguay, qui paraissent ne faire
'qu’un tout avec celles des rivières des Amazones et de l’Orénoque.
La partie montagneuse du Brésil aurait donc formé jadis une
ümmense île iV l’orient des Cordillières des Andes, et les plaines
4e POrénoque, du fleuve des Amazones, du Paraguay et des
174 RÉSUMÉ DES PROGRÈS
Pampas, une fois émergées, n’auraient plus été modifiées que
par les eaux fluviatiles.
Cette considération géologique est fort importante en prin-
cipe; car, si certaines contrées ont été abandonnées pour tou-
jours par la mer très anciennement, comme, par exemple, après
la formation du grès bigarré, il n’aura pu s’y former depuis lors
que des dépôts lacustres, fluviatiles ou terrestres, qui, malgré
leur nature si différente de celle des roches déposées sous la
mer, leur deviendront parallèles pour i’ôge de leur formation.
M. le docteur Pohl, de Vienne, devrait aussi faire connaître
ses remarques géognostiques sur le Brésil , pour qu’on en puisse
former un ensemble avec celles des voyageurs précédens. La
collection qu’il a rapportée du Brésil est belle, bien classée, et
mérite bien de ne pas rester ignorée. M. Natterer, autre natu-
raliste autrichien envoyé au Brésil, n’a cessé de l’enrichir jus-
qu’à ce moment; et MM. Strauch et Regenhard , ingénieurs
des mines, achèveront de nous faire connaître les parties abor-
dables de ce vaste empire. II est bien à regretter que M. Les-
chenault n’ait pas pu pénétrer dans l’intérieur de la Guyane
française , où le sol paraît primaire.
Au Pérou , M. de Rivero a donné une carte et un excellent
mémoire sur les environs très élevés de Pasco , où il y a des mon-
tagnes calcaires et des mines d’argent et d’autres métaux ( Journ .
de Lima ) ; il n’a négligé que la détermination exacte des fos-
siles. Nous aurons incessamment de nouveaux renseignemens
6ur les volcans des Andes du Pérou, puisque M. de Humboîdt
va enfin achever son V oyage aux régions équatoriales. II
paraîtrait qu’il y réunira les observations faites dans le haut
Pérou par M. Pentiand, qui aurait plutôt dû lui-même nous
donner son voyage. M. A. d'Orbigoy , maintenant dans cette
contrée, nous en rapportera aussi quelques faits.
M. Maclure s’est établi , pour quelques années , à Mexico , et a
dit quelques mots sur la géologie du pays. MM. Schiede etDeppe
ont visité le volcan d'Orlzaba ( Hertha 1829), mais depuis les
belles cartes géologiques de V état de Mexico par MM. Berghes et
Gérolt, et les mémoires de MM. Burkhart et Sartorius, il n’a rien
paru de saillant sur ce pays, à l’exception de deux mémoires im-
portans de ce dernier géologue ( Arch . de Karsten , vol. 5). Il y
décrit divers districts miniers avec le talent qu’on reconnaît dans
ses mémoires précédens, et de plus sa Description des environs
de Ramos transporte le lecteur en Hongrie. On y voit, comme
DE LÀ GÉOLOGIE EK l83o ET 1 85 1 . 1 75
dans ce pays, le sol schisteux intermédiaire des masses Syéni -
tiques traversées de filons argentifères , recouvertes de deux
éruptions trachy tiques , d’agglomérats trachy tiques et de dépôts
tertiaires , et accompagné çà et là de roches basaltiques » I)’une
autre part, autour de Catorze, il nous montre, comme dans
les Alpes, sur les schistes, des dépôts arénacés rouges surmontés
de calcaires ammonitifères a filons argentifères.
M. Burkhart indique, au nord de Kamos, des roches ter-
tiaires et des laves sur le terrain schisteux à filons métallifères,
et il a découvert que la plaine de Salines, à 6459 pieds sur la
mer, est couverte de couches tertiaires, savoir, d’agglomérat
calcaire , de calcaire à polypiers et dun calcaire tufacé. L’eau
potable se trouve sous ces trois masses dont on ne connaît pas
encore le mur. Ne serait-ce peut-être pas une argile P La grau-
wacke forme les montagnes environnantes.
Le granité est très rare dans la partie nord du plateau mexi-
cain; on ne le connaissait jusqu’ici avec du gneiss que dans la
portion méridionale autour d’Oaxaca et entre Mexico et Aca-
pulco; M. Burkhart l’a retrouvé au nord de Guanaxuato, près de
Comaiga, et dans la montagne de Penon-Blanco , où cette roche
flanquée de grauwacke s’élève à 8917 pieds anglais, et contient
du fluoré.
Nous avons encore à attendre des détails bien précis sur le
Mexique, soit de M. Vanuxen, soit de MM. Lrbreich, Sieze et
Schiëde , tous maintenant voyageurs stationnaires dans ce
pays.
Le nivellement de l’isthme de Panama a été exécuté et a con-
firmé une différence de hauteur entre le niveau de la mer Paci-
fique et des eaux du golfe Mexicain. La géologie n’a pas recueiili
d’autres fruits de ce travail; elle avait clé plus heureuse dans
l’opération semblable faite , il y a quelques années, par le gé-
néral Orbegoso sur V isthme de Tehuantepec.
Vous vous rappelez que le capitaine Ring a donné une notice
sur les côtes de la Patagonie , près du détroit de Magellan. La
découverte de la craie et du grès vert dans ces contrées est un
fait curieux.
M. Gilies a décrit le volcan de Pcùquènes dans les Andes du
Chili. M. d’Orbigny, qui va bientôt revenir en France, nous
donnera probablement quelques détails géologiques sur les deux
derniers pays mentionnés, dont quelques parties ont été aussi
décrites par MM. Miers et Galdcleugh.
RÉSUMÉ DES PROGRES
l^G
Les voyages de WM. Stevenson et Andrews nous ont aussi
fourni quelques renseignemens sur les mines de l’Amérique mé-
ridionale espagnole. Quant aux Antilles, M. Wallon a publié en
iSs5 un rapport sur les mines de la division orientale de Haïti.
Dans le Journal de la Havane , on trouve décrits des minerais de
fer et de cuivre, la houille de Villa Clara, et la géologie des en-
virons d’Àlquiza, où il y a des calcaires coquilliers, des argiles,
des calcaires tertiaires et du gypse [Biblioth. univers . , avril
1829). Vous savez que la géologie des îles de la Jamaïque , de
MonlJ errât , de Trinidad , de la Barbade , d’ Antigua et des An •
tilles françaises, nous est déjà assez bien connue; celle de Vile Saint -
Christophe , aussi en partie volcanique, a été donnée dernièrement.
M. Webster a publié quelques notes sur la terre des Etats au
sud du cap Horn. M. Weston a esquis.-é la géologie d’une partie
de Vile Sainte-Hélène. Nous avons eu, il y a quelques années,
des détails sur la constitution des îles de Y Ascension , de Tristan,
d* Acunha , de Timor , d* Albemarlc , de Banda , de la Nouvelle-
Shetland du Sud. M. Bretero nous a appris que l’île de Juan
Fernandez n’était composée que de basaltes sans traces de vol-
cans.
M. le docteur Macklot a pénétré dans la Nouvelle -Guinée ,
où il avait été envoyé avec M. Rualten et Zippelius. Cette ex-
pédition a visité les embouchures des rivières Dourga, la Fausse
Oclanata , l’üctanata, la Wameka, l’île d’Àiduma , le district
de Lobo et Morvara, situé sur la côte occidentale. Les mon-
tagnes s’y élèvent au - dessus de la ligne des neiges perpé-
tuelles; mais celles de la baie de Triton n’excèdent pas 5,too
pieds; les chaînes y sont calcaires, courent du sud-est au nord-
ouest. Le calcaire grenu domine et repose sur un autre dépôt
calcaire; M. Macklot y a trouvé des fossiles et une. vertèbre d’un
grand animal. Dans l’intérieur il y a des formations argileuses,
des grauwaekes , des grès rouges , du calcaire intermédiaire et
primaire, et probablement dt s dépôts volcaniques à juger par
les ponces et les obsidiennes charriées par les rivières. Les
plaines près de la mer sont composées de sable quarzeux ou de
calcaire composé de fragmens de coraux blancs et rouges.
Pendant ma visite à Londres en 1 83 1 , M. le docteur Horsfebî a
eu la complaisance démettre sous mes yeux une Carte géologique
de Banca 1 île dont le sol est primaire et dans laquelle abondent
les granités , les pegmalites , les hyalomictes slannifères et les
gneiss .
DE LA GEOLOGIE EN l83o ET 1 83 1 . ] 77
Les roches secondaires , les schistes et les syénitesdc Swanriver
et de Vile de Buache à la Nouvelle -Hollande ont été décrites par
M. Scott. Dans la Ncuvelle-G aUc-> c 1 }itd,on a découvert un
'volcan très curieux qui , si l’on en croyait les rapports , tendrait
seulement à se former au milieu d’un terrain arénacé près duquel
il y a de la houille. Malgré les détonations et les mouvemens
qu’il paraît causer, la chaleur des roches, etc., il ne paraît pas
encore sOr que ce soit un volcan véritable.
Des détails sur les îles volcaniques de Sandwich ( TVoahoo ,
Morotoi, Ranay , Mowee et Owhyhec) ont paru dans plusieurs
journaux américains et européens. Ils sont dus surtout aux mis-
sionnaires Ellis et Goodrich , et à M. Menzies-(Magaz. de Lon-
don , n° 9). M. E. Hoffmann nous a donné quelques notes géo-
logiques sur les mêmes îles , sur Olditi et les environs de
Nootka dans V Amérique russe , et sur la côte de la Californie.
Enfin, M. Cordier a présenté un résumé des observations géo-
logiques faites par V Astrolabe sur divers points de V Amérique
méridionale et de V Océanie.
En i83o , les mémoires sur les possessions anglaises de YInde
ont été nombreux. M. Turnbnll Christie nous a fait con-
naître le pays des Marattes ; M. Hardie le Meywar ; M. Frank-
lin ( Trarts . géol. et Asiat. researches ) les mines de diamant de
Panna et les districts de Sagar et de Jebelpur ; M. le capitaine
Coulthard, le trapp de Sagar; M. Macpherson la route d'Hydra-
bad a Masulipatan ; M. Hardie, celle de Raroda à Udayapur ;
M. le docteur Govan , les lalcschistes et les schistes du
pays entre Sunlah et Fakho ; M. Voysey, la géologie des mon-
tagnes de Silabaldi (Nagpur), et les fossiles des montagnes de Ga -
wilgerh; M. Jenkins a donné une Note sur les mines de Nagpur ;
M. Calder, des Observations générales sur la géologie de V Inde ;
M. Jones , une Notice sur le district houiller de Jéria à Sanan-
pur ; M. Herbert, des Remarques sur les dépôts charbonneux de
Vlndc. M. Traill a publié des renseignements sur le Kamaon;
M. Eaton, sur VArracan; M. J. Low, sur la presqu'île Malaise ;
et la géologie de V Himalaya a occupé MM. Herbert, Cautley,
Colebrooke , Gérard , Richardson et Govan. Les premiers nous
ont fait connaître des gîtes de gypse en partie anhydre et de li-
gnite, et les derniers voyageurs ont pénétré jusque sur les fron-
tières du Thibet, et ont trouvé à 17,600 pieds au-dessus de la
mer des champs couverts de coquillages aussi frais que si la mer
venait de les laisser sur un rivage. Sur les frontières du Ludak
Soc. géol. Totn. II. 12
378 RESUME DES PROGRÈS
et du Bussahir, les roches coquillieres paraissent atteindre le plus
généralement une élévation de 16,000 pieds sur l’Océan.
Tous ces travaux sur l’Inde nous ont fait mieux apprécier
Y étendue des nappes trappéennes au centre de la Péninsule , et
celle des granités et des quarzites de la portion orientale. Nous
avons appris que quelquefois il y avait dès coquillages calcédo -
niques au milieu des wackes. La découverte du grès bigarré sa-
lifère et du lias dans le nord de V Inde est encore une autre
conquête récente. II est important d’avoir des détails circon-
stanciés sur les houillères de l’Inde et sur leur liaison probable
avec des calcaires et des grès plus anciens, comme en Angleterre.
MM; Turnbull - Christie et Jones nous ont décrit un singulier
dépôt argileux alluvial sous le nom de Latente. Ne serait-ce pas
un détritus trappéen on basaltique? Il est très intéressant d’en-
trevoir que la chaîne si élevée de Y Himalaya s comme celle des
Alpes , *est bordée de molasses à lignite , et est formée en partie
de roches très coquillieres. Les conquêtes récentes des Anglais
nous ont donné des aperçus sur les roches primaires , les mar-
bres, lès calcaires et le sol tertiaire du royaume cVAva et de
Siam. Vous vous rappelez la notice de M. Buckland sur les
roches et }es fossiles du pays des Birmans. M. Jacquemont,
maintenant au Thibet, nous en rapportera des observations géo-
logiques.
Nous avons aussi reçu des renseignemens nouveaux sur les
îles deSalsette , de Senang et de Singapore , sur le volcan de Vile
de Barren dans le golfe de Bengale, et même sur Manille et
Bornéo'. L’Eèsaî minéraîogico-géoîogique sur Vile de Ceylan , par
M. John Bavÿ, est déjà trop ancien pour en parler. D’un autre
côté, dans ces dernières années, les mémoires de MM. Lesche-
nauît , Yan Boon Mèsch et Jack, et les voyages de MM. Baffles,
Cravvford et Borsfield nous ont mieux fait connaître les volcans
de Java et de Sumatra. Le docteur Horsfield m’a fait voir sa
belle collection , et, si l’on en excepte un calcaire tertiaire ,
toute l’île de Java est couverte de dépôts trachidques divers sans
la moindre tracé de basalte. La carte géologique de cette île et
de ses volcans doit être publiée incessamment.
Il nous est arri vé de la Chine , empire si curieux, une Description
des puits artésiens salés, et de ceux établis pour l’exploitation de la
houille. Les premiers donnent lieu à des jets de gaz hydrogène
carboné, qui est utilisé comme à Canîmdaigua aux Etats-Unis, et
dans quelques mines de sel delà Hongrie , pour l’éclairage des
DE LA GEOLOGIE EN ï83o ET l85l. 1
maisons. II paraît même qu’on fait des trous de sondes très profonds
dans le but de se procurer ce gaz. On doit se demander s’il y a
en Chine du sel décrépitant, ou si ïé gaz provient de mines de
houille, ou bien si ces deux cas existent peut-être dans ce pays.
II est heureux qu’enfîn un naturaliste , M. le physicien Fuss, ait
été. adjoint à la mission russe à. Pékin ; car la géologie de la
Chine jetterait probablement un nouveau jour sur plusieurs pro-
blèmes importans. Un autre empire, d’un accès presque aussi
difficile que la Chine, nous voulons parler du Japon , a été ou-
vert. il y a quelques années aux recherches de M. Siebold , qui ,
quoique zoologue et botaniste , doit nous rapporter aussi quelques
notions géologiques. Dernièrement M. Klaproth a donné des
renseignemens sur èix volcans de ce pays , en appendice à la
dissertation de M. de Humboldt sur certains points volcanisés
de TAéie centrale.
Le nombre des cartes géologiques' publiées en i85o et i85i
est considérable, et s’élève à soixante-dix-huit. Ce sont les sui-
vantes : les Cartes de l’île d’Arran, de la côte nord-est de l’Écosse
et de la partie de ce pays au nord d’Edimbourg et de Glascow'
par MM. Sedgwich et Mure bison ; celles de l’île. d’Arran, d’ime
portion de l’île de Sky et du mont Ben-Nevis en Écosse, par
MM. <1 Oeynhausen et Dechen; celle d’une partie du Craven
dans le Westmoreland, par M. Philippe celles sur quelques
parties du Notlmghamshire , du Derbyshire, .du YorksKire et du
Durham, par M. Scdgwick; celle de la côte de Torbay dans le
Devonshire par M. de la Bêche; celles de quelques filons du
Nor humber and, par MM. Forster , Buddle , ïrevelyan et
Willamson Pece; celle du grès rouge de Durham, par M. W.
uuon; celle cl une partie du Benvickshire, par MSI. William
et Winch ; celle d une portion houillère du pays de Galles mé-
ridioua', par M. T Forster; celle del’Aude, par M. Tournai;
ce'le des Pyrenees-Or.entales , par M. Marcel de Serres ; celle
de Puy-de-Dome, par MM. Lecoq elBouillet; celle du Poitou, de
1 Angoumms, de la Saintonge et d’une partie de la Vendée, par
MM. Mânes et Cre.séac; celle de Nice, par M. de la Bêche;
M r . TT’JT *• ra,e"°; CC'lK du 1:1 Toscane, par
M. G, ni,; celle du Val di Note, par M. Gemellàro; celle d„
cap Passaro, par MM. F. Hoffmann et Escher; celle des bords
du lac de Lugano , par M. Bach ; celle de s rives du lac de Gô.ue
mr MM 6 H Brhe; CMC de q,,el<IUCS l.,orlions du Jura suisse,
p. MM. Renggcr et Menan ; celle des environs d’Altorf, par
l80 RÉSUMÉ DES PROGRES
M. le docteur Lusser; celle du Kaiserstuh! , par M. Eisenlohr ;
celle du cercle du Necker inférieur dans le pays de Bade, par
M. Broun; celle de l’Odenwald et du sol secondaire de la Wet-
teravie, par M. Rlipslein ; celle du cercle de Hofgeismar en
Hesse, par M. Schwarlzemberg ; celle du pays de Nassau, par
M. Slifft; celle du Hanovre, par M. Keferstein; celle générale
et particulière du N. -O. de l'Allemagne, par M. F. Hoffmann;
celle des environs d’Àllenberg et de Zinnwald, par M. Josa;
celle du pied sud du Reisengebirge, par W. Moteglek ; celle du
pays de Glalz et d’une partie de la Silésie inférieure, par
MM. Zobe! et de Carnall ; celle de la Boheme coloriée, par M. de
Buch, au café à Melon du Carlsbad ; celle des environs de
Moldova, Oravilza, Dogoasca et Gïadna dans le Bannat; celle
du sol intermédiaire du royaume de Pologne, par M, Bloede ;
celle d’une partie de celte même formation, par Dmilriev;
celle du sud de la Pologne , par M. Becker; celle de l’Esthonie
et de la Courlande, par MM. d’Engelhardt et Ulprecht; celle de
la chaîne du Donetz dans le sud de la Russie , par M. Kovalevki ;
celle des bords inférieurs du Don et du Douelz, par M. OJivieri ;
celle des alentours de Chiikin , par M. Kovrighin ; celle des
environs de la vallée d’Onon-Borsinsk en Sibérie, par M. Taskin ;
celles delà chaîne Adouchilon dans le même pays, par M. Rou-
libin ; celle de la vallée d’Ichaginskoï, par le même savant ;
celle des bords de la rivière Toura, par Protasov ; celle des
environs de l’usine de Yougovsk dans l’Oural , par M. Sanioilov ;
celle de l’îîe d’Égine, parM. Bobîaye; celle des chaînes de l’Asie,
par M. de Humboldt; celle de huit di-lricts dans l’Indostan ;
celle sur l’Égypte et l’Arabie Pétrée, par M. Ehrenberg; celle
sur les îles Feroë , par M. Forchammer ; celle de Ténériffe, par
M. de Buch; celle de la Nouvelle-Écosse aux États-Unis , par
MM. Alger et Jackson; celle du lac Ontario e* le Niagara au
Canada, par M. E’igsby; et celle des environs de Pasco au Pérou,
parM. deRivero. JL? a carte générale de l’Europe vient d’être publiée
de nouveau à Paris , chez Lance , sur une assez grande échelle,
par les soins de M. de Gaumont, et M. Bobîaye m’a permis d’y
indiquer ses observât ions faites en Morée. ïl faut ajouter àcela les
cartes dont la gravure est avancée , et celles qui sont manuscrites.
Dans le premier cas, so nt celles de la France, par MM. Brochant,
de Beaumont et Dufré noy ; celle de la Seine-Inférieure, par
M. Passy; celle de l’Alsa* ?<e, entreprise par la Société industrielle
de Mulhouse; celle des d épôis dioritiques aux environs de Dax,
DE LA GÉOLOGIE EN i83o ET l83l. 1 8 i
par M. de Poudins; celle sur la Pologne, de M. Pusçh; celle du
Jura Argovien, par M. Rengger; celle de lu Basse- Autriche , par
M. Partsch , el celle du sud-ouest de l’Irlande, par M. "Weaver.
Dans le second cas , se trouvent la carte du département de
l'Oise, par M. Graves; celle de la Gallicie, présentée à notre
Société parM. Lill ; celle de toute l’Irlande, par M. Weaver ; celle
des environs de Pzibram en Bohême, par M. de Meyer; celle
de Salzbourg, offerte à la Société géologique de Londres, par
M. Lill; celle de la Siyrie, présentée à la même Société, par
l’archiduc Jean d’Autriche , MM. Partsch et de Uoslhorn ; celle de
la Carinthie et de Carniole, dressée par ce dernier savant ; celle
du terrain houiller de la Bohême, par M. de Buch; et les quatre
cartes de la Bavière méridionale, de Parchiduché d’Autriche , de
la Moravie, et de la partie occidentale de la Hongrie et de
la Gallicie et de la Transylvanie, cartes que j’ai envoyées
à la Société géologique de Londres. Enfin la carte de toute
lTtalie septentrionale, y compris la Toscane, nous est promise
par MM. Paretto, Crislofero, Pasini et Savi ; celle du Val d’Arno,
par M. Bertrand Geslin; celles des environs d’Alhano, près de
Rome, de la Sicile occidentale et orientale, par M. F. Hoffmann ;
celle de la Belgique, par MM. Van Brcda , d’Omulius, etc.;
celle de Brabant, par M. Morren; celle des Alpes bernoises , par
MM. Sluder et Mousson; une vérification de celle du Saint-
Golhard, par MM. Lardy el Laine ; celle de la Saxe royale , par
le Conseil des mines de Freiberg; celle de la Lusace, par la
Société d’histoire naturelle de Gorlitz; une rectification de celle
de la Finlande, par MM. Nils Nordenskiold ; celles de plusieurs
parties de la Russie, par la Société minéralogique de Saint-
Pétersbourg; celle de la Morée, par MM. Boblayc et Virlet ;
celles des deux Garnîmes aux États-Unis ; celle de l’île de Banca,
par le docteur Horsfieid; celle du Liban, par M. Bolla, etc.
Dans peu d’années nous aurons donc une idée exacte et suffi-
samment détaillée de la structure géologique de l’Europe. On ne
pourra qu’à cette époque se faire une idée des changemens par
lesquels a passé le continent que nous habitons, el l’on pourra
alors dresser approximativement des cartes représentant l’état
de l’Europe aux diverses phases géologiques. L’on y suivra des
yeux, comme j’en ai fait un essai dans mon Mémoire alle-
mand, la position des îles anciennes, leur réunion en con-
linens , le contour de ces derniers, les bouleversemens qu’ils
ont subis, les endroits des chaînes qui se sont élevés et les lieux
182
RÉSUMÉ DES PROGRÈS
affaissés, la direction des courans marins et des anciens cours
d’eau d’après la place et le genre des dépôts, les mers et les terres
anciennement habitées ou sans êtres vivons, la sortie graduelle
de l’Europe hors des eaux de l’Océan, et en général toutes les
causes premières de la configuration actuelle et des accidens
divers des formations européennes.
La surface terrestre se dégrade et se modifie sans cesse ; indi-
quer ces changement , c’est être utile au géologue, à l’historien
de la vie du globe. Si la compilation de pareils documensest un
travail long et souvent fatigant, nous devons en savoir d’au-
tant plus de gré à ceux qui s’y livrent. Parmi ces hommes stu-
dieux, M. de HofT mérite une mention particulière. Tout le
monde connaît son grand ouvrage; mais tous ne savent peut-être
pas que depuis cette publication il est toujours occupé à rassem-
bler des faits semblables et à les enregistrer dans quatre journaux
périodiques. M. Iieferstein a aussi présenté des catalogues ana-
logues pour les phénomènes volcaniques. M. Balbi nous a donné
la date des désastres plus ou moins grands arrivés sur les côtes
ou dans l’intérieur des pays.
Les mesures de hauteur ou les nw elle mens se multiplient de
tous les côtés. Une mention particulière est due à M. Nixon
pour plusieurs parties du nord de l’Angleterre ? à MM. F. Hoff-
mann , d’Oeynhausen, Dechen, Michaeli , et de Hoff, pour l’Alle-
magne ; à M. Baumgartner pour l’Autriche; MM. Attilio, Zuc-
cagni, Grlandini, pour la Toscane (Allas géographique et phy-
sique de la Toscane, 2 83 1 ) ; à MM. Ledebour, Meyer et Bunge,
pour l’Altaï; à M. de Humboîdt, pour la Sibérie, et à MM.
E. Hoffmann et Keîmcrsen, pour les bords affaissés des mers
Caspienne et d’Aral, etc., etc.
Les traités généraux de géologie ont été assez nombreux dans
les deux années qui viennent de s’écouler. M. Bakewell a vu la troi-
sième édition de ses élémens de géologie réimprimés aux Etats-
Unis. M. le docteur Vre nous a donné un Traité de géologie ou
une Théorie biblique de la terre qui a été amèrement critiquée
par le président de la société géologique de Londres.
M. Lyell a publié deux volumes de ses Considérations phi-
losophiques et théoriques sur la géologie , dont la vente a été
si rapide, malgré un tirage nombreux, que tout en achevant
la publication du troisième volume , il réimprime le premier.
Bans le premier , en partant du connu, il cherche à expliquer
tous les phénomènes par ce qui se passe sous 00s yeux, Cet
de la géologie en î85o et i83i, i 83
ouvrage est souvent une compilation judicieuse , et montre un
homme d’esprit. Le brillant de ses théories résistera-t-il à
toutes les objections qu’on peut leur opposer P c’est ce que l’a-
venir nous démontrera. Dans tous les cas, l’auteur avancera la
géologie , sans avoir écrit un traité méthodique ,.en appliquant la
marche philosophique du connu à l’inconnu suivie depuis îong-
tempsparbeaucoup de géologues du continent. Un ouvrage qui nie
le déluge mosaïque et le diluvium tel qu’il est conçu par la plupart
des géologues anglais, une dissertation qui cherche à expliquer la
température plus grande du globe , sans recourir à la chaleur
centrale ; enfin une publication qu’on peut appeler hérétique
sous plus d’un rapport, devait naturellement exciter des récla-
mations, surtout en Angleterre. L’auteur avait loué le travail de
M. Scrope sur l’Auvergne, dans une revue de Londres ; ce der-
nier lui a rendu cette politesse dans un des numéros de Tan
passé; mais le journal de M. Brewster a critiqué certaines par-
ties de l’ouvrage de M. Lyell ; puis M. Whewell, ecclésiastique ,
lui a fait une repartie spirituelle dans un autre journal périodi-
que ( British critic , janvier 1 85 1 ) . Enfin , M. Gonybeare a com-
battu plusieurs de ces principes fondamentaux , et a cherché à
prouver au contraire que les causes agissantes actuellement ne
peuvent pas être mises en rapport avec celles qui ont agi jadis.
Comme les systèmes de M. Lyell choquent beaucoup les idées
reçues, il doit s’attendre à de nouvelles attaques. Cette contro-
verse fera un bien infini à la science , puisqu’elle roulera sur
tous les points fondamentaux de la géologie. II paraît que les
idées de M. Lyell ont donné occasion à M. Herschell de consi-
dérer si certaines causes astronomiques ne pourraient pas rendre
raison de quelques uns des grands phénomènes géologiques.
Dans le premier volume , M. Lyell entre en matière par l’ex-
posé des différentes théories de la terre, puis il passe aux phé-
nomènes géologiques qui se passent sous nos yeux, et les com-
pare à ce qui doit avoir lieu dans les temps anciens. Il parle
d’abord des phénomènes climatoriaux , puis de ceux produits
par les eaux, et enfin de ceux offerts par les volcans. Dans cette
dernière partie , on trouve une compilation judicieuse de faits
accompagnés souvent de très jolies vignettes.
Le second volume est consacré d’abord à des recherches d’his-
toire naturelle qui ont une liaison immédiate avec la géologie.
Ainsi l’auteur donne les définitions de l’espèce en histoire natu-
relle ; il énumère les variatious qu’une espèce peut éprouver, la
RÉSUMÉ DES PROGRÈS
184
distribution géographique des êtres et des plantes, et les caus es
qui ont une influence surcelte distribution. Ensuite il considère les
pouvoirs vitaux de la terre ; l’aclion exercée sur elle, par la vie
animale et végétale, les restes organiques, les ossemens humains
et les objets d’art ensevelis journellement soit dans les allu-
vions terrestres, soit dans celles qui se forment sous l’eau des
lacs ou des mers, et il termine par résumer nos connaissances
sur la formation des récifs ou îlots qui sont ie travail des zoo-
phytes.
Ayant employé ma carte de l’Europe , il a voulu représenter
’état physique où ce continent se trouvait avant les soulève-
mens éprouvés après l’époque tertiaire et avant l’écoulement
de certaines grandes mers intérieures tertiaires. ïi serait à dé-
sirer qu’il en fît autant pour l’état de l’Europe avant le commen-
cement des dépôts secondaires , après la fin du dépôt du keuper
et après celle du calcaire jurassique. Trois cartes semblables ne
sont pas difficiles à composer, et le libraire de M. Lyell serait
plus que tout autre en état d’en supporter les frais. Ce serait un
service incontestable rendu à la science.
Le troisième volume de l’ouvrage de M. Lyell sera consacré
aux fossiles , et contiendra les tableaux conchylioîogiques que
M. Deshayes a dressés pour étayer sa théorie du remplissage suc-
cessif des bassins tertiaires l’un après l’autre.
M. le docteur Macculloch a réuni ses précédens mémoires
et sa classification des roches , et en a formé un Traité de géo-
logie en deux forts volumes, dans lequel il développe au long,
comme une idée venant de lui , ma théorie sur la formation des
schistes cristallins au moyen des altérations ignées éprouvées
par les dépôts stratifiés neptuniens. D'une autre part, il lâche
d’accorder les relations bibliques avec les données géologiques.
Mal gré les critiques amères qu’on trouve contre cet ouvrage
dans certains journaux anglais, il n’en reste pas moins pré-
cieux pour ceux qui veulent connaître les travaux imporlans sur
lesquels e?*t basée la réputation méritée de ce savant.
Un auteur, du nom de Maria Hack, vient de publier des Es-
quisses géologiques et des aperçus sur le monde primitif (Geo-
la gi cal sketches , etc., in- 12. Londres, 1832).
M. de la Bêche a fait paraître un Manuel de géologie très
portatif et utile ; il en prépare une seconde édition où disparaî-
tront quelques erreurs duos le classement géologique de certains
ossiles,
DE LA GÉOLOGIE EN l83û ET 1 83 1 . 1 85
En Allemagne. M. de Léonhard , compilateur érudit et au-
teur qu’on consulte toujours avec lruit, a publié d’abord un
Agenda géologique , puis des Elémens de géologie . Ce dernier
ouvrage-est basé sur sa classification des roches, dont la nomen-
clature s’écarte malheureusement quelquefois de celle adoptée
par la pluralité des géologues. Une seconde édition du premier
opuscule doit paraître à Pâques, et perfectionné, il deviendra un
utile Vade mecuni pour le voyageur ou l’étudiant.
M. le docteur G. -\Y. Muncke a consigné dans le second vo-
lume de ses Elémens d'histoire naturelle générale ( Handbuch
der Naturlehre , Heidelberg, i83o) un résumé bienfait des princi-
pales données de la géographie physique et de la géologie. Cet ou-
vrage est plus qu’une compilation, puisqu’ilémet des idées particu-
lières sur les parties de la science liées à la physique ou la chimie.
M. Keferstein a donné le Tableau de ses idées de classification
des formations ; il ne diffère desautres géologues qu’en formant de
presque tous les dépôts alpins un groupe postérieur à la craie, qu’il
appelle Flisch , et qu’il met en parallèle avec le terrain crayeux.
M. Kuhn, professeur à Freiherg, a enfin fait paraître le premier
volume de son Cours de géologie qui nous va mettre au fait des
connaissances géologiques auxquelles est arrivée cette école.
M. Sokolov a donné , dans le Journal des mines russe , un ar-
ticle sur les nomenclatures et les classifications géologiques ( Journ .
des mines , i85i, n. 4 el 5).
Les ouvrages de MM. Brongniart , Rozct , d O malins et Dela-
fosse , ainsi que l’article Terrain «le M. Prévost ( Diclionn . clas-
sique), et ceux de Iluot {Encyclopédie) , vous sont trop connus
pour qu’il soit nécessaire d’en parler.
Hors de l’Europe, M. Eaton a publié aux Etats-Unis lin Traité
de géologie malheureusement il a adopté une nomenclature des
terrains dont il ne donne pas la synonymie, de manière que sans
M. Featherstonaugh , qui a revu les gisemens décrits, toutes ses
descriptions seraient inutiles. Ensuite il pèche par la base de son
édifice, puisqu’il n’a pas l’air de savoir ce que c’est qu'une for-
mation, idée fondamentale de la science et la plus belle décou-
verte de Fuchscl et de Werner. Son ouvrage paraît si indéchif-
frable , qu’on en a inséré une critique des plus virulentes dans
la Revue américaine. Néanmoins la nomenclature proposée par
M. Pinkerton y est traitée avec encore moins d’égards. L’ouvrage
de M. Eaton n’a donc pas remplacé les traités utiles publiés soit
par M. Cleaveland y soit par M. Van Rcnssçlaer.
RÉSUMÉ DES PROGRÈS
1 86
MM. Voltz et Studer ontdonné chacun i a plan d’un traité de géo-
logie. M. TVolclmer , professeur de Carlsruhe, a sous presse des
Elérnens de géologie , dans lesquels il exposera ses nombreuses
recherches sur la constitution minérale des roches, et proposera
même quelques nouvelles subdivisions. Cet ouvrage servira à
populariser davantage l’analyse mécanique des roches telle qu’elle
a été décrite par M. Cordier. Si cette sorte d’analyse est si utile,
je ne vois pas que l’analyse chimique des roches puisse conduire
toujours à de grands résultats. Certes ce n’est pas moi qui dé-
précierai les savantes recherches de M. Gmelin sur les roches
magnésiennes distribuées parmi les grés ou les calcaires, et celles
qu’il prépare sur les phonolites et les basaltes, sur les roches
neptuniennes altérées parle contact de ces dernières. Mais vou-
loir déterminer, au moyen d’une formule chimique, la nature
d’une roche par l’analyse d’un certain nombre d’échantillons
delà même roche pris dans divers lieux, c’est arrivera une
combinaison moyenne qui n’existe peut-être réellement dans
aucune partie de la roche. C’est faire des équations de proportions
définies pour le plaisir d’en composer, et pour étonner les igno-
rans par des chiffres.
C’est un véritable service que M. Kleinschrodt a rendu à la
science en publiant en français la classification des roches de
'M. Cordier. Tout, dans ce travail, est clair, précis et calqué sur
la nature ; ce ne sont pas des espèces établies sur des échantillons
de cabinet, mais sur les masses des rochers. Je trouve même que
l’arrangement général en est devenu meilleur depuis l’époque où
M. Marasehini publia celte classification dans la Bibliothèque ita-
lienne. C’est la seule classification où l’on trouve énumérées les
roches soi-disant décomposées, altération souvent originaire.
On y voit avec plaisir que deux professeurs de géologie de
Paris, MM. Cordier et Brochant , sont d’accord pour le classe-
ment des roches et même pour la nomenclature, si l’on en
excepte quelques noms des roches volcaniques que M. Cordier
a particulièrement étudiées. Si M. Prévost suit la même marche,
ce sera un grand avantage pour les personnes qui ne font que
commencer. Espérons que notre dernier président voudra enfin
faire jouir le monde savant non seulement de ses idées sur les
roches, mais surtout de celles qu’il professe sur la géologie, et
qui m’ont paru, autant que je les connais, souvent nouvelles ou
particulières à ce professeur.
Rien de plus utile pour une science que des tableaux synop *
de la géologie en i83o et i 85 i . 187
tiques ; ils reposent l’esprit et aident la mémoire. Vous connaissez
tous ceux que nous ont donnés successivement MH. Defrance ,
Cordier, Buckiand, Refcrstein , de la Bêche, Brongniart et un
de nos secrétaires. Ii est à regretter que celui de M. de la Bêche
soit trop britannique, si j’ose m’exprimer ainsi , ou insuffisant pour
les dépôts du continent, car il est encore le plus commode.
M. Brongniart a voulu remédier dernièrement à ce desideratum ,
et a publié la gravure que vous connaissez.
Si de semblables tableaux sont indispensables pour l’enseigne-
ment, des collections de coupes prises dans divers pays le sont
encore davantage. Pour ce but, le joli Atlas géologique de M. de
la Bêche est une compilation sur un trop petit format, et le
grand Atlas sorti des presses lithographiques d’Arnz et compagnie,
à Bonn, est trop imparfait et incomplet, et n’est pas accompagné
d’un texte suffisant.
La paléontologie est une science à la mode et ouvrant un
vaste champ à l’imagination; c’est ce qui explique le nombre
d’ouvrages ou de mémoires qui paraissent sur ce sujet.
En Allemagne , les descriptions des mondes primitifs , publiés
par MM. Kruger, Link, Schubert et Sommer, ont contribué à po-
pulariser cette branche delà géologie. Une seconde édition de l’ou-
vrage de M. Link, et celui de M. Somrnerr, viennent de paraître.
M. Fischer a donné , dans le dernier volume des Mémoires des
Naturalistes de Moscou, le commencement d'un catalogue com-
plet des publications relatives à la paléontologie. D’autre part,
profilant de la richesse en fossiles des environs et du cabinet de
Moscou, il a publié, sous le titre O ry cto graphie du gouver-
nement du même nom , un gros volume, petit in-folio, où il y
a un grand nombre de planches de pétrifications. Plusieurs cépha-
lopode» et quelques autres fossiles du Caucase 011 de la Russie
étaient déjà décrits dans les Mémoires de la Société des Natu-
ralistes de Moscou.
M. Keferstein a dressé un catalogue méthodique et alphabé-
tique des especes fossiles. On se rappelle un essai semblable fait
par M. Iiruger. La synonymie est toujours la partie trop né-
gligée, parce qu’un seul individu possède rarement tous les
ouvrages nécessaires pour de semblables recherches , parce
que les figures sont souvent médiocres , et que les variations natu-
relles d’une même espèce empêchent d’arriver à la vérité. Le
catalogue stratographique des fossiles des lies Britanniques, dressé
récemment par M. Woodward, est aussi un opuscule utile.
1 88
RÉSUMÉ DES PROGRÈS
Il en est de mC‘me des tableaux de M. Taylor, qui sont seu-
lement plus généraux. M. Mantell nous aaus si donné un ca-
talogue des fossiles du Sussex. M. Hisinger, celui des pétrifi-
cations de la Suède , et M. Steininger , celui des coquillages
du sol intermédiaire de l’Eifel. Il faudrait combiner toutes ces
indications sur le gisement des restes organiques avec les cata-
logues de M. Brongniart, celui de la collection de M. Hoenin-
ghaus et les ouvrages de Goldfuss, de Zieten, de Philipps, de
Calullo, de Brocchi , de Deshayes, de Basterot, d’Eichwald
sur la Poçloiie; de Dubois et de Buch, sur la Lithuanie et la
Volhynie; de Prévost, etc. On pourrait espérer d’arriver ainsi
à une liste approximative des fossiles distribués dans les
couches d’une bonne partie de l’Europe. Néanmoins ce travail
demanderait l’établissement complet de la synonymie ; tous les
fossiles n’étant pas figurés, cet ouvrage resterait toujours impar-
fait. M. de la Bêche a essayé d’entreprendre une partie de cette
tache pour les fossiles caractéristiques des dépôts crayeux et juras-
siques, ainsi que du lias de l’Angleterre et de la France. Ses con-
clusions sont remarquables en ce qu’un petit nombre de fossiles
seraient , d’après lui , décidément propres à celte division secon-
daire récente. Si l’on voulait pousser le scepticisme à son plus haut
degré on pourrait même demander si l’examen de toute la croûte
terrestre ne renversera pas encore ses jalons zoologiques des ter-
rains. Dans notre faiblesse, nous cherchons à établir des divisions
au moyen dece qui nous frappe le plus , tandis que sur une grande
échelle ces accidens qui étayent notre système s’évanouiraient
peut-être tout-à-fail, ou du moins se grouperaient différemment.
Parmi les monographies utiles publiées sur les fossiles en
i83o et 1 85 1 , je dois mentionner la réimpression de l’ouvrage de
Brander sur les fossiles du Hampshire. Les 4 premières livrais, de
celui de M. de Zieten sur leu pétrifications du FFurlernberg et le
catalogue -prospectus qu’a publié M. Hartmann, le mémoire de
M. de Buch sur les ammonites , qui est à comparer avec la mo-
nographie de M. de Haan, le beau travail de M. Vollz sur les
bélernnites , les observations de MM. Raspail et Munster, et les
additions qu’y a faites M. le comte de Munster, la continuation
des ouvrages classiques de MM. Goldfuss et Deshayes, le Traité
sur les zoophites, par M. de Blain ville ; le mémoire de feu Dalman
sur les Té réhratule s p ou r lesquels il propose des nouvelles divisions
(kongl. Vetensk. Acad . Handl 1828); ceux d’une époque an-
térieuresur les trilobites, par M. Dalman en Suède, et M. d’Eichwald
de la géologie en i83o et i85i. 189
en Russie; les mémoires de M. Marcel de Serres, sur les fossiles
du sud delà France, et un mémoire de M. Roui la nd sur Les
Ichlyosarcoliles , qui ne sont, suivant lui , que des débris déna-
turés d’Hippurites et de Sphérulites très a longés et recourbés.
( Annales de la Société Linnéenne de Bordeaux ). M. Des-»
moulins s’occupe d’un supplément au travail de M. Basterof^
sur les, fossiles de Bordeaux; M. Grateloup, d’une description
de ceux de Dax.
A Solenhofen et ailleurs , dans le calcaire jura*sique supérieur,
on connaît di puis long-temps des fossiles qu’on a classés tantôt
parmi les mollusques, tantôt parmi les débris de poissons ou de
reptiles. Par des raisons assez plausibles, M. Germar les a rap-
prochés des parties cornées du Lepas analifer. M. Ruppell, frappé
de les voir dans des ammonites, voudrait les regarder comme
des opercules d’ammonites particulières, tandis que M. le doc-
teur Meyer s’explique cette position, en supposant que les ani-
maux inous des ammonites se nourrissent des êtres dont ces
lépadiles sont les restes. Ce dernier les regarde comme des
mollusques à coquilles bivalves, leur donne le nom d'aptychus ,
en décrit quatre espèces, et esquisse leur distribution géologique
( Jabrbuch f. Miner , i83o). M. de Broun a distingué dans le
Pecten salinarius des Alpes, deux genres et trois espèces nou-
velles , et M. le comte Munster vient d’ajouter deux nouvelles
espèces à un de ces genres, celui de Monotis. Le Monolis salinaria
existerait entre les couches de grès vert et le calcaire jurassique
moyen , le Monotis decussala dans les ooliles inférieures , le Mo-
notis sub s tri ata dans les marnes supérieures du lias. Le Monotis
inœquivalvis et la Halobia salinanun n’ont encore été vus que
‘dans le calcaire sa I if, ère du Salzbourg. Le même savant va nous
décrire près d’une centaine d’espèces nouvelles des dépôts secon-
daires de Saint- Ccissicin dans le Tyrol. 11 a encore fait la décou-
verte de Cythérés (Millier) dans le sol intermédiaire, et de
1 Cypris dans des calcaires d’eau douce d’Allemagne. Enfin , ainsi
que M. Hessel, il a récolté une quantité considérable de nou-
velles espèces de coquillages dans le sol intermédiaire du pays de
Nassau et de JJ ri bourg. Tous ces travaux peuvent donner uné
idée de la richesse de la collection du comte Munster, qui est
unique pour le sol secondaire et intermédiaire. Toutes ces nou-
velles espèces sont figurées dans l’ouvrage de Goldfuss, dont la
3* livraison vient de paraître, et dont la publication entière va
être accélérée. On est bien aise de voir que M. de Schlotheim,
igo RÉSUMÉ DES PROGRÈS
maintenant occupé d’autres objets, est non seulement remplacé
par M. le comte Munster, mais encore que ce dernier marche
complètement avec les progrès de la science, et nous promet
avec M. Goldfuss et MM. d’Hoeninghaus et Zieten, une con-
naissance complète des êtres fossiles de l’Allemagne. De plus,
les mémoires du comte de Munster, témoin celui sur la distri-
bution des fossiles dans les diverses assises du calcaire jurassique
inférieur et du lias, celui sur le grès vert du Kressemberg, celui
sur les fossiles crayeux d’Allemagne , celui sur le mélange de
fossiles secondaires dans le sol tertiaire supérieur de la West-
phalie, celui sur les pétrifications de ce dernier terrain, ceux
sur les ammonites et Les naulilaeées, montrent qu’il comprend
toute l’importance de la zoologie géologique.
M. Sowerby compte donner un appendice à ses trois volumes de
Conchyliologie fossile de la Grande-Bretagne , et vous connaissez
tous les premiers cahiers de la Conchyliologie fossile de
M. Guérin, et la Description de quelques coquilles caractéristi-
ques des terrains par M. Deshayes, qui doit nous donner Une
Conchyliologie fossile générale.
Les nummulites et les coquilles microscopiques méri feraient de
fixer davantage l'attention des zoologues; car, malgré leur pe-
titesse, ces mollusques offriraient peut-être des bons caractères
distinctifs; du moins une description complète de ces fossiles
éviterait aux géologues des méprises que la petitesse des objets,
et surtout le manque de description , doit faire excuser proba-
blement trop souvent. M. le comte Munster a entrepris l'examen
d’une partie de ces céphalopodes.
Dans la classe des mollusques , M. de Buch a figuré dans un
opuscule particulier quelques fossiles de. l’Allemagne septentrio-
nale, en particulier des coquilles tertiaires du Mecklembourg.
M. Bennet a publié un catalogue des fossiles du lias du Wiltshire,
et quelques planches y représentent quelques uns d’entre eux qui
lui ont paru intéressans.
M. le comte Munster a continué de donner des détails sur la
distribution des fossiles dans les diverses assises du Jura alle-
mand. Parmi ses découvertes , on remarque une grande Hamite
trouvée dans les oolites inférieures.
M. Gatuüo a décrit les Bêlemniles de la Scaglia des monts Eu~
ganéens , et les Nummulites de cette localité; il s’élève contre
l’assertion de M. de Blainville, qui avait été induit à penser que
de là géologie ek i83o et l83i. 191
les Bélemnites étaient moins fréquentes en Italie qu’ailleurs.
Cette péninsule n’offre pas de ces dépôts où pullulent les Bé-
lemnites, et fait partie tout entière du grand système arénacéo-
marneux à calcaire faïence ( Scaglia ) et nummulites du sud-est
de l’Europe; or, ces terrains renferment tout autant de Bélem-
nites en Italie que dans d’autres contrées.
M. Andrzejowski a décrit et figuré quelques fossiles tertiaires
de la Podolie.
Dans la classe des poissons, M. Fleming a observé des écailles
et des portions de poissons (genres Acipenser et Dipterus ) dans
le grès pourpré intermédiaire de T Ecosse. M. Man tell a figuré
des poissons entiers extraits artislement de la craie. M. Bronn
a décrit une nouvelle espèce de poisson dans le dusodile tertiaire
supérieur des environs de Bonn et de Cologne. Cet ichtiolithe est
accompagné de débris d’insectes et d’amphibies , telles que des
grenouilles. M. Goldfuss a donné sur ces derniers un mémoire
fort intéressant dans l’avant-dernier volume des Actes de i’Aca*
démie des Curieux de la nature.
Dans la classe des reptiles , M. Mariteli a découvert des osse**
mens qu’il ne peut rapporter à aucun animal connu ; et M. le doc-
teur Menke a trouvé une tortue dans le lias d’Eilsen en PVest-
phalie. Le lias de Banz en Bavière a offert à M. Theodori une
quantité énorme de débris et même de squelettes presque entiers
à'ichtiosaures et de plésiosaures , ainsi que des coprolites et des
débris de ptérodactyles. La description de tous ces fossiles for-
mera le sujet d’un ouvrage particulier. M. Dunn a trouvé et
décrit un bel échantillon du plésiosaure du Havre à Scarborough.
Une nouvelle espèce de tortue fossile d’Oeningen a été décrite
par M. Th. Bell, qui l’appelle Chelydra Murchisonii , et la rap-
proche d’une tortue d’Amérique. Elle a été trouvée dans la même
couche que le renard fossile décrit par M. Murchison.
La découverte àesfœces fossiles de div ers animaux dans les cou-
ches solides de presque toutes les formations neptuniennes est
encore une conquête que la science a faite dans ces dernières an-
nées. L’existence des fœces des hyènes, démontrée habilement
par M. Buckland, l’a conduit à celle nouvelle et curieuse décou-
verte des coprolites , qui fournissent un moyen sur de connaître la
nourriture de certains êtres des anciennes créations.
Les coprolites sont, à n’en pas douter, en abondance partout,
et leurs formes bizarres n’ont que trop souvent trompé ou embar-
rassé les géologues. Déjà l’on en a signalé aux États-Unis , dans la
RÉSUMÉ DES PROGRÈS
192
Normandie * dans !e schiste à poissons de Seefeld, en Tyroï, dans
le calcaire tertiaire de Paris, dans le lias de Trevicres, de Banz, et
dans le calcaire de Solenhofen.
- Un dépôt curieux qui appartient aussi aux coprolites, c’est le
guano ou l’ornithocoprus de M. Buekland, des îles sur la côle du
Pérou. M. Rivero a donné des détails curieux sur ces amas cl’ex-
crémens d’oiseaux maritimes (Cormoran, Pélican). Cette ma-
tière rouge-blanche ou brunâtre forme des masses quelquefois de
5o à 60 pieds d’épaisseur, et se trouve dans les îles de Chincha,
Iquique, de Lagarto , d’Animas, de Margarita , de Jésus, d’iiay,
de Braba, de la Mansa et de Hornillos. Ce savant a vu celte ma-
tière couverte par les dunes de sables , et il pense qu’elle pourrait
bien avoir été déposée, en partie du moins, avant les dernières al-
luvions [Herllia , 1829).
Dans la classe des insectes , M. de Behrendt a commencé à dé-
crire ceux de l’ambre des bords de la Baltique. Cette publication
paraît interrompue , ce qui est d’autant plus regrettable que la
collection de MM. Ratke et Behrendt contient 771 espèces d’in-
sectes fossiles.
M. le comte Munster a découvert à Solenhofen des insectes cq~
léoptères et même des arachnides.
Dans la classe des mammifères , M. Vernon a indiqué les osse-
mens très divers découverts à North Clijf A* ns le Norfolk.
M. Goldfuss a décrit une cinquième espèce de ptérodactyle ,
trouvée à Solenhofen , par le comte Munster.
M. le docteur Jaeger s'occupe à décrire les ossemens si variés
des gîtes de fer alluvial ancien du Wurtemberg.
M. de Mayer a comparé les caractères assignés par M. Bronn
aux dents de son Coelodonla avec ceux des dents des rhinocéros ,
et a donné des indications nouvelles sur ies ossemens de mammi-
fères du Loss ou du limon alluvial ancien des bords du Rhin.
( J ahrb . f. Min. 1 83 1 ) .
M. Jobert nous a décrit un renard fossile d' Auvergne ; et
M. Murchison un autre belle espèce du dépôt tertiaire lacustre
d ’ Oeningen.
On a découvert des os de Rhinocéros dans les alluviotis de Ra-
tisbonne , des ossemens de Mammouth dans les alluvions auri-
fères élevées de l' Oural, etdes os de grands mammifères àY aroslaff \
dans la Russie méridionale. M. Fischer, de Moscou, a divisé les
bœufs fossiles de Sibérie en deux espèces nouvelles , et à établi
plusieurs espèces nouvelles de Mammouth . M. Baer a donné un
DE LA GÉOLOGIE EN 1 85 1 . ig5
mémoire sur un mammouth semblable à V éléphant d\ Afrique.
Aux États-Unis le fameux gîte d’ ossemens de Big-Bone-Lick
au Kentucky a élé de nouveau examiné, et on en extrait toute
une collection d’os gigantesques , qui est sur le point d’être trans-
portée en Europe comme une entreprise d’exposition publique.
MM. Cooper, Smith et de Ray en ont publié un rapport.
Dans Y Inde septentrionale on vient de découvrir récemment
des ossemens de divers grands animaux.
Vous connaissez le mémoire do M. Buckland, sur les ossemens
d’éléphant ou de mammouth dans la boue glacée des bords de la
mer Arctique , en Sibérie , et sur la côte américaine , prés du dé-
troit de Behring. Le capitaine Beeehey nous a appris à mieux con-
naître ces gîtes si curieux en Amérique; et M. Hedenstrom va
nous donner des détails nouveaux sur ceux de la Sibérie. Si tout
le monde paraît d’accord à voir dans ces fossiles l’indice d’une
catastrophe ou du moins d’un charriage assez violent, M. Ran
king , aimant les paradoxes et l’érudition, a voulu prouver que
ces ossemens provenaient des éléphans employés jadis chez les
Mongols, les Tarlares et les Chinois.
Des soulèvemens de montagnes ont pu produire des inonda-
tions épouvantables. Les contincns ainsi balayés, les carcasses
des grands animaux auront pu être transportées quelquefois
jusque vers la mer Glaciale, où le froid aura été favorable à leur
conservation plus ou moins parfaite. Les autres animaux moins
volumineux n’ont pas pu être charriés si loin ; ils ont été complè-
tement anéanlisou leurs os ?ont restés épars avec' ceuxdeséléphans
dans l’intérieur des contineus.
Le nombre des cavernes à ossemens augmente journellement;
vous connaissez toutes celles du midi de la France , dont s’occu-
pent si activement MM. Marcel de Serres, Christol, Tournai,
Dumas et Tessier. Celles de Chockier en Belgique et du Som-
merseishire ont élé examinées dernièrement; celle de Han , près
Lesle en Belgique, a donné lieu à un ouvrage de luxe publié
par M. J. Alleweiredt, sous le titre de Description pittoresque de
la grotte de Han (in-folio avec 27 planches).
En Sicile , les environs de Païenne ont offert plusieurs cavernes,
qui ont élé visitées soit par MM. delà Marmora, le docteurChristie,
M F. Hoffmann, soit par les naturalistes siciliens MM. Bernardi
et Scina. MM. Christie ( Edinb . phil. Journal , n° 4, iS3i, et
n° 1 1832) et F. Hoffmann ont trouvé, l’un près de Païenne
et l’autre à Syracuse, des cavernes à ossemens, et dans la
Soc. géçl. Tome II. ,3
Î94 résumé des progrès
brèche ossifère des restes d’éîéphant et d’Hippnpotame mêlés
avec des coquilles marines d’especes vivantes actuellement dans
la Méditerranée. La caverne de San Cira offre de plus des traces
de lithodomes , quoique ces cavités soient à 70 pieds au-dessus de
la mer. Dans le même pays, il y en a d’autres où ces traces du
séjour des eaux marines ne se trouvent pas. Toutes ces cavernes
sont plutôt des fentes remplies de brèches osseuses que de véri-
tables cavernes à ossemens, comme celles d’Angleterre.
Des cavernes à ossemens fort semblables à celles de Palerme
ont été découvertes à la Nouvelle-Hollande , et ont offert aussi
des ossemens humains.
Aux Etats-Unis , Al. Harlan a décrit une caverne à restes de
Mégalo nix.
MM. Spix. Martîus et Wagner nous ont appris à connaître les
cavernes a ossemens de Mégnlonix et de Mégathérium dans les
calcaires du Brésil (Prov. Saint-François).
Dans l’Amérique méridionale comme aux États-Unis, les ca-?
vernes et les ' ailuvions ne contiendraient donc pas de débris
d’ours et d’hyène, tandis que les ossemens de leurs cavernes
sont inconnus dans les allumons d’Europe D’où peut provenir
cette différence qui contraste avec la profusion avec laquelle les
ossemens de mastodonte sont répandus dans les deux hémi-
sphères?
Les brèches osseuses de Sardaigne étaient jusqu’ici mal con-
nues. M. Wagner vient d’en étudier avec soin les nombreux
restes d’oiseaux, de rongeurs et de ruminans, ossemens charriés
et empâtés accidentellement dans ces fentes. M. de la Marmora
est venu ajouter de nouveaux détails sur le même sujet, et a
appuyé j pour les brèches de Cagliari, sur la présence des coquilles
marines mélées avec des coquillages d'eau douce. Ce fait se ré-
pète, comme l’on sait, à Nice, à Gibraltar et près de Tripoli en
Syrie. Il a décrit aussi un dépôt de subfossiles marins , comme
celui du cap Saint-Hospice, près de Nice, et de certains points
de la Sicile, et il y a remarqué des fragmens de poterie grossière.
Ce dernier accident s’est retrouvé aussi dans les brèches osseuses
de la Dalmalie et de la Syrie, et dans beaucoup de cavernes à
ossemens du midi de la France. Des ossemens humains accom-
pagnent même les poteries dans celte dernière contrée ainsi que
dans la caverne de Chokier, et se retrouvent,, d’après M. le
comte Razoumovski , dans les sables ossifè^es de Baden ? près de
Vienne . On se rappelle que ces sables calcaires mêlés de terre
DE LA GÉOLOGIE EN |83l. I g§
noire remplissent des anfractuosités ou cavités du calcaire des
Alpes, et qu’ils recèlent des restes d’éléphans, d’ours , de cerfs,
de chevaux, etc. Ces faits ne sont-ils pas trop particuliers, et ne se
retrouvent-ils pas dans trop d’endroits pour pouvoir se plfer à çes
explications plus ou moins ingénieuses, par lesquelles pn, fait ar»^
ver çes poteries et ces os humains dans les cavernp^ depuis les
temps historiques? Certes ces antres ont pu servir, de repaire
à plus d’une race d’hommes ; mais si ces ossemens proviennent
des anciens Gaulois, des Romains ou des peuplais conquérantes
du nioyen-âge, les têtes offriraient les types de toutes ces raçef
ou de l’une d’entre elles. Or, lorsqu’on a eu le bonheur de ren-
conlrer des têtes comme à Vienne, il s’est trouvé quelquefois
que leur forme se rapprochait de celle des têtes propres aux races
africaines ou nègres, et s’éloignait delà forme, des crânes euro-
péens. Les têtes des Gaulois et des races actuelles peuvent aus^t
y avoir été découvertes; c’est un fuit à établir.
L’an passé j’ai parlé des ossemens humains trouvésà Kostritz,
en Saxe, par 31JV1. de Schlotheim, de Sternberg et Scfyotlin,
et dans la marne fluviatile des bords du Rhin et du Danube. Ces
têtes découvertes en Autriche, et dont une se trouve dans 1$
collection du Jardin des Plantes , ont été rapprochées de ctdles
des Caraïbes ou des an iens habita 11s du Pérou et du Chili. Main-
tenant, je ledemande, ces données zoologiques militent-elles, en fa-
veur de Y existence de l’espèce humaine pendant l’ époque alluviale
ancienne? Ne serait-il pas prphahîe , à priori, que l'Europe ayant
encore pendant celle période un climat équatorial, les hommes qui
l’habitaient devaient être des races semblables à celles qui vivent
présentement entre les Tropiques, tels que les Nègres, les Éthio-
piens et les Caraïbes? Les ossemens d’autres races humaines se
retrouveront peut-êti e dans d’auires parties du glqbe , qui jouis-
saient déjà, lors du dépôt des ulluvious anciennes, d’un climat
moins chaud que l’Europe.
Dire que ces têtes étrangères aux races européennes ou cau-
casiques ne sont que des restes de cimetière ou d’êtres malades,
c’est faire des hypothèses sans tenir compte des détails des lo-
calités et de ces découvertes d’ossemens. Non, plus nous avan-
çons, plus il semble que les probabilités augmentent en faveur de
l’existence d’une race humaine particulière lors de l’époque allu-
viale ancienne, idée que quelques géologues ou savans, tels que
Pallas, Prichard, avaient presque entrevue , puisqu’ils pensaient
I96 RÉSUMÉ DÈS PROGRES
que le genre humain aurait bien pu commencer par la race
nègre. 1
Parmi les ouvrages qui ont traité des végétaux fossiles , on
peut citer cette année, outre la publication classique de M. Adol-
phe Brongniart et la seconde édition sous presse de la Flore
du monde primitif de RI. de Sternberg , les deux livraisons de
plantes fossiles df Angleterre publiées par MR!. Lindley et Hutton.
Ces savans nous y feront connaître non seulement les végéta-
tions du terrain hou i lier, mais encore celles du lias et des oolites
intérieures; tandis que M. le docteur Sauveur va décrire celles
des houillères de la Belgique. M. Murray a déjà donné quelques
détails sur les plantes fossi'es du lias de Scarborough.
M. Harlan a décrit quelques fuco'ides des Etats - Unis. Je
dirai à celte occasion que ce genre de végétaux est liés com-
mun dans beaucoup de depots , si ce n’est dans la plupart des
formations; maison ne les observe pas sou vent, parce qu’ils pren-
nent toutes sortes île figures, et qu’ils s’effacent ou disparaissent
pinson moins L<* plus fréquemment les fucoïJes 11e forment d. ns
les roches que; des taché'»' «m peu plus foncées que la roche : ce cas
a lieti, par èxeniph , dam les craies dures de Westphalie, du EJarz,
de Bohême , et%. Ce soûl dés amas de ces végétaux qui y produi-
sent fréqoeVnhiènl des' taches' grises où tout contour végétal a
dis parti
MM. W ilham et Nicolas Wood ont figuré et décrit, le premier
un tronc fossile des houillères -d’Edimbourg, et le dernier un
autre de Celles de Newcastle sur le Tyne. En outre, M. William
s’est occupé dé la structure intérieure des troncs d’arbres fossiles
du Berwiekshire et des enviions d’Edimbourg. Il en a examiné
au microscope des tranches transversales très minces, et est
ainsi parvenu à distinguer différons genres et espèces d’arbres
auxquels ces bois fossiles ont appartenu. Il serait à désirer qu’il
voulût aussi figurer des tranches longitudinales , parce que leur
examen compléterait nos connaissances sur ces portions de végé-
taux ; malheureusement les frais pour scier et polir des échan-
tillons arrêteront bien des botanistes.
MM. Witham et Winch sont revenus sur l’existence des dicoty-
lédons dans le terrain boitiller 9-e t me paraissent, conjointement
avec MM. Schippan , Sprengeï , Hoffmann et d’autres savans,
avoir bien démontré que M. Ad. Brongniart s’était trop pressé
en avançant que les dicotylédons étaient une création secondaire
récente. Il est intéressant d’apprendre de M. Meyer que le schiste
DE LA géologie EN 1 83 1 . ig*7
de Solenhofen présente à Daiting, comme celui de Stonesficld,
des impressions de plantes.
M. Sembnitski , professeur d’histoire naturelle à Pétersbourg,
adonné un coup-d’œil sur les plantes fossiles connues jusqu’ici ;
il expose leur gisement, et pense que le système botanique naturel
est le seul applicable à leur détermination ( Joum . des mines ,
n° 8, i85o).
M. Brongniart a été attaqué par M. Walchner, relativement à
rétablissement de trois genres de fougères, et MM. F. Hoffmann ,
Yoltz, Gruilhuisen, et la Gazette botanique de Ratisbonne ont
tâché de montrer qu’il n’était pas maître de tous les faits, et que
sa théorie avait des côtés faibles.
Déjà M. Brongniart a publié de nouveaux argumens tirés de
la structure des liges, en faveur de l’établissement de sa classe
de plantes phanérogames gymnospermes , classe intermédiaire
entre les monocotylédons et les cryptogames vasculaires. C’est
aux botanistes à s’établir juges de ce classement, qui est appuyé
et rejeté par des noms également respectables. Comme géolo-
gues, nous devons surtout attendre avec impatience la réponse
que M. Ad. Brongniart fera à M. Hoffmann. Personne n’est
mieux placé que ce premier savant pour nous donner non pas
simplement une description des végétaux fossiles, mais un aperçu
de leur distribution géologique. Tout le monde le reconnaît et
l’en félicite; mais sa théorie est-elle exempte d’erreur? Elle
repose sur la proposition que toute la croûte terrestre a subi, à
certaines époques, des boulever>emens universels qui ont détruit
tout ce qui était à sa surface. Or, n’est-on pas en droit de lui de-
mander d’abord de prouver géologiquement ce principe fonda-
mental qui n’est point encoredevenu un axiome de la science ? Au
contraire, n’v a-t-il pas beaucoupde géologues quicroient qu’il n’y
a pas un seul dépôt stratifié depuis le sol alluvial jusqu’aux roches
sèdimentaires changées en schistes cristallins où l’on ne puisse
démontrer dans quelques parties du globe, et pendant sa forma-
tion, l’existence de végétaux terrestres, ou du moins celle d’un
sol découvert ; or tout continent a des plantes, à moins d’y sup-
poser un manque d’air et d’eau, ou une température très élevée
ou trop froide ; mais ces cas particuliers ne paraissent pas s’être
rencontrés partout; donc il y a eu probablement toujours une
végétation quelconque.
Je m’attends à la citation du dépôt pélagique de la craie des
plaines; mais celle des Alpes, fourmille de débris de plantes
!$8 RÉSÜMÉ DÈS PROGRES
terrestre^, et offre même des lignifes ; d’ailleurs supposant un
moment que les végétaux fossiles du calcaire jurassique, du
muschelkalk 9 du zechstein et de la craie sont tous marins,
cela n’exclut pas l’existence d’un sol découvert, puisque ces
dépôts sont loin de former sur tout le globe une croûte con-
tinue ; donc la mer n’était pas partout, donc ces révolutions gé-
nérales n’ont pas eu lieu.
Je ferai , de plus, ici, comme dans le cas des ossemens, la re-
marque que le botaniste voudrait trouver des végétaux et même
d’abonrians restes de plantes dans des dépôts qui se sont formés
sôus une mer profonde, et peut-être en partie au moyen de ma-
tières fournies par des sources minérales. Comment peut-on rai-
sonnablement en attendre, à un assez graud éloignementdesconti-
nens ou des îles, lorsque la nature des sédimens, pauvres en
végétaux, montre clairement que ces dépôts ont eu lieu dans un
temps de repos et non de charriage ? Au contraire, les plantes
fossiles abondent là où il y a des matières arénacées, où l’on voit
encore des marques de débâcles et d’inondations épouvantables.
J’ose d'autant plus lui présenter ces objections qu’elles lui
Ônf déjà fait modifier quelques unes de ses époques de végé-
tation. D’une autre part, je ne puis me dispenser de recon-
naître fout le parti qu’il a tiré de l’idée que la quantité d’acide
Carbonique était jadis plus grande dans l’atmosphère qn’ac-
tuellerïient. Cette hypothèse, qui lui est commune avec JV1. Parrot,
est liée aux phénomènes volcaniques primitivement plus consi-
dérables qu’autrefois , ce qui devait donner lieu à une exhalaison
jrlus grande de gaz et à des sources minérales énormes, compa-
rativement à celles actuellement existantes.
Les mànières variées par lesquelles les substances végétales et
animales se sont pétrifiées , la conservation du moule dé leur con-
figuration intérieure ou extérieure, la destruction des pétrifica-
tî6n$ et de ces moules après leur formation, et le remplissage
postérieur des vides ainsi formés, voilà des questions sur les-
quelles les géologues ont déjà assez écrit, mais dont la solution
appartiendrait plus particulièrement aux chimistes. Malheureu-
sement ces derniers ont tout-à-fait négligé cette sorte de recher-
che, qui les conduirait nécessairement à de nouvelles décou-
vertes sur les affinités de certains corps placés sous des circon-
stances particulières souvent aisées à entrevoir et même à repro-
duire expérimentalement. L’an passé M. Defrance a donné une
àote relativement â la formation des moules de fossiles 9 et â ré-
DE LA, GÉOLOGIE EN l83l. | §§
pondu à j\l. Morreri, qui avait prétendu que ces moufes étaient
souvent antérieurs au dépôt qui 1rs empâte. Il a décrit de cu-
rieux échantillons dans l’un desquels le test de la coquille a dis-
paru, tandis que le polypier qui la couvrait s’est conservé et
adhère par sa base sur son moule intérieur.
D'une autre part, Ri. Brongniart s'est occupé spécialement du
changement de la demeure des polypiers ou du lest des coquilles
en oihicules siliceux. Il a ainsi développé une partie de ce qu’il
avait déjà publié dans son intéressant article intitulé: Silex , et il
a donné une liste des principales pétrifications siliceuses connues.
Il a surtout appuyé sur l’état gélatineux que ce dépôt siliceux a
eu originairement, et il a confirmé pleinement cette idée émise
par beaucoup de géologues.
Je puis ajouter que l'état gélatineux originaire des concrétions
siliceuses est quelquefois clairement indiqué par le retrait que
la masse a éprouvé, et qui a laissé dans son milieu non seule-
ment un vide, mais encore des portions arénacées mobiles
ou quelquefois un noyau calcaire ou sableux. La silice est proba-
blement un produit de sources minérales puisqu’elles en dépo-
sent ou en contiennent encore; mais comment s’expliquer sa dis-
tribution si particulière au milieu des roches volcaniques ou nep-
tuniennes P L’hyalile , en tapissant des fentes, serait un effet de
sublimation, un dépôt formé par les vapeurs chaudes qui ont
traversé les masses après leur éjection du sein de la terre.
Mais pour la formation des agalhes , il semble que l’attraction
entré les molécules siliceuses doit avoir été plus grande, ou que
leur véhicule gazeux a pu plus aisément traverser la roche, cette
dernière affinité n’étant surmontée que dans le cas où ces vapeurs
atteignaient des cavités. Ensuite toutes les agalhes ont-elles été
formées par sublimation, ou ne doit-on attribuer celle origine
qu’à une partie des agathes, ou même y a-t-il possibilité que
dans la même localité certaines agathes aient été formées comme
certaines druses zoolitiques et calcaires, moitié par la voie
ignée, moitié par la voie aqueuse? Ce sont des questions qui
seraient fort intéressantes à traiter par l’observation géognosliqne
et les expériences chimiques. Ou comprend bien qu’une masse
volcanique et ses vapeurs élevant la température de l’eau qui la
recouvre, et y introduisant une certaine quantité de matières
alcalines et siliceuses, le liquide, amené à la température con-
venable, pourra se charger de ces matières, et celle dissolution
pourra former des dépôts en filtrant à travers les fendillemcns
aoo
RESUME DES PROGRES
et les porosités qui abondent toujours dans les roches ignées.
Ainsi s’expliquerait par deux voies différentes la formation des
agathes et des filets qui les unissent assez souvent; c’est au chi-
miste à nous guider dans l’application de nos théories.
On a comparé dès long-temps, et en particulier M. Jameson,
les filons aux agathes; ces derniers rentrent tout-à-fait dans le
cas des fentes couvertes d’incrustations formées par sublimation ;
aussi voit-on quelquefois des filons d’agalhes. Le quarz cristal-
lisé n’y forme aussi que des druses, la silice y est en masse cofti-
pacle et seulement à l’ordinaire plus mêlée de matières étran-
gères que dans les agathes. Les roches granitoïdes ne présentent,
au lieu de ces derniers, que des druses quarzeuses, parce qu’elles
ont été traversées d’une moindre quantité de vapeurs siliceuses ,
parce qu’elles devaient offrir moins de prise aux infiltrations
alcalino-siliceuses , cl parce que le quarz entrait déjà souvent
comme élément dans ces roches.
Si l’isolement des concrétions siliceuses, au milieu des roches
dont je viens de parler, est un fait jusqu’ici inexpliqué, celui
des silex dans les roches neptunicnnes est encore bien plus
extraordinaire.
D’après nos connaissances chimiques actuelles, nous devons
admettre que des géologues ont eu tort de supposer que, sous
certaines circonstances chimiques, les parties animales ou cal-
caires pouvaient se changer en matière siliceuse. Si l’on a pu
croire à quelques indications de la transformation d’une terre
dans une autre sous certaines conditions électro-magnéliques ,
lu silice et la matière gélatineuse des animaux paraissent par
leur propriété se refuser tout -«à - fait à de pareilles supposi-
tions.
Néanmoins il n’en reste pas moins le fuit géologique qu’au
milieu des dépôts aqueux sédimentnires ou chimiques, la silice
a trouvé mnyén de former des noyaux , des concrétions arrondies
ou fort irrégulières , des petits lits et des filons , et même a rem-
placé complètement certains animaux entiers ou seulement une
partie de ces êtres.
Il faut donc que des affinités chimiques particulières aient
forcé le fluide chargé de parties siliceuses à déposer cette
matière si irrégulièrement ; tandis que dans d’autres cas, comme
dans ceux de la pierre de Cos ou la meulière, le Calp et le Rot -
tenslone du calcaire intermédiaire, etc., elle a renfermé le cal-
caire , l’argile ou le sable dans une espèce de réseau, ou même
DE LA GÉOLOGIE EN 1 83 1 . 201
elle s’est combinée plus intimement avec les parties calcaires et
alumineuses.
Ces derniers dépôts se conçoivent facilement une fois qu’on
s’est assuré de l’origine de la silice ; mais il n’en est pas de même
des premiers. Néanmoins il y a une circonstance qui me
semble assez propre à donner une idée de. leur formation;
je veux parler de la nature gélatineuse de la silice lors de
son dépôt, lin effet, supposant celle substance flottante au mi-
lieu d’un fluide chargé de particules terreuses ou arénacées de
matières animales ou végétales, si ces dernières se déposent
quelque part par les voies chimique ou mécanique pendant que
le fluide sera agité , il est évident que cette matière gluante , bal-
lot'ée d’un point à un autre, tendra non seulement à s’agglo-
mérer, mais encore à s’attacher aux corps étrangers, et surtout
à ceux couverts d’aspérités. Or, n’est-ce pas le cas des polypiers,
des éehinidées, des alcyons, des éponges, de plusieurs genres de
coquilles surloutbivalves, des troncs et branches d’arbres, etc ? Ce
sont . aussi surtout ces différentes sortes de corps organisés qu’on
trouve silicifiés. Les bivalves le sont beaucoup plus fréquemment
que les uriivalves, et certaines parties couvertes de rugosités dans
les bivalves le sont préférablement à d’autres; ensuite cela me
paraît aussi la raison pour laquelle on trouve si fréquemment
des corps organisés empâtés dans des silex, ou attachés à ces
pierres tuberculaires , dont souvent la surface indique positive-
ment un corps pâteux roulé ou comprimé.
La matière siliceuse, amenée ainsi par des mouvemens oscil-
latoires en contact avec les corps organisés plus ou moins décom-
posés, il est encore évident que petit à petit toutes les molécules
des premiers, ou seulement cellesd’une deleurs parties, auront été
remplacées successivement par des particules siliceuses , comme
l’on voit encore dans les dunes des troncs d’arbres en putréfaction
remplacés petit à petit en entier ou en partie par du sable.
Il ne resterait donc plus qu’à s’expliquer comment a lieu cette
transmutation chimique de molécules; ne devrait-on pas avoir
encore recours ici aux déplncemens produits soit par l'infiltra-
tion aqueuse , soit par les faibles affinités moléculaires électro-
chimiques ; et ne serait-il pas aisé de reproduire ce travail lent
par des expériences directes délicates?
Les autres gisemens de la silice s’expliquent tout aussi facile-
ment par notre théorie. Ainsi le silex sépare en plaquettes des
lits de calcaire ou de grès, parce que le dépôt formant le slrate
202
RÉSUMÉ DES PROGRÈS
supérieur aux plaques siliceuses a subi assez de mouvement avant
sa consolidation pour permettre à la silice de s’être réunie en
petites masses pesantes que les molécules calcaires ou arénacées,
et pour s’attacher çà et là à quelques amas de corps déjà très
désorganisés. Plus lard, le dépôt se consolidant aura aplati par
sa pression le lit siliceux, tandis que les nids siliceux restés dans
sa masse, pressés de tous côtés, ont pris diverses formes.
La silice a rempli des fentes qui partent du haut ou du bas
d’un lit, parce que, ballottée, elle s’est agglomérée, est devenue
pesante, est tombée au fond du dépôt, et a rencontré un efente
qu’elle a remplie plus ou moins bien.
Pendant long-temps on a cru que le sol du nord de V Alle-
magne ou de l’Europe ne recélait que des dépôts tertiaires infé-
rieurs. J’ai été, je crois, le premier qui ait comparé les sables
dè ces immenses plaines , et même certains de leurs blocs ou
Cailloux, avec les alluvionsdu groupe tertiaire supérieur. Si cette
idée a déplu aux Allemands dans le premier moment , ils y sont
revenus plus tard, et nous avons vu M. German trouver dans les
fossiles tertiaires du Magdeboürg plus d’analogie avec ceux du sol
tertiaire supérieur qu’avec ceux dé sa partie inférieure.
Depuis lors j’ai insisté encore plus fortement sur ce classe-*
ment, et même j’ai mis en doute la présence en Allemagne des
dépôts parisiens inférieurs, si ce n’est dans une ou deux localités
douteuses. Tous ces lignites si nombreux en Allemagne et mêirié
ceux des basaltes m’ont paru sur un horizon plus élevé que le
calcaire de Paris.
En un mot, le grand bassin de la Belgique , de V Allemagne
septentrionale et de la Pologne , etc. , m’a paru bien plutôt
subapennin que parisien. Or, celte classification paraît se con-
firmer tous les jours davantage, d’un côté par le genre des fos-
siles , et en particulier par les nombreux ossemens très divers ob-
servés parMàl. Morren et VanHees.en Belgique, et de l’autre par
les déterminations des coquillages tertiaires de la Pologne, de
la Volhynie, de la Gallieie et du Mecklembourg. MM. de Buch
et Dubois,, à qui o.i doit une partie de ces derniers renseigne-
mens , viennent d’émettre publiquement la même opinion que
moi; et la vue du sol tertiaire de Sicile a. suggéré la même idée
à M. Hoffmann, qui , comme moi , place de plus les dépôts aré-
nacés et basaltiques de la Hesse, etc., dans la même division. Il
reste à voir s’il n’y a pas néanmoins dans le bassin de l’Aile-
DE 1Â GEOLOGIE Éff 1 85 1 . §ûd
mngnë septentrionale quelques points qu’on puisse comparé? atrx
depuis inférieurs de Paris.
L’élude de ta mer , de ses propriétés, de ses profondeurs, de
sa diverse salure , de sa température , de ses eournns, des Vents
qui régnent dans ses diverses parties, des dépôts qui y ont
lieu , etc. , a élé perfectionnée considérablement par les notii-
breux navigateurs de ce siècle.
Dernièrement encore, M. le capitaine Duperrey a prouve, par
ses observations et celles d’autres marins et physiciens, que la
mer Pacifique avait aussi un courant circulaire comme l’Océan
atlantique ; mais que le Centre du cercle décrit par le mouvement
des eaux n’était pas situé sur le meme côté de l’équateur quft
celui du £rand courant équatorial. Celle découverte a jeté un
nouveau jour sur les observations climatoriales des côtes ôcéi-
denlales de l’Amérique.
MM. Scrope et Manlell se sont occupés d’examiner les depots
neptiiniens , par rapport aux traces qu’on peut y reconnàitré de
l’action plus ou moins forte des vagues , du flux et du reflux , et de
la marche de certains petits animaux marins. C’est une recherche
qui exige des observations comparatives et qui mérite d’être con-
tinuée, pour le bien de la science, avec toute la minutie anglaise.
Ces apparences doivent être soigneusement distinguées de ces
décompositions bizarres que présentent un si grand nombre de
roches à leur surface.
Ce dernier sujet a été traité , l’an passé, par MM. Boblaye et
Philippe. Ce dernier en a parlé surtout pour démontrer l’origine
des matières alluviales et la masse qui en est journellement
produite. Il est revenu en particulier sur l’origine des blocs ou
rochers, attribués souvent mulàpropos aux druides. Le charriage
des allumions fluviatiles , la manière dont les eaux courantes les dé-
posent, les accumulent et les conduisent jusqu’à la mer, est un
autre point géologique qui a occupé MM. Conybeare, Pli ilipps et
Yates. M. Conybeare a considéré les effets de l’action actuelle
des rivières , pour les comparer avec les alluvions anciennes bu
son diluvium. Si les phénomènes atmosphériques de la zone tent-
perée ne peuvent être mis en parallèle avec ceux qui ont lieu
entre les tropiques, si les fleuves de ces dernières contrées pro-
duisent des effets que les rivières européennes n’offrent qu’en
miniature, il est loui simple que M. Conybeare démontre facile-
ment que les fleuves de l’Angleterre, sous le climat actuel , n’ont
pas élé capables de produire les alluvions anciennes de la Grande-
S04 RESUME DES PROGRES
Bretagne. Or, il oublie cette circonstance essentielle, que ces
dépôts ont eu lieu sous un climat équatorial, comme le prouvent
les restes de mammifères qui leur sont particuliers, et dont les
genres ne se retrouvent qu’entre les tropiques.
D’une autre part , MM. Conybeare, Sedgwick et Daubeny ont
avoué avec autant de franchise que de bonnes raisons qu’ils s’é-
taient trompés en adoptant la théorie diluvienne telle qu'elle a été
exposée jusqu’ici en Angleterre. Le déluge mosaïque n’a pu pro-
duire et ré a pas formé ce que les Anglais appellent diluvium .
Le travail complet de M. Haussman sur les blocs erratiques a
paru dans le 19e vol. des Mém. delà Soc. des Scienc. de Harlem
(p.27i-378).
M. le docteur Daubeny a donné un mémoire sur certaines par-
ticularités des allumions de V Auvergne , qui ont conduit M. Lyell
à croire que le diluvium des Anglais ne s’y trouvait pas. Ja
ne pense pas que cette question mérite de fixer l’attention d’un
géologue du continent; car personne n’avait avancé, jusqu’ici,
pareil paradoxe. Si les alluvions anciennes de l’Auvergne diffèrent
de celles de l’Angleterre, c’est une chose toute simple; il en sera
de même de toutes les alluvions des pays de montagnes compa-
rées à celles des plaines et surtout à celles des bords de la mer.
Ainsi M. Daubeny a parfaitement et aisément réfuté M. Lyell,
qui, probablement sans le vouloir, voulait modeler le monde
alluvial sur celui delà Grande-Bretagne M. Daubeny a combattu
aussi les idées du même géologue et de M. Serope sur la forma-
tion des buttes trachytiques , et il a donné raison sur ce point à
la théorie de soulèvement de M. de Buch en ne l’exagérant pas.
Les courons diluviens ont laissé } dit-on , des traces de leurs
actions sur les côtes des vallées qu’ils ont parcourues , ou sur les
rochers et les sommités qu’ils ont touchées. Ces bandes de rainures
ou de sillons ont été signalées dès long-temps par de Saussure,
sir James Hall, Underwood , et l’an passé par M. Yates en An-
gleterre, et M. le comte Razoumovski en Moravie. Ces appa-
rences doivent être frappantes dans plusieurs parties des États-
Unis; car plusieurs mémoires ont déjà été publiés sur ce sujet.
Il faut étudier pour cela les récits des débâcles ou des inonda-
tions de rivières, telles que celles qui ont eu lieu dernièrement
dans les Grampians en Écosse, et qu’ils ont été décrits par
M. Dick-Lauderdale.
Les vagues des lacs produisent aussi, comme l’eau de la mer,
des sillons sur leurs bords, et si ces réservoirs s’écoulent petit
DE LÀ GÉOLOGIE E Tî 1 83 1 . 205
à petit, ils laissent des vallées bordées de terrasses d’alluvions.
Dans le cas des grands courans ou déplacemens d’eau produits
par des soulèvemens . il a dû se former non seulement des dé-
coupures dans le sol, mais encore les matières et les blocs
entraînés ont dû entamer les bords des vallées déjà existantes,
d’autant plus qu’elles étaient les points les plus bas de la surface
balayée. Telle nous paraît l’origine de la plupart des alluvions
anciennes placées aussi bien sur des plateaux que dans des fonds
de grandes vallées.
La formation de ces dernières a été traitée dernièrement par
Màl. d’Omalius et de Hoff. L’un a démontré les effets de l’é-
rosion aidée par des actions souterraines, tandis que l’autre a
distingué plusieurs espèces de vallées, savoir : celles d’écarte-
ment , de plissement, d’éruption , d’érosion et de refoulement,
ainsi que celles formées par plusieurs de ces causes agissant suc-
cessivement ou simultanément. M. de Hoff a cru retrouver dans
b- lac circulaire de Salzungen au milieu du grès bigarré du Mans-
feM ; un exemple de V écoulement d'un ancien cratère. Ce lac est
environné de loin, au sud-est, nid et sud-ouest, par des buttes
basaltiques près desquelles les couche^ deg ès bigarré sont toutes
aussi tourmentées qu’uutour du lac. Il a offert des phénomènes
extraordinaires lors de certains grands Ireinhlcmens de terre. Des
gaz, se sont élevés quelquefois du fond de cette cavité. lien con-
c!nl que lors des éruptions basaltiques des pays voisins, un sem-
blable évènement a pu avoir lieu à l'endroit occupé maintenant par
ce. Iac/ mais plus tard, la masse soulevée se serait affaissée et aurait
entraîné avec elle une partie des grès altérés qui l’entouraient.
Nos connaissances sur les dépôts ignés et les phénomènes vol-
caniques n’ont pas été augmentées l’an passé, si ce n’est par
rapport au genre de formation de ce.^ volcans sous marins qui
s’élèvent petit à petit au-dessus des eaux au moyen des matières
projetées. Les observations subséquentes nous montreront si la
théorie des cratères de soulèvement doit être totale ment rejetée
ou adaptée seulement à certains cas ou à quelques localités.
Quant aux roehes pluloniques anciennes, M. Léonhard va faire
paraître un Traité complet sur les basaltes , sur leurs variétés,
sur leurs gisemens divers, et surtout sur les altérations si variées
qu’ils ont. produites par leur contact avec les roches nepluniennes.
On dira peut-être que c’est un thème trop rebattu; je ne
crois qu’aucun sujet géologique n’a encore été traité à fond,
et encore moins celui dont il s’agit. Ainsi, par exemple, il y a
29$ îtÉSUajÉ OE5 PROGRÈS
bien des géologues qui oe connaissent pas bien le phénomène
de$ culots basaltiques ou des filons semblables sous forme de
grades cheminées, ainsi que celui des buttes basaltiques im-
plantées dans le sol ancien sous la forme d’un coin dont la pointe
est dirigée vers le bas. Ces gîtes du basalte sont pourtant tout
aussi évidens en Allemagne que celui des basaltes en coulées en
Auvergne ou en Vivarais , et il est tout naturel que celui qui n’en
a pas vu de ce genre ne puisse pas comprendre certains gise-
mens tout semblables , des serpentines et des ejupholides, J’en
pourrais dire tout autant des filons-couches basaltiques; l’étude
trop superficielle que beaucoup de géologues ont faite de ces appa-
rences est funeste à l’avancement de nos connaissances, relatif
veroent aux filons-couches des roches ignées anciennes, gisemens
qui abondent dans les schistes et sont le plus souvent mal dé-
crits. Je suis certain que la monographie sur les basaltes de
M. de Léonbard sera lue et consultée avec un grand intérêt,
parce qu’elle sera non seulement un résumé de tout ce qui a été
dit d’essentiel sur la matière, mais encore un tableau des obser-
vations nombreuses que l’auteur a faites depuis nombre d’années
dans toutes les parties de l’Allemagne, en France et en Belgique.
De plus on y trouvera des recherches chimiques sur les roches
décolorées, altérées, endurcies, fondues ou même vitrifiées prés
du basalte; Ton verra les altérations et les accidens particuliers
à chaque grand district volcanisé, et l’on pourra par l’énumé-
ration des roches étrangères empâtées dans les brèches basaltiques
se former une idée de la croûte que les basaltes ont eue à percer
pour arriver jusqu’à la surface. Bien n’est plus curieux et plus
instructif pour l’étude des dépôts anciens que ces roches tufacées
qui forment tantôt des salbandes de filons ou de culots, ou de
filons-couches, tantôt des filons entiers, des mamelons ou même
la partie inférieure de masses recouvrant le sol neptunien et
dépendant d’une butte ou d’un culot.
On doit seulement regretter que RI. de Léonbard n’ait pas
visité le Vicenîin et le Tyrol méridional ; car, n’ayant qu’un
objet en vue, il y aurait probablement vu des choses qui ont
échappé aux Arduini, Ferber , Maraschini, Pnssini, de Buch, etc.
Avant de quitter le domaine volcanique, il faut que je signale
le mémoire intéressant de M. Gustave Bose, qui remet en ques-
tion la séparation de V amphibole et du pyroxène par des raisons
autant cristallographiques que géogéniques. Les angles des deux
minéraux s c laissentrauienerles uns aux autres, leur composition
DE LA GÉOLOGIE EN l85l. 2<>7
chimique est très semblable, leur pesanteur spécifique relative
forme des séries qui s’élèvent tout aussi haut dans un minéral
que l’autre , quoique la série des pesanteurs de l’amphibole des-
cende plus bas que celle des pesanteurs du pyroxène. Les diorites
de l’Oural renferment des cristaux qui réunissent la forme de
ce dernier minéral avec le clivage de l’amphibole. Ces deux
minéraux constituent ensemble des groupes réguliers dans les-
quels les cristaux ont des axes parallèles et les arêtes latérales
plus obtuses de l’amphibole y sont parallèles aux arêtes plus
aiguës du pyroxène. L’Oural et l’Arendal offrent de ces cristal-
lisations. Les différences de formes des deux substances s’ex-
pliquent par les circonstances différentes sous lesquelles elles ont
été produites par la voie ignée. La forme de l’amphibole est le
résultat d’un refroidissement plus leutque celui qui a fait cristal-
liser le pyroxène, et au contraire ce dernier a été produit par
un refroidissement plus Ainsi on obtient des cristaux
de pyroxène en fondant dans un creuset de platine de l’amphi-
bole seule ou mêlée avec du pyroxène. On rencontre dans les
scories des hauts fourneaux des cristaux de pyroxène, mais non
d’amphibole. L’amphibole est associée ordinairement avec des
minéraux, s’étant cristallisés par un refroidissement lent : dan9
ce cas sont le quarz, le feldspath, l’albite, etc.; tandis que le
pyroxène est fréquemment accompagné de péridot formé par un
refroidissement prompt. Lorsque les deux minéraux sont réunis
les masses sont composées diversement, et ont par conséquent
une fusibilité différente; la plus difficilement fusible est la masse
pyroxénique , et la plus aisément fusible celle à amphibole , ce
dernier minéral s’est cristallisé autour du premier.
Ces considérations sont très importantes pour la géogénie, car
les dernières sont applicables à la formation d’un nombre consi-
dérable de cristaux empâtés dans d’autres cristaux à cause de la
différente fusibilité des substances, Ensuite elles confirment les
idées qu’on avait sur la différente origine des siénites et des
basaltes , des amphibolites et des roches pyroxéniques.
M. Vollz a appuyé sur les circonstances particulières des
gisemens gypseux ; d’après lui, cette roche est toujours dans des
cavités on au fond do vallées et de crevasses. C’est une obser-
vation déjà faite ailleurs et étayée sur beaucoup d’exemples. On
comprend que M. Voltz est pour la théorie de sublimation, et
qu’il attribue aussi, comme Mi\l. de Buch , Hoffmann, de Beau-
mont * Dul'resnoy et nous* la formation des cargneules ou
2o8 RÉSUMÉ DES PROGRES
rauchwncke à l’action des gaz acides, accompagnés quelquefois
de sublimations siliceuses. En outre, M. Voltz pousse très loin
l’idée que les calcaires ont été changés dans le voisinage des
gypses en marnes ou argiles , et il voudrait étendre celte théorie
i\ la formation de certaines grandes masses marno- argileuses ,
gypsifères ou métallifères. Enfin il fait observer que dans les
pays à minerais, ces derniers sont situés souvent dans les dépôts
qui y ont le niveau le plus inférieur.
Les Pyrénées se prêtent fort bien à ces idées, comme M. Du-
fresnoy l’a développé en parlant des ophytes, et moi, en décri-
vant le gîte si curieux de Filou.
M. Strombeck est revenu sur la dolomiscilion des calcaires ju-
rassiques, et observe que les tests des coquilles disparaissent dans
les dolomies de certains lieux de la Franeonie, pour être rem-
placés par une matière pulvérulente silicéo-calcaire. [Archives de
Karsten , vol. 5, .cah. 2.)
M. Gerhard a fait de nombreuses observations sur la lernpé-
rature des mines de la Prusse à diverses profondeurs ; il a trouvé
que certaines mines lui ont donné un accroissement de i° de tem-
pérature pour chaque 172,5 ou 178,95 ou 180,6 pieds. Néan-
moins il conclut qu’on a encore trop peu de données positives
pour pouvoir en déduire une augmentation graduelle de chaleur
de la circonférence vers le centre du globe.
Les filons n’ont point encore été étudiés avec assez de soin ;
cela dépend en grande partie de la difficulté du sujet. Dans
les districts métallifères on n’a tenu compte que des filons
exploitables, tandis qu’une bonne carte d’un district minier de-
vrait indiquer, outre tous les filons riches, ceux recelant peu
de minerais et ceux qui sont stériles. Alors on pourrait seule-
ment avoir une idée parfaite du réseau de fentes et des fentfille-
mens successifs (pii ont été remplis par sublimation et postérieu-
rement par infiltration. M. Ketèrslein s’occupe de dresser une
carte des divers groupes de filons en Europe ; mais avec les ma-
tériaux actuels ii restera bien au-dessous de sa tache, malgré
Futilité de son travail.
M. J. Carne de Cornouailles a détaillé les i^apports entre les
filons et les couches qui les renferment. M Henwood , un ingé-
nieur des mines du Cornouailles, a !u à la Société géologique de
ce pays un mémoire sur les cailloux roules dans les filons , et a
proposé un plan détaillé d'examen pour les filons. Il y note soi-
gneusement leurs ehangemens d’inclinaison et de direction, leurs
DE LA. GÉOLOGIE EN 1 85 1 .
*0Q
éntrecroisemens, leur richesse à différentes profondeurs, la
distribution particulière de leurs minerais et de leurs métaux ,
la température des mines et les phénomènes électro-magnétiques
observés dans divers lieux. Il y a un point sur lequel les mineurs
sont encore très souvent en désaccord avec le géologue , c’est
la fixation des limites du filon et l’indication exacte de l’espace
du mur ou du toit qui est imprégné de minerai. Tout ce qui est
exploitable est loin d’être le plus souvent le véritable filon, et
combien de mines qui ne poursuivent que des fentes impercep-
tibles dont les côtés sont métallifères et exploités! C’est surtout
dans ces malentendus qu’on doit chercher la cause de la théorie
neptuniçnne du remplissage des filons.
M. Meyer, habile ingénieur autrichien, et en service en Bo-
hème, a> publié , dit -on, des considérations intéressantes sur
l’age relatif des filons. Au fait des phénomènes du Tyrol méri-
dional, il devrait bien faire connaître toutes ses observations
sur la liaison de certains filons ou amas métallifères avec diverses
roches épanchées du sein de la terre.
L’étude des failles a été enrichie l’an passé par un mémoire
de M. Sedgwiek, sur les principales failles , 'dans le nord de
l’Angleterre. Les failles ont été presque entièrement négligéée
jusqu’ici , si ce n’est dans quelques localités d'exploitations
métallifères. Ces observations, en se multipliant, nous appren-
dront à mesurer les mouvemeos que le sul a éprouvés, et à fixer
leur date précise.
D’après ce savant, les divers soulèvemens qui ont affecté les
schistes intermédiaires ont eu une direction N.-E. vers E. à
S. -O. vers O., tandis que le calcaire de montagne a été acci-
denté par un mouvement dirigé du N. au S., ce qui l’a placé
en stratification discordante contre les premiers dépôts. Il attri-
bue à un même soulèvement la formation de toutes les chaînes de
transition de l’Ecosse méridionale et de l’Angleterre occidentale,
et trouve que les éruptions porphyriques y ont produit des
inflexions dans les couches schisteuses inférieures et supérieures,
tandis que le système central du sol intermédiaire n’a été que
fendillé. Enfin les axes des divers bassins houillers ne sont pas
parallèles ; ces derniers gisent en stratification contrastante sur
le calcaire de montagne entre la Tweed et Derby, et les dislo-
cations du terrain houiller ont affecté les couches secondaires
au N. de Derby, mais très peu sur le canal de Bristol.
Les anciens géologues portaient beaucoup d’attention aux
Soc, géçl. Tom- IL 14
310
RESUME DES PROGRES
dépôts en stratification discordante , e.t attribuaient à ce carac-
tère une importance peut-être excessive. Une stratification
transgressive n’est une chose fondamentale que lorsqu’elle est
un phénomène général dans un continent ou du moins une
contrée. Ainsi le calcaire jurassique est en général en stratifica-
tion concordante sur le lias , mais localement ces deux dépôts
ont été vus en stratification discordante ; voilà donc un cas où
ce caractère n’a pas de valeur , et il serait facile d’en citer de
semblables. Ainsi, non loin de Cobourg, nous nous rappelons
une portion de grès bigarré redressé très fortement, le Mu-
schelkalk et le Keuper placés presque horizontalement à côté de
cette roche.
On a aussi eu tort, comme l’a bien dit M. Deshayes , de croire
que les dépôts en stratification discordante recélaient toujours
des créations diverses; ainsi le zeehstein reposant avec le terrain
houiller en stratification transgressive sur le sol intermédiaire,
n’en offre pas moins des fossiles intermédiaires, et en général
les pétrifications de la formation houillère ont plus d’analogie
avec ces dernières qu’avec celles des autres dépôts secondaires. Il
en est de même dest fossiles du calcaire de montagne et de cer-
tains terrains schisteux.
Les stratifications discordantes de toutes les masses ne me sem-
blent que de grandes exceptions locales produites par des soulève-
mens, puisqu’en combinant l’état géologique des masses minérales
des divers endroits connus de la terre, on arrive à établir que
tous les dépôts se suiventdans un ordre parfaitement concordant.
La seule exception jusqu’ici connue et non encore levée est
celle de la position relative du sol tertiaire et de la craie. Pour
l’Europe, et en particulier pour les pays de plaines de ce conti-
nent , il paraîtrait qu’il y a un hiatus immense indiquant des ré-
volutions épouvantables ; mais n’en peut-il pas être autrement
dans d’autres continens, ou même dans les contrées monta-
gneuses de l’Europe ? C’est une question non encore résolue.
Jusqu’à ces dernières années l’étude des sources minérales
ne semblait que du domaine du chimiste et du médecin , et était
bannie des traités de géologie. Un très petit nombre de géolo-
gues ont toujours senti îa connexion de ces eaux avec les phé-
nomènes géologiques. Parmi ces derniers je me plais à placer
nos deux présideus. Ml. Brongniart a même voulu attribuer des
effets prodigieux aux sources minérales qui jaillissaient du sein
de la terre lors des époques géologiques anciennes et modernes.
Î)E LA GÉOLOGIE EN l85l. 911
Vous vous rappelez que M. Rozet a même proposé de faire sortir
de terre des eaux diluviennes chargées d'acide carbonique. Cette
liaison des sources avec les propriétés du globe a été appelée
une respiration sui generis , par M. Kcferstein.
Certes le globe expire ou exhale beaucoup de substances, et
dans ce sens n’étant pas inerte, on peut dire métaphoriquement
qu’il vit; mais il y a encore loin de là à la vie animale , quoique
les parties constituantes des êtres animés se retrouvent dans la
croûte terrestre. Et supposant même qu’il n’y ait entre les objets
inanimés et animés aucune différence, si ce n’est celle résultant
de la diversité élémentaire et de l’emploi varié de certains fluides
invisibles, on aurait néanmoins raison d’avoir des terme t dis-
tincts pour indiquer la vie d’un être agissant et même rais J loant
et celle d’un objet non doué de ces facultés.
La connaissance exacte de la nature des sources numérales
étant toujours plus sentie , et d’une autre part le chimiste et le
géologue commençant à y attacher beaucoup d’importance, nous
ne devons pa3 être étonné du nombre de descriptions locales qui
s’accumulent chaque année.
On a publié dernièrement les analyses des eaux sulfureuses
de Moffat et des eaux ferrugineuses de V ica rs-B ridge , près de
Dollar en Ecosse. MM. KaMner et Stifft ont donné celles des
eaux minérales du pays de Nassau , qui sont si nombreuses et si
variées. MM. Brandes et Pegeler ont examiné les eaux de Ta -
tenhausen en tVestplialie ; M. le docteur Schlegel celles de Lie -
benstein en Thuringe.
M. Gmclin a imprimé une brochure intéressante sx\v V eau aci-
dulé de Niedernau en FTurteniberg , qui sort du milieu de ro-
chers magnésiens du Muschelkalk. M. Vogel nous a fait connaî-
tre un grand nombre de sources de Bavière , M. de ïlolger cer-
taines eaux d’Autriche et de Styrie. L’ouvrage de feu M. Kitai-
bel sur toutes les eaux minérales de la Hongrie , du Bannat et
de la Transylvanie , est un bon index à consulter pour celui qui
voudrait les étudier à fond. M. G. A. Grundler a présenté dans un
volume une récapitulation de toutes les sources minérales de
V Allemagne et des états dépendans des souverains allemands.
En Italie, M G. Melandri a publié de nouvelles recherches
et des analyses sur les eaux ferrugineuses de Hecoaro ? dans le
Vicentin ; M T. Giuly une Histoire naturelle de toutes les eaux
minérales de la Toscane ; M. Grandoni une Analyse des eaux sa-
lines etferrugineuses de Bovegno dans le val Trompia.
212
RÉSUMÉ DES PROGRÈS
En France, on a analysé de nouveau les eaux de Bourbonne ,
localité curieuse sur laquelle M. Walferdin doit nous donnerpro-
chainement une notice, avec des observations sur ses sources
thermales sous le rapport chimique et sous le rapport géolo-
gique.
Les eaux nombreuses du pied nord du Caucase ont fait le su-
jet de l’examen de MM. Conradi , Niliubin , Sobolev et Her-
mann. Nous avons ainsi acquis une connaissance complète des
eaux thermales acido-hulfureuses de Mascluika, et du pied du
cône trach^tique de Kumgara, de la source acidulé qui jaillit dn
milieu du calcaire jurassique de Kislawodsk , et des eaux chaudes
et salines des bords du Terek.
En Angleterre, le docteur Daubcny a continué ses observa-
tions sur les eaux thermales , et vient de publier de nouveau avec
des coupes ses idées déjà imprimées dans le Journal de géolo-
gie ( Edinib . philos, journ n° 1 83a).
Aux États-Unis on a retrouvé l’iode et le brome dans plu-
sieurs sources salées ; on a analysé les eaux de Buffalo , de Bed-
ford , de Bath , de ClinL dans le New-York , et de Salina. On a
donné de nouveaux détails sur des sources de NaphLeel des émana*
tions de gaz inflammable dans les contrées en deçà des Àlleghanys.
La souiélé helvétique sentant aussi Futilité de Fexamén des
eaux minérales, avait provoqué, il y a quelques années, une
exploration de toutes les eaux de la Suisse. Il est à désirer que
la mort de M. Ebeî, chef de la commission, ne ralentisse pas ces
travaux , par lesquels se sont déjà distingués M. Kries pour les
Grisons, M. Brunner et Fagensteeher pour le canton de Berne,
M. GimbernPit, etc.
Celle année a été fertile en ouvrages généraux sur les sources
minérales. Le docteur Osann, de Berlin , a publié le premier vo-
,'iine d’une; Description physique et médicale des eaux miné-
rales connues en Europe. Cet ouvrage, auquel il a consacré dix
ans de travail et de voyages, paraît devoir remplir un vide dans
la science, et mériterait à tous égards d’être traduit en français.
Le premier volume contient les propriétés générales des sources
connues en Europe; les volumes suivons offriront la collection
des monographies locales. C’est surtout d’après cet ouvrage que
M. le docteur Slucke a pu publier sa Carte géologique des sour-
ces de V Allemagne , de la Belgique , de la Suisse , de V empire
autrichien et de la France occidentale. Il y a joint les tableaux
d’un grand nombre des meilleures analyses des eaux minérales.
DE LA GÉOLOGIE EN 3 85 1. al 5?
Vous connaissez la manière dont ce dernier savant les divise;?,
il ne me reste donc plus qu’à vous parler des idées émises sur
leur origine par MM. Stucke, Osann, StifFt, Benzenberg, Dau-
beny et Keferstein.
M- Benzenberg n’a pas eu de peine à prouver par les eaux
thermales d’Aix-la-Chapelle et de Burtscheid , qu’elles n’étaient
qu’une dépendance de la chaleur primitive du globe et des an-
ciennes actions volcaniques qui ont bouleversé jadis le pays voi-
sin , et qui maintenant ne se font reconnaître qu’en épanchant des
eaux salutaires pour l’homme. Le mal est donc compensé par le
bien comme dans tout le reste de ce qui a lieu dans le monde.
Il paraîtrait qu’il faut distinguer dans les sources celles qui
proviennent du sein de la terre , et qui ne sont que peu ou point
soumises aux influences atmosphériques, et celles qui reçoivent au
contraire leurs eaux de l’atmosphère et leurs parties étrangères
des roches qu’elles traversent .
MM. Haussmann, Bischof, Liebig, Brunner, Struve, etc., se
sont occupés du dernier mode par lequel des eaux pluviales devien-
nent minérales; et M. Struve a peut-être poussé la chose trop loin
en voulant reproduire ainsi artificiellement les eaux minérales.
MM. Stifft et Muller lui ont fait ce reproche , et ce dernier n’a
pas obtenu par les procédés de M. Struve tous les résultats an-
noncés par ce dernier.
Les sources produites ainsi dans certaines localités par le la-
vage des roches au moyen des eaux pluviales ne pourraient com-
prendre que certaines sources minérales froides hydro-sulfu-
reuses, ferrugineuses, salées, à sulfate de magnésie, à salpêtre
ou alun.
Les laboratoires où ces eaux se minéraliseraient seraient dans
des dépôts de gypse, de Muschelk.dk, de Keuper ou de grès py-
riteux, de sel, de houille et de lignite. En général ces sources
sourdent dans le pays plat au milieu des alluvions ; et d’après
M. Osann elles n’atteignent jamais en Allemagne un niveau plus
élevé que 6 à 8oo pieds.
L’autre classe d’eaux minérales ou les eaux volcaniques com-
prendraient les eaux thermales et acidulés , et surtout les sources
acidulés chargées de soude et de fer. Le foyer d’où elles dérivent
est situé , non pas à la surface terrestre comme pour les autres,
mais sous la croûte terrestre, et elles sourdent des roches pri-
maires, intermédiaires, et ignées. On les trouve à des niveaux
très divers, tantôt à de grandes élévations, tantôt dans des bas-
fll4 RÉSUMÉ DES PROGRES
fonds, des crevasses et des fentes. Déjà l’an passé j’ai noté
l’observation que souvent, dans un même pays, les eaux aci-
dulés se trouvaient à des hauteurs plus considérables que les
sources thermales. L’ouvrage de M. SlifTt sur les eaux minérales
du pays de Nassau confirme bien cette curieuse remarque de
M. Buch.
Les eaux minérales dont je m’occupe se trouvent surtout
dans le voisinage des volcans ou des régions anciennement vol-
canisées , et elles paraissent sous l’influence des grands phéno-
mènes volcaniques qui décèlent leur puissance par des trem-
blemens de terre.
Les eaux thermales sourdent des crevasses au milieu des gra-
nités, des gneiss, des roches volcaniques, ou près des basaltes,
des porphyres, des roches trappéenncs et dans les grauwackes
traversées d’éruptions ignées. MM. Sickler et Keferslein ont tracé
en Europe des zones basaltiques accompagnées de séries de
sources thermales; et M, SlifTt a pu classer Jes diverses sources
volcaniques du Nassau par bandes, comme si chaque série des
eaux du même genre sortait de la terre par une faille ou fente
séparée.
Les sources acidulés démontrent leur origine ignée, comme
les précédentes par leur température, leurs parties constituantes
et leur position. Si elles sourdent de diverses roches, telles que
le calcaire intermédiaire, le calcaire des Alpes, le grès bigarré,
le schiste argileux, le gneiss , les roches pyroxéniques, les argiles
et les marnes , très souvent elles sont dans le voisinage d’énormes
dépôts volcaniques ou basaltiques. Un exemple frappant de cette
dernière position existe dans la Transylvanie orientale, où la
vallée appelée Szekler Land , ou pays des Hongrois Szekler, est
remplie de sources acidulés sortant du sol volcanique, alluvial
ou intermédiaire; tandis qu’à côté s’élève une immense chaîne
traehytique à cratères encore intacts et à solfatare. Les sources
analogues du Caucase ont une position très semblable, d’après
M. Hermann; tandis que tout le monde sait que celles de la
Bohème et de la Silésie sont au pied ou au milieu des phonoîiles
et des basaltes.
Je terminerai ces généralités sur les eaux minérales par les
considérations présentées par M. Stifft. D’après ce savant, les
sources minérales paraissent en général indépendantes de la
constitution géologique des lieux d’où elles sourdent , et sont sou-
vent environnées d’un terroir marécageux ou tourbeux» Elles ne
DE LA GÉOLOGIE BUT 1 85 1 . T\
sortent guère isolément de la terre , mais il y en a toujours plu-
sieurs ensemble en occupant des espèces de zones. Dans leur
voisinage, les couches ont subi des redressemens , des abaisse-
rnens et souvent des fendilSemens. Les roches dont elles sortent
sont réduites à une argile ou des aggrégats en sable; changemens
identiques avec ceux qu’on a reconnus près des filons. Enfin les
sources thermales fournissent une plus grande quantité d’eau et
un volume moins variable d’eau que celles qui sont froides, et
elles renferment en général plus de particules solides et moins
de parties gazeuses. Les gaz sont plus fortement combinés dans
les premières eaux que dans les secondes; tandis que les gaz qui
né sont pas combinés dans les eaux thermales ne sont pas mêlé3
à l’eau, mais s’échappent seulement en même temps qu’elle.
Dans les sources froides, les gaz sont rarement libres, mais
plutôt en combinaison plus ou moins intime.
Le forage des puits artésiens continue à avoir la vogue, et les
notices sur ce percement perfectionné se multiplient dans tous
les pays. Il est singulier qu’on ait négligé si long-temps une ma-
nière si commode d’avoir de l’eau potable, puisque les Chi-
nois connaissent les puits forés depuis très long-temps, qu’on
les employait en 1740 (^ans la régence d’Alger, d’après le docteur
Shaw, et qu’ils ont été décrits en 1691 par Ramazzini [de Fort -
tium mutinensium adrniranda scaturigine tractatus, in~4°) en 1729,
par Belidor ( Science de l’ingénieur) , et plus tard par Cassinî
( Acad . des *Sc.); cela prouve qu’il est bien difficile de faire
maintenant une découverte qui soit tout-à-fait nouvelle.
Dernièrement M. Waldauf de Waldenstern déjà avantageuse-
ment connu par des ouvrages sur la géologie appliquée à l’art
des mines, a publié à Vienne un Résumé de toutes les observa-
tions et les découvertes faites à cet égard par MM. Garnier ,
Héricart de Thury , B aille t, di O malius , F lâchât, Beurier , de
Bruckmann , etc. (in- 8°, i83i). Je ne ferai que vous rappeler les
puits forés exécutés à Paris ou dans la banlieue, et poussés tantôt
jusqu’à l’argile plastique ou les sables verts, tantôt jusque dans
la craie. Vous connaissez tous les rapports répétés que M. Héri-
cart de Thury a faits à ce sujet à la Société d’agriculture et d’en-
courageinenl de Paris ( Ann . des Mines , i83i). Vous vous sou-
venez aussi que M. Degoussé a traversé le premier la craie à
Tours, et a trouvé de l’eau jaillissante à 371 pieds de profon-
deur. C’est ce puits qui a offert ces graines et ces mollusques
décrits par M. Dujardin.
2 1Ô RESUME DES PROGRES
Le puits entrepris à la Rochelle a été interrompu ; ceux de Bor-
deaux, d’Agen et de Toulouse ne paraissent pas avoir réussi ; ce
qui a arrêté le forage de celui projeté à Auch , tandis qu’on a été
plus heureux h Narbonne , à Perpignan et dans les environs de
Montpellier. On en fore actuellement dans la commune de Saint-
Arnaud dans le Cher. Vous connaissez l’ouvrage dans lequel
M. Marcel de Serres a consigné le détail des couches tertiaires
traversées dans le Languedoc. Les argiles marno - sableuses
bleues forment décidément le fond de ces bassins ou anses mé-
diterranéennes. Le forage a fait découvrir des bancs de sel à
Salis près d’Arthes, et à Si-Paul près de Dax; et des lits de
houille à Réalmont et Laguepy près de Carmont, non loin
d’Albi.
M. Roulland a donné, dans le Journal de la Charente , un
petit article sur l’origine des eaux des puits artésiens, et sur la
réussite probable d’un puits semblable creusé à Beaulieu dans
la Charente. Nous ne savons pas si son heureux pronostic
s’est trouvé vrai.
En Italie , on s’en est surtout occupé dans la Toscane et dans le
Piémont, pays où ce genre d’industrie, pratiqué dans ie Modénois et
décrit par Ramazzini dès 1692, n’avait pas encore pénétré. En Pié-
mont, un esociélé pourle forage despuits artésiens s’estétablie sous
les auspices du roi actuel; et en 1829 M. le professeur Carpena a
publié un ouvrage. sur cette matière sous le titre : Serbatoj artifi -
cialei d'acque piovane , etc. , Réservoirs artificiels des eaux plu-
viales pour l’arrosement ïégulier des campagnes privées d’eau,
avec un Appendice sur les puits artésiens (in-8°, Turin). M. Ricci a
donné les détails des forages entrepris autour de Florence , dont
une partie ont entamé le grès secondaire récent, et ont eu géné-
ralement du succès lorsqu’on a achevé le percemeutdes alluvions
et des argiles bleues subapennines. Néanmoins certaines couches
du système secondaire redressé offrent peut-être aussi les condi-
tions nécessaires pour la réussite. M. Ricci entre dans quelques
détails sur les émanations gazeuses qui s’échappent quelquefois
du fond des puits artésiens ; il demande si c’est un effet de causes
passagères ou locales , et il raconte qu’en nettoyant, en 1828, le
fond d’un puits ordinaire, il s’en échappa avec explosion une quan-
tité considérable de gaz.
En Basse- Autriche , M. le baron de Jacquin a publié toutes
les données géologiques recueillies jusqu’ici sur les nombreux
forages qui ont eu lieu dans le bassin de Vienne. L’argile sub-
/
DE LA GÉOLOGIE EN 1 83 1 . 21 7
apennine y offre des lits aquifères de sables et de cailloux, et l’eau
y provient probablement des montagnes voisines connues a Flo-
rence et dans le Modénois. Dans ce dernier pays les couches
aquifères sont fréquemment à 63 pieds sous le sol.
Des forages ont eu lieu près de Nuremberg , dans les terrains
secondaires anciens, mais sans résultats, si ce n’est de foire
mieux connaître, la succession des combes du keuper, etc.;
tandis que ceux de Munich ont été intéressans et productifs.
A Greifenwald en Poméranie on a cherché, par le forage,
des eaux salées ; et M. Hunefeld a détaillé les couches traversées
et a confirmé ce que M. de Ëlucher avait dit sur la position des
sources salifères dans un sol tertiaire argilo-sableux sans fossiles
et couverts de tourbières ou d’aiiuvions. On verra dans la suite
si ce terrain à lignite et à ambre n’est pas identique avec celui
qui ressort, en Gallicie , de l’autre côté du grand bassin du nord
de l’Europe, ou si l’on doit admettre des dépôts tertiaires
supérieurs ou subapennins au sud, et des dépôts tertiaires in-
férieurs ou parisiens au nord. Nous avons déjà dit combien il y
avait plus de probabilités pour la première opinion que pour la
seconde.
En PVestplialie , on a traversé les dépôts crétacés inférieurs
pour arriver à des couches aquifères qui dans un lieu ont offert,
dit-on, des poissons. En Angleterre on a fait des puits forés
dans le Middlesex, et M. W. Bland a lu à la Société géologique
de Londres un mémoire sur l’influence des saisons, sur la quan-
tité d’eau des sources.
En Russie cette- industrie commence à prendre pied, et on
trouve, dans le Journal des Mines russe, la traduction des arti-
cles de M. Héricart de Thury à ce sujet {/. des M. 1800, n° 7).
Enfin les journaux des États-Unis contiennent des discussions sur
l’origine des sources jaillissantes.
Arrivé à la fin de mon compte-rendu des progrès de la science,
il ne me reste plus qu’à remercier la Société de la bienveillance
qu’elle a bien voulu m’accorder pendant mon année de secréta-
riat, et de mettre à sa disposition mon temps.
Si nous continuons nos travaux avec la même ardeur, notre
association est appelée à devenir très nombreuse et extrêmement
utile sous tous les rapports. Nous sommes sur le point de recevoir
l’autorisation royale; nous allons publier nos Transactions avec
un certain luxe; notre Bulletin est devenu plus considérable; nos
collections et notre bibliothèque s’augmentent journellement. Ces
21 8 SBÀWCB DÛ 6 FÉVÏBH l85a.
derniers changemens dans notre organisation vont nous procurer
nécessairement plus de membres en province, chacun voudra
faire déterminer ses fossiles ou ses roches , et faire partie d’une
société aussi utile qu’honorable.
Si déjà il est peu de pays étrangers où nous n’ayons pas des
confrères, les mêmes motifs vont stimuler encore plus les étran-
gers à entrer dans nos rangs, où ils seront charmés de voir enfin
la publication de leurs cartes levées avec soin , mais dont aucun
libraire ne voudrait entreprendre l’exécution dans leur pays.
Enfin l’autorisation royale ouvre l’accès à la Société , aux géo-
logues des pays autrichiens et d’autres contrées, où les sociétés
savantes doivent être toutes sous le contrôle du gouvernement.
Si la voix de l’honneur et du patriotisme a de l’écho en France,
l’amour de la science et de son avancement distingue bien des
étrangers. Espérons que ces nobles mobiles tourneront au profit
d’une société si éminemment utile à l’économie publique.
Plus tard le bienfait d’une tranquillité plus parfaite achèvera
une œuvre commencée avec succès, malgré le temps malheu-
reux où nous vivons. Ainsi notre association et la géologie arrive-
ront infailliblement à leurs grandes destinées pour le bien du
genre humain et en particulier de la grande société européenne.
Séance- du 6 février 1832.
M. Brongniart occupe le fauteuil.
Après la lecture et l’adoption du procès-verbal de la pré-
cédente séance, le président proclame membres de la Société:
MM.
Mtttel-Delïsle , avocat à la Cour royale , présenté par
MM. Boué et Boubée;
Louis Agassiz, docteur en médecine et en philosophie,
présenté par MM. Voltz et Elie de Beaumont.
. M. le comte G. Razoumovski adresse à la Société un
mémoire accompagné de planches, intitulé Monographie d un
nouveau genre de Polipites , et M. Marcel de Serres un
Mémoire sur les animaux découverts dans les diverses cou-
ches des dépôts quaternaires , et une notice sur le genre
Cloisonnaire.
SÉANCE DU 6 FEVRIER l852. 3I9
La lecture de ces mémoires sera faite dans l’ordre de leur
date d inscriplion.
— M. Jameson annonce qu’un exemplaire est aussi par-
venu aux sociétés royale et Wernérienne d’Edimbourg. Il
promet de faire à la Société un envoi de roches d’E-
cosse.
Il dit avoir eu depuis long-temps l’idée que le pyroxène et
l’amphibole n’étaient qu’une seule substance.
M. Buckland a sous presse un ouvrage sur la géologie et
la minéralogie en général :
M. Heuland fait imprimer à Londres un ouvrage intitulé
Minéralogie descriptive , en 3 vol. in-8°, et dont l’auteur est
M. Levy, professeur à Paris.
Il est fait hommage à la société des ouvrages suivans :
i° Par la Société géologique de Londres, la liste de ses mem-
bres, au ier janvier i832, et les vingt-trois premiers numéros
de ' ses procès-verbaux ( Procedings of the geological
Society of London) de 1826 à i832, formant 6 cahiers in-8°.
20 Par M. Ethelred Bennett :
Catalogue des restes organiques du comté de Wilts
(a Catalogue ofthe organic Romains of the countyofW ilts),
Warminster 1 83 1 , in-4°, avec 18 planches lithographiées.
3° Par M. de Bonnard, les neuf mémoires et ouvrages sui-
vans dont il est l’auteur :
À. Notice sur les diverses recherches de houille entreprises
dans le département du Pas-de-Calais , et spécialement sur
celles de Mouchy-le- Preux, près Arras; précédée d’un Aperçu
sur les terrains houillers du nord de la France ( Ext. du
Journal des Mines , tom. XXVI, décembre 1809) , in-8°, de
32 pages.
B. Mémoire sur les filons (Ext. du nouveau Dict . d'Hist.
nat . deuxième édit. tom. XI),in-8°, 1817.
C. Mémoire sur la : houille ( Ext. du nouv. Dict . d'Hist.
nat . deuxième édit. tom. XV), in-8°, 1817.
D. Résumé sur les mines ( Ext. du nouv. Dict. d'Hist .
nat. deuxième édit, tom XXI), 1818, in-8°, de 9 3 pages.
E. Roche (Art. Ext. du tom. XXX de la deuxième édit,
du nouv. Dict. d llist. nat.) , 1819, in-8°, de 84 pages.
320
SEANCE DU 6 FÉVRIER l852.
F. Aperçu gèognostique des terrains (Ext. du nouv. Dlct.
d’Hist. nat. deuxième édit. tom. XXXIII), Paris, 1819, in-8°,
de 206 pages.
G. Notice gèognostique sur la partie occidentale du Pala -
tinat (Ext. des Ann. des Mines , tom. VI), Paris, 1821, un
caliier, in 8°.
H. Notices sur le Hartz ( Ext. des Ann. des Mines , tom.
VII), 1822, in-8°.
J. Notice sur une formation métallifère observée récem-
ment dans F ouest de la France ( Ext. des Ann . des Mines ,
tom. VIII), Paris, 1823, in-8°.
M. Bonnard fait encore hommage à la Société, pour sa Bi-
bliothèque du Traité de géognosie de M. d’Aubuisson de
Voisins, in-8°, avec coupes, 1819.
4° Le n° 21 du Bulletin de la Société industrielle de Mul-
hausen, in-8®.
5° Le n° 11 de F Européen , journal des sciences morales et
économiques, Paris, in-4°.
Le secrétaire pour 1’éfranger présente les ouvrages suivans:
i° Le second volume des Principes de Géologie deM. Ch.
Lyeil , avec une carte de l’état de l’Europe lors de l’époque
tertiaire , et une vue de l’Etna, in-8°, i852.
2° Le numéro de janvier i832 du Journal philosophi-
que d' Edimbourg , contenaiit un mémoire sur les dépôts
récens de la Sicile, et les phénomènes accompagnant leur
soulèvement, par le docteur Alex. Turnbull-Christie , et des
remarques sur les eaux thermales et leur connexion avec les
volcans , par M. Ch. Daubeny.
3° Le second cahier du troisième volume des Archives
pour la Minéralogie , la Géognosie et Fart des Mines , par le
docteur C.-T.-B. Karsten, contenant une description géognos-
tique d’une partie des montagnes de la Silésie inférieure, de
Glatz et de Bohème, par MM. Zobeli et de Carnall; quatre let-
tres de M. F. Hoffmann sur les environs de Rome, l’Etna et les
dépôts crayeux tertiaires et quaternaires de la Sicile , une
lettre de M. Burkart sur les environs de Ramos au Mexique ;
une notice sur la dolomie jurassique, par M. de Strombeck.
M. Boue présente, de la part de M, de Huraboldt, trois
221
SÉANCE DU G FÉVRIER 1 83^.
échantillons d 'Ouralite, minéral qui offre, d’après M. Gustave
Rose, la forme du pyroxène et le clivage de l’amphibole; ce
sont : un morceau de porphyre de Cavellinskj près de Miask,
dans l’Oural; un autre de Mostovaja près d’Ekatherinen-
bourg ; un troisième de Muldakajevsk près de Miask ; et un
cristal de la dernière localité. Dans le troisième échantillon
les cristaux d’uralite renferment un noyau de pyroxène.
M. de Humboldt fait observer qu’en décrivant les roches
de Quilichao , dans son Essai géognoslique sur le gisement
des roches dans les deux hémisphères (pag. i4o et \l\%) , il
a parlé de grunsteins amphiboliques à pyroxène, jaune
verdâtre, minéral qu’il prit sur les lieux pour ce que
M. Freisleben appelait son olivine lamelleuse. Il paraîtrait
que ces roches de la Colombie ont la composition de celles
de l'Oural.
M. Boue communique les nouvelles suivantes, extraites
des journaux.
Le i5 janvier la. ville de Foligno, dans la Romagne, a été dé-
truite de fond en comble à la suite de trente-trois chocs de trem-
blement de terre. La première secousse a eu lieu le i3 janvier
à 2 heures après minuit.
Les communes de Monte-Falco et de Bevagna ne sont plus que
des monceaux de décombres; plus de cent cadavres ont été retirés
de dessous les édifices détruits. La plaine autour de Bevagna a
présenté pendant trois jours le cratère d’un volcan qui vomissait
des feux souterrains, dés pierres calcinées et des cendres sulfu-
reuses. Les tremblemens de terre se sont fait sentir à Perugia,
Spello, et Cannaro.
M. Boué fait observer que ces commotions sont probable-
ment en quelques rapports avec l'éruption récente du Vé-
suve , et même avec celle de l’Etna , ce qui ferait paraître
peu fondée l’idée qu’il n’y a point de connexion entre les
contrées volcanisées de l’Italie. .
M. le président fait connaître à la société les décisions pro-
posées par le conseil.
La Société décide :
322
SÉANCE DU 6 FÉVRIER l852.
i° que le Recueil géologique de M. de Leonhard sera ac-
cepté en échange du Bulletin.
2° Que le premier article adopté par le conseil , relative-
ment à l’impression des mémoires et au format de leur pu-
blication, soit immédiatement discuté.
La Société adopte en conséquence le format grand in-8°
pour le texte , et in-8° oblong pour les planches , tel que la
admis la majorité du conseil.
La discussion des autres articles du même projet de traité
pour la publication des mémoires , est renvoyée à la pro-
chaine séance.
M. Deshayes présente quelques observations sur l’ouvrage
de M. Dubois , intitulé Conchyliologie fossile du plateau
Wolhini-Podolien , 1 83 1 .
Cet ouvrage très intéressant contient la description et les figures
très bien faites de 1 12 espèces; malheureusement les détermina-
tions des espèces ne sont pas fai tes avec toute la précision désirable,
et on y remarque un grand nombre d’erreurs ; M. Deshayes les
a inscrites avec soin , et elles sont au nombre de quarante-neuf.
i° Le Conus Antediluvianus n’est pas le véritable cône an-
tédiluvien qui ne se trouve qu’aux environs de Paris , et qui est
propre à ce bassin. Le cône nommé de la sorte par Fauteur est
le Conus Acutangulus qui se trouve à Bordeaux, Dax et dans la
Touraine.
2° Marginella auriculala. Cette coquille n’est d’abord pas du
genre margineîle, c’est une de celles qui ont été confondues avec
F Auricula ringens de Lamarck., et il n’est pas bien certai n que
Celle-ci soit î’analogne de l’espèce vivante de la Méditerranée.
3° La Mitra lævigata me paraît une variété de la Mitra inco -
gnita de M. Basterot.
4° La Terehra pücatula de Fauteur est une espèce toute diffé-
rente de laPIicatule de Lamarck et des environs de Paris.
5° Buccinum obliquatum est l’analogue d’une espèce de Bor-
deaux et de Vicence , et non de celui de l’Italie.
6° Buccinum reticuiutum. L’espèce que Fauteur donne comme
l’analogue de celle qui est vivante, en est toute différente; elle
est semblable à l’une de celles qui sont communes en Touraine.
70 Ûe Buccinum semi-costaium me paraît fort douteux, en
ce que c’est une coquille encore très jeune.
SÉANCE Dü 6 février 185a. as3
8° Buccinum dissitam n’est autre chose que le Buccinum
Listeri Bast. , lequel se trouve à Bordeaux , Dax , eu Touraine ,
à Turin , et vivant au Sénégal.
9° Il s’en faut de beaucoup que la coquille fossile que l’auteur
donne comme le Murex brandaris ait avec cette espèce vivante
la moindre ressemblance. Je ne conçois pas comment l’auteur
ayant sous les yeux les figures qu’il cite dans sa synonymie a pu
commettre une erreur aussi forte que le moindre écolier aurait
évitée. Au reste la coquille fossile figurée sous le nom de Murex
brandaris est la même que celle qui se trouve très rarement
à Dax.
io° Ranella granifera. Cette coquille n’est pas une Ranelle,
c’est une variété du Fusus blavatus de Basterot.
1 1° Fusus echinalus . D’abord, la coquille que l’auteur donne
comme la même que le Murex echinatus de Brocchi, ne lui res-
semble en aucune manière: l’une, celle de l’auteur, est un fuseau
qui a son analogue fossile à Dax^ l’autre, celle de Brocchi, est un
Pleurotomus qui a son analogue vivant.
12° Fusus harpula de l’auteur est une espèce toute différente
de celle que Brocchi nomme ainsi. L’espèce de Podolie est un
petit pleurotome qui se trouve aussi à Dax.
i3° Cancellarià macrosloma. Cette coquille n’est très proba-
blement pas une cancellaire; elle ressemble beaucoup à une
petite espèce de Rissoa que l’on trouve à Dax, et qui a une petite
inflexion pliciforme surla columelle.
4° Cerithiuni rubiginosum est une variété du Cerithium cal-
cules uni. Bast.
i5° Cerithium baccatum est une variété du Cerithium incon-
stans. Bast.
i6° Cerithium coronatum . La coquille donnée sous ce nom
comme la même que celle de Bruguière et de Brocchi en est en-
tièremen t différen te; si elle ne se trouve pas en Italie, elle est fré-
quente à Bordeaux.
170 Cerithium thiara. L’auteur donne sous ce nom une espèce
qui n’est pas le Thiara de Lamarck ; elle en diffère par plusieurs
caractères essentiels. L’espèce de l’auteur a son analogue à Vienne
et Dax.
180 Turritella duplicata. Je ferai observer à l’égard de celte
espèce que la Turritella duplicata de Brocchi n’est pas l’analogue
de celle vivante de Linné, et que celle de l’auteur n’est analogue
ni à celle de Brocchi ni à celle de Linné,
224 SEANCE DU 6 FEVRIER l85 2.
19* Tlirritella Archimedis , variété de l’espèce précédente.
20° Turbo rugosus. La coquille, figurée sous ce nom par l’au-
teur n’est point l’analogue du Turbo rugosus de Liunée, mais
bien celui d une espèce qui se trouve fossile à Angers et dans les
faluns de la Touraine.
2i° Trochus turgiclus. Ce troque n’est pas, comme le croit
l’auteur, le même que le Turgidus de Brocclii; c’est une espèce
nouvelle analogue à Dax et Bordeaux.
220 Trochus détritus me semble la pointe d’une cérite ou d’une
autre coquille turriculée.
23° Scalariapseudo-scalaris. La très petite coquille que l’au-
teur décrit est très différente de celle de Brocchi, qui est toujours
très grande et dont le jeune âge diffère, par tous les caractères, de
la coquille de Podolie* cette dernière aurait plus de ressemblance
avec le Scalaria mululamella de Bast. ; mais je pense qu’elle doit
faire une espèce à part.
24° Si garetus haliotideus. D’après la figure, cette espèce me
semble la même que celle de Bordeaux et Dax, qui certainement
n’est pas l’analogue de X haliotideus actuellement vivant.
2.5° Neritina pi et a est la même que celle de Bordeaux , que
M. Basterot avait confondue avec le fluviatilis.
26° Melania lœvigata. L’espèce de l’auteur n’est pas la même
que celle de Paris.
27 0 Cj'dostoma scalare me semble un Rissoa ;
28° Cyclastoma planatum , une paîudine.
290 Bit lit nus acicula. D’après la figure , cette coquille fossile
ne ressemblerait aucunement au Bulimus acicula qui est une
Agathine.
3o° Bulla ovulata. L’espèce de l’auteur n’est pas la même que
celle de Brocclii , quoiqu’il lui donne le même nom , et elle n’est
pas non plus celle de Lamarck; c’est donc une nouvelle espèce.
3i° Bulla clandestine , Bulla spirata , Bulla terebellata ,
sont trois variétés d’age de la même espèce, et cette espèce,
connue depuis long-temps , est la Bullina lajonkairiana , de
M. Basterot.
i° Panopea Faujasii. La coquille figurée , si elle est de cette
espèce , ce que je ne crois pas , est identiquement la même que
celle de Bordeaux , toujours plus étroite.
2° Maclra deltoïdes. Si la figure donnée parl’auteur est exacte,
cette espèce ne serait pas celle des environs de Paris.
3° Corbula rugosa. Je crois que l’espèce à laquelle l’auteur
donne ce nom est nouvelle, et non la même que la striata ou revo -
SEANCE DU 6 FEVRIER l85g. 2S*5
luta , de Brocchi ; ce n’est certainement pas la même que cette
dernière, qui est l’analogue fossile du Corbula nucléus.
4° Tellina plcmata. L’espèce figurée par l’auteur est exacte-
mentla Tellina zonaria de Bordeaux et de Dax, dont l’analogue est
vivante au Sénégal; ce n’est donc pas la Tellina planata de Linné,
qui a des formes et une charnière toutes différentes.
5° Tellina restralina. Elle n’a pas la moindre analogie avec
l’espèce de Paris.
6° Cytherœa polita. L’espèce figurée est plutôt un jeune indi-
vidu du Cytherœa chione.
7° Luciha circinaria. Ce n’est pas l’espèce de Lamarck , ce
n’est pas non plus celle citée de Brocchi ; mais bien une espèce
encore nouvelle qui se trouve aussi à Bordeaux.
8° Lucina incrassata. Je cherche vainement dans Lamarck
une espèce qui porte ce nom; ce que je puis dire, c’est que l’espèce
indiquée sous ce nom est la Lucina scopulorum de M. Basterot;
coquille qui se trouve aussi en Touraine.
9° Cyclas triangularis , Cyclas globus. Ces deux coquilles ne
ressemblent pas aux autres cyclades, ce ne sont pas non plus des
cyrènes; on les prendrait plus volontiers pour des lucines.
io° Cytherea chione. L’auteur donne comme variété de cette
espèce une coquille à gros sillons qui ressemble beaucoup à une
variété constante de la Cytherea erycina.
1 1° Venus senilis , la Venus senilis de Brocchi est l’analogue
fossile de la Venus gallina de Lamarck; celle de notre auteur est
nouvelle et identique avec un fossile dans les faluns de la
Touraine.
12° Venus incrassata . Cette coquille de Brocchi est lisse, elle
appartient au genre Astarte Crassina de Lamarck. L’espèce
figurée par l’auteur est une véritable Vénus fortement striée en
travers. C’est une espèce nouvelle.
i3° Venericardia intermedia. L’espèce que l’auteur nomme
de cette manière n’est pas du tout la même que Y intermedia de
Brocchi et de Lamarck, déjà M. Bastcrot avait donné le même
nom à une espèce qui n’est pas non plus Y intennedia ; de sorte
que sous cette dénomination voilà actuellement trois espèces.
i4* Cucullea alata. Cette coquille n’est pas une cucullée, mai*
une arche dont les dents antérieures de la charnière ne sont point
divergentes comme les postérieures.
i5° Pectunculus pulvinatus. C’est encore Y Area glycimeris 9
(Linné,) qui se trouve partout dans ma seconde période.
Soc. géol. Tom. II. i5
1*6 SÉANCE DB 6 FEVRIER l8$2.
Le Pectunculus pulvinatus n’est dans aucune des localités oii
il est cité, si ce n’est dans celle de Paris.
Parmi les espèces de Peignes il y en a trois qui sont aussi fossiles
à Bordeaux.
Sur les 46 genres il faut en ôter 5 , reste 4-1 5 sur les 4° espèces
d’Italie il faut en ôter 23 , reste 17 ; sur les 21 espèces de Grignon
il faut en ôter 1 3 , reste 8 ; aux 16 espèces de Bordeaux ajoutez 37,
cela fait 53; sur les î3 espèces vivantes il faut en ôter 12, reste 1 1.
Deux sortes de considérations peuvent se déduire de ce qui
1° Qu’il est nécessaire que les auteurs qui n’ont pas à leur dispo-
sition tous les élémens nécessaires à la bonne détermination des
espèces qu'ils observeront dans un terrain les fassent figurer sans
exception , puisque la figure devient le seul et bon moyen de rec-
tifier les erreurs qui pourraient échapper.
2* Selon que l’on étudie les espèces avec plus ou moins de soin
on arrive à des résultats très différens ; il est important, en con-
séquence, de n’établir de tableaux numériques que sur des maté-
riaux suffisamment élaborés pour que les résultats de chiffres no
subissent point d’altérations trop fortes, et l’on voit, d’après les
rectifications qui précèdent que les nombres posés par l’auteur
soit pour les genres, soit pour les diverses analogies sont fautifs;
il en résultait une grande analogie des espèces de Podolie avec
celles d’Italie, tandis qu’après rectifications cette analogie a lieu
surtout avec les espèces de Dax, Bordeaux, la Touraine, etc*
M. Desnoyers, secrétaire pour la France, commence la
lecture de son
RAPPORT
SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ GEOLOGIQUE ,
PENDANT L’ANNÉE 1 83 1 .
Messieurs ,
Quoiqu’ayant accepté avec empressement le soin de vous pré-
senter le résumé des travaux de la Société de géologie , durant le
cours de l’année dernière, je n’en ai pas moins senti, comme la
plupart d’entre vous peut-être, que cette tâche appartenait plus
naturellement , plus convenablement à celui de vos secrétaires
qui , durant cet intervalle, enregistrait vos travaux avec la plus
constante assiduité , et qui a si bien su faire profiter à la Société
SÉANCE DU 6 FÉVRIER î 852-
ses nombreuses relations avec lés géologues français ou étrangers ,
sa coopération active à la rédaction de plusieurs recueils de géo-
logie, les ressources infinies de ses collections et de sa biblio-
thèque , enfin sa connaissance approfondie de plusieurs langues
étrangères (i).
Aussi n’ai-je consenti à vous priver , Messieurs , de l’intérêt
plus réel que vous eussiez trouvé dans le rapport de celui de vos
secrétaires qui fut chargé de ce soin l’an dernier, que pour ne
pas laisser peser sur un seul une tâche qui doit être partagée
entre plusieurs membres du bureau.
Si je ne réussis pas à vous retracer, comme je l’ai senti et avec
l’impartialité, avec l’exactitude dont j’ai cherché à me pénétrer,
tout l’intérêt de la plupart de vos séances , dans le cours de
l’année dernière, vous en aurez déjà été dédommages parle vaste
tableau que vous a présenté M. Boue des progrès de la géologie
en Europe durant le même intervalle. Mais au milieu de cette
immensité de travaux utiles, d’observations nouvelles , fruits des
recherches de plus de cinquante sociétés scientifiques et des géo-
logues disséminés sur toute la surface de l’Europe, les travaux
d’une seule société isolée, et ne comptant pas encore deux années
d’existence, risqueraient fort de passer inaperçus et d’être comme
étouffés par le nombre.
Voyons, cependant. Messieurs, si la Société géologique de
France a rivalisé de zèle avec les sociétés ses aînées , si elle a com-
mencé à réaliser les espérances que sa création fit concevoir en
Europe , si elle a su profiter de son heureuse position centrale j
enfin, si elle s’est approchée du rang qu’elle doit un jour
occuper.
Vous savez d’avance , Messieurs , que la France n’est restée en
arrière sur aucune des questions importantes qui excitent le
plus vivement l’attention des géologues ; qu’elle a, au contraire ,
continué de donner la même impulsion dans certaines routes
nouvelles où les savans étrangers se sont empressés de la suivre;
et que cette Société devenue un lien entre les observateurs de
l’Allemagne et ceux de l’Angleterre, comme elle l’a été entre les
géologues disséminés sur le sol de la France, dans les provinces,
n’a pas peu contribué à cet heureux résultat , à cette transfusion
(i) D’un autre côté , M. Élie de Beaumont était encore en voyage,
lorsque la société' me confia le soin de ce rapport, ce qui put seule-
ment me déterminer à l’accepter.
/
*28 RAPPORT SUR LES TRAVAUX
de faits , de doctrines , dont le rapprochement est si propre à
faire découvrir la vérité.
En effet , les bases larges et l’esprit indépendant de votre asso-
ciation vous ont attiré, en moins d’un an, l’adhésion d’un assez
grand nombre de géologues étrangers.
La Société compte maintenant plus d’une notabilité scienti-
fique à Bruxelles , Mons , Namur, Gand , Valenciennes et Leyde ;
à Londres, Oxford, Cambridge et Edimbourg ; à Vienne, à
à Berlin, à Stuttgard, à Crefeld , à Darmstadt , à Brunswick ; à
Léon en Espagne et jusqu’à Boston et à Panama. Vous voyez
donc, Messieurs, que la remière sympathie excitée en Europe,
par la naissance de cette Société, ne fait que s’accroître. Au com-
mencement de 1 83 1 , vous comptiez cent quarante membres; à
la fin de la iqême année, leur nombre était de cent soixante,
quoique la mort et plusieurs démissions l’eussent diminué d’une
douzaine. Si nous devons juger des accroissemens futurs parle
premier mois de i832, ils seraient bien plus rapides , puisqu’à
la fin de janvier huit membres nouveaux ont déjà donné leur
adhésion.
Si nous passons du nombre des membres à celui de leurs tra-
vaux , nous trouvons une progression bien autrement favorable
aux succès futurs de la Société. Pendant les huit séances tenues
en i83o, elle n’a eu communication que de huit notes ou mé-
moires. Pendant les seize séances de i83i, il lui a été présenté
quatre - vingts mémoires ou notes , ou renseignemens sur des
découvertes géologiques , c’est-à-dire , dix fois plus dans un in-
tervalle double, et plus de quatre communications par séance,
en ajoutant les deux séances de Beauvais. Je n’en ai pas mesuré
l’importance à l’étendue, ce serait, vous le savez, Messieurs,
une bien fausse base , et la science a souvent plus à profiter de
l’annonce bien précise d’un fait que des plus longues disserta-
tions. Mais le nombre n’a point fait tort à l’importance , et beau-
coup de ces travaux sont de nature à concourir aux progrès de
la géologie.
Il eût été facile d’augmenter ce total de quatre-vingts com-
munications scientifiques , car je n’ai point divisé les mémoires
de géographie géognostique qui contiennent souvent, sur un
même pays, plusieurs observations capitales. On ne compte point
non plus ici les communications verbales qui ont eu lieu après
la lecture de plusieurs mémoires , et qui plus d’une fois ont été
l’occasion de discussions très instructives. On ne fait pas mention
d’avantage delà plupart des observations dont plusieurs membres
DE LA SOCIÉTÉ EN 1 83 1 . SâQ
ont accompagné la présentation d’échantillons ou d’ouvrages
nouveaux. On ne peut non plus faire entrer dans ce cadre plu-
sieurs mémoires importans qui ont été adressés à la Société vers
la fin de i83i, mais trop tard pour que vous ayez pu jusqu’ici
en avoir connaissance. Vous voyez, Messieurs, que c’est plutôt
le temps que l’action qui a manqué à la Société géologique.
Ce grand nombre de descriptions et de découvertes permet de
les présenter dans un certain ordre qui aurait l’avantage de faire
mieux ressortir les lumières qu’elles se portent mutuellement; et ,
comme la science fait des progrès si rapides que dans le cours
d’une seule année le même fait peut avoir donné lieu aux inter-
prétations les plus opposées, ou avoir été observé par différens
géologues qui tiendraient à la date de leurs découvertes , j’ai tâché
d’allier l’ordre chronologique à un plan méthodique en énonçant
pour chaque mémoire l’époque de sa communication.
Quant au choix du plan selon lequel il était le plus convenable
de grouper les faits , j’ai adopté celui qui , dans l’étude de la
géologie en elle-même , me semble , comme à plusieurs autres
géologues , le plus rationnel , le plus propre à faire découvrir la
vérité , c’est-à-dire que j’ai procédé du connu à l’inconnu , de la
nature actuelle à la nature ancienne. levais donc avoir l’honneur
de vous soumettre, messieurs , le résumé des travaux de la société
dans cet ordre :
1. Observations relatives aux phénomènes de U époque ac-
tuelle ;
2. Observations relatives à V ensemble de faits qua tort ou à
raison on a nommés diluviens , c est-a- dire aux graviers , aux
cavernes , aux brèches osseuses , etc. ; é
3. Observations relatives aux terrains quaternaires et ter-
tiaires ;
4* Observations relatives aux terrains secondaires ;
5. Mémoires de géographie géognostique ;
6. Observations plus particulièrement relatives aux direc-
tions et soulèvemens des montagnes ;
7. Classifications , mélanges , théories.
J’ai essayé d’apprécier ensuite la tendance que ces travaux, et
ceux publiés hors de la société dans le même espace de temps ,
semblent avoir imprimée à la science.
Autant qu’il a été possible, les observations applicables aux
fossiles ont été rapprochées du groupe de formations aux-
s5o
RAPPORT SUR LES TRAVAUX
quelles elles se rapportaient. C’est ainsi que le travail de M. Des-
haves commence la série des terrains tertiaires dont il facilite de
nouvelles divisions, et que ceux de M. le comte Munster sont placés
dans la série des terrains secondaires auxquels ils se rattachent
presque uniquement.
On ne peut attendre , que ces divisions soient bien rigoureu-
sement conservées et qu’elles soient plus précises que la nature
et l’état de la science ne le permettaient. Plus d’une fois je serai
forcé de passer d’un groupe à l’autre, et aussi de ne point sé-
parer des ensembles d’observations dont le partage eût détruit
la piquante nouveauté; je veux parler surtout des travaux sur
laMorée. la Barbarie et le Liban. Mais au moins, les faits ainsi
rapprochés, tantôt géologiquement, tantôt géographiquement,
s’éclaireront davantage.
Avant d’aborder chaque travail isolément, il m’a semblé qu’un
tableau de leur ensemble serait intéressant à envisager d’un seul
coup-d’œil.
r* SÉRIE. — - PÉRIODE ACTUELLE.
1 . Altérations des roches calcaires du littoral de la Grèce ,
par M. Boblaye (4 avril ) ;
2. Observations sur le nouvel ilôt volcanique qui s* est formé
en juillet i83i dans la mer de Sicile , par M. Constant Prévost
(lettre du 3 octobre , séance du 7 novembre).
3. Sur le volcan de Stromboli , par M. Donati, de Naples
( 18 juillet) ;
4. Sur les coquilles marines et les coquilles perforantes du
temple de Pouzzole , par M. Roberton (6 mars).
Cette note a été l’objet d’une discussion à laquelle plusieurs
membres ont ajouté leurs observations ou opinions personnelles.
5. Sur un affaissement de terrain près de Ratisùonney par
M. Peterson (6 septembre) ;
6. Sur le puits artésien de Tours et les objets rapportés à
la surface par Veau courante souterraine , par M. Dujardin
( 7 février).
Les puits artésiens n’étant point ici considérés sous le rapport
des terrains qu’ils traversent , mais seulement des phénomènes de
l’eau courante et ascendante , on renvoie aux autres groupes les
faits de stratification que le forage a fait connaître.
6 bis. Sources intermittentes , et tufs modernes , observés en
Lorraine et en Alsace, par MM. Barbe et Robert (24 janv.).
DE LA SOCIÉTÉ EN 1 83 1 . 201
7. Observations relatives a la température souterraine dans
la mine de sel de Dieuze , par les mêmes (24 janvier).
8. Sur la présence de V azote dans plusieurs eaux thermales
des Alpes , par M. Daubeny (24 janvier et 7 novembre) 5
g. Sur le gisement des os de castors , de loutres et de chiens
enfouis dans les tourbières du Brabant , par M. Morren (7 nov) ;
10. Tourbières des environs de Beauvais. Observations recueil-
lies par la Société dans la course géologique de septembre.
llme SÉRIE. TERRAINS NOMMÉS DILUVIENS.
Sur la limite de l’époque actuelle et de la plus moderne des
périodes géologiques , je place les cavernes où des ossemens hu-
mains ont été trouvés réunis à des ossemens de mammifères d’es-
pèces perdues.
1 1 . Observations sur les ossemens humains et les objets de
fabrication humaine trouvés réunis ci des ossemens de mam-
mifères appartenant à des espèces perdues , par M. Tournai
( 16 mai) }
12. Note sur la grotte de Rancogne , arrondissement de La
Rochefoucault (Charente) , par M. Roulland (16 mai).
13. Note sur la grotte d’Ussat (Arriège) f avec nombreux osse-
mens humains, par MM. Boubée et Beltrami (16 mai ).
14. Observations sur la caverne à ossemens de Miallet , près
d* Anduze (Gard); contenant, avec des ossemens d’ours, et d’au-
tres animaux , des os humains et des objets d’une industrie assez
perfectionnée; par M. Jules Teissier (10 septemb. — 22 nov. — »
10 décembre).
15. Note de M. Sauveur sur les nouvelles découvertes de ca-
vernes à ossemens des environs de Liège , par M. le docteur
Schraerling (20 juin).
t6. Sur les ossemens fossiles d'une brèche de la Nouvelle-
Hollande , par M. Pentland (4 avril);
17. Expériences et considérations théoriques sur le mode de
formation des brèches osseuses de Bise , de Cette et autres lieux
voisins cle la Méditerranée , par M. l’ingénieur D’Estrem
(4 juillet);
18. Sur deux Variétés de V éléphant primo-genus , d'après
une mâchoire inférieure trouvée dans le Brabant méridional ,
par M. Morren (7 noy- ).
202
RAPPORT SUR LES TRAVAUX
IIIme SÉRIE. — ■ TERRAINS QUATERNAIRES ET TERTIAIRES.
19. Tableau comparatif des espèces de coquilles vivantes avec
les espèces de coquilles fossiles des terrains tertiaires de l’Eu-
rope, et des espèces fossiles de ces terrains entre elles , par
M. Desliayes (2 mai).
Observations verbales de plusieurs autres membres ; divisions
proposées par M. de Beaumont ; groupes des terrains tertiaires
récens , ou quaternaires , proposés plus anciennement par M. Des-
noyers.
20. Des terrains tertiaires des départemens de V Aude et de
V Hérault ; précis d’une comparaison des terrains de la seconde
époque tertiaire dans les bassins hétérogènes , par M. Reboul
(21 mars , 18 avril , 2 mai). Ce mémoire a donné lieu à l’exposé
des opinions de plusieurs membres.
2 1 . Détails sur les terrains traversés par le puits artésien de
Toulouse ;
22. Coupe géologique du bassin tertiaire de Toulouse et de la
Haute- Garonne , par M. Boubée (24 janvier et 4 avril) ;
23. Sur les Coquilles fossiles d’ un calcaire d’eau douce des
bords du même bassin , par M. Boubée (6 juin ) ;
24* Sur des batraciens fossiles et autres os semens des calcaires
tertiaires du Brabant , par M. Morren (7 nov. ).
25. Note sur la position géologique du calcaire de la Brie ,
et en particulier de celui des environs de Champigny , par
M. Dufresnoy (20 juin).
Objet de discussions intéressantes et du rapprochement de plu-
sieurs coupes, par MM. Brongniart, Cordier, C. Prévost , D’Oma-
lius , Underwood.
26. Observations recueillies par la Société , sur les terrains
tertiaires des environs de Beauvais (course de septembre).
27. Coupe géognostique du département de l’Oise , entre
Chezy et Gournay, avec profil , que M. le vicomte Héricart-
Ferrand a fait exécuter à ses frais , et dont il a offert un exem-
plaire à chacun des membres (6 sept.).
28. Age des grès marins de Lévignan , de Nantheuil-le-
Haudouin et de Brégy (Oise) , par le même (7 nov.).
29. Coupe de Lisy-sur- O arques et de Saint- Aulde } près la
Ferté-sous-Jouarre , par M. Lajoye (7 nov.).
30. Note sur les environs d’Epernay, parM. Beshayes (22 nov.).
3 1 . Note sur une coupe géologique des environs de Pontchar-
train , par M. Boubée ( 18 juillet).
DE LA SOCIÉTÉ EN 1 83 1 • 255
32. Strates découverts par le j orage du puits artésien , voisin du
Jardin des Plantes et de celui du faubourg Saint- Antoine ( 1 9 déc. ).
L’histoire des terrains tertiaires a encore reçu des documens
nouveaux de la part de MM. Boblaye et Bozet ; nous ne les avons
point séparés de leurs descriptions géogn. de la Morée et de la
Barbarie.
IVm® SÉRIE. TERRAINS SECONDAIRES.
Sur la limite encore , on peut placer les dépôts de Gosau , dont
l’âge a été si contesté , et qui ont été considérés comme types de
terrains tertiaires de transition.
33. Description de divers gisemens intéressons de fossiles dans
les Alpes autrichiennes (Hallein, Gosau, Aussée) , par M. Boué
( 7 mars).
C’est ce mémoire qui a été l’occasion des importans renseigne-
mens que la Société a reçus de M. le comte Munster , sur plusieurs
genres de fossiles des terr. secondaires , et de réflexions présentées
par plusieurs membres, MM. Prévost , Boué, deBlainyille , sur
le mélange des fossiles de différons âges.
33 bis. Craie de Laversine, près Beauvais (course de la Société).
34. Notice sur l'âge des mines de sel de Cardone , par M. Du-
fresnoy (24 février ).
35. Sur une lumachelle formée du pecten salinarius , par
M. le comte de Munster ( 18 avril ).
36. Note sur la position géologique des principales mines de
fer de la partie orientale des Pyrénées , parM. Dufresnoy (6 déc.).
37 . Notice de M. de Studersur les Alpes benioises , sur V âge de
leurs calcaires et sur leur relèvement par V injection du gneiss .
(22 novembre).
38. Observations de M. Voltz sur les coquilles fossiles de ces
calcaires ( id . 22 novembre).
3q. Observations sur la craie des environs de Beauvais , le grès
vert et le calcaire jurassique du pays de B ray , recueillies par
la Société dans la course de septembre.
40. Note sur les calcaires de la Rochelle , par M. Bertrand
Geslin ( 7 nov. ).
4o bis. Sur un fossile particulier du calcaire jurassique de la
Répentie , près de la Rochelle , par M. Fleuriau de Bellevue( 1 8av.) .
Objet de rapprochemens intéressans par d’autres membres.
41. Mémoire sur le Liban et V dnti-Liban , par M. Botta fils
(20 juin et 4 juillet).
42 à 45. Observations de M. de Munster sur le gisement et la,
distribution géognostique en Allemagne ,
RAPPORT SUR LES TRAVAUX
«54
fpi bis. des ammonées .
43. des nautilaceés ( orthocères et nautiles).
44- des bélemnites.
45. des nummulites.
Communications de divers membres relatives à l’âge de ces
fossiles (24 janvier, 21 février, 7 mars, 2 et 19 mai , 22 nov.).
46. Sur les I cthyosar colites , par M. Boulland (16 mai);
47* Sur les oolithes formées de coquilles multiloculaires , par
le même (id.) -;
48 et 49* Sur les Coprolites ; doutes présentés sur quelques uns
de ces corps par MM. de Blain ville et Boubée (4 juillet) ;
50. Sur un poisson fossile (Zea) de la craie des environs de
Troyes , par M. Clément Mulîet (18 avril) ;
5 1 . Sur des coquilles en partie gypseuses , en partie calcaires,
du mont Warberg, près Heilbronn en Wurtemberg, par
M. Boué ( 4 avril ) ;
Ym* SÉRIE. MÉMOIRES PARTICULIERS DE GEOGRAPHIE
GEOGNOSTIQUE.
52. Carte manuscrite de V Irlande, par M. Weaver, commu-
niquée, avec développement, par M. Boué (24 février);
53. Carte manuscrite du Vicentin , par M. Pasini, commu-
niquée par le même ;
54. Sur la structure géognostique des environs d’ Anduze, par
M. J. Teissier (22 novembre) ;
55. Notes géologiques recueillies par MM. Barbe et Robert,
dans un voyage fait en i83o dans la Lorraine et V Alsace
(24 janvier);
56. Extraits d'un voyage dans V Argolide et Vile dlEgine ,
avec une carte et des coupes, par M. Boblayej
57. Observations sur la constitution géognostique de la Morée ,
par le même ( 24 janvier) ;
57 bis . Observations de M. Virlet sur la meme contrée ;
58. Notice géognostique sur le pays parcouru par V armée
française dans é expédition de Média en Afrique , par M. Bozet
( 24 janvier).
5p. Note géognostique sur quelques parties de la Barbarie ,
parle même (21 mars).
60. Observations géognostiques faites dans le petit Atlas , par
le même (20 juin ) ;
DE LA SOCIÉTÉ EN 1 85 1 . 2 35
6 1 . Notice sur les environs dJ Or an , par le même (21 nov.).
Enfin , M. Rozet a complété ses intéressantes communications
en vous donnant une collection de trois cents échantillons de
roches et de quatre-vingt-seize fossiles du pays qu’il a décrit.
Vl,ne SÉRIE. COMMUNICATIONS RELATIVES A LA DIRECTION
DES CHAINES DE MONTAGNES, A LEUR SOULEVEMENT, A LEURS
DIFFERENS AGES.
62. Note de M. de Studer sur la direction dJ une certaine partie
des Alpes ( 5 décembre ) •
63. Précis de quelques observations sur la structure et la di-
rection des Pyrénées , par M. Reboul ( 5 décembre ) ;
64. Note de M . Dufresnoy sur les quatre systèmes de direc-
tion que M . de Beaumont et lui ont reconnus dans la meme
chaîne (5 décembre).
65. A ces trois communications on peut ajouter les détails
que M. de Beaumont vous a présentés : Sur les différens systèmes
de dislocation reconnus par M. Sedgvich dans les anciens ter-
rains calcaires du nord de V Angleterre , ainsi que la réponse
du même géologue , M. de B., à l’opinion de M*. Rozet sur diffé-
rens âges de soulèvement dans l’Atlas et les faits constatés dans
le même esprit par M. Boblaye, en Morée, par M. Rozet , en
Barbarie par M. Botta, dans le Liban. Voir aussi les § 2, 4? 5,
17, 19, 34, 36, 37, 3g.
VIIme SÉRIE. MÉLANGES, THEORIES ET CLASSIFICATIONS.
66. Immédiatement après les travaux relatifs au redressement
des couches et à la formation des montagnes, on peut placer les
considérations générales sur l’importance des fossiles en géologie
car il paraît y avoir une intime connexité entre les révolutions qui
ont changé le relief des continens et les successions d’organisation.
Essai pour apprécier les avantages de la paléontologie ap-
pliquée à la géognosie et h la géologie , par M. Boué (19 décemb.)*
Réflexions de M. Deshayes et de M. Dufresnoy à ce sujet ( id .) j
67 .Sur les faces polies de certaines roches, par M. Boué (4 avr.);
68. Observations de M. le comte de Montlosier sur la forma-
tion des lacs ( 5 septembre ) •
69. Sur diverses sortes de joints et déformés inorganiques des
grandes masses minérales , par M. d’Omalius (18 avril) •
70. Sur la classification des terrains , par le même (6 juin) ;
RAPPORT SUR LES TRAVAUX
*56
70. Tableau mnémonique des terrains primordiaux , par
M. Boubée (7 mai) 5
7 1 . Nouveaux moyens propres à faciliter la détermination des
fossiles , par le même (4 juillet) ;
72. Considérations sur la précession des équinoxes et V incli-
naison de V axe de la terre , par M. Byarley (20 juin).
Ire SERIE. PÉRIODE ACTUELLE.
La société a reçu des communications relatives à Faction de la
mer sur ses rivages j aux phénomènes volcaniques , à Faction
des eaux souterraines et à certains dépôts alluviens continen-
taux.
§ 1 . L’un des mémoires les plus intéressans qui vous aient été
présentés dans le cours de l’année expirée, l’un de ceux où l’examen
des causes physiques actuellement agissantes puisse le plus éclai-
rer les phénomènes des périodes antérieures , est celui de M. Bo~
blaye sur les altérations des roches calcaires du littoral de la
Grèce.
L’auteur vous a fait connaître les différentes zones d’action de
la mer sur les calcaires durs de ces rivages ; il en a distingué trois:
la première, qu’il nomme zone du flot , forme un talus souS’
marin au niveau moyen de la mer* elle se termine du côté du
continent par des roches cariées , fracturées , parfois caverneuses ,
où le flot vient se briser, s’engouffre, et d’où il rejaillit en jets
d’eau.
On doit retrouver de ces cavernes littorales aux anciennes li-
mites des bassins marins ; elles se distingueront des cavernes
d’érosion continentale, par un niveau à peu près constant, par
des parois arrondies inférieurement , et par l’absence de galeries
de communication.
Aux produits de cette première zone du flot, M. Boblaye rap-
porte l’existence de quatre ou cinq terrasses semblant indiquer
par des amas de coquilles et par les perforations des roches , au-
tant de niveaux successifs de la Méditerranée au-dessus de ses
rivages actuels.
La seconde zone que Fauteur nomme zone noire ou cariée , se
montre au-dessus de la limite supérieure du flot dans une épais-
seur de sept ou huit mètres au plus. La roche y est corrodée et
couverte d’aspérités sinueuses et réticulées, qui lui donnent l’ap-
parence de récifs de polypiers. G’est à la surface de ces aspérités
qu’on remarque presque constamment une substance d’un brun
DE LA SOCIÉTÉ EN 1 85 1 . 23?
noir éclatant, mamelonée, lisse, et ressemblant beaucoup au fer
hématite.
Enfin , en continuant de s’élever au-dessus de la limite que la
lame peut atteindre , on voit une zone blanche dont la surface
est unie, et encore criblée en tous sens de très petites cavités et
de sillons se ramifiant à l’infini, et se dirigeant suivant la ligne de
plus grande pente.
Cette action ne s’observe plus à quarante mètres au-dessus et
à deux mille mètres au loin de la mer ; elle paraît entièrement
due à la dissolution des particules salines déposées par X aura
maritima , et se voit sur les monumens comme sur les roches
naturelles. Dans l’intérieur des continens , dans les Apennins,
dans les Alpes , fort loin et fort au-dessus de la mer, et au contact
des sédimens d’époques différentes, on a décrit des surfaces de cal-
caires ainsi corrodées et sillonnées, qui peuvent bien annoncer de
même d’anciens rivages et éclaircir la question si compliquée des
émersions successives d’une surface continentale.
§ (i. — De tous les agens géologiques de la période actuelle, les
mieux étudiés sont assurément les volcans ; et si les causes eu sont
encore à peu près inconnues , leurs produits du moins et les cir-
constances de leur dépôt, bien plus faciles à apprécier que les
phénomènes exclusivement sous -aqueux, ont pu être scrupu-
leusement étudiés. Ce né sont pas cependant les volcans exté-
rieurs, quelle que soit l’énorme masse et la variété de leurs pro-
duits, qui pourraient répandre le plus de lumières fuir les périodes
géologiques plus anciennes. L’étude des volcans sous-marins ,
dont le nombre paraît être infiniment plus considérable que celui
des volcans terrestres, présenterait de bien plus piqu ans résultats,
s’il était possible d’en étudier toutes les circonstances*
On verrait l’alternance de leurs produits primitifs ou remaniés
par les eaux, avec les couches marines ; alternances ou i nfliltrations
dontles terrains de sédiment présentent tant d’exemplos (le val de
Ronca , le val di Noto, pour les basaltes, et tant d’autres pour les
roches cristallines ignées, réputées plus anciennes). On étudierait
les modifications produites sur les sédimens calcaires pairies roches
brûlantes ou par des vapeurs acides; l’influence d’un sof soulevé
sur les strates déjà déposés à sa base ; l’influence sur le niveau des
eaux de l’apparition de montagnes au milieu d’un bassin ; les di-
verses sortes d’altérations que la pression , les courans et la nature
du liquide , favorisant le jeu des affinités chimiques, doivent faire
éprouver aux coulées ou aux cendres , ou même aux parois inté-
rieures des cratères. Ou étudierait encore la destruction et l’en-
RAPPORT SUR LES TRAVAUX
258
fouissement des êtres marins dans le voisinage de ces volcans sous-
aqueuv* ce qui pourrait expliquer la réunion sur un petit nom-
bre de points , de bancs de poissons frappés d’une mortalité spon-
tanée et simultanée. On apprécierait peut-être l’une des princi-
pales causes du développement de certaines classes amies d’une
haute température , comme paraissent être les polypes coralli-
gènes qui entourent de leurs produits tant d’îlots volcaniques de
l’Océan austral. Ce sont autant de questions qui, soulevées par
l’étude des terrains volcanico-marins pourraient être éclairées ou
résolues par l’étude des volcans sous-marins actuels -, et sans doute
on prendrait sur le fait la formation des basaltes, des trachytesr
des gypses, des dolomies , du sel gemme, du soufre, etc.
L’histoire conserve et la nature actuelle offre de nombreux
témoignages de i’existeuce de ces sortes de volcans, tels que les
îles Santorin , dont la principale éruption est du commencement
du dix-huitième siècle , une partie des îles Lipari , quelques unes
j du golfe de Naples , une partie de celles des Açores, des Canaries ,
I des Antilles , ces nombreux îlots à lagunes centrales , de l’Archipel
austral , etc. Mais ils ne se manifestent pas toujours par l’éruption
au-dessus du niveau de la mer, d’un sommet cratériforme : Ce ne
j paraissent être, le plus souvent, que des fumerolles sulfureuses
■| si connues dans l’Archipel grec , des dégagemens de vapeurs , des
I jets d’eau , ou des sortes de trombes marines , des oscillations des
eaux , des bancs à fleur d’eau , des crêtes de roches sous-marines,
des eaux fortement colorées , etc. , etc.
Enfin ce sont des volcans qui tendent à devenir extérieurs : ce
qui a donné lieu à diverses théories de soulèvement , d’éruption ,
et même de séparation complète de masses flottantes , comme on
le voulait croire de Santorin. Rarement les géologues ont eu
occasion d’observer l’instant précis où le terrain volcanique sor-
tait des eaux, et d?en étudier les premiers phénomènes. Cette cir-
constance, qui s’était présentée en iBn pour File de Sabrina y
dans les Açores, s’est reproduite en juillet i83i dans la mer de
Sicile, et vous savez l’intérêt général qu’elle a excité. Ce phé-
nomène arrivait d’autant plus à propos que jamais l’esprit des-
géologues n’avait été plus diversement dirigé vers la question des
soulèvemens , et qu’il était important de reconnaître s’il y avait
là soulèvement ou éruption.
L’îZot volcanique qui a surgi dans le commencement de juillet,,
entre File volcanique de la Pantellerie et Sciacca , sur la côte oc-
cidentale de Sicile , a été presque aussitôt observé par un célèbre
géologue prussien, M. F. Hoffmann, par plusieurs voyageurs delà
DE LA SOCIÉTÉ EH 1 85 ï . 25g
mariné anglaise, et par l’un de vos anciens vice-présidens ,
M. Constant Prévost , spécialement chargé par l’Académie des
Sciences d’aller étudier, dans l’intérêt de la géologie, ce point
nouveau du globe dont le gouvernement français envoyait cons-
tater la position réelle dans l’intérêt de la navigation.
Je ne vous reproduirai point le récit succinct qui vous a été
communiqué des premières observations de M. C. Prévost. Vous
l’avez suivi avec un vif intérêt sur cette île qu’il a mesurée , étu-
diée sous tous ses aspects. A son retour il vous offrira la descrip-
tion la plus complète du phénomène, envisagé tant en lui-même
dans ses différentes phases que dans ses rapports avec l’ensemble
des autres phénomènes volcaniques des contrées environnantes ,
objet spécial de sa mission scientifique. Mais je ne puis me refuser
à vous retracer, en attendant, quelques traits de la courte exis-
tence de cette terre volcanique presque aussitôt détruite que
formée, et dont on suit sans interruption tous les paroxysmes.
J’en emprunte les détails aux différons récits qui ont été publiés,
sans en discuter la valeur.
On a vu naître, s’agrandir, puis diminuer et disparaître à une
grande profondeur sous les eaux, après six mois d’existence, cette île
successivement nommée Nerita-Ferdinanclea- Graem - Hoiham-
Corao-Julia7 que semblaient devoir se disputer plusieurs grandes
puissances, etqui n’existe déjà plus que dans les annales géologiques.
Des secousses de tremblemens de terre s’étaient fait ressentir,
du 28 juin au 1 juillet, sur la côte occidentale de Sæiie , dans la
direction du S. O. au N. E. , et, suivant une observation curieuse
de M. Hoffman . parallèlement à la ligne des phénomènes volca-
niques de cette contrée. Le 28 juin, le vaisseau de l’amiral anglais
Pultney-Maîcolm , traversant la place où l’île a surgi, éprouva
les mêmes secousses que s’il eût heurté contre un banc de sable.
Le 8 ou 10 juillet, un batiment sicilien aurait vu s’élever de la
mer, entre la Pentellerie et la côte de Sicile , une masse d’eau qui
surgit jusqu’à soixante pieds de hauteur, sur une circonférence
d’à peu près quatre cents brasses. Cette sorte de trombe, difficile
à concevoir sur une aussi large base, et qui 11’était peut-être déjà
que la masse vaporeuse elle-même , [était accompagnée de déto-
nations violentes , et aurait été remplacée un peu plus tard par
une épaisse vapeur aqueuse, s’élevant jusqu’à près de 1,800 pieds.
Le 18 , à son retour de Girgenti , le capitaine du même bati-
ment, Jean Corr'ao , dit avoir reconnu qu’à la place où il aurait
ainsi vu la mer se soulever était apparue une terre ayant la même
étendue que la masse d’eau soulevée. Cette île, haute seulement
RAPPORT SUR LES TRAVAUX
*4o
alors de douze pieds , présentait , aurait-il dit , vers son centre un
cratère qui ne cessait de projeter des matières volcaniques et d’im-
menses colonnes de vapeur. Ce premier sommet n’était sans
doute qu’un des bords du cratère. La mer était couverte aux alern
tours de scories, de cendres délayées ou suspendues, et de pois-
sons morts. Il semble que les apparences lumineuses ne se sont pas
manifestées dès les premiers momens de l’émersion des bords iné-
gaux du cratère.
Du i3 au 2a juillet , le volcan était dans sa plus grande activité,
vomissant d’énormes colonnes de vapeurs noires , de matières pier-
reuses, de cendres rouges , offrant, ainsi que l’électricité très vive
de l’atmosphère , l’apparence de flammes; de violentes détona-
tions se faisaient entendre; les explosions se renouvelaient toutes
les deux heures.
Les voyageurs qui observèrent l’île à cette époque et vers la fin
de juillet, particulièrement le capitaine anglais Swinburne, auteur
d’un rapport au vice-amiral anglais en station à Malte, sir Ilo-
tham etM. Hoffmann la trouvèrent haute d’environ 5o à 90 pieds
et d’une circonférence de trois quarts de mille anglais. Elle était
alors presque circulaire , son cratère ne paraissait plus vomir que
des vapeurs aqueuses avec odeur sulfureuse.
Le 4 août, elle aurait atteint trois milles de circonférence.
Le 25 août , un voyageur anglais lui trouva deux milles de
tour, ou 14000 palmes; elle commençait à diminuer sous l’action
érosive des vagues qui avaient déjà formé, des débris du cratère,
une sorte de grève à l’entour. Dès-lors on ne voyait plus dans le
cratère que de l’eau bouillante d’où s’échappaient toujours d’é-
paisses vapeurs. Les bords , très inégalement élevés par les déjec-
tions successives du cratère, avaient alors trente, quatre-vingts et
deux cents pieds de hauteur. L’effervescence volcanique d’éruption
était déjà entièrement calmée.
Le 28 septembre, lorsque M. C. Prévost visita l’île , elle avait,
d’après des mesures plus scrupuleusement prises qu’aucune de
celles précédement indiquées, sept cents mètres de circonférence
et trente à soixante-dix de hauteur; elle paraissait de loin par-
tagée en deux mornes distincts. Il reconnut un cratère dé éruption
presque central , rempli d’eau bouillante , et dont les bords avaient
été uniquement formés , ainsi que l’étroite grève circulaire et tout
l’ensemble de l’îlot, par l’éjection de matières meubles incohé-
rentes (scories, ponces , rapilli, et surtout cendres) stratifiées , en
sens diversement incliné autour de la bouche cratériforme. Aux
débris volcaniques étaient mêlés quelques fragmens de cale, dolo-
DE LA SOCIÉTÉ EN l83l. 'à kl
mitique. Le soi était brûlant et lançait par des crevasses et par
de petits monticules des gaz non inflammables , des vapeurs
blanches sortaient aussi du cratère et de la mer à Tentour,
Mais plus de détonations , ni d’apparences lumineuses , ni d’éà
jection de matières solides; la destruction «avait commencé à succé-
der à une création première. Les vagues avaient déjà violemment
rongé les bords de File , et les parties les plus élevées étaient dans
un état de désaggrégation qui annonçait une destruction pro-
chaine.
M. G. Prévost présuma que le volcan avait eu des coulées sous-
marines, et que l’apparition du cratère si visible d’éruption avait
pu être précédée du soulèvement du sol sous lequel surgissait le
volcan , et qui paraît avoir été de cinq à six cents pieds sous le ni-
veau de la mer. Dans ce'cas, Fiiot aurait été entouré d’une cein-
ture de roches sous-marines , qui cependant auraient pu être for-
mées par les pentes inégales du cône volcanique, non moins
que par les bords du massif soulevé.
Un mois après le passage de M. C. Prévost (le 27 octobre) , un
Anglais qui visita File, ne vit plus qu’une plàme unie presqu’au
niveau de la mer, et vers le milieu un monticule dê sables et de
scories terminé à pic de toutes parts, le tout ayant une circonfé-
rence de deux mille palmes, c’est à dire déjà sept fois moindre
qu’à la fin d’août. Ce voyageur dit qu’on ne voit pas la moindre
apparence de cratère ; seulement il signale à Fouest du monticule,
sur la plage., un petit lac d’environ. cenL soixante palmes de tour,
qui contenait de F eau bouillante, et d’où s’échappaient des fu-
merolles. Il est évident , quoique Fauteur italien , M. Marzoia,qui
a publié ce récit avec quelques vues de File qui vous ont été com-
muniquées , 11e Fait pas exprimé, que c’était le cratère reconnu
presque entier par M. C. Prévost, et dont les bords n’existaient
plus quodu côté du tertre central , primitivement bien plus élevé.
Gettc rapide altération de la physionomie extérieure d’un sol qui
semblerait devoir être aussi facilement reconnaissable que la bou-
che, d’un volcan, ne montre-t-elle pas combien les apparences
actuelles des terrains représentent peu leur état primitif?
Il paraît que depuis novembre les vapeurs ont peu à peu cessé,
et que de hautes vagues ont de plus en plus démantelé, jusqu’à
fleur d’eau , les vestiges du cratère , suivant les prévisions de
M. C. Prévost.
Vers la fin de décembre, quelques journaux ont annoncé que
sur remplacement de File on avait vu surgir des jets d’eau sem-
blables à ceux qui auraient précédé sa première apparition ;
Soc. gêoU Tome II. j6
RAPPORT SUR LES TRATAUX
2 42
mais ce fait qui semblait annoncer une nouvelle éruption n*a point
encore été authentiquement vérifié.
On a dit aussi qu’un nouvel îlot avait apparu dans le voisinage
du premier ; ce serait assez présumable, puisque sur plusieurs
points environnans on a remarqué des fumerolles et des eaux
troubles qui provenaient de la même action volcanique; mais ce
fait est encore moins certain.
Les nouvelles du commencement de janvier ont appris qu’il
ne restait plus alors de l’île que desbrisans sous-marins sur lesquels
la mer battait avec violence. A la fin du même mois et en février,
nous apprenons de différentes sources qu’on a reconnu une hau-
teur de cinquante , de cent et de cent cinquante pieds d’eau au-
dessus du cône solide. Cette disparition graduelle de l’île doit-
elle être attribuée à des causes mécaniques ou à un agent physique
plus intérieur; c’est-à-dire Faction des vagues et les influences at-
mosphériques ont-elles seules contribué à dégrader si rapidement
le sol extérieur, ou bien doit-on reconnaître un affaissement résul-
tant des mêmes causes qui auraient produit un cratère de soulè-
vement? Les premières circonstances de la désaggrégation et de
ja destruction progressive de l’îlot ne laissent pas douter que l’ac-
tion mécanique n’ait d’abord été la seule, comme son origine a
été si évidemment analogue à celle de tous les cratères d’érup-
tion. Mais cet, abaissement considérable et rapide de cent cin
quant e pieds au-dessous du niveau de la mer n’est peut-être pas
uniquement le résultat de ces désaggrégalions. D’un autre côté ,
il paraît évident que celles de ces sortes d’îles volcaniques dont
l’existence a été plus durable, n’ont été ainsi préservées de Faction
érosive des eaux que par la présence de coulées solides servant de
lien aux cendres incohérentes. Selon M. le capitaine Lapierre, ce
n’est point sur le banc de Hérita, comme le répètent la plupart
des premières descriptions , que s’est élevé cet îlot. M. C. Prévost,
qui est retourné sur la côte O. de la Sicile quatre mois après sa pre-
mière visite àTîlÇÿ aura constaté tous ces faits.
La dernière éruption du Vésuve qui a été assez violente, et le
désastreux tremblement de terre de Foligno, coïncident d’une
manière assez remarquable , moins avec l’éruption qu’avec la
disparition de l’activité volcanique de File.
§ 3. Rien n’est plus propre que la formation de ce volcan, à
expliquer l'origine analogue des îles Lipari. également volcani-
ques, mais montrant des produits de différentes époques d’érup-
tion : de ces îles, les unes sont centres de cratères , les autres par-
ties démantelées d’un foyer volcanique commun. M. G. Prévost
DE LA SOCIÉTÉ EN 1 85 1 . $43
les a soigneusement étudiées et en a distingué plusieurs âges. La
description de l’une d’elles, de Stromboli ., vous a été adressée par
M. Donati de Naples ; il fait connaître autour du foyer , actuelle-
ment ignivome, sept bouches placées sur une ligne du S. E. au
N. O. , il en a vu cinq à la fois en activité plus ou moins forte ,
jetant des flammes, de la fumée, des vapeurs accompagnées d'é-
jections de matières fondues et pulvérulentes, de. détonations et
de tremblemens du sol $ il fait connaître les matières projetées par
chacune de ces bouches. Les différentes crêtes de File sont formées
par les produits d’éruptions d’époques différentes et par des laves
pétrosiliceuses,porphyriques, ou trachytiques, toutes à pyroxène.
. Dans la partie méridionale de l’île se voit un cratère éteint ,
large d’un mille , profond de trois cents p., nommé la plaine de
Poriella , d’où sont sorties dans toutes les directions de très nom-
breux courans délavés trachytiques, porphyriques et basalti-
ques, séparées par dessables, des ponces et des scories. Sur un
seul point on compte plus de douze de ces alternances.
M. Donati n’a vu dans cette île que des cratères d’éruption et
ne parle point des cratères de soulèvement, adopté^ ,pav beau-
coup de géologues d’après les ingénieuses théories de M. de JBuch.
Il signale encore sur plusieurs points de File , entre autres vers
le sommet de Fun des cratères en ignition des fumerolles qui dé-
posent des efflorescences muriatiques, et altèrent les roches ignées
plus anciennes. Il a observé , au milieu des débris de scories, des
fragmens de syénite , et un gros bloc de granité qui, outre ses
élémens constitutifs , renfermait encore du pyroxène.
Si ce bloc que signale M. Donati, comme étant granitique, est
en effet analogue aux granités anciens, sauf la présence du py-
roxène , doit-il être regardé comme de formation moderne , ou
ne peut-on pas y voir une application de la curieuse découverte
de M. Gustave Rose, sur l’identité du pyroxène et de l’amphi-
bole , formés à des températures différentes ?
D’autres observations, relatives aux terrains volcaniques de File
d’Egine et de la Barbarie , vous ont été communiquées par
MM. Boblayc et Rozet ; pour ne point détruire l’ensemble de leurs
descriptions géologiques , je n’en isolerai point ici cette partie.
§ 4» — A la question des phénomènes volcaniques et parti-
culièrement des tremblemens de terre , se rattache le fait des co-
lonnes du temple de Puzzoli , percées par des coquilles lithopha-
ges , fait qui a été l’objet de tant de recherches et de discussions.
La communication faite à la Société par M. le doct. Roberton,
de coquilles marines recueillies par lui dans le sol environnant le
RAPPORT SUR LES TRAVAUX
*44
temple , coquilles reconnues pour être analogues à des espèces
vivantes aujourd’hui sur le rivage voisin, a donné lieu, dans le
sein de la Société , à un nouvel examen des causes de la perfo-
ration de ces colonnes.
Vous avez entendu à ce sujet les observations et les opinions
de plusieurs membres ; un rapport devait même vous être fait ,
et il m’a semblé que ce pouvait être ici l’occasion de résumer les
divers scntimens des géologues. Celui de vos membres qui devait
vous présenter ce rapport , M. C. Prévost , ne terminera pas son
voyage sans recueillir sur les lieux mêmes , dans le golfe de Na-
ples , tous les faits propres à l’ éclairer.
Je ne vous rappellerai qu’une partie des explications si oppo-
sées , plus ou moins susceptibles d’objections, et la plupart si peu
vraisemblables , qui en ont été imaginées. On a dit que les colonnes
avaient pu être retirées de la mer ainsi perforées avant d’être
employées au temple ( Spallanzani). On a dit encore (Raspe)
qu’elles étaient peut*êti e percées même avant d’être taillées, et
que le niveau des pholades sur les colonnes correspondait au
niveau d’un banc percé par les coquilles litliophages , avant la
retraite des eaux marines. Selon d’autres encore , après l’enfouis-
sement du temple sous le tuf volcanique , il se serait formé au-
tour une excavation qui devint un lac salé où les pholades auraient
vécu , et qui même eut pu avoir une destination artificielle pour
pêcherie, piscine ou autrement (Goëthe , Desmarets , Fini, de
Jorio, Daubeny).
Mais les deux opinions les plus vraisemblables étaient celles de
l’élévation et de l’abaissement successif ou de la mer ou du sol sur
cette partie de la côte.
Il s’élevait contre la première, ou l’élévation delà Méditer-
ranée à une vingtaine de pieds au-dessus de son niveau actuel ,
à une époque très rapprochée de nous, trop d’objections histo-
riques et physiques pour qu’elle obtînt généralement du crédit,
quoique soutenue par Ferber et Breislack.
Restait donc la seconde , qui est en effet adoptée le plus géné-
ralement , quoique la plus ancienne, que MM. Forbes et Lyell ont
le mieux développée et appuyée du plus grand nombre d’observa-
tions locales, positives (Forbes, Ediiub., journ.} oct. 182g. — Lyell,
princ . of. geol. , 1 p. 449) y et (lue M. Hoffman a aussi adoptée.
Cette explication, qui suppose la submersion et l’émersion de
l’édifice par l’abaissement et le soulèvement alternatif du conti-
nent , réunit en sa faveur le plus de témoignages empruntés soit
k Thistoire , soit à la géologie.
DE LA SOCIÉTÉ EN 1 83 1 . 245
Découvert en 1749? et déblayé, Tannée suivante, des cendres et
vases marines dans lesquelles il était enfoui , l’édifice fut nommé
dès-lors temple de Se'rapis , et regardé comme consacré à cette
divinité égyptienne dont le culte admettait dans ses rites l’usage
de l’eau minérale. On voit en effet dans son enceinte une source
chaude qui se joint au plan particulier de l’édifice pour ne pas
laisser douter que ce ne fut, dès l’origine, un de ces nombreux
établissemens thermaux, la plupart sous l’invocation de quelque
divinité , que les anciens fréquentaient dans le golfe de Naples ,
dont Sidoine Apollinaire parle encore vers la fin du cinquième
siècle, et dont l’usage s’est perpétué à travers toute la durée du
moyen âge.
Construit à la fin du deuxième ou du troisième siècle, en grande
partie ruiné dans le sixième ou septième par les Goths et les
Lombards, cet édifice aurait été, en 1 198, en partie rempli de
cendres par l’éruption de la Solfatare, et ses débris auraient été
ainsi préservés pour l’avenir de l’action éversive des secousses du
sol.
En 1488, un grand tremblement de terre qui ruina Pouzzuole
et toute la contrée environnante, l’aurait plongé sous la mer avec
d’autres édifices de la côte dont une partie se voit encore sous les
eaux; et des sédimens marins auraient achevé de le combler jus-
qu’à la hauteur de dix pieds au-dessus de la base des colonnes.
C’est en effet à cette hauteur qu’on observe la zone percée par
les coquilles lithophages, dans une épaisseur de six pieds au-
dessus.
En i53o, le témoignage de Loffredo , auteur presque contem-
porain, indique positivement que la mer baignait toute la plaine
basse dite la Starza , dont le temple fait partie.
En i538, le 19 ou 20 de septembre, se manifesta la terrible
explosion suivie de l’apparition subite du Monte -Nuovo. Elle
produisit une oscillation en sens inverse de la première , et sou-
leva le sol où étaient ensevelis les débris du temple, mais non
point à la meme hauteur que son niveau primitif, puisque le pavé
du temple est encore aujourd’hui à un pied au-dessous du niveau
de la mer qui n’en est distante que de cent pieds.
L’édifice n’aurait donc été que cinquante ans environ à dix-
huit ou vingt pieds sous les eaux, et les coquilles lithophages
n’auraient eu que ce temps pour opérer leurs perforations. Spal-
lanzani , je ne sais d’après quelle base, avait conclu du seul exa-
men de ces cavités , et sans témoignage historique , que les rao-
dioles n’avaient pas du creuser les colonnes pendant plus dm
RAPPORT SUR LES TRAVAUX
24G
cinquante ans. C’est aussi dans cet espace de temps , si toutefois
il est incontestable que l’exhaussement du sol n’ait été le produit
que d’un seul tremblement de terre dans une contrée où ce phé-
nomène est si fréquent, que se seraient formés les lits de vases
marines remplies de coquilles , *de débris de marbre , et alternant
avec des cendres et des rapilli dont le temple et le rivage con-
servent tant de traces.
Au pied des falaises verticales de tuf endurci , qui forment le
rivage depuis Naples jusqu’après Pouzzole , et au pied du Monte-
nuovo , le terrain méditerranéen forme un second étage , épais
d’une vingtaine de pieds au-dessus des eaux, et en talus vers la
mer. C’est de ce dépôt moderne volcanico-marin , où il était en-
seveli comme Pompeï dans ses cendres volcaniques , que le temple
a été exhumé vers le milieu du dernier siècle. C’est là qu’ont été
recueillies les coquilles que vous a communiquées M.Roberton, et
que MM. Forbes et Lyell en ont aussi reconnu plusieurs espèces,
toutes analogues à celles vivant encore dans la même baie. C’est
aussi dans ces couches de vase marine que gisaient de nombreux
fragmens de poteries, de marbre, dont les cassures sont couvertes
de serpules, de colonnes, dont une a présenté à M. Underwood
des trous de coquilles perforantes , aux deux extrémités.
Combien d’autres exemples ne voit-on pas sur les côtes de la
Méditerranée, même ailleurs que dans le golfe de Naples, de ces
immersions d’anciens édifices sous les eaux de la mer par l’effet des
tremblemens de terre?
§ 5. A l’histoire des mouvemens du sol, pendant l’époque
actuelle constatés durant l’année dernière, se rattache encore cet
affaissement décrit, aux environs de Ralisbonne, par M. le colonel
Peterson. Le sol supérieur à des cavités souterraines, s’est enfoncé
de seize à vingt pieds, sur 80 arpens, avec un grand dégagement de
calorique. Les nuages de poussière, qui ont dû en résulter, auraient
pu faire supposer, comme il y a peu d’années sur les bords du
Rhin, un mouvement volcanique interne $ mais, de part et
d’autre, le phénomène paraît avoir été uniquement mécanique.
§ 6. Si le sondage des puits artésiens } qui fait chaque jour
plus de progrès en Europe, comme vous en avez eu la preuve par
le rapport de M. Boué , est d’une si haute utilité sociale , s’il four-
nit des renseignemens précieux sur la température du sol inté-
rieur, sur la stratification et sur la présence de minerais utiles à
de grandes profondeurs , ce phénomène peut aussi , envisagé
sous un autre point de vue, éclairer la question des cours d'eau
souterrains .
DE LA SOCIÉTÉ EN l85l. $47
Les eaux jaillissantes se rattacheraient ainsi à un ordre de faits j
dont le rôle géologique n’a pas été sans importance durant les j
périodes antérieures : je veux parler des sources intermittentes ,
des eaux qui s’engouffrent pour ne reparaître à jour qu’après un.
assez long trajet souterrain , comme on en voit fréquemment dans
les pays de craie à silex , de celles qui sortent brusquement avec
une grande abondance d’eau • de celles qui traversent encore pé-
riodiquement des cavernes, suivant les crues plus ou moins fortes
des courans extérieurs , suivantles barrages accidentels, et qui ont
contribué et continuent à les remplir de graviers et1 d’ossemens.
Les géologues de l’expédition de Morée, MM. Boblaye et Virlet
ont observé dans ce pays un phénomène qui peut éclairer vive-
ment la question des eaux souterraines , en même temps que celle
des alluvions continentales : ce sont les katavotrons des vallées!
closes de la Morée centrale, sortes de gouffres où se précipitent en
tourbillonnant Jes eaux torrentielles amassées [durant les saisons
pluvieuses, entraînant avec elles, après en avoir déposé une par-
tie sur les plaines superficielles , le limon rouge qui les colore et
les squelettes d’animaux , les débris de mollusques et de plantes ,
les graviers qu’elles introduisent dans les cavités souterraines d’où
elles ressortent pures , limpides et douces , souvent à une assez
grande distance dans la mer. Ce phénomène, qui sert à expliquer I
d’une manière si satisfaisante le remplissage de la plupart des ca-
vernes, ne peut-il aussi expliquer certains puits ou canaux sinueux,
remplis de sables , de graviers qu’on ne voit point traverser les
couches supérieures, et dont la présence au milieu de bancs régu-
liers à d’assez grandes profondeurs , a fait plus d’une fois illusion.
C’est ainsi que dans les environs de Paris, surtout du côté de
Triel, de Nanterre et de Sèvres, des lits ondulés de graviers et
de limons ferrugineux , observés entre les systèmes inférieur et
moyen du calcaire grossier, considérés par M. Brongniart lui-
même comme ayant été déposés dans des cavités sinueuses à parois
lisses, formées avant le calcaire du second étage, pourraient bien
n’être que les témoins de ces anciennes eaux souterraines.
Quoi qu’il en soit de ces rapports plus ou moins réels des eaux
souterraines avec certains dépôts de sédimens, les deux faits sin-
guliers dont vous avez eu connaissance , à l’occasion des puits ar-
tésiens , démontrent suffisamment que les eaux jaillissantes ne pro-
viennent pas uniquement de minces nappes d’eau au contact do
couches imperméables, et résultant de filtrations à travers des cou-
ches de sables, mais qu’elles traversent de véritables canaux, ou du
moins qu’elles ont communication avec des cours d’eau superficiels.
RAPPORT SUR LES TRAVAUX
248
Le premier de ces faits vous a été indiqué par M. Dujar-
din, professeur de chimie à Tours , qui s’est occupé avec un très
grand soin des fossiles de la craie de ce pays. Il a observé, à la
fin de janvier i83o, que dans le puits foré ouvert à Tours en 1829
jusqu’à une profondeur de trois cent trente-cinq pieds , au milieu
de la craie inférieure, l’eau s’étant élevée durant plusieurs heures
avec une grande vitesse, avait amené beaucoup de sable fin et de
petits fragmens d’épines, des graines de plantes, la plupart ma-
récageuses ( galium uliginosum ) , ainsi que des coquilles d’eau
douce et terrestres non altérées (Plauorbzs niarginalus , Hélix
rotunda et striata).
De leur état de conservation et de la maturité des graines ,
M. Dujardin a pensé pouvoir conclure que ces eaux et les corps
étrangers qu’elles ont entraînés*, n’avaient pas mis plus de trois ou
quatre mois à descendre de quelque vallon humide de l’Auvergne
ou du Vivarais. Mais cette présomption ne porte-t-elle pas un
peu loin la source de ces corps organiques , et n’ont-ils pu être
entraînés dans le courant souterrain principal par quelque petit
affluent de source bien plus rapprochée ?
Un second fait de ce genre est venu récemment à la con-
naissance de la Société. L’eau d’un puits foré à Riemke, près
de Boehuin en Westphalie, a amené jusqu’à son orifice , de la
profondeur de cent quarante- trois pieds , de petits poissons longs
de trois à quatre pouces • les cours d’eau superficiels les plus
voisins sont à deux ou quatre lieues.
Sur quelques graines, coquilles, poissons, sables ou graviers,
qui , de ces profondeurs , parviennent à la surface , combien 11e
s’arrêtent pas en route dans les sinuosités des canaux que ces ob-
jets finissent par obstruer. Que les courans , par suite de ce rem-
plissage , viennent à changer de direction , voilà pour les obser-
vations futures la source de plus d’une erreur, ou du moins l’ex-
plication très naturelle de faits qui déjà ont embarrassé ou trompé
les géologues, et surtout de l’intercalation d’amas de matières
hétérogènes traversant des bancs réguliers.
§ 6 bis. — Quant à d’autres faits relatifs aux eaux souterraines,
l’histoire des cavernes bientôt nous en fournira. Je me bornerai
à vous rappeler ici, messieurs, la fontaine intermittente dont
M. Robert vous a signalé l’existence à Massevaux dans les Vosges,
et le dépôt épais de travertin, observé, par le même géologue,
dans la profonde vallée de Charmoz , près de Lussel , et dans
Je voisinage de minerais de fer pisolithique formés dans des
vallées , et probablement dans des circonstances semblables.
DE LA SOCIÉTÉ EN 1 85 1 . 349
§ 7. — M. Robert nous a fait connaître que la température du
puits d’exploitation de la mine de sel de Dieuze ( Meurthe ) à ^oo
pieds de profondeur, au niveau de la huitième couche de sel ex-
ploitée , qui est la plus épaisse, s’élevait à i5° 7/ io cent. L’ob-
servation présentée à la Société en i83o par M. Fleuriau de Bel-
levue , sur le puits foré de la Rochelle, indiquait à 36g pieds
une température de i8° i a cent., et une augmentation sur la
température moyenne du pays, d’un degré par jq, 7 1 m. , c’est à
peu près la proportion la plus habituelle (i° par 25 m.), d’après le
relevé des nombreuses observations recueillies par M. Cordier ,
sauf certains excès locaux extraordinaires en plus ou en moins ,
attribués par M. Cordier à l’épaisseur variable de l’écorce terrestre.
g 8. — M. Daubeny poursuit ses intéressantes recherches sur
les eaux thermales ci sur leurs relations avec les phénomènes!
d’origine ignée, et avec les anciens foyers volcaniques, relations'
qui paraissent jouer un grand rôle dans la théorie de la terre,
ainsi que MM. Brongniart et Cordier le soutiennent depuis long-
temps. M. D. a retrouvédans plusieurs eaux thermales des Alpes,
et dans toutes celles d’Angleterre, Yazote, dont il avait déjà cons-f
taté la présence dans l’eau de plusieurs autres sources chaudes
où ce gaz se trouve rarement seul. Ces eaux thermales, gazeuses
ou acidulés, paraissent suivre la grande faille du calcaire de Der-
byshire et de l’Yorckshire , de même qu’elles sont, dans les au-
tres pays, liées à quelques vestiges d’une action ignée plus ou
moins ancienne. Il en a conclu de nouveau une oxcidation lente
de l’écorce du globe et des phénomènes naissant dans cette écorce,
de préférence à la théorie du feu central. Les deux opinions sont
défendues par des savans d’un égal mérite : M. Ampère s’est pro-
noncé pour celle qu’appuie M. Daubeny. Vous avez vu, par le
rapport de M. Boue , quels dévcloppeincns a pris cette branche
nouvelle de la géologie (Hist. des sources min.), qui s’est surtout
enrichie des travaux deMM. Osann , Stuke , Stifft et Keferstein.
§ 9. — A un autre ordre de phénomènes, se continuant en-
core de nos jours, à celui des tufs et des tourbes d’origine la-
custre ou continentale , se rattache la découverte des ossemens de
chiens , de cochons , de castors et de loutres enfouis dans les tour-
bières du Brabant; M. Morron les a trouvés gisans en fort grand
nombre , surtout ceux de chien d’une grande taille (sur dix crânes
neuf de cette espèce) à 2 m. , sous la tourbe et au contact du sable
qui forme la base des tourbières de ce pays.
§ 10. — Guidée par M. Graves, qui explore depuis plusieurs
années avec tant de zèle la géologie du département de l’Oise , la
RAPPORT sur les travaux
n5o
Société a observé près de Saint-Germer et Goincourt, entre Gour-
nay et Beauvais, un depot tourbeux intéressant sous plus d’un
rapport. On y voit une représentation parfaite , durant la période
actuelle , des argiles à lignites fiuviatiles ou lacustres d’un âge plus
ancien. Cette tourbe, pénétrée d’une aussi grande abondance de
fer sulfuré que les lignites tertiaires de Picardie, est de même ex-
ploitée pour en extraire de l’alun et du vitriol. Ce lignite pyri-
teux acquiert une épaisseur de 20 pieds et présente plusieurs al-
ternances d’argiles , de galets , de graviers , et de lignite compacte
ou friables; des ossemens de bœuf, de cheval , de cerf et de che-
vreuil se rencontrent abondamment dans les différens lits. On y
voit un amas d’arbres renversés formant une sorte découché, et
parmi lesquels on reconnaît des saules, des noisetiers et des bou-
leaux. INous visitâmes , M. Prévost et moi, ce même dépôt, il y a
cinq ou six ans, et nous fûmes frappés de l’étonnante similitude
que l’ensemble de ces couches offrait avec les argiles à lignites du
Soissonnais, et même avec certains lignites d’argiles de la forma-
tion jurassique, quoique d’un âge si différent.. A la vérité, le
dépôt de Beauvais est exclusivement continental et sans nul mé-
lange marin, dont on voit tant d’exemples dans plusieurs baies
des deux rives de la Manche.
IP
SERIE.
TERRAINS DILUVIENS.
§ 1 1. — Que doit-on entendre par dépôt ou terrain diluvien?
faut-il le considérer comme résultat d’une cause unique et géné-
rale qui séparerait d’une manière tranchée les époques géologi-
ques de F époque historique? Est-ce au contraire le produit de
plusieurs inondations, de causes variables suivant les temps et les
localités? Et faut-il admettre un passage insensible des temps an-
ciens à l’époque actuelle qui présenterait les mêmes lois et la plu-
part des mêmes phénomènes que les autres périodes géologiques?
* M. Tournai, en nous rappelant cette difficile alternative, objet de
tant de discussions , s’est prononcé pour la seconde opinion , celle
qui a gagné le plus de partisans, après avoir été long-temps sou-
tenue par un de vos membres , M. G. Prévost. Il vous a aussi ex-
posé la difficulté de préciser rationnellement la valèur et les limites
du mot fossiles , dans le but de déterminer que les os humains trou-
vés par lui et par quelques autres géologues du midi de la France,
|| dans les cavernes à ossemens , étaient bien fossiles et contempo-
,| rains des espèces éteintes avec lesquelles ils ont été découverts.
1 Drun autre côté cependant , la destruction de ces mammifères
DE DA SOCIÉTÉ EN I 85 1 . 25 1
paraissant coïncider avec le dépôt de la plus grande masse de dilu-
vium les ossemens humains auraient été , suivant l’opinion d’un
autre géologue du midi, et de M. Tournai lui-même, enfouis par
cette même grande catastrophe plutôt que par aucune autre des
causes secondaires et moins évidentes dont M. Tournai admet lacon-
tinuation. Le fait essentiel était de montrer le mélange intime; de
prouver que nulle cause postérieure ne pouvait avoir opéré un re-
maniement de débris dont le dépôt et d’êtres dont l’existence peu-
vent avoir été séparés par un très grand espace de temps, et sans
doute par l’une de ces révolutions qui ont si puissamment modifié
ïe relief des continens. Mais vous savez , messieurs , que les conclu-
sions de tous }es géologues du midi (hors M. Teissier), auteurs de
ces intéressantes découvertes , ont été pour la contemporanéité de
l’houime et des grandes espèces détruites d’ours, hyènes, de cerfs,
auxquelles ils en ont trouvé les ossemens associés. Cette question
a même remplacé , dans l’histoire des cavernes, ceileà peu près ré-
solue du remplissage de la plupart de ces cavités par un violent |J
agent extérieur, par des cours d’eau en partie superficiels , en par-
tie souterrains, opinion que M. C. Prévost s’est surtout efforcé d’é-
tablir et queMiVl. Bertrand Gesîin et Marcel deSerres ont aussi for-
tement soutenue, contre l’opinion ingénieuse de M. Buckland, mais
trop exclusive , qui tendait à se généraliser , de l’habitation de ces
grottes par des carnassiers , surtout par des hyènes qui y au- Il
raient entraîné les os d’animaux paisibles, leurs contemporains. '(
C’est à cette discussion plus qu’à toute autre qu’il convient
d’apporter l’esprit d’éclectisme si nécessaire en géologie ; car nul
phénomène peut-être plus que celui des cavernes à ossemens n’a
été , malgré son apparente uniformité , le résultat de plus de mo-
difications secondaires, indépendantes d’une première cause effec-
tivement plus générale. Des cavernes auront été remplies par les
dépouilles de mammifères qui y seront morts naturellement;
d’autres l’auront été , en partie par cette cause , en partie par les
débris qu’y entraînèrent des animaux carnassiers; le plus grand
nombre, toutefois, aura été rempli par les eaux courantes, qui j
ont également combié les fissures superficielles et formé les brè- |
clies osseuses avec les mêmes limons et graviers.
Si le remplissage de la plupart des cavernes s’est opérée pen-
dant la période tranquille qui a précédé le dernier grand soulève-
ment de montagnes , si le remplissage d’un grand nombre d’autres
n’a été au contraire que le résultat de cette cause violente, com-
bien de causes postérieures, dont on a tant de preuves et d’exem-
ples, ont pu modifier ces plus anciens dépôts, telles que l’intro-»
RAPPORT SUR LES TRAVAUX
2Ô2
duction d’animaux vivans plus modernes qui y seront morts , telles
que le passage plusieurs lois répété et interrompu d’eaux cou-
rantes , qui auront charrié les premiers limons par les fentes su-
périeures , qui en auront ensuite entraîné et mêlé de nouveaux.
Mais en restreignant la question des cayernes , à celle des os-
semens humains qu’on y a quelquefois rencontrés, n’est- il pas évi-
dent que le doute devient plus nécessaire encore ? Combien de fois
ces lieux n’ont-ils pu servir de sépultures , de retraites ou passa-
gères, ou même durables, aux diverses races d’habitans qui se
sont succédé sur le même sol , et , s’il est permis de le dire , même
à un géologue, en stratification discordante ! L’histoire, même
celle des temps modernes, en a conservé de nombreux témoigna-
ges, et les persécutions religieuses, depuis celle du druidisme,
sous Claude, jusqu’à celle du calvinisme, au seizième siècle, les
guerres d’invasion, les luttes de la féodalité, ont été autant d’oc-
casions qui auront pu rendre les cavernes des lieux de refuge , si
même il n’en est pas qui aient servi d’habitations à des races d’une
Î civilisation moins avancée. De ces grottes, les unes (Bize, Som-
mières, Mialet, Breingues, Paviland) , étaient en partie déjà rem-
plies d’ossemens de mammifères; les autres (Burfort, Ussat , et la
plupart des cluseaux du Périgord), étaient vides quand les os
humains y ont été délaissés.
ICe sont encore les objets d’industrie trouvés avec les ossemens
de quelques cavernes et annonçant un état social assez barbare,
qui ont porté plusieurs géologues à faire remonter jusqu’au ber-
ceau de la société , et même au-delà des temps historiques et dans
l’obscurité des dernières périodes géologiques, les ossemens hu-
|| mains trouvés avec ceux des ours et des hyènes, dont on les a
Il supposés contemporains.
Or, messieurs , le témoignage de Florus que j’ai cité à la der-
nière séance, me semble d’un grand poids dans cette discussion.
Florus , parlant des habitans de la Gaule méridionale , à l’époque
où César en fit la conquête , c’est-à-dire cinquante ans avant notre
ère, il V a dix-neuf siècles environ, dit au sujet des moyens bar-
bares que César employa pour les soumettre : Les Aquitains f
race prévoyante et rusée , se reliraient dans les cavernes , César
ordonna de les y enfermer . Aquitani , callidum genus, in spe~
luncas se recipiebant -, jussit includi. (Florus, lib. III, cap. io.
Edit, de Duker , pag. 5 1 9.)
Il est inutile de faire de longs commentaires sur le récit
aussi positif d’un écrivain qu’on n’accusera certainement pas de
partialité; mais si l’on ajoute à ce témoignage l’habitude de plu-
Ï)E LA SOCtÉTE EN i85l. s55
sienrs peuplades de race celtique de vivre dans des cavernes , qui
s’est conservée dans plusieurs de nos provinces, sur les bords de la
Loire, du Rhône, etc., on pourra conjecturer que les ossemens
humains et les poteries des cavernes du midi de la France, dé-
couverts en partie dans l’ancienne Aquitaine , en partie dans cette
division de la Celtique devenue plus tard la Provincia romana et
la Narbonaise , ont très probablement appartenu à quelques uns ||
des malheureux Gaulois que César fit murer dans leurs retraites. Il
Là où le mélange est complet , des cours d’eau auront bien pu ]{
produire un remaniement assez récent; le même degré d’altéra- D
tion des os d’hommes et de quadrupèdes , ensevelis sur un même
soi , ne suffit pas pour prouver leur contemporanéité , puisqu’il
est constant que l’état de calcination et l’odeur argileuse produits
par la perte de la matière animale, et caractère de la fossilisation ,
se sont manifestés sur des corps enfouis depuis les temps histo-
riques.
La civilisation d’une grande partie de la Gaule , à l’époque de
la conquête romaine, n’était certainement pas, d’après’tous les té-
moignages historiques, et quoiqu’en aient dit les partisans exagérés
de notre gloire nationale à son berceau , la civilisation gauloise
n’était pas plus avancée que ne le donnent à penser les débris de
poterie mal cuite, les épingles, et autres insirumens en os, les
bâches et les couteaux de silex trouvés avec les ossemens humains
dans les cavernes, c’est-à-dire celle de peuplades à peu près au
même degré social que la plupart des tribus sauvages de
l’Amérique à l’époque de la conquête, se tatouant, adorant les
arbres, les pierres, les fontaines, sacrifiant des victimes humaines
à leurs dieux, et en suspendant les têtes ou celles d’animaux à
à leurs arbres sacrés, etc. Que l’on compare les débris d’indus-
trie des cavernes à ceux qui proviennent évidemment d’éta-
blissemens gaulois , et Ton verra la pi us parfaite identité.
Partout où l’on fouille les tombelles qui servirent de sépulture
à ces mêmes hommes de race celtique , habitans de la Gaule, ou
de la Grande-Bretagne , ou de la Germanie , partout où l’on creuse
sous leurs dolmen , grossiers autels formés de pierres brutes, ou
bien sur l’emplacement de leurs oppida , on retrouve précisé-
ment ces mêmes objets découverts dans les cavernes, et on les
trouve souvent accompagnés d’ossemens d’animaux domestiques
ou sauvages , mais d’espèces non détruites, et qui n’ont été pla-
cés là que par honneur pour le mort, à la suite de sacrifices ou
de repas funèbres , autre source d’erreurs possibles à l’égard des
ossemens des cavernes. Qu’ou examine ces monumens en eux-
RAPPORT SUR LES TRAVAUX
*2 54
mêmes, on ne les supposera pas antédiluviens , comme l’a fait
un Anglais qui montre à Londres des reliefs des grands sanctuai-
res de Stoneheoge et d’Aybury, et pourtant on y reconnaîtra
l’état social le moins avancé.
(Tout en présentant ces aperçus à l’appui de l’origine récente
des débris humains dans les cavernes , je suis bien loin de croire
la question résolue et d’en faire une application trop générale.
Les opinions sont encore très divisées : MM. Cuvier, Buckland ,
Rosen-Müller, Soëinmering , qui ont cité , il y a longtemps, des
os humains dans les cavernes à osseraens d’espèces perdues, n’ont
point admis la contemporanéité. Pour l’opinion contraire, vous
ayez vu , outre les faits décrits par MM. Marcel de Serres, Tour-
nai, de Christol , Farines et Dumas , ceux que M. Boué vous a
rappelés de poteries ou dJos humains dans certaines brèches os-
seuses , dans les sables ossifères de Baden , de Kosritz en Saxe,,
dans les marnes du Rhin. La similitude fort curieuse d’une des,
têtes découvertes en Autriche, avec les races nègres , a même,
inspiré cette idée ingénieuse, que s’il a effectivement existé sur le
sol de l’Europe une race d’homme contemporaine des anciennes
alluvions , elle a dû offrir, avec les races de l’équateur, la même
ressemblance que la plupart des animaux de cette période offraient
avec ceux des pays chauds. Mais si i’011 pouvait attribuer à la
même époque les crânes de la caverne de Miallet, cette analogie
ne serait pas constante ; car ceux-ci, quoique comprimés, sont plu-
tôt de race caucasique. D’on autre côté, M. Cuvier a prouvé que
les mammifères de cette période , qui annonceraient un climat
tropical, sont accompagnées d’autres mammifères de climats sep-
trionaux; pour les débris de l’espèce humaine, s’ils remontaient;
aussi loin, il pourrait y avoir déjà mélange de races. Mais, je le;
' répète, on ne peut encore que recueillir les faits et les objections..
Excusez-moi , messieurs , d’être revenu sur des considérations
plus historiques que géologiques -j mais il m’a semblé que la lumière
nouvelle qu’elles répandent sur un intéressant objet de contro-
verse me ferait pardonner cette digression. Je reviens aux ca-
vernes et aux ossemens dont plusieurs de vos membres vous ont
entretenus.
M. Tournai, après les considérations générales que je vous ai
rappelées, en a fait l’application à la caverne de Bize , dans la-
J jjquelle il a le premier découvert le mélange d’os humains et de-
] poteries avec les os d’animaux perdus. Il l’applique aussi aux ca-
vernes de Sommières (Gard) , où le même mélange a été constaté
par M. de Christol. Les os de mammifères des cavernes de l’Aude
DE LA. SOCIÉTÉ EN 1 83 1 . 255
sont surtout de cerf , de chamois , de chevreuil , d’antilope ,
d’ours ; ceux des cavernes du Gard sont de rhinocéros , de bœuf,
de cheval, de cerf et d’hvène. M. Tournai s’appuie surtout sur
le même degré d’altération des os d’hommes et de mammifères ,
et sur leur mélange complet dans le même limon. Ses conclusions
sont que l’existence des ossemens humains à l’état fossile ne peut
être révoquée en doute; que ceux des cavernes de Bize sont anté-
diluviens, et que, avant le dernier grand cataclysme , l’homme vi-
vait en société dans la Gaule méridionale , simultanément habitée
par un assez grand nombre de mammifères d’espèces aujourd’hui
anéanties.
§ 12. La caverne de Rancogne, située à 3 lieues d’Àngouléme,
est l’une des plus vastes et des plus anciennement renommées du
canton de La Rochefoucault (Charente); mais sa réputation ne se
fondait , comme celle de tant d’autres, que sur la variété et l’abon-
dance de ses stalactites.
M. Roulland y a découvert, sous le plancher staîagmitique et
alluvial, une grande quantité d’ossemens de mammifères mêlés à
des ossemens humains, à des débris de poteries et à des galets des
roches environnantes.
Mieux qu’aucune autre peut-être cette grotte laisse aperce-
voir les circonstances probables de l’enfouissemeiit de ces corps
étrangers. Un ruisseau la traverse encore. La Tardouère , qui coule
à peu de distance et perd une partie de ses eaux dans divers autres
gouffres de la contrée qu’elle traverse , l’une de celles que M. Des-
marest père nommait, avec justesse , cantons absorbans , a sou-
vent aussi , dans ses débordemens , pénétré dans la grotte de Ran-
cogne. Les traditions du pays ont conservé le souvenir que des
hommes s’y sont réfugiés à différentes époques, et que des loups,
vivant en grand nombre dans la forêt de la Braconne , s’y retiraient
aussi habituellement , y transportant leur proie et même des par-
ties de cadavres exhumés du cimetière le plus voisin.
Du mode de remplissage de cette grotte, tel que le conçoit
M. Roulland, aux idées exprimées par M. Tournai , la différence
est extrême; et, si l’on rapproche d’une partie des explications
présentées par M. Roulland ce que MM. Yirlet et Boblaye ont
observé des gouffres absorbans de Morée , on verra combien ce
phénomène, qui se continue, avec tant d’autres, durant notre
période, peut éclairer l’histoire des cavernes.
§ i3. — D’autres faits demandent d’autres explications , et le
remplissage de la caverne d’Ussat, dont vous a entretenu M. Bou-
bée, ne paraît pas être du à une cause analogue. Dans la seconde
RAPPORT SUR LES TRAVAUX
à56
partie de cette grotte , creusée au milieu du calcaire de transition,'
étaient amoncelés, en très grande abondance, des os humains, en
partie recouverts et empâtés par les incrustations calcaires, et su-
perposés eux-mêmes à un dépôt alluvial très puissant de sable et
de galets de roches primitives , qui ne contient plus de débris hu-
mains, mais qui est également recouvert par les stalagmites sur le
point où ne se voit pas la couche ossifère. On peut donc recon-
naître dans cette grotte deux périodes distinctes , celle de l’intro-
duction fîuviatile des graviers et le dépôt postérieur des os hu-
mains.
Le témoignage que j’ai précédemment cité me semble assez ap-
plicable à cette caverne , eu égard à la grande quantité des os»
semens humains. Toutefois, il ne paraît pas que dans cette grotte
il y ait eu réunion d’ossemens de mammifères d’espèces perdues.
§ i4* — Mais de tous les faits de ce genre communiqués à la
I Société, il n’en est peut-être pas de plus instructif que celui de
la caverne de Mialîet, près d’Anchize (Gard), dontM. J. Teissier
vous a plusieurs fois entretenu , avec des détails qui ont vivement
intéressé la Société. Cette grotte, située sur les bords du Gardon,
est ouverte dans une roche dolomitique subordonnée au lias , sur
une pente abrupte, et à 3o mètres au-dessus de la vallée. Le lit
inférieur de l’intérieur de la grotte est un sable dolomitique re-
couvert irrégulièrement d’une couche mince stalagmitique , et çà
et là d’un limon argilo-ferrugineux , dont l’épaisseur atteint plus
d’un mètre, et adhère en plusieurs points à Ta voûte et aux pa-
rois. C’est dans cette couche , semblable aux graviers diluviens os-
sifères les plus anciens des cavernes, qu’on a découvert, en très
grande abondance, des ossemens et des têtes d’ours d’une fort belle
conservation. M. Teissier vous en a adressé les dimensions, qui
indiquent une plus grande taille que celle habituelle de Yursus
spæleus ; ils étaient accompagnés de quelques débris beaucoup
plus rares d’hyène, de rummans et d’oiseaux.
Sous les stalagmites , et sous une couche de sable limoneux de
2 à 4 décimètres, ont été trouvés en très grand nombre des osse-
mens humains dans différentes parties de la grotte. Dans le fond,
ils sont incontestablement mêlés avec ceux d’ours, qui prédomi-
nent ; vers l’entrée , au contraire , ce sont les os humains qui pré-
dominent et qui paraissent un peu plus récens. Sur le limon ossifère,
et sous un petit avancement de roche, a été découvert un squelette
humain presque entier, auprès duquel étaient une lampe, une
figurine en terre cuite, et à peu de distance des bracelets de cuivre;
en d’autres points ont été découverts des débris de poteries gros-
DE LA SOCIÉTÉ EN 1 83 I . 25 7
sières , des os travaillés , de petits outils de silex , objets d’une in-
dustrie plus grossière que les précédons.
Les crânes humains , mesurés par M. Teissier, lui avaient pré-
senté une dépression de haut en bas et urt alongement d’avant
en arrière, qu’il regarda d’abord comme un caractère de race et
comme offrant certaines analogies avec lès races nègres* mais il a
bien reconnu depuis que cet aplatissement était artificiel, soit
qu’il provînt de l’usage de porter des fardeaux sur le crâne , soit
qu’il dût être attribué à une compression produite dès l’enfance ,
usage constaté chez plus d’une peuplade sauvage. Tous les autres
caractères de ces têtes ont indiqué la race caucasique .
M. Teissier a distingué , avec une très grande précision, les dif-
férentes périodes qui semblent pouvoir être reconnues dans les
débris dont cette grotte a été remplie. t° une époque anté-dilu-
viennepour les ours , dont l’espèce est actuellement perdue , et qui
peuvent s’y être succédé en plusieurs générations , ou bien y avoir
été poussés en grand nombre à l’époque de quelque grand cata-
clysme; 20 une époque de civilisation peu avancée (gauloise) pour
les hommes, dont les ossemens sont accompagnés d’objets d’une
industrie fort grossière. U peut y avoir eu séjour prolongé , refuge
en temps de guerre, ou sépulture : c’est à cette dernière opinion
que s’est arrêté plus volontiers M. Teissier; 3° une époque romaine
indiquée par les vestiges d’un art plus perfectionné, et qui peut
avoir présenté les mêmes circonstances que la période gauloise.
Quant au mélange des ossemens d’ours et d’homme, il ne prouvé
nullement leur contemporanéité, puisqu’il est évident que les
uns et les autres n’ont pu vivre en même temps dans cette grotte;
et en admettant, comme «1 est impossible de s’y refuser, que la
lampe, la figurine, les bracelets ne sont pas antédiluviens, ce se-
rait tout-à-fait arbitrairement qu’on les séparerait chronologi-
quement, par un grand cataclysme , des objets plus grossiers qui
les accompagnent et se sont retrouvés seuls dans d’autres cavernes.
Le mélange dans les parties où il existe paraît donc s’être opéré
ou par l’action d’un cours d’eau, ou par l’excavation artificielle
d’une sépulture dans le limon primitivement ossifère.
La plupart de ces objets précieux font maintenant partie
du Musée de Nîmes.
§ i5. — Le nombre des cavernes à ossemens dont les découvertes
se sont si rapidement multipliées en France, ne paraît pas être
moins grand en Belgique.
M. Sauveur, de Liège, vous a fait connaître que le nom-
bre de celles découvertes aux environs de la même ville, par
Soc. géol. Tom. II. rn
RAPPORT SUR LES TRAVAUX
«58
M. Sclimerling, s’élève maintenant a plus de quinze. L’une d’elles,,
celle d’Engissoul, contenait des ossemens humains enfouis dans
une couche argileuse mêlée de cailloux roulés , avec des débris
d’ours , de rats , d’oiseaux, etc.
§ 16. — M. Pentland vous a fait part de la découverte d’osse-
mens de plusieurs espèces de kanguroos fossiles, dans une brèche
calcaire de la partie N. N. E. de la Nouvelle-Hollande, sur les
bords de l’IIunter. Ces os ont été envoyés au Muséum par
M. Jameson, qui , avec M. Clifft , les a décrits. Ils appartiennent à
sept ou huit espèces détruites, mais de genres existans encore dans
le pays; ils étaient accompagnés de débris d’éléphant ou de
mastodonte , et , d’après l’examen de M. Buckland , d’un autre
mammifère plus grand que l’hippopotame connu. La découverte
en a été, je crois, annoncée d’abord en Angleterre, à la Société
géologique de Londres , par M. Mittchell , qui a le plus complète-
ment décrit les circonstances du gisement. On a déjà rencontré de
ces ossemens dans plusieurs localités de l’Australie, et particu-
lièrement dans la partie occidentale, à Wellington-Walley. Ils
semblent appartenir à un même système , qui montre , entre les
brèches osseuses des fentes et le gravier ossifère des cavernes , la
même liaison qui s’observe si évidemment sur les bords de la
Méditerranée, particulièrement aux environs de Paîerme et dans
le département de l’Aude.
La brèche calcaire qui les empâte est aussi tout-à-fait semblable
à celle de l’Europe , et formée de fragmens de*palcaire compacte,
et de débris osseux réunis par un ciment rouge.
Yoilà donc à la Nouvelle-Hollande le dépôt ossifère des brèches
et des cavernes comme dans les autres parties du globe : est-il
contemporain de celles de notre Europe ? c’est bien peu pro-
bable : il n’y aura eu, à différentes époques, d’analogue que le
mode deformation; plusieurs catastrophes auront détruit et en-
foui dans les fentes, dans les cavernes ou dans les lits alluviens, les
grands ossemens de l’Ohio , ceux de l’Irrawadi , ceux des mers^
du Nord, de l’Europe centrale et de l’Australie.
Quoi qu’il en soit, dès l’époque de ce dépôt, l’organisation
du continent austral était en grande partie déjà ce qu’elle est
aujourd’hui, puisqu’on y trouve4es types d’une classe de mam-
mifères qui lui est encore particulière , mais toutefois accom-
pagnés de genres (éléphant ou mastodonte ) qui y sont tout-à-fait
inconnus.
J § 17. — Les brèches osseuses sont généralement attribuées à
[des eaux courantes qui auraient entassé les ossemens et les frag-
DE LA SOCIÉTÉ EN I 83 1 . 2Ôg
mens de roches dans des fentes formées, soit par le brisement des
couches , soit par le retrait et la dessiccation de couches sorties de
la mer, soit par le passage de gaz et de sources acides. M. D’Es-
trem, ingénieur des ponts et chaussées, en a exposé une nouvelle
théorie qu’il appuie sur des expériences. Il a soumis à une cha-
leur violente (cent degrés de Wegwood) des blocs des différentes
roches qui contiennent les brèches osseuses, et il a vérifié quelle
peut être l’action de la chaleur sur la production des fentes et des
fragmens; les uns se sont fendillés, d’autres ont décrépité en pous-
sière, en petits débris ou en plus grosses masses.
Il en conclut que la formation et le remplissage des fentes ont
eu lieu presque instantanément et résulteraient d’une sorte de
calcination qui se serait aussi exercée sur les os. Il suppose qu’à
l’époque d’une des dernières catastrophes du globe , un épanche-
ment de matière métallique bouillante , sorti de quelque point
des Pyrénées à l’état de fluidité ignée , aurait coulé sur les bords
delà mer, détruit les animaux, et fendillé, fracturé les roches
sur lesquelles il passait et entassait instantanément les débris dans
les fentes.
L’auteur suppose , comme on voit, à l’extérieur, une action
qui paraît au contraire avoir été en grande partie intérieure. Il
n’est pas probable que cette hypothèse ait jamais de nombreux
partisans, et qu’on admette ces courans d’une nouvelle espèce
qui auraient fait le tour de la Méditerranée, et dont on ne retrou-
verait d’autre trace que la pâte ocreuse qui cimente les brèches à
ossemens.
On sait que M. Savi a expliqué la formation de la brèche ,
beaucoup plus ancienne ( mischio ) de Seravizza , dans les Alpes
apueones , par une action ignée qui aurait également fendillé,
brisé la roche, et qui en aurait cimenté les fragmens dans les
fentes j mais cette action aurait été toute intérieure et souterraine
comme toutes celles de cémentation et d’épanchement des roches
avec altération ignée.'
g !8. — M. Morren a annoncé avoir reconnu dans les alluvions
du Brabant une nouvelle variété de l’éléphant primôgenius. Il
se propose d’en décrire une mâchoire inférieure se terminant par
une symphisc à long bec. On sait que M. fischer a déjà dis-
tingué plusieurs espèces dans les mammouths de Russie et de
Sibérie.
RAPPORT SUR LES TRAVAUX
aGo
III®’ série. — Terrains quaternaires et tertiaires.
§ ig. Je ne puis mieux commencer l’énumération des Mémoires
qui ont été présentés à la Société, relativement aux terrains ter-
tiaires , qu’en vous rappelant les principaux résultats du grand
travail de M. Desliayes sur les coquilles fossiles de ccs terrains,
fruit de plusieurs années de recherches et de la plus consciencieuse
comparaison d’un nombre infini de coquilles fossiles et vivantes.
Ce travail ouvre d’autant mieux la série des terrains les plus
riches en fossiles , qu’il a soulevé plusieurs questions capitales sur
les différens âges de ces terrains, et sur la valeur des caractères
zoologiques en général.
Vainement je chercherais à donner une forme nouvelle à l’ana-
lyse de tableaux dont les chiffres ont été plusieurs fois reproduits
depuis six mois qu’ils ont été livrés à la publicité ; par cela même
que la base et les conséquences en sont numériques , et presque
mathématiques, elles ne sont pas susceptibles de variantes; leur
vérité et leur intérêt consistent dans le plus simple énoncé des
résultats. Il serait aussi difficile d’ajouter aux éloges que M. Cu-
vier en a fait dans son rapport à l’Académie.
Voyons cependant comment M. Deshayes a procédé dans ses
recherches, et comment ses résultats se lient à d’autres considéra-
tions géologiqiies.
Fermant les yeux sur tous autres caractères empruntés , soit à
la nature des terrains , soit à leur superposition , et laissant aux
géologues le soin de faire coïncider les faits de leur science avec
ceux de la zoologie , il s’est borné à comparer les coquilles fossiles
de nombreuses localités, réputées appartenir aux principales
formations tertiaires ou secondaires ; il a groupé , pour en former
des systèmes distincts , celles qui offraient entre elles les plus
grandes masses de ressemblances zoologiques , et le plus d’espèces
identiques ; puis il a classé ces groupes chronologiquement suivant
la présence ou l’absence, suivant le nombre plus ou moins grand
d’espèces analogues à celles de la nature actuelle , et il a fait des
périodes zoologiques pour les coquilles, comme d’autres savans
avaient fait pour les mammifères , pour les végétaux , et pour plu-
sieurs grandes familles organiques. Par cette adoption du carac-
tère zoologique comme seul et véritable type d“es grandes périodes
géologiques, et comme le représentant le plus réel des lois fixes et
naturelles des grandes révolutions du glohe , M. Deshayes est
allé plus loin , sous ce rapport , que M. Brongniart lui-même, qui
DE LA SOCIÉTÉ EN l85l. ifil
le premier a fait sentir si positivement toute la valeur de ces ca-
ractères pour déterminer l’âge d’une formation , quelle que fût la
nature des roches dont elle se compose. M. Brongniart, en effet ,
a toujours laissé en première ligne , non les caractères exté-
rieurs, auxquels nul géologue un peu exercé n’attache plus d’im-
portance , mais le fait de la superposition directe qui restera tou-
jours le plus certain et le moins contestable.
On pourra objecte*!’ , entre autres argumens contre les caractères
zoologiques , la nécessité de tenir compte des circonstances de vie
particulières aux différentes espèces , de l’influence de la tem-
pérature, des niveaux, des courans marins ou fluviatiles , de la
nature des fonds, de la proximité ou de l’éloignement des ri-
vages, toutes circonstances qui doivent, dans un même bassin et
dans une même période , produire des différences qu’il est souvent
bien difficile de distinguer des différences chronologiques. On
objectera l’influence des causes locales variables selon les contrées,
selon les temps , presque selon les saisons , et susceptibles de pro-
duire de très grands changemens d’une couche à l’autre, même
dans une seule grande période.
On demandera quelles sont les limites précises du caractère
zoologique pour fixer une période.
On pourra objecter encore cette très forte probabilité que les
mêmes espèces, expulsées d’un bassin par les révolutions du sol
qui les ont empêchées de continuer d’y vivre et d’y imprimer pour
l’avenir le même caractère zoologique, auront pu se reproduire
dans des bassins plus éloignés , où leurs germes auront transmigré
avec les mers chassées de leurs premiers bassins .
On pourra dire encore, avec une apparence de solidité, qu’à
la même époque les différences de température ont dû produire
dans des bassins éloignés des différences aussi grandes peut-être
que celles qui peuvent servir à distinguer des périodes différentes.
On fait et l’on a fait bien d’autres objections plus ou moins
spécieuses, et l’un de vos membres, M. Boué, vous a même dé-
veloppé un assez grand nombre d’exemples des erreurs auxquelles
l’emploi des caractères organiques, à la vérité mal compris, a
exposé les géologues; tandis que contre la superposition envisagée j
en grand , comme moyen de classification chronologique des ter- !
rains de sédiment, avec l’appui de tous les autres caractères, et !
en tenant compte du fait si compliqué des redressemens , il n’y a
pas d’objection sérieuse, à. moins de renoncer à toute possibilité
de reconnaissances géologiques. Mais, de son côté , M. Deshayes a
envisagé la question de haut , tout en tirant ses argumens du plus
262
RAPPORT SUR LES TRAVAUX
minutieux examen des espèces , et nous verrons bientôt qu’il y a
jusqu’ici une harmonie des plus heureuses entre les résultats de la
géologie et ceux de la zoologie.
Quoi qu’il en soit, M. Deshayes , s’appuyant sur le caractère
zoologique seul , distingue deux puissans groupes de terrains.
A. Ceux qui ne contiennent aucune espèce de coquilles analo-
gues avec celles de la nature actuelle , et nous voyons déjà ce
groupe correspondre à l’une des divisions géologiques, les plus
générales et les plus anciennement reconnues, celle des terrains
secondaires.
B. Les terrains avec espèces analogues , ou les terrains ter-
tiaires. Se restreignant à ceux-ci , M. Deshayes s’est servi du même
caractère pour les partager eux-mêmes en plusieurs périodes, et
la proportion plus ou moins grande d’espèces analogues propres à
chaque système lui a fait distinguer trois groupes qu’il regarde ,
a priori , comme de plus en plus récens, selon que le nombre
des espèces analogues est plus considérable.
i° Le premier, le plus ancien , comprend les bassins tertiaires
les plus anciennement étudiés, celui de Paris d’abord j et quoi-
que M. Deshayes ue l’exprime pas, sans doute tout l’ensemble de
ce bassin , susceptible d’être subdivisé lui’- même eu plusieurs
groupes, déjà si nettement déterminés, mais tous antérieurs,
ainsi que j’avais essayé de le prouver, à la formation marine de ce-
lui de la Loire, qui ne commença à recevoir le dépôt des faluns
que lorsque le bassin de Paris était à peu près intégralement rempli.
Au bassin de Paris , M. Deshayes ajoute ceux de F alognes , de
Xî le de FFight, de Londres, partie de celui de la Belgique, une
faible partie de celui de la Gironde et la plus grande partie de
celui du Vîcentin.
Ils ont présenté déjà quatorze cents espèces environ , dont
trente-huit analogues à des espèces vivantes, ou environ 3 p. °/G.
Quarante-deux espèces seulement se retrouvent dans les dépôts
postérieurs. Ils n’offrent nulle analogie d’espèces avec les terrains
secondaires les plus récens. Cette considération soulève la ques-
tion des terrai ns tertiaires intermédiaires , dont j’aurai bientôt à
vous entretenir.
20 Le deuxième groupe comprend les faluns de la Touraine et
du reste de la f Loire, la plus grande partie du bassin delà Gironde,
en y ajoutant celui de Dax, Y Autriche, la Hongrie , la Pologne ; et,
par une distinction qui n’est pas l’un des faits les moins piquans
du travail de M. Deshayes, et qui lui appartient en propre , une
très petite partie seulement des collines subapennines , c.-à-d.
ît 65
DE LA SOCIÉTÉ EN l85l.
les environs de Turin. Jusqu’ici tous les géologues et les zoo- :
légistes n’avaient formé qu’un seul groupe des terrains tertiaires
de l’Autriche et de ceux de l’Italie ; on se souvient que leur pre-
mier rapprochement fut même un des principaux résultats du
Mémoire sur Vienne, de M. Constant Prévost, qui fit voir que ces
deux terrains offraient plus de rapports d’époque avec la forma-
tion marine supérieure parisienne qu’avec la formation inférieure
au gypse, aperçu qui fut adopté plus formellement par M.Bron-
gniart. Ce fut un premier pas vers cette subdivision des terrains j
tertiaires envisagés en grand ; mais alors , et jusqu’à ces dernières)
années, on n’avait eu l’idée que de deux grandes formations ma-
rines tertiaires , à peu près parallèles avec les deux terrains pari-
siens , opinion qui a encore tant de partisans.
Sur neuf cents espèces que M. Deshayes a comparées de ce
groupe ainsi formé , cent soixante- une ont leurs analogues vivans,
c’est-à-dire 18 p. °/0, et cent soixante-treize, ou 19 p. °/0, ont
continué de vivre dans le groupe postérieur.
3° Dans ce dernier groupe , qui plus tard, étant mieux connu ,
sera susceptible de subdivisions nouvelles, M. Deshayes fait entrer
les collines subapennines , les terrains tertiaires de Sicile (que
des observations plus récentes forceront certainement de subdi-
viser) , ceux de M.orée, le petit bassin de Perpignan, et sans doute
d’autres petits bassins des bords de la Méditerrannée. Toutefois ,
il me paraît que les bassins de l’Hérault , de l’Aude, des Bouches-
du-Rhône, delà Suisse, auraient plus de rapport avec le deuxième;
mais M. Deshayes ne les a point classés, n’ayant pu en étudier un
assez grand nombre d’espèces. Il y rapporte aussi provisoirement
le Crag. Dans ce dernier groupe, le plus artificiellement formé,
c’est-à-dire celui des trois qui paraît composé d’un certain nombre
de dépôts ( surtout les différentes parties des collines subapen-
nines, et de la Sicile ) que la géologie porterait à ne pas regar-
der comme contemporains , M. Deshayes connaît sept cents es-
pèces, dont plus de moitié auraient leurs analogues vivans.
M. Deshayes a encore remarqué que treize espèces seulement
étaient communes aux trois groupes , et avaient résisté seules aux
causes destructives qui ont ainsi successivement modifié l’organi-
sation sous-marine ; il propose de regarder ces espèces comme ca-
ractéristiques de tout l’ensemble des terrains tertiaires.
M. Deshayes a envisagé la question des analogues sous un autre
point de vue, qui peut se lier de la manière la plus heureuse avec
l’histoire dessoulèvemcns des dernières chaînes , et qui peut même
servir à reconnaître, jusqu’à un certain point, les limites des
fi APPORT sur les travaux
264
1
derniers bassins , ou du moins les directions suivant lesquelles les
limites plus anciennes des chaînes et des bassins se rapportent avec
la distribution géographique actuelles des mers; c’est en détermi-
nant la distribution sur le globe des espèces encore vivantes qui exis-
taient déjà à l’époque des terrains tertiaires. Il a constaté que sur les
trente-huit espèces vivantes de la première époque , dont douze
seulement lui sont propres , il y en a aujourd’hui de réparties à
toutes les latitudes; que le plus grand nombre cependant appar-
tient aux régions intertropicales. Il en est de même des cent
soixante-une de la seconde époque. La plus grande partie se trouve
au Sénégal, à Madagascar et dans l’Archipel des Indes; un
moindre nombre habite le midi de la Méditerrannée, et quel-
ques unes seulement les mers d’Europe.
Quant aux espèces analogues de la troisième époque , elles vi-
vent encore en grande partie dans les mers qui baignent une par-
tie des dépôts qui les recèlent; c’est ce qu’on observe pour les
collines subapennines dont les analogues sont surtout de l’Adria-
tique, et pour le crag des comtés de Suffolk et de Norfolk , qui
contient des espèces de la mer du Nord. Ces rapports seraient en-
core plus frappans si l’on y ajoutait les dépôts plus récens de
Nice , de la Rochelle , du Caernarvon , d’Udewaîia , les couches
supérieures de la Sicile, etc., dont toutes les espèces paraissent
analogues à celles des mers voisines; mais il me paraît incontes-
table que ces dépôts littoraux forment une sous-période très dis-
tincte, et qui lie zoologiquement l’ordre de choses actuel aux
époques antérieures.
Cette distribution géographique semble annoncer que la tem-
pérature a été encore en décroissant depuis le commencement du
dépôt des terrains tertiaires , et que le relief extérieur du sol et les
limites des bassins actuels de nos mers ont plus de rapports avec
les limites des mers aux périodes tertiaires les plus récentes qu’aux
plus anciennes.
A ce dernier résultat se rattache une opinion trop exclusive-
ment appliquée par M. Marcel de Serres aux bassins tertiaires
méditerranéens , c’est que les terrains de ceux-ci ont été formés
depuis que la Méditerranée occupe ses limites actuelles.
Les résultats du travail de M. Deshayes s’appuient donc,
ce me semble, sur trois principes qui se lient assez intime-
ment.
r Le premier , que les terrains sont d'autant plus récens quils
contiennent plus de coquilles fossiles analogues aux espèces ac-
tuellement vivantes ;
DE DA SOCIÉTÉ EN 1 53 1 . ü65
Le deuxième, qu’un changement notable dans U organisa
lion et dans les proportions d’ analogie entre les coquilles vi-
vantes et fossiles , doit suffire pour constituer des formations diffé-
rentes, et coïncider avec les grandes révolutions de la surface du
globe ;
Le troisième , qui en est à la fois la conséquence et la preuve,
suivant les argumens dont on l’appuie, est que les bassins ter-
tiaires n ont été simultanément ni formés ni remplis.
Si la superposition directe ne venait confirmer la première de
ces conséquences , elle serait sans doute aussi rationnelle qu’ingé-
nieuse , mais théorique : heureusement qu’elle est confirmée par
l’observation des autres classes de fossiles qui conduisent toutes
jusqu’ici au même résultat. Heureusement encore que la géologie
a fortifié, en partie du moins , ces résultats zooîogiques, et que,
par exemple, pour la coïncidence des époques de redressement des
couches avec les changemeus d’ organisation, elle s’est trouvée jus-
qu’ici assez en harmonie avec les grandes distinctions zoologiques :
résultat que M. de Beaumont avait déjà rattaché à ses considéra-
tions sur l’âge des montagnes. Il est toutefois plus d’un gisement
contrastant non accompagné de différences organiques impor-
tantes : M. Sedgwick en a cité plusieurs exemples.
Quant à la série des terrains tertiaires particulièrement, il est
bien reconnu qu’elle a été interrompue plusieurs fois par de puis-
sans redressemens de couches. A la vérité ces deux considérations
des différons âges tertiaires et des différens âges de soulèvemens
les plus modernes, sont trop neuves encore pour qu’elles soient
bien précisément constatées dans tous leurs rapports. Jusqu’ici,
par exemple , il paraît que le dépôt de la craie a été séparé de ce-
lui des terrains tertiaires par une plus grande révolution physique
que les différens terrains tertiaires entre eux • aussi la différence
organique est-elle plus forte et le vide plus grand. La conserva-
tion do certains genres, et peut-être de certaines espèces d’une
formation à l’autre, doit tenir aussi au plus ou moins de violence
de ces catastrophes , et à la distance plus ou moins grande du foyer
d’action.
Quant au fait de la superposition directe , le seul qui soit le
garant géologique le plus certain de toutes ces distinctions zoolo-
giques, et qui permette de saisir au moins en un point la chaîne
de ces terrains tertiaires récens, et leur liaison avec les terrains
tertiaires anciens, j’eus, il y a quelques années, la bonne fortune
de le constater pour le bassin de la Loire, et je pus dès lors le
rattacher à de nombreuses considérations d’un autre ordre qui me
RAPPORT SUR LES TRAVAUX
«66
permirent de proposer une nouvelle période géologique (1).
Persuadé, par l’examen des terrains marins tertiaires de ce
; bassin déposés si près de celui de Paris, et cependant si complè-
j tement différens , qu’ils ne pouvaient appartenir à la même
période, je ne tardai pas à constater sur divers points leur super-
position directe au dernier terrain d’eau douce des bords méri-
dionaux du bassin de la Seine. Je fus naturellement amené à
i conclure que le sol où ils ont été déposés était à peine accessible
aux eaux marines du bassin de la Seine quand celui-ci se rem-
I plissait 5 et réciproquement qu’à l’époque postérieure où le bassin
de la Loire commença à devenir rivage ou afchipel , et à recevoir
le dépôt des faluns , celui du bassin de la Seine , antérieurement
rempli , resta inaccessible à ces nouvelles eaux* c’est-à-dire, en
d’autres termes , que les oscillations du sol et les soulèvemens
des grandes chaînes s’étaient manifestées plus ou moins fortement
sur des bassins plus ou moins éloignés, de manière à les émerger
ou les immerger à des époques différentes durant la période ter-
tiaire ) en un mot, que les bassins tertiaires , je ne dis pas seu-
lement les terrains, mais les bassins, comme réceptacles, furent
successivement formés et remplis , et que les derniers formés
tenaient à la nature actuelle par des relations zoologiques et géo-
graphiques plus intimes. Répondant ainsi d’avance à une des
objections le plus souvent reproduites : « Que se formait-il dans
» tel ou tel bassin tertiaire pendant les dépôts des deux systèmes
» marins du bassin de Paris, si vous refusez d’y reconnaître les
» analogues et les contemporains de ces mêmes dépôts ? » Les
bassins, remplis de dépôts avec un plus grand nombre de fossiles
analogues à ceux de la nature actuelle , n’ont eu que tardivement
cette disposition sous-marine* pendant les plus anciennes pé-
riodes tertiaires ils faisaient probablement partie d’un sol conti-
nental, terrestre ou sous-lacustre ; ce n’étaient pas des bassins
marins.
Je rassemblai le plus de preuves géologiques et physiques que
je pus à l’appui de cette opinion que je développai en 1828, et
(1) Ann. des Sc. nat., fév. et avr. 182g. J’en avais précédemment
communiqué les résultats aux Soc. Philom. et d’Hist. nat., et à la
plupart des géologues de Paris, auxquels je cherchai à faire parta-
ger ma conviction. Dès i8a5 ( Mém . Soc. d’Hist. nat. de Paris , II,
238 ) j’en annonçai la base , et depuis je rassemblai le plus de faits
que je crus propres à la fortifier. Il est aisé de voir que ce travail ne
fut pas improvisé.
DE LA SOCIÉTÉ EN l83i.
267
j’en fis l'application directe à un ensemble de terrains que je pro-
posai d’appeler provisoirement quaternaires , invoquant, à l’appui
de cette distinction nouvelle, la considération des ossemens de
mammifères , des polypiers , des coquilles , et surtout de la su-
perposition directe. Accueillies d’abord avec une défiance natu-
rellement produite par leur nouveauté , ces observations et leurs
conséquences n’ont pas tardé à être confirmées par l’adhésion ou
Jes observations personnelles de MM. G. Prévost, Lvell, de Beau-
mont, Boué, Dufresnoy , de Studer, d’Omalius , Sedgwick ,
de La Bêche, Hoffmann et de quelques autres géologues (1).
Mais il n’en est pas , en cette matière, de plus imposante que
celle de M. Brongniart, du géologue qui, le premier, a donné
aux terrains tertiaires toute leur importance, et en a distingué
de nombreux types devenus classiques. En admettant décidément,
comme il vient de le faire dans son dernier Traité et dans son
Tableau géologique, que les J aluns de la Loire sont postérieurs
au terrain d’eau douce le plus récent de la Seine , M. Bron-
gniart entraîne à leur suite, dans cette série moderne, par une
conséquence inévitable, quoique non exprimée, une grande partie
des terrains tertiaires de la Gironde, des Landes, de l’Hérault ,
du Rhône, de l’Autriche, delà Pologne, des collines subapen-
nines, de la Sicile, et d’autres bords de la Méditerranée; eh un
mot les deux groupes les plus récens de M. Deshayes.
Qu’on 11e se méprenne point , en effet, sur l’état incohérent des
faluns de la Loire, qui pourrait faire supposer un trouble, un
remaniement postérieur des fossiles de différons âges, un dépôt
tout superficiel facile à confondre, sans conséquence, dans la série
des terrains meubles : ce serait, selon moi, une grave erreur.
La grande masse des coquilles marines y est toute spécifiquement
différente de celles des deux étages parisiens : sur quatre cents
espèces environ, à peine en voit-on une vingtaine d’analogues. Les
coquilles terrestres ou fluviatiles y sont dans le même état de fos-
silisation que les coquilles marines ; les ossemens de grands mam-
mifères terrestres (mastodonte, rhinocéros, hippopotame, etc.)
dans le même état que les os de cétacés , et ils sont recouverts les
uns et les autres de polypiers encroûtans, de scrpules , qui
(1) En adoptant le mot quaternaires , M. Marcel de Serres semble
l’avoir restreint aux seuls terrains récens , formés depuis que les
mers sont dans leurs limites actuelles. Je l’avais applique à tous les
terrains postérieurs à l'ensemble des terrains tertiaire» de la Seine,
si généralement pris pour types.
RAPPORT SUR LES TRAVAUX
268
prouvent un séjour prolongé dans une mer quelque temps sta-
tionnaire, fait dont on n’a pas le moindre exemple pour les grands
mammifères terrestres de cette période dans le bassin parisien ,
qui semble cependant n’être point séparé physiquement de celui
delà Loire* tandis qu’on le retrouve au contraire dans ceux de
Dax , de l’Hérault, du Rhône , dans les collines subapennines et
en Sicile.
Les faiuns , du moins ceux de la Loire , sont un dépôt très ré-
gulier, le plus souvent meuble, il est vrai , mais formé durant
une époque de calme , et soumis à des lois dont faction se conti-
nue sur les rivages actuels. Leur incohérence habituelle offre bien
plutôt le caractère d’un dépôt littoral que d’un dépôt diluvien;
c’est ce que j’essayai de prouver dans le mémoire que je rappelle.
Je ne connaissais alors de cette période que des dépôts littoraux ;
mais M. Prévost vient de retrouver à Malte des dépôts pélagi-
ques, qu’il considère comme pouvant être contemporains. Or, les
conséquences si précises du travail deM. Desliayes, sur les fossiles
tertiaires , tendent incontestablement à faire considérer le groupe
des faiuns de la Loire comme l’un des plus anciens dépôts de cette
longue série, postérieure à tout l’ensemble des terrains de la Seine ,
dont il diffère cependant déjà lui-même sous tant de rapports , sur-
tout par les fossiles, que nous devons supposer la série fortement in-
terrompue au contact des dépôts des deux bassins. En un mot , les
faiuns sont distincts de tous les terrains tertiaires de la Seine ; ils
sont superposés au plus récent d’entre eux, et cependant ils pa-
raissent à leur tour n’être que le terme le plus ancien d’un nou-
veau système plus important , plus vaste que les terrains de Paris
et de Londres , et qui s’est continué jusqu’à notre époque , à tra-
vers de nombreux soulèvemens du sol , des changemens de niveau
des mers et des continens , et des modifications successives d’orga-
nisation.
En propôsant ce grand ensemble aux géologues, j’indiquai
bien qu’il me semblait devoir être sous-divisé en plusieurs sys-
tèmes , suivant le nombre des fossiles analogues. J’insistai surtout
sur la non-simultanéité des bassins , sur la coexistence , à chaque
sous-période , de dépôts marins littoraux ou pélagiques , de dé-
pôts continentaux , lacustres ou jluviatiles , et de dépôts de mé
langes. Mais je ne me sentais pas le droit d’aller plus loin : les
premiers pas étaient faits , c’était à la zoologie de les poursuivre
et de les préciser.
Voilà donç , Messieurs , plusieurs formations géologiques intro-
duites incontestablement dans la science par des voies assez dîffé»
DE LA. SOCIÉTÉ EN 1 83 1 . 269
rentes , par le fait de la superposition directe , par la comparaison
des fossiles , par 1* observation de bassins très différens , et par les
conséquences de la théorie des soulèvemens; ce sont, il me semble,
d’assez fortes garanties en faveur de leur distinction. Je me suis
permis de vous reparler de ces faluns de la Loire, parce qu’ils
sont le point de départ de ce nouvel ordre de terrains destinés
peut-être à jouer dans la science un aussi grand rôle que ce
rôle a été important dans la nature, et parce que seuls jusqu’ici -
ils ont montré les relations de stratification du groupe récent ;
sur le groupe ancien des terrains tertiaires.
C’est à ces terrains tertiaires récens que se rapportent ceux que .
vous ont fait connaître M. Boblaye , dans son Mémoire sur la Mo
rée ; M. Piozet, dans ses différentes notices sur la Barbarie; plu-
sieurs autres que M. de La Marmora a récemment décrits en Sar-
daigne... les plus récens de ceux dont M. Prévost vous a entre-
tenus dans ses précédentes lettres de Malte et de Sicile, et que
MM. Lyell, Hoffmann et Christie ont également observés dans
cette dernière contrée. Je ne dissimulerai pas cependant qu’entre
autres divergences d’opinions, dont l’histoire des terrains tertiaires
récens sera sans nul doute le sujet, les rapports des terrains médi-
terranéens de Malte et de Sicile , avec ceux de la France méridio-
nale et de la Loire , en présenteront de suite une des plus fortes.
M. Deshayes a classé, d’après l’examen des espèces, tous ces ter-
rains dans son dernier groupe, auquel il associe également lescollines
subapennines, et vous vous souvenez que M. Prévost a été frappé de
l’étonnante analogie qu’ils présentaient avec l’ensemble du groupe
quaternaire , surtout avec ceux de la Loire et du Cotentin , ana-
logie qui m’avait aussi vivement frappé lorsque j’en indiquai le
rapprochement, d’après l’examen d’un certain nombre d’espèces
de polypiers et de coquilles. Les apparences des caractères exté-
rieurs nous auraient-ils donc fait illusion ? Selon M. Deshayes, les
terrains des collines subapennines auxquels se rapportent incon-
testablement quelques uns des terrains tertiaires inférieurs de Si-
cile , seraient déjà postérieurs à ceux de la Loire et de D.x , et
cependant les analogues de ceux-ci en Sicile semblent plus moder-
nes que les collines subapennines.
§ f20. — Contradictoirement à ces résultats, et sous un point
de vue tout différent , M. Reboul a continué de reconnaître, dans
les bassins de l’Aude et de V Hérault , deux grandes formations
marines, avec des terrains mixtes fluvio-marins , intermédiaires ,
à nombreuses alternances; et ces trois systèmes il lesn identifiés,
sinon couche par couche, du moins système à système avec les
RAPPORT SUR LES TRAVAUX
27O
1
terrains parisiens , distinguant toutefois les bassins qu’il nomme ,
avec M. Brongniart, épilymnéen et prolymnéen , c’est-à-dire ceux
qui se terminent par une formation d’eau douce , comme les bas-
sins de Paris et de l’île de Wigbt , et ceux dont la série finit par
des dépôts marins comme la plupart de ceux du midi , celui de
la Loire , etc.
Mais , partant de ce principe si long-temps regardé comme vé-
ritable et appuyé de tant d’ingénieuses probabilités par les tra-
, vaux de M. Brongniart , qu’il n’y a eu dans la grande série ter-
tiaire que deux formations marines , qui toutes deux ont dans le
bassin de Paris leurs types séparés par la formation gypseuse ,
M. Reboul a mis en rapport et identifié les différens étages des
bassins du midi avec ceux de la Seine - il a aussi dressé des ta-
bleaux comparatifs , principalement des genres propres à ces deux
formations, et il trouve entre eux certaines analogies numériques
que je ne vous rappellerai pas. Fondés sur l’examen des genres
seulement, ces rapports n’ont aucun poids dans la question, car
les genres sont une création artificielle , et l’on sait de plus en
plus qu’ils peuvent se rencontrer les mêmes dans les formations
les plus différentes. Dans la comparaison directe de ces bassins du
midi et de celui de la Seine le fait est si réel, que, malgré des rap-
ports génériques assez frappans , il n’y a pas la moindre analogie
entre les espèces • celles des bassins de l’Aude , de l’Hérault , des
Basses-Pyrénées , offrent un très grand nombre d’espèces analo-
gues ; elles ont , de plus , une foule d’identiques avec celles des
collines subapennines. Les ossemens des mammifères les plus
communs sont ceux de la période des mastodontes 5 rien de pareil
ne se voit dans le vieux et classique bassin de la Seine.
M. Tournai paraît partager entièrement l’opinion de M. Re-
boul; mais les descriptions de géographie géognostique données par
ces deux géologues d’une contrée qu’ils ont étudiée à fond , peu-
vent être fort utiles. Si les géologues ne s’accordent pas à voir
dans ces bassins les représentai et les contemporains de ceux du
nord de la France, la science profitera des nombreux gisemens
recueillis en dehors de toute idée hypothétique.
La solution de la question ne pouvant plus reposer que sur des
analogies , puisque la superposition directe aux terrains parisiens
est impossible à constater , tient beaucoup maintenant au carac-
tère zoologique , et nous devons attendre de vives lumières du
grand travail entrepris par M. Grateloup sur les fossiles du bas-
sin de Dax , et dont les dessins inédits encore sont d’une si grande
perfection. Le bassin de Dax n’est pas , il est vrai , complètement
DE LA SOCIÉTÉ EN I 85 1 . ‘2 7 ï
identique à celui de l’Aude et de l’Hérault, mais il s’en rapproche
beaucoup plus que celui de la Seine; il représente dans le midi
celui de la Loire, et les descriptions et les dessins de M. Grateloup
pourront éclairer plus d’une incertitude de détermination spécifi-
que existant encore à l’égard des coquilles fossiles de l’Hérault ,
malgré les utiles travaux de M. Marcel de Serres 9 et spécialement
sa géognosie des terrains tertiaires.
§ 20 bis. — M. de Beaumont propose aussi de diviser en trois
étages les terrains tertiaires, en se basant sur les débris des grands
mammifères qu’ils contiennent; chacun correspond à une pé-
riode de tranquillité intermédiaire entre deux époques de trou-
bles, et chaque génération paraît être détruite par une catas-
trophe. i. Jusqu’aux marnes supérieures au gypse; 2. Le grès de
Fontainebleau, le terrain d’eau douce supérieur, les faluns de
Touraine , les calcaires des Bouches-du-Rhône , les molasses de
Suisse et celle de Supergue ; 3. Le terrain de transport de la
Bresse , OEninghen , le grès d’Aix , le terrain marin supérieur de
Montpellier , les collines subapennines , la. Sicile et le crag de
Suffolk.
La première période comprendrait comme caractéristiques les
paléotlières; la seconde les mastodontes; la troisième les élé-
pbans. Ces trois périodes correspondraient assez avec celles éta-
blies par M. Deshayes sur l’examen des coquilles. Sans arriver à
un résultat identique, j’essayai, dans mon mémoire sur les ter-
rains tertiaires récens, de réunir le plus d’exemples que je pus
pour démontrer la réalité d’une grande période à mastodontes ,
hippopotames et rhinocéros, dont une partie des sédimens étaient
marins et littoraux, et l’autre lacustre et continentale. Ce fut
ce même caractère des os de mastodonte qui se réunit aux co
quilles et aux polypiers pour m’engager à soutenir , malgré
l’opinion imposante de M. Boue, que les conglomérats du Leitlia-
gcbirge n’étaient point de l’âge de la craie, mais des plus récens
terrains tertiaires contemporains des dépôts de la Loire. Ces
derniers, il est vrai , n’ont pas encore présenté d’éléphans; mais
les dépôts d’anciennes alluvions continentales du même bassin, qui
me semblent bien être contemporaines des dépôts marins de la
Loire , en contiennent en même temps que toutes les autres
grandes espèces qui sont dans les faluns, recouvertes de flustres et
de scrpules , circonstance tout-à-fait inconnue dans le terrain
marin , même supérieur, de la Seine.
S’il y a effectivement dans les dépôts marins ces trois périodes
de mammifères , elles doivent passer insensiblement de l’une à
RAPPORT SUR LES TRAVAUX
l’autre. En effet , dans les faluns de la Loire et dans le calcaire
moellon de Montpellier, des os de paléotlières sont encore réunis
aux os de mastodontes et d’hippopotames et dans le Plaisantin ,
il s’y ajoute des os d’éléphans. On cite même des brèches
fluviatiles ferrugineuses du Wurtemberg, où, sont mêlés les os de
ces trois périodes.
§ 2 i et 22. — Le bassin de Toulouse a été aussi le sujet d’une
opinion nouvelle , contraire a celle que la plupart des géologues
en avaient exprimée. On s’accordait à y reconnaître un terrain
de molasse tertiaire surmonté vers les bords par des calcaires
d’eau douce, auxquels le premier dépôt se hait par des alter-
nances; c’était une disposition assez analogue à celle observée
dans le grand bassin de la Gironde : dans celui-ci les sédimens
marins prédominaient, et dans le bassin de la Haute-Garonne
c’était au contraire les sédimens d’eau douce à l’état de marnes,
argiles ou calcaires , de sables , de graviers , de galets , de grès ,
d’argile presque entièrement dépourvue de fossiles.
M. Boubée a développé une opinion différente en vous pré-
sentant une coupe géologique du puits artésien creusé à Tou-
louse dans le cours de l’année dernière , jusqu’à une profondeur
de 4°o mètres , o5o pieds au-dessous du niveau de la mer. Selon
cet observateur, tout le système meuble de marnes et de graviers
découverts dans ce bassin par cette profonde excavation serait
effectivement d’eau douce; les fossiles, coquilles, poissons,
mammifères , la nature, la structure des couches, la présence de
certains minerais coïncident pour démontrer cette origine; mais
ce ne serait, selon M. Boubée, qu’une formation alluviale des
plus récentes déposée dans un grand lac creusé au milieu du
terrain tertiaire, par les débordemens des eaux pyrénéennes, et à
laquelle il propose de donner le nom de post-diluvium toulousain.
Il en a déterminé les principales limites , il l’a vu recouvert
par d’autres terrains d’ail uvion plus modernes, et limité vers
les bords par des collines de calcaires d’eau douce; mais c’est
précisément le contact du » terrain meuble et de ces derniers
calcaires qui doit laisser de l’incertitude sur l’isolement que
M. Boubée propose du dépôt central. En effet, si, vers quelques
unes de ses limites, à Àvi^nonet, par exemple, le système meuble,
graveleux, paraît s’appuyer obliquement sur les calcaires d’eau
douce, ceux-ci, de leur côté, reposent sur d’autres bancs de
grès , de sables, d’argiles , de pouddingues , de marnes à gypse,
dont l’ensemble forme une alternance de couches qu’il est diffi-
cile de ne pas rapprocher de celles du dépôt central de Toulouse
DE LA SOCIÉTÉ EN l83l. ‘2^3
et d’Agen , que M. Boubée propose d’en distinguer d’une façon
aussi positive.
Il n’en résulte pas moins des observations de M. Boubée, même
en n’en adoptant pas les conséquences théoriques , que les dépôts
d’alluvions ont pris un grand développement au pied des Pyré-
nées, au-dessus des terrains tertiaires deToulouse, et qu’ils remon-
tent très haut vers leur source dans plusieurs grandes vallées de
cette chaîne.
§ 23. — M. Boubée vous a aussi présenté plusieurs très belles
espèces fossiles de coquilles terrestres et d’eau douce provenant
d’un calcaire de la partie sud-est de ce même bassin. Ce sont
des bulimes, helices, cyclostomes, lymnées qui paraissent être des
espèces nouvelles, et que M. Boubée a nommés bul. lœvolongus ,
etmumia; cycl. elegantilites ; hel . lapicidites , serpentinites , ne-
moralites ; lymn. orelongo. Vous avez remarqué surtout le
B. lœvo-longus assez semblable aux clausilies et d’une longueur
de près de 5 pouces. Par leur grande taille, ces coquilles rappel-
lent une physionomie presque tropicale , comme les coquilles
marines de la plupart des terrains tertiaires inférieures et moyens,
dont les analogues vivans existent encore.
§ 24. — M. Morren a annoncé la découverte, près de Bruxelles,
de nouveaux ossemëns de batraciens et de salamandres , avec des
os de petits mammifères. Leur gisement est incertain; mais M. M01-
-ren les présume du calcaire grossier, comme ceux qu’il a précé-
demment découverts.
Le même géologue a retrouvé les nombreux fruits fossiles ca-
ractéristiques du calcaire grossier de Gand , et dont Burtin a plus
anciennement figuré une partie.
§ 25. — Quelque complète que puisse paraître la connais-
sance du bassin de la Seine , rendu si classique en Europe par
l’ouvrage de MM. Bronguiart et Cuvier, il n’est cependant point
d’année qu’une étude minutieuse des différentes couches de ce
bassin n’ajoute quelques observations de détail au vaste ensem-
ble de leur description ; et il reste encore plus d’une question im-
portante à résoudre ou à fixer : l’âge positif des lignites du nord, des
deux grands systèmes de grès de cette même partie du bassin , des
j calcaires d’eau douce du sud et de l’est , etc. La Société a eu , l’an
| dernier, huit communications qui touchent à une partie de ces
j questions.
! Dans une note sur la position géologique du calcaire de Brie ,
| et en particulier sur celui des environs de Champigny , JM. Du-
fresnoy vous a exposé qu’il considérait celui-ci comme intercalé
Soc. géol. Tom. II.
274 RAPPORT SUR LES TRAVAUX
entre le gypse et le grès marin supérieur , et comme étant le
dernier terme de la grande formation d’eau douce moyenne, ter-
rain dont on aperçoit des traces dans les petits lits calcaires à
coquilles d’eau douce , des marnes supérieures du gypse. Néan-
moins, M. Dufresnoy ne doute pas qu’une partie du calcaire de
la Brie ne soit plus ancienne, et ne corresponde aux silex de Saint-
Ouen ; mais non point les marnes magnésiennes de Coulommiers.
Selon ce géologue, la formation gypseuse serait un grand
amas subordonné au calcaire siliceux, formation d’eau douce
importante , soit calcaire, soit marneuse, soit gypseuse , com-
prise entre les deux formations marines de la Seine , et dont
les différent membres peuvent se remplacer l’un l’autre.
C’est une opinion sur laquelle M. C. Prévost a fortement insisté
dans sa théorie du bassin de Paris, du moins pour le parallélisme
du calcaire siliceux, du gypse, et du système supérieur du cal-
caire grossier.
M. Dufresnoy va plus loin en rapportant précisément à la par-
tie supérieure du système d’eau douce moyen le calcaire siliceux ,
que primitivement M. Brongniart avait mis en parallèle, et
comme placé bout à bout à l’égard du calcaire grossier, et que
plus tard il a considéré , avec M. d’Omalius , comme intercalé
entre cette dernière formation et le gypse , et dans le même étage
que celui-ci.
M Dufresnoy considérerait volontiers, ainsi queM. de Beaumont,
les terrains parisiens, comme partagés seulement en deux groupes,
dont la ligne de séparation serait le grès marin supérieur ; les assises
de chaque groupe se remplaçant ou prédominant souvent l’un sur
l’autre.
C’est évidemment à cette prédominance acquise en différens
points par chacun des systèmes subordonnés que tient la divergence
des opinions sur les relations des différentes parties du calcaire
grossier supérieur , du calcaire siliceux et de la formation gyp-
seuse. MM. Brongniart , Cordier , C. Prévost , de Beaumont , d’O-
malius , Underwood , Boubée , ont insisté sur la distinction ou le
groupement de ces différentes parties. Très rarement en Vôit-on
une série complète comme à Maffliers. Il y a passage évident ,
enchevêtrement , prédominance mutuelle. Les ossemens de pa-
léothérium du calcaire grossier de Nanterre ; les lignites fluvio-
marins du même étage de' Yaugirard • le sable à coquilles flu-
viatiles et marines deBeauchamps; les marnes marines intercalées
dans la masse inférieure du gypse j le calcaire compacte (cliquart),
tantôt dans le calcaire grossier, tantôt en rognons au-dessus du
I
DE LA SOCIÉTÉ EN 1 85 1 .
gypse , tantôt enfin isolé comme dans la Brie • les marnes vertes
supérieures à ce dernier dépôt , et contenant des crustacés mêlés
à des coquilles fluviatiles , comme les sables inférieurs , ce sont
autant d’exemples de ces passages zoologiques et de composition ,
qu’expliquent si bien les affluens fluviatiles au milieu d’un bassin
marin.
§ 26. — Une partie des terrdins tertiaires des environs de
Beauvais présentait une difficulté que la Société ne pouvait ré-
soudre, dans une course rapide, et dont la solution tient au
rapprochement d’un grand nombre de coupes prises sur différens
points du département. Je veux parler de l’âge des sables de
Bracheux , riches en fossiles marins particuliers , qui ne se retrou-
vent point dans d’autres strates du calcaire grossier.
M. Graves en a découvert plusieurs localités , toujours dans la
même sorte de gisement , en îlots au milieu de vallées , dont les
bords sont le plus souvent de calcaire grossier. Cette disposition
analogue à celle des lignites soissonais , et la présence dans les
deux terrains de Yostrœa hellovacina, ne peuvent-elles faire présu-
mer qu’ils ne s’enfoncent pas plus que les lignites sous la grande
masse calcaire ?
Ces sables coquilliers sont très différens du calcaire de Laversine,
dont nous parlerons plus loin , et qui semble plutôt de l’âge de la
craie.
Les autres couches tertiaires , observées par la Société aux
environs de Beauvais , sont au-dessus de la craie de bas en haut :
un sable vert avec cucullées , une marne brune avec traces de li-
gnites, avec coquilles fluviatiles et marines, et Je calcaire gros-
sier en lambeaux.
g 27. — La coupe ge'ognoslique du dép alternent de V Oise
que vous a présentée M. le vicomte Héricart Ferrand , traverse ce
département de l’est à l’ouest , sur une longueur de 122,000 met.
(26 à 27 lieues communes) entre Chezy en Orceois , sur les confins
du département de l’Aisne et Gournay-sur-Epte , vers le dépar-
tement de la Seine-Inférieure. Ce profil coupe huit vallées , dont
les différentes profondeurs laissent apercevoir les terrains sui-
vans, les plus récens sur les sommets de l’est et du centre, les
plus anciens vers la chaîne crayeuse de l’ouest. C’est aussi dans cette
dernière direction que la dénudation des vallées atteint les cou-
ches les plus anciennes, qui, de ce côté, forment les vallées les
plus profondes (celles de l’Oise à Creil et du Therrain) , ainsi que
les sommets les plus élevés du département ( le Vauroux , la
montagne Sainte-Geneviève, et le plateau d’entre l’Epte et
RAPPORT SUR LES TRAVAUX
276
l’Oise , dont le point culminant est à 268 mètres au Coudray
Sainte-Germer. Les vallées de Chézy et de Mareuil sont dans le
calcaire grossier; les nombreux yallons entre Mareuil et Creil ne
pénètrent pas au-dessous des sables ; la vallée de l’Oise à Creil mon-
tre l’argile plastique à sa base , et la rivière coule sur la craie ; celle
du Therrain montre la craie.
Les terrains signalés par M. Héricart F. sont donc :
i° Le terrain lacustre supérieur , composé d’argile, de silex et
de marnes. Ce terrain , au mont Epiloy , a été rapporté par un
autre membre de la Société, M. Robert , au terrain d’eau douce
moyen.
2° Un épais dépôt de sables et de grès que sa superposition
immédiate au calcaire grossier ne permet pas de rapporter in-
contestablement au grès supérieur à la formation gypseuse ,
plutôt qu’à ceux dépendant du calcaire grossier. M. H. F. re-
connaît deux systèmes; les grès marins supérieurs, et la grande
masse des sables et des grès d’Ermenonville , de Mortefontaine ,
qu’il identifie avec ceux de Fontainebleau. Les coquilles des grès
marins supérieurs sont toujours intactes; celles de la grande
masse de sables semblent avoir été roulées. Le dépôt de Levi-
gnan est rapporté par l’auteur aux sables supérieurs ^ tandis que
M. Graves et M. Robert y reconnaissent un troisième dépôt de
l’âge de Beauchamps. Nous verrons bientôt cette question plus
spécialement étudiée.
3° Vers l’extrémité orientale de la coupe et du département,
le gypse exploité dans des puits entre ces deux terrains fournit
un argumen t en faveur de la première opinion ; mais partout
ailleurs, la masse des sables et grès s’est montrée sans discontinuité
sur le calcaire grossier.
4° Le calcaire grossier offre quelques lambeaux de calcaire
siliceux , et des couches à milliolites et à nummulites.
5° U argile plastique qui s’arrête brusquement sur la rive
orientale du Therrain , où est sa plus grande épaisseur, présente à
Creil et à Mello , les coquilles marines et fluviatiles des argiles du
Soissonais.
6° La craie qui forme le fonds du bassin et qui le borde vers
l’ouest se montre seule, sur la rive occidentale duTherrain, où elle
atteint un niveau et une épaisseur de 236 mètres; elle continue
cette falaise presque verticale , cette chaîne de dunes crayeuses ,
si caractéristique de la partie occidentale du département de
l’Oise.
Les hapts plateaux crayeux du nord-est sont recouverts , à
DE LA SOCIETE EN 1 85 1 . 277
Gournay, d’une grande abondance de galets siliceux, que M. Ilé-
ricart rapporte au terrain diluvien, mais qui m’ont semblé , sur
plusieurs points où je les ai observés, représenter, quoiqu’à un
niveau bien différent, le pouddingue de V argile plastique que ce
géologue indique comme étant encore à trouver sur le trajet de sa
coupe.
70 Enfin , le terrain de sable vert et ferrugineux qui se montre
à jour dans la vallée de l’Epte , et s’étend ensuite vers le nord ;
mais cette coupe passe au sud de l’ilot soulevé du pays de
Bray.
Si l’on prolongeait ce profil géologique vers l’orient, à travers
le département de l’Aisne jusqu’à la craie de Champagne vers
Epernay , on verrait cette dernière formation se relever comme
à l’ouest , et constituer de même la falaise qui limite de toutes
parts le golfe septentrional du bassin tertiaire de la Seine.
g 28. — La question de l’âge des grès marins de Levignan , de
Nanteuil-le-IIaudouin , de Bregy , a été de nouveau examinée
par l’auteur du précédent mémoire. Ces grès, fort développés au
nord et au sud de la coupe qui vous a été présentée , dépendent-
ils du calcairfe grossier , et sont-ils analogues à ceux de Beau-
champs, comme le pensent MM. Graves et Robert , ou bien ap
partiennent-ils au grand système des sables supérieurs au gypse ,
ainsique l’avait primitivement énoncé M. Brongniart ? C’est à
cette dernière opinion que se range M. Héricart Ferrand.
Il continue de rapporter au terrain d’eau douce supérieur le
vaste dépôt de calcaire superficiel qui surmonte les grès marins
de Nanteuil , de Levignan , de Montepillois qui forme la plaine
de Dammartin , et que MM. Graves et Robert considèrent , au
contraire, comme de l’âge du calcaire de Saint-Ouen, et par
conséquent inférieur au gypse et au grès de Fontainebleau.
Dans le calcaire des carrières d’Ognes , reposant sur une grande
masse de sables et de grès, M. Graves avait reconnu le calcaire
d’eau douce moyen , et présumait que les grès des plus hauts
sommets lui étaient superposés; mais M. Héricart n’adopte point
non plus ce classement , remarquant que la grande masse de
sable inférieur au calcaire d’Ognes, qu’il identifie avec les grès
de Fontainebleau , ne laisse paraître le calcaire grossier qu’à une
assez grande distance, et à un niveau bien inférieur ; d’où il paraît
inférer que dans l’intervalle pourraient exister des représenta ns
du système d’eau douce moyeu. Si l’on adoptait l’âge moyen de
ces grès, iljfaudrait y rattacher plus de la moitié de la grande
formation des sables de la partie nord du bassin, que M. Bron
RAPPORT SUR LES TRAVAUX
278
gniart a classés dans la dernière formation marine, conséquence
que M. Héricart trouve inadmissible.
La question ne paraît pouvoir être décidée que par l’examen
des fossiles et par la comparaison de ces couches problématiques
avec celles qui occupent une place incontestable dans d’autres
parties du bassin.
Ne pourrait- on pas aussi concilier ces opinions divergentes , en
supposant d’une part, que tous ces calcaires d’eau douce n’occu-
pent pas le même niveau géologique, et d’autre part, que cet
ensemble de grès, de sables représente en réalité sur plusieurs
points les deux systèmes inférieur et supérieur au gypse , par
suite de l’absence du terrain intermédiaire, fait si fréquent dans
le bassin parisien ?
Les couches immédiatement superposées au calcaire grossier,
et dont les coquilles ressemblent à celles de Beauchamps, comme
Levignan et Nanteuil-le-Haudoin , dépendraient de cette der-
nière formation, dont la place est incontestablement fixée au
milieu du système fluvio-marin , compris entre le calcaire gros-
siér et le gypse. La grande masse de grès sans coquilles de Mor-
tefontaine et d’Ermenonville pourrait , au contraire , appartenir
au grès de Fontainebleau. Peut-être aussi en est-il à l’égard des
grès comme des calcaires siliceux?
§ 29. — M. La Joye vous a présenté les coupes de Lisy-sur -
Ourcq et de Sainte- Aulde près de La Ferté-sous-Jouarre , en
les accompagnant d’une série d’échantillons de roches et de fos-
siles de ces deux localités.
Toutes deux comprennent les systèmes moyen et supérieur du
calcaire grossier. Le dépôt principal àLisy, est une masse de
sables et de grès très riches en coquilles , entre deux couches de
calcaire à cérithes , dont le lit supérieur contient de nombreux
débris de pagures. Dans le grès se voient , comme à Valmon-
dois , des galets de calcaire grossier, percés de coquilles perfo-
rantes.
A Sainte- Aulde , la masse inférieure du calcaire grossier paraît
comprendre plus de couches ainsi que des alternances de marnes
et de silex ménilites ou cornés. La masse des sables et des grès
passe insensiblement au terrain d’eau douce moyen à cyclostoma
mumia.
§ 3o. — M. Deshayes a constaté que les lignites d'Épernay
reposaient entre la craie et des meulières qui recouvrent aussi le
calcaire grossier ; et il a été porté à conclure que ces lignites
étaient déposés parallèlement au calcaire grossier , qui , dans une
DE LA SOCIÉTÉ EN 1 83 1 . 279
localité voisine, à Dammerie , contient près de quatre cents espè-
ces de coquilles. 11 a vu près de Rheims le calcaire grossier et l’ar-
gile à lignites placés bout à bout, l’argile déposée dans des vallées
du calcaire grossier, et les deux formations recouvertes par des
meulières.
Les mélanges fluvio-marins de ce dépôt des lignites du nord-est
de la Seine avaient depuis long-temps fait naître des soupçons
sur leur prétendue contemporaineté de l’argile plastique. Lors-
que M. G. Prévost et moi nous parcourûmes, il y a cinq ans, la Pi-
cardie , le Soissonais et une partie de la Champagne , pour re-
connaître l’âge des lignites du bord septentrional du bassin de
Paris , dont le gisement d’Epernay est une dépendance , nous
restâmes à peu près convaincus que la plus grande partie, pour
ne pas dire le système entier, ne passait pas sous le calcaire gros-
sier inférieur , mais en remplissait les vallées et était appuyé sui-
des bords calcaires. Cette manière de voir, qui était alors en op-
position avec les idées généralement reçues, a été depuis for-
tifiée par la découverte d’ossemens de mammifères dans ces
lignites, et par la présence de ménalopsides analogues à des es
pèces encore vivantes, et du très petit nombre de coquilles ayant
leurs analogues, qui se trouvent dans les terrains tertiaires de l’âge
du bassin de Paris. Cette opinion que les lignites du Soissonais
appartiennent à une époque plus récente que l’argile plastique
paraît donc à peu près démontrée; elle a été adoptée par M. Bron-
gniart , et il ne reste plus qu’à déterminer leur position dans les
terrains supérieurs , recherche qui a retardé la publication du
travail dont nous avons réuni de nombreux matériaux et déposé
des échantillons dans les collections du Musée.
§ 3i. — M. Boubée a présenté à la Société les détails d’une
coupe prise dans les environs de Neauphle-le-Yieux. Les collines
de cette partie ouest du bassin lui ont montré dans une épaisseur
de plus de ioo pieds les couches suivantes de bas en haut. a. Cal.
Caire d’eau douce; b. Calcaire à milliolites et corbulcs ; c . Cal-
caire siliceux ; d. Marnes d’eau douce à cyclostoma mumia ; e.
Calcaire grossier avec nombreuses coquilles marines. C’est, comme
on voit , les systèmes moyen et supérieur du calcaire grossier , et
un nouvel exemple de cet état mixte fluvio-marin , compris entre
les parties inférieures de cette formation et le gypse. M. Boubée, qui
a adopté ce groupe antérieurement reconnu par plusieurs autres
géologues , insiste surtout pour ne point en confondre le cal-
caire d’eau douce avec le calcaire siliceux supérieur au gypse ,
dont il est question au § 2$. Les marnes dendritées, le cliquart,
RAPPORT SUR LES TRAVAUX
2S0
les grès de Beauchamps , le calcaire de Saint-Ouen font partie
de ce système, ainsi que plusieurs autres couches que j’ai précé-
demment rappelées.
§ 3a. — Deux puits forés l’an dernier, dans l’intérieur de
Paris , l’un rue de la Hoquette , dans le faubourg Saint -Antoine ,
sur la rive droite de la Seine, l’autre près du Jardin-des-Plantes ,
sur la rive gauche , ont bien montré les deux systèmes d’argile ;
l’argile plastique et l’argile de calcaire grossier. Le premier a
présenté jusqu’à la nappe d’eau ascendante qui a été atteinte à
i5o pieds, 3o pieds de sable, 3o pieds de marne, 48 pieds de
calcaire et de marne , 3o pieds d’argile pyriteuse , et au-dessous
enfin des sables verts et des grès.
Ces derniers lits étaient ceux du calcaire grossier inférieur, et
les 3o pieds d’argile pyriteuse, immédiatement supérieure , cor-
respondaient sans nul doute au système argileux à lignites du cal-
caire grossier moyen de la plaine de Vaugirard, mentionné dans
le paragraphe précédent.
Le second puits , qui n’a rencontré le niveau d’eau qu’à 4oo p.
de profondeur, a traversé, au-dessous des strates de l’autre puits,
l’argile inférieure au calcaire dans une épaisseur de 60 à 80 pieds $
c’est la plus grande épaisseur connue aux environs de Paris.
La prédominance du système d’argile plastique paraît avoir
eu lieu , en ce point , aux dépens du calcaire grossier, mais seule-
ment de ses bancs inférieurs.
IVe SÉRIE. — TERRAINS SECONDAIRES.
g 33. — Les transitions des grands terrains l’un à l’autre
sont l’un des objets les plus dignes d’examen. Ces dépôts inter-
médiaires peuvent jeter quelque jour sur la succession des êtres,
et sur l’importance variable des modifications apportées aux pé-
riodes organiques par les catastrophes successives que le globe a
subies.
Jusqu’ici , la limite de la craie et des terrains tertiaires avait
été considérée comme l’une des plus tranchées sous les deux
rapports géologique et organique , celle qui offrait l’une des in-
terruptions les plus brusques ; mais durant les deux dernières
années , la découverte d’un terrain très riche en coquilles d’ap-
parence tertiaire , dont le type est à Gosau , et dans quelques
autres localités du Salzbourg et des Alpes autrichiennes s’est
jointe à d’autres faits observés par M. Dufresnoy dans le midi de
la France , et au terrain plus anciennement connu de Maestricht ,
DE LA SOCIÉTÉ EN 1 85 ï . 28 î
pour faire naître l’idée d’un terrain tertiaire clc transition qui
comblerait cette lacune dans quelques bassins.
MM. Scdgwick etMurchison, guidés par les apparences tertiai-
res de la grande masse des fossiles de Gosau , et par la position
du dépôt au fond de vallées alpines, lui ont assigné cet âge inter-
médiaire. Ils distinguent dans les Alpes autrichiennes deux cal-
caires à nummuiites, l’un dépendant de la craie supérieure,
l’autre, plus nouveau, et constituant à Gosau et ailleurs le
groupe qu’ils ont nommé terrain tertiaire de transition. Dans le
dépôt de Gosau, particulièrement, ils semblent reconnaître aussi
deux systèmes ; l’un inférieur avec les fossiles de la craie roulés ,
hyppurites ,nérinés , gryphées (G. colombe) , et l’autre supérieur,
formé de marnes bleues avec coquilles tertiaires. Cette considéra-
tion des fossiles roulés, introduits d’un terrain plus ancien dans une
formation postérieure a été reproduite à la Société par plusieurs
membres. Elle doit jouer un grand rôle à presque toutes les épo-
ques géologiques ; mais il paraîtrait qu’à Gosau , les fossiles habi-
tuels de la craie sont pénétrés de la même pâte que les fossiles de
genres tertiaires , ce qui diminuerait la valeur de l’explication.
M. Boue , contrairement à l’opinion des deux géologues anglais,
a continué de rapporter à la partie inférieure du grès vert ( Mé-
moire sur divers gisemens intéressans de fossiles dans les Alpes
autrichiennes) l’ensemble du terrain de Gosau, et il vous a pré-
senté un grand nombre de coupes et de rapprochemens pour
établir l’intime liaison de ce terrain avec le grand système num*
mulitique des Carpathes et de la Dalmatie.
Relations de gisemens , parité de dépôts dans une vaste étendue
géographique, absence desédimens tertiaires dans les grandes val-
lées alpines plus récentes qUe ces mêmes terrains tertiaires, et analo-
gues à celle de Gosau, tels sont les principaux argumenssur lesquels
M. Boue s’est appuyé. Si la vallée transversale de Gosau offrait
des couches tertiaires de molasse analogues à celles déposées par
la grande mer qui a comblé les bassins au pied des Alpes orien-
tales, n’en retrouverait-on pas, dit-il, dans les 'autres grandes
vallées transversales? L’opinion de M. Boué s’accorde avec celles
de MM. Keferstein , Lill et de Munster. M. Boué a reconnu inti-
mement réunis aux coquilles d’apparence tertiaire de cette loca-
lité devenue célèbre un bien plus grand nombre d’espèces carac-
téristiques de la craie que n’en ont indiqué MM. Sedgwick et
Murcliison* il cite des inocérames, hamites, gryphées , trigonies ,
le pecten cjuinque costatus , etc. ; et ce qui est plus important en-
core , c’est que les espèces même dont l’état de calcination et le
RAPPORT SUR LES TRAVAUX
caractère générique semblaient le plus annoncer celles de la pé-
riode tertiaire en sont toutes différentes spécifiquement , d’après
l’examen de M. Deshayes. L’argument tiré des fossiles serait
donc ici bien moins fort que pour la craie du pied nord des Py-
rénées , où M. Dufresnoy a nommé des espèces identiquement
tertiaires.
On sait que dans des couclies incontestablement de l’âge du
grès vert et de la craie , et probablement dans les couches littora-
les , se trouvent des coquilles de genres assez nombreux, ordinai-
rement. considérés comme tertiaires. Je me souviens d’en avoir vu
à Bristol , dans la collection de M. Miller, si malheureusement
enlevé aux sciences , une série fort intéressante, provenant du
Green-Sand de Blackdown. M. Deshayes en possède aussi un
bon nombre de la Belgique, et j’en ai du Maine et du Perche,
dont la physionomie tertiaire est étonnante; mais toutes ces co-
quilles sont spécifiquement différentes de celles supérieures à la
craie. La question de Gosau est donc diversement soutenue par
des géologues également bons observateurs , et qui ont visité les
lieux à plusieurs reprises et en conscience : de quel côté est la
vérité?
§ 33 bis. — On a quelquefois présenté le terrain de Maestricht
comme un autre exemple du passage de la craie aux dépôts ter-
tiaires; les membres de la Société qui ont suivi les séances de
Beauvais ont observé au village de Laversine , près de cette
ville , un lambeau de calcaire coquillier d’apparence assez analo-
gue à la roche de Maestricht , et paraissant reposer, dans le fond
d’une vallée crayeuse, sur la craie à Belemnites. Quelques fossiles
ont semblé à plusieurs membres présenter des analogies avec ceux
des faluns, et on a été porté à en conclure certains rapports entre
ceux-ci et le dépôt de Maestricht et celui de Laversine , qui tous
deux cependant ont bien plus d’analogie avec le grand système
crayeux.
La similitude extérieure de la roche , c’est-à-dire un mode de
granulation commun aux dépôts littoraux de toutes les forma-
tions, avait déjà occasi'oné dans le Cotentin, dans la Loire et
en Autriche, des rapprochemens forcés entre certains strates
crayeux, et les couches tertiaires les plus récentes, que depuis
on a reconnus pour être tout-à-fait distincts. Le gisement de La-
versine reste donc un point des plus intéressans à observer , et la
fixation précise de son âge sera un nouveau service que la géo-
logie pourra devoir à M. Graves , qui l’a déjà fort enrichie par
de nombreuses et de précieuses découvertes de fossiles dans le dé-
partement de l’Oise.
DE LA SOCIÉTÉ EN 1 85 1. 285
§ 34* — Tandis que d’un côté on s’efforçait de retrancher
certaines couches de l’immense formation crayeuse, d’un autre ,
son domaine s’agrandissait aux dépens des terrains plus anciens ,
et vous vous souvenez , Messieurs , combien depuis peu d’années
le caractère seul de la superposition a acquis à son égard de pré-
dominance sur tous les autres.
Les roches les plus différentes de Y état crayeux , autrefois si
caractéristique de cette formation, des marbres compactes et cris-
tallins, des calcaires bitumineux, des calcaires oolithiques , des
grès , des pouddingues , les couches les plus tourmentées , les
plus élevées des Pyrénées et des Alpes y ont été successivement
introduits.
Nous venons de voir comment des fossiles , considérés jusque
là comme exclusivement propres aux terrains tertiaires , du
moins quant aux genres , ont cessé d’étre un obstacle à l’interca-
lation de certains dépôts dans cette même période crayeuse.
Vous vous rappelez par quel ensemble d’autres caractères tirés
du gisement, M. Dufresnoy fut conduit, l’an dernier, à rappor-
ter à cette période , des terrains du sud-ouest de la France et des
Pyrénées, que les caractères zoologiques semblaient le plus en
éloigner.
La présence de certaines substances minérales a pareillement
cessé d’être un obstacle aux classemens géologiques; les exemples
s’en sont multipliés rapidement , et vous en avez un des plus frap-
pans dans le nouveau Mémoire que M. Dufresnoy vous a lu sur
les mines de sel de Cardonne en Catalogne , mines que M.'Cordier
le premier a fait connaître géologiquement, il y a une vingtaine
d’années, Déjà M. D.,dans son travail surla craie des Pyrénées, avait
constaté l'existence d’amas puissans de gypse, accompagnés de
souffe, au milieu des terrains qu’un ensemble d’autres caractères
le portait à classer dans le groupe crayeux. C’est la même série
d’observations et de rapprochemens qui l’a d’abord conduit à y
rapporter l’étonnant dépôt salin de Cardonne.
Il l’a vu subordonné à un puissant système formé de couches
altcrnativesde grès, de pouddingues, deschistes micacés avec fucus,
de calcaire gris à liippurites , nmnmulites et milliolites, et même
de gypses sur plusieurs points. Une semblable association de roches
s’est présentée sur le versant septentrional des Pyrénées , dans le
voisinage, et comme sous 1 influence des ophites.
On pourrait désirer que l’intercalation du système salin au \
milieu du groupe de roches rapportées à la craie par M. Dufres- \
noy fut plus incontestablement établie ; mais l’auteur a déterminé 1
I
rapport sur les travaux
dans les couches ool, h, ques.tout-à-fait supérieures, au contact du
grand système de calcaire alpin récent représentant pour la plu
part des géologues le sable vert et la craie. Ce dernier terrah,
rnontie en Bavière Une certaine analogie pour les fossiles de
MnrDufrertiaUeS "** 7 r°CheS du Pied des Pyrénées, que
M- Dufi esnoy rapporte egalement à la craie.
Mais s. , comme il est très probable , le sel et le gypse ont été
généralement formés et introduits postérieurement fu dépôt de!
roches qu, les enveloppent, par la voie ignée , soit par sublimation
STZZT 8YPSeS ’ 7 Cémemati°n de calcai- pi™ an-
ciens , et par 1 évaporation de gaz acides , comme il s’en produit
nns dfr,éeS T* T ^ rinfluence de volc™ sous-ma-
' f \ ^ Corinthe, de Santorin et ailleurs cette
introduction peut s’ être manifestée à plusieurs époques, ou bien
dans le meme temps , s’ être arrêtée a différens étages. C’est ainsi
que les dépôts salifères habituels au g ü bigarré et au Lper- I
et des C ^ fr8 6 13 v 16 Sel Ct 16 6ypSe deS Alpes autrichiennes
dans mm d '- “f 1 °°?itIle SUPérieure et le Green-Sand, ou
;rm dCri;leie formatl0n elle-même; le gypse et le soufre de
fetngM BnS ra î:,Se!°n M’ P"SCh’ ^ -1 tertiaire,’
selon M. Boue; le sel de la Catalogne dans la 'craie ou dans lés
ZlZl CdUi de Wi6lista et ^ la Transylvanie dans les
= ^atres, pourrait n’être pas contemporains des roches
auxquelles ils paraissent subordonnés.
de^T^emm^f ^ *7 1>âf d6S dépÔtS de «yPse, de soufre et
de sel gemme, dans quelque formation qu’ils semblent intercalés,
DE LA SOCIÉTÉ EN 1 85 1 . 285
quand ils ne sont point en bancs réguliers , mais en amas-, ou dans
des crevasses, dans des vallées , gisement le plus habituel, s’est re-
présen tée à tous les observateurs, et dans presque toutes les contrées
étudiées. Ce fut, il y a peu d’années, et c’est encore une question
des plus controversées relativement aux gisemens de gypse des
Apennins. Par une circonstance très remarquable, dans cette con-
trée comme dans les Pyrénées, l’incertitude est entre ‘la période
crayeuse et les terrains tertiaires. Ëxisterait-il en effet quelque
coïncidence entre l’une des plus abondantes expansions de matières
gazeuses et le changement d’organisation et la forte lacune qui
sépare ces deux grandes périodes ?
g 35. — Le Pecten salinarius (Schlott) des Alpes , qui avait
déjà fourni à M. Brown la distinction de deux genres, Monotis
et Halobia , contient un assez grand nombre d’espèces auxquelles
M. de Munster en a récemment ajouté deux nouvelles apparte-
nant au premier. Les espèces de ces deux genres se rapportent
à des formations secondaires différentes , au grès vert et au
calcaire jurassique. Deux espèces , M. Inœquivalvis et H. Sa-
linaria , sont exclusivement dans le calcaire ammonitifère du
Salzbourg et de l’Autriche , auquel paraissent subordonnés les
amas salifères des Alpes orientales. M. Boué vous les a commu-
niquées.
M. le comte Munster vous a écrit avoir trouvé ces memes co-
quilles formant une lumaclielle entre le grès vert et le calcaire
jurassique supérieur, près de Ratisbonne; ce qui peut jeter un
nouveau jour sur l’âge des gypses salifères de cette partie des
Alpes, que MM. Boué, Sedgwick et Murchison , paraissent s’ac-
corder à classer dans le grès vert inférieur, ou vers le contact de
cette formation et du calcaire jurassique.
g 36. — Dans son travail sur la position géologique des prin-
cipales mines de fer , de la partie orientale des Pyrénées , M. Du-
fresnoy a encore montré l’un des plus curieux exemples de la for-
mation de certains minerais , et de l’altération de sédimens par
la voie ignée , en même temps que l’apparition assez moderne
de roches granitiques.
Ces mines , extrêmement abondantes et depuis long-temps ex-
ploitées , forment une espèce de zone circulaire de 8,000 toises de
diamètre, autour du Canigou, et une série de bandes ou d’amas
au contact de roches cristallines (gneiss et granités), et d’un cal-
caire noir saccarin. Le minerai se trouve également dans le cal-
caire et dans le granité.
Mais dans la vallée de la Gly , le calcaire au contact duque
RAPPORT SUR LES TRAVAUX
sS6
s’est pareillement trouvé le minerai , et qui présente la même
apparence cristalline, dépend de la grande formation crayeuse
des Pyrénées si étonnamment modifiée par l’action ignée et le
redresserfient des couches. Au même système, M. Dufresnoy rap-
porte la mine de Rancée, dans l’Arriége.
M. Dufresnov a soigneusement décrit les divers modes d’alté-
rations , et surtout la dolomisation que ces roches ignées ont fait
subir, à différentes distances, aux calcaires, soit de l’époque de
la craie , soit d’époque antérieure , ainsi que les entrelacemens de
filets feldspathiques et métalliques dans le calcaire.
Il en a conclu que l’âge de ces mines est en rapport intime
avec le soulèvement de la chaîne granitique , et par conséquent
bien plus ancien que la formation des gypses et du sel pro-
duits par la même voie, mais dus à l’éruption des ophiolites.
C’est un nouveau pas dans la théorie huitonienne ; les faits à l’ap-
pui de la cémentation de certaines roches et de la production
de métaux par la voie ignée se multiplient tous les jours.
Les mines de fer des Pyrénées offrent des faits analogues au
gisement des mines de fer du Bannat , produits de sublimation
ignée , entre la syénite et les calcaires , qui semblent pareil-
lement altérés par les vapeurs acides. On sait aussi que certaines
substances minérales, la baryte sulfatée, le plomb sulfuré, etc. ,
fréquentes au contact de roches cristallines et de sédimens secon-
daires, pénètrent également les deux sortes de dépôts, de même que
les substances métalliques de la plupart des filons, qui s’insinuent
en réseaux infinis dans les strates formant les parois.
§ 3^ et 38. — Dans une Notice sur les Alpes bernoises , M. de
Studer, qui a appliqué depuis nombre d’années à l’étude des ter-
rains secondaires de la Suisse, l’excellent esprit d’observation avec
lequel il en a décrit les terrains tertiaires, vous a fait connaître l’âge
des calcaires de la chaîne alpine entre la Dent de Morde et la Jung-
frau. Ce sont toujours , comme dans les autres parties des Alpes
calcaires , différens systèmes de la formation jurassique , dont les
fossiles examinés par M. Woltz montrent beaucoup d’analogie
soit avec ceux du troisième étage, le calcaire Portlandien de
Besançon , soit avec ceux du calcaire jurassique du Wurtemberg,
soit avec ceux du lias de Normandie; ce sont en outre les assises
inférieures de la craie , terrain qui prédomine presque exclusi-
vement , surtout à l’est du lac de Thoun j usqu’au Rhin.
Les calcaires des Alpes , comme ceux des grands bassins secon-
daires , ne présentent point de systèmes long-temps continus ,
mais une succession de groupes successivement prédominans aux
DE LA SOCIÉTÉ EN 1 83 1 . 287
dépens l’un de l’autre. L’ignorance de ce fait et la recherche
d’une conformité qui n’est point dans la nature paraissent à
M. de Studer avoir contribué à la confusion qui a si long-temps
régné sur ce terrain. C’est à l’étage jurassique moyen que ce
géologue rapporte le calcaire du Stockhorn et des Voirons, et au
Kimmeridgeclay la houille de Boltigen.
Mais un fait bien plus piquant , et dont M. de Studer, après
M.Hugi,vousa confirmé l’existence, est celui de l’entrelacement,
de l’alternance plusieurs fois répétée, et de l’enfoncement en forme
de coin au milieu du gneiss , d’amas épais de 4 à 5oo pieds d’un
calcaire à Bélemnites analogue, par ses autres fossiles, au lias, ou
aux assises jurassiques inférieures. C’est surtout dans le vallon de
Rpththal, sur la pente occidentale de la Jungfrau et dans la vallée
d’Urback , près Grindelwald , que s’est montré en grand ce nou-
veau témoignage du soulèvement des couches alpines secondaires,
par l’éruption des roches cristallines , comme la géologie en pos-
sède déjà plusieurs, mais la plupart sur de moins grandes échelles.
On ne connaît de comparable, pour l’étendue du phénomène
et pour la précision des détails, que celui constaté en 1829 par
M. E. de Beaumont, dans les montagnes de l’Oisans en Dauphiné,
sur le redressement de bancs énormes de calcaires de l’âge, de la
craie, et du terrain jurassique par des granités qui les recouvrent,
et sont entrelacés avec eux d’une façon tout-à-fait analogue, et
même encore plus en grand.
C’est dans cet intéressant mémoire inséré au tome Y des Mé-
moires de la Société d’Histoire naturelle de Paris , qui n’a point
encore été livré au public , que M. E. de Beaumont a exposé les
rapports de forme et de formation qu’il conçoit entre certaines
montagnes de la Lune, et des sommets granitiques se présentant
en crêtes circulaires autour d’un centre creux , disposition ana-
logue, dans les anciens terrains de cristallisation, aux cratères de
soulèvement , plus modernes, de M. de Bucli.
M. Necker de Saussure a récemment aussi observé dans la Va-
lorsine l’injection du granité dans les couches secondaires.
Les gneiss viennent donc se joindre aux granités , aux syénitcs,
aux porphyres pyroxéniques, aux porphyres rouges et verts , aux
serpentines, aux euphotides, aux ophites, comme a gens de re-
dressement des couches, postérieurement aux terrains secondaires
même les plus modernes.
§ 3q. — Un fait géologique relatif aux terrains secondaires,
qu’on avait cru se rattacher aussi cà cette théorie des soulèvemens
du sol , est Y ilôt jurassique du pays de B ray, bordé et dominé de
2®® RAPPORT SUR LES TRAVAUX
toutes parts par des collines crayeuses dont les couches semblent
avoir ete relevées circulairement en sens divers par le bombe-
ment du terrain central. L’examen de cette petite région natu-
relle a ete 1 un des objets qui ait le plus fixé l’attention de la so-
ciete durant la course de Beauvais.
On a très bien reconnu les étages suivans : la craie blanche
et la glaucome crayeuse des falaises de la bordure; 2» le sable
ferrugineux accompagné à’ argiles long-temps confondues avec
1 argile plasüque, et qui forment la vallée de Bray proprement
dite; 3 un autre etage de grès et de sables verts semblables à ceux
qui , dans 1 île de Wight , alternent avec les sables ferrugineux
;° f terrain jurassique, formé de l’argile weldienne
1 eWealdday) et des lumachelles à gryphées virgules si carac-
tenstiques du système jurassique supérieur.
ra H*?. p6 ,V°S ;“Cml:''CS le,s Plus distingués , qui , des premiers , a
.appelé I attention des géologues vers les puissans et nombreux
effets de 1 action ignee a l’intérieur de la terre, mais sous un point
de vue different de la theone des soulèvemens de montagnes en
masses M. Cordier a exprime l’opinion que le pays de Bray n’était
probablement pas l’axe central d’un soulèvement qui aurait re-
dresse tout autour les falaises crayeuses qui bordent cette dénu
Le peu d’inclinaison de toutes ces couches lui a fait penser
quel es étaient dans leur position originaire, et qu’elles avaient
pu etre ams. déposées sur les pentes d’un sommet préexistant.
Une opinion differente était appuyée par les différons sens d'in-
clinaison de couches argileuses et sableuses, inclinaison qui atteint
jusqu a vingt pieds autour du mamelon jurassique , et par l’exis-
tence d un phenomene a peu près analogue dans les Laids du
kÜais hlre SUl k C°te °PP°Sée de rAnSIeterre et dans le Bou-
§ 4o. - Le terrain jurassique de la Charente-Inférieure ré-
cemment étudié par M. Bertrand Geslin , ne lui a pas présenté Ls
différons étages distingues par M. Dufresnoy, mais seulement le
système moyen dont La Rochelle serait le type. M. Bertrand Ges!
hn n a pu reconnaître d’argile ( V argile d’ Oxford) intermédiaire
aloolitheinfeneureet à l’oolithe moyenne; il partage en cela
1 opinion de MM. de Cressac et Manès, qui ont décrit ce. te
postérieurement à M, Dufresnoy. M. Roulland a remarqué'^
les couches oohthiques a nérinées dp pp ^ ^ue
généralement à la craie , alternaient avec l^lum^!^
giles a gryphees virgules. Seraient-elles donc plutôt une dépen-
DE LA SOCIÉTÉ EN 1 83 1 . 289
dance du système oolithique supérieur?
§ 4° frfr* — C’est au calcaire jurassique moyen du même pays
qu’appartiennent des fossiles singuliers , sur lesquels M. Fleuriau
de Bellevue a fixé l’attention de la société. Ces corps , qui sem-
blent , au premier coup d’œil , avoir appartenu à des alcyons ou
à des éponges , consistent en tiges et en rameaux très anastomosés,
très flexueux , se terminant à l’une des extrémités en massues
alongées , comme Y alcy onium tulipa du Green-Sand. Ils compo-
sent , aux environs de La Rochelle , une couche de près d’un pied
d’épaisseur, sur une étendue de 7 à 800 mètres , intercalée au
milieu de l’oolithe moyenne. Ces fossiles, qui ne montrent pas à
l’intérieur la moindre structure organique , ont rappelé la pré-
sence en d’autres localités de fossiles d’une forme extérieure assez
analogue. Les uns sont de véritables polypiers de l’ordre des
alcyonnées (les paramoudra , les caricoïdes , les halliroé , etc.) ;
les autres sont probablement d’épais fucus, et c’est à cette der-
nière classe que m’ont paru ressembler davantage les corps dé-
couverts à La Rochelle.
§ 41- — C’est en partie à la formation crayeuse et en partie à
la grande formation jurassique que se rapportent les observa-
tions, aussi neuves qu’intéressantes, que M. Botta fils vous a
adressées sur la structure géognos tique du Liban et de V Anti-
Liban , accompagnées d’une nombreuse série d’échantillons de
roches et de fossiles. En voici les principaux résultats :
Cette chaîne court à peu près N .-S. ; le Liban et le Sannine en
sont les deux plus hauts sommets ; les pentes sont très rapides, et
forment presque une muraille de 4 à 5 lieues de largeur. La di-
rection des couches est N-.N.-E. S. -S. -O., presque parallèles à la
chaîne. Leur inclinaison est à l’O.-N.-O., à peu près dans le sens
des pentes et jusqu’à la verticale; tandis que les strates du sommet
sont restés à peu près horizontaux. Voilà bien un exemple de sou-
lèvement et de redressement de couches réunis.
Ces montagnes se composent de trois différens terrains , qu’un
ensemble de caractères zoologiques et géologiques permet de rap-
porter aux trois formations suivantes :
i° Calcaire jurassique supérieur, à nérinées ;
a° i Grès ferrugineux et grès vert;
3° Calcaire crétacé , à sphérulites et à gryphées voisiiies de
celles du Salève.
Leur ensemble rappelle en grand le terrain crétacé des Bou-
ches-du-Rhône et du Périgord.
L’auteur décrit trois principales coupes de cette chaîne , celle
Soc. géoL Xom. II. 19
2 gO RAPPORT SUR LES TRAVAUX
de la vallée du fleuve du Chien , celle du mont Sannine et cefle
du mont Liban proprement dit. Dans toutes trois on retrouve la
même succession de couches , à de légères nuances près, c’est-à-
dire un terrain de sable et grès ferrugineux entre deux puissans
systèmes calcaires, avec silex, fossiles nombreux et cavernes, dont
quelques unes à ossemens. C’est dans des couches schisteuses du
calcaire supérieur à sphérulitès que sont les gisemens de poissons
depuis long-temps connus des naturalistes. Le plus important ,
celui d’Hakel, est à une très grande élévation au-dessus de la
mer ; celui de Sahel-Aalma n’est qu’à 3oo pieds : il appartient aux
couches inférieures du même groupe , mais les espèces paraissent
être toutes différentes, ainsi que les circonstances de leur gise-
ment. Le terrain sableux contient des mines de fer et des lignites
exploités ; à la surface on rencontre , dans une seule localité , du
porphyre pyroxénique en boules au milieu d'une espèce de
wacke. Sur toute la côte de Syrie, depuis Beyrout jusqu’à Tri-
poli , on trouve de distance en distance des aggrégats coquilliers
de formation récente , qui se durcissent à l’air , comme on l’a si
long-temps prétendu de ceux de Messine et de la presqu’île
d’Aboukir, en Egypte.
La chaîne calcaire du Liban montre des traces de violens bou-
leversemens; les assises supérieures semblent avoir été soulevées et
s’être fait jour à travers les autres, qui se seraient écartées , re-
dressées en sens contraire. Le soulèvement ou le brisement des
couches semble avoir eu lieu suivant une ligne parallèle à la
chaîne , mais un peu à l’ouest de son axe.
Ce Mémoire, dont nous devons désirer la publication daps le
premier volume de nos Mémoires, confirme et augmente les con-
naissances que l’on avait déjà de la Syrie et de la Palestine , où
l’on avait surtout décrit des calcaires secondaires et des roches
volcaniques.
§ 4.2 , 4^ ? 44 5 4$- — Les nombreuses observations que nous a
communiquées M. de Munster, de Bayreuth, sur les ammonées, les
nautilacées, les bélemnites et les nummulites, sont presque toutes
relatives à des fossiles de terrains secondaires , dont ses collections
sont si riches.
§ 42. - Ammonées. — M. de Munster a distingué trois groupes
dans la famille des ammonées , dont les différences organiques coïn-
cident, avec des différences de gisemens , depuis les terrains les plus
anciens jusqu’à la craie inclusivement : les ammonées des terrains
de transition, celles du muschelkttlk et celles des calcaires secon-
daires récens . Il n’en reconnaît point au-dessus de la craie , non
plus qu’aucun autre géologue. Chacun des types caractérise un
DE LA. SOCIETE EN 1 83 ï . 29 1
grand système de couches; ces types principaux sont les mêmes
que ceux de MM. de Buch et de Haan.
Quoique M. de Munster n’ait établi ses résultats que sur les
fossiles d’Allemagne , il est facile de reconnaître qu’ils s’appli-
quent également à ceux de France, d’Angleterre, de Suède , et
même aux terrains de transition de l’Amérique septentrionale.
i°Les ammonites des terrains de transition appartiennent à des
genres particuliers, les 'goniatit.es et les cératites de M. de Haan ,
très distincts des ammonites proprement dites. Elles forment pas-
sage aux nautiles ; leurs loges et leurs selles sont entièrement lisses .
L’auteur en Connaît dix-neuf espèces, provenant , la plupart, des
parties les plus anciennes du terrain de transition (du calcaire
marbre de Bayreuth); elles sont beaucoup plus rares dans les
couches plus' récentes , le calcaire de l’Eiffel par exemple.
On ne voit jamais dans ce terrain d’espèces à lobes déchiquetés,
caractère des espèces plus modernes.
2°. Les ammonées du muschelkalk , des marnes irisées , et du
keuper , terrains dont , à raison des fossiles, M. de Munster ne fait
qu’un groupe, ont les lobes seulement dentelés et les selles lisses .
Ce caractère est si saillant, et ces espèces sont si particulières au
muschelkalk , qu’un fragment a souvent suffi pour en reconnaître
l’âge, vérifié ensuite par la superposition directe. L’auteur en
connaît quatre espèces.
3° Vient enfin la grande famille des véritables ammonites à
lobes et à selles également déchiquetées , et qui se trouvent dans
tous les systèmes, depuis le lias jusqu’à la craie. Le nombre en est
prodigieux , et M. de Munster pense , ainsi que MM. de Buch , de
Haan , et la plupart des zoologistes-géologues qui les ont étudiées,
que la forme et Je nombre des décliiquctures , la position, le dia-
mètre du syphon , permettront d’y reconnaître des sous-familles,
/qui caractérisent probablement autant de terrains.
A cette division , l’auteur rapporte les orbulites, les baculites,
les hamites, les scaphites et les turri 1 i tes , genres qui caractérisent
également l’ensemble des formation^ secondaires supérieures au
muschelkalk, jusqu’à la craie inclusivement.
§ 43. Nautilackks. — Les naiitilacées droites , ou orthocèresy
paraissent à M . de Munster exclusivement propres aux terrains in-
termédiaires. C’est-, vous vous en souvenez, messieurs,* la solution
de cette question, qui a valu à la Société les premières commu-
nications de ce savant. On peut cependant encore lui opposer
deux Objections : l’une est l’existence d’une très petite 01 thocère,
que M. de la Bêche a figurée comme provenant du lias de Lime-
RAPPORT SUR LES TRAVAUX
*92
Regis et une autre petite espèce d’orthocère, qui a été présentée
par M. Boue, comme provenant du calcaire salifère du Salzbourg,
de l’âge du grès vert. Mais il serait possible, de l’aveu même de
l'auteur de cette dernière découverte , qu’il existât sur ce point
un petit relèvement de calcaire intermédiaire; et quanta l’autre,
son extrême ressemblance avec Y orthoceratites gracilis figurée
par Blumenbach et reconnue dans des schistes de transition ,
permettraitde supposer qu’un fragment schisteux intermédiaire se
serait glissé dans des collections de fossiles du terrain auquelM.de
la Bêche la rapporte.
La grande masse des orthocères , dont M. de Munster compte
plus de trente^ espèces , la plupart des couches de transition les
plus anciennes, offre toujours l’un des fossiles les plus caractéris-
tiques de ces terrains. Cet observateur a remarqué qu’elles sont
bien plus rares dans le calcaire de montagne, ou calcaire de transi-
tion plus récent ; elles sont très rares dans les schistes et les
grauwackes.
M. de Munster a réfuté quelques citations fausses ou douteuses
d’orthocères dans des terrains comparativement nouveaux , et il
ne doute pas que ces fossiles , comme beaucoup d’autres , n’aient
pu y être introduits fossiles déjà, comme l’auraient été des galets
inorganiques : ce ne sont le plus souvent que des alvéoles de
grandes bélemnites.
Les nautiles proprement dits sont les seuls céphalopodes à
syphon qui se retrouvent dans tous les terrains, depuis les cal-
caires intermédiaires les plus anciens jusqu’à la nature actuelle.
Il est vrai que les nautiles de transition montrent bien le carac-
tère particulier d’avoir toutes les cloisons concaves , à bord non
courbé , et une partie à syphon à peine visible.
L’auteur distingue deux groupes de ces nautiles de transition ,
dont il n’a point retrouvé les espèces dans d’autres terrains.
Les deux espèces de nautiles , communs dans le muschelkalk ,
forment le passage des groupes du terrain de transition à ceux des
terrains secondaires.
L’auteur divise encore en deux groupes les nautiles apparte-
nant aux terrains postérieurs au muschelkalk , jusqu’aux ter-
rains tertiaires inclusivement.
i° Ceux avec des cloisons à bords simples, sans lobes et non
fortement courbés. Ce sont les vrais nautiles; ils se retrouvent en
toutes les formations.
•2° Ceux avec des cloisons dont le bord offre des anfractuosités
sondulées et fortement courbées (Aganides de Montfprt). Ils ne peu-
DE LA. SOCIÉTÉ EN 1 83 1 . 2q5
vent être caractéristiques de formations ; car l’auteur les connaît
également et dans les oolithes et dans les dépôts tertiaires.
g 44* Bélemnites. — M. de Munster a confirmé, pour les
terrains secondaires de l’Allemagne, les résultats de MM. de
Blainville et Miller pour la France et l’Angleterre , savoir, qu’il
n’existe point de bélemnites dans les terrains de transition ; que
ces fossiles commencent au lias , et ne s’élèvent pas au-dessus de
la craie : il n’en connaissait point dans le muschelkalk, et a com-
battu les observations contraires.
Cependant M. Woîtz, qui a rendu tant d’autres services à la
science, vous a fait connaître que le muschelkalk de Marback
avait présenté à M. d’Althaus une alvéole de ce fossile, mais sans
traces de gaîne : toutefois, il ne doute pas qu’on n’ait trouvé des
bélemnites, si non dans le muschelkalk même , du moins dans des
couches à peu près contemporaines , dans les marnes du Keuper.
M. de Munster a adopté, d’après M. de Blainville, pour carac-
tère distinctif de ces fossiles, et pour leur distribution par forma-
tions, la fente ou la gouttière de leur base et de leur sommet. Les
plus anciennes, celles du lias n’en ont point à la base , mais elles
en ont jusqu’à trois, fort courtes, à la pointe. Les bélemnites des
oolithes supérieures ont à la base une gouttière qui ne dépasse ja»
mais la moitié du fourreau ; celles de la craie ont à la base cette
gouttière courte et large si caractéristique, qu’elle s’est retrouvée
dans les bélemnites de la craie de tous les pays , depuis Mcudon
jusqu’en Scanie.
M. de Munster a présenté d’autres distinctions des bélemnites
plus ou moins en rapport avec celles admises par MM. de Blain-
ville, Woltz et Miller • mais son travail, étant sur le point d’être
publié en français, avec les dessins, on y pourra trouver des dé-
tails qui ne furent pas suffisamment saisis lors d’une première
communication à la Société.
g 45. INTummulites — Tous devez encore à M. de Munster
quelques observations sur les nummuutes. Il n’en connaît point
dans la craie , ni dans le sol tertiaire de la Bavière, les deux ter-
rains qui en contiennent le plus , et presque exclusivement . dans
d’autres contrées , particulièrement les calcaires secondaires de
l’Istric, des Alpes et des Pyrénées. M. de Munster a toutefois re-
cueilli plusieurs centaines d’espèces d’autres céphalopodes foi ami-
nés dans les terrains tertiaires de l’Allemagne. Il a aussi reconnu
des nummulites dans les Alpes bavaroises entre la craie et les ter-
rains secondaires; mais non point dans le muchelkalk du même
pays, ni dans la craie de Maestriclit, comme on l’a répété.
RAPPORT SUR LES TRAVAUX
*94
Nous avons déjà vu que MM. Sedgwick et Murchison ont dis-
tingué dans la même contrée deux sy stèmes à nummulites, l’un de
l’âge de la craie et du green-sand ; l’autre comprenant les couches
qu’ils ont nommées tertiaires de transition. Viendrait un troisième
grand système, celui du calcaire grossier , inférieur aux plus an-
ciens terrains tertiaires; puis enfin un quatrième , des calcaires
tertiaires récens, ou quaternaires, de ces conglomérats à polypiers
du Leithagebirge , où les nummulites paraissent également très
abondantes : mais pour établir ces systèmes nummulitiques qu’on
peut, ce me semble , déjà distinguer, une bonne monographie de
ce genre si difficile serait bien désirable. Un géologue anglais du
plus grand mérite , M. Lonsdale , conservateur actuel des collec-
tions de la Société géologique de Londres, a commencé à s’en oc-
cuper, et il est parvenu à distinguer déjà quatre ou cinq espèces
dans celles des Alpes autrichiennes seulement.-
§ 4^. — Les coquilles de l’ordre des Rudistes ont été l’objet
d’opinions et d’un classement très divers. M. Lamarck lésa placées
dans les cloisonnées ; M. de Blainville dans les multigaines ; M. Des-
moulins en fit aussi des corps voisins des balanes, supposant le
birostre déposé dans une matière cartilagineuse.
M. Desliayes en a fait des coquilles bivalves, qu’il place entre
les chahve-s et les ostraçées ,.,et ne voit plus, dans la plupart des
Icthiosarcoîites , que la partie corticale des coquilles, le test
intérieur ayant été détruit comme il l’a démontré pour d’autrës
coquilles du groupe des spondyles. Pour lui , le birostre n’est que
le moule intérieur, et les deux cavités du test persistant sont les
tubes d’insertion des crochets de la valve supérieure.
M. Roullaiid , à ans les observations qu’il vous a présentées,
propose la suppression du genre ichly osar colite , prétendant
qu’on a fait un double emploi du birostre des hippuritese t des sphé-
rulites tubuliformes pour former les iclityosarcolites. Il reconnaît
le syphon marginal double comme caractéristique des sphéru-
lites , syphon n’existant pas dans les hippurites , qui ont, au
contraire, à la valve inférieure, deux arêtes doubles à gauche
de la carène. Les caprines même de M. Dorbigny pourraient bien
en partie , selon M. Roulland, n’être que des hippurites , auxquelles
il réunit aussi le genre sphérulite.
§ 4*7 - — Le même observateur a confirmé la découverte faite
depuis plusieurs années, par MM. Dufresnoy, de Cressac et
Manès, de milliolites dans les couches oolithiques à nerinées de
la craie de Saintonge et d’autres provinces méridionales,* mais
ayant étudié au microscope des échantillons de ces roches de la
DE LA SOCIÉTÉ EN 1 85 1 . 2 96
Charente, il a reconnu que la plupart des plus petits grains d’oo-
lithe dont elles sont formées étaient de véritables alvéolites,
des melonies et d’autres coquilles multiloculaires, long-temp s
regardées comme postérieures à la craie.
§ 48 et 49- — L’intéressante découverte faite par M. Buc-
kland de fœces fossiles d’animaux de toutes les classes , enfou i s
dans presque toutes les formations , et auxquels il a donné le nom
commun de coprolites , fut des plus rapidement généralisées, quo i
que des plus neuves.
La belle collection de ces corps , que la société a reçue de
M. Buckland lui-même , a été l’occasion de doutes exprimés par
deux de vos membres , non sur la généralité de la curieuse obseï -
vation de M. Buckland , qui les considère essentiellement comme
les fœces des animaux dont on trouve les débris dans les mêmes
couches, mais, sur l’origine de quelques uns d’entre eux. M. de
Blainville remarquant que les matières fécales des reptiles se trou-
vent dans un cloaque sans disposition en spirale, en conclut que
les coprolites du lias n’ont pu appartenir aux Mégalosaures ni
aux Plésiosaures, et qu’à tort on les avait comparés à des moules
pris dans le rectum de la raie disposé au contraire en valvules
spiriformes. M. de Blainville ne nie point toutefois qu’on ne
puisse trouver des coprolites de reptiles, aussi bien qu’il reconnaît,
avec M. Buckland, la réalité et l’intérêt de cette découverte pour
les fœces d’animaux d’autres classes (mammifères, poissons, etc.).
M. Boubée a émis l’opinion que les coprolites pourraient bien
n’être souvent que des moules d’intestins , puisqu’ils en présen-
tent si exactement la forme , la matière pierreuse ayant pu s’y
introduire après la mort de l’animal, gonfler l’intestin, et s’y pé-
trifier avec la matière animale elle-même.
§ 5o. — Les poissons fossiles sont plus habituellement repré-
sentés dans la formation crayeuse de la France par des écailles
disséminées que par des squelettes.
M. Clément Mullet vous a présenté de la craie des environs de
Troie un squelette bien conservé qui se rapproche du genre Zéa.
Cette espèce paraît assez analogue à une des belles et nombreuses
espèces de la craie du Sussex figurées par M. Mantell.
§ 5i. — Lu offrant à la société des échantillons de gypse co-
quillier du mont Wartberg , près de Hcilbronn en Wurtemberg,
M. Boue est entré dans des détails fort intéressans. Cette mon-
tagne est composée des marnes gypsifères du keuper reposant sur
des lits calcaires du muscliélkalk ; les couches supérieures de ce cal-
caire compacte sont irrégulièrement converties en gypse, ou traver-
RAPPORT SUR UES TRAVAUX
*96
sées de petits filets gypseux, accompagnées de taches de galène ,
de cuivre oxidulé et carbonate ; les mêmes réseaux gvpseux pas-
sent du muschelkalk dans le keuper , et représentent au mieux
le produit de ces émanations, sulfureuses et métalliques , qui pa-
raissent avoir joué un si grand rôle durant la plupart des pé-
riodes géologiques. Les coquilles fossiles qui se sont trouvées sur
le trajet de ces gaz ont été partiellement converties en gypse , fait
analogue à ce que j’ai observé très habituellement dans les co-
quilles fossiles de l’oolithe inférieure d’Alençon (Orne), qui sont
en partie tapissées delà même galène et baryte, qui, du gra-
nité, a pénétré dans les bancs calcaires, très probablement aussi
à l’état de vapeurs acides et métalliques (voir les § 34 et 36).
Ve SÉRIE. MÉMOIRES DE GEOGRAPHIE GEOGNOSTIQÜE.
Il me reste à vous entretenir, messieurs, des mémoires qui,
embrassant une certaine étendue de pays et plusieurs terrains ,
pouvaient difficilement être morcelés sans perdre une partie de
leur intérêt.
§ 52. — M. Boue vous a communiqué une Carte géologique
inédite de V Irlande, coloriée d’après les nombreuses et conscien-
cieuses observations recueillies par M. Weaver , sur une contrée
dont il a déjà décrit plusieurs parties et le mieux étudié ïâ struc-
ture : je ne pourrais rien ajouter à ce que vous a dit M. Boué du
mérite de ce travail , qui sera sans doute publié par la Société
géologique de Londres.
§ 53. — C’est encore à M. Boué que vous devez connaissance
d’une carte, également manuscrite, du Vicentin , dressée par
M. Pasini. Vous vous rappelez que cette partie de l’Italie sep-
tentrionale a fourni déjà des descriptions importantes à M. Bron-
gniart pour les coquilles de terrains tertiaires des plus anciens de
l’Italie, et à M. Maraschini pour la structure géologique de l’en-
semble du pays. Cette contrée offre un grand intérêt pour les
relations et les contacts des roches pyroïdes et des terrains de sé-
diment.
§ 54* — En déterminant la position de l’intéressante caverne
de Miadet , M. Jules léissier a rappelé les principaux traits de la
distribution géographique des terrains du département du Gard ,
dont M. Dumas, de Sommières, prépare une carte, et particuliè-
rement des environs de Nîmes et dJ Anduze. On y observe les for-
mations suivantes, ,des plus modernes aux plus anciennes, et à
peu près du sud au nord.
DE LA SOCIÉTÉ EN 1 83 J . 297
i° De Nîmes à la Méditerranée, un terrain d’alluvion analogue
à celui de la craie.
20 Un grand système d'eau douce superposé à la craie, et qui ,
de l’est à l’ouest , couvre une grande partie du département, et se
prolonge dans les départemens voisins de Vaucluse , de l’Aude et
de l’Hérault. Il est surtout composé de calcaire , et montre aussi
des poudingues et des marnes sableuses. C’est , je crois, dans ce
terrain que le même observateur découvrit, il y a plusieurs années,
à Briguolles, près d’Anduze, un gisement intéressant de reptiles.
3° Le terrain de craie est l’un de ceux qui modifie le plus
l’aspect extérieur du soi de ce département. Il comprend une
craie compacte et oolitbique employée dans la plupart des grands
monumens romains de Nîmes , qui sont bâtis au pied des collines
crayeuses. Cette roche paraît dépendre du calcaire à hyppurites ;
on la voit aussi accompagnée de marne bleue et de craie argileuse.
4° Le calcaire du Jura forme des montagnes au pied des-
quelles est bâtie la ville d’Anduze.
5° Le lias, plus développé que la formation précédente, com-
mence à se montrer dans les vallons voisins de cette ville ; il se
compose , en approchant des terrains plus anciens vers le nord,
de calcaire bleu , dont un banc est très riche en fossiles; de
schistes noirs et de dolomie compacte. C’est dans cette dernière
roche, qui forme des collines près d’Anduze, que s’ouvre la grotte
du fort de Miallet.
6° Des grès rouges , des arkoses , des marnes irisées , se mon-
trent entre le lias et les terrains de transition.
70 Celui-ci enfin , qui constitue surtout la chaîne de P aliènes,
ramification des Cévennes , est formé de schistes micacés et de
granité traversés de filons de wacke, de baryte sulfatée, de quartz
et de fer sulfuré.
g 55. — Je vous ai précédemment rappelé la plupart des
faits recueillis par MM. Barbe et Robert dans une course géolo-
gique eu Lorraine et en Suisse; la température du puits d’ex-
ploitation du sel de Dieuze , la fontaine intermittente de Masse-
vaux , le travertin de la vallée de Charmoz , et le fer oolitbique
déposé dans des vallées semblables.
Ces messieurs ont particulièrement étudié, en outre, le calcaire
jurassique qui forme des plaines au pied des Vosges, de Dieuze à
Baccarat; le passage intime de l’oolithe au calcaire compacte,
les amas de fossiles roulés , irrégulièrement disséminés dans le
même terrain oolitbique , entre Porentruy et Bienne , comme le
sont les coquilles vivant sur les rivages actuels. Ils ont aussi fixé
RAPPORT SUR LES TRAVAUX
298
leur attention sur les grands amas de cailloux roulés au pied du
Jura, entre Haltkirk et Ferret, et sur les mêmes terrains de trans-
port et les blocs erratiques qui s’élèvent à une très grande hau-
teur aux environs de Neufchâlel. Ils pensent , avec plusieurs
géologues , que le Jura n’était primitivement que le prolonge-
ment des Alpes, et que les blocs y avaient été transportés des
cimes alpines, avant la séparation' violente des deux chaînes, et
que l’exhaussement postérieur du Jura aura pu les placer aux ni-
veaux élevés où on les trouve maintenant; ce qui ne s’accorde-
rait pas avec l’antériorité que M. de Beaumont attribue à cette
dernière chaîne relativement aux Alpes.
§ 56 et 57. — Les plus intéressans résultats que la géologie,
et peut-être les sciences naturelles , aient jusqu’ici retiré de l’ex-
pédition scientifique de Moréç , . sont les observations recueillies
et qui nous ont été en partie communiquées par MM. Boblaye
et Virlet, attachés, l’un comme ingénieur géographe , l’autre
comme géologue, à cette même expédition. M. Boblaye vous a
lu, sur la constitution géognoslic/ue de ce pays , un mémoire ac-
compagné d’extraits de son Voyage dans V Argolide et dans
l’île d’Egine, et d’une carte fort détaillée de cette île.
Cet observateur a reconnu en Morée les formations suivantes ;
après de longues et pénibles recherches , rendues plus difficiles par
la prédominance des calcaires et des pouddingues sans fossiles :
i° Des phyllades et des mica-schistes , qui forment , entre au-
tres montagnes , la base de la haute chaîne du Tavgète.
2° Des schistes talqueux et diverses autres roches feldspathi-
ques et quarzeuses , associées avec la plupart des marbres variés
qui sont entrés , ainsi que les calcaires tertiaires, mais durant les
derniers âges , dans la construction des grands monumens de la
Grèce. Les roches ont tout-à-fait l’apparence des terrains de trans-
ition ; mais leurs relations intimes avec le groupe suivant doivent
plutôt les faire considérer comme secondaires et subordonnées à
la formation jurassique, telles qu’elles se montrent modifiées par
les soulèvemens et l’éruption des roches cristallines dans les au-
tres grandes chaînes de l’Europe.
3° Des calcaires gris compactes avec bélemnites , avec jaspes
et épanchemens d’ophiolites, paraissant représenter tout-à-fait les
systèmes moven et supérieur du Jura.
4° Le grès vert et la craie compacte à nummulites , dicérates ,
hippurites , entièrement analogues à ces mêmes formations des
Alpes maritimes , du Mont-Perdu , des Alpes autrichiennes , et
sans doute aussi du Liban et de Sicile.
DE LA SOCIÉTÉ EN l83l. 299
Ce système , si important dans l’Europe sud-orientale , ne
paraît pas se retrouver dans la grande série (Trayeuse du nord et
de Fouest. Il sJélève jusqu’à plus de 2,000 mètres au-dessus de
la mer j des roches porphyriques et amvgdaloïdes paraissent
être fréquemment Associées à ce groupe dans toute l’Argolide et
la Laconie.
5° Des argiles et des pouddlngues atteignant à i,5oo mètres,
et représentant peut-être dans le bassin méditerranéen les terrains
tertiaires anciens de Paris. Cette formation est en gisement trans-
gressif avec le groupe suivant. Des pouddingues de la Morée, les
uns paraissent subordonnés au groupe crayeux inférieur (Mes-
sénie) , les autres aux terrains tertiaires (nord de la Moréë).
6° Le terrain tertiaire méditerranéen , soit continental , soit
littoral : le premier remplissant tous les hauts bassins intérieurs,
souvent couronnés par des calcaires d’eau douce ; le second ,
formé de marnes bleues recouvertes de sables calcarifères , et
offrant le plus grand rapport avec le terrain tertiaire subapennin ;
il s’étend dans les grandes vallées du Pamissus , de FAlphée , de
FEurotas, et couvre les riches plaines deFElide.
7° Des brèches coquillières toutes récentes avec débris de po-
teries, et cependant à ciment cristallin , comme le calcaire coral-
lique de la Méditerranée plus septentrionale.
8° Des trachytes et*autres produits de volcans anciens qui
forment près de la moitié de File d’Egine, et dont l’éruption ne
paraît pas remonter au-delà des marnes bleues. Enfin , des traces
d’éruption , contemporaines^es temps historiques.
Ces différens systèmes ont éprouvé plusieurs brisemens et
soulèvemens ; M. Boblaye en a reconnu au moins trois époques ,
iddépendaminent de nombreuses oscillations partielles et locales.
Le soulèvement des principales chaînes de la Grèce , surtout
des montagnes de l'Arcadie, et dirigées du nord-ouest au sud-
est , serait contemporain du soulèvement des chaînes parallèles de
l’Apennin, et des Pyrénées, et antérieur au terrain tertiaire.
Une seconde révolution aurait, dans la direction du nord au
sud , imprimé , au sol de la Laconie et de la Messénie, les princi-
paux traita de son relief.
Une troisième série de fractures se serait opérée sur les ter-
rains tertiaires de FAttique , de FArgolide , et se serait prolongée
jusque dans le grand massif de la Morée, suivant une direction
est-nord à ouest-sud , direction qui coïncide avec celle des Alpes
du Valais jusqu’en Autriche.
Je ne poursuivrai pas plus loin les descriptions si précises de
RAPPORT SUR LES TRAVAUX
5oo
M. Boblaye ; mais vous vous souviendrez , messieurs , de l’intérêt
que vous a présenté son Itinéraire de Napoli à Egine , et la des-
cription du srallon d’Epidaure , et cette observation , que les tem-
ples consacrés en grand nombre à Esculape , dans la Morée ,
étaient, suivant le précepte de Vitruve , la plupart situés sur le
bord de sources d’eaux vives et pures, mais nullement minérales;
comme si leur salubrité , leur fraîcheur, au milieu d’arides mon-
tagnes , étaient regardées en elles-mêmes comme un remède effi-
cace, comme un bienfait des dieux.
La description de Y île cC Egine par M. Boblaye vous a montré,
dans la partie méridionale des tracbytes, au centre des calcaires
compactes et dans le nord des terrains tertiaires composés de
marnes vertes , de calcaire grossier , de conglomérats trachy-
tiques et de calcaires lacustres : il reconnaît trois époques dans
les révolutions plutoniques de cette île , dont la plus récente date
très probablement des temps historiques , et est contemporaine
de l’éruption du volcan de Méthana.
Ces différentes périodes de redressement des chaînes de la
Morée coïncident avec celles que M. de Beaumont , d’après
l’étude de la direction des chaînes , les observations et l’examen
des /échantillons rapportés par MM. Boblaye et Virlet, a fait
coïncider avec plusieurs âges des chaînes de France et d’Italie.
M. Boblaye avait déjà, en 1829 , adressé quelques observations
géologiques sur la Morée qui ont été insérées dans le Bulletin des
sciences naturelles (octobre 1829). Aux premiers aperçus géolo-
giques , M. Boblaye avait joint des considérations relatives à la
géographie physique , s’appliquant avec le plus grand soin à
constater les relations de la topographie et de la géognosie de la
nature du sol avec son relief.
§ 57 bis. — Avant ces travaux de M. Boblaye , la géologie de
la Morée n’était connue que pour quelques points de la Messénie ,
et hormis les environs de Modon et de Navarin , qui furent dé-
crits presque en même temps par un autre membre de cette so-
ciété , par M. Virlet , dans une lettre adressée à l’Académie des
sciences , tous les autres résultats de M. Boblaye sont aussi nou-
veaux qne piquans.
Quoique les premières observations deM. Virlet n’aient pas été
communiquées à la société , comme elles forment avec les précé-
dens mémoires à peu près les seules notions positives que nous
possédions sur la géologie de cette contrée si classique pour l’an-
tiquaire et si neuve pour le géologue , il ne sera sans doute pas
sans quelque intérêt d’en retracer ici les principaux résultats.
DE LA SOCIÉTÉ EN l85l. 3ol
Dans le bassin de Navarin et de Modon , M. Virlet a décrit ,
outre des dépôts alluviens et diluviens , un calcaire tertiaire à
nombreuses coquilles marines , la plupart analogues à celles en-
core vivantes sur les mêmes rivages, et parmi lesquelles se trouve
la même huître-grvphée que M. Rozet a rapportée d’un calcaire
analogue d’Oran en Barbarie. Ce terrain tertiaire couvre les som-
mités des collines qui bordent les vallées de ces deux villes;
M. Virlet a reconnu en outre un système puissant atteignant
au-delà de mille mètres de hauteur, formé de bancs inclinés et
alternant plusieurs fois, de calcaires compactes et schisteux, de
psammites, de jaspes , de phtanites, d’argiles, et surtout de poud-
dingues en masses énormes. Ce terrain , qui n’a présenté à M. Vir-
let ni minéraux, ni fossiles , se prolonge au-delà de la vallée de
l’ancienne Messénie.
Sans rapporter aussi nettement que l’a fait depuis M. Boblaye,
à la formation du grecn-scind , cet ensemble de couches , et par-
ticulièrement la grande masse des pouddingues à ciment siliceux
du grès vert , qui forment la plus grande partie de la Messénie,
toutefois M. Virlet les distingua nettement d’autres amas consi-
dérables de pouddingues à ciment calcaire observés par M. Bo-
blave dans le nord de la Moréc , ou ils s’élèvent également jus-
qu’à 2,000 mètres , et que plusieurs géologues regardent comme
tertiaires; le fait le plus piquant de l’histoire de ces pouddingues
de la Messénie , plus anciens que ceux du nord de la Morée, est
leur intime liaison par alternances avec les autres systèmes de la
formation crayeuse et du green-sand y il en résulte que cette
dernière grande formation avait déjà subi des dislocations et des
modifications importantes avant son dépôt complet, puisque les
galets, les sables et les cimcns appartiennent également au ter-
rain du grès vert , au milieu duquel ces pouddingues se trouvent
intercalés avec une puissance de près de i ,000 mètres.
Je ne puis vous parler des autres observations recueillies par
M. Virlet durant un voyage de près de deux ans tant en Morée
que sur les côtes de l’Asie mineure , à Srnyrnc, à Constantinople,
dans les Cyclades ; il se propose de les communiquer successi-
vement à la société , et déjà il lui a fait don d’une collection des
principales roches anciennes de la chaîne du Taygète.
Les autres travaux réunis des deux géologues français attachés
à l’expédition purement scientifique de Morée, destinés à être
insérés dans la relation que dirige M. le colonel Bory Saint-Vincent,
augmenteront les notions que nous leur devons déjà sur ces
contrées.
002
RAPPORT SUR LES TRAVAUX
§ 58 à 61. — C’est encore à la France que la science sera
redevable des premières notions exactes sur la géologie de la
Barbarie . L’expédition militaire d’Alger en a fourni l’occasion ,
et M. Rozet , attaché à l’armée française en qualité d’ingénieur
géographe , vous en a communiqué des descriptions, et donné à
l’appui de ses mémoires des collections dont la nouveauté aurait
seule déjà un grand intérêt.
Les résultats de l’étude que ce géologue a faite de cette partie
de l’Afrique septentrionale ont été consignés dans les notices que
je vous ai précédemment citées. J’y ajouterai sa première des-
cription d’Alger, qui complétera tout ce que nous possédons jus-
qu’ici sur cette contrée.
Les formations reconnues par M. Rozet, sont : «.un terrain de
transition formé de schistes , de calcaires ; b. le lias ; c. le cal-
caire marneux a poissons di Or an , probablement tertiaire ; d. un
calcaire noir à fer carbonaté d’age également douteux , mais
aussi probablement tertiaire ; e. les vrais terrains tertiaires sub-
atlantiques , vaste système de marnes bleues , de calcaires , de
pouddingues ; fi le terrain récent superméditerranéen ; g. à' an-
ciennes allumions ; h. desN roches volcaniques.
Voyons ces terrains dans les principales localités que M. R.ozet
a observées.
Alger. — La roche fondamentale d’Alger et du pays environ-
nant est un schiste talqueux, à filons de quarz, tout-à-fait sem-
blable à celui de Toulon. Les strates en sont fort tourmentés y ils
plongent de 20 à 4$ degrés au sud* ils acquièrent une épaisseur
de 5oo mètres, et une élévation de 4oo. Le schiste talqueux passe
à des roches que M. Rozet rapporte au schiste micacé et au gneiss.
Ce dernier recouvre même les couches talqueuses, quoique celles-
ci semblent appartenir aux terrains de transition.
Dans le groupe talqueux est intimement intercalé , en strati-
fication concordante, un système de calcaire gris sublamellaire
ou blanc saccarin , dont l’épaisseur atteint îoo mètres. Ce calcaire
paraît être à M. Rozet de transition, comme le phyllade tal-
queux. Le rapprochement qu’il a fait plus tard d’un calcaire de
l’Atlas également subordonné à des schistes , avec le lias d’Eu-
rope, n’est sans doute pas applicable ait calcaire d’Alger.
Au dessus de ce groupe ancien, et jusqu’à une hauteur de
236 mètres sur la mer, surtout vers la pointe de Sidy-el-Ferruch ,
se voit un terrain tertiaire qui consiste : i» en grès calcaire sem-
blable au calcaire moellon de Montpellier et de Provence pour
la structure et les fossiles (grandes huîtres, grands peignes)} 2° en
DE LA SOCIÉTÉ EN l83l. 5o3
Un calcaire compacte contenant, dans une pâte d’eau douce,
des lymnées et des hélices, mêlés à des débris de coquilles marines.
3° Enfin, en pouddingues formés de débris des roches anciennes
environnantes.
Ce sol tertiaire paraît s’étendre en petites collines sur une sur-
face de plus de vingt lieues Carrées au sud d’Alger.
Ce double rapport des terrains tertiaires et de transition d’Al-
ger, avec ceux du sud-est de îa France *>ffre une analogie curieuse
entre ces deux bords opposés de la Méditerranée, analogie qui ,
du moins pour les terrains tertiaires récens , se retrouve sur pres-
que tout le contour de ce vaste bassin , et dans la plupart des îles
de cette mer, en France, Italie, Sicile, Sardaigne, Malte, Es-
pagne, Grèce , et sur les côtes d’Afrique, tant vers Tunis et l’est ,
que vers Alger et le nord.
En décrivant le pays parcouru par Vannée française , dans
V expédition de Méde'a , M. Pajzel a fait connaître la plaine de
Méditja, située entre les collines tertiaires au sud d’Alger, for-
mées de marnes bleues recouvertes de grès calcaires semblables
eficore au calcaire moellon de la Provence , et les premiers ra-
meaux de l’Atlas. I/alluvion ancienne fort épaisse qui recouvre
cette contrée plate paraît postérieure à toutes les dislocations de
couches j elle est formée de couches horizontales de marnes argi-
leuses et de galets arrachés des chaînes environnantes.
A Bleida, les rameaux bas du petit Atlas atteignent leur plus
grande élévation , qui est de 1/200 mètres. La crête en est décou-
pée et les flancs très déchirés; des deux côtés il paraît se perdre
dans la mer ; il est formé vers sa base d’un terrain que M. Rozet
a pensé être de même nature (schiste et calcaire de transition)
que celle de Beaujareali, près Alger, et plongent de même au sud.
Les pentes supérieures observées directement par M. Rozet lui
ont présenté une formation du calcaire gris noirâtre , compacte,
ou marno-schisteux , accidentellement bréchiforme. Ce calcaire
est traversé par de nombreux filons verticaux de fer hydraté et
carbonate, de baryte sulfaté, de cuivre grh et carbonate, et
de spath calcaire. Il est très généralement incliné de 10 à 70 de-
grés au sud. Ce calcaire constitue presque tout le versant sud du
premier chaînon de l’Atlas , et forme des montagnes hautes de
1,100 mètres. Les fossiles peu nombreux queM. Rozet y a obser-
vés (fragmens d’huîtres, de bélcmnites, de coquilles du genre Pos-
sidonie), et surtout l’aspect général de l’ensemble de cette forma-
tion, ont porté M. Rozet à y reconnaître le Lias tout-à-fait ana-
logup à celui de notre continent.
RAPPORT SUR LES TRAVAUX
5o4
Au sud de ce premier chaînon calcaire , qui paraît s’étendre
fort loin , de l’est à l’ouest , M. Rozet a observé , entre les deux
bras de l’Atlas, un grand dépôt du même terrain tertiaire qu’il
avait déjà observé près d’Alger. Ce terrain , toujours analogue à
celui des collines subapennmes , et d’autres points du littoral de
la Méditerranée , et formé comme lui à la base de marnes argi-
leuses bleuâtres non stratifiées, atteignant une épaisseur de plus
de ioo mètres. Cette marne contient du gypse laminaire exploité
dans le voisinage de Média • M. Rozet y a vu des peignes et des
bucardes : plus au sud , elle est surmontée, comme dans les col-
lines subapennines , d’uu grès jaune ferrugineux , en masses
cariées, alternant avec des sables aussi ferrugineux. Ce système
supérieur plonge de 20 degrés au nord , et constitue des escarpe-
mens nus, et atteignant une épaisseur de 3o à 5 o mètres; on y
trouve des peignes depetuncles, et une immense quantité de ces
grandes huîtres si caractéristiques du calcaire moellon de la
France méridionale, et qui atteignent jusqu’à 3 décimètres. Elles
paraissent être dans le lieu où elles ont vécu.
Jusqu’à Media , trois lieues sud-est de l’Atlas, et tout autour de
cette ville , le terrain tertiaire subatlantique règne exclusivement
dans le même ordre de superposition ; il constitue de petites col-
lines et des montagnes , dont plusieurs atteignent une hauteur de
1,000 mètres, se terminent par des plateaux , et sont coupées de
vallées profondes à bords très escarpés.
Cette formation est tout-à-fait identique avec celle que M. Ro-
zet a reconnue au nord de l’Atlas et de la plaine de Méditja , et
qui s’étend sur les côtes voisines d’Alger; elle aurait été déposée
en même temps sur les deux versans du petit Atlas, mais non
dans l’intérieur de la chaîne presque parallèle , qui s’étend fort
loin à l’est et à l’ouest, et semble se terminer au sud par une se-
conde chaîne , que l’auteur a considérée comme le grand Atlas.
Les principaux sommets étaient à quarante lieues de Média ; le sol
tertiaire paraît occuper tout l’intervalle de ces deux chaînes, et y
constituer des groupes de collines échelonnées du nord au sud.
Confirmant et développant ses premières descriptions dans une
coupe de Sidi-el-Ferruch à Alger, M. Rozet a montré les diverses
superpositions du terrain tertiaire au gneiss, et a signalé les nom-
breux fossiles, peignes, bucardes, grands clvpéastres, huîtres, po-
lypiers , toujours d’une physionomie parfaitement analogue à ces
couches marines tertiaires de la Provence, de la Corse et delà
Sardaigne.
A 1,000 mètres de l’ancien Rustonium, M. Rozet a observé des
DB LA SOCIÉTÉ EN 1 83 1 . 3o5
porphyres trachy tiques perçant les terrains tertiaires dont ils ont
relevé les couches. N’est-ce pas un gisement analogue aux tra
chytes de l’île d’Egine et de la côte sud-occidentale de la Sar-
daigne?
Le schiste talqueux qui forme le fond du sol sur la côte d’Al-
ger se montre le même dans la province de Titerv, et y est éga-
lement recouvert de collines tertiaires.
Dans son dernier Mémoire , M. Rozet a fait connaître les en -
virons cï Oran , dont la structure géologique se lie au même
système que la côte d’Alger. Oran est situé dans une baie, sur les
bords d’une vaste plaine tertiaire , qui s’étend au sud , à Test, et
dont les inégalités se prolongent jusqu’aux pieds de l’Atlas, dis-
tant de b ou 7 lieues. La ville est bordée à l’ouest par des collines
hautes de 4 à 5oo mètres, et formées de schiste de transition , plu-
tôt ardoisier que talqueux, en lits souvent verticaux, recouverts
de lits tertiaires également inclinés, dont la partie inférieure pré-
sente un amas immense de coquilles regardées par M. Rozet
comme identiques avec celles qui vivent dans la nier voisine.
Les couches tertiaires de la plaine, toujours horizontales, sont
alternativement marneuses et calcaires; l’une d’elles, plus blan-
che , plus feuilletée, contient, comme le terrain d’eau douce
d’Aix en Provence, un très grand nombre de poissons fossiles,
donl M. Rozet a reconnu trois espèces , qu’il présuma être d’eau
douce. Cette détermination ne semble cependant pas définitive,
et vous avez entendu M. Boué vous annoncer cette découverte
comme celle d’un gîte de poissons marins différent de celui
d’Aix, et semblable à l’un de ceux du Liban , dépendant de la for-
mation crayeuse. Des bancs de grandes huîtres et de gryphées
[Ostr. ncivicularis, espèce identique) recouvrent cet étage moyen ;
la base de ce terrain tertiaire est encore çà et là la marne bleue ,
et le dépôt supérieur une brèche tantôt calcaire , tantôt ferru-
gineuse.
L’une des montagnes voisines d’Oran , à l’ouest , le fort Santa
CruXf est en partie formée , au-dessus des schistes de transition ,
d’un calcaire noir, compacte, à lamelles brillantes, très dense,
et parfois cellulaire, pénétré de veines de fer oligiste. Cette même
roche s’étend depuis Oran jusqu’au cap Fulcon , où elle se pénè-
tre d’une très grande quantité de fer carbonate. Les apparences
de ce calcaire l’avaient d’abord fait regarder par M. Rozet comme
un trapp volcanique ; mais il a reconnu à son retour que cette
roche avait pu seulement être modifiée par l’action des gaz sou-
terrains. L’âge de cette roche ne paraît pas à M. Rozet aussi cer
Soc. géol . Tome II. ao
5o6 RAPPORT ÂUR LES TRAVAUX
tain qu’il l’avait d’abord annoncé en le regardant comme posté-
rieur aux terrains tertiaires.
Mais si cette roche n’est point volcanique, il existe, non loin
du cap Matifou, des porphyres trachytiques couverts de grès
tertiaires. Enfin, une brèche ferrugineuse avec coquilles spathi-
sées, analogues à celles de la mer voisine , aurait été déposée pos-
térieurement à tous les terrains tertiaires de cette côte.
Abordant la question des révolutions du sol dans cette contrée,
M. Eozet reconnaît que le dépôt du terrain tertiaire subatlanti-
que y est postérieur au soulèvement des schistes, et que dans la
chaîne de l’Atlas , le terrain secondaire aura été redressé entre l’é-
poque ool ithique et la fin de l’époque crayeuse ; postérieurement le
sol tertiaire aura été soulevé jusqu’à nulle mètres; mais il u’y aurait
pas eu de grands dérangemens depuis l’altérissement diluvien. La
dislocation de l’Atlas, antérieure aux terrains tertiaires, aurait été
parallèle au soulèvement de la chaîne principale des Pyrénées.
M. Rozet avait pensé que ses observations sur ces différens
âges, de redressement ne coïncidaient pas avec les différentes pério-
des reconnues parM. de Béaumont, qu’il croyait n’admettre pour
cette chaîne qu’une seule époque de soulèvement postérieure au
terrain diluvien. M. B.ozet fait remarquer de nouveau, i° que
le terrain diluvien de la plaine de Mcditja n’a éprouvé aucun
bouleversement ; ri° que les terrains secondaires ont été redressés
avant le dépôt du. terrain tertiaire, puisque les marnes bleues
viennent buter en plateaux horizontaux contre les marnes in-
clinées du lias; 3° enfin, que les terrains tertiaires marins, déposés
dans de grands golfes au milieu de la chaîne, auront été posté-
rieurement élevés au grand niveau qu’ils occupent aujourd’hui
par le soulèvement de l’Atlas.
M. deBeaumont, dans une lettreadresséeleiôjanvieràM. Arago,
a répondu qu’il n’avait jamais énoncé que l’Atlas format une chaîne
unique et d’un seul jet comme les Pyrénées; mais, qu’au con-
traire, il le considérait comme composé de plusieurs ordres de
chaînons se croisant dans des directions différentes , et soulevés à
des époques diverses, comme les Alpes et les Apennins ; qu’il avait
indiqué dans les montagnes de la Barbarie des dislocations paral-
lèles aux Pyrénées, et comme telles antérieures aux terrains ter-
tiaires, et reposant, ainsi que l’a indiqué M. Bozet, sur la tranche
des couches plus anciennes.
D’un autre/côté, le fait des couches tertiaires s’élevant obli-
quement dans l’Atlas jusqu’à mille mètres , confirme ce qu’au-
gurait M. Elie de Beaumont, qu’en Barbarie , comme eu Pro-
DE LA SOCIETE EN 1 85 1 • So?
vence, les derniers soulèvemens ont été postérieurs au dépôt
des terrains tertiaires. Des alluvions de la plaine de Méditja ne
paraissent à M. de Beaumont être que des alluvions plus ré-
centes que le dernier grand cataclysme.
VIme SÉRIE. AGES ET DIRECTIONS DES CHAINES DE MONTAGNES,
BRISEMENT DES COUCHES.
§ 62 à 65. — Vous avez remarqué , messieurs, dans plusieurs
Mémoires dont je viens de tracer l’analyse, de fréquentes appli-
cations de la théorie des brisures , des redressemens , des soulè-
vemens à la direction des couches et à l’âge des chaînes de mon-
tagnes. M. Boblaye en Murée, M. Rozet en Barbarie, M. Botta
dans le Liban , M. de Studer dans les Alpes , M. Dufresnoy et
M. Reboul dans les Pyrénées, ont ajouté plusieurs faits intéres-
sans à cette branche nouvelle , dont la géologie française a offert
les premiers et les plus ingénieux développemens.
Vous vous souvenez aussi d’avoir déjà entendu M. Elie de
Beaumont, celui de tous nos géologues qui, avec M. de Buch ,
a ouvert le plus largement cette route nouvelle, qui en a intro-
duit les principes le plus avant dans la science , et qui leur a
donné le plus de popularité , vous exposer les résultats des nom-
breuses et consciencieuses observations de M. Sedgwick, sur une
partie des terrains anciens du N. -O. de l’Angleterre.
Trois années à peine se soiit écoulées depuis que M. Elie de
Beaumont a réuni en corps de doctrine les idées capitales et les
faits qui forment la base de celte brillante théorie, admis isolé-
ment pour la plupart par d’autres géologues , mais que leur isole-
ment même avait rendus moins saillans ; et déjà ces principes ont
été appliqués à la plus grande part e des chaînes de l’Europe.
La base fondamentale du po.ut de vue sous lequel M. de Beau-
mont envisage cette question repose surtout, vous le savez, sur
les considérations suivantes :
Le redressement des couches inclinées, opéré antérieurement
au dépôt des strates horizontaux qui les recouvrent. Ce fait des
gisemens transgressifs est un de ceux qui ont le plus ancienne-
ment lixé l’attention- des géologues.
La coïncidence générale entre la direction des couches et celle
des chaînes; celles-ci s’étant élevées sur autant de lignes de dis-
locations.
Le parallélisme constant des dislocations d’une même épo-
que et des chaînes contemporaines, même à de grandes dis-
tances.
3o8 RAPPORT SUR LES TRAVAUX
Le non-parallélisme des chaînes et des couches d’époques diffé-
rentes.
Les soulèvemens en dômes ou en cirques, les intercalations et
injections entre les couches de sédimens de roches cristallines ,
sous forme de filons ou de culots, et non en coulées, paraissent
avoir coïncidé, comme cause déterminante, avec différens systèmes
de dislocations, et être devenus le noyau , Taxe de chaînes dont
la crête est formée" de ces mêmes roches cristallines, et les pentes
de strates diversement redressés. Aux porphyres noirs, pyroxé-
niques , d’abord considérés par M. de Buch comme l’agent pres-
que unique du soulèvement des montagnes , se sont bientôt ajou-
tées toutes les autres masses cristallines , regardées jadis comme
primitives , et qui forment relativement aux principales chaînes,
tantôt des crêtes centrales , .tantôt des séries de mamelons au
pied de leurs pentes.
L’apparition des plus hautes chaînes aux époques les plus
récentes. Et parmi les conséquences les plus immédiates , des al-
térations, et modifications dans les couches soulevées, des chan-
gemens dans les êtres organisés après chacune de ces périodes de
révolutions.
La distinction de plusieurs terrains diluviens, produits de cha-
cun de ces nombreux cataclysmes. Enfin, de très fréquens chan-
gemens dans les niveaux et la nature des eaux marines, lacustres
oufluviatiles,et dans les limites de leurs bassins, dont cette théorie
explique bien les nombreuses variations.
Mais ce qui distingue particulièrement le point de vue sous
lequel M. de Beaumont a envisagé l’origine des montagnes et
des brisemens de couches , des autres interprétations de ces deux
phénomènes , c'est l’idée de leur coïncidence et de leur liai-
son intime avec les changemens géologiques et organiques pro-
duits entre les grands étages des dépôts de sédiment, c’est l’in-
fluence de l'érection de» montagnes sur les périodes des ter-
rains; c’est surtoutla limitation des âges des montagnes à treize pé-
riodes, personnifiées, pour ainsi dire, par autant d’exemples
empruntés aux grandes chaînes * les phénomènes du redressement
se seraient manifestés simultanément à chacune dans des contrées
fort éloignées , et sous l’influence d’oscillations parallèles. C’est
par cette détermination précise d’âges et de noms propres que
M. de Beaumont diffère davantage de l’opinion de plusieurs géo-
logues qui admettraient au contraire un grand nombre d’oscilla-
tions , de dislocations partielles ou locales et d’épanchemens de
roches cristallines , même pendant les périodes de calme.
DE LA. SOCIÉTÉ EN 1 85 1. 3t>9
M. de Beaumont, au contraire, rapporte ces phénomènes à
ses treize grandes périodes de disturbations , intermédiaires aux pé-
riodes de sédimens tranquilles, les trois plus anciennes jusqu’au
terrain houiller inclusivement - les six suivantes, jusqu’à la fin des
terrains secondaires ; enfin les quatre plus récentes , jusqu’au der-
nier grand cataclysme diluvien.
Tels sont, si je ne me trompe, les points et les résultats les
plus saillans de cette vaste théorie , dont les élémens étaient dis-
séminés , et n’ont été admis qu’un à un, pour ainsi dire , dans la
science. Mais les difficultés infinies de la classification des diffé-
rentes périodes, et des observations qui doivent en être la base ,
n’ont pas tardé à fournir sujet à objections.
Tout en abondaut dans le sens de cette ingénieuse doctrine,
tout en admettant la justesse des principaux résultats auxquels ils
étaient eux- mêmes arrivés par d’autres voies, plusieurs géologues
ont commencé à en combattre des parties. Deux principes sur-
tout, qui cependant semblaient être les plus conformes à la sim-
plicité habituelle des lois de îa nature, je veux parler du parallé-
lisme invariable des fractures de la surface terrestre à chaque
révolution , et par suite la divergence des fractures non contem-
poraines, ont été contredits.
Rien ne prouvait, même a priori, si ce n’est pour des espaces peu
étendus, que l’action perturbatrice intérieure ne se fut pas mani-
festée au dehors par des mouvernens contraires durant une même
période, et que ces mouvernens ne se fussent pas répétés les
mêmes à différentes époques. Le phénomène des trombîemcns
de terre actuels présente en effet souvent plusieurs lignes de dislo-
cations contemporaines. Toutefois , en dernier lieu, IM. de Beau-
mont admet des retours de la même direction, à des époques diffé-
rentes , mais dans une certaine régularité.
L’un des membres de cette société, M. Bouc, qui dans plusieurs
écrits a soutenu relativement à l’age récent des Alpes , une partie
des mêmes idées que M. de Beaumont, et qui a nettement fixé, l’un
des premiers, la contemporanéité à toutes les périodes géologiques
dérochés d’éruption ignée, causes de perturbations , et de sédi-
mens aqueux, objets de ces perturbations , M. Bouc a recueilli
récemment (n° n de son Journal de Géologie) la plupart des
objections, dont la grande théorie des soulèvemcns , ou plutôt la
classification chronologique des chaînes , telle que l’a présentée
M. de Beaumont, a été le sujet.
Ces objections n’ayant point encore été la plupart développées
dans le sein de la Société , je me bornerai à vous rappeler les
RAPPORT SUR UES TRAVAUX
3lO
principales : outre l’attaque des deux principes du parallélisme
des fractures contemporaines , elles portent encore sur la conti-
nuité, sans dislocations , de certaines chaînes en lignes courbes et
très fléchies , non susceptibles par conséquent d’établir des parallè-
les fixes et comparables ;
Sur le nombre trop limité des époques de soulèvemens admises
par M. de Beaumont , et sur la difficulté de faire coïncider des
dislocations parallèles de chaînes éloignées ;
Sur la possibilité que certains sédimens aient été déposés très
irrégulièrement sur des plans de pentes inclinées, qu’il faut bien
distinguer des relèvemens du soi; sur la nécessité de tenir compte
des dislocations des strates par bascule , autant par affaissement
que par redressement; sur l’insuffisance de nos connaissances
géographiques et géologiques touchant la direction et la structure
de plusieurs chaînes, dont M. de Beaumont a fait coïncider l’épo-
que de formation avec le soulèvement des terrains les mieux con-
nus de l’Europe occidentale.
Quoi qu’il en soit , la théorie de l’age successif des montagnes
n’en restera pas moins Tune des phis ingénieuses. Toutes les doc-
trinesphilosophiques, celles même qui reposent sur la combinaison
la plus judicieuse du plus grand nombre de faits, sont sujettes àcon-
troverse. Il était impossible qu’un aussi vaste ensemble d’observa-
tions , présenté dans un esprit de généralisation si piquant et si
hardi, ne dût pas au temps et à l’examen quelques modifications im-
portantes; et M. de Beaumont sera sans doute le premier à reve-
nir sur des idées qui auraient pu être généralisées ou exagérées
au-delà même de sa propre conviction.
Néanmoins , pour mieux apprécier les progrès rapides de cette
branche de la géologie, et la vive sympathie qu’elle a excitée , il
suffirait de comparer son état actuel, quelque incomplet qu’il soit
encore ,. avec les opinions exprimées dans le seul Traité français
de géologie qui fût classique, il y a douze ans.
On y lit que la présence des corps marins sur les hautes monta-
gnes est bien plus facilement explicable par le soulèvement des
eaux mobiles de l’Océan que par le redressement de masses miné-
rales, inertes et immobiles; cette seule pensée d’un géologue,
wernérien modéré , rapprochée de l’état actuel des esprits sur
cette matière, montre un progrès, ou un changement non moins
grand sur cette question que sur l’âge des granités, et autres ro-
ches cristallisées , long-temps appelées primitives.
Bien plus récemment encore des géologues d’un très grand
mérite ne répétaient-ils pas que les terrains les plus dislo-
DE LA SOCIÉTÉ EN l83l. 5 1 I
qués sont les plus anciens ? On pourrait tirer des groupemens
de M. de Beaumont une conséquence presque diamétralement
opposée.
Il ne m’appartient pas de reproduire quelques objections plus
spéciales, et pour ainsi dire géographiques, qui ont été faites à
plusieurs déterminations d’âge ou de directions de chaînes , telles
que M. de Beaumont les a présentées : M. Paretto pour la Ligu-
rie , M. Pasini pour le Yicentin , M. Keferstein pour les Carpa-
thes, M. de Studer pour les Alpes, M. Sedgwick pour quel-
ques points de la Grande Bretagne, M. Reboul pour les Pyré-
nées, ont élevé des doutes sur lesgroupemens deM. de Beaumont.
Ce géologue a déjà répondu à plusieurs ; dès l’an dernier, à
M. Paretto, sur la direction des montagnes serpentineuses delà
Ligurie, et à M. Rozet sur l’Atlas. Je dirai seulement quelques
mois des faits ou des opinions dont la Société a eu communication
immédiate.
— M. de Studer a observé que la chaîne du Stockhorn en se pro-
longeant dans lepavs de Fribourg perdait insensiblement sa direc-
tion première de PE. à PO. , et courait du N.-E. au S. -O. sans
dislocation ni entrecroisement. Il y aurait donc là dans un même
système d’une seule époque une double direction.
Le même géologue n’admet pas les indices du système pyré-
néo-apenmn que M. de Beaumont a indiqués à l’extrémité orien-
tale de la même chaîne. Il ne reconnaît pas non plus les empiè-
temens du système des Alpes occidentales à travers les Alpes
suisses. A leur extrémité orientale les Alpes se courbent pour
se prolonger dans les Carpathes ; cette courbure ne constituerait
point un système différent , et dans lequel M. de Beaumont a re-
connu son groupe pyrénéo-apennin. La chaîne calcaire de l’Is-
Irie , rangée par M. de Beaumont, à raison du contour extérieur,
dans le système N. -S. , paraît bien plutôt à M. de Studer apparte-
nir au système des Apennins.
M. Sedgwick , tout en professant un vif assentiment aux
idées de M. de Beaumont, qu’il a dit si heureusement dévelop-
per un sens géologique nouveau, trouve un trop grand nombre de
dislocations locales pour pouvoir faire coïncider tous les redresse-
mens de l’ Angleterre avec les grands systèmes des chaînes de mon-
tagnes du reste de l’Europe. Il remarque qu’on pourrait indi-
quer des directions différentes dans des dislocations de couches
que l’ensemble des caractères porterait à regarder comme con-
temporaines , que les axes de quelques bassins houillers con-
temporains ne sont point parallèles, et qu’il y a des exemples
RAPPORT SUR LES TRAVAUX
5i a
d’une direction parallèle entre des systèmes qui paraissent être
d’âges différens. Cet habile géologue montre aussi que la discor-
dance de stratification entre de puissans terrains n’est pas toujours
accompagnée d’un changement notable dans les fossiles.
M. de Beaumont a répondu à une partie de ces faits en mon-
trant que M. Sedgwick avait réuni deux époques de dislocations
distinctes dans le seul système calcaire du Westmoreland.
— Les Pyrénées , suivant la première opinion de M. de Beau-
mont, auraient été soulevées d’un seul jet à la fin des terrains
secondaires, antérieurement à tous les terrains tertiaires.
M. Reboul a combattu ce résultat, prétendant au contraire
y reconnaître plusieurs directions de couches contrastantes.
Cette dernière opinion paraît plus près de la vérité; M. de Beau-
mont lui-même, et M. Dufresnoy, dans leur dernier voyage à ces
montagnes, ont reconnu quatre systèmes de direction et de re-
dressement , dont ils ne manqueront pas' de vous entretenir avec
plus de détails.
Mais il faut toutefois bien distinguer, que dans beaucoup de
circonstances une dislocation récente a dû réagir sur des dislo-
cations antérieures, et les compliquer, soit en imprimant une phy-
sionomie plus générale aux produits du dernier âge , soit en lais-
sant prédominer le caractère primitif. Relativement aux Pyrénées
en particulier, les directions contraires à celle assignée à la grande
chaîne ne sont que des accidens comparativement à cette direc-
tion générale. Cette direction elle-même, que M. de Beaumont à
reconnu être , comme la plupart des géologues et géographes ,
de l’E.-S.-E. à l’O.^N.-O. , ainsique celle des strates, M. Re-
boul la contredit , et décomposant toutes les petites chaînes pa-
rallèles, mais non précisément bouta bout, qui effectivement
courent de l’E.-S.-E. 160 au N. , à l’O.-N.-O. , il en déduit une
ligne moyenne de faîtes qui lui paraît moins s’écarter des sinuosités
de la crête centrale, et qu’il indique être à peu près de l’E. à l’O.
depuis le cap Cervères jusqu’à la Corogne. D’après cette nou-
velle direction peut-être artificielle, les strates ne seraient plus
parallèles à la chaîne, et M. Reboul indique d’assez nombreuses
anomalies dans cette direction. Le chaînon du Canigou et du
Puygmal , celui des sources de l’Ariège et du Salat se croisent
sous un angle de plus de 3o° , et ne lui paraissent pas avoir pu
être le produit d’une même évulsion.
Il conclut que la chaîne des Pyrénées , quoique des plus sim-
ples , est néanmoins composée de plusieurs arêtes qui affectent
des .directions différentes, soit dans l’alignement de leurs masses.
DE U SOCIÉTÉ EN 1 85 1 . 5 1 5
soit dans celui de leurs strates. Cette disposition porte à croire
que son exhaussement s’est opéré par le concours de plusieurs
évulsions en sens divers , soit contemporaines , soit successives.
Il admettrait donc un certain nombre d’époques de redresse-
ment des couches de cette chaîne ; le plus ancien serait celui des
grauwackes de la Maladetta' et de l’anthracite intermédiaire
avec empreintes de calamites; le plus moderne, celui qui a agi
sur les terrains tertiaires eux-mêmes , et serait contemporain de
celui qui a réagi des Alpes occidentales sur ïa molasse de Suisse.
Loin d’admettre que le redressement des Pyrénées soit plus an-
cien que celui des Alpes, M. Reboul pencherait vers l’induction
contraire, parce que le terrain de craie qui occupe aux Pyrénées
le point central du mont Perdu ne se rencontre aux Alpes que sur
des hauteurs moyennes, et parce que les molasses suisses lui sem-
blent plutôt s’adapter au système de redressement du Jura qu’à
celui des Alpes, tandis que des terrains tertiaires du pied des Py-
rénées ont évidemment participé au relèvement de cette chaîne.
MM. Dufresnoy et de Beaumont ayant étudié de nouveau les
Pyrénées, admettent effectivement trois systèmes de direction,
outre le redressement général qui imprime à la chaîne son relief,
les deux antérieurs ayant été modifiés par le soulèvement de la
chaîne, et le dernier, celui des Ophite y, n’étant que très local , très
moderne, et seulement appréciable là où l’Ophitc s’est fait jour.
Le plus ancien est celui des terrains intermédiaires; le deuxième,
entre le dépôt de la craie ancienne et celui de la craie supérieure.
Voilà une nouvelle période qui n’avait point encore été reconnue
entre ces deux membres d’un même terrain; la direction est celle
des Alpes occidentales. Le troisième , postérieur à tout le système
crayeux, et qui court de l’O. i6° N., à l’E. i6° S., est la direction
principale ; le quatrième enfin , postérieur aux terrains tertiaires,
et dont la direction O. i2°S. , à E. 1 2° N. , est le même que celui
de la chaîne centrale des Alpes; c’est lui qui contient le sel, les
gypses et les Ophites .
— Je ne puis terminer l’article des révolutions du globe dues au
soulèvement des chaînes de montagnes, sans vous rappeler, mes-
sieurs, la publication récente des Fragmens géologiques sur V Asie
centrale , fruits du dernier voyagedeM.dcIIumboldt, dont le nom
appartient à l’Europe entière, et surtout à la France, sa patrie
scientifique, s’il n’est pas encore inscrit parmi ceux des membres de
cette société.
M. de Humboldt a reconnu que la partie haute de l’Asie cen-
trale; qu’on appelait vulgairement le grand plateau , se corapo-
RAPPORT SUR LES TRAVAUX
5i4
sait de quatre puissans systèmes de montagnes , tous dirigés de
l’est à l’ouest , et supportés par une base commune également sou-
levée au-dessus des pays qui l’entourent.
Au pied de cet immense système est une énorme cavité de dix-
huit mille lieues carrées de surface et d’une profondeur de i5o
à 3oo pieds au-dessous de l’Océan ; le niveau supérieur de la mer
Caspienne et de la ville d’Astracan y est à 3oo pieds , le cours du
Volga à i5o. Cet affaissement considérable a paru à M. de Hum-
boldtêtre le résultat du souJèvément du plateau qui porte la
chaîne de l’Himalaya , de l’Iran, et peut-être aussi du Caucase,
masse énorme dont le soulèvement ne serait comparable à aucun
phénomène géologique du même ordre observé sur les autres
continens.
M. de Humboldt a aussi rapproché les traces encore subsistantes
dans le centre de l’Asie, des agens volcaniques qui peuvent se
lier plus ou moins directement avec la puissance intérieure qui a
produit de si énormes résultats.
L’âge présumable de ces soulèvemens n’a pas été précisément
indiqué par M. de Humboldt ; mais les découvertes récentes dans
les régions les plus élevées du Caucase et même de i’Himalava , de
coquilles tertiaires analogues à celles des mers environnantes, doi-
vent porter à envisager ces chaînes comme de formation postérieure
à l’ensemble des terrains tertiaires; ce qui confirmerait encore ce
résultat si imprévu que les plus hautes chaînes sont les plus ré-
centes.
— A l’histoire de ces révolutions se rattache encore l’ingénieux
plaidoyer, pour me servir d’une expression de l’auteur, que l’un
de vos vice-présidens , M. Arago , secrétaire perpétuel de l’Aca-
démie des sciences, vient de publier en faveur des comètes {Ann.
du Bureau des longitudes , i83‘2). La comète de six ans trois
quarts, dont l’apparition prévue pour t832, semblait devoir jeter
l’épouvante, à raison de la distance assez rapprochée à laquelle
elle doit passer de notre planète , a fourni à M. Arago l’occasion
de passer en revue les effets possibles de ces corps célestes relati-
vement à la terre. Ce savant astronome, qui a montré dans l’ana-
lyse des idées de M. de Beaumont sur l’âge des montagnes, insérée
dans l’un des derniers volumes du même recueil , tout l’intérêt
qu’il portait aux grandes questions géologiques, a démontré, avec
l’admirable clarté qui caractérise tous ses écrits , que le rôle des
comètes ne pouvait avoir été en aucun temps la cause des grandes
catastrophes de notre planète, ainsi que le supposent de célèbres
théories et les préjugés populaires. 11 en résulte aussi que l’ori-
DE LA SOCIÉTÉ ETÏ 1 85 1 • 5l5
gine de ces puissans phénomènes est bien plus probablement ter-
restre qu’astronomique. Le mémoire de M. Arago est donc plu-
tôt un plaidoyer en faveur de l’innocence que de la puissance
des comètes.
VIIme SÉRIE. MÉLANGES.
§ 66. — Les réflexions présentées à. la société par M. Boué,
tendant à apprécier les avantages de la paléontologie appli-
quée h la géognosie et à la géologie , se rattachent à une des plus
importantes questions de la science ; mais vous ayant déjà entre-
tenus, messieurs , à l’occasion du travail de M. Deshaves sur les
coquilles des terrains tertiaires (5 19), des objections plus ou
moins spécieuses dont peuvent être l’objet les caractères zoolo-
giques trop exclusivement employés, je me bornerai à repro-
duire ici en peu de mots les conclusions particulières de M. Boué.
iVL Boué s’est surtout attaché à opposer les unes aux autres les
classifications et les conséquences géogéniques, fondées d’une part
sur la géologie de superposition proprement dite, d’une autre
sur la paléontologie appliquée à cette science. L’observation de
la continuité des couches lui semble rester encore la règle de dé-
termination la plus sûre. Il trouve que la géologie, sans les fos-
siles, possède assez de données pour conduire à tous les grands
résultats, à toutes les divisions chronologiques admises; que le
caractère paléontologique , qui peut être un bon chronomètre
dans les limites d’un seul bassin, ou sur un grand continent bien
connu , et être fort utile quand la superposition est incertaine ,
ne peut suffire , sans risque des plus graves erreurs, pour faire de
la géologie sur toute la surface terrestre, et au milieu de bassins
dont les relations de couches n’ont pas été antérieurement déter-
minées.
M. Deshayes, considérant que la géologie est la science des
couches de la terre dans leur nature et dans leurs rapports, que
cette série de couches ne présente à l’esprit qu’un long chrono-
mètre décomposé en autant de sous-périodes qu’on peut recon
naître d’influences diverses ayant présidé uniformément chacune
à un dépôt d’un certain nombre de couches, M. Deshayes définit
ainsi une formation géologique : espace de temps représenté par
lin certain nombre de couches de la terre déposées sous l'in -
jluence du meme phénomène.
Or, ces phénomènes n’ont pu agir que sur la matière inorga-
nique ou organisée : la première est essentiellement variable à la
même époque suivant les circonstances locales qui l’auront mo-
5l6 RAPPORT SUR LES TRAVAUX
difiée; on voit au contraire les mêmes espèces de corps organisés
fossiles persister eux-mêmes, malgré la diverse nature des cou-
ches qui les renferment. Le 'moyen de reconnaissance le plus fixe
semble à M. Deshayes devoir remporter sur tout autre, et tandis
qu’une période minéralogique est, selon lui, inadmissible, les
périodes zoologiques sont seules naturelles et susceptibles d’être
limitées. La succession des terrains en présente évidemment plu-
sieurs auprès desquelles la période actuelle peut servir de terme
de comparaison 5 les giscmèhs contraslans , la dislocation des cou-
ches peuvent, ainsi que la différence minéralogique, être des acci-
dens locaux : les changement d’organisation au contraire tien-
draient à des lois plus générales, et seraient seuls propres à faire
envisager sous un point de vue philosophique les révolutions que
la surface du globe terrestre a subies.
Ces raisonnemens ont porté de nouveau M. Deshayes à, con-
clure qu’il n’y avait point de géologie possible sans zoologie ,
conclusion diamétralement opposée à celle de M. Boué , et qui
mettrait un peu brusquement hors de la science les travaux des
de Saussure, des Dolomieu, des Werner, des Deluc, et d’autres
géologues qui ne furent point zoologistes.
M. Desjiayes a montré aisément le peu de réalité de cette ob-
jection , que l’emploi incorrect et erroné du caractère zoologique
devait prémunir contre l’importance du caractère même ; mais il
en est de plus sérieuses , de plus philosophiques, et que ne peu-
vent se dissimuler les naturalistes même aux yeux desquels ce ca-
ractère conserve le plus de valeur. Il en est une surtout à laquelle
on n’a point encore répondu , quoiqu’elle se fonde sur l’examen
attentif de la nature actuelle et sur les considérations les plus ration-
nelles et les plus simples. Je veux parler de l’impossibilité de
préciser l’étendue géographique et les limites chronologiques de
ce qu’on voudrait nommer exclusivement une période zoologique.
En comparant, comme le fait M. Deshayes lui-même, à l’é-
poque actuelle les périodes antérieures, ne pourrait-on pas de-
mander quels seraient les moyens de reconnaître et d’identifier
comme contemporains et membres d’une seule période les fos-
siles des couches qui se forment aujourd’hui sous les différentes
latitudes, dans les différens bassins de mers, de lacs , de fleuves,
sous l’influence des énormes courans sous-marins , sur les rivages,
dans les profondeurs? Et si ces dépôts venaient à être mis à sec par
une des grandes catastrophes qui semblent avoir limité les plus
importantes formations , d’après quelles données pourrait-on re*
garder comme contemporains les débris de marsupiaux de la
DE LA SOCIÉTÉ EN 1 83 1 . 3 1 ^
Nouvelle-Hollande, les éléphans d’Afrique et d’Asie et les rennes
du nord, les plantes alpines et les fougères en arbres, les co-
quilles de la Baltique et celles de l’équateur, en un mot les êtres
des différentes zones géographiques et climatériques, si l’on ne
trouvait eii dehors de ces physionomies organiques, si différentes,
quelque point de repère , quelques relations même éloignées de
superpositions , qui permissent de lier de proche en proche les
uns aux autres ces dépôts si disparates, zoologiquement plus en-
core que géologiquement , et d’y reconnaître les élemens d’une
seule et même période.
Les bases de cette objection se trouvent dans le mémoire de
M. C. Prévost sur la submersion itérative des continens , où
sont clairement développées les nombreuses causes physiques
qui peuvent avoir fait varier sur la même place les corps orga-
nisés fossiles d’une seule période. L’exemple qu’il a choisi des dé-
pôts uniformes que doit entasser durant notre ■ ériode, sur des
espaces immenses comparativement à nos bassins géologiques, le
grand courant équatorial , taudis qu’en même temps se forment,
sous les mêmes latitudes, des produits organiques si différens, et
que le moindre changement dans la direction de ce courant peut
faire brusquement changer, cet exemple , dis-je , est aussi philo-
sophique, qu’il serait décourageant pour les conséquences à tirer
des caractères zoologiques , si l’on ne convenait qu’il est encore
nécessaire en géologie, autour du caractère capital des fossiles,
de grouper tous les autres moyens possibles de détermination et
de distinction chronologiques. Les différentes voies de reconnais-
sance conduiront sans doute à des résultats assez identiques, et
c’est ce qu’a fait observer M. Dufresnoy. à l’occasion des idées
opposées de M. Boué et de M. Deshayes. Les formations géolo-
giques n’étant que des séries de couches déposées dans les mêmes
circonstances, comme entre deux soulèvemens de montagnes, il
est tout-à-fait présumable que les révolutions qui ont suivi les
soulèvemens ont nécessairement donné naissance à des groupes
zoologiques qui devront le plus souvent s’accorder avec les diffé-
rences de stratification.
L’étude des superpositions paraît toujours être à M. Dufresnoy
la base de la distinction des terrains , et depuis vingt-cinq ans on
s’est à peu près borné à faire coïncider le caractère des fossiles,
d’ailleurs si généralement utile, avec les âges de formations de-
puis Ion g- temps établies par le seul fait des superpositions.
§ 67. Un fait intéressant qui aurait pu se rattacher à l’his-
toire des dislocations du sol , est le fait des surfaces naturellement
5 1 S
RAPPORT SÜR LES TRAVAUX
polies de certaines roches , sur lequel M. Boue vous a commu-
niqué des détails intéressans , appuyés d’une série d’échantillons.
M. Boue pense que la plupart de ces polis naturels sont dus à des
glissemens et à des frotte mens plus ou moins considérables produits
la plupart par le brisement des couches. On les observe en petit
dans un grand nombre de roches argileuses , marneuses , char-
bonneuses, et même calcaires ou arénacëes , ainsi que dans cer-
tains minerais, particulièrement auprès des failles et des plisse-
mens de couches. On a aussi observé fréquemment dans les Alpes
des masses calcaires fendillées qui présentent sur de très grandes
surfaces ce poli naturel , accompagné de stries parallèles indiquant
la direction dans laquelle s’est opéré le frottement de grandes
masses de roches, et dans celles-ci des parties séparées semblent
avoir été frottées les unes contre les autres par un mouvement
plutôt prolongé que brusque et passager.
Ces stries de dislocation sont à distinguer de celles que présen-
tent souvent les parois des filons, et qui sont plutôt le résultat de
la cristallisation.
§ 68. — M. le comte de Montlosier, dont le nom respectable
se réunit à ceux de GueUard , de Desmarets, de Malesherbes, de
Monnet , pour rappeler l’un des premiers ouvrages classiques
(1788) sur l’iiistoire des volcans éteints de l’Auvergne , n’a point
cessé d’appliquer son espr.t d’observation aux phénomènes géo-
logiques, quoiqu’il n’ait presque rien publié depuis. La création
de cette Société a ranimé ses anciens goûts , et il s’est empressé
de s’associer à vos travaux , en vous communiquant sa manière
d’envisager les méthodes d’observation dans les sciences natu-
relles, particul.èremenV en géologie.
Il vous a aussi communiqué ses idées sur la formation d'un
grand nombre de lacs , d’après des observations anciennement
recueillies par lui en Suisse, en Italie et ailleurs.
On sait que le bassin du lac d’Aidat, en Auvergne, a été
formé par le barrage opéré sur la vallée de ce nom par des coulées
délavé sorties du cratère connu sous le nom de P uy- de-la- Vache.
Appliquant ce fait des barrages des vallées, non uniquement
par des coulées volcaniques, mais bien plus généralement par des
dépôts d’alluvions , M. de Montlosier a observé que tous les lacs
de la Suisse, sans exception , et encore tous les lacs sur le versant
de l’Italie avaient été formés , sur une bien plus grande échelle
que le lac d’Aidat , par des digues naturelles, par des transports
énormes de terrains d’alluvions qui arrivant à angle droit sur
lès anciennes vallées où coulaient tranquillement des fleuves, les
ÎDE LA SOCIETE EN 1 85 1 . SlQ
Ont fermées à leur extrémité et ont occasioné ces vastes stagna-
tionsd’eaux douces, qui figurent aujourd’hui sous différens noms.
Un pareil obstacle formé par des matières meubles n’est-il pas
de nature à céder tôt ou tard à la pression d’une aussi énorme
masse d’eau , et plus d’un lac des périodes antérieures , formé
peut-être de la même façon, n’a-t-il pas dû sa rupture à la cause
même de son origine?
M. de M. ne peut entendre appliquer cette théorie de la for-
mation des lacs à tous les grands réceptacles d’eau douce , car
ceux des contrées volcaniques paraissent occuper la plupart
des fonds d’anciens cratères , ainsi que M. de M. les a distin-
gués lui-même sous le nom de cratères -lacs. D’autres remplis-
sent dans les montagnes à calcaires secondaires des bassins for-
més par les dislocations des couches ; d’autres enfin peuvent oc-
cuper les sinuosités de la surface ondulée des grandes plaines
formées de terrains de sédiment.
§ 69 et 70. — M. d’Omalius d’Halloy a publié, l’année der-
nière, des Elémens de géologie dont il vous avait communiqué
plusieurs fragmcns. Dans une première note sur la structure de
V écorce solide du globe , il a passé en revue les différentes sortes
de joints que l’on peut observer dans la masse incohérente de la
terre; il en reconnaît cinq modifications : joints de texture , de
stratification, d* injection , fissures et failles ; les trois premiers états
lui présentent des formes qu’il range sous quatre subdivisions,
massives , fragmentaires , cristallines et organiques ; puis il fait
rentrer dans les deux premières les différentes variations habi-
tuelles de la matière inorganique irrégulière. M. d’Omalius con-
vient toutefois que ces distinctions ne sont pas le plus souvent
plus saillantes qu’on ne le doit attendre de substances pour ainsi
dire amorphes.
M. d’Omalius vous a aussi communiqué, messieurs . des ob-
servations sur la classification qu’il a suivie dans ses Elémens
de Géologie. Sa base première a été celle adoptée par M. Bron-
gniart , et proposée , je crois , par M. Boue , des terrains
plutoniens et des terrains neptuniens formant deux séries paral-
lèles. Il a de même adopté les deux dénominations créées par
M. Brongniart de terrains agalysiens pour les roches cristallines
des terrains primordiaux ou de transition et de terrains hémily -
siens pour les dépôts de sédimens de ces deux mêmes groupes. Il a
nommé les terrains secondaires ammonéens , et les terrains ter-
tiaires, en y comprenant le diluvium , terrains teriairès , à rai-
sou de l’abondance de débris de grands animaux qu’ils renfler-
320 RAPPORT SUR LES TRAVAUX
ment* à ces groupes il ajoute les terrains modernes et les terrains
pyro'ides.
Je ne pourrais suivre l’auteur de cet ouvrage dans les subdi-
visions secondaires correspondant aux formations ou unités géo-
logiques , sans reproduire l’ensemble même de ses tableaux, qui
présente 22 de ces unités partagées en 97 types de roches ou
sous-formations. Yoici toutefois , en allant du plus récent au plus
ancien, les terrains admis par M. d’Omalius, dont quelques uns
ont reçu de lui des dénominations nouvelles :
Terrains nept u n iens . Terrains modernes : terrains madré-
porique, tourbeux, détritique , alluvial, (fluviatile et marin); tuf-
face (terrestre et marin); terrains teriaires : diluvien , nymphéen
(ce terrain contient les différées étages d’eau douce tertiaires) ,
tritonien (tous les* étages marins de la même période) ; — terrains
ammonéens : crétacé , jurassique , liasique , keuprique ? pénéen ;
— terrains hémylisiens : houiller , anthraxij ère , ardoisier , tal-
queux.
Terrains teuton ïens. Terrains agalvsiens : granitique , por-
phyrique ; terrains p y roïdes : basaltique , trachy tique , volca-
nique.
Si j’avais à vous entretenir de l’ouvrage de M. d’Omalius dans
son ensemble et en dehors de cette division méthodique, qui
n’en est pas la partie la plus importante , je ne croirais pas me
tromper en exprimant qu’on y reconnaît l’esprit clair et métho-
dique propre à tous les travaux de ce géologue. Ii est divisé en
trois parties : Géographie physique , ou histoire de la forme ex-
térieure du globe; Géognosie , nature et division des matériaux
constituant la science d’observation proprement dite; Gcogénie ,
partie théorique embrassant les explications diverses données de
la formation des terrains. Cette dernière partie est d’un grand
intérêt par la précision avec laquelle M. d’Omalius a rapproché
les doctrines les plus récentes et les plus importantes pour l’inter-
prétation des grands phénomènes géologiques.
La publication de cet ouvrage a coïncidé avec celle de plusieurs
autres traités élémentaires dus à MM. Brongniart, de la Bêche,
Macculloch, Lveîl , de Léonhard ; récemment encore M. Bron-
gniart a complété son ouvrage par un tableau graphique de la
succession la plus générale en Europe des terrains qui compo-
sent V écorce du globe. Dans ce tableau , ou les alternances et les
enchevêtremens des terrains ont été si heureusement indiqués,
M. Brongniart a rendu plus sensible sa nouvelle et méthodique
nomenclature des formations que vous connaissez, messieurs.
DE LA SOCIÉTÉ EN 1 S 5 1 . 5âi
Le nom de M. d'Omalius vous aura rappelé la seule Carte
géologique de France que nous possédions encore. Bientôt
elle sera remplacée par le grand travail dont s'occupent depuis
plusieurs années MM. Brochant , de Beaumont et Dufres-
noy, fruit d’une masse énorme d'observations recueillies dans
des voyages multipliés, et rendues plus intéressantes par leur grou-
pement dans un vaste ensemble, et par leur représentation gra-
phique. Mais les géologues ne devront pas oublier que M. D’O-
malius, le premier, recueillit sur le terrain , et combina, avec les
observations rassemblées parM. Coquebert de Montbret, dont lé
vaste savoir eût produit tant de fruits s'il n'eût été gêné par une
excessive modestie , les matériaux d’une carte qui , malgré ses
groupes trop limités et la petitesse de son échelle , n'en aura pas
moins été long-temps utile.
§ jo bis. — M. Boubée vous a communiqué , sous le titre de
Tableau mnémonique des terrains primordiaux , une sorte de
représentation graphique des roches cristallines autrefois consi-
dérées comme primitives. Son but paraît avoir été de montrer
comment les principales roches de ce terrain (gneiss , mica-
schiste, etc., etc.), gravitent, pour ainsi dire, autour du granité
comme centre , comme type de toutes les autres , qui n’en se-
raient , selon ce géologue , que des modifications la plupart con-
temporaines, et passant de l'une à l’autre le plus souvent avec les
mêmes substances minérales disséminées, mais avec prédominance
soit du mica, soit du talc, soit de l’amphibole , réunis au quartz et
au feldspath. M. Boubée en représente quatre séries : dans chacune
des trois premières prédomine l’un de ces trois élémens qui man-
quent tous trois dans la quatrième série. 11 a cherché à expiimer
leurs relations de superpositions présumées, mais très incertaines,
et à montrer comment chacune de ces roches , après avoir été le
type d’un groupe principal , se retrouve isolée dans les autres
groupes. Tous les terrains dits primordiaux ne constitueraient ,
selon lui , qu’une seule et même formation , à laquelle il joint ,
comme étant d’origine plus évidemment plutonique , certains
porphyres , des gypses , des dolomies. Mais, avec la tendance ac-
tuelle de la géologie à considérer les granités et autres roches
cristallines dites primordiales comme étant aussi bien roches
d’épanchement et d’origine ignée que les porphyres , et comme
ayant dû surgir à plusieurs époques même des terrains secon-
daires , il semble bien difficile de fixer encore un groupement
vrai de ces roches qui soit d’une utile application; le résumé
graphique de M. Boubée peut avoir toutefois l'avantage d’ai-
4 Soc. gcol. Toro. II. ai
322 RAPPORT SUR UES TRAVAUX
der la mémoire et de montrer les relations les plus habituelles de
ces dépôts cristal lins.
M. de Bonnard , dans son traité des terrains ( Dict . dJhist. nat,
1819) , avait aussi distribué les roches des formations géologique-
ment et minéralogiquement par séries , dont chacune avait pour
types le quartz le feldspath , le pyroxène , ete. , et il pour-
suivait ces séries depuis les terrains les plus anciens j usqu’aux plus
modernes. Malgré d’assez fortes ressemblances, le point de vue
sous lequel M. Boubée a rédigé son tableau mnémonique , borné
aux roches anciennes, n’est pas tou t-à-fait analogue.
§ 71. — M. Boubée , pour dégager la détermination des co-
quilles fossiles d’erreurs trop fréquentes dans les descriptions des
géologues, propose une sorte de c on chilio mètre qui permettrait
de déterminer les espèces et même les variétés de ces corps, soit
en nature, soit à l’état de moules intérieurs ou extérieurs, avec
une précision plus rigoureuse que par l’usage des caractères ha-
bituellement énoncés, précision presque géométrique et à peu
près analogue à celle du goniomèti e.
Dans les coquilles univalves, il y aurait à mesurer l’angle de la
spire à son sommet , l’angle d'ouverture , et celui que fait la di-
rection des tours despire avec l’axe de la coquille. Dans les co-
quilles bivalves équilatérales , l’angle extérieur de la charnière
serait le meilleur caractère , auquel se joindrait pour les inéqui-
latérales la mesure des autres angles.
M. Boubée pense que l’application du même instrument se-
rait facile aux moules de coquilles, aux écltinides, aux radiaires
et aux polypiers.
Sans obtenir la précision rigoureuse qu’on pourrait attendre
d’un instrument de mathématiques , les zoologistes exercés , sur-
tout les conchyliologistes, expriment souvent, parmi les caractères,
des ouvertures d’angles, tout en décomposant le plus possible les
dimensions des diverses parties. On en voit de fréquentes appli-
cations dans le premier volume de Bruguières ( Encycl . nie'th.
y ers ), ouvrage si consciencieusement continué par M. Deshayes.
M. Desmarets , dont la méthode descriptive est toujours si
vraie et si précise, se sert, pour chaque espèce à décrire, de
cadres lithographiés où. sont inscrits d’avance tous les caractères
jusque dans les plus minutieuses subdivisions et dans l’ordre de
leur importance, ce qui rend toute omission impossible. C’est
d’après cette méthode qu’il avait commencé à exécuter le traité
des oursins fossiles , dont M. Brongniart devait faire la partie géo-
logique, travail qui comblait une lacune dans la science avant le
magnifique ouvrage de M. Goldfuss.
DÉ LA SOCIETE EN 163 i .
î/ouvrage deM. Miller sur les crinoïdes, autre modèle de des-
criptions, paraît avoir été exécuté d’après des principes analogues.
En combinant l’usage de l’instrument proposé par M. Boubée,
avec cés cadres descriptifs * on aurait une forte garantie d’exacti-
tude pour les fossiles des classes inférieures.
§ 72. — Le mémoire de M. Byarley sur la précession des
équinoxes et V inclinaison de V axe de la terre , ayant été seule-
ment communiqué à la société , et n’étant point resté dans ses
archives , j’ai le regret de ne pouvoir vous en rappeler que le
titre.
Les astronomes et les physiciens ont plus d’une fois prêté leur
appui à la géologie, à cette science qui tient à presque toutes
les autres , et fait avec elles un mutuel échange de faits et de lu-
mières. Il y a peu de temps que M. Herschell a communiqué aux
sociétés royale et géologique de Londres ses idées touchant l’in-
fluence des phénomènes astronomiques sur les révolutions géo-
logiques. !
MM. Foncier, Ampère , Àrago , ont aussi montré en France
combien il y avait loin des lumières que la géologie pouvait at-
tendre des hautes sciences physiques et mathématiques , à l’abus
qu’on en faisait autrefois pour appuyer les théories conçues en
dehors de toutes observations des faits, et sans tenir compte des
conséquences directes auxquelles la géologie conduit par ses pro-
pres voies d’induction.
Tels sont , messieurs , les nombreux travaux dont j’avais a vous
retracer l’esprit et l’essence; heureux si j’ai pu , en retour de la
Confiance que vous m’avez témoignée en me chargeant de cette
honorable tache, montrer de l’impartial. té et de l’exactitude.
Pour compléter l’histoire des travaux de la société depuis sa
première séance scientifique, tenue le 21 juin i83o jusqu’au
ier janvier i832 , je rappellerai qu’en i83o elle avait eu commu-
nication des mémoires suivans :
1 . Des caractères particuliers que présente le terrain de craie
dans 1e sud de la France , et principalement sur les pentes des
Pyrénées , par M. Dufresnoy (21 juin i83o).
2. Aperçu sur le sol tertiaire de. la Gallicie , par M. Boue
(28 juin 18 >0).
3. Considérations sur la valeur attachée aux expressions sui-
vantes : Epoque ancienne et époque actuelle ; époque an te'di la-
rme et postdiluvienne ; époque antékistorique et historique ;
RAPPORT SUR LES TRAVAUX
f>*4
période saturnienne et période jovienne , par M. Constant Pré-
vost (28 ju%^i83o).
4. Sur la présence de cycladcs et d' ancyles dans le calcaire
d'eau douce supérieur d' Etampes, par M. J. Desnoyers (28 juin
i83o).
5. Notice sur la température du puits artésien entrepris en
i83o près de La Rochelle y par M. Fleuriau de Believue (8 no-
vembre).
6. Remarques sur un Mémoire de MM. Sedgwich et Murclii -
son , relatif aux terrains de Gosau, dans les Alpes autrichiennes ,
par M. Boue (8 novembre).
7 . Note sur des ossemens (de pachydermes) dans un terrain
de transport près de Nancy , par M. Bobert (22 novembre).
8. Description du bassin ? ou pays plat de la Gallicie et de la
Podolie , par feu M. Lili de Lillienbaeh : Mémoire accompagné
d’une carte et de coupes géologiques (22 novembre).
9. Observations sur la direction et l'âge relatif des montagnes
serpentineuses de la Ligurie , en réponse à une Note de M. Lau-
rent Pareto , par M. E. de Beaumont (6 décembre).
10. Observations sur un Mémoire de MM. Buckland et de la
Bêche , relatif aux liges de cycadées et de conifères gisant ver-
ticalement dans un limon noiry entre le Purbeck et le Portland-
Stone, de l'ile de Portland, par Ms C. Prévost (6 décembre).
Je terminerai ce rapport, dans lequel je me suis permis, peut-
être indiscrètement , d’introduire quelquefois mes propres opi-
nions ou mes incertitudes , toujours guidé , j’aime à le répéter,
par une conscience que je me suis efforcé de rendre impartiale , si
je n’ai pu réussir à la dégager d’erreurs ou de préventions, en in-
diquant la direction que la géologie me semble avoir prise durant
le cours de l’année dernière, direction à laquelle n’a certainement
pas été étrangère la fondation de cette société.
S’il était possible d’apprécier la tendance générale d’une science
dont les élémens se rattachent à tant d’autres connaissances posi-
tives, et à laquelle apportent leur tribut tant d’observations iso-
lées et indépendantes , tant d’opinions individuelles parfois con-
tradictoires , 11e pourrait-on pas formuler ainsi en quelques traits
celle que les nouvelles découvertes ont imprimée à la géologie?
La marche n’en a été ni brusque ni rétrograde , elle s’est conti-
nuée dans le même sens que les quatre ou cinq années précé-
dentes.
DE LA. SOCIÉTÉ EN 1 85 1 . 5*5
L’éclectisme s’y est de plus en pins profondément introduit.
Chaque jour s’est affaiblie une précision trop rigoureusement
méthodique , commode sans doute pour l'étude , mais qui , sou-
vent au détriment de la vérité, ne laissait d’incertitudes ni sur
l’âge d’un terrain , ni sur la valeur réelle de caractères zoologi-
ques ou minéralogiques propres à le fixer, sur les limites vraies
ou possibles de ces caractères et des formations géologiques elles-
mêmes.
C’est ainsi que le caractère zoologique , d’abord limité à un
petit nombre de genres par formations , s’est étendu peu à peu à
des limites bien plus larges , et que , tout en conservant son im-
portance , cette importance s’est restreinte aux espèces les plus
nettement caractérisées.
Les types de chaque terrain ont été regardés comme de moins
en moins exclusifs , de moins en moins généralisés; et l’on a tenu
plus rigoureusement compte des nombreuses influences locales
modifiantes auxquelles les sédimens ont été exposés. Il ne paraît
pas qu’on ait appliqué aussi généralement aux fossiles cette in-
fluence si puissante des agens locaux naturels qui peuvent avoir,
durant une même période , changé les espèces des corps organisés
enfouis dans les couches superposées d’un même bassin, sans que,
de cette différence , on soit en droit de conclure des destructions et
des renouvellemens si fréquens d’organisation.
On a continué d’attacher la plus grande valeur, en la fortifiant
par une foule d’observations directes, à cette vaste théorie de la
puissance du calorique dans l’intérieur et au-dessous de l’écorce
solide de la terre; soit qu’elle se soit manifestée dans les anciennes
périodes par les injections et soulèveniens de roches cristallines à
l’état d’une fluidité pâteuse , soit par les altérations, carbonisa-
tion , cristallinéité , ou par la cémentation des roches préexi-
stantes, au contact des dépôts d'épanchement, soit par la subli-
mation de métaux dans les filons et autres gangues métallifères ,
soit par les produits des émanations gazeuses ou acidifères, sulfu-
reuses, carboniques, magnésiennes, etc., soit enfin , durant notre
époque, par les gaz des eaux thermales, la chaleur croissante avec
la profondeur, et par les différons phénomènes volcaniques.
Le rajeunissement de presque toutes les anciennes roches cris-
tallisées long-temps dites primordiales et de transition, autant des
granités et des gneiss que des syénites , des euphotides , des por-
phyres; la probabilité de leur éjection , même à des époques secon-
daires assez récentes, ont continué de reposer sur des observations
nouvelles , de plus en plus précises.
3 2 6 RAPPORT SUR LES TRAVAUX UE LA SOCIETE EN l8)I.
. Il en a été de même du parallélisme et de la contemporanéité
à toutes les périodes de roches de stratification et de roches d’é-
panchement et de leur mutuelle intercalation* cette distinction,
presque unanimement admise , a achevé de faire disparaître la
vieille querelle des neptunistes et des vùlcamstes.
La théorie des mouvemens du sol , de leurs dates , de l’âge des
montagnes , des dislocations découches , jadis considérées comme
caractère d’ancienneté, et reconnues aujourd’hui comme propres
à toutes les périodes, et même plus en grand aux plus récentes,
a continué d’obtenir un grand crédit en Europe^ et les objections
qu’on a faites à cette ingénieuse théorie , en rectifiant certaines
parties faibles, ne paraissent devoir que l’éclairer et en fortifier
les bases. Déjà la direction des strates et des chaînes commence à
se joindre aux fossiles et à la superposition pour fournir un nou-
veau chronomètre géologique.
La tendance à rajeunir certains terrains de sédiment a été pres-
que aussi sensible que pour les terrains de cristallisation , et s'est
étendue depuis les calcaires des hautes montagnes jusqu’à une
partie des dépôts tertiaires.
A la contemporanéité , durant la même période et dans le
même bassin, des dépôts ignés et aqueux , s’est jointe , comme une
loi naturelle dont la vérité a été assez généralement reconnue, la
simultanéité des dépôts fhiviatiles et marins, littoraux ou profonds
et par conséquent delà nature la plus diverse, sous un mêmeliquide.
La succession de longues périodes de calme et d’époques passa-
gères de violens bouleversemens ;
La distinction des sédimens tranquilles et des dépôts de char-
riage;
La reproduction à chaque période, même les plus récentes ,
des causes et des résultats long-temps limités à des époques plus
anciennes , tels que la cristaîlinéité des sédimens , la production
de certaines substances métalliques, etc. ;
Le mode d'examen du connu à l’inconnu appliqué aux phéno-
mènes géologiques, en opposition à la théorie d’abord plus sédui-
sante de grandes lois et d’une puissance d’action anéanties ;
Telles sont encore quelques unes des tendances qui semblent se
manifester de plus en plus. En un mot , deux idées philosophiques
prédominantes, si elles ne sont point générales, l’action de la
température intérieure de la terre , et la continuation jusqu’à
notre période inclusivement des phénomènes de la plupart des
époques antérieures de tranquillité, paraissent tendre à obtenir
l’assentiment général des géologues.
SÉANCE DU 20 FEVRIER l832.
627
En voyant les chefs de la science céder au mouvement, appuyer
eux-m^mes de leurs observations ou de l’autorité de leur assen-
timent , des idées nouvelles contraires à des opinions qu’ils ont
long-temps professées et fait adopter en Europe comme vraies ,
on doit reconnaître autant de véritable savoir que de générosité, et
bien augurer de l’avenir de la science.
Ne devons-nous pas espérer que la formation d’une société géo-
logique française continuera à diriger dans ces voies rationnelles,
à les éclairer, à répandre plus généralement des principes qui
fructifieraient moins isolés , et à apprendre que le doute n’est pas
moins propre souvent que le dogme à faire découvrir la vérité.
Depuis longues années, l’Europe avait, dans la Société géolo-
gique de Londres y un modèle dont la France devait, plus qu’au-
cune autre contrée, être jalouse. En la suivant dans une route
que cette société a si bien tracée , guidée par l’amour du vrai ,
par l’examen consciencieux des faits, par l’indépendance la plus
entière des opinions et des doctrines, et manifestant, autant qu’il
appartient à la France, une absence de toute individualité natio-
nale , pour ne voir dans les géologues de tous les pays que des
observateurs de la nature, des amis d’une même science, réunis
par un lien commun , et tendant à un seul but, les progrès de
cette science, la société géologique française est assurée d’un suc-
cès qui non seulement sera national , mais qui peut devenir eu-
ropéen.
Séance du 20 février 1832.
M. Brongniart occupe le fauteuil.
Après la lecture et l’adoption du procès verbal de la der-
nière séance , le président proclame membres de la Société :
MM.
Gràteloup, docteur en médecine, à Bordeaux, présenté
par MM. Boué et Deshayes;
Bonnet (Gatien François) , étudiant en médecine, à Paris,
présenté par MM. Eugène Bobert et Michelin ;
Levy, professeur à l’école normale de Paris, présenté par
MM. Gordier et Brongniart;
Reynaud, ingénieur des mines, à Paris, présenté par
MM. Dufresnoy et Élie de Beaumont.
5*8 SEANCE DU 20 FÉVRIER l85*.
La Société royale de littérature de Londres adresse à la
Société ses remerciemens pour le premier volume du Bul-
letin.
La Société reçoit le prospectus d’une nouvelle société
fondée par M. Spurzheim, sous le titre de Société anthro-
pologique.
La Société reçoit les ouvrages suivais :
1° De la part de M. Herman de Meyer, son Mémoire sur
des pétrifications. (Extrait des actes de l’Académie des cu-
rieux de la nature, Torn. XV , part. 2. Bonn , 1829. ) In-4*,
avec 8 planches lithographiées.
a* De la part de M. Alcide d’Orbigny, son Tableau mé-
thodique de la classe des Céphalopodes , et le Rapport fait
sur cet ouvrage à l’Académie des sciences , par MM. Geoffroy
Saint-Hilaire et Latreille.
5° De la part de M. Underwood, un ouvrage intitulé:
Association impériale des mines du Brésil : Rapports des
directeurs adressés à leurs cominettans ( Reports of the di-
rectorSy etc.). Londres, 1826, in-8° de 128 pages, avec une
planche.
4® Les nM 11 et 12 de l' Européen , journal des sciences
morales et économiques. Paris, i85a.
5° Les nM 10 à i5 du Journal de C Académie de C indus-
trie , fondé à Paris , par M. César Moreau. i832.
6° Le n° 14 du Mémorial encyclopédique et progressif
des connaissances humaines , sous la direction de M. Bouilly
de Merlieux. Paris, in-8°.
y* De la part de M. Defrance, un exemplaire de son por-
trait gravé.
Il est fait hommage à la Société géologique de France,
par souscription , des sept années (de 1824 à i83o inclusi-
vement) du Bulletin universel des Sciences et de ly Industrie
(section des sciences naturelles et de géologie) , par MM. de
Blainville, de Bonnard , Boubée , Boué, Brochant de Villiers,
Clément Mullet, Cordier, Defrance, Delpon, Desnoyers,
Fleuriau de Bellevue, La Joye, Michelin, de Paris, Puzos,
Régley, Robin Massé, de Roissy, Yemard, de Yerneuil , Un-
dtrwood*
SÉANCE DU îi O FÉVRIER l832.
M. Lehmann offre à la Société deux échantillons de grès
des Carpathes, altérés et prismatisés par la chaleur des hauts
fourneaux.
Le secrétaire à l’étranger présente le quatrième cahier ,
pour 1 83 1 , du J ahrbuch fur minéralogie , géologie , etc., qui
contient en particulier un mémoire sur le gisement géolo*.
gique de quelques Monolis , par M. le comte Munster; un
article sur la température de l’intérieur du globe, par
M. Kloden ; une esquisse du système géognostique de M. Ke-
ferstein ; une note sur les fossiles du cabinet d’histoire natu-
relle de Carlsruhe, par le docteur Bronn; une lettre de M. de
Meyer sur te genre Cœlodonla , et une autre de M. le comte
Munster sur certains fossiles jurassiques.
Il annonce que quatre nouveaux cahiers du Montkly .Ame 7
rican journal of Geology and nalural I listory , sont arrivés
à Paris ; mais il n’y a que peu d’articles géologiques, savoir;
une description des mâchoires et dents du Megalonyx lar
queatus , par R. Haplan (n° 2) ; un voyage aux cavernes de
Virginie avec une liste proportionnelle des espèces de mam-
mifères dont on y a découvert les ossemens ( n° 2 ); et une
notice sur des fossiles trouvés à Ann, comté d’Arundel, dans
le Maryland (n° 3 ).
— M. Virlet lit une notice géologique sur l’ile de Therraia,
suivie d’un essai sur une nouvelle théorie de la formation
des cavernes : >
L’île de Thermia, la Cythnos des anciens , fait partie du groupe
des Cycladcs proprement dites, et se trouve sur les lignes de pro-
longemens sous-marins des chaînes de la Livadie et de la Thessalie.
Son sol très montagneux est essentiellement compose de roches
primordiales; ce sont des gneiss talcifères avec pyrites de fer et
quelques grenats , des micaschistes grenatifères et amphiboleux ,
des phyllades satinés à filons et noyaux de quarz , traverses par
des filons de fer oligiste; (c’est la roche dominante de l’île) , des
stéachistes et des calcaires grenus , qui sont très peu développes et
très subordonnés aux stéachistes.
Dans la partie septentrionale de l’ile , dans un lieu appelé Lou-
tro (bains) , à quelques mètres au-dessus du niveau de la mer et
330 SÉANCE BU *20 FEVRIER l83ll.
à peu de distance du rivage, se trouvent plusieurs sources ther-
males, salées, un peu amères, sans odeur sensible , et contenant
peu de gaz; elles sourdent du sol d’une petite plaine , en produi-
sant de petits bouillons, qui se réunissent pour former un ruisseau
qui va se jeter à la mer : quoique très rapprochées , elles diffèrent
cependant de température ; la source principale, qui sert encore
aujourd’hui de bains, n’a élevé le thermomètre qu’à 4o°, tandis
qu’une autre le fait monter à 5o°, et une troisième, la plus chaude
de toutes, à 57° centigrades.
Au village de Sillaka , situé dans la partie centrale del’île, à
environ 45o mètres au-dessus du niveau de la mer, existe une
caverne immense qui a son entrée dans le village même; elle est
en tièrement creusée dans des micaschistes et des phyllades souvent
très durs.
L’existence d’une semblable caverne dans des roches de cette
nature, est un fait nouveau et intéressant pour la géologie, qui
tf avait pas encore été signalé ; elle est d’une étendue considérable,
et ses Caractères sont parfaitement conformes à tout ce qu’on ob-
serve dans les cavernes à ossemens. Des parois arrondies et irré-
gulières, divers embranchemens dans lesquels régnent d’autres
petites cavités latérales sans issues, une suite de salles nombreuses,
plus ou moins vastes , communiquant entre elles par des couloirs
Souvent fort étroits, sont les principaux de ces caractères ; ils sont
d’autant plus faciles à saisir que , par la nature des roches et l’ab-
sence du calcaire dans les environs, elle est dépourve de stalactites
et stalagmites.
Toutes ces circonstances ne permettent pas à M. Virlet de
douter qu’elle n’ait servi de passage à un courant souterrain, au-
quel est dû le dépôt limoneux et argileux bleuâtre qui en forme
Te sol. Il exprime ses regrets de ce que la fièvre, qu’il avait con-
tractée depu s long-temps en Morée, ne lui ait pas permis défaire
faire, dans la grotte de Sillaka, des fouilles pour s’assurer, comme
il en est persuadé, que c’est une véritable caverne a ossemens; et
il cite à l’appui de cette opinion un fait, que M. Boblaye et lui
ont eu souvent l’occasion d’observer en Morée, et dont ils parle-
ront à l’article de la configuration générale de cette contrée; ce
sont des espèces de gouffres ou canaux souterrams, appelés dans
le pays Katavotrons , par où s’écoulent les eaux des grandes plai-
nes fermées, si remarquables, qui donnent à la Grèce un aspect
tout particulier. Ces katavotrons, comme il a eu occasion de le
vérifier plusieurs fois, sont de véritables cavernes à ossemens,
SÉANCE Ï)ÏI 50 FÉVRIER î8$2. 35 1
dont le dépôt limoneux ossifère se forme encore tous les jours.
M. Virlet passe ensuite en revue toutes les hypothèses par les-
quelles on a cherché à expliquer la formation des cavernes, et il
reconnaît que si elles ne sont pas même admissibles pour le cas de
roches solubles, comme les calcaires , elles le seront encore bien
moins pour des roches phvlladiqucs anciennes de la nature de
celles de Sillakas En effet, dit-il, comment doncevoir que les eaux
d'un lac, d’un torrent, etc., etc., de quelque nature qu’elles fus-
sent, auraient pu se creuser un passade a travers, des montagnes
d’une épaisseur immense, comme ces canaux souterrains qui
existent en grand nombre en Morée et dans la Grèce continen-
tale , si ces canaux n’avaient pas existé préalablement?
Pour arriver à une explication probable de la formation de
la caverne de Sillaka, et expliquer cette préexistence , M. Virlet
a recours à un autre ordre de phénomènes ; il suppose que la
plupart des cavernes ont bien pu n’èti e dans le principe que des
fractures ou fissures occasionées par quelques actions volcaniques,
telles que de violentes secousses de trembtemens de terre; que
ces fissures, dans quelques circonstances , sont devenues de« es-
pèces de cheminées par où se dégageaient les gaz produits par
l’action intérieure des volcans. Ces gaz, soit qu’ils aient été mu-
riatiques, fluoriques , sulfureux, etc., etc., élevés à une très haute
température par le fait seul de'îeur propre ‘formation , ont très
bien pu , par une action plus ou moins prolongée , altérer les ro-
ches qu’ils avaient à traverser, quelle que fut d’ailleurs leur nature.
M. Virlet rapporte à ce sujet un fait qu’il a eu occasion d’ob-
server dans l’isthme de Corinthe, et qui prouve très bien la
possibilité de ces altérations pour des roches autres que les cal-
caires; des jaspes et dcS silex y Sont journellement corrodés et
dénaturés par l’action prolongée de gaz souterrains, arrivant à la,
surface avec une température encore très élevée. Il regarde ces
gaz comme le résultat d’une action volcanique qui se manifeste
depuis long-temps dans le voisinage, et à laquelle sont sans doute
dus les trachy tés d’Eginc , de Méthana et de Paros ; cetle action
continuerait à se manifester aujourd’hui d’un côté par ces dégage-
mens de gaz, de l’autre par la production des eaux chaudes de
Loutro(i), situées aussi dans l’isthme, et par les eaux thermales
sulfureuses de Méthana.
M. Virlet admettant ensuite que ces fentes corrodées ou non
(i) Le mot Loutro est un mot générique, employé en Grèce pour
indiquer toute espèce de sources thermales.
55a SÉANCE DU 20 FÉVRIER l85î».
corrodées par des gaz, ont été relevées ensuite par des actions
volcaniques plus violentes qui ont donné naissance à quelque
chaîne de montagnes, ou ont exhaussé celles qui existaient déjà;
alors plusieurs de ces fentes ou fissures planes ou peu inclinées ,
ont pu fournir passage aux eaux de la surface , qui ont eu d’au-
tant moins de peine à s’y introduire que les roches qu’elles tra-
versaient avaient été plus corrodées.
Telle est l’origine qu’il suppose à la plupart des cavernes, sur-
tout de celles qui ont servi ou qui servent encore , comme en
Morée , de passage aux eaux de la surface ; mais là il n’y a eu au-
cune action corrodante, tandis que la grotte de Sillaka, aussi bien
que le canal qui sert encore aujourd’hui de conduit aux eaux
thermales deThermia, ont été très probablement de ces chemi-
nées ou fissures par où s’échappaient les produits gazeux de l’in-
térieur.
Une circonstance fort importante qui à Sillaka vient surtout à
l’appui de cette hypothèse, et qui semble se lier à la formation
de la caverne, c’est la présence des nombreux filons de fer qui
courent dans tous les sens au milieu des micaschistes et des phyl-
lades , en se rapprochant toutefois de la perpendiculaire au plan
des couches qu’ils traversent. On peut donc supposer raisonna-
blement qu’ils sont contemporains de la fissure ou cheminée prin-
cipale qui a donné naissance ensuite à la caverne , et que c’était
par cette grande fissure que s’échappaient et les gaz et le fer qui ,
en se sublimant, est venu remplir toutes les petites fissures laté-
rales du terrain , et donner naissance aux nombreux filons qu’on
y remarque.
Enfin, M. Virlet pense, d’après son hypothèse, que si les ca-
vernes sont plus nombreuses dans les roches calcaires que dans les
autres roches, cela ne tient pas seulement à leur nature plus so-
luble , mais bien aussi à leur nature plus cassante et peu flexible •
circonstances qui font qu’elles ont dû se fracturer bien plus sou-
vent que les roches schisteuses, au moindre soulèvement, quelque
faibje qu’il ait été, et donner lieu à de nombreuses crevasses,
élémens d’autant de cavernes; tandis que les roches schisteuses,
naturellement plus flexibles et plus tenaces , en résistant à de fai-
bles soulèvemens, ont éprouvé, au lieu de se fracturer, une certaine
extension qui a été quelquefois assez considérable, si l’on doit en
juger paries nombreuses ondulations et plis , ou refoulement de la
roche sur elle-même, qu’on y observe souvent , et qui se seront
formés lorsque ces roches momentanément soulevées ont repris
ensuite leur position première.
SÉANCE DÜ 30 FÉVIlIEft 1 83^. 555
Il termine son mémoire en annonçant que J a fameuse grotfe
<TAntiparos , ainsi que celle de Jupiter à Naxos, appartiennent,
comme celle de Thermia, aux mêmes roches primordiales; mais
que celles-ci sont creusées , non dans les phyllades comme à Sil-
Jaka, mais bien dans les calcaires grenus, qui dans ces deux îles ont
•acquis un bien plus grand développement qu’à Thermia , où ils
n’ont fait pour ainsi dire qu’apparaître.
Plusieurs membres objectent à l’auteur de ce mémoire, que
Ja cause première de l’excavation de la grotte de Thermia
pourrait bien être l’exploitation du minerai de fer; que le
défaut de traces d’altérations des parois rend difficile à ex-
pliquer l’élargissement de la grotte par des éruptions ga-
zeuses, qui modifient superficiellement plutôt qu’elles ne
dissolvent les roches; que l’action d’eaux acides souterraines
aurait pu plus aisément dissoudre ces roches phylladiques.
Mais M. Virlet est bien convaincu , d’après tous les carac-
tères que présente cette grotte, quelle n’a pu être formée
par d’anciennes exploitations de fer; il n’a reconnu sur les
roches aucune trace d’eaux érosives, et ce qui semblerait le
prouver, c’est la plus grande conservation des filons de fer.
d’altération produite par des émanations gazeuses aurait été,
'Selon lui, entièrement effacée par les courans qui se sont in-
troduits postérieurement dans cette grotte. Quant à la légère
•croûte altérée qu’ori trouve cependant à la surface , il la croit
"simplement le résultat des actions atmosphériques, et de
Thumidité constante de la grotte.
Mi Cordier annonce que M. Tournai vient de découvrir,
près de Saint-Pont, dans le département de l’Aude, au milieu
d’un terrain primordial et à 4oo mètres au-dessus de la Mé-
diterranée, une fente remplie de brèches osseuses.
M. de Bonnard observe que les grottes du Harz sont aussi
-creusées dans un terrain de transition , mais seulement dans
des roches calcaires.
— M. Nérée Boubée présente une nouvelle espèce de co-
quille terrestre provenant. du calcaire lacustre, qui limite au
.sud-est le terrain du bassin de Toulouse qu’il a décrit sous le
iiiom de Postdiluvium toulousain (v. Bull., Tom. i , p. j^G).
On se rappelle que ce dépôt, faisant partie du terrain tertiaire
554 SEANCE DU 20 FEVRIER l85à.
lacustre supérieur, a déjà fourni à M. Boubée sept especes
nouvelles (voy. Bull , Tom. i, pag. 2 1 2). Il donne le nom de
Cyclostoma formosum à la nouvelle espèce . caractérisée par
l'épaisseur de son test , par sa bouche supérieurement anguleuse,
fortement rebordée , et à peu près dans un même plan que l’axe
de la coquille, ce qui, joint à rallongement de la spire et au peu
de convexité des tours, donne à cette coquille le port d’une Pa-
ludine. Mesurée au conchyliomètre de M. Boubée, cette espèce
offre les caractères géométriques suivans : angle de la spire 270,
angle d* ouverture 78°, angle latero-dorsal 120°, angle de direc-
tion , longueur 5 2 millim. , largeur 23 miliim.
M. Boubée fait remarquer que le plus grand nombre des co-
quilles trouvées par M. Viala et par lui dans ce calcaire, sont des
espèces terrestres, et que, dans leur ensemble, elles diffèrent de
celles qui vivent aujourd’hui dans les mêmes lieux , autant que
les coquilles d’Egypte par exemple diffèrent de celles qui vivent
dans les environs de Paris.
Déplus, M. Boubée annonce qu’après un nouvel examen du
bassin de Toulouse , il conserve la même opinion sur le terrain qui
le remplit, et il présentera incessamment des preuves qui devront
fixer la place du Postdiluvinm toulousain dans la série géognos-
tique.
— M. Desnoyers présente à la Société des ossemens de boeuf,
de mouton et de cheval, trouvés dans les fouilles du nouvel
égout de la rue Saint-Denis. Les os ont perdu une partie de
leur imatière animale; ils répandent une odeur argileuse par
insufflation, et ils gisaient , dans un limon sableux noir pres-
qu’au contact du limon blanc de la rivière, à 8 ou io pieds
au-dessous du pavé actuel, à plusieurs pieds sous l’ancien,
formé de gros blocs de calcaire grossier et de grès, qu’on re-
garde comme de l’époque de Philippe-Auguste. Ces os étaient
également au-dessous du chemin antérieur encore à ce der-
nier, et que quelques personnes considèrent, mais pro-
bablement à tort , comme la voie romaine , qui de l’île des
Parisii se dirigeait au nord de Lutèee , en passant à travers
des marécages.
M. Desnoyers fait remarquer que dans cette partie de la
ville le sol se serait exhaussé depuis le douzième siècle, par
des remblais successifs , de 6 ou 8 pieds , fait analogue à ce qui
SÉATÏCè DU 5 MARS 1 85 * . 555
s’observe sur plusieurs autres points de Paris , particulièrement
sur la place Notre-Dame, puisque autrefois on montait par
plusieurs degrés à l’église qui est maintenant de près de 4
pieds, au-dessous du sol environnant. Sur plusieurs autres
points de Paris les fouilles ont souvent présenté des ossé-
mens à demi fossiles ; mais ce n’est que dans le gravier blanc
inférieur qu’ont été trouvés des restes d’espèces véritable-
ment fossiles et détruites.
Le sol de la ville de Londres a présenté , dans les fouilles
d’un égout pratiqué, il y a environ quarante-quatre ans,
dans le Lombard-Street, à seize pieds au-dessous de la sur-
face du pavé actuel, une quantité de blé qui avait évidem-
ment subi faction du feu, du bois brûlé, des poteries celti-
ques et autres objets qui paraissent dater de l’an 5q de notre
ère, époque du saccage de la cité de Londres par Buodicea,
reine de Ffeénie. Ce fait a été communiqué à M. Desnoyers
par M. Underwood. Il serait facile de citer un grand nombre
d’autres exemples de ces exhaussemens rapides du sol dans
les villes populeuses , d’ancienne date surtout, pour les épo
ques où un pavé continu ne fixait point encore de niveau
régulier. Nulle part ils ne sont plus remarquables qu’à Rome.
La Société procède à la discussion du projet de traité avec
un libraire pour la publication de ses mémoires. Elle adopte,
après quelques modifications, le projet arrêté par la com-
mission avec M. Levrault libraire. Il en sera fait une dernière
lecture à la Société pour quelle en adopte l'ensemble.
Stance du 5 mars 1832.
M. Brongniart occupe le fauteuil.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
La société reçoit de M. Lockhart, conservateur du Musée
d’Orléans, une collection d’ossemens fossiles du Loiret , de
Loir-et-Cher et de l’Indre. Ces ossemetis de mammifères, de
reptiles et de cétacés, proviennent des localités suivantes:
€hevilly, Àvaray, les Barres, les Aides et Argenton. Ils ap-
5&6 séance eu 5 mars i85a.
partiennent au mastodonte à dents étroites, à plusieurs es-
pèces d’hyppopotames, de rhinocéros, au tapir gigantesque,
à des cerfs, à des lophiodons, à des chéropotames , anthra-
cotherium, émydes, crocodiles et lamantins. Ils proviennent
tous, excepté ceux d’Argenton , du gravier diluvien.
Un membre (M. Desnoyers) rappelle que l’identité con-
statée par lui entre la plupart des ossemens de mammifères
du Loiret et ceux des faluns d’Indre-et-Loire, le porte à
conclure que ces ossemens avaient été entraînés au milieu
du dépôt marin littoral de la Loire centrale et inférieure par
des cours d’eau traversant la Loire supérieure , où ils ont
laissé les mêmes ossemens dans des dépôts uniquement flu-
viatiles. Le tableau ci-joint présente ces relations telles qu’il
les indiqua dans son Mémoire sur les terrains tertiaires ré-
cens , d’après les découvertes faites dans l’Orléanais par
M. Lockhart, en Auvergne par MM. Croizet, Jobert, etc. ;
on a ajouté ici les nouvelles découvertes faites dans le Yelay
par MM. Bertrand-Roux et Eugène Robert.
M. Tournai fait hommage à la société de échantillons
de roches du département de l’Aude, savoir :
i 1 échantillons de Fitou (diorite, calcaire et gypse quar-
zifère); 12 échantillons de Prat. près Narbonne (roche amyg-
dalaire, calcaire et gypse); 10 échantillons de Saint-Eugène,
près Narbonne (roche trappéenne, gypse); 4 échantillons de
roches ignées de Ville -Sègne , près Narbonne.
Cet envoi est accompagné d’une notice géologique sur les
roches volcaniques des Corbières.
M. Morren écrit qu’on a découvert à Merenclri et à Alte-
ren, entre Bruges et Gand, un nouveau gîte de bois et de
fruits fossiles. Burtin en avait déjà dit un mot.
La société accepte l’échange de son bulletin proposé par
M. Pfaundler, d’Inspruck en Tyrol, contre le journal pério-
dique scientifique publié dans cette ville sous le titre de
Zeitschrist für Tyrol uncl V orarlberg. Ce naturaliste se pro-
pose d’envoyer à la société les sept volumes qui ont paru de
ce recueil annuel , et dont le dernier date de cette année. Il
annonce en même temps qu’il n’a pas visité lui-même les en-
virons de San Cassian, si riches en fossiles (voyez le Bulletin,
Bull. Soc. géol. tome II , pag. 336.
RELATIONS GÉOLOGIQUES ET GÉOGRAPHIQUES, DANS LE BASSIN DE LA LOIRE,
I des dépôts d’ossemens de mammifères terrestres , de reptiles fluviatiles et de mammifères marias , des terrains tertiaires marins , plus récens que ceux du
bassin de la Seine et des alluvions anciennes de l’Orléanais et de la France centrale , indiquant la direction d’anciens courans qui auraient charrié les
ossemens depuis le lieu du séjour des animaux jusqu’aux plages marines. (J. Desnoyers).
Pachydermes (
Carnassiers . .
Reptiles . .
NOMS
des Mammifères, Reptiles, etc.
Mammifères terrestres (surtout des ruminans )
des alluvions anciennesde l’Auvergne et du
postérieurs aux calcaires d’eau douce. Source
du transport del’E. et du S. vers l’O. et le N.-O,
Squelettes souvent entiers.
Les Perriers ;
(Puy-de-Dôme)
MU. Croizel et
Saint-Privat
d' Allier.
M. Bertrand-Roux.
Eléphant E. primigenius
Mastodonte.
M. maximus
M. angustidens
M. minorct arvernensis. .
Hippopotame
Rhinocéros. U, lcptorliinus outichor.
ClIEROPOTAME
Tapik
T- gigas
An'TIIRACOTÈRE
Sanglier
Cheval
Palceotuère ....
Lopiiiodon
Cerfs
Bieufs
Ruminant de la taille du Chevreuil. .
Antilope
Traces de Carnassiers
1 1
f H. major,
t R- lepl...
lammifères
marins
Hyène
Felis
O ORS
Chien
Loutre
Castor
Lièvre
Rat d’eau
Rongeurs indéterminés.
Échassiers
Palmipèdes
Crocodile
Trionix ( T. de rivière).
Emyde (T. terr.)
Lamantins
f 10 à i5 es
| 2 esp
|2 esp
f 5 ou 4 esp.
t3 esp
t
t
+
t
t
3 esp.
t 2 esp.
Cussac
et Solilhac.
i lieue du Puy.
M- Robert.
Mammifères terrestres des alluvions anciennes
de l’Orléanais
(Avaray, Chevilly, les Aides, les Barres),
réunis à des reptiles fluviatiles, et à des lamantins,
avec coquilles fluviatiles. Trajet des cours d’eau
dirigés vers les plages maritimes, et marais
voisins de ces plages. A Avaray les os sont rioi
et roulés comme ceux des faluns, mais ils sont
dans un sable à coquilles d’eau douce.
(M. Lockart.)
fR. lept...
f T. arvern
1 7 esp.
1 2 esp.
iforc» terrestres (surtout des pachyder
i , des faluns marins do l.i Touraine ;
l couverts de ccllépores, et réunis à
des mammifères marins, à des reptiles fluvia-
f î Ivoire d’éléphant ou de
t?
t-
istodonte.
f M. minor.
{ plusieurs espèces. II. major et minutus. .
f plus. esp. lept. , incis. , minut. et minutul
t
t?
t V .’ .' .' .’ .' .’ .' .’ ‘ .' .’ ‘ .' .' ‘ ! ; ! ;
f 4 esp., dont une gigant. (peut-étrebyène),
t
•f 2 esp
f H. major et minalus.
■j-R. lept. et minutus.
f t petite ésp.
f petite esp.
■(•Pal, magnum.
f Empreintes de dents s
de pachydermes.
t
t
t
t
t et nombreux débris de cétacés.
On peut voir d’autres exemples de relations analogues entre les surfaces continentales et sous-marines de diverses périodes , dans le Mémoire de M. Desnoyers sur les terrains tertiaire, réem
[An n. Sciences nnf. février et avril 1829 ).
\
sÉAifcE au 5 mars 1852. 55y
i. — tome II ), mais qu'il a été clans le voisinage de cette
localité, et qu’il y a rencontré des grauwackes, des grès secon-
daires, du calcaire et delà dolomie secondaire des Alpes,
avec des amygdaloïdes et des basaltes.
Le secrétaire de la société royale d’Edimbourg, en offrant
à la société ses remerciemens pour l’envoi du premier volume
du Bulletin, lui promet de lui adresser par échange le der-
nier volume de ses Transactions, et de continuer cet échange
, régulièrement.
M. Schubler écrit qu’on a trouvé des dents de morse
(wallross) dans la mollasse grossière de Baltringen , près de
Biberach ; elles y sont accompagnées de YOstrza gryphoïdes
de Schlotheim, qui se trouve aussi à Niederstozingen.
« La mollasse de Giengen , appelée grès vert dans le pays , est la
partie supérieure et endurcie de, ce dépôt* c’est cette assise
qui contient cette grande huître très bien figurée par Fichtel
t{ Beschreibung Siebenbïirgens , pl. IV, fig. 9 a), et appelée par de
Schlotheim Oslrea gryphoïdes. Le sable provenant de la décom-
position de cette roche, a ordinairement une couleur jaune grise.
Elle contient de dix à vingt pour cent de carbonate de chaux.
M. Schubler a déterminé dans quelques lieux le niveau qu’elle
atteint sur les pentes de nos montagnes j urassiques : à trois quarts
de lieue au N.-E. de Giengen , la couche la plus supérieurede la
Mollasse atteint une hauteur de 1620 pieds parisiens au-dessus de
la mer, et vis-à-vis près de Niederstozingen, à 2 lieues au S. -O.
de Giengen, son niveau mJa donné 1625 pieds par. La ville
t de Giengen , bâtie sur le calcaire jurassique, est à 1 433 pieds pari-
siens, et la rivière de Brenz , au lieu du meme nom , a i36i pieds
par. La Molasse s’élève donc sur le versant sud de l’Alpe de Souabe
à 3oo pieds au-dessus de la vallée du Danube , et elle atteint la
me nie hauteur près d’Uhn, où ce fleuve baigne les roches juras-
siques.
Quant au curieux calcaire d’eau douce du Stubentlial , près de
Stcinhcim , décrit par M. Boue ( Ann. des Sc. tint. , mai 1824 ) ,
sa partie la plus inférieure, et fourmillant de coquilles, atteint
une hauteur de 1629 pieds parisiens, et sa cime 1783 pieds; de
manière que sa puissance est de 1 54 pieds.
Le mémoire de M. le professeur Jacger sur les ossemens fossiles
de mammifères dans le Wurtemberg va bientôt paraître, et la
lithographie de G planches in-folio est déjà terminée.
Soc. géol. Tom. II.
l
558 SEANCE DÜ 5 MARS l85l.
M. de Blainville communique une lettre de M. Hachette,*
membre de l’Académie des sciences , annonçant que dans le
puits foré de la rue de la Roquette le sondage a fait reconnaître
à i54 mètres de profondeur une couche de lignite épaisse de
a mètres 85 centimètres. Au-dessus de cette couche , on
trouve de l’argile plastique et de l’eau; au-dessous, du sable
noir et de l’eau.
M. Hachette annonce encore que le niveau inférieur de
l’eau jaillissante du puits de la rue de la Roquette est à 8 mè-
tres 20 centimètres au-dessous de celui de la forteresse de
Tincennes.
La société reçoit les ouvrages suivans :
i* De la part de M. Lockhart, les deux mémoires suivant
dont il est Fauteur :
A. Notice sur les ossemens fossiles d’Avaray . Orléans f
1827, in-8° ; 32 pages.
B. Description des ossemens fossiles d'Avaray. Orléans,
1829, in-8°; 8 pages.
20 De la part de M. Hérault, ingénieur en chef des mines
à Caen , son ouvrage intitulé :
Tableau des terrains du département du Calvados . Caen,
i832,in-8°; 192 pages.
3° De la part de M. William-Frédéric Kern , son mémoire
intitulé : Recherches sur les rapports de la température î de
l’Alpe de Souabe [Untersuchungen über die temperatUT-
V erhahnisse der sckwâbischen Alp). Tubingue, i83i, in -8°;
33 pages.
4° Le N° io5 (janvier i83â) du Bulletin de la société
de géographie , in-8° avec 5 cartes.
Les N°* 1 3 et 1 4 de F Européen , journal des sciences
morales et économiques.
6° Le catalogue des minéraux et des collections classées
du comptoir de minéraux à Heidelberg. 1826, in -8° ;
58 pages.
Les ouvrages suivans sont présentés à la Société :
1° Commentaire physiographique sur les eaux thermales
d’Aponium , dans le territoire de Padoue [De thermis apo -
nensibus ); par M. Éraste-Étienne Andrejewsky, docteur en
SfiATfCB DÎT 5 MARS |8$8. 53<$
médecine. «Un cahier in-4° de 42 pages, avec une planche
lithographiée.
2° Recherches géognostiques faites dans l’Oural méridio-
nal en 1828 et en 1829 ( Geognostische TJntersuchung der
Sud-Ural Gebirges , etc.); par MM. E. Hoffmann et G. de
Helmersen. In-8° de 82 pages, avec 2 cartes et 4 profils.
Berlin, 1 85 1 .
3° Le premier cahier du quatrième volume des Archives
pour la minéralogie de M. Karsten , contenant la fin de la
description géognostique d’une partie de la Basse-Silésie, du
pays de Glatz , par MM. Zobel et de Carnall ; un mémoire
sur les rochers bas de la côte du Brésil , par M. J.-F.-M. de
Olfers; une notice sur le contact du granité et des schistes
sur la rive gauche de l’Elbe, par M. Naumann ; une des-
cription et des figures des hippurites de Lisbonne , par
M. d’Eschwege ; une lettre de M. Hoffmann sur la grotte
ossifère et à coquilles marines de Mardolce, près de Palerme;
enfin, une note sur l’analogie du gîte du cobalt sulfuré à
Skuterud en Norwége, et à Yéna en Suède, par M. Robert.
A l’occasion du Mémoire de M. Naumann , sur le contact
du granité et des schistes sur les bords de l’Elbe et à Dohna ,
M. de Bonnard rappelle qu’il a fait connaître le même fait il
y a plusieurs années.
4° Le volume des Mémoires de l'Académie des sciences
de Stockholm pour 1827 (in-8° avec 7 pL, 1828). On y
trouve , outre la classification et la description des térébra-
tules de la Suède, par Dalman (Mémoire avec 6 planches),
deux notices de M. Berzélius, l’une sur l’ambre, et l’autre
sur les eaux minérales de Rouneby, et quatre mémoires mi-
néralogiques, l'un par M. Bonsdorf, sur un minéral d’Abo,
et les autres de M. Trolle Waehtmeister, savoir : l’analyse
d’un minéral pulvérulent des Etats-Unis , un examen du
Fahlunite , et une analyse d’un minéral jaune de fahlun.
5° Un mémoire de M. le professeur Parrot. (senior), irv
titulé : Considérations sur divers objets de géologie et de
gèognosie ( Mémoires de l'Académie impériale des sciences
de Saint-Pétersbourg . 6e série , sec. , math. , pli y s. et nat. ,
vol. 1, 6° livraison, pag. 657).
54q sbakcb Ȇ 5 MARS i85*.
M. Puzos, rapporteur de la commission nommée pour
examiner la situation des Archives de la société au i,r jan-
vier i832, lit son rapport, dont voici le résumé. :
Les Archives de la société se composent de cinq parties
distinctes, savoir : les collections, la bibliothèque, le mobi«\
lier, les objets en magasin, et les archives proprement dites ;
le détail de ces cinq parties est présenté en autant de cha-
pitres, qui sont successivement passés en revue, et offrent la
situation exacte, au 1er janvier i852 , des divers objets con-
fiés à la garde de M. l’archiviste. Ce premier compte rendu,
conformément au règlement , servira de point de départ ; il
sera facile à l’avenir de reconnaître les accroissemens qui
auront lieu clans chaque, chapitre.
. Les Collections ont déjà acquis une certaine importance,
grâce au zèle et à la générosité de plusieurs naturalistes fran-
çais et étrangers , dont les noms ont déjà été signalés à la re-
connaissance de nos collègues par les procès-verbaux des
séances de la société.
Lés collections de la société se composaient , au 1er janvier
i8$2 , de 2,383 échantillons, dont 1,461 de roches, et 93»
de fossiles.
Les séries de roches sont réunies par localités , avec un ca-
talogue particulier pour chaque donateur, et avec étiquettes
correspondantes.
Jusqu’à présent les corps organisés fossiles restent annexés
aux roches auxquelles ils appartiennent ; par la suite on se
conformera à la décision de la société du 22 novembre der-
nier, par laquelle il a été arrêté que les fossiles seraient clas-
sés géologiquement.
La Bibliothèque se composait de 84 volumes, 9 1 numéros
d’actes de sociétés ou écrits périodiques, 6 cartes, 12 des-
sins, et 12 gravures ou lithographies.
Le catalogue de la bibliothèque n’a été tenu jusqu’à pré-
sent que par dates des séances où les ouvrages ont été pré-
sentés à la société et reçus par elle. Ce catalogue sera
continué; mais à l’avenir il en sera dressé deux autres, un
par noms d’auteurs , et un par ordre de matières et de cir-
conscriptions géographiques.
SÉANCE DU 5 MARS 1 85a. 34 1
La société adopte les conclusions du rapport tendantes :
i 0 A approuver la gestion de l’archiviste pendant les six
derniers mois de i 83o etT année i85 1 ;
2° A ordonner l’insertion au Bulletin des principaux ré-
sultats du rapport ainsi que la confection d’un tableau indi-
catif de tous les dons faits à la société et qui sera imprimé à
à la fin du deuxième volume du Bulletin.
M. Virlet présente à la Société plusieurs échantillons d’un fos-
sile tout-à-fait inconnu, qu’il a trouvé près de Gliiotza , sur le lac
Plionia dans la haute Arcadie (Morce) , au milieu d’un calcaire
gris noir, compacte ; reposant sur des Grauwakes schisteuses et des
Phyllades, et immédiatement recouvert par le terrain de craie et
de grès vert, en sorte qu’il est incertain auquel des deux terrains
appartient ce calcaire. Si l’on pouvait s’en rapporter uniquement
aux caractères minéralogiques qui ne peuvent manquer d’avoir
une certaine valeur pour des localités très rapprochées; M. Vir-
let n’hésiterait pas a en faire l’étage inférieur du terrain de craie
et du grès vert; car au montSaeta, également sur le lac Plionia ,
et au sommet du Ziria, montagne aussi très voisine, on rencontre
un calcaire parfaitement identique quant à la couleur et à l’as-
pect, et dans lequel on trouve des nummulites et des dicérates;
mais ces fossiles ne ressemblant à rien de tout ce que nous con-
naissons, ne peuvent servir à lever toute incertitude sur l’âge de ce
calcaire, dont l’auteur n’a pu bien observer dans cette localité la
véritable position.
Ce sont des espèces de cônes très alongés, à la manière des bo-
lemnites , et formés par un grand nombre d’anneaux circulaires
en forme de branchies, qui paraissent autant d’articulations ; il y
a un léger renflement vers la partie supérieure , et les anneaux ,
qui sont très larges tout le long du corps, y sont au contraire très
peu développés , quoiqu’avec un plus grand diamètre. L’animal
avec ses anneaux a été converti en calcaire blanc spathique ; mais
la partie inférieure des anneaux se dessine en noir, ce qui annon-
cerait une couleur ou une nature différente : peut-être était-ce
une partie cornée ; tandis que le reste semblerait avoir etc flexi-
ble et d’une certaine mollesse.
La société examine ces échantillons. Il parait impossible de dé-
terminera quelle classe ils appartiennent.
M. Virlet lit la lettre suivante sur le déluge de la SamotbraceJ
34* SÉANCE DU 5 MARS l85a.
adressée par lui à M. Letronne , membre de l’Institut, pro-
fesseur d’histoire et de morale au college de France.
« Monsieur, dans vos dernières leçons, auxquelles j’ai eu l’hon-
neur d’assister, vous avez suffisamment prouvé, par une suite de
raisonnemens profonds , appuyés sur les faits, que le déluge de la
Samothrace, d’après les termes dont se sert Diodore de Sicile 9
qui nous en a conservé le souvenir (livre Y, chapitre 46), n’avait
pu avoir lieu par suite de l’irruption du Pont-Euxin , par le dé-
troit des Cyanées, dans la Propontide, et de là, par l’Heîlespont,
dans la mer Egée.
» Telle était aussi l’opinion que je m’étais formée, après avoir
visité les lieux dans le courant de i83o , opinion que je publiai
alors dans une note insérée au Courrier de Smyrne. Je fondais
mon opinion , d’abord avec le général Andréossy, sur l’examen
géographique et topographique des lieux, mais en outre sur des
considérations géognostiques qui m’avaient amené à reconnaître
que l’ouverture des détroits du Bosphore et des Dardanelles n’a!»
vait pu être due à une cause telle que l’irruption de la mer Noire;
et que si cette irruption avait réellement eu lieu, elle ne se se-
rait pas faite de la mer de Marmara , dans la mer Blanche ou
Méditerranée, par le détroit des Dardanelles, mais bien par
l’isthme d’Exmilia, qui réunit la Chersonnèse de Thrace au con-
tinent : cependant c’est seulement dans l’hypothèse d’une irrup-
tion semblable , qui suppose une certaine lenteur, qu’une partie
du récit de Diodore de Sicile pourrait s’expliquer, quand il dit
que les habitans se sauvèrent et eurent le temps de se réfugier
dans les montagnes , circonstance qui n’aurait pu avoir lieu dans
le cas d’une submersion occasionée par une violente secousse de
tremblement de terre , ou de quelque autre phénomène volcani-
que $ et en effet vous avez rejeté cette circonstance comme inconr-
patible avec le reste du récit , et vous l’avez considérée comme une
de celles que l’imagination du peuple effrayé ajoute en pareil cas
aux circonstances véritables.
« D’un autre côté , le passage du même auteur, où il dit : que
» c’fest ce qui explique clairement comment, long-temps après,
» on vit des pêcheurs de l’île retirer de leurs filets des chapiteaux
» de colonnes , débris de villes submergées lors de cette terrible
» catastrophe » ne pourrait pas non plus s’expliquer dans la
supposition de l’irruption de la mer du Pont; car, dans cette hypo-
thèse, la mer de Thrace, momentanément exhaussée, n’aurait
SÉAÏTCE Dû 5 MARS i85*. Ç45
pas tardé à reprendre son niveau , et les villes submergées au-
raient bientôt reparu à la surface $ l’histoire ne nous eût-elle pas
conservé d ailleurs, dans ce cas, lesouvenird’un évènement sembla-
ble, qui aurait également eu lieu dans les îles d’Imbros, Lemnos et
Ténédos , si voisines de la Samothrace, et en grande partie moins
«levées qu’elle.
» Quoi qu il en soit , l’île de Samothrace , non moins célèbre
.dans l’ antiquité par le culte des dieux Cabires , dont les mystères
* y célébraient dans l’antre de Zérinthe , que par la tradition de
«on déluge, n’ayant été visitée par aucun voyageur dans les temps
nnodernes , vous ne lirez peut-être pas sans intérêt les détails
géographiques et géologiques que j’ai recueillis lors de mon
voyage dans cette île, où rien n’a pu me faire supposer la véra-
cité du récit des anciens, autant du moins qu’une course rapide
JH a permis d’en juger.
L * L’ile d® Samothrace , aujourd’hui la Samotraki des Grecs , et
la Sémendérek des Turcs , est située en face du golfe de Saros
par 2 3 degrés 25 minutes de longitude est , et par 4o degrés
25 minutes de latitude nord; elle affecte une forme elliptique
,nt le grand axe est dirigé de l’est à l'ouest , et sa circonférence
» environ douze lieues. Cette île , célèbre aussi dans l’antiquité
par les avantages qu’elle tenait de la nature et par la liberté dont
■elle jouissait , ce qui lui avait fait donner le surnom de la libre ,
a bien perdu de nos jours de son antique splendeur. Elle est main-
tenant fort peu habitée : n’ayant ni port ni marine, son com-
merce se réduit à fort peu de chose; elle fournissait cependant du
miel de la cire, des maroquins, etc. , et jouissait encore , dans
ces derniers temps , d’une certaine célébrité à cause de ses eaux
thermales sulfureuses (i), où l’on trouve les ruines d’un petit éta-
blissement de bains; il était destiné aux malades qui s’y rendaient
des Dardanelles , des îles et des côtes voisines.
» Mais cette île sans défense ayant été plusieurs fois ravagée
par les Ipsariotes, à l’époque de la dernière guerre entre les Grecs
elles Turcs, sa population, qui, auparavant, se composait d’envi-
ron 2,5oo habitans , se trouve maintenant réduite à 5o ou 60 fa-
Jftilles grecques , très misérables , réunies dans le seul bourg de
We, situé vers la partie centrale , où l’on trouve encore les ruines
’
(i) L’une de ces sources a fait monter le thermomètre à 54° c., et
une autre à 47« et demi jelles dégagent une forte odeur d’Jhvdro-
gène sulfuré. J
544 SÉANCE JDÜ 5 MARS l85*.
d’un château construit, pendant la domination des Génois , sur
,un rocher calcaire très remarquable. Elle est gouvernéé paà- un
Aga, qu’y envoie la Porte et fait partie du Sandjck de Bigha.
» Sa surface est divisée à peu près par moitié en deux parties
bien distinctes • l’une , la partie nord, est entièrement formée de
montagnes très élevées et à pentes raides, offrant de loin l’aspect
d’un énorme mamelon : c’est le mont Saoce des anciens que l’on ;
apercevait de loin par-dessus les montagnes de l’île d’Imbros, en
sortant du détroit de l’Hellespont; c’est aussi ce mont dont
veut parler Homère quand il dit : « Que placé sur le sommet le
» plus élevé de la verte Samos de Thrace , Neptune contemplait
» d’un œil étonné le combat et la déroute des Grecs ; car de là il
» découvrait le mont Ida tout entier, ainsi que la ville de Priam ;
» et les vaisseaux qui bordaient le rivage ; aussitôt il descend avec
» rapidité de la montagne escarpée; le mont et la forêt tout en-
» tière tremblent sous les pieds immortels de Neptune qui s’a-
» vance. » [Iliade , chant. XIII , vers \‘i et suivans.)
» Ces montagnes sont essentiellement composées de roches an-
ciennes : ce sont des phyllades , des calcaires, des eurites et des
serpentines diallagiques, etc., etc. La partie sud, qu’on appelle la
•plaine pour la distinguer de la partie montagneuse, est formée îi
de collines en général peu élevées appartenant au système des
trachytes. Ces collines trachytiques sont en partie recouvertes par ;
un agglomérat formé des débris de ces trachytes , et recouvert
lui-même par des couches du terrain tertiaire coquillier , que l’on
voit recouvrir presque toutes les côtes du littoral de la Méditer-
ranée. Ainsi , ce système volcanique est antérieur au dépôt ter-
tiaire, et par conséquent au dernier soulèvement qui a pu donner
naissance à une partie de l’île , et l’élever au-dessus de la surface
des mers ; ce n’est donc pas là qu’il faut aller chercher les causes
de l’irruption qui a eu lieu dans l’île : ce n’est pas non plus , je
pense, aux îles de Lemnos, Imbros et Ténédos , qui appartiennent
également, en partie du moins, au même système trachytique,
qu’aurait pu être due cette irruption.
» Quant à l’engloutissement de l’îîe de Chryse, voisine de Lem-
nos, dont parle Pausanias, catastrophe que M. de Choiseul Gouf-
fier a étendue à une partie de l’île de Lemnos elle-même, comme
cet évènement est d’une époque très récente , il n’a pu être cause
du déluge de la Samothrace. La distance de Lemnos est au reste
beaucoup trop grande pour que , si cette île a en effet éprouvé
quelque révolution depuis les temps historiques, la cause qui y
aurait produit ces changemens se soit fait sentir juâqü’à Saüioà
séance dû* 5 mars 185a; 545
thrace ail point de causer la submersion d’une partie de l’île.
» M. de Choiseul , qui avait adopté l’idée des anciens sur l’ir-
ruption du Pont-Euxin , annonce, en parlant de Lemnos , qu’il a
trouvé, près de l’embouchure du Bosphore dans la mer Noire,
des traces de terrain volcanique , ce qui le porte à conclure que
le premier il a reconnu les véritables causes de l’irruption de la
mer Noire et de l’ouverture du Bosphore ; mais s’il avait eu
quelques notions de géologie , il se serait bien gardé de tirer de la
présence de ces traces volcaniques , signalées un peu plus tard par
Olivier, une telle conséquence; car il eût vu que, depuis les Cya-
nées jusque vers Buyuk-Déré , c’est-à-dire à peu près jusque vers
la moitié du canal , les rives du Bosphore sont formées de rochés
volcaniques , mais que ces roches volcaniques , comme à Samo-
traki , appartiennent à des trachvtes qui , à l’embouchure de la
mer Noire , sont aussi recouverts par un dépôt tertiaire à lignites;
qu’ainsi elles sont bien antérieures à l’existence des hommes et
au dernier cataclysme qui a bouleversé ces contrées , et que ce
n’était pas ce qui avait donné lieu à l’ouverture du Bosphore, si
l’on doit considérer cette ouverture comme un évènement de la
période actuelle.
» D’après tout ce qui précède , si la submersion d’une partie
de la Samothrace a eu réellement lieu , je pense avec vous qu’elle
n’a été occasionée que par une cause purement locale , soit par
l’affaissement d’une partie de l’île , soit par quelque violent trem-
blement de terre, ou bien encore par un soulèvement sous-marin
comme celui qui a dernièrement donné naissance à l’île Julia,
entre la Sicile et la côte d’Afrique , mais tout-à-fait dans le voisi-
nage de File, car sans cela la chose me paraîtrait fort difficile à
admettre.
» Sans vouloir donc mettre ici en doute la véracité du récit du
déluge delà Samothrace, que je suis loin de regarder, ainsi que vous
le voyez, comme impossible, mais considéré comme simple évène-
ment local , je me permettrai d’ajouter cependant qu’il ne faut pas
toujours donner une trop grande importance aux récits des an-
ciens, qui les ont souvent puisés eux-mêmes dans des auteurs plus
anciens ; et qu’il faut aussi faire la part des temps , car, à des épo-
ques qui se rapprochaient plus ou moins des temps fabuleux, il n’est
pas étonnant que, chez des peuples aussi avides dti merveilleux que
les Orientaux, chaque peuplade en particulier ait cherché à rat-
tacher au pays quelle habitait des faits qui n’appartenaient qu’à
d’autres localités , comme vous l’avez savamment démontré poul-
ie» déluges de Dcucalion et d’Ogigez. Il n’est pas étounaut non
sÉ^rrcB du 5 mars 1832.
plus que , dans un temps où les sciences physiques étaient cîâiïi
1 enfance, des auteurs même judicieux , tels qu’Hérodote, Stra-
hon , Diodorede Sicile , et tant d’autres , aient quelquefois admis
comme vérités ce qui n’était que le résultat de l’imagination plus
ou moins vive des poètes.
» La seule inspection des lieux , comme vous nous l’avez fort
bien dit aussi , a dû faire naître souvent des suppositions que plus
tard on a admises comme des vérités. C’est ainsi que la vue des rives
de 1 Heilespont a pu faire admettre à Straton, qui était de Lamp-
saque , et qui avait par conséquent observé les lieux à loisir, que
1 ouverture de ce détroit était due à l’irruption de la mer du
Pont, puisque, près de deux mille ans plus tard , Tournefort crut
reconnaître aussi , a l’inspection de ces côtes , la vérité de cettU
hypothèse , qu il chercha a expliquer par des dénudations suc-
cessives.
» Je vais vous citer un fait que j’ai recueilli et vérifié moi-
même , et qui me paraît devoir parfaitement venir confirmer cette
idqe. Il existe chez les habitans des îles d’Anticyros , situées k,
1 entrée des golfes Thermaiques et Pélasgiques , et connues de
nos jours sous le nom à’ Archipel, du Diable (i), des traditions
tout-à-fait extraordinaires , quoiqu’elles ne soient cependant pas
dénuées de tout fondement. Ainsi , suivant ces traditions, les
déux îles de Pipéri et de Iaoura ou île du Diable , éloignées de
plus de trois lieues i une de l’autre, né seraient que les extrémités
d une grande île qui aurait été engloutie , et qui contenait une
ville de 12,000 maisons, ce qui supposerait une population de
60,000 habitans - mais comme en Grèce on a reconnu qu’il fallait
multiplier le nombre des familles par 7 au lieu de 5 pour avoir 1
la population moyenne, cela porterait celle de la ville engloutie
a 84,000 habitans au moins. L’on sent bien tout ce qu’un pareil
conte a d improbable • car une ville de cette importance n’aurait
pas disparu sans que 1 histoire en eût fait mention. Les habitans
du pays vont plus loin • iis assurent que les murs des maisons sé
voient encore au fond de la mer quand elle est calme : je me suis
assuré si un fond blanc , par exemple, pouvait donner naissance k
ce conte, que l’on peut très bien ranger, je crois , sur la même
ligne que celui des chapiteaux de la Samothrace que les pêcheurs
ramenaient avec leurs filets ; partout j’ai trouvé une mer profonde^
(i) Ces îles qui comprennent Skiailios , Scopolos, Iliodromia , Pi-
péri j Iaoura , Skanzoura , etc. , forment avec Skiros sous le nom de
^parades septentrionales un département de la Grèce actuelle.
SÉAflCK DÜ 5 MARS i832.
âvec sa couleur ordinaire , et oii rien n’avait pu donner lieu à la
supposition d’une ville disparue et de ses mûrs encore existons.
Mûis il n’en est pas de même pour le fait de la disparition de
l’île , car, en examinant bien la chose , on voit que l’idée en a
été suggérée aux habitans par l’inspection des deux îles de Pipéri
et laoura , qui sont deux véritables fractures placées en regard
Tune de l’autre , circonstance qui peut très bien faire admettre
l'hypothèse d’un enfoncement du terrain entre elles , si elles ne
sont pas dues elles-mêmes à un phénomène contraire , c’est-à-dire
à un soulèvement.
» Une telle supposition , abstraction faite de tout le merveilleux
que les habitans ont voulu y rattacher, de la part d’un peuplér
aussi intelligent que le peuple grec , n’a rien qui puisse paraître
extraordinaire pour qui a eu occasion de l’étudier et d’apprécier
son degré d’intelligence. Pendant que j’étais à Iliodromia, l’une
dq ces petites îles, où M. le comte Capo-d’Istria , président de la
Çrrècq , m’avait prié de faire faire quelques travaux dans un
dépôt d’eau douce à lignites (que l’on croyait être du charbon de
terre), afin de reconnaître s’ils étaient susceptibles d’exploitation,
les hommes du pays que j’ai employés pour l’exécution de ces tra-
vaux, tout grossiers et i^norans qu’ils étaient , ont bien su recon-
naître cependant que les coquilles fossiles qu’on rencontre dans
les roches de cé terrain étaient , non des coquilles marines , mais
bien des coquilles terrestres , distinction que n’auraient certaine-
ment pas faite beaucoup de nos paysans: et là-dessus ils bâtissaient
des systèmes à leur manière , et chacun y ajoutait ses idées et ses
réflexions.
» Réportons-nous maintenant à une époque même très peu
éloignée, où lés sciences physiques avaient fait peu de progrès,
et supposons qu’un philosophe , un savant, vienne à avoir con-
ùàissance dç ce lait; il voudra expliquer pourquoi un terrain qui
S’est déposé au fond de la mer ou de quelque lac , se trouve main-
tenant former lé sommet des montagnes j parmi les mille et une
suppositions qu’il pourra faire, la plus naturelle, celle qui pourra
lui être suggérée d’abord , c’est qu’une grande partie de l’île a
été engloutie ; et, à part la manière dont se sont faites les mo-
dtificalions qui ont amené ce terrain à former des montagnes , et
1 époque où elles ont eu lieu , époque qu’il ne manquera pas de
rapporter, vu la présence des coquilles, aux temps historiques, sont
hypothèse pourra paraître , jusqu’à un certain point, admissible,
Surtout dans un temps où l’on n’avait aucune idée de soulève-
ment des montagnes. Telle est, je crois, à peu près l’origine de
348 SÉAÏICE DU 5 mars i83a*
beaucoup de contes plus ou moins probables qui nous ont été.
transmis par les anciens auteurs.
» Pardonnez-moi , monsieur, de vous avoir entretenu si lon-
guement sur un sujet où vous avez jeté tant de lumières , par les
investigations judicieuses auxquelles vous l’avez soumis ; mais j’ai
pensé que son importance serait mon excuse , et qu’ayant visité
la Samothrace , vous ne seriez pas fâclié de connaître mon opi-
nion, qui s’accorde si bien avec celle que vous avez tirée de toutes'
vos recherches savantes. »
M. Boubée présente à la société un Tableau de Cétat die i
globe à ses différens âges , et de la relation de T atmosphère* Ü
terrestre avec les parties solides de notre globe , ou résumà
synoptique de son cours de géologie »
La théorie de la chaleur centrale et de l’incandescerice1
originaire du globe, démontrée par M. Cordier, sont la base
de ce tableau ; quatre lignes , par leur simple disposition , en
expriment les principaux résultats.
Une ligne horizontale représente la surface originaire du globe;
une courbe hyperbolique exprime l’épaisseur que l’ écorce du
globe a acquise extérieurement par l’effet de la superposition des
dépôts ; une seconde courbe indique l’épaisseur que la masse gra- !
nitique a du prendre inférieurement par un refroidissement d’au-
tant moins rapide, que l’écorce du cercle devenait plus épaisse;
enfin , une troisième ligne hyperbolique exprime la diminution
successive survenue dans la hauteur, dans la pression et dans la
complexité de composition de l’atmosphère à mesure que le globe
s’est refroidi. V) j
. M. Boubée développe quelques unes des propositions analyti-
ques écrites sur ce tableau. Plusieurs considérations l’amènent a
conclure que quoique , au moment de sa création , la terre fût 1
tout incandescente , elle était néanmoins pourvue de toutes les
matières que l’on y connaît aujourd’hui ; que celles de ces matières j
qui sont de nature vaporisable constituaient toutes ensemble une
immense atmosphère; que ces matières se sont condensées succès- j
sivement et se sont répandues sur le globe à mesure que la dimi-
nution de température a pu le permettre. Ainsi, le mercure, le
bismuth , le plomb , le zinc , le soufre et plusieurs autres miné-
raux vaporisables ne se trouvent que rarement , et dans des états
particuliers , dans des terrains primitifs ; tandis qu’ils sont plus
SÉANCE DU 19 MARS l852. 34q
abondamment répartis dans les terrains postérieurs et dans un
ordre assez constant , ce qui pourrait faire apprécier le degré de
température qui régnait aux diverses périodes. M. Boubée les
compare aux indicateurs des thermomètres à minima et maocima.
D’un autre côté, M. Boubée fait observer, i° que les terrains
antédiluviens ne présentent aucune trace d’ aérolithes , tandis qu’il
ne cesse d’en tomber sur la terre depuis les temps historiques , et
que l’on en trouve dispersés à la surface du globe dans toutes les
parties du monde. i° Que rien de comparable aux blocs erra-
' tiques n existe ni dans les poudingues des terrains anciens , ni
dans les alluvions causées par les plus grandes inondations lo-
cales historiques , tandis que ces blocs erratiques sont générale-
ment répandus dans le grand terrain diluvien, et le caractérisent.
3° Qu’à V époque de ces terrains correspond exactement une
diminution très notable dans la température de certains climats ,
attestée par la disparition de plusieurs races de grands animaux
dont les terrains immédiatement antédiluviens contiennent encore
les débris à des latitudes où ces animaux n’ont plus reparu depuis.
M. Boubée pense qu’un changement si brusque de température,
pour certains climats , 11e peut s’expliquer que par un change-
ment survenu dans l’axe et les pôles du globe, et il trouve dans
la coïncidence de ces trois grands phénomènes la preuve et l'ex-
plication d’un déluge générai , qui serait dû à une irruption su-
bite des eaux occasionée par le choc d’un astre, dont lesaérolithes
seraient les débris errans dans l’espace.
M. Boubée annonce qu’il se propose de développer ces idées
dans un travail qui sera bientôt publié.
La lecture du Mémoire de M, Tournai, intitulé : Observa-
tions sur les roches volcaniques des Corbières, est renvoyée
à la prochaine séance.
Séance du 19 mars 1832.
M. Broqgniart occupe le fauteuil.
Après la lecture et l’adoption du procès-verbal de la der-
nière séance , le président proclame membres de la société :
M. le chevalier Perrève , ancien sous-préfet , présenté par
MM. Cartier et Botté.
Soc. g«ol. Ton*. II. ^3
55o SÉANCB D tJ S9 MARS l85«.
M. Pissis, membre de la société du département de ta
Haute- Loire, présenté par MM. Deîeros et Rozet.
M. Hœninghaus annonce à la société qu’il lui envoie pour
ses collections une suite de pétrifications choisies du cal-
caire de transition des environs de Gerolstein (Eiffel),
M. Teissier donne quelques nouveaux détails sur la ca-
verne de Miallet; il confirme de plus en plus son opinion
sur la non-contemporanéité des ossemens humains et des
ossemens de mammifères d’espèces perdues, s’accordant avec
M. Desnoyers sur les circonstances qui peuvent avoir occa-
sionë cette réunion dans les mêmes cavernes. M. Teissier
annonce que les objets d’art et une partie des ossemens de
cette caverne ont été achetés par la ville de Nîmes.
M. Verger écrit pour engager la société à ne pas oublier
Nantes dans la désignation qu’elle fera des lieux où elle pour-
rait tenir des séances extraordinaires.
M. Bertrand-Geslin adresse à la société 164 échantillons
de roches et 100 échantillons de fossiles, savoir : en roches,
ao échantillons des terrains secondaires jurassiques de l’An-
gleterre , y compris le Purbeckstone ; 2 1 échantillons de la
vallée de Predazzo en Tyrol , 9 échantillons d’Agordo^ <
il échantillons des Apennins de la Ligurie, 4 échantillons
de Rome® 6 de Naples, et 2 de l’Istrie; 17 échantillons du
sol intermédiaire de la Bretagne, 1 1 échantillons du sol se-
condaire de la Basse-Vendée, 21 échantillons des environs
de La Rochelle et de File d’Aix, 9 échantillons des dépôts
quaternaires de la Loire-Inférieure . 10 échantillons du sol
ancien des Pyrénées, i5 échantillons de la Provence (Digne,
Aix, etc.), 2 échantillons de Moutiers , et 3 d’Entrevernes ; j
en fossiles, i4 échantillons de Castelgomberto, 17 de Ronca,
6a des collines suhapennines , î poisson de Sinigaglia, 2 échi- ii
nidées et une ammonite de la craie du Vicentin, 2 gryphées
colombes, de Castelhme et de La Flèche, 1 gryphée de Bar-
bezieux , une douzaine de fossiles jurassiques de la- Basse-
Vendée, i ammonite du lias de Digne, et 1 autre de Lyme
Reois , 3 fossiles jurassiques d’Angleterre, 1 nummulite du
lac du Bourget , 2 nummuütes de Menton en Ligurie , enfin
8 fossiles intermédiaires de Bretagne.
SÉANCE DÜ 19 MARS l85â. §5l
La société reçoit les ouvrages suivans :
1° De la part de M. Vander Maelen, le premier volume du
Dictionnaire géographique de la province de Liège , précédé
d’un fragment du mémorial de l’établissement géographique
que ce savant a fondé à Bruxelles. 1 85 1? in-8° avec 8 pl.
2° De la part de M. Michelin :
A. Une lithographie contenant plusieurs espèces nouvelles
de coquilles fossiles des terrains des environs de Paris, pro-
venant de sa collection.
B. Le Rapport fait à la société d’encouragement pour
l’industrie nationale , au nom d’une commission spéciale,
par M. Mallet, sur le ciment découvert à Pouilly en Auxois
(département de Saône-et-Loire.) Paris , 1829, in-8° de
22 pages, avec \ planchq.
5° De la part de M. Defrapce , sa Coupe générale des envi-
rons de Paris , d’après la géographie minéralogique , de
MM. Brongniart et Cuvier. Paris, 181 5.
4° Le N° i5 du Mémorial encyclopédique et progressif
des connaissances humaines.
5° Le N° 9 (septembre 1801) du Bulletin des sciences
naturelles et de géologie.
6° Le N° 4° des Mémoires de la société d' agriculture ,
sciences , arts et belles lettres du département de l’Aube.
70 La première livraison du tonie 5 des Actes de la société
(innéenne de Bordeaux.
8° Les Nos 1 5 et 1 G de X Européen.
M. Boué fait hommage à la société des 44 premiers N0i et
du N° 176 du Journal des mines.
M. Boué donne aussi le prospectus des Mémoires géolo-
giques et palèonthologiqucs qu’il publie en ce moment, et
dont le premier volume a déjà paru.
M. le professeur Jameson annonce que le numéro d’avril
de son Journal philosophique contiendra un nouveau sys-
tème de minéralogie proposé par M. L. Necker, et voisin de
celui qu’il a adopte depuis quelque temps. On a découvert,
en pratiquant une route sur la crête du château d’Edim-
bourg, que la butte trappéenne supportant le fort s’élève en
culot circulaire du milieu des grès secondaires anciens, et
35* 6ÉANCB DÜ I9 MARS lS5î,
que ces derniers sont contournés dans le voisinage de la
roche ignée. Les couches arénacées semblent plonger en gé-
néral sous le trap qui les coupe.
M. Daubeny annonce une seconde édition de la Carte
géologique (V Angleterre de M. Greenough.
M. Reboul envoie un Mémoire sur le synchronisme des
terrains tertiaires inférieurs ; il compte le faire suivre d’un
autre sur la chronologie des soulèvemens , et promet l’envoi
d’échantillons du terrain tertiaire des côtes du Languedoc.
Il annonce en même temps qu’on a trouvé récemment un
tibia du Paléothérium magnum dans le calcaire marin infé-
rieur de Pézenas (département de l’Hérault), ce qui serait,
suivant lui, une nouvelle preuve de la relation d’âge de ce
dépôt avec le calcaire grossier de Nanterre.
M. Keferstein écrit à la société qu’il lui adresse , par voie
de.Iibrairie, les ouvrages suivans : ï 0 les 2 1 cahiers.de son Jour-
nal (Teuschland , etc.); 2° ses tableaux de géognosie ( Tabel -
len der geognosie) , in 4°, 1824 ; 3° ses observations sur les
basaltes ; 4° plusieurs petites brochures et revues d’ou-
vrages.
Il témoigne le vif intérêt qu’il prend aux travaux de la
société, et lui offre ses services.
Le premier cahier du huitième volume de son Journal
contiendra une géognosie systématique de l’Allemagne et
des pays environnans, pour servir de base à une géologie
générale , dans laquelle il s’attachera surtout à la morpho-
logie des couches et à la détermination de la formation et de
l’époque d’origine des roches platoniques.
M. Boué présente à la société les ouvrages suivans :
1° Un coup-d œil géologique sur la partie sud de la Forêt-
Noire ( Geognosticlie Uehersicht der sudlic/i. Schwarzwaldes)y
par M. P. Merian; in-8Q de 270 pages, avec une carte géo-
logique. Bâle, î83s*
20 Le second volume des résultats des voyages entrepris
pour l’histoire naturelle et l’économie agricole i Ergebnis-
sen rneincr natur hislor.-~ Okonomisch . Reisen), par M. le
docteur H.* G. Broun, in-8° de 686 pages, avec 4 planches.
Heidelberg, 1 832.
SÉANCE DTJ 19 MARS l852. 353
5° Les formations tertiaires d’Italie, et leurs fossiles (Ita-
liens terliâr-Gcbilde 9 etc.) , par le docteur Broun, in 8® de
'176 pages, avec 4 planches. Heidelberg, 1 83 1 .
Ce ne sont que les six derniers chapitres de l’ouvrage pré-
cédent ; il est fâcheux qu’il n’y ait pas ajoute celui qui traite
de la géologie générale de l’Italie, car on aurait eu ainsi l’en-
semble de la partie géologique de ses voyages.
4° Les cinq numéros du Journal périodique irrégulier pu-
blié depuis 1819, en Suède , par M. W. Hisinger, sous le
titre de : Remarques sur la physique et la géognosie de la
Suède et de la Norwége ( Anlcckningar i physik och geo-
gnosi under resor utl Sverigc och Norrige) .
Le premier cahier (in-8° de 1 12 pag., publié en 1819) con-
tient : i° la description géologique générale de la Dalécarlie ;
*° celle du Jemtland, avec quatre profils et une table de hau-
teurs. Le second cahier (in-8° de 90 pages , publié en 1820)
est rempli par la description du Hergèdalen en Norwége ;
avec un profil et trois tables de. hauteurs barométriques. Le
troisième cahier (in-8° de io5 pages, qui a paru en i8a5)
contient un voyage à travers le Westmanland et Wermeland
en Norwége, des détails sur^la géologie et la végétation des
environs de Christiania et de Holmestrand, un voyage à Van"
et Mjosen depuis Christiania, et un autre de Yang aux monta-
gnes Dovrefjeld et de Sneehatten. Ce volume est accompagné
d’une carte, d’un profil des montagnes de Dovrefjeld et du
Sneehatten, d’une coupe des couches près de™ Drains fjord ,
d’une figure d’un fossile et de trois vues du mont Sneehatten.
Le quatrième cahier (in-8° de 9.58 pages , qui a paru en
1828) renferme sept mémoires, savoir : sur le Westmanland,
le Nerike et le Sudermariland ; sur le bassin du lac Werern ;
sur les montagnes de Skara et de Fdsfborg en Wcrmcland
(avec une carte géologique^et une coupe"coloriée) ; sur l’Os-
trogotliie; sur les "montagnes du Smaîand ; sur la Scanie
(avec un profil et cinq figurés^ coloriées), et Vies figures de
graptolites ; sur Oeland (avecj une planche de fossiles, tels
que des térébratules ? et enclines; sur Gotldand (avec une
Carte géologique et trois planches de* fossiles, tels que;
Leptœna (L. rugosa et euglypha), Gypldia (G. coiicîiydium) ,
354 SÉANCE DU 19 MARS l85a.
Dctt/iyris ( D. crispa et cardiospermiformis ) Mytilites f
Atrypa (A. Prunum), Terebratula (T. bidentata et cuneata).
Ammonites , Orthocer alites {O. cendulaîus), Helicites(Û. cen-
trilugus) , Turbiniles , T urritelles , Sphœronitcs (S. Pomum
et granatum) , Pkacites (P. Gotblandicus).
Le cinquième cahier (in-8° de <74 pages , i83i) est
consacré à des articles additionnels sur les divers pays
de la Suède et de la Norwége décrits dans les cahiers précé-
dens. Parmi ces dix-sept articles, on remarque une descrip-
tion nouvelle du sol intermédiaire de la Dalécarlie et de ses
fossiles, un tableau de la végétation du Dovrefjeld et du
Sneehaetten , une notice sur la géologie du Gestrikland, sur
la botanique du Westmanland , sur le grès intermédiaire du
Nerique , sur les fossiles de rOstrogothie et de la Westro-
gothie, sur les roches trappéennes de cette dernière pro-
vince , sur la géologie du Smaland , un article sur les envi-
rons de Goteborg et de Bohuslan, dans lequel on trouve une
liste des coquilles alluviales fossiles d’XTddevalla , de Skalle-
rod , de Trollhattan et de Tisselskoy, ainsi que des détails
sur des enchevêtremens du granité et du gneiss, entre Skalle-
rod et Ejsts, un article sur les coquilles alluviales fossiles
de Dalsland, des notes diverses sur les roches porphyriques
et crayeuses de' la Scanie , l’indication de quelques fossiles
intermédiaires dans 1 île d’Oland , une liste de ceux de l’île dë
Gothland, arrangées d’après leur gisement géologique; une
énumération des roches de Gothland, le tableau de quel-
ques hauteurs barométriques mesurées en Suède et en Nor-»
wëge; enfin, une table générale des matières des cinq cahiers
par noms de localités. M. Hisinger y a joint un tableau gé-
néral des formations de la Scandinavie , dans lequel les dé-
pôts sont partagés en neptuniens et plutoniques , mis en re-
gard les uns avec les autres , et il a ajouté des noms de loca-
lités à chacune des divisions des formations.
11 ne faut pas confondre ce recueil avec celui que M. Hi-
singer a fait paraître sous le titre de Mémoires sur la phy-
sique, la chimie et la minéralogie ( AfhandL i Phisik , Keini
och Miner ato^ . )
5° Le premier volume de l’ouvrage de M. Léonhard sur les
f
< Voccc/e. (jeo/t*ÿuy,ze f* ?~ctsuuz
Tottv.j/TjP^
ff. Vészcest£ c&z/s:
JZouocs /ii/zs
Jrrif?. jOÜ/i/. '/■
SCAPHITES Yvann
SÉANCE DU 10 MARS ï85a. 355
dépôts basaltiques (Die basait . Gebilde , etc.) , in-8° acconH
pagne d’une douzaine de planches (voyez Bull., t , 1, p. 45):
M. Boue rend compte à la société de la seconde édit, du
Manuel de géologie de M. de la Bêche, et il fait observer
que l’auteur s’occupe encore un peu trop exclusivement de
l’Angleterre ; ainsi , dans son article sur le sol tertiaire , il
est à regretter qu’il ne donne pas une idée de la constitution
géologique de chaque bassin européen , et qu’il s’arrête sur
certains dépôts, tel que le crag, ou sur certaines localités,
comme sur Londres et Paris , tandis que le grand terrain
subapennin inférieur est indiqué trop succinctement.
Malgré les améliorations qu’ont éprouvées ses listes de
fossiles distribués géologiquement, on doit regretter qu’il
ait admis trop facilement les déterminations de M. Marcel
de Serres pour le sol tertiaire , et celles de M. Ziéten pour
le lias et les oolites inférieures.
La partie qui traite des roches anciennes lui paraît aussi
laisser quelque chose à désirer.
Enfin, en terminant son article sur les soulèvemens du
globe tels que les conçoit M. de Beaumont, l’auteur a ajouté
l’observation curieuse qu’en Angleterre il y a trois direc-
tions de soulèvemens arrivés à des époques très différentes,
et néanmoins parallèles entre elles , et courant de l’est ù
l’ouest. Ce sont : i° le soulèvement qui a redressé les cou-
ches de l’île de Wight, après le dépôt de l’argile de Londres ;
le soulèvement d’une portion degrauwacke du Devonshire
ët des roches carbonifères des Mendip et de la partie sud et
du pays de Galles , qui a eu lieu avant la formation du grès
bigarré; 3° enfin, le soulèvement de la grauwacke du midi de
l’Irlande antérieur au dépôt du grès pourpré intermédiaire .
M. Puzos offre à la société le modèle en plâtre d’un sca-
phite remarquable dont le dessin lithographié est joint au
Bulletin, et au sujet duquel il lit la note suivante :
« Ce fossile a été trouve près rie Senez , département des Basses i
Alpes, par M. Melchior Yvan , naturaliste zélé, qui a bien voulu
me l’envoyer en communication. J’en dépose aujourd’hui pour la
collection de la Société un modèle en plâtre.
356 SÉANCE ©Ü 19 MARS 1 85a.
» Je ne connais aucune description , aucune figure, qui présente
réunies les singularités du fossile de M. Yvan. M. Phillips , danâ
ses Illustrations of the geology of Y or sksldre , donne la figure
(pl. I, fig. 3o) d’une coquille enroulée d’abord sur elle-même,
et puis projetée en avant, mais sans courbure à son extrémité.
Ce fossile est dans la collection de M. Bean , qui , dans un ma-
nuscrit cité par M. Phillips, lui donne le nom de hamites Phil-
lipsii.
» Le Hamites Phillipsii a été trouvé sur la côte du Speeton ,
dans une couche d’argile qui supporte immédiatement la craie ’
cette couche est regardée par M. Phillips comme appartenant aii
Gault. Suivant M. Eiie de Beaumont, il y a des terrains crétacés
inférieurs aux environs de Senez, et il est probable que le fossile
de M. Yvan en provient.
» Les figures des espèces nouvelles publiées par M. Phillips
n’étant accompagnées d’aucûnc description , j’ignore les motifs
qui ont déterminé M. Bean à placer parmi les hamites le fossile
de 1 ’argile de Speeton. Celui des environs de Senez me paraît
réunir les principaux caractères assignés par M. Sowerby au genre
Scaphite , et je propose de lui donner le nom de scaphites Yvanii.
(Voyez planche II du 2e volume du Bulletin , 011 il est représenté
de grandeur naturelle.)
» Les tours de spire ont une coupe ovale , un peu aplatie laté-
ralement $ la branche montante a la même forme , seulement elle
est sensiblement plus renflée du côté qui correspond à la suture
que du côté de la carène, disposition particulière qu’indique la
coupe jointe à la figure. Toutes les côtes sont simples, et passent
sans interruption d’un côté à l’autre à travers la carène. On re-
marque sur la branche montante deux cavités en gouttière, l’une
au point oîi elle se sépare de l’avant-dernier tour, et l’autre des-
sous la crosse qui termine cette branche montante, caractères qui
se retrouvent également dans les autres espèces de scaphites. »
M. Defrance présente le catalogue de ses collections, que
la société reçoit avec reconnaissance et conservera dans ses
archives.
M. Virîet communique à la société quelques échantillons
d’obsidienne , provenant d’un agglomérat d’obsidienne à ci-
ment de calcaire tufacé , dans lequel on trouve des huîtres ,
des peignes ( pecten salcaré) et autres fossiles. Cet agglomé-
rat vient de l’île de Milo dans l’Archipel grec; sur la surface
I
SÉANCE DU îg MARS i832. 352
des échantillons , on remarque des espèces d’orbicules sem-
blables à quelques uns de ceux si bien décrits par M. Broh-
gniart. ïl faut observer que ces orbicules ne se montrent
que. dans les parties qui paraissent avoir subi un refroidisse-
ment instantané qui a formé à la surface une légère croûte
blanche ponceuse. >
M. Yirlet lit quelques observations sur un gisement de
trachytes alunifères dans File d’Egine, dont il présente a la
Société une suite d’échantillons:
« 11 existe à Egine un gisement d’alunite assez remarquable f
que M. Boblaye, dans un excellent mémoire sur cette île, a déjà
signalé. f
» Il est situé dans la partie orientale de File, près de l’extré-
mité d’une grande vallée très remarquable, dirigée de l’E. a
l’O. N.-O. • elle traverse toute i’îîe , en la divisant en deux parties;
à peu près égales ; ce lieu s’appelle Feninda ta Vrakia (c’est-a-
dire cinquante brasses ), nom qui vient de ce que dans cet endroit,
la côte étant très abrupte, présente un escarpement ou mur ver-
tical d’au moins cinquante brasses.
» Cet escarpement très remarquable est formé par de beaux
trachytes gris-blanchâtres très durs, affectant les formes prisma-
tiques des basaltes. Les trachytes alunifères constituent une col-
line assez élevée qui s’avance dans la mer à l’extrémité de cet
escarpement, et y forme une espèce de cap. Ils sont d’un jaune
d’ocre souvent très foncé et quelquefois assez pâles et ferrugineux 5
leur présence se manifeste de loin , par une forte odeur sulfureuse,
produite par la décomposition des pyrites qu’ils contiennent. La
partie supérieure de la colline est formée par une roche siliceuse
très dure, à éclats gras, avec des cavités quelquefois marquées par
un cercle brun ferrugineux , renfermant des noyaux siliceux ou
trachy tiques 5 cette roche paraît avoir appartenu primitivement
à l’agglomérat trachy tique qui la recouvre, et semblerait n’avoir
été silicifiéc que postérieurement à son dépôt, soit par infiltra-
tion, [soit plutôt par une espèce de fusion pâteuse j elle affecte,
aussi bien que l’agglomérat à ciment de calcaire tu face qui lui est
superficiel en quelques points, les memes couleurs que les trachvtes
qu’elle recouvre, et dont il n’est pas facile parfois delà distinguer.
Ces trachytes, qui ontévidemment étéaltérés, ontparu à M. Virlet
n’être devenus alunifères que par une transmutation des trachvtes
gris‘ blauchâtresduvoisiuage,opéréepardesdégagemcns de vapeurs
m SÉANCE DU ÎQ MARS l83a.
sulfureuses ? comme l’a fort bien annoncé, dès 1819, M. Cordier^
en décrivant l’alunite du Mont-D’or , que îe premier il a fait
connaître.
En effet , si l’on suit les traces de F altération , on la voit dimi-
nuer graduellement, jusqu’à ce qu’enfin elle disparaisse au milieu
de cette grande masse trachytique , à laquelle elle passe par les
ïiuances les plus insensibles. De plus, les élémens , à la couleur
pfès , sont absolument les mêmes dans les trachytes altérés ët
ceux qui 11e le sont pas ; seulement la division prismatique dé
ceux-ci a disparu , et a été remplacée par une division irrégu-
lière, en boules imparfaites , au milieu desquelles se sont formés
des filons d’alunite fibreuse d’un blanc nacré et soyeux, presque
toujours accompagnés de petits rognons mamelonnés de fer pyrt»
teux, qui , eu se décomposant, devient noir et dégage cette forte
odeur sulfureuse qu’on sent de loin. Les trachytes, en devenant
plus ou moins alunifères , sont aussi devenus plus tendres et 6e
désagrègent facilement, ce qui en rend l’exploitation plus facile j
mais la présence des pyrites empêchera qu’on puisse en retirer
de bons produits.
La partie supérieure de ces trachytes alunifères , jusqu’à une
certaine profondeur, forme une masse réticulée en grand , enve-
loppée par un réseau de gypse rayonnant , qui a dû s’v former à
la manière des gypses des solfatares.
Cette formation alunifèrè présente un autre intérêt, en cë
qu’elle se lie à un autre gisement de gypse qui se trouve au milieu
du terrrain tertiaire, et au phénomène du mont Fendu, dont à
parlé aussi. M. Boblaye, comme annonçant un soulèvement ail
milieu des roches trachy tiques , passées à un état voisin de la
domite , phénomène qui doit avoir eu lieu à une époque très
récente et postérieure au terrain tertiaire supérieur.
Le mont Fendu , situé vers la partie centrale de l’îîë , près de
la vieille Egine , se trouve aussi près du point de séparation des
eaux de la grande vallée que l’auteur a signalé en commençant;
et que M. Boblaye a très bien fait sentir dans sa carte géognos-
tique de File d’Egine.
Cette vallée, dont l’ouverture paraît se rattacher à la formation
de l’alunite, est formée, d’un côté, par des montagnes entièrement
trachytiques, de l’autre, par des trachytes et un chaîne de calcaire
compacte, recouverte sur plusieurs points par des lambeaux du
terrain tertiaire.
L’altération des trachytes , tout le long de cette vallée , est très
remarquable j elle se fait sentir depuis le gisement de l’alunite ,
SÉANCE DU 19 MARS 1 853. S5g
jusqu’au-delà du mont Fendu , dans tout le fond de la vallée et
sur quelques collines qui en dépendent; toute la masse trachy4
tique y est devenue friable, blanchâtre, jaunâtre ou verdâtre,
couleurs qui se rencontrent habituellement dans le voisinage du
terrain d’alunite. Chauffés fortement, ces traclivtes deviennent
bruns-rougcâtres. Dans quelques points, ils sont si décomposés
qu’on a de la peine à les reconnaître; aux environs de PalœoKas-
tro (vieille Egine), et du mont Fendu, ils ressemblent à une
brèche trachytique ; les parties qui ont mieux résisté y paraissant
colline agglomérées par les parties les plus altérées.
Un teinturier de l’île , qui s’est beaucoup occupé de ces tra-
çhytes, et qui cherche à en tirer parti , dans l’intérêt de son art,
a assuré en avoir essayé beaucoup, de différens points; et il a
titmvé dans tous une plus ou moins grande quantité d’alun.
. Le gypse se trouve aussi dans cette vallée, en un lieu appelé
Mesagros tou Traboucou , entre le mont Fendu et le gisement
des tràchytes alunifères , sur une colline tertiaire; cette colline
est formée , d’abord à la partie supérieure , par un agglomérat
trachytique à énormes fragmens, cimentés par un tuf blanchâtre;
àu-dessous duquel on trouve des assises d’un tuf calcaire jaunâtre,
et quelquefois verdâtre , renfermant encore des fragmens de tra-
chytes; au-dessous viennent de£ marnes schisteuses blanches et
Jaunâtres très feuilletées, très f iables, même pulvérulentes et
loüces au toucher, au milieu desquelles se trouvent des bandes
d’ün Silex tantôt gris -bleuâtre, tantôt brunâtre , semblable alors
à èelui de Ménil-Montant : ces silex résinites qui dégagent, quand
on les brise , une odeur très fétide , sont en bandes ou continues ;
ou simplement formées par une suite de rognons. Ce terrain de
marnes et de silex, où il n’a pp rencontrer aucun fossile, lui
paraît devoir être rapporté à une formation d’eau douce; en-
fin au-dessous vient un dépôt de calcaire sableux à coquilles
marines recouvrant les argiles bleues qui forment partout la partie
mrénëuie de ce terrain tertiaire.
C’est au milieu de ce calcaire sableux que se trouve 1res in éga-
lement disséminé le gypse, soit en cristaux détachés ou groupés,
mit sous forme un peu fibreuse; i! est; parfois très rare dans la
masse, et parfois très abondant; il semble indiquer alors des lignes
de fissures, par où se seraient échappées les vapeurs sulfureuses ,
auxquelles il pense qu’il doit sou origine, et l’on pourrait, en
quelque sorte, le suivre comme on le ferait d’un filon. Il eut
été très curieux de pouvoir vérifier si les tràchytes qui sont à
la partie inférieure sont aussi alunifères, il ne pourrait res-
360 SÉANCE EU 19 MARS ï832.
ter, dans ce cas , aucun doute sur l’origine ignée de ces gypses.
Le terrain d’alunite d’Egine diffère donc essentiellement, quant
à la nature de ses roches, de celui du Mont-D’or, décrit avec
tant de détails par M. Cordier, et de ceux que M. Beudant nous
a fait connaître en Hongrie par son grand ouvrage sur cette con-
trée; puisque dans les diverses localités décrites par ces deux
savans géologues, l’alunite paraît n’appartenir qu’aux conglo-
mérats trachy tiques et aux trass ; mais il n’en est pas de meme
quant à l’origine , car il est facile de reconnaître dans les circon-
stances de ces divers gisemens, des rapports qui paraissent établir,
entre eux et celui d’Egine une identité parfaite dans leur mode
de formation.
M. Boué a observé en Transylvanie un gisement de trachytes ;
au milieu duquel on observe une grande fente, par laquelle
s’échappent des vapeurs sulfureuses très chaudes, qui altèrent les
trachytes et les transforment en alunite ou en trachytes alunifères,
et au pied de la montagne, 011 observe une grande quantité de
sources froides, très fortement acidulées et ferrugineuses. 11 en a
donné une description dans l’ouvrage de M. Daubeny , sur les !
volcans. Cela confirmerait le mode de formation reconnu par
M. Virlet dans l’alunite d’Egine qui n’est au reste que celle dçjà
émise en 1819 par M. Cordier. i
On lit un Mémoire de M. Razoumowsky sur un nouveau
genre de polypites, provenant des monts Weldai, auquel il
donne le nom de lubulipore. Ce genre paraît avoir été déjà
figuré par M. Goîdfuss sous le nom de Sériopore ; il offre
aussi de grandes ressemblances avec les fibrillites de M. Ra-
finesque, et les clicietites de Fischer.
Les polypiers décrits par M. Razoumowsky, accompagnés
de dessins très soignés, sont classés par lui en deux espèces
principales, les Tub, pleins et les Tub, creux, qu’il sous-di-
vise en plusieurs variétés , auxquelles il donne les noms de
T, panache , T. presque amorphe, T . multiple , T. jonc ma-
rin, T. éventail , T. poteau, T. irrégulièrement sphérique ,
T, carrié , pour la première espèce; et T. en boule, T, en
demi-boule oblonguc en éventail bombé , pour la seconde.
Ces corps , tous siiicifiés, ont été découverts dans les gra-
viers cTalluvion de la Russie; et le gisement, connu des es-
pèces décrites par MM. Goîdfuss et Rafinesque, comme pro-
venant des terrains de transition , doit faire présumer que
SEANCE DU I9 MARS |B5si. 56 1
celles des alluvions de la Russie ont la même origine , et pro-
viennent, ainsi que les blocs de ces alluvions, d’anciennes
formations détruites ou existant plus au nord.
On lit un Mémoire de M. Tournai fils sur les roches vol-
caniques des Gorbières; en voici un extrait :
Les montagnes des Gorbières forment un petit groupe qui est
séparé des Pyrénées par la vallée de îa Gly, La composition gé-
nérale de ces montagnes est du calcaire compacte appartenant au
terrain de. craie. Cependant on y voit aussi une petite bande de
terrain de transition et des indices de terrain houiller. La strati-
fication du terrain calcaire est extrêmement irrégulière , surtout
quand on l’étudie sur une petite échelle ; néanmoins , la direction
générale est la même que celle de la chaîne des Pyrénées. D’a-
près les observations de M. Tournai, les accidens nombreux et
bizarres que présente le groupe qui nous occupe , sont dus à la
présence de roches singulières , que Fauteur regarde comme vol-
caniques , et qu’il considère cependant comme analogues des
ophites par leur position et par plusieurs autres caractères. Ces
roches ont un aspect mat, se divisent facilement en fragmens po-
lyédriques , venfermant des globules ou amandes de différente na-
ture, et paraissent formées en général par du pyroxène, du feld-
spath altéré , de l’argile et de l’oxide de fer. Elles contiennent
accidentellement du quartz cristallisé. , de la chaux carbonatée ,
du fer oligiste , du mica et de Fépidote. Ces roches se présentent
presque toujours sous îa forme de petites buttes coniques, ou
bien de petits mamelons liés entre eux • on les voit sortir de des-
sous le terrain calcaire , qui montrent presque toujours à leur
contact des caractères particuliers. Ces roches volcaniques p’of-
frent aucune stratification; elles 11e renferment jamais de fossiles
et sont accompagnées presque constamment de masses rougeâtres
et de grands amas de gypse fibreux, renfermant des cristaux de
quartz prishié.
« L’éruption de ces roches ignées nous semble, dit Fauteur,
» avoir eu lieu au commencement de la période tertiaire, et avoir
» suivi immédiatement la dislocation du sol secondaire; or,
» comme les forces qui ont soulevé ce terrain ne paraissent pas
» avoir suivi une direction constante, puisque, les crêtes des mon-
» tagnes environnantes se coupent soùs différens angles, il est
» probable qu’ elles ont agi à différentes époques , et pendant une
» période de temps assez longue. »
36? SÉANCE DU 19 MARS lS5*.
L’auteur, après cet aperçu général , entre dans quelques çjé-
tails sur plusieurs localités voisines de Narbonne; les principales
sont : Sainte-Eugénie, Prat-de-Cost , elles environs de Gléon et
de Vibesèque.
" M. Boubée fait observer, à l’occasion de ce Mémoire, qu’il
serait difficile aux personnes qui n’ont vu que les véritables
ophites des Pyrénées , d’admettre au premier aspect aucune
idée de rapprochement, et surtout de synchronisme entrç
les roches amphiboliques de Palassou et les produits volca-
ïiisés envoyés par M. Tournai ; que néanmoins il pense que
l’on ne devra pas refuser de les admettre, parce que dans le
Béarn , aux environs d’Oleron , il existe plusieurs dépôts
ophiteux, dont M. Forest conserve une riche série d’échan-
tillons , qui présentent très bien le passage des véritables
ophites dont l’aspect est le moins plntonique, à des roches»
conglomérées, et d’aspect tout-à-fait volcanique, parfaite-
ment semblables à celles qu’envoie M. Tournai.
jVL Boubée a reconnu de la mésotype radiée bien carac-
térisée dans les échantillons d’ophite basaltique de M. Fo-
rest , et des nodules de talc dans diverses ophites propre-
ment dites des environs de Saint-Girons. Reconnaissant aussi
dans les nodules noirâtres que présentent les roches de
Narbonne des globules de talc compacte , il signale ces cir-
constances minéralogiques comme venant à l’appui du rap-
prochement proposé par M. Tournai,
D’ailleurs, à Oleron comme à Narbonne , ces différente^
roches sont également accompagnées des mêmes gypses
guarzifères , des mêmes argiles , et paraissent bien dater de
)a même époque. Enfin, M. Boubée a observé les mêmes
différences orictognostiques et les mêmes relations géognos-
tiques dans plusieurs dépôts ophiteux du département des
Landes, où l’on trouve même de l’analcime rouge de brique
en cristaux concrétionnés.
M. Rozet lit un Mémoire sur la géognosie de quelques par-
ties de la Barbarie.
Dans ce travail , Bailleur a rassemblé toutes les notices qu’il a
envoyées à M. Gordier pendant son séjour en Afrique , et qui
SÉANCE t)ü 19 MARS l8§2. 56$
ünt été communiquées par ce savant à l’Académie des sciences ;
friais ici les différentes formations sont classées méthodiquement,
et décrites avec détail. Yoici les faits les plus important consigné^
dans ce Mémoire :
Les schistes talqueux de transition , avec des calcaires subor-
donnés, constituent le terrain le plus ancien de la contrée. Ces
schistes forment une grande partie des falaises depuis le cap Ma-
tifou jusqu’à Svdi-el-Ferruch, et la masse principale des monts
Bou-lZaria, à l’ouest d’Alger.
Le schiste talqueux passe insensiblement au gneiss , et cette
roche , qui le recouvre sur plusieurs points , prend un dévelop-
pement assez considérable pour qu’on puisse la considérer comme
une formation indépendante.
Les schistes et le gneiss sont recouverts , à stratification con-
trastante , par un terrain tertiaire identique avec celui des col-
lines subapennines , et que l’auteur nomme terrain subatlan -
tkjiie , parce qu’il prend un développement très considérable
entre les deux chaînes de l’Atlas. Ce terrain forme, le long de la
cote , une bande de collines qui s’étend depuis le cap Matifou
jusqu’à plus de quinze iieues à l’ouest d’Alger,
Au sud de ces collines , se trouve la grande plaine de la Mi-
tîdja, formée par un terrain de transport ancien , dont les maté-
riaux proviennent des montagnes qui la bordent. Cette plaine
détend jusqu’au petit Atias, qui s’élève brusquement à une hau-
teur de i,4oo mètres au-dessus d’elle, et de 1,600 mètres au-
dessus du niveau de la mer. Toute la portion du petit Atlas, vi-
sitée par M. Rozet, est formée par des calcaires et des marnes
schisteuses passant au phyHade, dont il regarde l’ensemble comme
identique avec notre lias d’Europe.
Les fossiles qu’il cite sont : une ammonite , quelques bélem-
nites , des posidonies, des peignes et des fragmens d’huîtres. Au
sud du col Doténio, les marnes schisteuses renferment des filons
de cuivre carbonaté assez lâches pour qu’on puisse les exploiter
avec avantage. La gangue du minerai est de la baryte sulfatée
laminaire.
Toutes les couches du lias inclinent vers le sud , sous un angle
qui augmente à mesure qu’on s’approche des crêtes. De l’autre
coté du petit Allas , le terrain tertiaire firme une masse de col-
lines qui paraît s’étendre jusqu’à la chaîne qui horde le désert.
Dans les collines , les couches plongent au nord en sens contraire
de celles du lias, contre lesquelles elles viennent même buter quel-
quefois.
564 SÉANCE DÜ 2 AVRIL 1 832.
Sans la falaise du cap Matifou, on voit des porphyres trachy-
tiques qui se sont fait jour au milieu des couches tertiaires en les
brisant et les rejetant vers le nord-est.
Enfin, sur tout le littoral d’Alger, il existe des agglomérats de
coquilles passées à l’état spathique , qui sont identiques avec celles
qui vivent encore actuellement dans la mer.
Des faits exposés dans son Mémoire, l’auteur tire les conclu-
sions suivantes :
i° Il existe une grande similitude entre les phénomènes géo-
gnostiques sur les deux rives opposées de la Méditerranée.
2° Le terrain tertiaire subatlantique se retrouvant avec tous
ses caractères sur une grande partie de la surface de l’Europe , en
Asie, etc. , doit être pris pour type de l’époque tertiaire; et les
bassins de Paris, de Londres, de Bordeaux, etc., ne peuvent plus
être considérés que comme des cas particuliers.
3° D’après le mode de formation du terrain tertiaire par bas-
sins, et sur les rivages des mers, son grand développement au
nord et au sud du petit Atlas , et les renseignemens qui lui ont
été donnés par M. René Caiilié, M. Pu>zet annonce que c’est ce ter-
rain qui constitue le soi du désert de Sahara , et que les calcaires
et les grès se trouvent là , en couches horizontales , recouverts
par des sables qui ne sont autre chose que ceux que l’on rencontre
fréquemment à la partie supérieure du terrain subatlantique. A
cause de la marne argileuse qui doit exister au-dessous des grès ,
il pense qu’on pourrait établir des puits forés dans le désert.
4° La discordance de stratification entre le lias et le terrain ter-
tiaire démontre que la chaîne du petit Atlas a été soulevée avant
le dépôt de ce dernier. C’est à l’irruption des porphyres trachv-
tiques au milieu des couches de cette époque qu’on peut attribuer
leur redressement.
5° Enfin , la composition des dépôts diluviens des environs
d’Alger et de la plaine de la Mitidja confirme la théorie de la for-
mation de ces dépôts, exposée par l’auteur dans le premier cahier
du Journal de géologie.
Séance du 2 avril 1832.
M. Brongniart occupe le fauteuil.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
On lit l’extrait suivant d’une lettre écrite de Narbonne le
2 5 mars par M. Tournai :
SÉANCE DU 3 avril i85a. 565
« Plus que jamais j’ai l’intimefoonviction que la clef des terrains
tertiaires se trouve dans nos environs ; les phénomènes y sont
d’une simplicité extrême. Toutes les nouvelles observations qui
nous arrivent nous confirment plus que jamais dans cette idée ,
qu’il n’existe tout autour de la Méditerranée qu’une seule for-
mation marine, caractérisée par les marnes bleues, et dont le
prétendu calcaire moellon n’est qu’une dépendance. (Notez
bien que le calcaire moellon est le seul qui serve de pierre de
taille ; nulle part on ne l’emploie comme moellon ; les ouvriers
ne connaissent pas ce nom.)
» Cette formation , composée de marnes bleues, de calcaire et
de sable , forme toujours la base des terrains tertiaires , et n’offre
jamais de mélange de fossiles ou de sédimens marins et lacustres;
elle est recouverte accidentellement par des dépôts lacustres et
par un terrain mixte , offrant beaucoup d’analogie avec les roches
du bassin delà Seine : c’est ce dernier terrain (mixte) qui repose
quelquefois sur des sédimens lacustres. La grande formation ma-
rine ne se trouve jamais dans cette position , mais forme toujours
la base des terrains tertiaires.
Les terrains tertiaires du midi sont évidemment contemporains
de ceux du nord de la France : les mêmes débris de mammifères
terrestres se rencontrent dans les deux bassins; et quant à la
différence que l’on remarque dans le catalogue des coquilles, il
est bien évident qu’elle dépend de l’influence climatérique , qui,
pendant la période tertiaire, devait déjà être bien marquée.
» Je viens d’adresser à la Société géologique une belle suite
d’échantillons de nos terrains tertiaires , et un tableau représen-
tant les dépôts comparés de Paris , Pézénas et Narbonne.
» Sous peu j’adresserai également une collection d’ossemens
fossiles de Bize, et les roches du terrain àlignites de la vallée de la
Cesse. Ce terrain est bien évidemment contemporain des sédimens
qui ont comblé le vaste bassin de la Garonne, et que M. Boubée
appelle, je ne sais trop pourquoi , post-diluvium toulousain. Ce
* prétendu post- diluvium toulousain est bien tertiaire, et même
contemporain de tous les terrains tertiaires imaginables. Les
mammifères que l’on rencontre à Paris , Pézenas et Montpellier,
se rencontrent également dans le prétendu post-diluvium : je
nTen suis assuré, il y a peu de temps, à Toulouse. »
Les dépôts fluvialiles et lacustres qui ont comblé le vaste bassin
de Toulouse, et qui, vers Bordeaux, sont recouverts par des
bancs très puissans de calcaire d’eau douce, se continuent sans in-
Soc. géol. Toiuc II. *4
566 SÉANCE Dtr * AVRIL 1 83*.
terruption jusqu’à Carcassonne et même jusqu’à Capendu et
Moux. Les Pierres de Ramouse appartiennent à cette formations
M. Boubée proteste contre l’assertion de M. Tournai,
qu’il considère comme gratuite ou comme basée sur un exa-
men de fossiles qui ont dû l’induire en erreur, ces fossiles
ayant été recueillis sans distinction, par un botaniste, dans
le terrain de transport qui recouvre le bassin de Toulouse,
dans le terrain même du bassin , et enfin dans le terrain ter-
tiaire qui lui sert de limites.
M. Boubée représente sur le tableau les circonstances qui
distinguent le postdiluvium toulousain du terrain qui l’en-
vironne. Ce n’est pas seulement le calcaire d’eau douce qui
manque dans le bassin de Toulouse /comme s’il avait été ba-
layé ou enlevé de la surface; mais c’est aussi la série des ro-
ches qui sont au-dessous , qui est toute différente dans les
deux terrains, et il suffit d’être sur certains points de limites
pour en être frappé. Un fait bien notoire proclame d’ailleurs,
selon M. Boubée, en faveur de cette assertion : tout le pays
occupé par le postdiluvium toulousain est complètement
privé de pierre à plâtre , de pierre à chaux et de pierre à
bâtir,* toutes les villes et les villages y sont construits en
briques. Aussitôt, au contraire, que l’on atteint les limites
du bassin de Toulouse , et que l’on arrive au terrain tertiaire
qui l’environne de toutes parts, les habitations ont un tout
autre aspect; elles sont toutes en pierre de taille; le plâtre
et la chaux se retrouvent partout, et sont même employés
avec profusion.
Le président communique et soumet à la Société les déci-
sions prises par le conseil dans sa séance du 26 mars i83a.
Elles sont , après discussion , ainsi adoptées ou modi-
fiées :
i° Pielativernent à la publication des mémoires :
« Les mémoires de la Société seront publiés format in-8° avec
un atlas oblong.
Le volume se composera de 32 à 35 feuilles (5i2 à 56o pages)
çt l’atlas de 20 à 25 planches.
» Chaque volume sera publié en deux parties.
SEANCE MJ 2 AVRIL l852. S67
t Le prix de vente au public est de 18 francs pour chaque
Volume avec l’atlas.
Ce prix est fixé à G fr. pour tous les membres de la Société.
» Comme le prescrit l’art. 7, ch. VI , du règlement constitutif
de la Société, chaque mémoire pourra être vendu séparément;
le prix en sera déterminé, en raison du nombre de feuilles d’im-
pression et de planches dont chaque mémoire se composera ,
dans la proportion de moitié en sus du prix de vente au public
du volume complet et de l’atlas.
Ce prix sera réduit de i5 p. 100 pour les membres de la Société.
» La maison Levrauît , libraire, à Paris, rue de la Harpe,
n° 81 , et à Strasbourg, rue des Juifs , n° 33 , a été, après con-
currence , chargée de la publication des mémoires de la Société.
» 2° Aux deux membres déjà nommés de la commission pour
l’impression des mémoires seront adjoints MM. Deshayes et
Walferdin.
» 3° Les membres de la Société seront prévenus que l’impres-
sion du premier volume sera commencée prochainement , et que
les mémoires devront être adressés à la Société avant le i5 mai.
» Après que les mémoires auront été lus à la Société, le conseil
les examinera, et décidera sur leur admission.
» Cette décision sera prise aux deux tiers des voix des membres
présens , et toujours à bulletin secret.
» Conformément au règlement , les mémoires des personnes
étrangères à la Société seront examinés par une commission
nommée ad hoc pour chaque mémoire.
» 4° Le conseil adopte la proposition faite par M. Voltz, que,
lors des courses d’été , la Société invite à prendre part à ses tra-
vaux les personnes étrangères à la Société que ces travaux peuvent
intéresser, et les amateurs de sciences naturelles en général.
» 5° M. Walferdin communique, au nom de la commission
d’impression , un traité pour l’impression du Bulletin de la So-
ciété, adopté , après concurrence entre les imprimeurs de Paris,
qui ont le plus contribué à abaisser le prix de vente des livres
en simplifiant les procédés du tirage.
lia été adjugé à M. Laclievardicre, rue du Colombier, n° 3o,
à Paris, à des prix inférieurs , non seulement aux prix ordinaires
du commerce , mais encore à ceux de l’imprimerie royale.
» D’après ce traité , le prix de chaque feuille d’impression sur
papier collé , livrée de 5 1 5 à 5*20 exemplaires au lieu de 5oo,
revient, en caractère philosophie 4^ f* 9$ c.
568 séance du a avril i85a.
» En caractère petit-romain (0, à 4^ ^7
» Il a été stipulé que chaque membre de la Société aurait le
droit de faire imprimer pour son compte des livres ou brochures
aux mêmes prix (2).
Le secrétaire annonce avoir reçu des nouvelles de M. G. Pré-
vost, de Palerme, à la date du 19 mars. M. Prévost venait
de parcourir l’intérieur de la Sicile dans tous les sens, ét
était revenu à Palerme en côtoyant la côte occidentale. Il
annonce qu’un officier du brick la Flèche a vérifié que le
point ou était apparue la nouvelle île volcanique était cou-
vert de près de 1 00 pieds d’eau.
— M. de Rosthorn, de W olfsberg en Carinthie, propose d’en-
voyer différentes roches et des fossiles du pays qu’il habite, en
particulier des schistes à impressions de fougères du mont
Stangalp et de Frauennok, des pétrifications du schiste rouge
sous 1^ calcaire alpin jurassique des environs de Léopold-
Steinerssee , près d’Eisenerz enStyrie, etc.
Il annonce qu’il y a des impressions de poissons et de
(j) La feuille ainsi composée contient une. fois plus de matière que la compo-
sition en caractère ordinaire ( cicéro ).
(2) En voici le détail :
» Composition d’une feuille en philosophie , contenant 49 n à la ligne et 38
lignes à la page ; à 1 fr. o5 c. la page 16 fr. 35 c.
Composition d’une feuille en petit-romain : Si n à la ligne, 42 lignes à la
page: à i fr. 18 c. la page »... 18 fr. 85 c.
Mise en page fr. 7 5 c.
Tirage de 5s5 , soit 5oo exemplaires, des deux côtés 5 fr. 3o c.
Celui de io5o, soit xooo exemplaires , idem 7 fr. »
Etoffes sur les frais de composition , de mise en page et de tirage. 37 p. °f 0.
Papier collé , semblable à celui du Bulletin , la rame de 5oo feuilles à 10 fr.
a5 c. la rame, plus 25 feuilles pour les passes 10 fr. 76 c.
Les feuilles dites de passe sont restituées par l’imprimeur; ainsi il doit être livré
à l’auteur de 5 15 à 520 feuilles imprimées au lieu de 5oo , ou io3oà io4oau lieu
de 1000. 1
Le prix du pliage est fixé , par rame , à 1 fr. 10 c.
Celui de la pirjûre pour deux feuilles, par cent exemplaires, à . » 5oç.
pour quatre feuilles , idem , à . » 7 5 c.
Dans ces prix ne sont pas compris les frais de corrections et cbangemens d’au-
teur , qui seront payés à raison de 70 c. par heure , y compris les étoffes ; ainsi
que les frais qu’occasionent les tableaux, dont la valeur ne peut être estimée que
de gré à gré. Enfin les prix fixés pour la composition en philosophie ou en petit-
romain seront réduits ou augmentés suivant qu’on emploiera des caractères plus
gros ou plus petits.
SÉANCE DU 2 AVRIL i85a. 369
tiges de plantes dans le calcaire feuilleté fétide et noir qui
repose sur le calcaire dolomitique et plumbifère de Raibel.
O11 a trouvé deux échantillons d’une impression de feuille
de palmier dans la grauwacke schisteuse de Bleiberg; un de
ces morceaux est dans sa collection.
L’été passé, M. de Rosthorn a visité la chaîne calcaire des
Alpes méridionales de l’Illyrie.
Les observations les plus importantes qu’il ait faites con-
cernent les granités et les siénites d’ Appel , la mollasse de
Saguria en Garniole , les grès tertiaires à points verts alter-
nant avec des marnes et des roches trachitiques à Letusch et
Presberg en Styrie. Près de Saguria en Garniole , il y a un
gisement de poissons qu’il compte revoir cette année.
M. Anker a écrit à M. de Léonhard (. Zeilschr . i83o,
cah. ...) qu’il y avait des silex dans une argile tertiaire à
Weiskirchen en Styrie. M. de Rosthorn ajoute que ce silex
corné est d’eau douce, et renferme des coquilles calcinées
des genres Hélix et Planorba.
Enfin, il va achever sa carte des provinces illyriennes ,
entre la Drave et la Save, depuis la route du Loibl à la chaus-
sée qui va de Vienne à Trieste. Get ouvrage, qui sera soumis
à la réunion des naturalistes d’Allemagne , cette année , à
Vienne, sera accompagné de plusieurs coupes, dont deux
sont terminées.
—La société polymathique du Morbihan, résidant à Vannes,
propose, par l’intermédiaire de M. Roué, d’entrer en rela-
tions avec la Société géologique. Gette proposition est ren-
voyée au conseil.
La Société reçoit les ouvrages suivans :
1° De la part de M. de la Bêche , la seconde édition de son
Manuel de géologie (Manual geological, etc.). Lond., 1802,
in-8* de 564 pages, avec nombreuses vignettes.
2° De la part dcM. Rozet,les deux mémoires suivans , dont
il est Fauteur :
A. Notice géognostique sur quelques parties du départe-
ment des Ardennes et de la Belgique . Paris , 1819 , in-8° de
4i pages, avec une coupe.
$7° SÉANCE DU a AVRIL 1 83 8.
B. Description gèognostique du bassin du Bas-Boulo«
nais. Paris, 1829 , in-8° de 126 pages, avec une carte.
3° Les N°* 17 et 18 de X Européen.
4° De la part de M. Passy, le prospectus de sa Descrip-
tion géologique du déparlement de la Seine-Inférieure , ou-
vrage couronné en 1829 par C Académie des sciences , belles -
lettres et arts de Bouen. 1 vol. in-4°, accompagne d’un atlas
et d’une carte géologique.
M. Bénard fait hommage de 4 échantillons de fragmens
de roches ayant l’apparence de bois silicifiés recueillis dans
une grotte où la mer communique , sur le côté nord de Mer-
seksibir, baie d’Oran.
M. Deshayes offre aussi àTa Société une suite de roches
et de fossiles de la Belgique,* elle se compose de roches du
terrain de transition, avec quelques uns des fossiles caracté-
ristiques et des échantillons des différentes craies qui Repo-
sent sur ces terrains; M. Deshayes développe les circon-
stances du contact des sédimens secondaires sur le calcaire
de transition, percé par des coquilles lithophages de l’âge de
la craie inférieure.
M. Desnoyers indique plusieurs autres contacts de ter-
rains secondaires ou tertiaires sur des roches plus anciennes
qui portent tous les caractères d’anciens rivages. Ces roches
de fonds ou de bords sont dures, cariées, polies, couvertes
de flustres, de serpules, et si elles sont calcaires, percées
par des coquilles lithophages. Aux environs de Yalognes, les
faluns reposent de cette façon sur la craie compacte , et celle-
ci sur les terrains plus anciens. Les faluns de Touraine rem -
plissent de même sur quelques points les anfractuosités d’un
calcaire lacustre percé de pholades.Aux environs de Falaise ,
le calcaire ooîithique moyen se présente de même en dépôt
littoral sur le grès pourpré de transition à surfaces corro-
dées et ondulées.
M. Boué présente les ouvrages suivans :
%* Une introduction à la théorie atomique, comprenant
une esquisse des opinions des physiciens les plus distingués
anciens et modernes sur la composition de la matière ( An
SÉANCE DU 2 AVRIL l852. §7 1
introduction to the atomic iheory , etc.) , par Ch. Daubeny.
In-8° de 147 pages. Oxford , 1 85 1 .
2° Des recherches géognostiques sur la détermination de
lage des filons et sur le mode de formation des filons ar-
gentifères et cobaltifères de Joacheinsthal dans l’Erzgebirge
Geognost. Untersuchung zur Bestim Mung des Alters , etc.),
par A.-F. Maier. In-8° de 28 pages, avec une carte. Prague,
i83o.
L’auteur lie le remplissage des filons au voisinage des
masses porphyriques et granitiques.
3° Les Dendrolithes par rapport à leur structure inté-
rieure [Die Dendrolithen , etc.) , par C. Bernard Cotta. In 4*
de 88 pages, avec 20 planches. Dresde, i83a.
Cet ouvrage est le premier fruit du cours de paléontho-
logie récemment ouvert par M. Beich. Il remplit une lacune
dans la science , et complète en particulier ce que Sehip-
pan, Sprengel , Witham , etc., nous avaient appris sur lés
bois de palmiers et de dicotylédons dans le grès rouge se-
condaire, y compris ses agglomérats porphyriques et le ter-
rain houiller.
4° Le premier rapport des séances, des avis et des transac-
tions de l'association britannique pour l’avancement de la
science ( Fins report of the proceedings , recommendations ,
transactions , etc.). in-8° de 112 pages. York , i832.
Parmi les excellentes résolutions prises par cette première
assemblée des physiciens et naturalistes des îles britanni-
ques, on doit remarquer la formation de comités chargés de
l’examen de questions particulières , dont ils auront à rendre
compte à la session prochaine (Oxford).
Le comité de minéralogie a pricM. le professeur Wliewell
de préparer un rapport sur l’état actuel et les progrès de la
minéralogie.
Le comité de géologie a chargé MM. Murchison et Sedg-
wick d’examiner si la partie de la théorie de M. de Beaumont
consistant à déterminer lage des lignes de perturbation par
leur parallélisme de direction, est applicable au royaume
uni de la Grande-Bretagne.
s7* SÉANCE Dü 8 AVRIL l85l.
M. Philipps est chargé de dresser un catalogue systéma-
tique des fossiles des îles britanniques ; on désire qu’il soit
aussi complet que possible , et qu’il y indique le gisement ,
les localités et les espèces non décrites.
M. Robert Stevenson est chargé de faire un rapport sur
les destructions et l’extension de la côte orientale de l’An-
gleterre, et de s’occuper de la question de la permanence du
niveau relatif de la mer et de la terre-ferme.
M. Clément Mullet présente une tête humaine fort an-
cienne trouvée dans un caveau funéraire à JNogent-les-Vier-
ges, près Creil, département de l’Oise. Il donne à ce sujet
les explications suivantes :
« Cette tête paraît présenter beaucoup d’analogie avec celles
dont M. Tessier a déjà entretenu la Société de géologie. Le caveau
sépulcral où cette tête fut rencontrée a déjà fixé l’attention des
savansq il existe un mémoire de M. Barbier du Bocage sur ce
sujet , inséré dans les Mémoires delà Société des antiquaires de
France, tom.II, 1821, page 298. Mais l’auteur n’a considéré cette
découverte que-sous le rapport historique; il a laissé de côté toutes
les considérations physiologiques. Cette tête appartenait à un
squelette qui fut trouvé , avec deux cents autres environ , à
Nogent-les-Vierges , dans une cavité alors remplie d’une terre
argileuse assez compacte. Tout porte à croire que ce fut un caveau
sépulcral où furent déposés les cadavres de guerriers tués dans
un combat. Ce qui conduit à cette opinion , c’est d’abord parce
qu’on a trouvé des armes en silex , dont la figure accompagne le
mémoire cité ; ensuite , parce qu’une tête porte une ouverture
faite par un instrument tranchant. Cet individu , est-il dit dans le
mémoire , n’est pas mort sur le coup , car des lames osseuses
formées sur les bords de la plaie témoignent qu’il a dû vivre en-
core plusieurs années. Telle fut l’opinion de M. Cuvier.
» On n’a pu reconnaître de quel côté la tête du cadavre fut
tournée, observation importante à faire dans l’examen des sépul-
tures antiques. Ces têtes étaient bien conservées, comme le fait
voir l’échantillon. Quelques personnes qui ont visité le caveau de
Nogent-les-Vierges ont parlé d’une tête d’une dimension plus
grande que toutes les autres , et surtout remarquable par sa blan-
cheur. Le mémoire de la Société des antiquaires n’en dit rien.
SÉANCE DU 2 AVRIL l832. 3^5
» La tête de Nogent-les-Vicrges ne paraît avoir d’analogie
qu’avec celles trouvées dans la caverne de Miallet près d’Anduze,
et dont M. Tessier, docteur en médecine à Anduze , a donné la
description et un dessin. L’examen fait par M. Clément-Mullet des
crânes conservés dans les galeries d’anatomie du muséum d'his-
toire naturelle, ceux qu’il a étudiés dans la collection de l’Acadé-
mie des Beaux-Arts, ne lui ont rien offert qui pût y être rapporté.
Cette analogie sera mieux sentie par l’examen des mesures et leur
rapprochement de celles données par M. Tessier. M. Clément, qui
n’a pas voulu entrer dans des recherches aussi détaillées que notre
collègue d’Anduze, s’est contenté des points principaux.
» Hauteur de la tête au-dessus d’un plan horizontal, et
placée dans les mêmes conditions que celles indiquées
par M. Tessier o,i54
» Plus grand diamètre antéro-postérieur de la tête, des
bosses frontales à la protubérance occipitale 0,176
» Diamètre du crâne de droite à gauche , d’une bosse
pariétale à l’autre; c’est, comme à Miallet, la partie la
plus large 0,129
» Largeur du frontal au-dessus des orbites. . . . 0,090
» Distance du sommet d’une apophyse mastoïde à
l’autre. . 0,095
» Plus grand diamètre antéro-postérieur du trou occi-
pital o,o34
» Plus grande largeur de la face externe , d’une arcade
zygomatique à l’autre 0,122
» Plus grande hauteur du trou orbitaire 0,028
» Plus grande largeur o,o32
» Distance de l’extrémité de la mâchoire supérieure
à la réunion sincipitalc du frontal et des occipitaux. . . 0,174
Si nous mettons ces chiffres à côté de ceux donnés par M. Tes-
sier (voyez plus haut, page 120), nous 11e voyons de différence
que pour la largeur d’une bosse pariétale à l’autre , c’est-à-dire
0,016 de plus dans la tête du squelette de M. Tessier, et 0,021
de plus dans le squelette de Miallet. Peut-être cette différence
vient-elle de la manière de faire les observations. Le dessin et les
autres chiffres font reconnaître l’exactitude dans les rapports ÿ
quelques nombres même sont égaux.
» Dans l’un comme dans l’autre cas , nous retrouvons les carac-
tères de la race caucasiquc, rameau celtique, de la division pro-
posée par M. Bory Saint-Vincent : le crâne alongé, le front un peu
déprimé vers les tempes, le nez distingué du front par une dépres-
574 SÉANCE DU * AVRIL l85*.
sion , les arcades sourcilières assez prononcées. Ces conjectures sur
l'origine de la tête de Nogeut-îes- Vierges sont devenues une cer-
titude par l’examen qu’en ont fait le docteur Spurzheim et le
docteur Edwards, auteur d’un ouvrage sur l’espèce humaine
considérée dans ses rapports avec l’histoire.
»Un point de conformité entre les squelettes du midi de la
France et ceux du département de l’Oise , et qui mérite d’être
cité, c’est que, chez les uns et chez les autres, les dents étaient
usées par le frottement : d’où il résulte identité dans les habitudes,
identité dans l’origine, comme nous trouvons identité dans l’es-
pèce.
» Sur d’autres points du sol français , des sépultures antiques
ont aussi été découvertes : les restes humains qu’elles contenaient
étaient quelquefois accompagnés d’armes en silex , mais on n’a à
cet égard que de simples indications. La seule découverte de ce
genre qui puisse être citée avec fruit, est celle faite dans le dé-
partement des Ardennes, à Cous-la-Grand’-Ville , le 1 6 novem-
bre 1829. Elle fait le sujet d’un rapport consigné dans les Mé-
moires de la Société des antiquaires de France (i83o). La tête du
squelette était oblongue et aplatie , la direction des orbites était
telle qu’on la remarque chez les individus de la race caucasique.
Il est à regretter qu’on n’ait pas donné des renseignemens physio-
logiques plus détaillés ’ mais , tels qu’ils sont , ils constatent l’iden-
tité d’espèce avec les têtes humaines qui nous ont occupé plus
haut : et nous arrivons à cette conclusion , que des restes d’êtres
humains, quoique trouvés à de très grandes distances, apparte-
naient à la même race, et que cette race habitait le sol où se ren-
contrent ses débris.
M. de Beaumont communique à la société une lettre de
M. de la Bêche; celui-ci annonce que M. Murchison a lu
à la société géologique de Londres un Mémoire sur des tiges
déposées verticalement et perpendiculairement aux strates
dans les couches carbonifères de la série oolithique de
l’Yorkshire. Il les considère comme une sorte de forêt d’2£-
quisetum submergés.
M. Brongniart voit dans ce fait une confirmation de celui
qu’il a constaté, il y a plusieurs années, relativement aux
tiges du terrain houiller de Saint-Étienne.
M. Underwood rappelle que les cycadées découvertes en
grand nombre dans l’île de Portland reposent aussi vertica-
SÉANCE DU l6 AVRIL l83*. 5?5
lement à la surface du Portlandstone , dans une sorte de
limon noir assez semblable à de la terre végétale. Ce gise-
ment a été décrit par M. Webster et par M. Buckland. M. C.
Prévost fit l’an, dernier, quelques objections sur l’existence
de ces végétaux à la place où ils sont enfouis.
Séance du 16 avril 1832.
M. Michelin, trésorier, occupe le fauteuil.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
M. Tournai adresse à la Société une série d échantillons
de roches et de corps organisés des terrains tertiaires des
environs de Narbonne, savoir : 62 échantillons de roches,
2 morceaux d’ossemens , 4 échantillons d’impressions végé-
tales, et une vingtaine de fossiles.
M. Hœninghaus fait aussi hommage à la Société, par l’en-
tremise de M. Brongniart, de 22 échantillons de corps or-
ganisés , savoir :
1. Ca lamopora avec des Cyrloccr alites et une Dclthyris ;
2. Cyrtocer alites costatus (Goldfuss); 3. Orthocera inflata(G.),
partie inférieure et supérieure; 4* Orthocera nodosa (Schlo-
theim) 5. Orthocera Breynii (Sowerby) ; 6. Orthocera Stein-
haueri (?) ( Sowerby); 7. Orthocera ;
8 Evomphalus radiatus (Goldfuss); 9. Turilella elongata ;
10. Pecten priscus (Goldfuss); 11. Sanguinolaria concen-
triez (G.) ; 12. Calceola sandalina, avec opercule; 10. Idem
sans opercule; i4- Productus elegans (Goldfuss); 1 5. Lep -
teena rugosa (Dalman); 16. Dclthyris crispa (0.); 17. Tcre -
bratula affinis (Schlotheim) ; 18. Terebralula intermedia
(ScliL); 19. Calymena macrophtalnia ; 20. bouclier et yeux
d’une grande Calymène.
Plus, un polypier et un morceau de roche de transition.
On reçoit de M. Boué une lettre écrite de Bordeaux, le
1 5 avril 1 852 ; en voici l’extrait :
« Depuis que je suis arrivé à Bordeaux , je n’ai eu d’autre but
géologique que de rechercher si le calcaire marin parisien existait
376 SÉANCE DU l6 AVRIL l83a.
réellement dans les environs de la ville , et sur les rives de la
Garonne ou de la Gironde.
» Je ne vois pas les raisons de séparer en deux dépôts les
calcaires coquilliers de Blaye , de Bourg , d’entre deux mers , de
Saint-André-de-Cussac et du Fronsadais; le calcaire constitue
plusieurs couches alternant avec des marnes ou des roches aré-
nacées , et renferme toujours les mêmes genres de fossiles , quoi-
que quelques espèces paraissent propres à certaines localités , ou
même à certaines couches.
» Il serait bien à désirer que M. Beshayes pût voir les environs
de Bordeaux , pour se convaincre que certains fossiles de Paris
sont associés dans d’autres bassins avec des coquillages dont les
espèces lui paraissent indiquer un dépôt plus récent que le cal-
caire marin de Paris. M. Beshayes pourrait voir dans les collec-
tions de MM. Jouannet et Besmouîins le calcaire à clavagelles ,
à crassatella lumida , à terebellum convolütum , etc. , empâter
les fossiles ordinaires , non seulement dans le calcaire marin or-
dinaire de Bordeaux, mais encore dans le faîun qui recouvre ce
dernier. Ainsi ce calcaire à clavagelles, etc., qui, d’après M. Bes-
hayes, serait le dépôt équivalent du calcaire marin parisien, pré-
senterait, le rapprochement dut-il être admis des anomalies zoolo-
giques qui nous semblent inconciliables avec le système de clas-
sification purement zoologique de M. Beshayes.
»Bans le bassin du S. -O. de la France , la distribution des fos-
siles présente des différences locales assez particulières pour que
celui qui voudrait suivre strictement le mode de classification de
M. Beshayes, soit obligé de séparer ce que la nature a réuni ou
formé dans le même moment , ou pendant la même période de
temps. Ainsi, outre les différences bien connues entre les fossiles
de Bax et de Bordeaux, dans ces deux cantons il y a long-temps
qu’on a reconnu des accidens locaux , et l’on sait que certains co-
quillages sont propres à certaines localités, ou du moins n’abon-
dent que là. Les zoologues connaissent aussi les particularités des
falunières de Terre-Nègre à Bordeaux (térébratuie , delphinuîe,
cranies, nummulines, etc. ) de Merignac, de Sauças, de Leo-
gnan , de Salles ( Jouannetia , etc.); dire que tous ces faluns ,
ainsi que ceux de Bax forment une seule et même couche , ce
serait avancer quelque chose qu’on ne peut pas prouver, puisque
la continuité des masses est impossible à tracer; mais regarder ces
faluns comme sur le même horizon géologique , cela paraît être
une opinion très raisonnable. Boit-on maintenant pour quelques
espèces de coquilles qui se trouvent à Paris, adopter d’autres idées
SÉANCE DU l6 AVEIL l83s.
et attacher à leur présence seule plus de valeur géologique qu'à
celle des fossiles ordinaires de Bordeaux ? C’est à la Société à le
décider*
«Pour nous, il nous semble qu’il faut sortir de cette routine de
comparaison, et. étudier bassin par bassin; or, sous ce point de
vue , celui de Bordeaux et de Dax présente des caractères inter-
médiaires entre celui de Paris et de la Méditerranée. Si l’on vou-
lait procéder autrement , les rudistes caractérisant le terrain
crayeux du S. -O. de la France , et n’existant pas dans tout le
nord de l’Europe, on donnerait gain de cause à celui qui, malgré
les caractères tirés de la position géologique , prétendrait que la
craie du midi est un dépôt plus ancien ou plus récent que la craie
du nord de l’Europe.
»Des types particuliers de formation géologique , des dépôts
xoologiques particuliers caractérisent ou plutôt différencient les
diverses parties de l’Europe , ou peut-être même du globe; étu-
dions-lcs jusqu’à ce qu’il nous soit possible de nous expliquer
l’origine de ces différences.
»M. Deshayes supposant tout le bassin de Bordeaux rempli
après celui de Paris, sera toujours obligé de se jeter dans les hy-
pothèses, lorsqu’on lui demandera ce qui se formait à Bordeaux,
lorsqu’il se déposait de si grandes masses à Paris. D’un autre côté,
«en modifiant la rigueur de sa doctrine , si ces fossiles de Paris ,
épars à Bordeaux, pouvaient être cfe quelque poids dans la ba-
lance des équivalons géologiques ; si l’on pouvait s’y fier, vu la
position de ces coquillages dans des masses associées, à des mol-
lasses , les conséquences géologiques qu’on en tirerait resteraient
des faits extrêmement curieux. »
La Société décide que M. Boue sera invité à adresser les
to clies , fossiles et coupes qu’il croira propres à éclairer la
question.
La Société reçoit :
i° De la part de M. Keferstein, les ouvrages suivons,
'dont il est l’auteur :
A. Description géologique de T Allemagne ( TcutschlancL
geognostisek DargestclU). a o cahiers in-8° formant la collec-
tion complète de tout ce qui a paru jusqu’à ce jour de ce
jburnal (de 1821 à 1832).
B. Tableaux sur la géognosie comparative ( Tabcikn über
878 SÉANCE DU l6 AVRIL l832.
die vergleicliende Geognosie). 3n-4° de 60 pages. Halle *
1825.
C. Notice sur les causes des variations régulières du ba-
romètre (ücber die Ursachen der regelmassigen Barometer
Schwankungen ). ïn~4° de 10 pages.
D. Deux numéros de la Gazette littéraire et universelle
d’Iéna ( Ienaische Allgemeine litlcralur-zeitung) ; et deux
autres numéros du îahz hacher fur wissenschaftliclxe Kritik ,
contenant des articles critiques de Fauteur sur différens ou-
vrages géologiques. In-4°.
E. Un exemplaire de ses observations sur les formations
basaltiques de l’Allemagne occidentale ( Geognostische Be-
rner Kungen über die basaltischen Gebilde des westlichen
fieutsclilands). 1 voL in-8° de 207 pages, avec une planche
coloriée. Halle, 1820.
2° Les ouvrages suivans donnés par M. Airlet :
A. Voyage au Montamiala et dans le Siennois , conte -
nant des observations nouvelles sur la formation des vol-
cans, C histoire géologique , minéralogique et botanique de
cette partie de C Italie , par Georges Santi. 2 vol. in-8°.
Lyon, 1802,
B. Système de Hutton sur la théorie de la terre expli-
quée par Playfair, et combattue par Murray . 1 gros vol.
in-8° de 662 pages , avec figures. Paris , 1 8 1 5.
C. Essai géologique , par M. Dufour. Brochure in-8° de
28 pages. Paris, 1821.
D. Essai sur la théorie des volcans d'Auvergne , par
M. de Montlosier. 1 788 (première édition).
E. Notice sur MM. de Gallois , ingénieur en chef des
mines , et Joseph Bessy , par M. Virlet. In-8° de 14 pages.
3° De la part de M. Tournai fils , sa Description gèognos-
tique du bassin inférieur de C Aude et de la Berre . I11-80 de
h pages, avec une carte.
40 De la part de M. London , le N° 25 (avril 1832) de son
Magasin d’ histoire naturelle , journal de zoologie , botani-
que, minéralogie , géologie et météorologie. Londres, in-8°.
M. Loudon demande à échanger cet ouvrage contre le
Bulletin de la société : cette demande est renvoyée au conseil.
SEANCE DTI 16 AVRIL 1 85s. $79
5° Le N° d’octobre i85i du Bulletin des sciences natu-
relles et de géologie .
6° Le N° 106 (février 1 85 a) du Bulletin de la société de
géographie de Paris .
70 Le N° iG (avril 1802) du Mémorial encyclopédique et
progressif des connaissances humaines.
8° La deuxième livraison (i5 mars 1802) du tome V des
Mctes de Société linnéenne de Bordeaux.
90 Les Nos 19 et ao de V Européen.
io° De la part de M. Fée, l’année i85o à 1 83 1 des
Mémoires de la Société royale des sciences, de P agriculture
et des arts de êMle . — Le conseil décidera si l’on doit en-
voyer en échange le Bulletin de la Société.
M. Boubée fait hommage à la Société de son Tableau de
l* état du globe à ses différons âges , basé sur l'examen des
faits , ou Résumé synoptique de son cours de géologie.
On donne lecture des deux notices suivantes de M. Tournai:
1. Rapport des terrains tertiaires de Paris, Pézénas et
Narbonne.
PARIS.
PÉZÉNAS.
NARBONNE.
Sol végétal.
Sol alluvien.
Sol végétal.
Sol végétal.
Sol alluvien.
Sol alluvien.
Calcaire à meulières.
Calcaire d’eau douce.
Sables marins.
Terrain mixte.
Terrain mixte.
Calcaire d'eau douce cl
Calcaire d’eau douce gyp-
Marnes lacustres, calcaire
grand dépôt de gypse.
seux et siliceux.
d’eau douce , manies
avec soufre tubercul.
Sables marins.
Calcaire grossier.
Calcaire grossier.
Calcaire grossier.
Marnes gypseuses.
Calcaire grossier.
Marnes d’eau douce.
Tufs à coquilles marines.
Sables marins.
Marnes bleues.
Calcaire grossier.
Marne à lignilés.
Calcaire grossier.
Marne a li gui tes.
Cale, grossier ou moellon.
Calcaire grossier.
Marnes bleues.
Marnes bleues.
Argile plastique.
Craie.
Terrain secondaire.
Terrain secondaire .
» Je crois inutile d’entrer dans de plus grands détails sur les
I
38o SEANCE DU j6 AVRIL l8Sâ.
terrains tertiaires , ce tableau fera mieux comprendre ma pen-
sée que la meilleure description ; d’ailieurs mon mémoire imprimé
sur le bassin inférieur de l’Aude et de la Barre , n’est que le dé-
veloppement de ce tableau.
» Les considérations tirées de l’étude comparée des coquilles
fossiles du nord et du midi de la France , me semblent d’une im-
portance très secondaire, parce que, pendant cette période, l’in-
fluence climatérique était déjà très marquée , et que les coquilles
devaient meme varier dans cbaque subdivision des bassins océa-
niques et méditerranéens. Les considérations tirées de la présence
des grands mammifères sont d’un plus grand poids ; aussi tous
les jours des observations nouvelles de cette nature viennent
prouver la contemporanéité des dépôts tertiaires océaniques et
méditerranéens, et même de ces immenses dépôts fluviatiles la-
custres qui ont comblé le vaste bassin de Toulouse.
» Mais si l’étude des coquilles fossiles ensevelies dans les ter-
rains tertiaires me semble peu importante, parce que l’influence
climatérique devait nécessairement faire varier les espèces d’un
point à un autre , il n’en est pas de même des coquilles renfer-
mées dans les terrains plus anciens, parce que, à ces époques recu-
lées, la température du globe était à peu près uniforme sur toute
sa surface.
» Dans l’état actuel de la science , le concours des caractères
géologiques et paléontliologiques est encore nécessaire pour la
détermination géognostique des dépôts, il ne suffit plus pour
déterminer la nature et le rapport des formations entre elles
d’examiner seulement la continuité des couches qui les compo-
sent, mais il faut y joindre F observation de l’ensemble des fossiles
qu’elles renferment. Quant aux caractères tirés de la nature mi-
néralogique des dépôts , ils sont à peu près sans importance,
puisque des roches absolument semblables sc rencontrent dans
des formations différentes, et vice versa .
» En thèse générale , il me semble qu’il est permis de dire que
l’importance des fossiles est d’autanFplus grande que les terrains
sont plus anciens. »
2. Cavernes a ossemens de Bize (Aude).
» Je me propose d’adresser sous peu à la Société une collection
d’ossemens fossiles et de brèches osseuses. Malgré les observations
de M. Desnoyers, qui me semblent pouvoir s’appliquer à un grand
SÉANCE DU l6 AVRIL t852. 58 1
nombre de localités; je persiste à penser que les poteries , les os-
semens humains , et les ossemens travaillés des cavernes de Bize
sont contemporains des ossemens appartenant aux espèces perdues
qui se trouvent dans les mêmes cavernes , et que par conséquent
les ossemens humains méritent le nom de fossiles.
» Si l’on admettait en principe que toutes les fois que Ton ob-
servera dans les grottes à ossemens des poteries et des ossemens hu-
mains, le mélange a eu lieu accidentellement et après coup, ce
serait une véritable fin de non-recevoir , et annoncer à priori que
le problème de la contemporanéité qui est depuis si long-temps
en discussion ne peut pas être résolu.
» Mais il est une preuve dont M. Desnoyers n’a pas fait men-
tion, et qui cependant mérite d’être prise en considération; c’est
l’altération égale des ossemens que l’on croit appartenir à des
époques différentes. Je dois ajouter que les observations de M. J.
de Christol sont de nature à ne laisser aucun doute dans l’es-
prit, et que, dans la caverne qu’il a observée , les ossemens hu-
mains se trouvaient tout-à-fait à la base du dépôt, qu’ils étaient
aussi altérés que les ossemens d’ours et d’hyène , et que le limon
n’était nullement bouleversé.
» Toutes les cavernes à ossemens n’ont pas été comblées par de
grands courans d’eau et dans une période de temps extrêmement
courte ; plusieurs au contraire ont été comblées très lentement
par des phénomènes purement locaux et dans une période de temps
très longue; il me paraît d’ailleurs impossible de supposer que
certaines cavernes ont pu être comblées par l’ouverture de la val-
lée , puisqu’elles offraient des cailloux roulés et des ossemens em-
pâtés à la voûte , c’est-à-dire la preuve la plus positive qu’à une
certaine époque elles ont été entièrement comblées ; il faut donc
admettre de toute nécessité qu’à une certaine époque, l’ouver-
ture de la vallée n’existait pas, et que ces cavernes ont été rem-
plies par des fissures verticales.
» Il suffit d’un simple examen des cavernes de Bize pour s’as-
surer que l’ouverture de la vallée n’a été formée que par suite
des dégradations successives de la montagne ; j’ai même fait ob-
server dans des notes publiées il y a déjà plusieurs années, qu’à
Bize une de ces espèces de cheminées était encore comblée par
du limon et des ossemens. Ce phénomène établit d’une manière
positive la liaison qui existe entre les brèches osseuses et les ca-
vernes à ossemens; on conçoit, en effet, que lorsqu’une fissure
verticale communiquait dans une caverne , le double phénomène
Soc . géol. Tom. II. 25
582 SÉANCE DU l6 AVRIL *852.
des brèches et des cavernes a dû se produire simultanément (i).
M. Boubée signale, au sujet de cette dernière notice, quel-
ques observations qu’il a pu faire sur les lieux, dans son der-
nier voyage.
Selon lui i l’examen géognostique de la contrée ne pourrait
appuyer que l’opinion de M. Desnoyers - il lui a paru qu’il
n’existe même pas de terrain diluvien dans les environs de ces
cavernes, qu’il n’y a que des dépôts alluViens toujours argileux,
évidemment postérieurs au terrain diluvien à blocs erratiques.
C’est ainsi que M. Boubée a fait observer à M. Tournai lui-même ,
sur ses propres échantillons , que les ossemens de Bize sont em-
pâtés par une argile grossière , sablonneuse et terreuse, qui, loin
de rappeler le§ caractères des argiles du terrain diluvien , pré-
sente cette texture lâche , occasionée par le mélange de parties
reconnaissables de terreau végétal, que l’on ne remarque que
dans les dépôts les plus modernes des alluvions de nos fleuves.
Enfin , M. Boubée fait observer que ces cavernes sont situées
dans le bas de la vallée , qu’elles ont dû toujours être exposées
aux grandes inondations , et que rien ne saurait démontrer d’a-
près l’état des lieux, et surtout d’après les caractères géognosti-
ques de la contrée , que l’introduction des débris humains , celle
de l’argile alluviale qui les empâte , celle de plusieurs ossemens
d’animaux de l’époque actuelle qui s*y trouvent aussi, et leur
mélange dans ces cavernes par l’action des eaux , ne puissent
avoir été opérés long-temps après le creusement de la vallée ; or,
le creusement même de ces vallées ne paraît pas dater d’une
époque ancienne, et M. Boubée croit devoir le rapporter à l’é-
poque post-diluvienne avec plusieurs autres faits, mieux carac-
térisés il est vrai , qu’il a reconnus dans le midi de la France
et dans l’Auvergne.
— On lit un Mémoire de M. Ezquerra del Bayo, ingénieur
des mines , pensionné du roi d’Espagne , sur les montagnes
(i) M. Desnoyers n’a pas prétendu que les cavernes du midi
avaient été' remplies exclusivement par des cours d’eau provenant
des vallées, mais aussi souvent par des courans qui ont dû entraîner
les ossemens et les graviers des hauts plateaux dans des fissures,
remplir celles-ci de brèches osseuses et pénétrer dans les cavernes
inférieures. M. Tournai a montré lui-même l’intime liaison de ces
deux faits géologiques.
SÉANCE DU l6 AVRIL l852. 58&
primitives de l’ Erzgebirge , et sur leurs rapports avec la
formation du grès vert de la Suisse saxonne.
L’auteur réunit dans ce Mémoire un grand nombre d’ob-
servations et de considérations à l’aide desquelles il établit
que le relief de l’Erzgebirge a été modifié après le dépôt du
grès vert et de la craie; il pense que l’expansion des basaltes
a été la cause du soulèvement des roches granitiques dans
l’Erzgebirge, vers l’époque tertiaire.
— On donne lecture d’une lettre deM. le professeur Viviani
à M. Pareto, sur les restes de plantes fossiles trouvées dans les
gypses tertiaires de la Stradella, dans laquelle il tend à démon-
trer que ces feuilles appartiennent toutes à des espèces ana-
logues à celles de la flore européenne , et qui existent en-
core maintenant dans le royaume de Naples, en Corse et en
Provence.
— On lit un Mémoire de M. Reboul sur le Synchronisme des
terrains tertiaires inférieurs, mètalymnéens et prolymnéens*
L’auteur cherche à faire prévaloir sur la doctrine de l’émer-
sion successive des bassins de la Seine , de la Loire , et des
collines subapennines , celle de l’émersionf simultanée de ces
terrains sous-marins par un abaissement unique du niveau
des mers.
Il continue de combattre l’opinion des géologues qui,
comme MM. Deshayes , Desnoyers , de Beaumont , ont
reconnu parmi les terrains tertiaires plusieurs périodes ma-
rines en partie plus récentes que celles du bassin de Paris, et
qui ont appuyé leurs distinctions, soit sur les caractères zoo-
logiques, soit sur les faits propres à démontrer la succession
des bassins durant cette grande époque, soit suri interruption
de ces terrains par des soulèvemens de montagnes (voir An-
nales des sciences naturelles , février 1829; Mém. deM. Des-
noyers. — Bulletin de la Société géologique , 1 85 1 , tom. I,
pag. 186; Résultats des tableaux deM. Deshayes. — Idem ,
pag. 1 87; Divisions proposées par M. de Beaumont. — Et § 19
et 20 du Rapport des travaux de cette société pour i85i).
« Jusqu’à présent, dit M. Reboul, on 11’a aperçu aucun vestige
584 SÉANCE DU l6 AVRIL l85st.
de révolution ni dans le bassin de Paris , entre le terrain protéique
et l’épilymnique, ni dans le midi de la France, entre le calcaire
moellon et le terrain marin supérieur (i), ni dans les intervalles
des autres terrains indiqués.
On ne saurait supposer aucune relation géognostique entre
des soulèvemens qui auraient eu lieu dans une contrée et le dépôt
paisible de sédimens qui se serait fait dans une autre. Le soulève-
ment des mollasses alpines n’a pas plus interrompu la formation
des strates tertiaires de la Pologne et de la Puissie, que les érup-
tions de l’Etna n’ont dérangé les derniers dépôts marins des
côtes de la Sicile et de l’Italie.
La période tertiaire, si on la compare aux précédentes, pa-
raît avoir été tout entière une période de tranquillité, puisque
le dépôt des sédimens y a été à peine dérangé sur la centième
partie du sol qu’elle a recouvert. Les soulèvemens locaux qui s’y
sont opérés n’y ont donc produit aucune interruption générale
dans la série des phénomènes. C’est ainsi que dans la période ac-
tuelle les Lremblemens de terre et les plus grandes éruptions
volcaniques n’affectent que les lieux où leur action est circon-
scrite.
La divergence des opinions sur la chronologie tertiaire pro-
vient surtout de la manière dont on a considéré les fossiles. On
s’est fond^ d’abord sur des différences qu’on a exagérées entre les
fossiles marins tertiaires, pour les classer en tritoniens et pro-
téiques. On a essayé de dresser des catalogues de fossiles supposés
caractéristiques des deux terrains.
L’immense travail de M. Deshayes est venu renverser toutes
ces idées. C’est maintenant le bassin de Paris tout entier, pro-
téique ou tritonien , qu’il faut considérer à part et mettre en tête
des terrains tertiaires , puisque , sur quatorze cents espèces de mol-
lusques , il ne s’en trouve que trois pour cent d’analogues aux
espèces vivantes.
Les terrains de deuxième époque ont offert dix-neuf pour cent
de ces espèces analogues, et ceux de la troisième cinquante-deux
pour cent; dans une quatrième on en compte jusqu’à quatre-
vingt-treize pour cent (*2).
(i) Je dois faire observer ici que ceux qui ont proposé et adopte' la
de'nomination de calcaire moellon l’ont appliquée à la formation ma-
rine tout entière du midi de la France , en l’assimilant à celle
appelée prole'ique par M. Brongniart.
(a) Cette quatrième époque est hors de la période tertiaireet
séance du 16 avril i83a. 585
Tl faut distinguer dans ce travail important les faits et les rap-
ports positifs qui subsisteront toujours , des inductions qui de-
meurent subordonnées aux recherches futures.
Ce principe que , plus les terrains sont anciens , plus leurs fos-
siles s’éloignent des espèces du monde actuel. 11e peut être con-
testé dans tous les cas où il est applicable, mais il est des circon-
stances qui en modifient l’application. On a déjà fait observer que
les caractères empruntés à la zoologie fossile sont bien plus dis-
tincts et plus constans dans les terrains secondaires que dans ceux
de la période tertiaire.
L’uniformité des fossiles, soit végétaux, soit animaux, dans les
dépôts secondaires correspondans , quelle que soit leur latitude ,
semble indiquer qu’un même climat régnait à la fois sur tous les
points de la superficie terrestre aux diverses époques de cette pé-
riode, au lieu que l’inégalité des températures contemporaines a
déjà exercé quelque influence sur la répartition des fossiles ter-
tiaires dans les diverses contrées , selon leur voisinage des pôles
ou de l’équateur. »
... Les différences qui s’observent entre les fossiles de localités
voisines , dépendantes d’un même bassin, offrent à M. Reboul un
nouvel obstacle qui se réunit à l’incertitude de détermination des
genres, etàia multiplicité des espèces, pour lui faire douter de
l’importance du caractère conchyliologique dans l’étude des ter-
rains tertiaires.
« Si l’on considère des dépôts testacés actuels, situés en diverses
contrées, on voit qu’ils diffèrent beaucoup entre eux , quoique à
de médiocres distances, et que cette différence est quelquefois sen-
sible sur la même plage par le seul effet du changement de saisons.
Or, quelle autre condition a pu être mieux appropriée à in-
troduire de grandes différences entre Jes mollusques d’un même
temps que l’habitation d’1111 golfe de la mer ou celle d’un bassin
dont les eaux marines ont été constamment mélangées et souvent
remplacées par les eaux douces stagnantes. Cette différence d’ha-
bitat n’explique- t-clle pas bien mieux qu’une différence d àge le
contraste des constitutions géologiques de deux calcaires, l’un pu-
rement marin, l’autre semi-lacustre, où les neuf dixièmes des
mollusques consistent en cérites? Pourquoi exigerait-on entre
les gîtes coquilliers des terrains tertiaires, dont les conditions cli-
matériques ne sont pas les mêmes, une similitude de composition
appartient à la quaternaire, 5 raison de l’analogie de ses monumeus
avec ceux du temps présent.
586
SÉANCE DU 16 AVRIL l852.
qui ne se trouve point entre les dépôts de même nature existans
actuellement à diverses expositions et à diverses latitudes?
«M.De France a fait cette remarque importante, que les co-
quilles des terrains tertiaires de la France et des régions voisines
se rapprochaient les unes des autres par des transitions successives,
et qu’on pouvait suivre la liaison des fossiles du bassin de la
Seine avec ceux de l’Italie parles dépôts intermédiaires de l’Anjou,
de la Touraine et de la Gironde ; les changemens lui ont paru
en proportion avec les latitudes. Ainsi, dans la période tertiaire,
comme au temps présent , les contrastes des groupes coquilliers
doivent être attribués bien plus à la différence des lieux qu’à celle
des temps. En effet, si les fossiles d’un même bassin tertiaire sont
à peu près les mêmes dans les sédimens inférieurs et dans les supé-
rieurs, ainsi que l’indiquent les observations deM. Deshayespour
le bassin de Paris , dont la formation a exigé tant de siècles; et s’il
est prouvé d’ailleurs que les bassins tertiaires appartiennent tous
à une même période , ce n’est plus dans la succession des temps
qu’il faut chercher la cause de leur différence.
» Au midi de la France on a inscrit dans la même catégorie et
rapporté à un même temps les coquilles fossiles de Nafiach et de
Banyuls-les-Aspres , en Roussillon , et celles du calcaire des marnes
bleues , appelé moellon , des bords de la Méditerranée. Cepen-
dant ce calcaire est un terrain inférieur et de première époque
dans les bassins méditerranéens , au lieu que les dépôts coquilliers
de Nafiach et de Banyuls appartiennent aux sables et aux limons
de terrains de transport, c’est-à-dire à la troisième époque. A Na-
fiach on voit distinctement ces sables et ces limons, qui ont comblé
l’ancien golfe de Roussillon , recouvrir en stratification discor-
dante les marnes bleues et les mollasses du terrain marin inférieur.
w S’il est difficile d’apprécier les effets du temps sur la distribu-
tion des fossiles entre les divers membres de la période tertiaire,
ces effets deviennent très sensibles dans les sédimens postérieurs à
cette période, où la plupart des fossiles sont analogues aux espè-
ces actuellement vivantes sur les rivages voisins...
»... Les débris depalmiers enfouis dans le bassin tertiaire de Paris
prouvent que sa température a été peu différente de celle qu’on
éprouve maintenant en Egypte et en Mauritanie; on doit donc
s’attendre à retrouver les analogues de ces mollusques dans les
mers voisines des Tropiques.
»L’ abaissement de la température terrestre de lapériode tertiaire
à la quaternaire correspond à peu près à io° du thermomètre
centigrade dans la zone du bassin de la Seine; mais il est probable
SÉANCE DU l6 AVRIL l832. 58?
que ce refroidissement a été moindre dans les contrées plus voi-
sines de l’équateur.
» Toutes ces considérations prouvent combien il est difficile de
distinguer dans la variété des dépôts coquilliers tertiaires , ce qui
est dû aux circonstances locales , de ce qui est l’effet du progrès
des temps. J’avoue quelles ne font qu’élever des doutes, et
qu’elles ne peuvent suffire par elles-mêmes à résoudre la question ;
mais celle-ci me paraît nettement résolue par l’examen critique
de l’hypothèse que nécessite la doctrine de la formation successive,
et par échelons , des bassins tertiaires ; ici , la preuve cherchée est
acquise par l’emploi de la méthode d’exclusion.
» Pour que l’émersion du bassin de la Seine eût précédé celle du
bassin de la Loire , et celle-ci celle des marnes bleues de l’Apen-
nin, du Danube et du Languedoc, comme l’horizon de tous ces
terrains est à peu près le même, il faudrait supposer qu’un sou-
lèvement très régulier, a d’abord exhaussé d’environ deux cents
mètres ce vaste plateau tertiaire parisien ; qu’après un intervalle,
le même phénomène a eu lieu en Touraine, puis en Italie, en
Languedoc, et aux bords du Danube, et qu’il s’est reproduit aux
différentes périodes tertiaires, pour élever tous les dépôts sup-
posés de différens âges à un niveau à peu près égal...
L’auteur combat , comme tout-à-fait invraisemblable , cette
hypothèse du soulèvement successif de tous les terrains tertiaires,
et lui oppose , comme bien plus naturelle , celle de leur émersion
simultanée , par suite d’un abaissement général et unique du
niveau des mers à la fin de cette grande époque.
» Les terrains tertiaires soulevés sont, dit-il , ordinairement sur
la lisière des grands plateaux. Cette position , le petit nombre de
leurs lambeaux épars, et l’horizontalité presque générale de ces
terrains, doit convaincre que ces grandes masses si régulièrement
disposées, n’ont pas été déplacées , et surtout ne l’auraient pas été
h différentes époques, pour atteindre toujours le même niveau (i).
(i) Évidemment M. Rcboul a interprété la théorie du remplissage
successif des bassins tertiaires ieiie que l’avait proposéeM. Desnoyers,
dans un sens tout autre que l’auteur lui-même, et il applique sesobjec-
tions à des idées qui ne semblent pas avoir été exprimées, c’est-à-
dire à une hypothèse d 'émersion successive, par soulèvemens des cou-
ches tertiaires. Ils’agissait, au contraire , de l'immersion successive
en forme de hassîn d’un sol préexistant pouvant servir, par suite
de son affaissement, do nouveaux réceptacles aux sédimens et aux
eaux des mers après leur retraite de bassins plus anciens. M. R. sein-
388 SÉANCE DU 16 AVRIL l832.
En géognosie, il faut chercher la règle dans les faits généraux,
non dans les exceptions. Il est constant qu’au midi de la France,
en Italie, dans la vallée du Danube, sur tout le littoral de la
Méditerranée, et peut-être partout où manque le sédiment
crayeux, le terrain marin métalymnéen succède immédiatement
aux dépôts secondaires. On ne Fa vu nulle part séparé de ces dé-
pôts par une formation analogue à celle du calcaire grossier, qui
est dans son essence, mixte , accidentelle, et seulement aussi an-
cienne qu’elle puisse l'être parmi celles de son espèce. C’est par
sa composition mixte , et non par son âge , qu’elle diffère du ter-
rain des marnes bleues, qui est le véritable terrain marin tertiaire,
homogène, le moins accidentel de tous, et le plus universel...
» Si le synchronisme des terrains inférieurs métalymnéens et
prolymnéens ne peut être démontré par les analogies des dépôts
coquilliers, il est du moins indiqué par celles des ossemens fossiles
des plus anciens mammifères.
» Parmi les cétacés , les baleines ét les lamantins , parmi les
mammifères terrestres , les lophiodons, les palœothères (i) etlei
anoplothèi es , ont été reconnus contemporains du calcaire gros-
sier. Ces mêmes animaux ont laissé leurs ossemens dans le terrain
métalymnéen des marnes bleues et de leur calcaire; savoir: la
baleine dans les marnes bleues du Plaisantin , les lamantins dans
le calcaire de Pézenas , les lophiodons dans celui de Boutonnet
près Montpeyier, les palœothères dans les marnes bleues du Mé-
tauro, dans les marnes argileuses de la Gironde, et dans le cal-
caire de Saint-Geniez et de Pézenas (2).
ble avoir rapproché , pour les combattre , deux séries d’idées
distinctes : le fait rendu incontestable parles nombreuses observa-
tions de M. de Beaumont , du redressement des couches tertiaires
solidifiées , jusqu’à un niveau supérieur de plusieurs milliers de
pieds au niveau habituel des grandes plaines tertiaires, et le fait
du creusement successif durant cette même période de bassins pro-
pres à recevoir des sédimens et des fossiles non existans encore , et
différens autant â raison de l’intervalle chronologique que des
distances climatériques. [Note du secrétaire.)
(1) Ceux de baleine dans le calcaire grossier de Paris , de laman-
tins dans les marnes inférieures de Marly. Recherches de M. Cuvier%
t. 1, p. 271.
Ceux de Jophiodon,d’anopIothére, de palœothère, dans le calcaire
grossier de Nanterre.
(2) La carrière de Sl-Geniez , où Faujas a trouvé des ossemens de
palœothère y est de calcaire marin et non d’eau douce. En 1731 , on
SÉANCE DU 7 MAI l852. 38g
» D’autres ossemens d’animaux, peut-être moins anciens , ont
été observés dans plusieurs bassins métalymnéens, et notamment
dans celui du Danube ; mais ces bassins ont aussi leurs terrains
supérieurs, de deuxieme et de troisième époque; et ce n’est
point aux inférieurs que se rapportent les gîtes où ont été trouvés
les ossemens des grands pachydermes, des carnassiers et des
ruminans (i).
» Je n’offre point cette considération zoologique comme une
preuve isolée ^ mais comme une confirmation de celles que four-
nissent toutes les indications géognostiques du synchronisme des
terrains tertiaires inférieurs , soit métalymnéens , soit prolym-
néens.
Séance du 7 mai 1832.
Présidence de M. Brongniart.
Après la lecture et l’adoption du procès-verbal de la der-
nière séance, le président proclame membres de la société :
M. Simon (Victor) , juge à Metz, présenté par MM. Boue
et Desnoyers.
M. Albert de la Marmora, lieutenant-colonel au corps
royal d’état-major général de S. M. sarde, présenté par
MM. Boué et Michelin.
On lit une lettre de M. Victor Simon (Metz, 27 avril),
dans laquelle, après avoir exprimé le désir qu’il a de faire
partie de la Société géologique , il donne la note suivante
a extrait de la carrière de Gigiri , près Pézenas, un fragment mutilé
où il est facile de reconnaître la tête d’un tibia de palœotherium
magnum, semblable à celle décrite par M. Cuvier; t. 3, pi. 28,
%• 7-
M. Billaudel a trouvé les mêmes ossemens dans le calcaire de la
Gironde.
Ann. des Sc. nat. , t. 18. Revue bibl. , p. \^6.
(1) Cette explication n’est pas applicable aux ossemens desfaluns
de la Loire , où les débris de mastodonte , d’hyppopotame , de rhino-
céros , etc. , couverts de polypiers , sont dans la partie inférieure
du dépôt. On sait, au contraire, que le bassin de Paris , quoique si
rapproché de celui de la* Loire, n’a présenté dans aucune de ses
couches marines, ou d’eau douce, les ossemens des mêmes animaux
considérés généralement comme plus modernes. {Note du secrétaire.)
390 SÉANCE DU 7 MAI l85‘2.
des principaux mémoires qu’il a publiés sur une contrée
généralement peu connue :
« Mémoire sur le calcaire bleu à gryphites des environs de Metz-
Mémoire sur le Quadersandstein d’Hétange et les environs de
Sierck; Essai géognostique sur les terrains du département de la
Moselle; Rapport sur le gisement du fossile trouvé par M. de
Pouzzoli , près de Thionville; Notice sur les débris d’un rhino-
céros trouvé «à Louvigny près Metz ; Rapport sur les ossemens
fossiles trouvés a la côte de Rosemberg près Thionville; Itinéraire
géologique et minéralogique des départemens de la Moselle , du
Haut-Rhin et du Bas-Rhin ; Notice sur les carrières de lias de
Guenange; Notice sur une dent de rhinocéros, trouvée à Gour-
melange près Metz; Itinéraire géologique et minéralogique de
Metz à Sarrelouis , Oberstein , Bingen, Coblentz , Laach , Trê-
ves et Sierck. La plupart de ces Mémoires sont consignés ou men-
tionnés dans le Recueil des travaux de l’Académie de Metz. »
M. Simon annonce encore qu’il vient de fonder à Metz
une petite Société géologique qui se réunit chez lui, et fait
une course chaque semaine; elle commence à établir des re-
lations avec les villes voisines; son but est de compléter
l’Histoire géognostique du département de la Moselle.
— M. Desnoyers communique l’extrait suivant d’une lettre
de M. le lieutenant-colonel de Ghesnel (Prades , près Mont-
pellier, 26 avril).
« Je pense absolument comme vous au sujet des ossemens hu-
mains trouvés dans les cavernes du midi de la France , qu’il
suffit de s’éclairer de l’histoire et de la topographie des lieux où
se trouvent ces cavernes, pour repousser le système récemment
établi sur la contemporanéité de l’homme avec les grandes es-
pèces perdues. Je ne prétends pas nier positivement l’existence de
la race humaine à une époque plus reculée que celle que lui as-
signent les documens historiques; mais je veux dire que les savans
qui cherchent à prouver la contemporanéité en question , se fon-
dent sur des faits qui, loin d’être concluans en faveur de leur hy-
pothèse , me semblent tout au contraire déposer contre elle ;
ainsi , pour qui s’est donné la peine d’observer attentivement
l'action générale du cours des eaux , et ce que celles-ci opèrent
ordinairement dans les cavités souterraines , où elles charrient ce
qu’elles ont rencontré sur leur passage , il ne se voit rien que dé
SÉANCE DU 7 MAI l832. 5gi
fort simple dans la réunion sur un même sol de corps de diverses
natures, et de différens âges , et liés quelquefois en un aggrégat
stalagmitique ; c’est par cela même , je le répète , qu’il se trouve
ensemble des ossemens d’animaux anciens et modernes, mêlés à
des débris de coquilles terrestres, de poteries, d’ustensiles, etc.*
qu’il n’est pas possible, pour ratifier cette circonstance , de s’arrê-
ter à des causes simultanées , c’est-à-dire, aux phénomènes géné-
raux qui résultent des cataclvsmes qui ont bouleversé notre globe.
-» J’ai eu occasion, dans mes voyages, de me convaincre de
l’exactitude des faits rapportés par Florus et Eginhard que'vous
citez ; et dans un Mémoire que je communiquerai prochainement,
je ferai connaître un assez grand nombre d’observations sur les
cavernes et les camps fortifiés de la Novempopulanie , remarques
qui me conduisent à des conséquences pareilles à celles que vous
déduisez de vos propres investigations... »
— Une lettre de M. Albert de la Marmora annonce qu’ix se
propose de compléter incessamment sa description géologi-
que de la Sardaigne; il donne les détails suivans sur ses der-
nières courses en Piémont :
« J’ai Visité les serpentines de Baldissero , où le jaspe est pres-
que plus abondant que dans l’Apennin et la Ligurie , dans une
région apparemment non visitée par M. Brongniart. ; ce jaspe est
en contact avec une espèce d’arkôse, et des schistes, dans lesquels
je n’ai pu découvrir jusqu’ici d’empreintes. Près de Bielle, j’ai
vu un filon de serpentine , lié d’un côté, comme celle de Baldis-
sero, avec la syénito, et de l’autre avec un porphyre, contenant
des parties chloriteuscs et quelques cristaux de pyroxène. Ce por-
phyre a dans son ensemble beaucoup de ressemblance avec un
porphyre que je pris moi-même à Grantola , non loin du Pech-
steiu de cette célèbre région; il se lie ensuite avec ceux de Creva-
cuore, qui , de nuance en nuance, passent à ceux d’Arona , dé-
crits par M. de Buch. J’espère pouvoir visiter de nouveau ce
heu (Crevacuore), où paraît être la jonction des porphyres verts
aux porphyres noirs. Les débris tertiaires de Masserano et de Cro-
vacuore appartiennent au système de marne bleue subapenniue.
Ils ont cependant quelque relation avec ceux du Vicentin, et pjy-
raissent faire passage entre les terrains de la Superga et ceux de
l’Astesan (vallée d’Andona) , etc., etc. J’ai trouvé à Crevacuore
la scaglia (?) soulevée et modifiée par les porphyres , mais non
dolomisce ; et à Goyano (où l’on trouve aussi un dépôt tertiaire,
392 SÉANCE DU 7 MAI l832.
pareil à celui de Maggiora) , je trouvai un calcaire rouge à Téré-
bratules, à petites ammonites (?), et autres fossiles que je n’ai en-
core pu déterminer. Ce marbre rouge, que je compare à celui de
Vérone, est un peu bréchiforme, et est identique avec celui
d’Arzo et de Viggin , près du lac de Corne, dont parle Amoretti
dans son voyage aux trois lacs, et connu en Lombardie sous le
nom de Macchia Veccliia. (Voir la note sur les marbres d’Arzo et
de Bisaccio , page 169 de son Viaggio da Milano ai tre laghi ,
faisant partie de la Bibliotheca scella di opéré italiane , vol. 28.
Milano, presso Silvestri, 1824, 1 vol. in-12 de 3*y3 pages.) »
— La Société reçoit , delà part de la société géologique de
Londres, la première et la deuxième parties du tome III de
ses Mémoires ( Transactions of the geological Society of
London) .
La première partie, publiée en 1829 , in-4° de 240 pages
et 27 pl. de cartes, coupes et fossiles, contient douze mé-
moires , savoir :
1° Sur un groupe de roches schisteuses ( On a group of
slate rocks) s’étendant est-sud-est, entre les rivières Lune et
Wharfe, depuis Kirby-Lonsdale, jusqu’à Malham, et sur le phé-
nomène qui lui est particulier, par M. Phillips. 2 J pag. , 2 pl.
2° Sur la relation géologique des strates secondaires dans
l’île d’Arran, par MM. Sedgwick et Murchison. 16 pages et
1 planche double.
3° Sur les relations géologiques et la structure interne du
calcaire magnésien et les parties inférieures du nouveau grès
rouge dans le Nottinghamshire , le Derbyshire,le Yorkshire,
le Durham , et les extrémités méridionales du Northumber-
land, par M. Sedgwick. 88 pages , 9 planches.
4° Sur la structure et les rapports des dépôts contenus
entre les roches primitives et les couches oolitiques dans le
nord de l’Écosse , par MM. Sedgwick et Murchison. 36 pages,
5 planches.
5° Sur la géologie des baies de Tor et Babbacombe (De-
vonshire), par M. de la Bêche , 1 1 pages , 3 planches.
6° Sur la géologie des environs de Nice et de la côte,
depuis cette ville jusqu’à Vintimiglia, par M. de la Bêche,
16 pages, 4 planches.
SÉANCE DU 7 MAI l852. 5()5
70 Observations sur les formations secondaires entre Nice
et le col de Tende , par M. Buckland. 4 pages,
8° Sur la géologie d’une partie du Bundelcund , Boghel-
cund, et des districts de Saugor et Jubulpore, par le capi-
taine Franklin. îo pages, 2 planches.
90 Tableau des restes organiques du comté de Sussex, par
M. Gédéon Mantell. 1G pages.
io° Sur la découverte d’une nouvelle espèce de Ptérodac-
tyle dans le lias à Lyme-Regis, par M. Buckland. 6 pages,
1 planche.
1 1° Sur la découverte des coprolites oufœces fossiles dans
le lias , tant à Lyme-Regis que dans d’autres terrains , par
M. Buckland. 14 pages, 4 planches.
12° Lettres de M. Prout à M. Buckland sur l’analyse des
fœces fossiles d’Ichthyosaures et d’autres animaux. 3 pages.
La deuxième partie , publiée en 1 83 2 , in-4° de 200 pages
et 9 planches doubles de coupes , cartes et fossiles , contient
les mémoires suivans :
i° Sur le district oolitique de Bath , par M. Lonsdale.
35 pages, 1 planche de coupes.
20 Sur un renard (fox) fossile découvert à Æningen ,
près Constance , avec une description du terrain qui le con-
tient, par M. Murchison. 14 pages, 2 planches.
3° Description anatomique de ce renard, par M. G. Man-
tell. 3 pages, 2 planches.
4° Sur les causes astronomiques qui ont pu avoir de l’in -
fluence sur les phénomènes géologiques , par M. Herschel],
7 Pages-
5° Sur la structure des Alpes orientales , avec coupes
traversant les formations les plus nouvelles des flancs nord
de la chaîne, les terrains tertiaires de Styrie, etc., etc.,
par MM. Sedgwick et Murchison. In*4° de 120 pages, 1 char-
mante carte des Alpes orientales , 1 grande planche de cou-
pes, 3 planches de coquilles et de polypiers fossiles de Gosau.
— La Société reçoit aussi :
i° De la société géologique de Londres, le rapport an-
5g4 SÉANCE DU 7 MAI l832.
nuel sur ses travaux de i83i , par le président M. Mur-
chison. In- 8° de 26 pages.
2° De la part de M. Murchison , son Mémoire sur un re-
nard fossile découvert à Æningen, près Constance ; avec une
description du terram qui le contient. In-4° de 14 pages,
avec 2 planches. Londres, i83-2.
3° De la part de la société philosophique de Cambridge ;
les première, deuxième et troisième parties du tome III, et
la première partie du tome IV de ses Transactions ( Trans-
actions ofthe philo sophi cal soc . of Cambridge).
4° De la part de M. le comte Razoumovsky, ses Obser-
vations sur les envirçns de Vienne. In-4° de 58 pag., 10 pl.
5° De la part de M. Gordier, l’extrait de plusieurs lettres
de M. Jacquemont , voyageur naturaliste du Muséum , en
mission aux Indes orientales (extrait des nouvelles Annales
du Muséum d'histoire naturelle , tome Ier, pages i55 et sui-
vantes). In-4° de 19 pages,
6° La 22e livraison de la Description des coquilles fossiles
des environs de Paris , par M. Deshayes. ln-4° (les planches
sont d'une exécution de plus en plus soignée).
70 Les numéros 1 à 7 du Recueil supplémentaire du pre-
mier volume des Mémoires de i Académie de l'industrie
agricole , manufacturière et commerciale , fondée à Paris
par M. César Moreau, et les numéros i3 , 1 4 , i5 et 16 du
deuxième volume du Journal des travaux de la même Aca-
démie, In»4°*
8° Le numéro 17 (mai i83a) du Mémorial encyclopé-
dique et progressif des connaissances humaines. Paris, in 8°.
90 Les numéros $ 1 , 22, 23 de Y Européen.
M. Michelin fait hommage à la Société de 33 échantillons
de roches et corps organisés de Maestricht et des environs.
Il lira dans la prochaine séance un Mémoire de M. Van-Hess
sur cette même localité.
M. de Léonhard annonce que le comptoir de minéralogie
d’Heidelberg , dont il envoie le dernier catalogue, désirerait
entrer en relation d’échanges avec les géologues français qui
habitent des localités riches en fossiles.
séance du 7 mai ï852, 3g5
— La Société reçoit de M. le comte de Montlosier la lettre
suivante (Randanrfê*, près Clermont, 5 mai i83*2).
« Messieurs, je lis dans le résumé des progrès de la géologie
pendant l’année i83i , Bulletin de la société , pag. i56 , les
paroles suivantes :
« L’espèce de cavité élevée , appelée Valle del Love , a paru à
» M. Hoffmann un cratère de soulèvement dont les bords sont
» formés d’alternats de scories et de roches trachy tiques modi-
» fiées. En Italie , notre savant Prussien a aussi cru trouver des
» cratères de soulèvement dans les montagnes d’Albano... » L’au-
teur du Résumé ajoute : a Nous devons donc nous attendre à
» une controverse intéressante entre lui et M. C. Prévost , qui ,
» comme M. Cordier, paraîtrait opposé à cette idée , et n’ad-
» mettrait qu’une formation cratériforme, savoir, celle produite
» par des déjections incohérentes et des coulées de lave autour
» d’un cratère. »
« L’intérêt que je prends aux progrès de la géologie , l’intérêt
aussi que je prends à des hommes aussi honorables que MM. C. Pré-
vost et Cordier, m’engagent à vous adresser les explications sui-
vantes :
» D’abord, je n’admets pas tout-à-fait l’expression de cratère
de soulèvement , créée par M. de Buch et adoptée par M. Hoff-
mann. Cette expression suppose une force irrégulière opérant
des effets irréguliers, pouvant être étrangers aux effets volca-
niques. Les cratères de soulèvement mentionnés sont tous d’une
composition cratériforme, ainsi que l’ont observé MM. Prévost
et Cordier. Mais il faut en demeurer là , et surtout ne pas parler
de courans de Lave; car l’absence de courans de lave est un des
caractères précis qui les distinguent.
» L’Auvergne est en possession de deux de ces cratères appelés
de soulèvement , c’est le lac de Pavin et le gour ou gouffre de
Tazcnat. En examinant, dans ma jeunesse , la nature et les cir-
constances de ces deux cratères formant des lacs , je leur avais re-
connu, une composition toute particulière, en ce que, i°àla
différence des autres cratères , la dimension de leur orifice était
énormément plus considérable; a° en ce que leur pourtour était
à peine marqué de quelques points de torréfaction ; 3° en ce qu’il
n’en était émané aucune émission hi courant délavé. Frappé d’é-
tonnement, d’un côté , de la puissance d’explosion qui avait pu
3()6 SÉANCE DU 7 MAI 1 8 5 Sè .
opérer un tel vide sans l’accompagner de J^gits violens de torré-
faction, apanage ordinaire des phénomènes volcaniques, je l’étais
encore plus de la forme particulière du pourtour intérieur qui
laisse à peine au bord de l’eau trois pieds de largeur , au bout
desquels se présente immédiatement le gouffre en forme de cuve
abrupte , cuve qui donne pour le lac de Pavin une profondeur
de 3oo à 3o2 pieds ; pour le gour de Tazenat, environ 200 pieds.
»Des circonstances particulières m’ayant amené, au commence-
ment de 1789, à publier mon Essai sur la théorie des volcans
dé Auvergne , mon attention, fixée sur ces deux cratères-lacs, dut,
faute de points de comparaison suffisans , demeurer incomplète
et indécise.
» En l’année i8i3 , ayant pu m’échapper un moment de la po-
litique, je me hâtai de passer les Alpes pour aller chercher en
Italie, sur ce point, objet continu de mes inquiétudes, les éclair-
cissemens qui m’étaient nécessaires • je les trouvai avec abondance
dans les lacs de Yiterbe, dans ceux d’Albano, ainsi que dans les
champs phlégréens. Là, comme en Auvergne, mêmes caractères :
i° orifice d’une dimension énorme en comparaison des cratères
ordinaires ignés ; 20 absence sur leur pourtour, je ne dirai pas posi-
tivement de laves, mais de cette abondance de matières violem-
ment torréfiées ; 3° absence decourans délavé.
» Cependant , convaincu depuis long-temps que la nature , qui
présente souvent des opérations parfaites , a aussi quelquefois des
ébauches, j’eus bientôt à reconnaître que, tout ainsi que parmi
les cratères ordinaires ignés, il se trouve par-ci par-là quelques
petits cratères qu’on pourrait appeler des cratérillons ; de même
parmi mes cratères à explosion , dont plusieurs étaient des cra-
tères-lacs, il y en avait aussi d’une petite dimension , même sans
eau, et dans lesquels, quoique de la même espèce, la nature qui
s’y était essayée semblait avoir manqué de puissance. En récapi-
tulant dans mes notes les cratères de ce genre, soit parfaits, soit
en ébauche, que j’ai observés en Italie, je peux en compter trente-
deux.
» Un phénomène plus grave, plus extraordinaire, plus inat-
tendu en ce genre, devait bientôt attirer mon attention • je veux
parler du mont Vésuve.
» Relativement à cette montagne , je n’étais pas tout-à-fait sans
instruction. J’avais lu attentivement ce qu’en disent Denys d’Ha-
licarnasse, Pline, mais particulièrement Strabôn , qui, quoique
géographe, en a mieux connu la nature que Pline. Après cela,
je n’avais pas négligé ce qu’en disent, dans les temps modernes,
SÉANCE DU 7 MAI l85‘2. ^97
les savans , et en général les voyageurs. En m’en rapportant à ces
seuls documens, ce qu’on appelle aujourd’hui mont Vésuve pou
vait être pour moi un objet de curiosité. En fait de montagnes vol-
caniques, j’étais depuis long-temps familiarisé avec les phéno-
mènes propres à ces sortes de montagnes ; toutefois, un point me
restait et me revenait toujours dans la pensée , c’était la montagne
appelée Somma, qui est presque contiguë au Vésuve, et qui l’en-
ceint dans une fraction de cercle. Aucun des savans et des voya-
geurs qui avaient depuis long-temps visité le Vésuve n’avait com-
pris cette singulière position. Après l’avoir étudiée long-temps
et soigneusement, je reconnus et pus constater les deux points
suivans :
» i° Ce qu’on appelle aujourd’hui mont Vésuve est un misé-
rable usurpateur; c’est une simple excroissance moderne qui date
de la fameuse éruption sous Titus, et qui s’est , depuis cette épo-
que jusqu’au moment présent, diversement accrue, modifiée,
détériorée , en raison des diverses éruptions qui ont succédé.
» 2° Ce qu’on appelle aujourd’hui mont Somma est le reste
légitime du véritable ancien mont Vésuve, tel que les anciens
l’ont connu , que Strabon l’a décrit , et que la fameuse éruption
sous Titus nous l’a laissé, après avoir détruit, démantelé et em-
porté dans les airs la principale masse de la montagne.
» Pour l’explication plus complète de ces deux points , je dois
revenir à ce qui a été l’objet spécial de cette lettre.
» J’ai précédemment supposé deux espèces de volcans cratéri-
formes : l’une formant des cratères d’une dimension ordinaire ,
amas désordonné de matières violemment torréfiées , et desquels
sont sortis en général des courans de lave ; l’autre , dont les ori-
fices sont d’une dimension extraordinaire, dont le pourtour, soit
intérieur, soit extérieur, offre peu ou point de matières ignées,
et des flancs desquels ne sont point sortis des courans de lave.
» En Auvergne comme ailleurs , on peut reconnaître et dis-
tinguer parfaitement ces deux espèces de volcanisations cratéri-
formes. Ces foyers, quoique rapprochés quelquefois , sont cepen-
dant toujours distincts. L’enceinte qui renferme aujourd’hui le
mont Vésuve et le Somma offre à cet égard une particularité re-
marquable.
« En ce que les deux espèces de volcanisations ayant eu lieu à la
fois, et presque dans le même temps, sur deux foyers extrêmement
rapprochés, il en est résulté d’un côté un mouvement d’explosion
par lequel l’ancien mont Vésuve presque entier, mis en pièces et
lance dans les airs , a été au midi recouvrir et ensevelir sous ses
Soc. géol. Tom. II. 26
5()8 SÉANCE DU 7 MAI 1 8 5 K .
débris argilo-ponceux les malheureuses villes de Pompéia et de
Stabbia , laissant à ses pieds le promontoire qui forme aujour-
d’hui l’ermitage du Sauveur ; tandis qu’un nouveau foyer, formé
en conflagration , s’est ajouté au foyer d’explosion , a commencé
le mont Vésuve d’aujourd’hui, et a donné un courant de lave qui ,
se dirigeant à l’ouest , a été couvrir et ensevelir Herculanum .
Jusqu’à présent , comme on n’avait eu encore aucune notion
juste sur la différence des volcans d’explosion dont les caractères
sont particuliers, et qui ont produit tous les cratères-lacs , d’avec
les volcans ordinaires ignés qui ont produit des cônes, amas de
déjections violemment torréfiées , ainsi que des courans de lave ,
il était impossible d’avoir quelque lumière sur la nature du mont
Somma, ainsi que sur le fragment de cratère d’explosion qui en-
ceint une portion de ce qu’on est convenu aujourd’hui d’appeler
le mont Vésuve.
» Je viens, messieurs, de vous parler de mes recherches dans
l’année 1 8 1 3 . En l’année 1817, étant parti de Randane pour
aller en Allemagne m’assurer de quelques points sur lesquels
je conservais de l’inquiétude , après avoir parcouru la Hesse,
la Saxe et une partie de la Bohême, j’eus , à mon retour , à
m’arrêter sur la rive gauche du Rhin , dans un vaste pays qu’on
appelle YEifell, entre Trêves et Aix-la-Chapelle. Je trouvai là,
relativement aux volcans d’explosion (toujours cratéri formes) ,
une nouvelle et abondante source d’instruction. Dans un grand
nombre de ces volcans d’explosion qui ont formé des cratères-
lacs , et qui ont tous les caractères que j’ai Assignés à ces cra-
tères , je pus noter sur le pourtour de quelques uns diverses zones
de matières torréfiées intercalées verticalement dans des masses
qui ne l’étaient pas , avec les nuances suivantes : quelques cra-
tères ayant le tiers de leur pourtour en matières torréfiées , quel-
ques autres seulement le quart , quelques autres le cinquième *
enfin , j’en pus trouver un entièrement dépourvu de matières
torréfiées. Ce cratère-lac a éprouvé son explosion au sein d’une
roche argileuse feuilletée, sorte de cornéenne, ou de phyllade des
géologues modernes. Ce cratère-lac , situé à environ trois lieues
de Trêves , a cela de particulier que son pourtour extérieur, quoi-
que presque abrupte, pourrait absolument être accessible aux pas
de l’homme. »
A l’occasion des observations de M. de Montlosier sur les
cratères de soulèvement , M. Cordier proteste fortement con-
tre la réalité de ces prétendus cratères. Il expose qu’il n’a
SÉANCE DU 7 MAI 1 85îî. 899
pu reconnaître dans les volcans brulans ou éteints que trois
sortes de cratères, savoir :
i° Cratères dans lesqueïs les gaz seuls ont été en action , et ont
opéré à la surface du terrain d’une manière tout-à-fait analogue à
l’explosion des mines que l’on fait jouer dans l’attaque et la dé-
fense des places. Ces cratères ont peu ou point de saillie ; ils affec-
tent la forme d’un entonnoir irrégulier, dont les bords sont com-
posés des couches mêmes du sol qui a été percé. Lorsque ces cou-
ches sont solides , l’affouillement offre souvent des escarpemens
peu ou point accessibles. On ne voit autour de l’hiatus que les
débris dispersés et communément peu abondans du sol qui a été
superficiellement évidé par la violence des gaz.
20 Cratères dans lesquels l’éruption des gaz, amenant des pro-
fondeurs de la terre de la lave liquide et incandescente, a pro-
jeté en l’air cette lave à l’état de déjections incohérentes de volu-
mes divers , et qui se sont successivement accumulées sous forme
de montagne conique plus ou moins parfaite , autour de la che-
minée éruptive. Ces cratères ont toujours une grande saillie; la
coupe, abstraction faite du travail ultérieur des solfatares, est
toujours parfaitement accessible à l’intérieur.
3° Cratères qui , après avoir été formés comme les précédens,
ont fini par dégorger de la lave liquide , qui , en s’épanchant , a
plus ou moins échancré leurs contours.
La formation de chacun de ces différens cratères effraie le vul-
gaire , et souvent même le géologue , par les détonations qui l’ac
compagnent; mais en résultat, la percée du sol n’en est pas moins
un phénomène purement local , qui n’affecte pour ainsi dire
qu’un point dans la masse du terrain traversé , qui opère sans
soulèvement aucun de cette masse , qui s’effectue par une série
de fentes très peu étendues , et dont les effets paraissent excessi-
vement minimes quand le bruit a cessé. De plus , les tremblemens
de terre accompagnans ne laissent communément aucune trace
sensible de bouleversement dans la masse du pays environnant.
Cette partie de l’écorce du globe est restée comme immuable
dans ses fondemens.
Quant à la dénomination de cratère de soulèvement , l’associa-
tion de ces deux mots est, selon M. Cordier, presque vide de
sens. Elle est, suivant lui, aussi fausse et aussi vicieuse que l’hypo-
thèse qu’on a eu l’intention de qualifier par son moyen. En ef-
fet , cette hypothèse est gratuite ; elle pose en fait l’existence et le
• renouvellement multipKe d’un phénomène qui est sans exemple,
400 SÉANCE DU 7 MAI l83‘ii
et qui d'ailleurs, par les forces prodigieuses et purement locales
qu’il aurait exigées , ne serait en aucun rapport avec l’intensité et
la nature des effets volcaniques authentiquement constatés. Non
seulement elle ne soutient pas un examen sérieux lorsqu’on l’ap-
plique à l’état réel et non systématisé a priori des terrains volca-
niques plus ou moins démantelés -, qui sont antérieurs au dernier
cataclysme diluvien • mais à plus forte raison est-elle complète-
ment en défaut lorsqu’on veut s’en servir pour expliquer iso-
lément certaines formes du relief de tous les autres terrains, au
lieu de reconnaître que ces formes ne sont que des cas particuliers
au milieu de tous ceux qui ont été produits par les ruptures suc-
cessives , par les dislocations plus ou moins générales que l’écorce
die la terre a éprouvées dans toute sa masse. Sous ce dernier point
de vue l’hypothèse dont il s’agit n’est propre, d’une part, qu’à
induire en erreur les géologues peu exercés , en leur faisant croire
qu’il y a identité entre les effets volcaniques observés et observa-
bles , et quelques unes des cavités non volcaniques du relief de la
terre , qui d’ailleurs s’expliquent si naturellement et si évidem-
ment, suivant M. Cordier, en les rapportant aux causes générales
qui ont occasioné et reproduit les grands phénomènes de la dis-
location de l’écorce du globe ; et d’une autre part à rapetisser et
à fausser l’idée qu’on doit avoir des effets si variés de ces iinmen
ses phénomènes.
A l’occasion dé la communication faite à la Société par
M. Cordier, M. Élie de Beaumont présente l’analyse d’un
Mémoire auquel il travaille en commun avec M. Dufrénoy,
sur les cratères de soulèvement qu’on observe dans les con-
trées volcaniques de l’intérieur de la France.
Ces deux géologues pensent :
i° Que le groupe du Cantal présente un cratère de soulève-
ment dont la crête circulaire comprend nommément les cimes du
Plomb-du-Cantal et duPuy-Mary , dont les vallées de Mandailles,
de Vie, de Murat, de Dienne et du Falghoux forment les cre-
vasses de déchirement , et dont le point central est occupé par
une masse de phonolithe tabulaire, dont le Puy-de-Griou est la
cime la plus élevée ;
2° Que les masses de phonolite tabulaire qui constituent la roche
Sanadoire , la roche Tuilière , et une troisième roche plus petite,
mais de même nature, qui avoisine les deux premières , forment
SÉANCE DU 7 MAI l832. 4^1
de même un centre de relèvement par rapport aux nappes de tra-
chytes et de conglomérats trachytiques qui constituent le sol en-
vironnant, supportent les pâturages voisins du lac de Guery, et
viennent présenter leurs tranches dans les escarpemens qui font
face aux roches de phonolithe précitées , et les entourent en
partie ;
3° Que le groupe du Mont-Dore, proprement dit , présente
lui-même un cratère de soulèvement, dont la haute vallée de la
Dordogne, et celle beaucoup plus courte où la Tranteine com-
mence son cours, forment les crevasses de déchirement, dont la
crête circulaire comprend nommément le Puy-Gros, le Puy-de-
l’Aiguillier* le Puy-Ferrand, le Puy-de-la-Grange , le plateau
de Cacadogue , le roc de Cuzeau, le Puy-du-Cliergue, et le pan
de la Grange, et dont le point central est occupé par la réunion
de filons de trachyte , roche qui constitue la masse dentelée du
Puy-de Sancy et de ses annexes.
Ils croient aussi pouvoir prouver que la formation de ces dif-
féreras cratères de soulèvement est plus moderne que l’épanche-
ment des Basaltes, et qu’elle est le résultat d’une commotion sou-
terraine particulière, qui a eu lieu entre la période des Basaltes
et celle des volcans à cratères.
M. Cordier entre dans quelques détails sur ces mêmes sys-
tèmes volcaniques de l’intérieur de la France.
« Dans les vallées plus ou moins convergentes du Mont-Dore et
du Cantal, dans les cirques qui terminent chaque vallée, dans les
massifs et les mamelons centraux, dans les longs plateaux à gra-
dins qui séparent les vallées , dans les gibbosités à surfaces ordi-
nairement planes qui sont disséminées sur quelques plateaux ,
dans les chapeaux de laves isolés qui correspondent à ces mê-
mes plateaux vers les plaines, M. Cordier ne voit que les ré-
sidus d’une immense accumulation de courans de toute espèce ,
alternant avec des couches de déjections incohérentes , les unes
encore meubles, et les autres consolidées; accumulation qui s’é-
levait autrefois en forme conique très surbaissée, comme les
grands volcans brûlans actuels, que des filons et des amas colon-
nades de lave de toute espèce avaient successivement traversée,
à mesure que les tremblemens de terre formaient des fentes et que
des laves pressées dans des sens divers pouvaient s’y introduire,
et qu’enfin la grande érosion diluvienne qui est admise parles géo-
logues est venue dénuder, démanteler et sillonner à des profon-
4oa séance DU 7 MAI iSSîJ.
deurs aussi variables que les résistances; Une foule de faits prouvent
que toutes les couches volcaniques sont en place et à leur niveau
primitif. Elles remontent toutes avec une pente de quelques de-
grés vers le centre du massif des montagnes , parce que c’est de ce
centre ou des points qui en étaient voisins qu’elles sont sorties
pour s’étendre au loin, ou pour couler en rayonnant vers les
plaines. Dans le but d’expliquer un état de choses si simple et si
naturel , l’hypothèse des prétendus cratères de soulèvement est
complètement superflue. Il est bien inutile d’invoquer à cet effet
des forces insolites , imaginaires , purement locales et vraiment
merveilleuses , puisqu’elles auraient eu à remuer l’écorce de la
terre jusque dans ses fondemens (io à 20 lieues d’épaisseur au
moins), sur une étendue de près de douze lieues de diamètre
(plus de cent lieues carrées de surface). M. Cordier fait un grand
nombre de remarques pour prouver que l’état des lieux ne répond
nullement à l’hypothèse dont il s’agit. Il insiste surtout sur ce
qu’on attribue à l’hypothèse des effets précisément contraires à ce
qu’indiquent les plus simples notions delà géométrie des solides.
Ainsi, par exemple, tout est plein et formé de couches successi-
ves à peu près horizontales au centre du Mont-Dore et du Cantal
( sauf quelques filons et quelques amas colonnaires qui indiquent
la place de diverses cheminées éruptives), et d’une autre part les
vallées vont en s’élargissant et en se multipliant du centre vers la
circonférence. Or, le prétendu soulèvement aurait produit un
effet absolument différent * il devrait y avoir au centre de ces
deux massifs de montagnes un immense entonnoir , un gouffre
énorme, profond de toute l’épaisseur du sol primordial qui sup-
porte la pellicule volcanique , large en proportion de cette épais-
seur, dont la bordure serait au moins superficiellement dessinée,
malgré les matières adventives qui auraient pu le combler en
partie , et duquel partiraient d’énormes crevasses , des gorges es-
carpées, qui se rétréciraient en s’éloignant du centre commun ,
et viendraient se fermer et disparaître à la circonférence. »
M. Cordier expose ensuite que l’hypothèse des prétendus cra-
tères de soulèvement est encore bien moins applicable aux grands
massifs volcaniques anté-diluviens , dont la dégradation superfi-
cielle n’a pas eu lieu avec la spécieuse régularité du Cantal et du
Mont-Dore. Il cite notamment le grand massif du Mézin dans le
Vivarais , lequel est presque entièrement démantelé du côté de
l’est, tandis que les autres faces n’ont presque pas été entamées.
Il termine en faisant remarquer i° que dans tous les grands
systèmes de volcans brûlans, tels que l’Etna et le Vésuve, les cou-
SÉANCE DU 7 MAI l802. t\ o5
clies sont naturellement relevées vers un centre commun , et dis-
posées précisément comme dans le Mont-Dore et dans le Cantal.
3° Que si une grande érosion diluvienne dans le genre de celle qui
est admise par tous les géologues, et qui a plus particulièrement
lacéré la surface des terrains tertiaires que celles de tous les au-
tres , venait à se reproduire et à atteindre ces grands systèmes de
volcans brûlans , l’effet de cette catastrophe serait incontestable-
ment d’entamer chaque système , de manière à produire toutes
les modifications de relief que présentent non seulement les grands
massifs démantelés de l’ intérieur de la France, mais encore toutes
celles qui caractérisent l’aspect particulier des îles de l’Archipel
grec , de Lipari , de Madère , des Canaries , et de tous les lambeaux
volcaniques du même temps, qui sont dispersés soit au sein de
l’Océan , soit à la surface des continens,
— M. Cordier communique l’extrait d’une lettre qui lui a
été adressée de Naples par M. Constant Prévost; à cette let-
tre étaient jointes une carte géologique de la Sicile et deux
coupes générales des terrains de cette île, qui sont mises
sous les yeux de la société : la première des deux coupes,
allant de Trapani (extrémité nord-ouest) au cap Passaro , en
passant par Palerme , Ficari , F a lie- Lun ga^ C altanisette ,
Castrogiovcini , Piazza , Calatagirone , Fizzini , Modlca t
PachinOj a pour objet d’indiquer non seulement le nombre
et les rapports des terrains qui ont été observés par M. Con-
stant Prevosf , mais encore de donner, autant que possible,
l’idée de la physionomie de la surface du sol ; l’autre coupe
remonte du cap Passaro jusqu’à celui de Melazzo au nord,
en passant par Catane, coupant l’Etna, et la chaîne des ter-
rains anciens qui sépare ce volcan de la presqu’île de Me-
lazzo.
La lettre de M. Constant Prévost étant un long mémoire
qui contient le résumé des observations qu’il a été à même
de faire en Sicile, le Bulletin doit se borner aux citations
suivantes :
« Le aB janvier j’ai quitté Palerme, et je me suis dirigé par
Caltanisctte , Castrogiovani , etc., sur Militello, Palagonia et
Vizziiii , où j’ai trouvé la preuve que je cherchais, de véritables
alternances entre les produits volcaniques et les calcaires tertiai-
4o4 SÉANCE DU 7 MAI l852.
res. Je suis disposé à croire que les roches volcaniques sous- ma-
rines de ces contrées, depuis le cap Passaro jusqu’au bord sud de
la plaine de Catane , n’appartiennent pas à une même épo que; les
plus anciennes sont peut-être antérieures à la craie qui reposerait
dessus; d’autres, parmi lesquelles sont de véritables basaltes,
semblent avoir traversé de bas en haut les dépôts calcaires (la
craie et le calcaire tertiaire ancien ) qui ont été quelquefois alté-
rés au contact , tandis que de plus nouvelles roches , qui ressem-
blent beaucoup plus aussi aux laves modernes, auraient coulé
pendant le dépôt du calcaire tertiaire récent , avec les bancs
duquel elles alternent. Il en est de ces produits et phénomènes
volcaniques comme des calcaires qu’ils accompagnent : ceux-ci
passent de l’un à l’autre par des nuances presque insensibles de-
puis la craie inclusivement jusqu’aux sédimens qui se déposent et
se consolident encore maintenant , et si dans une localité on voit
des caractères et des superpositions qui semblent annoncer des pé-
riodes bien tranchées, dans une autre on trouve des transitions
graduées. C’est ainsi que de Syracuse à Pachino par Noto, on
voit les terrains tertiaires les plus modernes passer graduellement
à la craie, transition que l’on retrouve encore aux environs de
Trapani , au pied du mont Erix. »
A l’occasion des dépôts gypseux et sulfureux , dont l’âge
relatif paraît difficile à déterminer rigoureusement, M. Con-
stant Prévost entre dans une discussion assez étendue pour
appuyer son opinion qu’ils sont placés à la limite des terrains
tertiaires et secondaires plutôt qu’au milieu de la formation
de ceux-ci.
« L’association presque constante du gypse, du soufre,
du sel gemme, avec deux roches calcaires, dont l’une marneuse,
tendre, est très analogue par ses caractères extérieurs, soit à la
craie, soit plus encore peut-être aux marnes du gypse des envi-
rons d ' Argenteuil près Paris , et l’autre, également blanche, plus
dure, caverneuse, et offrant des parties siliceuses qui la font res-
sembler quelquefois de la manière la plus exacte à notre calcaire
de Champigny , et même aux meulières inférieures, est un des
principaux traits de la géologie de la Sicile. Cette grande forma-
tion , pour ainsi dire mixte entre les sédimens et les précipités ,
dans les caractères particuliers de laquelle on reconnaît avec les
effets d’un dissolvant liquide, l’influence plus ou moins directe
d’un ou de plusieurs agens qui auraient exercé leur action de bas
SÉANCE BU 7 MAI l852. 4o&
en haut, se voit dans presque toutes les parties de la Sicile, depuis
les environs de Melazzo jusqu’à Trapani , et de là à la plaine de
Catane; partout elle a le même faciès ; mais elle n’est pas conti-
nue : elle apparaît , çà et là, comme des mamelons isolés , et quel-
quefois formant de longues collines à surface très tourmentée qui
semblent s’élever du fond de bassins ou de vallées ouverts dans
des terrains d’âge très différent... »
En preuve de cette disposition , M. Constant Prévost
donne dans sa lettre quatre coupes relatives à ces différens
gisemens, et après être entré dans quelques détails explica-
tifs , il ajoute :
« Je n’ai voulu présenter que quelques faits pour f^ire voir à
quoi tient la difficulté que présente la solution de cette question
du gisement de la formation gypseusej elle tient sans doute au
mode de production des substances dont elle se compose : si
celles-ci ou les élémens qui ont contribué à les former ont pris leur
source dans le sein de la terre , ils ont pu traverser des terrains de
différens âges et s’arrêter à différens étages, soit que le phéno-
mène ait eu lieu à diverses époques , ou seulement à une époque
récente.
» ... De Vizzini j’ai rejoint la côte méridionale à Terra-Nova, et
l’ai suivie jusqu’à Trapani • j’ai visité les exploitations de soufre de
Catolica si riches en beaux cristaux de strontiane, de soufre et
de gypse ; j’ai étudié avec soin les volcans boueux de Maealuba,
dont j’avais vu précédemment un exemple auprès de Calta-
nisette...
» Il m’a semblé , autant que l’on peut en juger dans une
course aussi rapide, que l’on pourrait reconnaître deux époques
distinctes dans la formation des anfractuosités principales du sol
de la Sicile -, leslignes saillantes dirigées du N. -O. au S.-E. (de Tra
pani, Palerme, etc. , au cap Passaro) se rapporteraient à l’époque
d’apparition delà chaîne des Pyrénées j et en effet les terrains ter-
tiaires déposés postérieurement reposent sur la craie en superposi-
tion contrastante, et ils sont généralement en place ) la deuxième
époque comprendrait les montagnes de la pointe de Messine ,
qui, quoique composées des roches les plus anciennes, sont di-
rigées duN.-E. au S.-O., et n’auraient apparu qu’après le dépôt
du calcaire tertiaire récent qui a été déchiré, bouleversé par ces
roches anciennes, ainsi qu’on le voit à Melazzo et auprès de
Messine... C’est entre Nicosia et Pâli que l’intersection aurait lieu,
4o6 SÉANCE DU 7 MAI l85i.
et c’est aussi le point où les différentes formations sont le plus
difficiles à séparer j c’est le point que Ton désigne vulgairement
comme l’ombilic de la Sicile.
» J’ai vu dans beaucoup de lieux plusieurs lignes de ni-
veau qui attestent le séjour des eaux postérieurement à l’état ac-
tuel du sol.»
Note explicative jointe à la carte et aux coupes géologi-
ques de la Sicile , envoyées par M. C. Prévost. ( V oir la
coupe A, JB.)
A. Massif des monts Pelores , qui s’étend depuis la pointe
Rasocolun jusqu’à la base de l’Etna. La partie centrale et extrême
est occupée par des roches cristallisées feldspathiques et micacées,
qui, par leurs caractères , tiennent le milieu entre le gneiss et les
vrais granités; le granité ne forme pas de grandes masses, mais
presque toujours des filons très divisés, qui semblent avoir péné-
tré les roches feuilletées; celles-ci passent aux phyllades qui alter-
nent avec des bancs de calcaire et de grès , et des conglomérats de
roches anciennes. — Le calcaire marbre, à entroques, ammonites
et même bélemnites de Taormine, des Madonies et des environs de
Palerme, alterne dans la partie inférieure avec ces grès et schistes.
B. Calcaire de Taormine , des Madonies et des environs de
Palerme. Il est d’un gris bleuâtre, en bancs puissans, très peu
distincts dans certains lieux ( monte Pelegrino , Cefalii ), et en d’au-
tres il est en assises nombreuses de quelques pouces d’épaisseur
qui alternent avec des schistes ( Ter mini , Taormine ); cette der-
nière disposition indique plutôt la partie inférieure de la formation.
Il renferme des entroques , des térébratules , des ammonites ,
des bélemnites ; quelques bancs supérieurs sont oolitiques
( Taormine').
C. Calcaire du mont Érix. Il a tous les caractères de la craie,
et contient des bélemnites, hippurites, nummulites, huîtres, des
silex blonds et noirs ; il est en assises nombreuses et distinctes, et
beaucoup plus blanc que le précédent, auquel il se lie d’une ma-
nière insensible , ainsi qu’on peut le voir au sud d’Alcamo ; c’est
la partie supérieure d’une même grande formation calcaire.
C’est lui qui constitue les monts Saint-Calogéro de Sciacca , les
monts de Calatabelota et le mont Camarata, qui a 4>^oo pieds
d’élévation ; il reparaît à la pointe du cap Passaro.
I). Terrain tertiaire ancien dont la partie inférieure, que l’on
voit a Noto et auprès de Pachino , forme une sorte de transition
I
SÉANCE DU 7 MAI l85^. 4°7
avec la craie , tandis que la partie supérieure paraît devoir se rap-
porter plutôt aux calcaires du midi de la France qu’au calcaire
grossier de Paris.
E. Calcaire tertiaire plus récent , généralement plus sablon-
neux, contenant les mêmes fossiles que le précédent, dont il est
impossible de le distinguer lorsqu’il le recouvre d"une manière
concordante ; — mais quelquefois la superposition est contrastante,
il remplit même des anfractuosités et des fentes dans le premier
( Syracuse , Trapani ). Le calcaire D a été traversé par des roches
volcaniques du Yal di Noto , et souvent il a été altéré par elles ,
au point de contact , tandis que le calcaire E repose sur les
mêmes roches volcaniques dont il contient de nombreux fragmens.
F. Les deux calcaires tertiaires couronnent tous les plateaux du
centre et du midi de File; ils reposent évidemment sur des argiles
verdâtres et grises , dont la puissance augmente progressivement
en allant d’orient en occident (de Terra-Nova à Girgenti ), et au
centre de l’île.
Les argiles sont quelquefois recouvertes par des bancs puissans
j de cailloux roulés et de pouddings ( ogliastro ) , qui paraissent
être un équivalent du calcaire tertiaire ancien .
G. Formation gypseuse , se composant 1 ° de calcaire marneux
à parties tendres et parties dures , souvent siliceuses ( tout-à-fait
semblable au calcaire de Champigny et aux meulières de ce cal-
caire); 2° de gypse en grands amas cristallisés ou quelquefois stra-
tifiés , ayant alors les caractères extérieurs du gypse parisien ; les
couches sont , ou horizontales , ou plus souvent contournées et
même verticales ( Calatagirone) 3° de la marne blanche tendre ,
renfermant partout ( Termini , Calatagirone , Sciacca, Alcamo )
de petits corps sphériques microscopiques ; ces marnes, qui res-
semblent à la craie tendre, ont encore plus d’analogie avec les
marnes d ' ArgenteuiL
C’est dans un calcaire qui diffère peu de celui qui accompagne
toujours le gypse que l’on trouve le soufre qui le pénètre inti-
mement et remplit toutes ses cavités.
Quelquefois le gypse est en amas au milieu des argiles, ainsi
que le sel qui est recouvert par le gypse ( Alimena , Catolica).
II. Roches volcaniques sous-marines. Il faut en distinguer
de plusieurs époques, celles du cap Passaro et de Sortino pa-
raissent plus anciennes que celles de'Militello et de Yizzini.
On met en discussion le point de la France sur lequel la
Société tiendra cette année ses séances extraordinaires.
4*>8 SÉANCE DU 2 1 MAI 1:83g..
La Société décide , après examen des diverses localités
proposées dans le conseil, que la réunion d’automne aura
lieu à Caen (Calvados), du 1er au 5 septembre..
Séance du 21 mai 1832.
Présidence M. Brongniart.
Après la lecture et l’adoption du procès-verbal de la der-
nière séance, M, le président proclame membres de la Société :
M. Le Yalois, ingénieur des mines à Dieuze, présenté par
MM. Êlie de Beaumont et Dufrénoy.
Labbé Croizet, curé de Nechers, près d’Issoire (Puy-de-
Dôme), présenté par MM. Dufrénoy et Éiie de Beaumont.
La Société reçoit les ouvrages suivans :
i° De la part de M. Nérée Boubée, la première demi-li-
vraison de son Recueil d itinéraires pour servir de guide au
minéralogiste^ au conchjliologiste et au géologue t dans toute
la F rance , accompagné d'un Bulletin de nouveaux gise-
mens pour toutes les parties de l'histoire naturelle. In-ia.
Paris, i832.
2° La quatrième partie du premier volume de la Revue
normande , sous la direction de M. de Gaumont.
3° Le N° 27 (juin i83a) du Magasin d’ histoire naturelle }
par M. Loudon.
4° Le N° 11 (novembre i85i) du Bulletin des sciences
naturelles et de géologie , sous la direction de M. de Fé-
russac.
5° Le N°io7 (mars 1852) du Bulletin de la société de
géographie de Paris.
6° Les numéros 24 et 25 de l'Européen 3 journal des
sciences morales et économiques.
70 Les numéros 24 et 2 5 des procès-verbaux de la société
géologique de Londres .
8° Le N° 1 7 du deuxième volume du Journal des travaux
de l'Académie de l'industrie agricole , manufacturière et
commerciale , fondée à Paris par M. César Moreau.
— Ou lit une lettre de M. Steininger, traduite de l’allemand
SEANCE DÛ 2 1 MAI l852. 4oq
par M. Boue. Cette lettre est accompagnée d’un assez grand
nombre de figures d’espèces nouvelles de fossiles des terrains
dé transition de l’Eiffel, que la Société juge dignes d’être
publiées dans ses Mémoires.
— M. Reynaud lit une Note sur la géologie de la Corse,
En voici le résumé :
« Les observations générales que renferme cette note me por-
tent à regarder les montagnes occidentales de la Corse comme
indépendantes, au moins en partie, des montagnes orientales,
et, suivant toute apparence, d’un âge antérieur. En considé-
rant cette partie de l’île en elle-même, et suivant l’indication de
ce cachet si saillant qui y a empreint la direction O. -S. -O., on
est porté à la comparer à la partie granitique du département
du Var et à quelques parties des Pyrénées, qui sont sillonnées
à peu près dans le même sens.
» La grande netteté de direction que présente la longue chaîne
N.-S. de la Corse et de la Sardaigne, son antériorité au dépôt
de l’étage tertiaire , et son rapport avec la sortie des trachytes ,
ï permettent de rattacher ce point du bassin de la Méditerranée
! à quelques uns des accidens du continent européen.
» La position horizontale du calcaired’Aleria au pied des
couches inclinées des montagnes de Fiumorbo , le dépôt de Saint-
Florent, compris dans le fond d’un golfe déterminé par les rides
N.-S., et chargé des débris des roches talqucuses et serpent» ncuses
qui paraissent contemporaines du soulèvement des montagnes sur
lesquelles il repose , ne permettent pas de douter que le relief
de la zone orientale n’existât déjà, au moins en partie, au mo-
ment de la formation du terrain tertiaire. Des dislocations parti-
culières ont dû. amener la différence qui se rencontre dans la
hauteur de ce terrain au-dessus du niveau de la mer. Des trois
lambeaux que j’ai décrits, celui de Saint-Florent est celui dont les
couches présentent les indices les plus frappans de soulèvement.
La grande arête de fracture court à très peu de chose près dans
la direction S. 25° O. Peut être les mouvemens dus à l’action des
serpentines se sOnt-ils continués postérieurement au soulèvement
de la grande chaîne. À Bonifacio les couches sont surtout inclinées
dans le voisinage des grandes fissures , leur inclinaison atteint en
quelques points 8 à 10 degrés, et près de Canetta on voit sortir
du calcaire une petite source chargée d’hydrosulfate comme dans
le Fiumorbo.
4»0 SÉANCE DU 21 MAI l852.
» Les fissures profondes qu’on observe dans quelques parties du j
cap corsé, surtout aux environs de Bastia, et le dépôt considéra-
ble de blocs roules , mélangés d’argile et de sable grossier qui for- ■
ment la plaine marécageuse de Biguglia , ont probablement qnel-
que rapport ^vec le soulèvement du terrain de Saint-Florent qui i
se trouve dans leur voisinage.
» Au reste, le sol de la Corse ne paraît avoir subi aucune variation
de niveau depuis les temps historiques. Il existe sur le littoral i
deux points de repère qui permettent d’en faire une vérification
assez exacte. L étang de Diane , qui formait le port de la ville an-
tique d'Aleria , a conservé Une profondeur qui le rendrait encore
commode aujourd’hui pour les bâtimens de petite dimension,
si, par suite de son abandon, l'entrée n’en avait été complètement
ensablee. L île de Cavalo , dans le détroit de Bonifacio , a servi
long- temps de carrière aux Bomains qui y faisaient exploiter par
leurs esclaves un beau granité grisâtre à grains fins : on voit en-
core la petite anse dans laquelle les navires venaient charger les
blocs et les colonnes , et le pilier tout usé auquel on attachait les
amarres. En Sardaigne , on retrouve des carrières analogues , mais
leur caractère de stabilité n’est point démontré par une preuve
aussi claire.
» J e ne puis terminer cette note, qui ne sera peut-être pas inutile
aux personnes qui visiteront apres moi la Corse, sans joindre aux
renseignemens des points que j’ai visités , l’indication de ceux que
j’aurais voulumieux voir, et sans appeler leur attention sur Fétude
de la Serra del Prato et de la Serra d’Ese , sur celle de la Pienosa,
et sur celle assez commode dans la bonne saison , des terrains de
la plaine d’Aleria. »
— M. Dufrénoy lit un mémoire intitulé: Sur la relation
des ophiteSj des gypses et des sources des Pyrénées , et sur ;
C époque à laquelle remonte leur apparition.
Les conclusions de ce Mémoire sont :
i° L’ophite, presque constamment composé d’amphibole et de
feldspath distincts, est quelquefois homogène; il ressemble alors
**** pyroxene en masse ou Lherzolite ; dans quelques localités rares
cette roche est amygdaloide.
2° Cette roche , produite par soulèvement , occasione toujours
par sa présence des dérangemens dans les terrains stratifiés auprès
desquels elle se trouve. Ces dérangemens sont fréquemment ac-
compagnés de brèches.
SÉANCE DU 4 JUI^ l85a. 4 11
3° L’ophite est venu au jour à une époque qui est comprise en-
tre les terrains tertiaires les plus modernes (ceux qui correspon-
dent aux terrains de la Bresse ) et les terrains d’alluvion du com-
mencement de l’époque actuelle.
4° Son action s’est fait sentir suivant des lignes qui courent
E. i8° N. à O. i8° S. Une grande partie de la Catalogne, de la
Navarre et de la Biscaye , des Pyrénées-Orientales et des Basses-
Pyrénées doit sa forme actuelle à ce soulèvement. Il se rapproche
par sa direction du système principal des Alpes, et paraît en être
une dépendance* malgré l’intensité considérable de cette action ,
î’ophite ne forme ordinairement que des monticules de peu
d’étendue.
5° L’ophite est constamment accompagné de gypse, et fré-
quemment de sel gemme. L’existence du sel n’est souvent annon-
cée que par des sources salées.
6° Les terrains calcaires ont éprouvé fréquemment des altéra-
tions par la présence de l’ophite , les parties en contact avec cette
roche, presque toujours caverneuses, sont à l’état de dolomie.
| Le gypse lui-même n’est peut-être que le résultat d’une altéra-
j tion du même genre.
7° Enfin, l’ophite est souvent accompagné de beaucoup de sub
stances étrangères , telles que fers oxiduiés , fer oligiste , quarz
cristallisé, épidote, etc.
— M. Michelin lit une notice géologique sur les environs
de Saint-Pierre de Maestricht, extraite de sa correspondance
j avec M. Yan Hees.
— On lit une notice de M. Marcel de Serres sur la caverne
j àossemens deMialet.près Anduze (Gard). Ce sont les mêmes
| faits que ceux décrits par M. J. Teissier, et analysés dans le
| Rapport des travaux de la Société pour i85i,é§ 14,
Séance du 4 juin 1832.
Présidence de M. Brongniart.
Après la lecture et l’adoption du procès-verbal de la der-
nière séance, M. le président proclame membre de la So-
ciété :
M. Baudin , ingénieur des mines à Clermont, présenté par
MM. de Beaumont et Dufrénoy.
4 18 SÉANCE DU 4 JUIN 1 8'5 2 .
M. le président annonce que la Société vient detre auto-
risée par le gouvernement, et reconnue comme établissement
d’utilité publique par une ordonnance du Roi , du 5 avril
1 802, inseiee <\.\\ B ul lettn des lots du 1 2 mai, 2e partie, ire sec-
tion, n° 1 55 , et au Moniteur du 19.
M. Cordier fait hommage à la Société de 26 échantillons !
dérochés et fossiles de terrains intermédiaires , recueillis àj
bile de Gothland par M. le comte de Yargas.
La Société reçoit les ouvrages suivans :
i° De la part de la société philosophique de Cambridge ,
la deuxième partie du volume IY de ses Transactions. In-4°,
1 14 pages, 1 5 planches.
20 De la part de M. Thurmann, son Essai sür les soulève -
mens jurassiques du Porentruj. Description géognostique
de la série jurassique , et théorie orographique du soulève-
ment , avec 6 planches représentant la classification des sou-
lèvemens jurassiques en quatre ordres. In-4° de 84 pages
(extrait du tome II des Mémoires de la Société d'histoire na-
turelle de Strasbourg , i832). .
3 0 De la part de M. Boubée , la Relation de ses expé- ;
riences physiques et géologiques faites au lac d’Oo , près
Bagnère de Luchon; suivie de C itinéraire du naturaliste
deRagnère au lac . In-18, 4o pages, 6 pl. Paris, i852.
4° Le N° 22 du Bullet. de la société industr. de Mulhouse.
5° Le N° 18 (juin 1882) du Mémorial encyclopédique.
6° Le N° 108 (avril 1832) du Bulletin de la société de
géographie de Paris.
7° Les N»’ 26 et 27 de Y Européen, journal des sciences
morales et économiques.
On lit une lettre imprimée de M. Hœninghaus qui donne
une description de la grande Tridacne ( Tridacna gigas)
d’après un échantillon complet, accompagné de l’animal,
qu’il a pu étudier récemment.
Il est donné lecture d’une lettre de M. de Caumont (de
Caen), qui annonce que la société linnéenne de Normandie,
présidée par M. Deslongchamps, a appris avec une vive satis-
SÉANCE Dü 4 JXJIN l85‘i. 4*5
faction que la Société géologique tiendrait cette année ses
séances extraordinaires dans le Calvados, et qu elle a l’inten-
tion de fixer à la même époque saséance générale.
Le conseil ayant eu déjà communication d’une première
lettre à ce sujet, le secrétaire fera connaître à M. de Cau^
mont les projets de la Société, de sorte que les membres qui
feront partie de cette course puissent profiter des obli-
geantes dispositions et des connaissances locales des natura-
listes de Normandie.
On lit une lettre de M. César Moreau , directeur de l’Aca-
démie d’industrie, qui demande que la Société géologique
veuille bien examiner et déterminer des échantillons de
marne adressés à l’Académie de l’industrie par M. Dela-
brosse, maire de Ciron (département de l’Indre); la lettre
d’envoi de celui-ci est aussi communiquée à la Société.
M. le président charge MM. Dufrénoy et Héricart de
Thury de prendre connaissance de ces échantillons.
M. Héricart Ferrand présente à la Société un essai découpé
géognostique des terrains du bassin de Paris , depuis Laon
jusqu’à Châtillon, ou du nord au midi, sur une étendue de
treize myriamètres un quart, et s’applique particulièrement
à démontrer :
i° Que la nummuUles Lcovigala (La-
marck), qui se trouve sur la montagne de
Laon, à une hauteur au-dessus de l’Océan de 2o5 mè"'ct 7 1 0 mU
s’est aussi retrouvée dans le puits artésien
de la maison de Seine , à l’embouchure du
canal de 'Saint-Denis dans la Seine , à une
profondeur au-dessous de l’Océan de . . 4* 84
Ce qui établit une différence de niveau
entre ces deux points de 245 794
2° Qu’autant ce même fossile est abondant sur la montagne
de Laon et sur les plateaux du Soissonnais, autant il dimi-
nue en nombre, et devient de plus en plus rare à mesure
qu’il approche vers le midi , baisse vers la Seine , et plonge
au-dessous du niveau de l’Océan.
Site, géol, Tom. II.
V
4 1 4 SÉANCE DU 4 JUIN l852.
De ces deux faits, M. Héricart Ferrand pose cette question :
t L’être organise auquel a appartenu cette dépouille vi-
®vait-il dans une épaisseur d’eau de a45 à 246 mètres, et
» était-il de pleine mer, ou n’était-il que de rivage , ne trou-
> vaut plus les conditions de son existence à mesure que le
» rivage prenait de la profondeur ?» *
M. Gonstant Prévost fait observer que rinclinaison des cou-
ches tertiaires de Laon vers Paris a été constatée depuis long-
temps par MM. d’Omalms d’Halloy et Brongniart, et que cette
différence de niveau tient à des relèvemens postérieurs , bien
plutôt qu’au dépôt originaire de la même couche et des
mêmes fossiles à des niveaux aussi différens; les nummu-
lites peuvent ainsi avoir été primitivement déposées sur un
fond à peu près horizontal ; elles ne semblent pas non plus
a M. G. Prévost avoir vécu sur la place où elles sont enfouies;
mais les mollusques auxquels ces corps ont appartenu étaient
probablement flottans et grands nageurs à la manière des
spirilles , qui , suivant les saisons , apparaissent en grandes
troupes, et leurs dépouilles peuvent être ainsi très inégalement
enfouies dans les sédimens marins.
M* Deshayes rappelle que beaucoup de céphalopodes sont
pélagiques ou habitans de la haute mer pendant la plus grande
partie de leur vie, et qu’ils deviennent littoraux pendant la
saison des amours.
M. Desnoyers lit un Mémoire sur les terrains tertiaires
du nord-ouest de la France autres que la formation des
f aluns de la Loire.
Ces terrains, déposés en dehors [des limites habituellement as-
signées au bassin de Paris , recouvrent une surface à peine inter-
rompue de plus de deux mille lieues carrées sur quinze ou seize
départemens, depuis le département du Nord jusqu’à celui de la
Vienne. Ils s’étendent surtout du N. au S. sur une longueur
d’environ cent lieues , sur une largeur moyenne de vingt à trente,
particulièrement au-dessus de la formation crayeuse dont ils con-
tiennent tant de débris, et avec une épaisseur très variable , mais
qui atteint jusqu’à plus de deux cents pieds.
Les terrains secondaires ne se montrent sur cette vaste surface
SÉANCE DU 4 WN 1 8 5 2 . 4^
que pai l’excavation des vallées, et avant les dénudations l’écorce
tertiaire paraît avoir été continue. Elle se prolonge encore au-
delà de ces limites en lambeaux , disséminés sur des terrains plus
anciens que la craie jusque dans le Cotentin, la Bretagne, l’An-
jou, la Vendée , et se réunit, d’une part, aux terrains analogues
du bassin de la Gironde, par le Périgord; d’une autre, à ceux de
la France centrale par le Berry et le Nivernais. M. Desnoyers a
constaté cette disposition générale pour l’espace qu’il a spéciale-
ment étudié depuis la Picardie jusqu’à une douzaine de lieues au
S. de la Loire , par un grand nombre de coupes partielles et pai
sept coupes principales de trente à quarante lieues chacune, par
tant de Paris et se dirigeant en rayonnant au N. O. àl’O. au S. -O.
et au S. :
i° Jusqu’au Boulonais par Beauvais, Amiens et Arras; 2° jus-
qu’à Dieppe, par Rouen; 3° jusqu’à Dives par Evreux et Li-
sieux; 4° jusqu’à Alençon par Dreux et Mortagne ; 5° jusqu’à la
Flèche par Chartres , Nogent-le-Rotrou et le Mans; 6° jusqu’au-
delà des falunières de Touraine par Châteaudun, Vendôme, Tours
et Châtellerault ; enfin jusqu’à la Sologne par Etampes et Blois.
Dans ce vaste espace deux fois plus étendu que le bassin de
Paris proprement dit ■, et faisant partie du grand plateau physi-
que, si apparent, qui s’étend en pente douce des montagnes
d’Auvergne aux bords de la Manche, les dépôts tertiaires présen-
tent quatre groupes principaux dont les différens termes ont été
rapportés soit à la craie inférieure , soit à quelques parties des
terrains parisiens, soit aux alluvions anciennes, et qui cependant
ne constituent qu’une seule grande formation.
Les géologues qui en ontsignalé l’existence sur"quelques points,
par des observations impriméesou inédites, sont surtout MM- Bron-
gniart, P. d’Omalius , C. Prévost, Mcsnard, Mauluy, Hé ault,
de Magnevillc, Passy, de Caumont , de Tristan, Dujardin , Hé-
ricart-Ferrand , Dufrénoy, et quelques naturalistes plus anciens;
mais chacun pour quelques localités isolées , et sans les considérer
comme parties d’un même ensemble. L’auteur du Mémoire en a
plusieurs fois aussi parlé dans ses travaux antérieurs.
M. de Beaumont a énoncé l’opinion partagée par M. Dufré
noy, qneles calcaires d’eau douce de l’Auvergne se liaient intime
ment avec ceux delà partie méridionale du bassin de Paris, dont
ils seraient un relèvement. Or, comme ceux-ci, les plus récens du
bassin, se lient eux-mêmes intimement , suivant M. Desnoyers ,
aux terrains tertiaires de l’ouest, il en résulterait que ce vaste
dépôt se serait étendu géologiquement jusqu’à l’Auvergne , eu
4lG 'SBÂMCE DU 4 JTJ1N l85‘J.
même temps qu’il s’y rattache par la disposition extérieure du
sol ; mais les observations de M. Desnoyers ne s’étendent que
jusqu’à 1 5 ou 20 lieues au midi de la Loire.
Les groupes qu’il distingue sont :
i° Le groupe des argiles , avec silex brisés de la craie, minerais
de fer exploités , très abondans , brèche ferrugineuse , brèche et
pouddingue siliceux. Ce système semble passer sensiblement à des
dépôts d’alluvion.
2° Le groupe des sables avec grès commun , lustré et ferrugi-
neux, brèches et pouddingues siliceux, bois silicifiés , silex de la
craie et fossiles silicifiés, particulièrement des alcyons, provenant
du même terrain, terrain auquel on les a généralement rapportés.
Ce sont les grès et les brèches siliceuses de ce terrain qui forment,
comme dans le S.-E. de l’Angleterre, les nombreux monumens
druidiques des pays dont le fond du sol est la craie.
Ces deux groupes de la surface des craies, terrain auquel on les
a généralement rapportés , paraissent représentés sur les terrains
plus anciens de l’ouest par des dépôts également argileux et sa-
bleux , mais avec des débris des roches qu’ils recouvrent.
3° Le groupe des calcaires et des silex évidemment d'eau
douce, avec marnes, sables, argiles, et graviers subordonnés,
avec brèche crayeuse à ciment d’eau douce , et craie remaniée
ou endurcie en place par le même ciment.
4° Le groupe (plus problématique) des couches mélangées a
f ossiles fluviatiles et marins , bien moins développé , seulement
aux extrémités du plateau et plutôt dans les parties inférieures.
Recherchant les relations de ces différens systèmes entre eux,
M. Desnoyers a reconnu que des superpositions constantes dans
certains départemens , par exemple , l’argile à silex au-dessus des
sables dans l’Orne et l’Eure-et-Loir, n’étaient pas constantes, et
même étaient tout-à-fait contraires en d’autres ( Eure et Seine-
Inférieure ).
Les brèches et les pouddingues à débris de la formation
crayeuse et à ciment, soit calcaire, soit siliceux, soit argileux,
occupent habituellement les parties inférieures des groupes, et
cependant la brèche ferrugineuse recouvre d’ordinaire les points
les plus élevés des plateaux. Les silex brisés se rencontrent dans
presque tous les dépôts.
Les grès forment des amas ou des bancs au milieu des sables
irrégulièrement cimentés •, on les voit aussi en blocs isolés au mi-
lieu des graviers et des argiles.
Les calcaires et silex d’eau douce remplissent de petits bassins
SÊÀWCli DU 4 JUIN l85ü. 4^7
assez bien limités au milieu des autres dépôts; M. Desnoyers en a
observé une quinzaine, dont les principaux sont aux environs de
Nogent-le-Rotrou, la Ferté - Bernard , Mamers, le Mans, la
Flèche, Saumur, Château-du-Loir , Château-R.egnault, Ven-
dôme , Tours, Blois , Mayenne ; et au S. -O. du bassin de Paris, les
prolongemens très ondulés du grand système d’eau douce supé-
rieur de ce bassin. Ces dépôts, riches la plupart en coquilles d’eau
douce, forment habituellement un étage à niveau inférieur,
bordé de toutes parts par des sables et des argiles , qui ne les
recouvrent pas le plus souvent, mais qui sur les bords s’entre-
mêlent avec les sédimens chimiques, calcaires et siliceux , plus
purs et plus isolés vers le centre. On y reconnaît très bien les deux
agens du dépôt, les sources calcarifères et silicifères du centre et
les eaux courantes qui entraînèrent à plusieurs reprises dans ces
petits bassins lacustres des sédimens d’alluvion contemporains, al-
ternant à plusieurs reprises avec les calcaires et les silex purs des
sources. Le bassin de Nogent offre surtout ces dispositions de la
manière la plus évidente et plus clairement qu’aucun autre; il
rappelle , par le mode de remplissage , les bassins tout récens des
lacs d’Ecosse , décrits par M. Lyell.
Les trois premiers groupes n’ont présenté à M. Desnoyers que
des fossiles d’eau douce ou des végétaux terrestres sans la moin-
dre trace de coquilles marines , soit de l’âge du bassin de Paris ,
soit même de l’âge des faluns. Seulement vers les extrémités de
ce vaste plateau, i° vers Paris, à Etampcs, à Epernon; a° aux
environs de Dieppe; 3° dans le Cotentin; 4° aux environs de
Rennes; 5° aux environs de Nantes, on voit dans les parties infé-
rieures se mêler aux fossiles et aux couches d’eau douce , des fos-
siles et des sédimens marins assez analogues à ceux du calcaire
grossier supérieur ( orbitolites, milliolites), ou identiquement les
mêmes que ceux de la dernière formation marine , et à Dieppe les
fossiles des lignites problématiques du Soissonnais; mais en
même temps ces dépôts marins sont tout-à-fait distincts des faluns
qui les recouvrent sur quelques points, en gisement transgressif. La
liaison des vastes dépôts sans fossiles , ouà fossiles d’eau douce aux
couches mari nés 'plus anciennes que les faluns, est plus douteuse
que la liaison des autres groupes entre eux.
Du mélange intime et incontestable, du passage de l’un à l’autre
et du remplacement mutuel des trois premiers groupes et dans
chaque groupe des différons dépôts de ce vaste système, M. Des-
noyers est porté h conclure qu’ils sont tous à peu près contempo-
rains, et qu’ils ne diffèrent entre eux que par suite des circonstan-
4 1 S SÉANCE Dü 4 JUIN l852.
ces diverses de leur sédimentation chimique ou mécanique, dans li
les lacs ou sur des cours d’eau , sur des rivages ou dans des parties
plus profondes. Ils semblent avoir constitué une surface d’abord
continentale, puis sous-lacustre et sous-fluviatile.
Vers les extrémités et aux bords extérieurs, il paraît y avoir
eu jonction de ces dépôts continentaux] avec des dépôts et des
bassins vraiment marins. Mais il serait possible que sur quel-
ques points il y eût eu seulement superposition. Au contact du
bassin de Paris, ils se lient intimement à la formation supérieure
soi . des sables et grès, soit des calcaires et meulières d’eau douce } !
sur quelques points aussi ils semblent se lier avec”le dépôt géolo-
gique de l’argile plastique ; mais plus loin les deux groupes se con-
fondent tellement et l’argile minéralogiquement plastique passe i
tellement à celles qui contiennent les mines de fer , et qui enve-
loppent les meulières, qu’il est bien difficile de les séparer, et que
les rapports naturels sont plutôt en faveur du groupement del’en-
semble de ces dépôts dans le dernier étage du bassin parisien
qu’avec tout autre.
Tous les détails de gisement qui conduisent à ces résultats
généraux se trouvent dans le Mémoire qui fera partie du premier
volume des Mémoires de la Société géologique. »
M. Michelin dit avoir remarqué, aux environs deBroglie,
la brèche ferrugineuse de ce système.
M. Dulrénoy, qui a aussi constaté l’existence de ces ter-
rains, ainsi que M. de Beaumont, pour la carte géologique
de France, reconnaît leur importance et leur vaste étendue.
Ces deux, géologues les rapportent positivement à l’étage su-
périeur du bassin de Paris, ne reconnaissant dans ce bassin
que deux grands étages, l’un jusqu’au gypse inclusivement,
l’autre postérieur.
M. G. Prévost fait remarquer que la liaison de ce système j
avec l’argile à lignites et à coquilles fluviatiles et marines de
Yarengeville, près Dieppe, système qui paraît bien plus ana-
logue au dépôt supérieur d’Headen-Hill (île de Wight) qu’à
l’argile plastique inférieure , conduirait au même rapproche-
ment, et qu’à cet étage il faudrait aussi sans doute rapporter
les lignites du Soissonnais , que lui et M. Desnoyers sont de-
puis long-temps portés à considérer comme plus modernes
que l’argile plastique.
SÉANCE DU II JUIN l852. 4J9
M. de Beaumont annonce ne pas partager cette dernière
opinion relativement aux lignites du Soissonnais, et avoir de
fortes raisons pour continuer à les regarder comme infé-
rieure au calcaire grossier. Il place aussi les lignites deYa-
rengeville, avec ceux du Soissonnais * au-dessous du cal-
caire grossier.
M. Deshayes au contraire partage l’opinion de MM. G. Pré-
vost et Desnoyers.
M. de Beaumont annonce la découverte qu’il vient de faire
d’une couche de dolomie dans la partie supérieure de la
craie, à Beyne, près de Grignon. Cette craie forme un ma-
melon sur les bords duquel s’appuient , en se relevant, des
couches du calcaire grossier. La déchirure des vallons en-
vironnans présente à M. de Beaumont une disposition tout-
à-fait analogue à celles d es cratères de soulèvement sur une
petite échelle. La formation de cette dolomie et le relèvement
des couches du calcaire grossier coïncideraient , selon M. de
Beaumont, avec la période d’évaporation magnésienne qui a
déterminé les grands systèmes de dolomies alpines.
Sur la proposition de M. le président, il y aura lundi pro-
chain une séance supplémentaire. La séance est levée à onze
heures,
Séance du 11 juin 1832.
Présidence de M. de Bonnard.
Le prmjès-verbal de la dernière séance est lu et adopté ,
sauf quelques légères modifications.
MM. G. Jackson et Francis Aljrer font hommage à la So-
ciété de leur ouvrage intitulé : Observations sur la minéra-
logie et la géologie de la Péninsule de la Nouvelle-Écosse ,
accompagnées d’une carte coloriée indiquant la structure du
pays ( licmarks on llie mineralogy and geolosy of tlie Pc -
4sï 0 SÉANCE DU II JUIN l85‘20
jdnsula of Nova Scotia). In-4° de 1 15 pages , avec 4 plan-
ches. Cambridge, i832.
La Société reçoit aussi de la part de M. Tournai une suite
de roches et de fossiles des environs de Narbonne , départe-
ment de l’Aude , savoir : 1 6 échantillons de roches , et une
soixantaine d’échantillons de corps organisés, tels que bé-
lemnites , ammonites , sphérulites , hippurites , huîtres , gry*»
phées, peignes, cyclolites, etc.
M. Héricart Ferrand présente à la Société une coupe de
la vallée de Montmorency, de Saint Denis à Pontoise, et com-
munique quelques observations relativement à cette coupe.
« Les auteurs de la Description géologique des environs de
Paris ont laissé dans le doute, si le calcaire grossier marin existait
sous la plaine de terrain d’eau douce moyen , dont la vallée de
Montmorency fait partie. Les sondages opérés à Saint-Denis, à
Stains , à Epinay , ayant révélé dans leur profondeur la présence
du nummulites lœvigatci , fossile caractéristique de la partie infé-
rieure du calcaire grossier, M. Héricart Ferrand en conclut qu’il y
a lieu de substituer un fait positif au doute émis par MM. Cuvier
et BrOngniart. De Saint-Denis vers Paris , Gentilly et Châtillon ,
le calcaire grossier se relève subitement, et cette élévation du cal-
caire s’observe également vers l’est à Charenton et à Saint-Maur,
et vers l’ouest, à Conflans Sainte-Honorine, Ârgenteuil etPassy. Il
suit de là que le point le plus bas où le calcaire grossier ait été re-
connu jusqu’à présent est de Saint-Denis à la Seine* et qu’à l’ob-
servation déjà ancienne que ce calcaire est incliné du nord au
midi , on doit ajouter qu’il se relève ensuite dans les trois direc-
tions du midi , de l’est et de l’ouest. Au sujet des grès de Beau-
champs et du terrain d’eau douce qui les recouvre, M. Héricart
rappelle que MM. Cuvier, Brongniart et C. Prévost s’accordent à
rapporter les premiers au calcaire grossier marin ,miais que
M.C. Prévost a émis une opinion distincte quant aux teiTains d^eau
douce qu’il regarde comme du terrain hors de place. M. Héricart
se range à l’avis de M. Constant Prévost * et il fait remarquer que
pour adopter cette opinion il ne faut pas aller seulement à Beau-
champs, mais venir vers ce lieu de divers points de la grande
plaine de terrain d’eau douce moyeu, et notamment du Ménii-
Amelot, et de Yilleron. M. Héricart Ferrand fait connaître les
résultats de onze sondages qui ont été pratiqués dans la vallée de
SÉANCE DU 11 JUIN J 852. 42S
Montmorency sur la ligne que devait suivre le canal de Saint-
Denis à Pontoise. Il résulte des indications données par ces sonda»
ges que l’inclinaison du terrain d’eau douce de l’ouest vers l’est
est constante , et suit celle du calcaire grossier marin. Les sonda-
ges de Saint-Denis ont démontré que ce terrain d’eau douce des-
cend jusqu’au niveau de l’Océan. Sa plus grande élévation est
sur le sommet de la montagne de Champigny; ce qui établit en-
tre ces deux niveaux une différence de 73 m. »
M. Elie de Beaumont communique à la société le résultat
de l'analyse de la dolomie de Beyne, près Grignon (Seine-et-
Oise). Cette analyse a été faite par M. Le Play, ingénieur
des mines , qui a trouvé les proportions suivantes :
Carbonate de magnésie, o,443» Acide carb. 0,228.
Carbonate de chaux, 0,54°. Idem. 0,256.
Argile, 0,018.
1 ,000.
Il faut observer que le mode d’analyse qui a été suivi était
propre à donner une petite perte sur le carbonate de ma-
gnésie, et une petite augmentation sur le carbonate de
chaux; il y a donc lieu de conclure du résultat obtenu, que
les quantités d’acide carbonique des deux carbonates ne dif-
fèrent pas sensiblement, et que par conséquent la composi-
tion de la dolomie de Beyne correspond exactement à la
formule CaC2 -h MgC».
On lit un Mémoire de M. de La Bêche sur les environs de
la Spezzia . L’auteur ayant appris que l’attention de la Société
était portée sur le mélange des ortliocères avec Y Ammo-
nites Conjbeari , et une Goniatite, voisine du Gon, Ilenslowi
dans le calcaire salifère du Salzbourg, a cru devoir lui adres-
ser une notice sur une association semblable d’orthocères et
de bélemnites qu’il a observée dans un calcaire de la Spezzia.
il pense que plus les faits de ce genre se multiplieront, et
mieux l’on pourra évaluer l’importance attribuée maintenant
à la présence ou à l’absence de certains genres de fossiles dans
certains dépôts. Après quelques considérations générales rela-
tives aux conditions variées sous lesquelles les dépôts ont
pu se former, 1 auteur aborde la description des environs de
422 SÉANCE DU 11 JUIN 1852.
la Spezzia. Les dépôts stratifiés sont indiqués dans leur ordre
de superposition en commençant par les plus supérieurs. Il
parle successivement des blocs et graviers de Massa, des li-
gnite , argile et grès de Caniparola , du grès siliceux , du ma-
cigno , du calcaire compacte gris , ou marbre de Porto vé-
néré* des schistes bruns, des grès bruns et schistes gris, du
calcaire grenu du Capo-Corvo , du marbre de Carrare, du
schiste micacé de la vallée du Frigido , des euphotides et
serpentines. Ce Mémoire est accompagné de plusieurs cou-
pes , et d’une carte coloriée représentant les environs du
golfe de la Spezzia; il entrera dans le ier vol. des Mém. de
la Société.
M. Texier, architecte, lit un Mémoire sur l a géologie des
environs de Fréjus , département du Far.
En voici un extrait :
« La ville de Fréjus, qui, du temps des Romains, était située au
bord de la mer, offrait aux vaisseaux un port et des arsenaux con-
sidérables. Aujourd’hui elle est située dans l’intérieur des terres.
Les observations , basées sur l’inspection des monumens antiques
de cette ville , font connaître que ce phénomène de la retraite des
eaux continue encore aujourd'hui.
» Le golfe de Fréjus avait autrefois une étendue très considéra-
ble , la mer venait baigner le pied des montagnes qui s’étendent
au-delà deFayence ; des traces du séjour de la mer existent dans
les roches calcaires qui forment, le contour de l’ancien golfe , au
fond duquel on trouve un terrain houiller qui contient les débris
d’une forêt de bambous tous inclinés dans la même direction ; une
éruption volcanique lança plus tard une coulée de laves qui cou-
vrit une partie de ce terrain, et fut jusqu’à la mer, où son extré-
mité forma un promontoire.
» Enfin les débris des montagnes de Fréjus roulés par les eaux
jusqu’à la mer, formèrent des attérissemens qui consolidèrent le
terrain et le rendirent habitable; ces attérissemens continuent
depuis ; il viendra un temps où le golfe de Fréjus sera entièrement
comblé. Depuis les Romains jusqu’à nos jours, le retrait de la mer
a été de io5o mètres, ou 2 pieds par année.
Les montagnes de l’Esterelle sont de porphyre rouge. Entre
la base de ces montagnes et la mer on remarque un gisement de
SÉANCE DU l8 JUIN l852. [{lly
porphyre gris-bleu ,, contenant des cristaux de feldspath blanc.
Ce porphyre a été remarqué par les Romains , qui l’ont exploité
pour en décorer le port de Fréjus, et qui en ont porté jusqu’à
Rome , où on le regarde généralement comme provenant d'E-
gypte. Les carrières antiques existent encore dans ces montagnes;
elles sont situées à 1070 mètres du rivage de la mer, ce qui
faciliterait beaucoup l’exploitation de ces roches , si l’on trouvait
l’occasion de les employer de nouveau. »
Séance du 18 juin 1832.
Présidence de M. Brongniart.
Après la lecture et l’adoption du procès-verbal de la der-
nière séance , M. le président proclame membre de la So-
ciété :
M. Charles Texier , architecte à Paris , et membre de plu-
sieurs sociétés savantes, présenté par MM. de Bonnard et
Michelin.
La Société reçoit les ouvrages suivans :
i° De la part de M. Constant Prévost, ses Observations
sur les grès coquillievs de Beauchamps. In-4° de 18 pages.
(Extrait du Journal de physique, février 1822).
2° Le premier rapport de l’association britannique pour
l’avancement de la science ( First report of thc britisli
association for thc advanccment of science (York , i832 ,
in-8* de 112 pages.)
Cette première assemblée annuelle des naturalistes et des
physiciens de la Grande-Bretagne, à l’imitation des grands
congrès scientifiques de l’Allemagne et de la Suisse , s’est
réunie, en septembre i83i, h York. Cette année, le lieu
choisi est Oxford. M. Buckland doit la présider. (Voir séance
du 2 avril, Bull., t. II , pag. 371.)
3° Le N° 18 du deuxième volume du Journal des travaux
de C Académie de /’ industrie.
4° Le N° 28 de Y Européen.
5° Le N° 109 (mai i852) du Bulletin de la société de géo-
graphie de Paris.
4 24 SÉANCE DU l8 JUIN l 83i?.
M. Desnoyers offre également à la Société des échantih
Ions de silice pure kydrophanique .
« Cette substance provient d’une argile verdâtre remplissant des
fissures verticales de la craie marneuse inférieure, dans des carriè-
res de la Mariette , commune de Courthioust, aune lieue et demie
nord-est de Bellesme ( Orne), sur le bord de la grande route de
Paris à Alençon. Elle s’y trouve disséminée en petits nodules d’un
pouce au plus de diamètre , ou en plaquettes de quelques lignes
d’épaisseur, présentant, comme les agathes , des zones dont la
nuanee varie d’un blanc de neige au brun café au lait , opaque,
avec l’apparence de gouttes de cire. Elle est légère et poreuse
comme le silex nectique et le cacholong. La plus faible pression
le réduit en une poussière très fine et d’une grande blancheur
telle qu’on en voit dans l’intérieur de certains silex delà craie, ou
des meulières ; elle happe fortement à la langue ; plongée dans
l’eau , elle l’absorbe avec la plus grande avidité , remplace l’air
qui s’en dégage rapidement avec un sifflement semblable à celui
du contact de l’acide nitrique sur du calcaire. Cette absorption est
si rapide , que souvent le morceau imbibé s’éparpille en éclats.
» Elle prend alors dans l’eau, en moins d’une minute, la trans-
parence du cristal de roche ; elle absorbe aussi des liquides diver-
sement colorés qui laissent leur teinte à la pierre après l’évapo-
ration ; plongée dans la cire fondue , elle y devient de même
vitreuse et transparente. Par le refroidissement , elle redevient
laiteuse; chauffée de nouveau , elle reprend sa transparence.
» M. Berthier a bien voulu , dès il y a plusieurs années , analy-
ser cette substance , voici le résultat de son examen :
» Elle est composée de silice 95
eau hygrométrique. . . 5
Ses molécules sont à l’état élémentaire ; elle est dissoîuble dans la
potasse caustique, à la température de l’ébullition de l’eau. La
silice ne se présente avec de tels caractères que dans les eaux du
Mont d’Or , dans la magnésite du Piémont et dans la chaux hy-
draulique de Senonches. On pourrait nommer cette variété de si-
lex , silex dialy tique ( dialutos , dissoluble ).
»L’ Hydrophanéite se manifeste dans plusieurs substances miné-
rales, mais particulièrement dans différentes variétés desilex(résini-
te, opalin, agathe, calcédoine , etc.) auxquelles on attachait autre-
fois une grande valeur; on la remarque aussi habituellement dans
des silicates d’alumine distingués sous le nom d’haîloïsite^ liévrite,
SEANCE DU l8 JUIN l852. 4^5
walierite, collyrite , lenzinite; mais aucune ne paraît assez po-
reuse pour que cette propriété se manifeste à un si haut degré (i).
« Les gisemens les plus célèbres de silex hydrophane sont ceux
des serpentines ( Musinet près de Turin, et plusieurs autres loca-
lités du Piémont).
» Ceux des trachytes et autres roches volcaniques décomposées
( Schemnitz en Hongrie, îles Féroé ).
» Ceux des filons métallifères ( île d’Elbe , Liège, Châtelau-
dren , Pyrénées ).
» Ceux des dépôts tertiaires calcaréo-siliceux ( Champigny ,
etc.), des dépôts argileux du Mans , de Saint- Sever, etc.
» C’est à cette dernière sorte de gisement que se rapporte la
nouvelle substance de Bellesme; elle paraît avoir été déposée par
une des nombreuses sources silicifères du grand plateau tertiaire
du nord-ouest de la France, précédemment décrit par M. Des-
noyers. »
M. Boubée présente des considérations sur le parallélisme
des terrains de transition , dans lesquels il comprend les
groupes schisteux, quarzeux , fragmentaire, calcareux}
houiller , rudimentaire , et pénéen} du tableau des terrains de
M. Brongniart. Il met sous les yeux de la Société une esquisse
d’un tableau mnémonique qu’il a dressé de tous ces terrains
considérés comme à peu près parallèles , et ne constituant
qu’une grande formation.
« Les géologues admettent généralement un grand nombre de
formations ou terrains en série représentant autant d’époques
successives de ia vie du globe. On les désigne le plus souvent par
le nom de la roche qui domine au milieu de celles que l’on
nomme subordonnées. C’est ainsi qu’à partir des terrains de trans-
ition l’on a le terrain ou l’époque des grauwaekes , le terrain de
schiste argileux, le terrain de calcaire de montagne, le terrain
de grès rouge, le terrain houiller, l’époque des schistes cuivreux,
l’époque du zechstcin, celle des arkoses , celle du grès bigarré,
celle du Muschclkalk, celle des marnes irisées et autant d’autres
époques encore qu’il y a de terrains , ou que l’on a formé de
groupes de terrains au-dessus de ceux-là.
(i) Il existe plusieurs dissertations sur l’hydrophanéite par Berg-
man , Klaproth , Bossi , do Bournon , Bonvoisin , Théodore de
Saussure , et Patrin.
^2$ SÉANCE DU l8 JUIN 1 85 ‘2.
» Si chacun d’eux représente une partie de la vie du globe , il
devrait représenter l’ensemble des phénomènes qui se sont passés
sur le globe pendant cette portion de sa longue vie , et l’on devrait
y trouver les traces de tous ceux qui sont susceptibles de se con-
server par quelque moyen dans les archives naturelles des for-
mations. En d’autres termes , une formation qui représente une
portion de la vie du globe doit renfermer dans ses registres stra-
tifiés l’indication des animaux vertébrés et invertébrés qui vi-
vaient pendant cette époque , soit dans la mer , soit sur le sol, soit
dans les eaux douces ; l’indication des plantes marines, fluviatiles
et terrestres qui végétaient alors , l’ensemble des débris fragmen-
taires roulés et non roulés que les eaux arrachaient aux terrains
existans , les sables qu’elles charriaient , les limons argileux
quelles déposaient au loin et les matières dissoutes qu’elles lais-
saient cristalliser de toute parta la surface du sol , et par infiltra-
tion dans l’intérieur des terrains a la manière des eaux arté-
siennes.
» Après quelques détails sur le parallélisme des divers produits
géologiques à toutes les époques , rendu sensible par l’examen des
phénomènes actuels , M. Boubée conclut que les caractères géo-
gnosticjiies des formations peuvent entraîner à de grandes erreurs
de détermination , que les caractères paléontologiques , encore
moins certains , sont insuffisans dans le plus grand nombre de cas,
et que les caractères minéralogiques bien entendus devront
être les moins trompeurs , puisqu’ils résultent le plus immédiate-
ment de l’état physique du globe qui a dû être nécessairement
uniforme sur toute sa surface , à toutes les époques.
» M. Boubée cherche à prouver qu’aucunes des formations de
transition , figurées d’ordinaire comme autant de terrains en
série, ne sauraient représenter isolément uue époque quelcon-
que de la vie du globe* qu’aucune d’elles ne peut donc être con-
sidérée comme un terrain dans le sens propre de ce mot , et qu’il
faut , par conséquent , chercher dans plusieurs groupes voisins
\es complémens réciproques les uns des autres. Ce n’est que dans
„a réunion des sept formations énoncées qu’il croit pouvoir trouver
la réunion des produits contemporains de l’époque qui suivit la
formation des terrains primordiaux.
» En résumé , dit l’auteur , toute véritable formation , toute
représentation d’un laps de temps de la vie du giobe, devra pré-
senter dans l’ensemble des groupes sédimenteux ou plutoniens
qui devront y être rapportés parallèlement , des arkoses , des
brèches, des pouddingues, des grès, des argiles , des marnes ? des
SÉANCE DU l8 JUIN l832. 42 7
calcaires , des matières minérales et salines de différentes sortes ,
en couches , en amas, en rognons , produites par dissolution ou
par infiltration des minéraux disséminés , des produits plutoni-
ques , des produits épigéniques , des débris d’animaux vertébrés ,
d’animaux invertébrés et de végétaux marins , fluviatiles et ter-
restres, disséminés ou amoncelés et diversement altérés ; enfin,
toute véritable formation devra se retrouver distribuée sur le
monde entier partout où les formations plus modernes , ou bien
les formations d’épanchemerit ne couvrent pas la surface du
sol (i). »
Plusieurs membres rappellent que beaucoup de géologues
s’accordent à reconnaître la convenance de distinguer à cha-
que période géologique des dépôts de nature et d’origine
différentes. L’auteur de l’article Terrains du Dict. class.
(Thist. nat., a particulièrement insisté sur ces idées. Le Mé-
moire sur les terrains tertiaires récens en présente une
autre application aux terrains de cet âge, parmi lesquels sont
rapprochés, comme contemporains, des dépôts sous-marins
et des dépôts continentaux lacustres et fluviatiles de com-
position très différente.
M. Dufresnoy lit une note sur les calcaires amygdalins.
« Ces calcaires , dont le type principal est le marbre campan ,
présentent un mélange intime de calcaire et de schiste argileux.
La chaux carbonatée forme en général des nodules plus ou moins
enveloppés de schiste, structure qui rappelle la disposition des
amygdaloïdes , et les a fait comparer à ces roches porpliy-
riques.
» Un examen attentif de ces noyaux calcaires a démontré à
Fauteur de cette notice, que dans la plupart des cas et peut-être
même dans tous, ces amandes calcaires ne sont autre chose que
des moules de nautiles qui ont servi de centre de cristallisation à
la chaux carbonatée , et l’ont fait concentrer dans les parties de la
roche de la même manière que les alcyons ont déterminé la forma-
tion de la plupart des silex de la craie. Dans quelques échantillons
rares on voit assez distinctement la forme spirée des nautiles et
même les cloisons qui leur sont particulières j dans un grand
^2$ SÉANCE DTJ l8 JUIN l852.
nombre la forme est indiquée par des surfaces courbes qui pré-
sentent la cassure, ou par des taches arrondies dans lesquelles on
observe des couches concentriques de nuances différentes ; mais
ordinairement on n’observe plus aucune trace de fossiles , et
rien ne rappellerait leur existence , si on ne suivait pas par des
gradations insensibles le passage des nodules présentant des
formes positives d’êtres organisés à des taches alongées et infor-
mes ; ces calcaires amygdalins que l’on a associés pendant long-
temps aux terrains anciens , sont donc aussi riches en fossiles que
les calcaires secondaires; ils doivent leur forme particulière à l’a-
bondance des nautiles : seulement il paraît qu’une cause que l’on
ne peut indiqüer exactement a rendu le calcaire très cristallin , et
a par suite détruit en grande partie les traces de ces fossiles qui
souvent ne sont plus représentés que par des taches. »
M. Régley annonce avoir recueilli avec M. Cordier, dans
ce même marbre de Gampan , des échantillons d’une grande
espèce de nautile.
M. C. Prévost développe quelques considérations tem
dantes à appuyer l’opinion qu’il a plusieurs fois énoncée avec
M. Desnoyers, que les lignites du nord du bassin parisien
sont postérieurs à Y argile plastique.
Il rappelle la coupe des terrains tertiaires d’Alum-Bay ,
d’Headen-Hill, dans l’île de Wight, localité dans laquelle on
voit au-dessus de la craie, 1® l’argile plastique; 2° l’argile de
Londres (correspondant au calcaire grossier), toutes deux en
couches verticales ; et 5*un système de couches horizontales
composé de deux formations d’eau douce avec lignites sé-
parées par un dépôt marin, que l’on a désigné sous le nom
de terrain marin supérieur. Comparant les fossiles et les
caractères minéralogiques de ce dernier terrain , dont la po-
sition est parfaitement fixée , il fait observer qu’ils ont beau-
coup de rapports avec ceux des lignites du Soissonnais et
de la Champagne ; et , à l’appui de ce rapprochement , il
présente une liste dressée par M. Deshayes des coquilles
fluviatiles d’Headen -Hill et d’Épernay. Il en résulte que plus
des trois quarts des fossiles comparés ont été trouvés ana-
logues. Sur les fossiles d’Headen-Hill :
Deux espèces ne se trouvent pas dans le bassin de Paris :
Cyrena obovata, Planorbis evompkaloides .
SÉANCE 1)U l8 JUIN 1 832. 429
Les espèces suivantes se trouvent dans le Soissonnais et
les environs d’Epernay : Melania inquinata , Melanopsis
buccinoides , Paludina tenta , Neritina pisiformîs , Ceri-
thium fasciculatum , Cyrena gravesii , Ostrca sparna-
censis.
On trouve les espèces qui suivent à la partie supérieure
du calcaire grossier : Natica mutabilis , Cerithium conca-
vum , Cerithium duplex , Potamides ventricosus , Murex
plicatilis .
Dans tout le calcaire grossier, le Fusus excisus .
L’objet de la communication de M. C. Prévost étant de
montrer à la Société l’un des points sur lesquels reposent
ses doutes à l’égard des lignites soissonnais, ce géologue
engage M. de Beaumont à exposer les motifs de l’opinion
contraire qu’il a énoncée dans l’avant-dernière séance.
M. de Beaumont demande à remettre à la prochaine séance
le développement de son opinion.
On lit un Mémoire de M. Bertrand Geslin sur le terrain
de transport du val d’Arno supérieur,
« L’auteur décrit successivement la disposition de ces terrains si
riches en ossemens d’éléplians, de rhinocéros, d’hippopotames, de
bœufs, et d’autres grands mammifères, dans les trois bassins étagés
d’Arezzo, de Figline, de l’incisa, qui constituent le Val-d’Àrno
supérieur. Dans le premier , le terrain de transport consiste sur-
tout en amas puissans de cailloux roulés , déposés sans ordre ,
avec ossemens à leur partie inférieure, et recouvrant une argile
bleue micacée, puissante, contenant aussi des ossemens et un
banc de lignite tourbeux. Dans le deuxième, sur la même argile
bleue, reposent des cailloux roulés , des sables fins , des sables jau-
nes grossiers et quartzeux , avec oSscmens dans toutes les couches.
Le troisième présente les mêmes dépôts, mais sans galets; ceux-ci
sont d’autant plus abondans et plus gros qu’ils sont plus voisins
de la chaîne secondaire de Yallombrosa ; les sables grossiers occu-
pent la partie centrale de la vallée, et les plus fins bordent le pied
de la chaîne des Montegrossi. L’argile bleue micacée forme con-
stamment la' base du dépôt.
» Mais ce dépôt d’argiles et de sables , quoique dans un ordre
de superposition analogue à celui des collines marines subapenni-
ncs , est bien plus réceut , appartient à la série des terrains d'at.
Soc. géol. Tome II. a 8
450 SÉANCE DU l8 JUIN l8o2.
ténssemcnt , et ne contient que des coquilles d’eau douce mêlées
aux ossemens. Il remplit tout le fond de la vallée , la marne s’éle-
vant de quelques toises, et les graviers de 200 pieds au plus au-des*
susdu cours de l’Arno actuel. Il est stratifié horizontalement, et ne
se relève point sur les bords du bassin. Les ossemens placés à la
partie moyenne et inférieure dessables jaunes et à la partie supé-
rieure des argiles bleues sont très abondans vers la partie centrale
du val, sur la rive droite de l’Arno, et rares sur la gauche de ce
fleuve. Ils sont déposés plus ou moins régulièrement sur plusieurs
plans , suivant le plus ou moins d’ordre des galets et des sables.
Neuf coupes très soigneusement figurées présentent les détails de
ces superpositions.
» Le mémoire se termine par des considérations théoriques sur
le mode de formation de ce terrain de transport. La présence des
ossemens intacts parmi les cailloux roulés porte l’auteur à penser
que l'enfouissement des os est postérieur à la trituration des ga-
lets, et que ceux-ci ont été ainsi arrondis sur des bords plus éle-
vés, au pied des chaînes de Casentino et de Valîombrosc. Il fau-
drait donc reconnaître deux périodes ; l’une pendant laquelle les
matériaux (calcaires et macigno) extraits des chaînes secondaires
auraient été convertis en cailloux roulés et en sables ; l’autre posté-
rieure, durant laquelle les argiles bleues , les galets, les sables
jaunes et les ossemens abandonnés sur les flancs des chaînes au-
raient été à plusieurs reprises charriés dans le bassin lacustre du
Yal-d’Arno supérieur. »
On lit un Mémoire de M. Marcel de Serres sur les ani-
maux découverts dans les diverses couches des dépôts qua-
ternaires.
« L’auteur définit d’abord le sens qu’il attache au mot quater-
naire, le restreignant beaucoup plus que ne l’avait fait M. Des-
noyers en le proposant. Pour M. Marcel de Serres , ce sont les
dépôts formés depuis la retraite des mers, hors de leur influence,
postérieurement à l’existence de l’homme , et ne différant pas des
dépôts actuels, quoique renfermant des espèces détruites.
» Se fondant sur ce fait, que depuis les temps historiques plu-
sieurs espèces d’animaux ont été expulsées de leurs stations pri-
mitives, ou même totalement anéanties, sans l’action de catastro-
phes violentes, et, d’un autre côté, considérant comme non sujet à
objections, comme susceptible d’être généralisé, Je fait du mélange
SÉANCE DU ï8 JUIN 1 832 . 4^1
accidentel d’os humains ou d’ohjets d’industrie humaine dé-
couverts dans deux ou trois cavernes du midi de la France,
M. Marcel de Serres en conclut que tous les débris d’animaux
enfouis dans des gisemens analogues (brèches osseuses , cavernes ,
alluvions , marnes dJeau douce) postérieurs aux derniers terrains
tertiaires d’origine marine , sont contemporains de l’homme et
non point antédiluviens. Il nomme ces innombrables débris hu-
matiles {humains, enfoui), voulant ainsi les distinguer des fossiles
qui n’appartiennent , dit-il , qu’aux temps géologiques , ou anté-
rieurs à la retraite des mers.
» Les causes lentes , naturelles , qui ont pu et peuvent encore
expulser ou même anéantir certaines espèces, sont surtout l’in-
fluence de l’homme et les inondations. La diminution de la tem-
pérature semble encore à l’auteur avoir dû contribuer à restrein-
dre les limites d’habitation, et dans l’état actuel la plupart des
espèces tendraient plutôt à se concentrer qu’à s’étendre. L’auteur
distingue ainsi qu’il suit ces espèces détruites ou qui ont changé
de station , postérieurement à l’existence de l’homme :
i° Celles qui, ayant encore leurs analogues, ont disparu des
lieux qu’elles habitaient primitivement j telles que l’ours, le
chackal, le lion, la panthère , le castor, le sanglier, plusieurs
cerfs , l’élan , le renne, le moufflon , l’aurohcs, et parmi les êtres
marins, la baleine. D’autres espèces ont été modifiées par leur
changement d’habitation, et ont également fait varier les espèces
dont elles ont partagé la patrie.
2° Celles qui paraissent n’avoir plus de représentant sur la terre
et qui se sont éteintes à des époques connues des temps historiques,
telles que le cerf à bois gigantesque, décrit en i55o, comme exis-
tant encore alors dans la Prusse, le dronte ou Dodo , qui, depuis le
commencement du dix-septième siècle, a disparu des îles de France
et de Bourbon ; deux espèces de crocodiles des catacombes
d’Egypte dont M. Geoffroy pense qu’il n’existe plus d’analogues.
3° Enfin, les espèces qui auraient également disparu depuis
l’existence de l’homme, mais sans qu’on puisse fixer l’époque de
leur destruction , c’est-à-dire, toutes celles des cavernes, des brè-
ches, des alluvions et des terrains d’eau douce récens. L’auteur
en présente l’énumération , ou renvoie à des listes déjà publiées •
leur nombre est fort considérable : pour les cavernes seulement ,
il cite vingt-un carnassiers , six rongeurs , sept pachydermes ,
douze ruminans , huit oiseaux, douze coquilles terrestres et
même dix coquilles marines. On y voit figurer toutes les espèces
d’ours ctd’hyèncs fossiles, l'éléphant primigénius , le grand hyp-
45a SÉANCE DU 2 JUILLET l85s.
popotame , les deux grandes espèces de rhinocéros , de nombreux
cerfs, etc. Il en est de même des espèces des brèches osseuses, parmi
lesquelles on distingue un palœothcrium (p. medium ?) et un
cheropotarne. Dans les terrains d’eau douce supérieurs sont in-
scrits : une nouvelle espèce d’ours , un rongeur analogue au
castor, Yelephas meridionalis , Yhippopotamus major , un che'~
' ropotame , neuf cerfs , un grand nombre de coquilles et de végé-
taux terrestres. A l’appui de ce groupement nouveau de tant
d’espèces perdues et de la plupart des mammifères fossiles, au mi-
lieu des temps historiques, M. Marcel de Serres rappelle surtout
les fragmens de poteries et autres objets d’une grossière industrie
trouvés dans quelques cavernes du Midi , et il fait connaître le
fait nouveau de fragmens de verres émaillés différens de tout ce
qui se fabrique dans le pays , qui lui ont été remis comme prove-
nant de l’intérieur d’un crâne de Yursus Pitorii , de la caverne
deFausan, (Hérault) (1).
Séance supplémentaire du 2 juillet 1832.
Présidence de M. Brongniart.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
M. le président proclame membres de la Société :
M. Ange Sismonda, professeur de minéralogie à Turin,
présenté par MM. Boué et Michelin.
M. Keilhàu , professeur de minéralogie à l'université de
Christiania, présenté par MM. Boué et de Roissy.
M. Guillemot , ingénieur des mines à rétablissement de
Decazeville (Aveyron), présenté par MM. Yirlet et Du-
M. le président annonce que le conseil vient de compléter
le choix des Mémoires qui doivent composer le premier
demi-volume que va publier la Société , et quainsi on
pourra le livrer de suite à l’impression.
Le conseil a décidé dans la même séance que le rendez-
(î) Cette question a été envisagée sous un point de vue différent
par d’autres géologues. (Voir le Rapport sur les travaux de la Société
pendant Vannée i83i , § 1 1 à i4-)
SÉANCE DU a JUILLET l83ï. 1$ 5
vous à Caen, pour la réunion d’automne , est fixé au 4 sep-
tembre au soir. Les membres de la Société en seront préve-
nus par des circulaires.
M. Michelin annonce la perte douloureuse que la Société
vient de faire de l’un de ses membres par le décès de M. Mey-
ranx,, professeur d’histoire naturelle au collège Charlemagne,
à Paris.
La Société reçoit les ouvrages suivans :
i° Le N° 4i (premier trimestre de i852) d es Mémoires de
la société d'agriculture , sciences , arts et belles-lettres , du
département de l’Aube.
a° Les N°* 29 et 5o de 1* Européen , journal des sciences
morales et economiques.
M. Boubée communique les observations qu’il a faites avec
MM. j Domnando, Hallowell , Beltrami , Rigault et Chais ,
dans une course aux environs de Lyon , sur le terrain dilu-
vien à blocs erratiques , et sur le creusement de la vallée du
Rhône.
« Cette vallée lui paraît formée par érosion de la part des eaux,
» et nullement par dislocation plutonique. 11 décrit le terrain di-
» luvien du plateau de Saint -Laurent; il signale des caractères
» nouveaux pour distinguer les terrains diluviens des terrains
« alluviens . Les premiers , dit-il , sont infertiles et privés de ruis-
» seaux , ou s’il y en a, ils sont profondément encaissés. Les ter-
» rains diluviens et postdiluviens , au contraire, sont généralement
» très fertiles, et présentent beaucoup de ruisseaux très peu ou
» point encaissés.
» L’auteur décrit les blocs erratiques ; il fait remarquer que ces
blocs sont formés des mêmes roches primordiales que les ga-
lets qui les accompagnent , qu’il y a un passage insensible, sous
le rapport du volume , entre les blocs les plus gros et les petits
cailloux du terrain diluvien au milieu desquels on les trouve
confondus et comme ensevelis.
» De ces observations , M. Boubée conclut que ces blocs et le
terrain diluvien datent de la même époque ; qii ils appartiennent
au meme phénomène , et qu’il 11e saurait admettre que les blocs
proviennent d’un transport postérieur à celui des cailloux
roulés.
y> De plusieurs autres faits, l’auteur conclut encore qu’une par»
454 SÉANCE DU 2 JUILLET l83*.
tie des terrains de molasse, et notamment divers dépôts de nagel-
flue, sont de l’époque diluvienne, et non de celle des terrains ter-
tiaires; que leur agglutination en grès et en poudingue est entière-
ment due à des infiltrations post-diluviennes qui se continuent de
nos jours. M. Boubée rattache à sa théorie des infiltrations un
grand nombre d’autres faits géologiques dont il annonce devoir
bientôt présenter le cadre à la société. »
M. Élie de Beaumont lit des observations sur l’étendue du
terrain tertiaire inférieur dans le nord de la France et sur
les dépôts de lignite qui s’y trouvent.
Le but de ce travail est de montrer que les lignites du
Soissonnais et des contrées adjacentes doivent continuer à
être considérés comme subordonnés à la partie inférieure du
système du calcaire grossier. Indépendamment des rappro-
chemens qui lui paraissent indiquer cette conclusion , Fau-
teur décrit une coupe du plateau des bois de Yermand, entre
Saint-Quentin et Pérenne , dans laquelle on voit un gîte de
lignites recouvert par un dépôt de sable jaune qui contient
des rognons calcaires pétris de nummulites , de polypiers et
d’autres fossiles.
M. Élie de Beaumont annonce ensuite que, dans le calcaire
grossier des environs de Sartevil et de Vigny (Seine-et-Oise),
il a observé avec M. Dufrénoy des couches composées en
partie de grains oolithiques. 11 y a aussi dans les mêînes
couches des milliolites ; mais l’existence des grains oolithi-
ques est mise hors de doute par leur passage graduel à de
petites masses calcaires à surface irrégulière et arrondie sur
tous les angles.
Le même géologue annonce que , dans une course qu’il a
faite l’année dernière dans la vallée de Montmorency, avec
M. Dufrénoy et plusieurs autres personnes , il a observé
dans la partie supérieure des sables coquilliers verdâtres de
l’une des carrières de Beauchamp , une couche d’environ
deux décimètres de puissance, d’un calcaire grisâtre, zoné,
dont l’aspect indiquait d’une manière difficile à méconnaître
une origine d’eau douce. La carrière était ouverte au milieu
de ces amas de calcaire lacustre, en apparence hors de place,
dont M, Constant Prêyost s’est occupé en les désignant quel-
SÉANCE DU 2 JUILLET l832. 4^5
quefois sous le nom de magma, et dont M. le vicomte Hé-
ricart-Ferrand a récemment entretenu la Société. La couche
de calcaire d’eau douce observée par M. Élie de Beaumont
dans le sable coquillier connu pour contenir un mélange de
coquilles marines et fluviatiles lui paraît une preuve que les
fragmens de calcaire d’eau douce qui forment la surface du
sol, quoique évidemment dérangés de leur position natu*
relie, ne sont pas éloignés du lieu de leur origine.
Après la lecture du Pvlémoire de M. Elie de Beaumont,
sur la position géologique des argiles à lignites du
Soissonnais , M. Desha jes demande à l’auteur si , dans les lo-
calités où il a vu ces argiles sous les calcaires grossiers, il y
a trouvé les coquilles fossiles, d’eau douce et marines, qui ca-
ractérisent essentiellement ces terrains. Sur la réponse néga-
tive, M. Deshayes émet , avec toute la circonspection néces-
saire, l’opinion que les argiles observées sous les calcaires
grossiers par M. Elie de Beaumont pourraient bien ne pas
être les véritables argiles du Soissonnais. M. Deshayes appuie
son opinion sur ce fait zoologique que , parmi le petit nom-
bre d’espèces propres à ces terrains, il y en a quatre encore
vivantes aujourd’hui dans le midi de l’Europe et de l’Asie,
ce sont : les Melanopsis costata et buccinoïdea , la Melania
inquinata et la Paludina subcarinata . Si l’on se rappelle
que dans le calcaire grossier il y a à peine trois pour cent
d’analogues vivans, on pourra supposer que les terrains dans
lesquels cette proportion est de 4 sur i5 doivent être plus
nouveaux , s’il est vrai , comme cela semble incontestable,
qu’un terrain est préjugé d’autant plus nouveau qu’il contient
en plus grand nombre des espèces encore vivantes.
M. deLehmann lit une lettre de M. Fénéon, professeur de
géologie à l’École des mineurs de Saint-Etienne, dans la-
quelle ce dernier développe ses idées sur la formation des
gypses tertiaires , et notamment sur ceux des environs de
Paris :
Ayant appris la découverte, par M. de Beaumont , d’une dolo-
mie bien caractérisée , près de Beiue , où elle se trouve dans un
456 SEANCE DU 16 JUILLET l83s.
monticule que l’on pourrait prendre pour un cratère de soulève-
ment, M. Fénéon trouve la preuve la plus concluante des phéno-
mènes volcaniques éprouvés par le sol tertiaire des environs de
Paris, dans la structure et la position des masses de gypse si sin-
gulièrement intercalées au milieu du système calcaire. Depuis
que l’on a constaté que le calcaire grossier contient les mêmes
restes organiques que les gypses, M. Fénéon ne considère les plâ-
trières que comme des produits de solfatares anciennes qui ont
agi postérieurement sur quelques points des bassins tertiaires , et
ont converti en sulfate les bancs de carbonate de chaux.
En développant ces conjectures , il les appuie :
i° Sur la configuration extérieure des gypses tertiaires, qui,
identiques sous ce rapport à ceux du lias des Alpes et des autres
terrains secondaires , forment , au lieu de couches , de gros amas
irréguliers , fait général et demeuré presque sans explication sa-
tisfaisante, soit qu’on compare cette substance aux dépôts méca-
niques des argiles et des grès à grains fins , soit qu’on la compare
aux sels très solubles , aux carbonates de soude de l’Amérique et
de l’Afrique et au nitrate de soude du Pérou.
2° Sur leur disposition en monticules dominant le sol environ-
nant , à la manière des cônes volcaniques , comme si , dans la
pointe qu’ils occupent , il y avait eu soulèvement partiel et gon-
flement de couches en même temps que changement de nature.
3° Enfin , sur les accidens de coloration en vert , en rouge , en
violet, que les marnes des gypses tertiaires présentent au même
degré que les schistes associés aux gypses des Pyrénées' et des
Alpes.
Séance du 16 juillet 1832.
Présidence de M. de Bonnard.
Après la lecture et l’adoption du procès-verbal de la der-
nière séance, le président proclame membres de la société:
M. J.-G. Beltràmï, membre de plusieurs sociétés savantes,
présenté par MM. Brongniart et Delafosse.
Fausto de Elhuyar, directeur des mines d’Espagne, pré-
senté par MM. de Beaumont et Dufrénoy.
M.Verina, inspecteur des mines d’Espagne, présenté par
MM. Dufrénoy et de Beaumont.
SÉANCE DU l6 JUILLET 1 852.
457
La société reçoit les ouvrages suivans :
i° Revue encyclopédique , publiée par M. Carnot. Mai et
juin i832. In-8° de 547 Pages* Paris.
2° Mémoires pour servir aux éloges biographiques des sa -
vans de la Belgique, par M. Charles Morren. In-4° de 19 p.,
avec deux portraits , dont l’un détaché pour la collection de
la société. Gand, i832.
5° Le N° de septembre 1 83 1 du Bulletin des sciences
naturelles .
4° Le N° 19 (juillet i832) du Mémorial encyclopédique
et progressif des connaissances humaines sous la direction
de M. Bailly de Merlieux.
5° Le N° 110 (juin i832) du Bulletin de la société de
géographie de Paris.
6° Les N0* 5i et 3a de X Européen.
70 La 2 3e livraison des coquilles fossiles des environs de
Paris , par M. Deshayes.
8° De la part de M. Buckland, on the Vilality ofthe Toads
cnclosed in slone and wood. In-8°.
90 De la part de M. Michelin , le portrait gravé de M. B.-G.
Sage, né à Paris le 7 mai 1 740.
De la part de M. Constant Prévost :
Observations sur Stonesfîeld . Paris, 1825, in-8°.
Note sur un nouvel exemple de la réunion de coquilles
marines et de coquilles fluviatiles fossiles dans les mêmes
couches. Paris, 1821, m-40, 12 pages (6 exemplaires).
Essai sur la constitution physique et géognoslique du bas-
sin à l'ouverture duquel est située la ville de Vienne en Au-
triche. Extr. du Journ. de phys.,nov., 1 820, in-4°,55 p. 1 pi.
Rapport fait à l’ Académie royale des sciences sur le voyage
à l’îleJulia en i83i et 1802, par M. C. Prévost.
Mémoires pour servir à l’histoire naturelle , et principa-
lement à l’ory cto graphie de C Italie et des pays adjacens ,
par M. Albert Fortis. Paris, 1802 , 2 vol. in-8° de 5oo à 4oo
pages, avec pl.
Rapport fait à C Académie royale des sciences , par
M. Brongniart (décembre 1810) sur le Mémoire précédent.
In-4°, 7 pages (6 exemplaires).
458 SÉANCE DU l6 JUILLET l852.
Atias géologique de Smith . Contenant 4 grandes cartes
géologiques de Norfolk, Kent , Wiltshire et Sussex . Lon-
dres, 1819 a 1 8a 1 .
M. Michelin remet aussi à la Société , au nom de M. A.
Passy, préfet du département de l’Eure \ l’annuaire de ce
département pour 1882.
Ce volume contient, entre autres choses, une notice ar-
chéologique et historique par M. Aug, Le Prévost, membre
de la Société de géologie , et une notice géologique sur le
même département, par M. Passy, aussimembre de la Société.
Le secrétaire donne ensuite lecture de la correspondance*
M. de Montlosier adresse une lettre à la Société, dans laquelle,
après avoir exprimé l’opinion que la Société géologique doit s’oc-
cuper principalement des hautes questions de la science , il dit :
<1 II faut prendre garde, dans ce recueil important, d’enregistrer
des inutilités , il faut prendre garde aussi de donner trop d’at-
tention à des travaux tenant à des goûts particuliers. Ce ne sont
pas là des jalons pour la route que nous avons à suivre; je suis
charmé de savoir l’identité du pyroxène et de l’amphibole, je
l’ai toujours soupçonnée. Pourtant, en point de géologie , je dé-
clare que ce fait ne me présente aucune importance. Faisons-
y attention ; nous voulons aller à la science , de quelle manière
certains détails nous y conduiront-ils? Vous voulez encourager,
prenez garde de détourner.
» Il n’en est pas de même d’un fait aussi important que celui de
la formation de grands lacs, par des apports de matières d’alluvion ;
ces convois énormes, comment se sont-ils produits? d’où est venu le
volume de fluide qui les a produits? à quelle époque de la vie du
globe appartiennent ces évènemens ? Je sais, moi , que ce volume
de fluide est un précipité qui , des sommités de l’atmosphère , est
tombé verticalement sur la masse solide du globe. Je le sais, parce
j’ai suivi des deux côtés des Alpes , du Jura , des Vosges et de9
montagnes d’Auvergne , la traînée de ce précipité , et que je l’ai
vu ayant emporté, sur chacun des revers de ces montagnes, les
substances diverses spéciales qui leur appartenaient. En possession
de ce fait , il ne s’agit pas de l’abandonner; il faut le poursuivre
dans toutes ses circonstances. Si nous examinions la profondeur
des lacs, celui de Genève est reconnu pour avoir de 8 à 900 pieds;
le lac de Constance paraît être beaucoup plus profond ; le lac Ma-
SÉANCE DU l6 JUILLET l8^2. 4^9
jeur,le lac Como/sont estimés par les pêcheurs d’une plus grande
profondeur encore. Pourtant , si cela est ainsi , il se trouvera que
le fond de ces lacs^est de niveau , ou même inférieur, à la surface
actuelle de la mer * il s’en suivrait que, depuis l’époque de quatre
ou cinq mille ans, à laquelle ces apports appartiennent, la hauteur
de la surface de la mer et la masse de ses eaux se sont considéra-
blement augmentées. Cependant , est-ce sur ce point seul que ces
apports de matières d’alluvion se sont formés? On les trouve par-
tout. Elles ont élevé la masse solide du globe comme la masse du
fluide. On se donne la peine de suivre des courans de lave depuis
leur foyer jusqu’à leur dernier terme, mais je n’ai pas vu qu’au-
cun de nos grands géologues ait suivi en détail la distribution
diverse de ces apports , dont quelques uns ont cependant com-
posé des contrées entières. La Sologne, par exemple, n’est con-
struite que de la partie septentrionale de la grande gibbosité de
l’Auvergne dans une ligne que peut représenter le cours du Cher ;
tout le territoire de Fontainebleau, y compris ses montagnes, est
composé d’un grand apport provenant de l’est.
» Négliger de tels faits, ou passer légèrement sur leur caractère,
est un procédé qui éloigne de la science. Voici ce qui peut en
éloigner encore davantage ; c’est l’admission de'faitsqui pré-
sentent une grande importance, mais qui, selon moi, ne’ sont
pas encore établis. Je mets dans ce nombre ce que j’aperçois
dans plusieurs parties de vos Bulletins, relativement à des for-
mations de montagnes par souîèvemens ; on ne fait nulle fa-
çon de signaler de cette manière le Caucase , les Pyrénées,
les Alpes, le Jura, les Vosges. Dans mes nombreux voyages,
j’ai eu occasion d’examiner cette supposition ; je ne l’ai pas
trouvée fondée, non pas que je regarde comme impossible toute
espèce de soulèvement ; il a lieu d’une manière régulière sur
les eaux de l’Océan ; il se décèle quelquefois dans ce qu’on appelle
tremblement de terre. En tout, je soupçonne que la partie solide
du globe n’est qu’une carapace sous laquelle la vie de la terre qui
s’y est réfugiée se défend de l’action continue , foudroyante, du
soleil. Une formation de montagne par soulèvement ne me paraît
donc pas impossible; seulement ce qui est possible ne doit pas
être légèrement supposé ; si quelque chose se prêtait à cette idée,
ce serait certainement le Mont-d’Or, le Cantal et le Mésiu.
»Nulleparton ne pourrait trouver des indices plus remarquables,
et pourtant , en recherchant attentivement la pose et les circon-
stances de ces montagnes , j’ai dù repousser toute supposition de
leur formation par soulèvement ; en général, si on veut y regar-
44 0 SÉANCE DU l6 JUILLET l85î2.
der de près ? il semblerait qu’il n’v a pas de montagnes propre-
ment dites; ce sont toujours de simples déchiremens qui, pour
la hauteur et la coitiposition , se rattachent à un continent élevé
qui les précède. D’après l’observation de M. le général Pfiffer,
rapportée par M. de Saussure , toutes les montagnes des Alpes ,
y compris le Jura, représentent, dans leur ensemble, un conti-
nent plein à pente douce; on n’a pour cela qu’à combler de gran-
des déchirures ou vallées qui les découpent, les Vosges abruptes
du côté du Rhin , le Jura abrupte du côté de la vallée de Genève,
les montagnes de la Saxe abruptes du côté de l’Elbe , le Rhoen
abrupte du côté de Fulde; toutes ces montagnes à pente douce
sur leur revers opposé ne m’ont présenté aucune apparence de
soulèvement. De l’immense vallée des Pays-Bas, si vous voulez
pénétrer en France du côté de Namur et au-dessus , vous trouvez
de temps en temps des espèces de promontoires isolés qui sem-
blent figurer comme des montagnes. Il en est ainsi de ce qu’on
appelle montagnes de Fontainebleau ; en les abordant du côté de
Paris , vous pourrez croire que ce sont réellement des montagnes;
poursuivez jusqu’à Nemours, vous trouverez la suite de ces
mêmes montagnes ; mais cette fois au même niveau que tout le
grand continent qui s’étend d’une manière indéfinie jusqu’au-
delà de Bois-le-Roi »
M. Desnoyers communique à la Société une lettre qu’il a
reçue de M. Charles Desmoulins, de Bordeaux, dans laquelle
ce géologue lui donne des détails qu’il lui avait demandés au
nom de la société, sur les terrains tertiaires de cette partie
de la France. Cette lettre, adressée à MM. Desnoyers et
Deshayes, peut servir de réponse à la lettre que M. Boué a
écrite de Bordeaux le i5 avril, sur le même sujet , et qui
est insérée dans le deuxième volume du Bulletin , page 675.
Nous en extrayons les passages suivans :
« Le mélange des fossiles bordelais et des fossiles parisiens est
très évident dans les collections ; mais il est fortement modifié sur
le terrain , et c’est là l’important. Il y a des espèces , il est vrai ,
qu’on retrouve à tous les étages du terrain tertiaire; mais il y a des
nuances de composition zoologique tellement tranchées entre ces
étages, que , malgré ces traits de ressemblance générale et d’iden-
tité fondamentale, on peut et on doit établir des distinctions très
nettes entre eux.
SÉANCE DU l6 JÜILLET l832. 44*
» Le mot mélange , que vous employez dans votre lettre , est
précisé et expliqué par M. Deshayes, qui me demande en pro-
pres termes s’il y a alternance , intercalation des calcaires de
Blaye et de Pauillac avec nos falunières. Non , monsieur, il n’v a
rien de semblable, à ma connaissance, et je crois pouvoir assurer
qu’on n’en trouvera pas d’exemple.
» J’ai bien montré à M. Boué des échantillons de falun légère-
ment durci , dont la partie inférieure passe à un véritable calcaire
grossier qui ne présente plus que des moules et des empreintes.
Je lui ai bien dit que je ne voyais pas de séparation bien tranchée,
sous le rapport minéralogique et zoologique , entre nos faluns
et le calcaire de Laroque et des collines de la droite de la Ga-
ronne , lesquelles sont pour moi le calcaire moellon de M. Marcel
de Serres, et pas autre chose qu’un falun plus ou moins modifié,
plus ou moins durci ou cristallisé, plus ou moins riche en fossiles.
Mais il ne s’agit nullement ici des calcaires de Blaye et de Pauil-
lac , qui sont extrêmement différens sous tous les rapports.
» Je n’ai point étudié la molasse; M. Jouannet seul a pu le faire.
"Voici ce que je trouve, de haut en bas, dans les parties dont j’ai
fait , par le moyen des fossiles surtout , une étude approfondie.
» i°Nos faluns sablonneux de la gauche de la Garonne passent,
dans leur partie inférieure , à l’état de calcaire grossier de mau-
vaise qualité. C’est le dépôt le plus récent , et il l’est plus que les
faluns bleus et violacés de Dax.
» Selon M. Elie de Beaumont, nos faluns se divisent en deux
sortes. Les plus communs (Léognan, Saucats , Mérignac , Gradi-
gnan) sont pour lui le calcaire moellon. Les plus rares , qui se
trouvent à Bordeaux môme (Terrenègre) , sont pour lui du cal-
caire grossier parisien , parce qu’il y a de crassatella tumida. Il
m’est impossible de voir la chose ainsi. Je vois bien une nuance
entre ces deux faluns , mais pas assurément une différence aussi
grande.
» 2° Le calcaire grossier de baroque et de la rive droite de la
Garonne, lequel contient des fossiles de Paris en moindre nombre
d’espèces , des fossiles plus nombreux de nos faluns ordinaires , et
par-dessus tout des fossiles semblables à ceux des faluns bleus de
Dax {Turbo Parkinsoni , Ampullaria maxima , etc.) Pour moi,
c’est le calcaire moellon de M. Marcel de Serres, et il se lie à nos
faluns ordinaires , auquel il est pourtant constamment inférieur.
» Pour M. Elie de Beaumont , c’est encore le calcaire grossier
parisien.
» 3° Le calcaire de la citadelle de Blaye; c’est le seul poiut où
44$ SÉANCE DU l6 JUILLET l85«.
je l’aie trouvé. C’est une pâte de miliolites , mêlées de clypèaster
stelliferus deLamarck (galerites stellifera , nob. ined.).
» 4° Le calcaire des derrières de Blaye, qui passe sous la Gironde
et ressort à Pauillac , Saint-Estèphe , et jusque dans tout le Bas-
Médoc. Voilà , comme le dit avec une parfaite raison M. Des-
hayes, voilà le vrai calcaire grossier parisien .
» Clavagella coronata , Gerithium giganteum , Miliolites cor -
anguinum , Vulsella deperdita , Terrebellum convolutum , Car-
dita avicularia , Lam., Calyptrœa trochiformis , et ses subdivi-
sions , Pileopsis cornucopiæ , Cfypeaster depressiusculus , Des-
marest , ined. ( Fibularia depressiuscula , nob. ined.)
» Laplupart de ces fossiles y sont par milliards, et nous ne con-
naissons rien au-dessousde ce calcaire. À quelques lieues plus bas ,
en Saintonge, la craie se montre. Il faudrait des développemens dans
lesquels je ne puis entrer en ce moment, pour montrer, par le
détail des faits et par les listes de fossiles de chaque étage , les
rapports et les différences qui existent entre eux ; mais en voilà
assez, je pense , pour vous montrer deux étages principaux (moel-
lon et parisien) divisés chacun en deux subdivisions, toujours par-
faitement distincts entre eux, malgré les espèces communes qu’ils
renferment , et ri alternant jamais F un avec Vautre .
» En somme, M. Boué n’a pas pu étudier assez long-temps nos
terrains et nos collections pour embrasser les détails qui peuvent
seuls servir de base à des conclusions générales.
» Ces conclusions , M. Deshayés les a atteintes , parfaitement
vraies , au moyen de l’étude approfondie d’un des deux élémens
de détermination fies fossiles).
» Telle est dumoins mon opinion. Au reste, je le répète, toutes
ces différences , ces étages , ne sont que de simples nuances , et je
crois leurs résultats très variables selon les localités. En somme,
il y a une identité fondamentale très évidente dans toute la for-
mation zoologique de la période tertiaire. L’étude que j’ai faite
des fossiles me donne la conviction , quoi qu’on en puisse dire,
qu’il n’existe pas une seule espèce de fossiles qui soit commune
au terrain tertiaire et au terrain secondaire, tandis qu’il existe
des espèces ( Pectunculus cor et pulvinatus , etc.) qui sont com-
munes à tous les étages tertiaires et à l’état vivant. Sur ce point ,
il ne suffit pas des ressemblances que les géologues trouvent entre
certaines espèces secondaires et tertiaires. Les conchyliologistes
seuls peuvent prononcer sur une identité d’espèces , et cela en-
core avec de nombreux échantillons, des comparaisons attenti-
ves, et après une étude consciencieuse, sévère et toute spéciale. »
SÉANCE Dü l6 JUILLET J 85a. 44&
M. Desnoyers a joint à la lettre de M. Desmoulins la note
suivante :
®La lettre de M. Ch. Desmoulins, relative auxdifférens âges de9
calcaires tertiaires de la Gironde, confirme pleinement les dis-
tinctions établies par M. Deshayes à l’aide des fossiles , et celles
auxquelles j’étais arrivé pour les faluns de la Loire identiques
zoologiquement et chronologiquement avec ceux de Bordeaux.
» M. Desmoulins distingue dans la Gironde deux étages, princi-
paux , moellon et parisien , qui ne se confondent point. Les
mêmes rapports existent dans la Loire , où le contact du terrain
tertiaire des faluns montre évidemment un gisement transgressif
sur le calcaire d’eau douce de la dernière formation parisienne
(Sainte-Maure en Touraine , Blois , et plusieurs points de la So-
logne).
» La même discordance s’observe dans le petit bassin du Coten-
tin, où les tufs marins de Carentan et le falun de Rou ville , avec
fossiles analogues à ceu$ de la Loire, ne se confondent point avec
la grande masse de coquilles analogues à celles du calcaire gros-
sier, et contenues soit dans des faluns incohérens, soit dans le cal-
caire à miîliolites, d’Orglandes , de Néhou, etc.
» Les environs de Rennes nous offrent une discordance ana-
logue; le calcaire grossier parisien représenté dans cette loca-
lité par le calcaire de Pontpéan , avec orbitolites , miîliolites, et
plusieurs espèces toutes parisiennes , présente des alternances de
calcaire d’eau douce; tandis que dans le vallon voisin, à un niveau
plus bas que la surface des anciens travaux de la mine , les
tufs marins, correspondans au calcaire de Douai, sont adossés au
terrain tertiaire plus ancien de Pontpéan , sans se confondre
avec lui , et ne contiennent plus que les fossiles (coquilles, poly-
piers, os de lamantins, etc.) qui se retrouvent si abondamment au
nord de Rennes et jusqu’à Dinan , lesquels sont analogues à ceux
de Touraine, quoique avec un bien plus petit nombre d’espèces.
«Dans la Loire-Inférieure, lebassin des Cléons, et la plupart des
dépôts coquilliers à l’est, au nord-est et au sud-est de Nantes, sont
la continuation de la formation récente de Touraine et d’Anjou ,
mais à un niveau bien inférieur; tandis qu’au nord-ouest et au
sud-ouest de la ville , vers Pont-Château , les calcaires à chaux de
Cambon, de Bcrgon , etc , sont , la plupart, comme ceux de
Pontpéan , des couches alternatives de calcaire à miîliolites et
de calcaire d’eau douce, semblables aux bancs mélangés de
Sergy et de presque toute la partie supérieure du calcaire gros-;
444 SÉAtfCE DU 16 JUILLET 1 85 2
sier des environs de Paris. Ces deux sortes de dépôts de la Loire-
Inférieure ne m’ont pas semblé se confondre davantage que ceux
de Rennes et du Cotentin : les faluns récens sont presque
toujours au pied des calcaires tertiaires plus anciens. Les calcai-
res marins de la Loire-Inférieure , et surtout celui de Pontpéan ,
plus anciens que les faluns , ressemblent beaucoup à celui de
Pauillac. »
Après la lecture de la lettre de M. Desmoulins , M. Dufré-
noy observe que les caractères géologiques ou de superposi-
tion confirment la séparation que M. Deshayes a admise dans
les terrains tertiaires de Bordeaux d’après l’étude des fos-
siles. En effet , la suite de collines qui bordent la rive droite
de la Gironde, depuis Marmande jusqu’à Blaye , présente
plusieurs coupes dans lesquelles le calcaire parisien est sé-
paré des faluns ou molasses coquilliers par une formation
très épaisse de calcaire d’eau douce, le même qui recouvre
presque tout le département de Lot-et Garonne : depuis
long-temps M. Dufrénoy avait reconnu ce fait important
qui lève tous les doutes que l’on avait sur les terrains ter-
tiaires du Bordelais. Il annonce qu’il a parcouru de nouveau,
cette année, cette partie de la France, dans le but de com-
pléter les données qu’il avait recueillies plus anciennement ,
et qu’il se propose de rédiger un travail sur ce sujet.
M. Elie de Beaumont annonce qu’il partage l’opinion que
M. Dufrénoy vient d’émettre sur le terrain tertiaire des en-
virons de Bordeaux ; mais il annonce que c’est à tort que
M. Desmoulins le cite dans sa lettre, parce qu’il a puisé ses
idées auprès de M. Dufrénoy, avec lequel il a fait un voyage
dans le sud de la France en 1801.
M. Boubée présente à la Société deux grandes espèces de
nummulites qu’il nomme et qu’il caractérise de la manière
suivante :
« i° Nummulites mille-caput , dont la spire est dichotome et se
bifide à plusieurs reprises , de telle sorte que l’on voit dans l’in-
térieur de la coquille le nombre des spires augmenter successive-
ment jusqu’à neuf ou dix , lesquelles s’enroulent toutes ensemble
SÉANCE DU l6 JUILLET i832. 44$
dans le même plan , comme si plusieurs animaux avaient simulta-
nément concouru à former la même coquille.
» En outre, cette coquille est striée extérieurement ; mais les
stries sont parallèles, et ne couvrent dé chaque côté delà coquille
que la moitié de sa surface, la moitié striée d’une face correspon-
dant à la moitié non striée de l’autre. Cette espèce est la plus
grande connue; dans un échantillon déposé au Muséum, son dia-
mètre dépasse 5o millimètres ; épaisseur, 5 millimètres.
» La nummulite a mille têtes se trouve à Baskérus (Landes) dans
un calcaire grossier, avec trois autres nummulites nouvelles que
M. Boubée a brièvement décrites dans le Bulletin de nouveaux
gisemens de France (ire livr.) , sous les noms de N. lenticularis ,
N. crassa et N. plano-spira.
» 2° Nummulites papyracea. M. Boubée nomme ainsi une espèce
qui semble voisine de la précédente ; elle est beaucoup plus mince.
Son tissu est si compacte , qu’on n’y distingue aucune trace de
tours de spire , ni de cloisons , mais seulement la séparation mé-
diane des deux parties. Elle est sensiblement sonore, sans qu’elle
soit cependant siliceuse ( diamètre , 4o millimètres ; épaisseur,
‘± millimètres.
» Cette espèce se trouve aux environs de Boulogne (Haute-Ga-
ronne) , dans un terrain que l’on avait toujours regardé comme
tertiaire , mais que M. Boubée annonce être du groupe crétacé.
On y trouve avec elle des rétépores 7 des griffées, le pecten quin
que-costatus , et une espèce nouvelle, très jolie, que M. Boubée
met sous les yeux de la Société , et qui paraît se rapporter au
genre sigaret. »
M. Elie de Beaumont ajoute quelques nouveaux dévclop-
pemens à la note relative aux lignites du nord de la France ,
qu’il avait lue dans la séance précédente.
Afin de faciliter les moyens de comparer les positions des loca-
lités qu’il a mentionnées, il a présenté à la Société une esquisse
de la forme de la nappe d’eau, sous laquelle se sont déposés les
terrains tertiaires inférieurs du INord de la France et de l’Angle-
terre, esquisse qu’il avait déjà eu occasion de produire dans le
cours de géologie de l’Ecole des Mines, en mars i83i.
Cette esquisse a été dessinée d’après l’ensemble des matériaux
existans , que Fauteur a complétés et liés entre eux, autant qu’il
lui a été possible, d’après scs propres observations et d’après les
conjectures qui lui ont paru les plus vraisemblables.
Soc. gêol. Tom. II.
*9
446 SÉANCE DU l6 JUILLET J 852.
Il a adopté pour dresser cette ébauche Re carte marine, d’une
partie de l’Europe , la projection s té réograph iq u e sur l’horizon
du Mont-Blanc , projection qui lui a paru une des plus propres à
mettre en lumière les rapports de formes et de position des dif-
férentes masses minérales , dont le sol de l’Europe se compose, et
qui possède en même temps des propriétés géométriques , qui
pourront être d’un grand secours dans la solution des problèmes
relatifs aux directions. Afin de se faciliter les moyens de dresser j
des cartes analogues pour toutes les périodes géologiques, M. Elie
de Beaumont a fait graver le canevas de la partie centrale de la
projection dont il s’agit, sur une échelle qui suppose à la mappe-
monde entière un diamètre de 2,546 mètres; les méridiens et les
parallèles y sont tracés de degré en degré; les lignes de division des
feuilles de la carte de Gassini y sont construites avec soin , et une
grande partie des positions géographiques données par la Con-
naissance des Temps y sont également marquées**
M. Elie de Beaumont a mis ensuite sous les yeux de la Société
géologique un nautile trouvé dans les Carrières de calcaire gros-
sier, exploité entre Vigny etLonguesse (Seine-et-Oise). Les cloi-
sons de ce nautile sont très contournées , caractère qui, d’après
M. de Roissy, est propre aux nautiles des terrains récens, et qui
rappelle le nautile des environs de Bordeaux et de Dax. La craie
vient au jour dans la vallée de V igny , et ce relèvement s’aligne
avec ceux de Beaumont-sur-Oise , et de la côte de Marigny près
Compiègne , dans une direction à peu près parallèle à la chaîne
principale des Alpes , et dont le prolongement va traverser la ré-
gion volcanique des bords du Rhin.
M. Constant Prévost offre à la Société , pour ses collec-
tions, une série de roches et de fossiles des formations à li-
gnites du Soissonnais.
II rappelle que, dans la séance du 4 juin dernier, il a cru
devoir reproduire l’opinion par lui émise depuis long-temps
avec M. Desnoyers, que la plupart des dépôts argileux et à
lignites exploités pour l’amendement des terres , depuis
Epernay jusqu’aux environs de Soissons et de Laon , sous le
nom de cendres pyriteuses , ne doivent pas être confondus
avec l’argile plastique inférieure au calcaire grossier. A cette
occasion, M. Elie de Beaumont, ayant annoncé avoir de fortes
raisons pour être d'un avis contraire, et pour continuer àcroire
SÉANCE DU l6 JUILLET l8&2.
4 47
que les lignites du Soissonnais doivent être regardés comme
inférieurs au calcaire grossier ; M. Constant Prévost a, dans
la séance du 18 juin, développé les motifs sur lesquels se
fondent les doutes quila précédemment exprimés ; prenant
pour exemple les terrains d’Alum-Bay et d’Headen-Hill ,
dans file de Wight , qui offrent divers étages de dépôts ar^
gileux et à lignites, il a fait voir, par la comparaison des
espèces et par le mélange de coquilles marines et fiuviatiles,
que les formations à lignites du Soissonnais et d’Epernay ont
les plus grands rapports avec celles d’Headen-Hill , dont là
position au-dessus du London-Clay qui représente le calcaire
grossier n’est pas contestable.
D’un autre côté, pour soutenir son opinion , M. Elie de
Beaumont, dans la séance du 2 juillet , a lu de nouvelles ob-
servations sur les lignites du Soissonnais, qu’il ne regarde
plus comme inférieurs au calcaire grossier, mais comme sub-
ordonnés à la partie inférieure de cette formation.
M. Constant Prévost annonce 11’avoir rien à ajouter aux
développemens qu’il a donnés précédemment dans la séance
du 18, Mais il fait remarquer : i° qu’il a toujours distingué
dans le Soissonnais, comme aux environs de Paris et dans
Plie de Wight , le système argileux contenant des lignites, et
très rarement des coquilles (Noyer, La Fère , Gisors, Dreux ,
Vanes, Gentilly, Alum-Bay) qui constitue la formation
d’argile plastique de MM. Cuvier et Brongniart, de plusieurs
systèmes argileux et également à lignites, mais contenant un
mélange presque constant de coquilles marines et fiuviatiles
qui lui paraissent subordonnés au calcaire grossier et même
au gypse (Vaux-Buin, Osly, Epernny, Varangevilie, Bagneux,
Vaugirard, Montmorency, Belleville, Hcaden-Hill).
Et c’est à ces derniers systèmes que, selon lui , appartient
nent la plupart des lignites exploités dans les vallées du Sois-
sonnais.
2° Que les observations de M. Elie de Beaumont ne s’ap-
pliquent probablement qu’au premier système, puisque ce
géologue n’a pas rencontré dans les localités qu’il a visitées,
les fossiles que M. C. Prévost met sous les yeux de la Société.
5° Qu’cnûn, M. Elie de] Beaumont ne regardant plus
448 SÉANCE DU l6 JUILLET l83a.
les dépôts à lignites dont il est question comme une
formation d’eau douce indépendante et inférieure au cal-
caire grossier, mais comme étant subordonnés à la partie
inférieure de celui ci, il voit avec plaisir que la première opi-
nion de M. de Beaumont, ainsi modifiée, se rapproche de
celle qu’il a depuis long-temps fait connaître; savoir : que
ces dépôts à lignites sont dus à des cours d’eau fluviatile qui ,
agissant pendant que se formaient le calcaire grossier, le
gypse et le calcaire siliceux, et peut-être long-temps encore
après, ont été intercalés à plusieurs étages dans ces forma-
tions, ce qui conduit à rejeter de plus en plus toute idée de
changemens successifs dans la nature des eaux , pour expli-
quer les alternances de dépôts marins et d’eau douce dont
les terrains des environs de Paris offrent tant d’exemples.
M. Dufrénoy fait ensuite à la Société le rapport suivant
sur une question adressée par M. de La Brosse , maire de
Giron, relative à la nature de certaines marnes.
Le département de l’Indre, composé, sur une grande partie de
sa surface, de formations jurassiques, et de craie, présente de
nombreux plateaux couverts de sables et de fragmens de silex qui
constituent un terrain tertiaire semblable à celui de la Normandie
et du Maine, dont M. Des noyers vous a entretenus dans une de
vos précédentes séances. Le sol de ces terrains tertiaires est en gé-
néral peu fertile , le seigle est le seul grain qui y prospère. Ces
terrains ne sont recouverts que de bruyères et de taillis de mau-
vaise venue. On y voit de distance en distance des fermes isolées,
et, sauf celles appartenant a des propriétaires assez riches pour
faire venir à grands frais de la marne , prise à une assez grande
distance, ces exploitations sont toujours très languissantes.
Depuis quelques années, l’agriculture de ce pays a reçu des
améliorations sensibles, par la découverte de plusieurs marnières,
et les propriétaires fout sans cesse des recherches pour en décou-
vrir de nouvelles; le peu de connaissances de la plupart d’entre
eux en minéralogie et en chimie ne leur permettent pas de recon-
naître, soit par l’aspect de la pierre, soit par des essais docimas-
tiques, si les matières qu’ils trouvent sont de véritables marnes.
Ils sont obligés de faire des épreuves agricoles , qui demandent
toujours beaucoup de temps et entraînent dans des dépenses assez
SÉANCE DU lG JUÉLLET 1 85 2 . 449
grandes; souvent même ces expériences ne sont pas aussi con-
cluantes qu’on devrait le croire , parce que les sols sur lesquels ils
opèrent sont de natures différentes. Il résulte de ces différentes
circonstances, que les personnes qui font ces expériences ne sont
pas toujours d’accord sur la nature des matières qu’ils essaient
comme marnes.
M. de La Brosse , maire de Ciron , désirant avoir des notions
plus exactes sur la nature des marnes , a adressé une lettre à M. le
président de l’Académie de l’Industrie , pour lui demander quels
étaient les moyens de les reconnaître. Il a joint à sa lettre diffé-
rens échantillons de marnes , employées avec avantage dans le
pays où sont situées ses propriétés , et deux suites d’échantillons
de substances présumées être de la marne , provenant des recher-
ches faites en deux points éloignés l’un de l’autre d’une lieue en-
viron. Il ajoute à sa lettre quelques détails sur ces nouvelles mar-
nières , et il dit que les agriculteurs qui les ont essayées ont été
d’avis très différens sur leur nature et sur leur emploi.
M. le président de la Société de l’Industrie a renvoyé à la
Société de géologie la lettre de M. de La Brosse, ainsi que les
échantillons qui y étaient joints , en la priant de vouloir bien faire
examiner ces échantillons par un de ses membres. M. Héricart de
Thury et moi, nous avons été chargés de cet examen, malheu-
reusement peu concluant, parce qu’il ne suffit pas de connaître la
nature de la pierre pour savoir si elle pourra être employée avec
avantage dans l’agriculture.
Tout le monde sait que l’on entend par marnes un calcaire en
général , mélangé d’une certaine quantité d’argile , qui jouit de
la propriété de s’effleurir à l’air , et de tomber en poussière dans
un temps plus ou moins long. Cette dernière propriété est indis-
pensable. C’est elle qui permet de faire un mélange intime de la
matière calcaire avec la terre végétale , et de composer par con-
séquent un sol factice auquel on donne les élémens qui lui man-
quent. Il est impossible de constater cette propriété par des essais
en petit; il faudrait, pour y parvenir, faire des expériences sui-
vies sur des quantités assez considérables.
La seule chose que la chimie puisse nous indiquer, c’est la
composition des substances supposées marnes.
Pour pouvoir émettre une opinion plus positive sur les sub-
stances envoyées par M. de La Brosse , nous avons prié M. le
Play, ingénieur des mines , attaché au laboratoire de l’Ecole des
Mines, d’avoir la complaisance de faire l’analyse, non seulement
de ces substances, mais même des marnes envoyées par M. de La
45o séance du 16 juillet i852.
Brosse comme réputées de bonne qualité, et employées avec suc-
cès dans le pays.
M. le Play a analysé sept variétés de marnes éprouvées dans le
pays ; elles sont pour la plupart très riches en carbonate de chaux;
voici les résultats de ces analyses :
i° Marne pulvérulente blanche ; portant dans la lettre de M. de
La Brosse l’indication, située sur la ligne du courant.
Carbonate de chaux 0,84
Argile . . 0,16
20 Marne blanche pulvérulente , et petits morceaux de marne
terreuse compacte , désignée sous le nom de marne de ly enton-
noir.
Carbonate de chaux 0,97
Argile . . . o,o3
3° Marne blanche pulvérulente sans indication particulière.
Elle perd au feu par la calcination o,43
C’est donc un carbonate de chaux pur avec un pour cent
d’argile.
4° Marne compacte blanche , cassure terreuse ; elle est désignée
sous le nom de marne en pierre éprouvée.
Elle perd au feu par la calcination. . o,458
C’est donc un carbonate de chaux absolument pur.
5° Marne grisâtre en petits morceaux avec parties rougeâtres.
Elle fait avec les acides une très légère effervescence; elle laisse
dissoudre du fer dans un acide faible.
Argile et fer hydraté 0,91
Carbonate de chaux 0,11
Elle a abandonnée un acide faible o,o3 d’hydrate de fer.
6° Marne grise , douce au toucher et faisant pâte avec l’eau.
Même indication que le n° 1 .
Cette dernière substance ne contient pas la moindre trace de
carbonate de chaux.
70 Marnes noires terreuses. Elles ne font pas effervescence : ce-
pendant elles sont regardées dans le pays comme d’une excellente
qualité. Cette circonstance mérite d’attirer l’attention des agri-
culteurs, puisqu’elle prouverait que les argiles sont dans quel-
ques cas d’un usage très utile.
SÉANCE DU l6 JUILLET l85î. 4^1
ESSAIS DÉS SUBSTANCES SUPPOSEES MARNES.
Première marnière n° i , a , 3 , 4 > 5 et 6 , de V envoi de
M. de La Brosse.
Ce sont des argiles grises et blanches, en général peu colorées
par 'hydrate de fer- les variétés blanches se délitent aisément
dans l’eau en dégageant des bulles de gaz. Les acides concentrés
leur enlèvent une assez grande quantité d’alumine ; la descrip-
tion de chacune des six variétés de cette marnière est donnée dans
la lettre de M. de La Brosse. Aucune d’elles ne fait effervescence
avec les acides.
Echantillon provenant de la deuxième marnière.
Outre les substances supposées marnes, on a joint sous le n° 7
un échantillon de la terre formant le sol. Elle a été prise à 400
mètres de la marnière; cette terre ne donne aucune trace d’effer-
vescence avec les acides ; elle est donc de meme nature que les
échantillons envoyés comme marnes.
Les échantillons de la deuxième marnière sont de deux sortes ,
les uns désignés par M. de La Brosse sous le nom de marnes en
terres , et les autres de marnes en pierres.
Les échantillons de cette marnière n’ont , comme ceux de la
première, donné aucune trace de carbonate de chaux , «on plus
que le sol des environs ; la variété dite de pierre paraît au pre-
mier coup d’oeil être une marne terreuse; ce n’est autre chose
qu’une argile assez douce au toucher, et qui fait légèrement pâte
avec l’eau. ,
Nous terminerons cette note par quelques réflexions sur les en-
grais. O11 reconnaît assez généralement que les marnes calcaires
s’emploient dans les terres franches et fortes, auxquelles elles don-
nent de la légèreté, tandis que les marnes argileuses conviennent
aux terres légères et sablonneuses. Ainsi l’analyse des échantillons
des deux nouvelles marnières ne prouve pas du tout qu’elles ne
puissent être d’un emploi utile dans les terres qui les environnent.
Les échantillons dé ces terres ont prouvé, il est vrai, qu’elles
étaient assez argileuses, et qu’elles ne manquaient pas de consistance
lorsqu’elles étaient humides; mais il est absolument impossible de
juger de la qualité du sol d’une contrée, par l’examen de quelques
grammes de poussière , sur lesquels on a dû opérer.
Quoique les bons effets des marnes argileuses soient bien con-
statés dans certains cas , il est certain que les marnes calcaires sont
452 SÉANCE DU 16 JUILLET l85a.
d’un emploi fréquent et beaucoup plus général. Elles réagissent
d'une manière toute particulière sur les fumiers qu’on emploie
conjointement avec elles. Elles déterminent par la présence de la
chaux la transformation des engrais animaux et végétaux en
acide ulmique , qui paraît être un des excitans principaux delà vé-
gétation. L’acide carbonique, devenu libre, est lui-même un
autre excitant très énergique. Les marnes argileuses, au con-
traire, ne peuvent en aucun cas exercer un genre d’action ana-
logue.
Si des expériences nombreuses ont constaté que la marne grise
argileuse, dont nous avons parlé sous le n° 6, est employée avec
avantage pour l’amélioration du sol, il résulterait de l’examen qui
a été fait des produits des deux marnières nouvelles , que ceux-
ci pourraient être utiles dans les mêmes circonstances. Mais ,
dans tous les cas , ces marnes argileuses ne peuvent en aucune
manière remplacer les marnes proprement dites , c’est-à-dire la
variété blanche en pierre ou pulvérulente qui fait effervescence
avec les acides.
C’est peut-être ce qui explique les opinions diverses au sujet de
l’emploi de ces marnes, emploi qui vraisemblablement aura été
fait dans des circonstances différentes.
M. de La Brosse demande un procédé sûr pour reconnaître les
marnes et les pierres qui conviennent à chaque espèce de sol. La
solutionne ce problème est en effet de la plus haute importance
pour la contrée ; mais cette solution ne pourrait être évidemment
trouvée que sur les lieux mêmes , après une étude approfondie
des circonstances locales.
Cependant , comme l’analyse des marnes éprouvées montre
que dans les environs de Leblanc , les marnes calcaires sont de
beaucoup les plus répandues , et que leur emploi est plus géné-
ral on doit surtout recommander les recherches de celles qui,
étant pulvérisées , font une très vive effervescence avec le vinaigre
fort ou mieux avec l’acide nitrique; les meilleures seront les va-
riétés blanches, qui , tout en ayant une consistance terreuse qui
leur permette de se déliter facilement , ne laissent qu’un faible
résidu quand on les met en digestion avec de l’acide en excès
c’est-à-dire, ajouté jusqu’à ce qu’il ne se produise plus d’effer-
vescence.
FIN DU TOME DEUXIEME.
T AB E E A U INDICATIF
DES DONS
FAITS A
LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE
DE FRANCE,
depuis la 17 mars ï 85 o, jusqu’au r' août 1 83a ,
(Disposé suivant l’ordre alphabétique des donateurs).
— *==œ^
donateurs . cartes , coupes ? etc.
MM.
bailwiïeweauedz. Mémorial encyclopédique et progressif des con-
naissances humaines. N09 3 ( mars i83i) à 19.
( juillet i83a ). In-8°, Paris.
BfSADMOHn’ (ÉtlE DR) EX
DWaEKOY Mémoires pour servir à une description géolo-
gique de la France. T. I j in - 8°, 469 pages,,
9 planches.
BB*ETi(M.ExnB«,«ED). A Catalogue ofthe organic remains ofthecoun-
try ofWilts. Warminster., .1801 ; nwpV 18 pi..
bowhiaïib (dk) Notice sur les diverses recherches de houille en-
t reprises dans le département du Pas de- Calais ,
et spécialement sur celle s de Mouchy de -Preux]
près Arras s précédée d’un aperçu sur les ter-
rains houillers du nord de la France. Extr. du
Journ. des Mines. ,T. 26.Déc. 1809; in.8», 32 p.
Essai géognostique sur l’Ergebirge , on sur
les montagnes métallifères de la Saxe. Paris
1816; in~8°.
Mémoire sur les filons. ( Extr. du Nouv. Dict.
d’Hist. nat, 2e édit. T. XI. ) In-8% 1817.
Soc. géol. Tome II.
5o
DONS FAITS A LA SOCIETE
Mémoire sur la houille. ( Extr. du Nouv. Dict.
d’Hist. nat. ae édit. T. XV.) In-8°. 1817.
Résumé sur les mines . (Extr. du Nouv. Diction.
d’Hist. nat. 2e édit. T.XXI. 1818. ) In-8° de
93 pages.
Roche. ( Article extr. du 3o* vol. de la 2* édit,
du Nouv. Diction. d’Hist. nat.. 1819.) In-8 ,
84 pages.
Aperçu géognostique des terrains. ( Extr. du
Nouv. Diction. d’His. nat. 2* édit. T.XXXIII.)
Paris 1819, In-8° de 256 pages.
Notice géognostique sur la partie occidentale du
Palatinat. ( Extr. des Ann. des Mines, T. VI. )
Paris 1821. Un cahier in-8®.
Notice sur le Hartz. (Extr. des Ann. des Mines.
T. VII. ) Paris 1822. In-8°.
Notice sur une formation métallifère observée
récemment dans V ouest de la France . Extr.
des Ann. des Mines, T. VIII.) Paris 1823.10-8°.
Notice géognostique sur quelques parties de la
Bourgogne. Paris 1825. In-8° avec 2 pl.
Notice sur la constance des faits géognostiques
qui accompagnent le gisement du terrain Ar-
kose à lest du plateau central de la France.
Paris 1828. In-8°, 106 pag. , 3 pl.
Mémoire sur les gîtes de -manganèse de Roma -
nèche. ( Extr. des Ann. des sc. nat. Mars
1829. ) Un cahier in-8° avec 1 pl.
Traité de géognosie , par M. d’Aubuisson dk
Voisins ; 2 vol. in-8° avec coupes. 1819.
BOtiBÈB. ( Niais)* • à » Tableau de V état du globe à ses différens âges >
basé sur l'examen des faits j ou résumé sy-
noptique du cours de géologie de V auteur.
Une feuille. i852.
Recueil d' itinéraires pour servir de guide au
minéralogiste , au conchylio logis te et au géolo-
gue , dans toute la France ; accompagné d'un
bulletin de nouveaux gis e mens , etc. Prera.
demi-livr. In-*3. Paris i832.
Relation des expériences physiques et géologi-
ques faites au lac d'Oo> près Bagnères de Lu -
454
bonnard (db).
BOUBÉE.
boué ( Ami)
GÉOLOGIQUE DE FRANCE.
455
chon , suivie de L'itinéraire du naturaliste de
Bagnères au Lac. Paris i832. In-18, 4o pag. ,
9 P1-
• Essai géologique sur l'Ecosse. Paris. In-8° , 5ig
pag., 9 pl. i3 exemplaires.
Mémoires géologiques. Prem. vol. contenant
des considérations générales sur la nature et
l’origine des terrains de l’Europe. In*8°, i832.
Protogœa , de Leibnitz. — Gœttingue 1749* In-4°>
86 pag. , 12 pi.
Nachtrag zu den geognoslichen Beobachtungen
and Erfahrungen. — Supplément aux obser-
vations géognostiques. Par M. Sartorius. —
Eisenach 1823. In-8®, 24 pag. , 1 carte.
Versuch einer geognostischen Darstellung , etc.
— Essai d’une description géognostique des
contrées des bords inférieurs du Neker , près
de Heidelberg. Par le docteur R. Bronn. In*8°,
128 pag. , 1 carte. 1827.
Second voyage de deux Anglais dans le Péri-
gord, et leur pèlerinage à Rocamadour. Péri-
gueux 1828. In-12.
Descriplionde trois genres nouveaux de coquilles
fossiles du terrain tertiaire de Bordeaux , sa-
voir : Spiricella, par M. Rang. Gratelupia et
Jouannetia ; par M. Ch. Desmoulins. In-8% 1828.
Mémoires pour servir à la description géologique
des Pays-Bas , de la France et de quelques
contrées voisines ; par M. o’Omalius d’Halloy.
Namur, 1828. 1 vol. in-8° de 307 pag. 1 pl.
Mémoires de la société linnèenne de Normandie ;
publiés parM. de Gaumont. Caen 1829. Prem.
vol. prem. part.; in-4°«
Distribution technique des pierres précieuses ,
avec leurs caractères distinctifs ; par M. le
comte Georges de IIazoumowsky. Vienne i8a5.
ln-8°.
Revue des observations faites dans l'Odenwald;
par M. Klipstein. Darmstadt 1829. In-4°; 18 p.
Traité élémentaire de géologie ; par M. J. -A#
Deruc. Paris 1809. In-8° , 3p5 pages.
456
BOUÉ (AMI) ....
dons faits a la société
. . . Carte géognoslique de VOdenwald et des con-
trées voisines ; par M. Klipstein. i grande
feuille, publiée à Darmstadt.
Journal des Mines. Les 44 premiers n°*.
Quarante- quatre lettres de divers géologues et
d’autres savans naturalistes , pour la collection
d’autographes que forme la Société.
Deux portraits lithographiés , l’un de M. de
Humboldt , l’autre de M. le professeur Mohs,
de Tienne.
bronghiart ( Alex. ). Tableau théorique de la succession et de la dis -
BUCB (de)
CAOIHOWT (db). .
position lapins générale enEurope des terrains
et roches qui composent la croûte du globe, ou
description graphique du tableau des terrains .
Paris i83i. Une feuille.
Essai sur les orbicules siliceux et sur les formes
à surface courbe qu’affectent les agates et les
autres silex. Paris i83r. In-8°, 4opag- •> 4pJ*
Mémoire sur une excursion à Londonderry , Ti-
rone et Downe en Irlande ; par M. Giesecke.
ïn-8°.
• • . Carte physique de Vile de Ténériffe . Paris i83i.
• • • Revue normande , rédigée par une société de sa-
vans et de littérateurs de Rouen , de Caen et
des principales villes de la Normandie , sous la
direction de M. de Caumont. Caen î83i. Prem.
vol., Ire, IIe et IIIe parties. In-8°.
Essai sur la topographie géognoslique du dépar-
tement du Calvados. Paris 1828. In-8° de3i2
CORBIEU
pag. avec atlas in-4° contenant 7 pl.
Carte géol. du dép. du Calvados f dressée en i8a5.
. . . Instruction pour les voyageurs et pour les em-
ployés dans les colonies , sur la manière de
recueillir, de conserver et d’envoyer les objets
d’histoire naturelle; rédigée par l’administra-
tion du Muséum d’hîst. nat. Paris 1829. In-8°.
Extrait de plusieurs lettres de M. Jacquemont
voyageur-naturaliste du Muséum , en mission
aux Indes-Orientales. (Extr. des Nouv. ann.
du Muséum d’histoire naturelle. T. I. ) In-4%
19 pages.
GÉOLOGIQUE DE FRANCE. 457
deprawce Tableau des corps organisés fossiles. Paris 1824*
In-8».
Coupe générale des terrains des environs de Pa-
ris y d’après la géographie minéralogique de
ses environs , par MM. Brongniart et Cuvier.
Paris 18 13.
Portrait gravé de M. Def rance. 1827.
delcros Nivellement barométrique de la Forêt Noire , ou
Schwartzwald et de ses environs ; exécute' et
publié par M. Michàelis. (Extr. de l’Herta de
1827, par M. Delcros. Un cahier in-8«.
uelfgrt Statistique du département du Lot : ouvrage cou-
ronné par l’académie des Sciences. Paris i83i.
T. I. In-4° de 554 pages.
«essayes Description des coquilles fossiles des environs de
Paris. Les 12 prem. livrais. in-4° cont. 48 pl.
Description des coquilles caractéristiques des
terrains. Paris 1 83 1 . In-8° ; 264 pag. i4 pl*
Table au d’une classification des mollusques acé-
phalés ( Bivalves ) , extrait de l’Encyclopédie
méthodique.
Une grande planche lithographiée , représentant
le Cerithium giganieuniy de grandeur naturelle.
sîesîcoyers ( J clés ) . . Notice sur le bois fossile à odeur de tniffes.Va.ris
1822. In-4°avcc 1 pi. double.
Observations sur quelques systèmes de la forma-
tion oolithiquc du nord-ouest de la France y et
particulièrement sur uncoolithe à fougères de
Mamers , dans le départ, de la Sarthe. Paris
i825.(In-8a) ; 72 p., 1 carte et 2 pl. doubles.
Mémoire sur la craie et sur les terrains tertiaires
du Cotentin. Paris 1825. In-4°. 80 p., carte et
coupes.
Observations sur un ensemble de dépôts marins
plus récens que les terrains du bassin de la
Seine , et constituant une formation géologique
distincte ; précédées de considérations sur la
non-simultanéité des bassins tertiaires. Paris
1828. Iu-8°, i36 pag.
Traité des pierres , de Théophraste , traduit du
grec par Hu-l. Pari? 1754. Iu-8°, 187 pag.
458
DESNOYERS (Jules). .
D^ORBI&ety. (Alcide).
DDPERREY
7ÉRUSSAC (de). ,, ,
DONS FAITS A LA SOCIETE
. Lettres sur la minéralogie , la géologie , et sur
divers autres objets de Vhistoire naturelle de
V Italiey écrites par Ferber à Born, traduit de
l’allemand par Dietrich. Strasbourg 1776.
In-8°, 507 pag.
De systematibus miner alogicis , par Wàllerius.
In-8% i5î pag., 1778. (C’est la première et la
plus complète histoire des systèmes minéralo-
giques antérieurs au 19e siècle. )
Essai sur la théorie des volcans d3 Auvergne,
par M. de Montlosier. In-8°, 184 pag. 1802.
Aperçu général des mines de houille exploitées
en France. Par M. Lefebvre* Paris i8o3. In-8°,
l37 Pa8*
Observations minéralogiques et géologiques sur
les principales substances du département du
Morbihan, du Finistère , et des Côtes-du-Nord.
par M. Bigot de Morogues. Paris 1810. In-8%
i57 Pa§-
Observations avec rèjlexions sur V état et le s phé-
nomènes du Vésuve pendant une partie des
années i8i3 et i8i4> Par M. Mesnard de la
Groye. (Extrait du Journal de Physique.
Paris i8i5. In-4°> 112 p.
Mémoire sur un nouveau genre de coquilles de la
famille des solénoides (panopée).Par M. Mes-
nard de La Groye. In-4®, 1 1 pag., 1 planche.
Mémoires sur les bitumes, leur exploitation et
leurs emplois utiles. Par M. Payen. Paris 1824.
In-8°. 64 pag.
. Tableau méthodique de la classe des céphalo-
podes, et rapport fait sur cet ouvrage à V Aca-
démie des Sciences. In-8°, 1825.
. Carte de la configuration de V équateur magné-
tique.
. Bulletin des Sciences naturelles et de Géologie.
Année i83i. 12 cahiers. Les volumes des
années antérieures , formant la collection
complète , ont été donnés à la Société par plu-
sieurs membres de Paris qui avaient ouvert
une souscription à cet effet.
GEOLOGIQUE DE FRANCE.
459
SXEURIAU DE BELLE-
VUE Notice sur la température d’un puits artésien ,
entrepris à la Rochelle en 1829. In-8° , i83o.
Dessin de fossiles remarquables des terrains
jurassiques de la Répentie , près la Rochelle .
CA&jhot Revue encyclopédique . Paris, mai et juin 1832-
In-8°, 347 pag.
GiHARmK Considérations générales sur les volcans 3 et exa-
men critique des diverses théories qui ont été
successivement proposées pour expliquer les
phénomènes volcaniques. Rouen i83i. In-8°.
Rapport sur l’emploi de la gélatine des os dans
le régime alimentaire des pauvres et des ou-
vriers. Rouen i83i. In-8°.
graves Précis statistique sur les cantons de Creil , Nan-
teuil le Haudouin , Nivillers , Auneuil , Chau-
mont , Estrées St-Denis et Froissy ( Oise).
5 vol. in-8° avec cartes. ( Extr. des Annuaires
du de'parternent de l’Oise , de 1827 à i83i).
gerault Tableau des terrains du département du Calva-
dos. Caen i832. In-8° ; 192 pages.
hériOart de thury. Rapport fait à la société d’encouragement pour
l’industrie nationale , sur le procédé proposé
par M. Brard , pour reconnaître immédiate-
ment les pierres qui ne peuvent point résister à
la gelée , etc. Paris 1824. In-4°î 34 pag. 1 pi.
Discours d’installation de la société d’horticul-
ture de Paris. Paris 1827. In-8°; 28 pages.
Programme d’un concours pour le percement
des puits forés , suivant la méthode artésienne,
suivi de considérations géologiques et physiques
sur le gisement de ces eaux , etc. Paris 1828.
In-8° ; 2 planches.
Notice historique sur la plantation de la montagne
de Saint-Martin-le-Pauvre , entre Thury et
BoulardÇ Oise). Paris 1829. In-8°.
Rapport sur le concours ouvert pour le percement
des puits forés. Paris i85o. In-8°; 2 pi.
Notice sur les recherches entreprises à Luzarches,
et sur le degré de possibilité d’y trouver une
mine de houille. Paris iS3o. In-8° ; 5pl.
Extrait du rapport fait à la société d’ encourage-
460 BONS FAITS A LA SOCIETE
héricart de thory. ment , sur le concours ouvert pour rétablisse -
ment des puits forés. Paris i83o. In-4°.
Du dessèchement des terres cultivables sujettes à
être inondées. Paris i83i. In-8°; 76 pag.
herkanndemeïir • Mémoiresur des pétrifications. (Extr. des Actes
de l’acad. des curieux de Ja nat. In-4° ; i44p*
8 planches. i832.
hœninghaus Description et catalogue de sa collection , réunie
au Musée de Bonn. Grefeldz 1800. 3 cah. in-8°.
jACE-SOar bx Francis
alger Remarks on the minerahgy of the Peninsula of
JYovaScotia, etc. Observations sur la minéralo-
gie et la géologie de la péninsule de la Nouvelle
Ecosse. Cambridge i832. In*40; n5 p. 1 carte.
JOURNAUX V Européen, journ. des sc. moral, et économiq.,
(paraissant tous les samedis). Nos 6 à 32.
Le Lycée. Journal des sciences et des sociétés
savantes ; par MM. Saigev et Raspail. Les4i
prem. n09. Paris i832. In~4°.
Journal de géologie ; par MM. Bodé , Jobert et
Rozet. Les 5 prem. vol. en 12 livrais. in-8°.
Parisi83o à i83i.
Gazette littéraire et universelle d’iéna: par M.
Keferstein ; 2 n03. i832.
Bulletin de la Société géol. de France. Tom. I, 246
p. i83o- i83i. Tom. II, 467 p., 3 pl. i83i-i832.
kloden *. Beitrage zur miner aiogischenund geognostischen
Kenntniss der Mark Brandenburg. — Observa-
tions pour avancer la connaissance minéralo-
gique et géognostique de la Marche de Bran-
debourg. Berlin 1828 a i83o. 3 cah. in-8°.
Ueberdie Gestaltunddie Urgeschichte der Erde.
— Sur la forme et l’histoire ancienne du globe.
Berlin 1829. In-8° ; 8 pi.
keferstein. Teutschland geognostiche dargeste/lt, etc. —
Description géologique de l’Allemagne. 20
cah. in-8°, avec cartes et coupes. 1821 à iS32.
Tabellen iiber die vergleichende Geognosie. —
Tableaux de géognosie comparative. Hall
1825. In-4°i 60 pages.
Ueber die Ursachen der regelmassigen B arôme t
GÉOLOGIQUE DE FRANCE. 46 1
keferstexn. ter Schwankungen. — Notice sur les causes des
oscillations régulières du baromètre. In-4°;
10 pages.
Geognostische Bemerkungen uber die basaltis -
chen Gebilde des westlichen Deutschlands. —
Observations sur les formations basaltiques de
l’Allemagne occidentale. Hall 1820. In-8*;
207 Pag- 1 P^
x.a bêche (de) Geological notes. — Notes géologiques. Londres
i83o. In-8° ; 109 pag. 2 pl.
Sections et view s of illustrative of geological
phœnomena. — Coupes et vues explicatives
des phe'nomènes ge'ologiques. Londres i83o.
In-4°; 71 pag. 4o pl.
A geological manual. — Manuel de ge'ologie.
Prem. édit. i83i , deux, e'dit. i832j In-8°
avec vignettes.
leyuxerie Essai sur les pyrites des environs de Troyes.
ln*8° ; 24 pag. i83o.
Coup d'œil sur les terrains du département de
CAube. Troyes i83o. In-8°; 18 pag.
lockhart Description des ossemens fossiles d'Avarai.
Orléans 1829. In-8° ; 8 pag.
Notice sur les ossemens fossiles d'Avarai. In8° ;
12 p. Orléans 1827.
LOunonr Magasin d'histoire naturelle , ( journal de zoo-
logie , botanique , minéralogie et météorologie.
N°» 25 et 27. Londres i83a. In-8°.
LYEX.X. et Mürchxson. Sur les dépôts lacustres tertiaires du Cantal , et
leurs rapports avec les roches primordiales et
volcaniques. ( Extr. des Ann. des sciences nat.
Oct. 1827 ). I11-80.
BÏICHELÏÏST ( IIardouin). Rapport fait à la société d'encouragement , au
nom d'une commission spéciale ; parM. Mal-
let, sur le ciment découvert à Pouilly , en
Auxois (Saône-ct-Loire ), par M.Lacordaire.
Paris 182g. In-4°; 22 pag.
De l'art dufontainier sondeur , et des puits arté-
siens ; par M. Garnier. Paris 1822. Iu-4° ;
i43 pag. igpl.
Portrait de J. -B. Sage , ne' à Paris , le 7 mai 1740.
Lithographie contenant plusieurs coquiUes fos-
46* DONS FAITS A LA SOCIETE
siles , du terrain tertiaire , de'crites par M.
MICHELIN.
NORREN Mémoire pour servir aux éloges biographiques
des savans de la Belgique. In-4°i 19 pag.
1 pî. Gand i832.
munster* • * . • . . Berner kungen zurnahern Kenntniss derBelem-
niten. — Observations pour la connaissance
plus parfaite des belemnites. Bayreuth i83o.
In-4° ; 18 pag. 2 pl.
XJeber einige ausgezeichnete fossile Fischzaehne ,
etc. — Sur quelques dents fossiles remarqua-
bles de poissons dans le Muschelkalk de Bay-
reuth, In*4°; 4 Pag* 1 pb Bayreuth i83o.
Appendice au mémoire du professeur Goldfuss ,
sur l’Ornithocephalus Munsteri (Goldf,). Bay-
reuth i83o*In-4° >8 pag. îpl.
Description d'une nouvelle espèce du genre
Pterodactylus de M. Cuvier , ou Ornithocepha.
lus deSommering. Bayreuth i83o. In-4#; i*
pag. i planche.
Lithographie d’une tortue d’eau douce fossile,
trouvée dans le schiste calcaire di Solefthofen.
1831.
MURCB180N*. . . . . . Rapport annuel sur les travaux de 1 83 1 delà
société géologique de Londres. In-8*; 36 pag. ‘
Sur un renard fossile découvert à OEningen , près
Constance , avec une description du terrain
qui le contient. Lond. i832. In-4° ; i4 P* 2 pb
Carte géol. de la structure des Alpes orientales.
XPOMALXUS s^allot. Elémens de géologie. Paris i83i. In-8° ; 558 pag.
passy (Antoine) .... Annuaire pour le département de l'Eure , pour
1832. In-12.
Discours prononcé à la société d3 agriculture ,
sciences , arts et [belles-lettres du départe-
ment de l'Eure. i83o.
PREVOST ( Constant). . Observations sur les grès coquiïliers de Beau-
champ. ( Extr. du journ. de physique. Fe'vr.
i832 ). In-4° } 18 pàg.( 6 exempl. )
Observations sur Slonesfield. Paris 1825. In-8°.
Notes sur un nouvel exemple de la réunion de
coquilles marines et de coquilles fuviatiles
GÉOLOGIQUE DE FRANCE. 4^5
frévost (Coustakt). fossile s dans le s meme s couches . Paris 1821.
In-4°; 12 pag.
Essai sur la constitution physique et géogno s ti-
que du bassin à Vouverture duquel est située
la ville de Vienne en Autriche. (Extr. du Journ.
de physiq. Nov. i82o).In-4°; 33 pag. 1 pl.
Rapport fait à V académie royale des sciences ,
par M. Brongniart ( déc. 1820), sur le mé-
moire précédent. ln-4°; 7 pag. (6 exempl. )
Extrait d’une lettre adressée de Malle , par
M. C. Prévost , à P Acad* des Sciences , sur le
nouvel îlot volcanique de la mer de Sicile . 1 83 1 .
Rapport fait à l’académie des sciences , sur le
voyage à l’île Julia^en i85i et i832y par
M. C. Prévost. Première partie.
Mémoire pour servir à l’histoire naturelle , et
principalement à l’oryctographie de l’Italie et
des pays adjacens , par M. Albjjrt Fortis.
Paris 1802. 2 v. in-8° de 3oo à 4oo p., avec pl.
Atlas géologique de Smith , contenant 4 grandes
cartes géologiques des comtés de Norfolk,
Kent , Wilts etSussex. Londres, 1819 a 1821.
rakoumowsky ( Lb
comte Geohges de ) . . Observations minéralogiques sur les environs de
Vienne. i832. In 4°; 58 p. 10 pl.
Sept dessins inédits , contenant un nouveau
genre curieux de polypier appelé Tubulipore
par M. Razoumowsky , et que M. Fischer a
surnommé Chaetites.
roulland Six planches lithographiées , représentant des
figures des polyconites , sphérulites et ophi*
lites, décrites par lui.
Rozet . Cours élémentaire de gèognosie , fait au dépôt
de la guerre. Paris i83o. In-8° ; 460 pag. 7 pl.
Notice gèognostique sur quelques parties du
département des Ardennes et de la Belgique.
Paris 1829. In-8° ; 4i pag. 1 coupe.
Description gèognostique du bassin du Bas-Bou
lonnais. Paris 1828. In-8»; 120 pag. 1 carte.
fcCHWEninr Geognostische profile. — Profils géognostiques.
Munich 1828, In-8* avec 6 pl.
DONS FAITS A LA SOCIETE
464
SEDGWICK ET mtJR-
Esquisse de la structure des Alpes autrichiennes.
Londres 1800. 34 pag. 1 pi.
Discours prononcé le 18 février i83i à la société
géologique de Londres sur les travaux de
Vannée i83o.In-8.
somter wxllemet. . Observations sur quelques plantes de France ,
suivies du catalogue des plantes vasculaires
des environs de Nancy. 1828. In-8°.
sipekcer smztb. . . . Coup d’ceil historique sur V Angleterre , depuis
il\&5 jusqu’en i5og. Caen 1826. In-8°.
STEiDiiBïGrER Observation sur les fossiles du calcaire intermé-
diaire del’Eifel. Trêves i83i. In-4°; 44pag-
studer. . . . . f ... Monographie der Molasse. — Monographie sur
la molasse. Berne 1 85 1 . In-8» ; 427 pag. 2 pl.
SOCIÉTÉS Actes de Ja Société Linnéenne de Bordeaux.
Tom. IV, livraisons 1 à 6 ; tom. V , livraisons
1-2. In-8° i83oà i832.
Bulletin de la Société de Géographie de Paris.
Nos 97 (mai i83i) à 100 (juin i83a). In-8°.
Bulletin de la Société industrielle de Mulhausen.
N°8 17 à 22. In-8° avec pl.
Bulletin de la Société industrielle d’Angers et du
département de Maine-et-Loire . Nos 1 , 2 , 3 ,
iTe année ; n° 1, 20 année. i83o*i83i. In-8°.
Mémoires de la Société d’histoire naturelle de
Strasbourg. Tom. I, première partie. In-4°
17 pl. Strasbourg i83o.
Mémoires de la Société d’agriculture , sciences ,
arts et belles - lettres , du département de
l’Aube . Nos 37 à 40. In 8°. Troyes i83i.
Mémoires de la Société royale des sciences de
l’agriculture et des arts de Lille . Année 1829-
i83o. In-8% 554 p • 5 10 pl.
Procedings of ihe Geolocical Society of London.
N0' 1 à 25. In-8°. 1826-1852.
Transactions of ihe Geological Society of Lon-
don. Tom. III, ire et 2e part. 1829 i832. In-4°.
420 P* 4o pl*
Transactions of the Cambridge Philosophical
Society , Tom. III, ir#2c et3e part. 1829-1830.
GÉOLOGIQUE DE FRANCE. £6$
In-4°. 448 p.,9pl. Tom. IV, ire et 2e part.
i83i-i832. 322 p., 6 pl.
Abhandlungen der natur for schendert Gesells-
chaft, etc. (Mémoire de la Soc. d’hist. nat. de
Gorlitz).2 vol in-8°; 2 pl.
Mémoires de la Société d'histoire naturelle de
Marbourg. In-8°. i83r; 258 p. i pl.
Quatre dessins, dont deux représentent une figu-
rine et une lampe antique trouvées dans la ca-
verne du fort, près de Mialet , et les deux au -
très , une tête humaine trouvée dans la même
caverne.
Description géognostique du bassin inférieur de
l'Aude et de laBerre. In-89,47pag. une carte.
Beschreibung der heidnischen Begrabniss-
plaelze , etc. Description de quelques lieux de
se'pulture païenne , près de Zilmsdorf, dans la
Lusace supérieure. In-8% 4 pl* Gorlitz i83o.
Essai sur les soulèvemens jurassiques du Po.
rentruy, etc. In-4°; 84 p. 5 pl. — (Ext. des
mém. de la Soc. d’hist. nat. de Strasbourg).
i832.
Notice sur MM. de Gallois , ingénieur en chef des
mines , et J. Bessy, maître de forges. In-8°; i4p.
Système de Hutton sur la théorie de la terre ,
expliquée par Plàyfair , et combattue par
Murray. In-8° j 662 pag. avec figures. Paris
i8i5.
Voyage au Montamiata et dans le Siennois3 con *
tenant des observations nouvelles sur la for-
mation des volcans, et sur l’histoire géologi-
que etc. , de cette partie de l’Italie. Par
M. Georges Sànti. 2 vol. in-8°. Lyon 1S02.
Essai géologique. Par M. Dufour. In-8* -, 28 pag.
Paris 1821.
Essai sur la théorie des volcans d'Auvergne.
Par M. de Montlosier. 1788. ir0 édition.
Tableau général du commerce de la France ,
avec ses colonies et les puissances étrangères
pendant l'année i83o. In-4° ; 71 p.
466
WAH-DER»
WSXSS. . •
WILLIAMS
DONS FAITS A LA SOCIETE
■maelen. . Dictionnaire géographique de la province de
Liège , etc. In-8° ; Bruxelles i83i.
Sud-Baierns Oberflache , etc . Description ge'o-
gnostique et topographique de la Bavière mé-
ridionale. Munich 1820. In-8°, 2 pl.
sers. . . Untersuchungen iiber die Tempe ratur Verhalt-
nisse der Schwabischen Alp. Recherches sur
les rapports de la tempe'rature de PAlpe de
Souabe. Tubingen i83i. In»8°.
\
GÉOLOGIQUE DE FRANCE.
467
DONATEURS.
BOCHES
ET CORPS ORGANISES.
sa
§1
« g
MM. •
bénard • • Fragmens de roches ayant l’apparence de
bois silicifiés , de la baie d’Oran
Bertrand GESLiw. . Roches et fossiles de l’ouest de la France ,
d’Angleterre, d’Italie, etc
boué. Roches des Alpes, de l’Autriche et de la
4
■294
Bavière
Roches du sol tertiaire de l’Autriche
Roches du sol tertiaire de la Gallicie. . . .
Roches des localités géognostiques remar-
quables de l’Europe
Fossiles des localités géognostiques re-
marquables de l’Europe
bqrclabs Suite intéressante de Coprolites du Lyas,
de Lime Regis, tant en moules qu’en
nature
deshates Suite de roches et de fossiles de la Belgique.
BESNOTERS Silice pure , hyrophanique , en nodules
friable s, dans une argile verdâtre ter-
tiaire, qui remplit des cavités de la craie
marneuse inférieure, de la marnière de
la Mariette près de Bellesme ( Orne ). . .
d^orbigbit (Chahees). Fossiles des terrains jurassiques des envi-
rons de La Rochelle ( Gharente-Inf. )
140
40
20
977
600
46
33
10
20
ELEURXAU DE BELLE-
VUE Fossilles des terrains jurassiques de la
Repentie , près La Rochelle (Charente-
Inférieure )
hoeninghaus. .... Corps organisés du calcaire de transition
des environs de Gerolstein (Eiffel ). . ,
de la bêche Fougères arborescentes de la Jamaïque ,
longues de 17 pieds, et garnies de leurs
feuilles et racines
la joie ( Friux ). . . . Roches et fossiles de Lisy-sur-l’Ourcq et
de Saint - Aulde près la Ferté - sous-
Jouarre (Marne)
40
22
2
7â
468 DONS FAITS A LA SOCIETE GEOLOGIQUE DE FRANCE.
x.a joie (Fiux). Roches diverses (Pyrénées, Fichtelge-
birge, etc., etc. )
de Grès des carpathes , altérés et prismatisés
par la chaleur des hauts fournaux
lOC&art Collection d’ossemens fossiles du Loiret ,
de Loir-et-Cher, et de l’Indre
mxchelïht (Hàrdûuin). Roches et corps organise's fossiles de
Maestricht et des environs
pr±vost (Constant). . Lave du Vésuve, de la coulée de mars i832.
Série de roches et de fossiles des forma-
tions à lignites du Soissonnais
Modèle en plâtre d’un scaphite remarqua-
ble trouvé prés de Senez (Basses- Alpes),
parM. Melchior Yvan.(Le dessin litho-
graphique de ce fossile est joint au
Bulletin , tome 2, page 355.)
robert. (Eugène). . . Calcaire du Jura entre Porentruy et
Bienne
Grés vert de Cluse en Savoie
de roissy. . . . . . . Orbicule siliceux de Fossoy,prés Château-
Thierry (Aisne)
rozet Roches et fossiles des environs d’Alger,
d’Oran et de l’Atlas..
Poissons fossiles d’Oran
TEisssER Ossemens trouvés dans une grotte prés
d’Anduze ( Gard )
tournai. Roches et corps organisés des terrains
tertiaires des environs de Narbonne
(Aude)
vargas (La Comte de). Roches et fossiles de terrains intermédiai- (
res de l’île de Gothland j
vïrbet Roches anciennes de la Morée, et particu- j
lièrement de la chaîne de Taygèle
40
a
i5o
33
1
35
4
5
2
246
23
*7
201
33
65
/
BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE.
TABLE
DES MATIÈRES ET DES AUTEURS
POUR LE DEUXIÈME VOLUME.
PAR M. CLÉMENT-MULLET.
ANNÉE 1831 A 1832.
A
Affaissement du sol près de Ratis-
bonne, p. 8 et 246.
Agates. Leur formation, p. 199.
Alger. Géologie de cette partie de
l’Afrique, p.3o2.
Alpes en général. Fossiles constatant
l’existence de divers étages juras-
siq es , p. 55.
Alpes bernoises. Notice sur ces mon-
tagnes, par M. Studer de Berne,
p. 5 1 , citée p. 286 et 3u. Dis-
position remarquable du gneiss et
du calcaire , p. 53.
Alluvions marines et fluviatiles,
p. 2o3. — Alluvions en Auvergne,
p. 204.
Ammonces , par M. de Munster,
p. 290. — Ammonites mêlées aux
orthocères , p. 42 *•
Amphibole identique avec le py-
roxène, p. 243.
Anduze (Gard). Note par M. Tcis-
sier, sur une grotte à ossemens
près de cette localité, p. 21 et 56.
— Sur la géologie de ses environs,
p: 56.
Animaux. Considération sur les épo-
ques de leur disparition, par
M. Marcel de Serres, p. 45o.
Archives de la Société. Rapport aur
leur situation . p. 34o.
Argile de Kimmeridge dans les Al-
pes , p. 55.
Argile à lignites près d’Epernay ,
p. 63. — Dans le nord de la France,
p 4*6, 4-H et 435.
Argile plastique dans le département
de l’Oise, p. 176. — Sa position
dans diverses localités, p. 4^8.
Asie. Géologie du grand plateau de
cette contrée, par M. de Huni-
boldl , citée p ,3i4,
Auvergne. Considérations sur le»
cratères de soulèvement de cette
contrée, p. 3g5, 4oo et 4o»,
B
Basaltes. Considérés en général et I cette contrée , par M. Rozet , p.
dans leurs variétés, p. 2o5. I 262, 3o5.
Barbarie. Géognosie des côtea de j Bassin , Ce qu'on doit entendre par
&c. géol, Tora. II, 3o
TABLE DES MATIERES
470
ce mot en géologie , page 266.
Beaumont (Elie de). Considérations
sur les cratères de soulèvement de
l’Auvergne, p. 4oo. — Découverte
de dolomie près de Grignon ,
p. 419- — Observations sur l’éten-
due des terrains tertiaires infé-
rieurs dans le nord de la France,
et sur ïe: lignite qui s’y trouve , p.
434. — Note additionnelle, p. 445.
Beauvais. Séance extraordinaire dans
cette ville, p, t. — Coupe du ter-
rain entre cette ville et la ville de
Gournay, p,>a3.
Bêche (De la). Compte rendu de son
Manuel de géologie , p. 355. —
Mémoire sur les environs de la
Spezia , p.
Bertrand-Ges tin. Mémoire sur le ter-
rain de transport du val d’Arno
supérieur, p. 429.
Bordeaux. Note sur les environs de
cette ville, par M. Boue, p. 376.
— Lettre sur le même sujet, par
M. Desmoulins, p. 44o* — Note
de M. Desnoyers à l’appui des
faits énoncés dans cette lettre,
p. 445*- — Observations de M. Du-
frénoy, p. 444*
Boita. Géognosie du Liban et de
FAnti-Liban , p. 289.
Boubée (Nérée). Coupe du terrain
des environs de Neauphle - le-
Ÿieux. — Tableau mnémonique
des terrains primordiaux, p. 321.
- — Conchyliomètre . p. 3is. —
Note sur le post diluvium toulou-
sain, p. 333. — Tableau représen-
tant l’état du globe à ses différens
Calcaire amygdalin. Mémoire de
M. Dufrénoy sur cette roche,
p. 426. — Observations à ce sujet,
p. 428.
Calcaire en général. Sa position par
rapport au gneiss dans les Alpes
bernoises , p. 5a, 54» — Dans la
Sicile , p. 4°6 et 4°7*
Calcaire de Brie. Sa position, p. 27a.
Calcaire d’eau douce à lignités d’I-
liodroma (Archipel) p.346. — Dans
le nord-ouest de la France , p. 4t5
& 4 16,
Calcaire grossier marin dans le depar-
tement de l’Oise? p. to et ia, 276.
âges, p. 348. — Observation sur
un Mémoire de M. Tournai fils ,
p. 362. — Sur les cavernes de Bize,
p. 38a. — Considérations sur le
parallélisme des terrains de trans-
ition, p. 425. — Mémoire sur le
terrain diluvien à blocs erratiques,
et sur le creusement de la vallée
du Rhône, p. 438. — Présentation
à la Société de deux nouvelles es-
pèces de nummulites , p. 444*
Baaè ( Ami). Offre à la Société de fos-
siles et dérochés provenant de di-
verses localités, p. 29. — Avantages
de l’application de la paléontolo-
gie à la géologie, p. 81, 87. Cité
p. 3i5. — Compte-rendu des pro-
grès de la géologie pendant l’an-
née i83 : , p. i33. — Compte rendu
du Manuel de géologie de M. de
La Bêche , p. 355. — Note sur le
terrain des environs de Bordeaux,
p. 576.
B ray (Pays de Bray, Oise ). Axe cen-
tral d’un soulèvement , p. 23.
— Considéré comme un îlot ju-
rassique , p. 287.
Brèches osseuses en général, p. 194-
2 58. — Brèches ferrugineuses dans
le nord-ouest de la France, p.
4 1 G. — Aux environs de Broglie,
p. 4i8.
Brégy. Mémoire sur les grès marins
de cette localité, p. 38 et 276. —
V. Grès marins de Lévignàn.
Bresle . Visite de cette localité par la
Société , et coupe géologique ,
p. i3.
Budget pour l’année i832j p. 117.
Calcaire jurassique supérieur soulevé
dans le département de l’Oise ,
p. 23. • — Calcaire jurassique dans
le dép. du Gard, p. 5y et 58.
Calcaire tertiaire remarquable à La-
versine (Oise) , p. i4*
Cartes géologiques publiées en i83i,
p. 179. — Carte géologique de
France , citée p. 32 1.
Cavernes dans les micaschistes de
File Thermia , p. 329. — Conjec-
tures de M. Virlet sur l’origine de
ces cavernes , p. 33 1.
Cavernes à osseméns. Considérées en
général, et travaux publiés â Ce
!ET DES AUTEURS.
sujet , p. 193 et 25a. — Note par
M. Teissier sur une caverne à os-
semens près d'Anduze (Gard) ,
p. 21 et 2.56. — Cavernes à osse-
mens du midi de la France ^con-
sidérées sous le rapport historique,
p. 126. — De Bize, p. 38o. —
Remplissage des cavernes, p. 247
et 25i. — Considération sur -l'ori-
gine des cavernes par M. Virlet,
p. 33o. — Cavernes d’Antiparos et
de Jupiter âNaxie (Grèce), p. 333.
Celles , race celtique , race caucasi-
que, p. 119, 126 , 194? 262 , 257,
372 , 38i. — V. aussi au mot
Homme.
Clément - Mallet. Communication
d’une tête humaine celtique trou-
vée dans le dép. de l’Oise, p. 372.
Coprolites envoyés parM. Buckland,
p.ai. — Considérés en gén.,p.295.
Cortières. Mémoire sur les roches
volcaniques de cette chaîne , par
M. Tournai fils, p. 36i. — ^Obser-
vations de M. Boubée, p. 56 1.
Détuge.'-Diluvium. Déluge mosaïque,
p. i83 , 2o4- — Influence des co-
mètes sur les catastrophes diluv.,
Î). 3i4. — * Considérations sur le dé-
uge de la Samolhrace , par M. Vir-
let, p. 342. — Terrains diluviens en
général, p. 260. — dès environs de
Lyon , p. 433.
Descriptions géologiques de diverses
contrées du globe , avec un extrait
des observations générales sur cha-
cune de ces contrées , p. 109 et suiv.
— sur l'Ecosse, p. i3q. — sur l’An-
gleterre, p. î/jo. — sur l’Irlande,
p. i43. — sur la France , p. i43. —
sur les Pays-Bas, p. i45. — sur
l’Allemagne, p. r/|6. — sur la Saxe ,
p. i47» — sur les États autrichiens ,
p. j5o. — sur la Suisse, p. i53. —
sur Naples, sur la Toscane , sur la
Lombardie, p. i54- — sur les États
vénitiens, p. i55. — sur la Sicile,
lb. — Sur la Sardaigne, p. i5S. —
sur l’Espagne , lb, — sur le Grèce et
sur la Turquie, p. i5(). — sur la
Pologne, Jb. — Sur la Wolhynie et
sur la Podolie , p. 160. — sur la
Russie, p. 16». — sur la Suède,
p. 168. — Sur le Dancmarck, lb.
— sur la Norvège, p. 169, — sur
471
Cordier. Observations sur les systè-
mes volcaniques et les cratères de
soulèvement, p. 398 et 4ot.
Corse. Géologie de cette île, par
M. Beynaud , p. 409.
Craie et terrain crayeux. Accidens
qu’il présente dans le département
de l’Oise en général, p. 9, 12,
276. — A Saint-Martin-le-Nœud ,
p. 6. — A Laversine, p. i4* —
Craie jaune à Hédancourt (Oise),
p. 20. — Ses couches , inclinées
par l’effet d’un soulèvement dont
l’axe passerait par le pays de Bray,
p. 23. — Dans quelques parties
du département du Gard , p. 56.
Cratère de soulèvement. Considéra-
tions sur les cratères de soulève-
ment , par M. de Montlosier, p. 3Q5.
— Observations sur le même sujet,
par M. Cordier, p. 398 et 4 01 • “7
Cratère de soulèvement indiqué
par M. de Beaumont, près deGri-
gnon , p. 4 »9* — a<ussi Soulève-
ment.
l’Islande , p. 170. — sur l’Afriqne ,
lb. — sur les États-Unis, p. 171.—
sur le Canada , p. 172. — sur la Co-
lombie, lb sur le Pérou, p. 174.
sur Panama, sur le Chili, p. 175.
— sur la Nouvelle-Hollande et sur
les îles de la mer du Sud , p. 176. —
sur l’Inde , p. 177. — sur la Chine ,
p. 178. — sur le Japon, p. 179.
Deshayes. Observations faites près
d’Éper»ay,p.63. — Citées, p. 278. —
Observations sur l’ouvrage de M. Du-
bois relatif aux coquilles fossiles de
la Podolie, p. 122. — Observ. sur le
Mém. de M. de Beaumont relatif au
terrain tertiaire à lignites du nord
de la France , p. 435.
Desmoulins. Lettre sur le terrain ter-
tiaire des environs de Bordeaux ,
p. 44o-
Desnoyers. Considérations sur les os-
semens humains des cavernes du
Midi de la France , p. 126. — Rap-
port sur les travaux de la Société
pendant l’année i83a, p. 326. —
Osscmens de mammifères trouvés
dans des fouilles faites à Paris,
p. 334- — Relations géologiques et
géographiques des dépôts dosse-
mens existant dans le bassin de U
TABLE DES MATIÈRES
47*
Loire, p. 336. — Mémoire sur les
terrains tertiaires du N. -O. de la
France, p. 41 4- — Note sur siür-e
pure hydrophanique, p. 424. — Note
sur deux époques de terrains ter-
tiaires dans le bassin de la Loire et
en Bretagne, p. 443.
Dolomie. Sa disposition par rapport aux
minerais de fer des Pyrénées , p. 72.
— Découverte à Beyne près de Gri-
gnon, p. 4l9* — Analyse de cette
substance, p.431* — Lettre à ce
sujet par M. de Fénéon , p. 435.
Dolomisation. Phénomène qu’elle a
produit en Franconie, p. 208.
Eaux thermales et volcaniques , sour-
ces minérales (considérations sur
les). Pag. 2i3 , 249.
Egine. Gisement des trachytes aluni-
fères dans cette île , p. 4^7. — Gypse
dans cette île, p. 359.
Dubois. Conchyliologie fossile du pla-
teau Volhini - Podolien. — Obser-
vations de M. Deshayes sur cet ou-
vrage, p. 222.
Dufrènoy. Note sur la position géolo-
gique des principales mines de fer
dans les Pyiénées, p. 69. — Mém.
sur la relation et l’époque d’appa-
rition des ophites , du gypse et des
sources des Pyrénées, p. 4io. —
Mém. sur les calcaires amygdalins ,
p. 4a7* — Note sur les marnes et
sur leur emploi en agriculture, et
analyse de diverses espèces, p, 448.
Epaubourg. Localité visitée par la So-
ciété , p. 19.
Epernay. Observations faites près de
cette ville par M. Deshayes, p. 63,
278.
Europe , (Classification du sol du Nord
de cette partie du globe.) P. 202.
Failles considérées en général, p. 208.
Faluns de la Loire, p. 267. — Leur
âge comparé à celui dut errain
d'eau douce supérieur du bassin de
Paris, ibid.
Fènèon. l ettre sur la dolomie trouvée
dans le voisinage de Grignon, p. 435.
Fer. Mémoire de M. Dufrènoy sur les
mines de fer des Pyrénées , p. 69.
— Cité, p. 285. — Coupe du ter-
rain qu’occupe le fer pyrifeux à
Saint-Martin près Beauvais, p. 71.
Filons. Considérations générales et
théorie sur leur origiue , p. 208.
Fontaine intermittente de Massevaux
Gard. Principaux traits de la géologie
de ce département, p. 56 et 396.
Gault (formation du) dans le départe-
ment de l’Oise , p. 16.
Géologie. Principes généraux , p. 87 et
suiv. — Compte-rendu du déve-
loppement de cette science pendant
l’année i83i, p. i33 et suiv. —
— Traités généraux de géologie pu-
bliés en Angleterre, p. 182. — en
Allemagne , p. i85.
dans les Vosges, p. 248.
Formation. Ce qu’on doit entendre par
ce mot, et développement, p. 89
et suiv., et p. 317.
Fossiles et paléontologie en général,
p. 187. — Indications des monogra-
phies de fossiles, p. 188. — Manière
de considérer les fossiles dans les
formations géologiques, p. 583 et
suiv. — Fossiles de divers étages ju-
rassiques trouvés dans les Alpes,
p. 55. — Fossile inconnu présenté
par M. Virlet, p. 34 1*
Fréjus. Note sur son golfe comblé et sur
la géologie de ses environs, p. 4^2.
Glatigny. Visite de cette localité par
la Société , p. 17.
Gneiss. Sa position relative au calcaire
dans les Alpes bernoises, p. 53.
Gosau. Considérations sur cette loca-
lité, p. 280.
Gournay (Seine-Inférieure). Coupe du
terrain entre cette ville et Beauvais,
p. 23,
ET DES AUTEURS.
Granit et roche granitoïde. Sa posi-
tion dans les Pyrénées, et conjec-
ture sur son âge , p. 72 et 73.
Grèce et Morèe. Considérations géné-
rales sur ces contrées , p. 298 et 3oo.
Grès et sables dans le H . O. delà France,
p.4i6.
Grès de Fontainebleau . Son analogue
dans le département de l’Oise ,
p. 10-12.
Grès marin supérieur dans le départe-
ment de l’Oise , p. 10 et 277. — Mé-
moire sur les grés marins de Lévi-
gnan, Nantheuil-le-Haudoin et Bré-
gy, par M. Héricart-Ferrand , p. 38.
— Opinion de M. Cordier sur le
classement géologique de ces grès,
p. 41.
Ilèricart-Ferrand. Coupe géognostique
d’une partie du département de
l’Oise, et Mémoire à l’appui , p. 9.
— Cité p. 275. — Mémoire sur le
grès marin de Lévignan , Nanthcuil-
îç-Hardouîn et Bregy, pag. 38. —
Coupe des terrains du bassin de
Paris , et considérations sur le num-
mulites lœvigata, p. 4i3. — Coupe de
la vallée de Montmorency, p. 420.
llisinger. Remarque sur la géognosie
de la Suède et de la Norvège,
p. 353.
Jungfrau , Composition géologique de
ce pic.
Journaux et publications périodiques
en Écosse, en Angleterre, en France,
p. i35. — en Allemagne, en Italie,
p. i36. — en Russie, p. 107. > — en
Amérique , p. i38.
Julia (île). Lettres de M. Constant-
Prevost sur cette île volcanique,
p. 3a , a38.
liatavolrons de la Grèce centrale, C<
4 73
Grès vert dans le département de
l’Oise , p. 16, 17 , 19, 277. — Sou-
levé dans ce département , p. 23. —
Coupe de cet étage, 1b. — Grès
vert dans le Liban, p. 289. — à
Giengeo (Souabe), p. 307.
Gryphèe signalée dans le terrain ter-
tiaire, p. 49- — Observations de
M. Deshayes à ce sujet, p. 5o.
Gypse et dépôts gypseux en général,
p. 2<>7, 284. - — Gypse dans le dé-
partement de l’Oise, p. 276. —
dans l’île d’Égine, p. 359. — For-
mation gypseuse en Sicile , p. 4o4
et 407. — Considérations sur son
origine dans le bassin de Paris,
p. 435.
Homme. Tête et squelette qui ont ap-
partenu à la race celtique, p. 84,
1 19, 272. — Questions sur l’origine
des divers ossemens hum.,p. 59,
61, 194» 38 1 . — Considérations, sur
les ossemens humains du Midi de la
France, appuyées sur les recherches
historiques, p. 126, 2Ô2 , 25y, 390.
V. au mot Celte et Ossemens fossiles.
Hugi. Scs observations dans diverses
parties des Alpes , citées par M. Stu
der, p. 53-54»
Insectes. Fossiles, p. 192.
Jurassique (formation). Dans les Alpes,
p. 55 , 386.
(Oise), p. 287. — dans le département
du Gard . p. 57. — dans la Charente-
Inférieure, p. 28S. — daus le Liban,
p. 289.
R
isid. sur ce phénomène, p. a 47 cl ^3o.
«*>0
474
TABLE DES MATIERES
La Bêche ( de). Oompte-rendu de son
manuel de géologie, p. 355, etc.
( Voyez Bêche. )
Lajoye présente la coupe du soltis-
tiaire de Lisy-sur-Ourcq, près la
Ferté-sous- Jouarre , p. 28, cité
p. 278.
Laversine. Visite que fait la société
de cette localité , p. x4. — Son cal-
caire tertiaire, rapporté aux fa-
luns , p. i4 et i5 ; cité p. 282.
Levignan. Méqrroire sur le grès ma-
rin de cette localité, p. 38, rap-
pelé p. 2 77.
Lias dans le dép. du Gard, p. 57 et
58. — En Afrique, p. 3o3.
Liban et Anti-Liban. Coupe géo-
Maëstricht. Considérations sur le ter-
rain de cette ville, p. 282.
Malte. Séjour de M. Constant Pré-
vost dans cette île, et quelques
indications sur sa constitution géo-
logique , p. 1 1 3.
Marcel de Serres. Mémoire sur les
animaux découverts dans divers
dépôts quaternaires, p. 4^0.
Marmara (Albert de la). Note sur la
géologie du Piémont, p. 391.
Marnes a gryphées Leur disposition
dans le département de l’Oise ,
p. 25. — Considérations sur les
marnes et leur emploi en agricul-
ture, par M. Dufrénoy, avec l’a-
nalyse de divers échantillons de
marnes, p. 448.
Media en Afrique. Aperçu sur la
géologie de cette localité , p. 5o5.
Mémoires et publications relatifs à la
géologie et à l’histoire naturelle ,
p. r 35 et 296. — de la société,
décision prise à ce sujet, p. 366.
Mer. Etude des phénomènes qu’elle
présente , et son action sur le
globe , p. 2o3.
Meulières , près d’Epernay et de La
Ferté -sous- Jouarre , p. 65 et 64.
Moellon-calcaire. Calcaire moellon
Nanteuil-le-Hardouiii. V. grès marins
de Lévignan , p. 58 et 277.
Nauphlo-le-Vieiix, Coupe géologique
gnostique par M. Botta , p. 289.
Lignites dans la Champagne et dans
le Soissonnais, p. 279. — posté-
rieurs à l’argile pl. dans le bassin
de Paris, p. 428. — Dans le nord de
la France, p. 4-H et 435.— Fossi-
les du Soissonnais, tirés de ce
terrain, présentés par M. Cons-
tant Prévost, p. 44 6.
Lipari (îles de) Considérations sur
leur origine volcanique, p. 242.
Liste des membres, de la société,
p. 100.
Loire. Relation géologique et géo-
graphique des dépôts d’ossemens
fossiles dans le bassin de cè fleuve,
p. 336.
en Afrique, p. 3o2.— Cité p .386.
Molasse de Giengen. Note sur cette
roche par M. Schubler, p, 357.
Montagnes. Direction des chaînes de
montagnes et leur âge, p. 307.
Mont Bernard. (Saint) Visité par la
soc. p. i5. — Coupe géolog. p. 16.
Montlosier , Lettre sur les soulève-
mens, et cratères de soulèv. p. Sgô.
Observations générales, sur l’abus
de la théorie des souièvemens, et
sur les faits géologiques, p. 4^9.
Montmorency. Coupe de la vallée de
ce nom par M. Héricart-Ferrand,
p. 420.
Moréee t Grèce. Considérations géné-
rales sur ces contrées, p. 298
et 299.
Morren , professeur à Gand. Lettre
sur divers objets d’histoire natu-
relle , p. 26.
Morse . Dent de ce cétacé dans la
Molasse, p. 337.
Munster. ( comte de ). Observations
sur les nummülites , p. 67 , 293.
— Sur les ammonées , p. 290. —
Sur les nautilacées , p. 291 — Sur
les belemnites, p. 293.
Murex lubifer. Discussion à l’occa-
sion dé ce fossile, p. 122.
de cette localité par M. Boubée ,
P- 279-
Nautilacées. Observations sur ce
ET DES AUTEURS.
genre de coquilles par M. le comte
de Munster, cité p. 291.
Nivellement et mesures de hauteurs,
p. 182.
Norwège. Note de la géologie de ce
pays , p. 355.
Nummulites « Observations sur ce
Obsidienne avec fragment de calcaire
coquillier dans Pile de Milo,p.356.
Omalius d’Halloy. Sa théorie géolo-
gique citée p. 019.
Oplùtes. Epoque de leur apparition
dans les Pyrénées , p. 5 13 et 4* 1 •
Oran. Notice géolog. sur les envi-
rons de cette ville, par M. Rozet,
p. 4^* ; rappelée p. 3o5.
Orlhocères. Mêlées avec les ammo-
nites, avec les bélemnites, p. 421.
Os fossiles , humains et de divers ani-
maux. Questions sur leur origine,
p. 59,61,62, 194 et 38j Coh-
Palèonlologie. Ouvrages publiés sur
cette partie de la science , p. 187.
— Considérât, sur son applic. à la
géologie , p. 3 1 5 .
Paris . Exhaussement géolog. de son
sol, p. 334. — Rapport des terrains
tertiaires du bassin de Paris avec
ceux de Pezenas et de Narbonne ,
p. 379. — Température du climat
de Paris 5 l’époque de la for-
mation des terrains tertiaires, et
celle des terrains quaternaires ,
p. 386. — Considération sur les
nummuliles tœvigata par rapport
au bassin de Paris, p. 4i3.
Périodes zoologiques, p. 260 et 5 16.
Pétrification , considérée en général,
p. 198.
Piémont. Note succincte sur la géo-
logie de quelques unes de ses par-
ties, p. 391.
Poissons fossiles , p. 191.
Post - diluvium toulousain , p. 272,
333, 365.
Poudingue (format, de) dans la craie
et hî terrain tertiaire de la Grèce,
! p. 5oi.
Pouzzolc. Histoire chronologique des
, révolutions arrivées dans le sol de
cette ville , p. 244-
Prévoit ( Constant). 1 ' Lettre, rela
475
genre de fossiles par M. le comte
de Munster, p. 67, citées p. 293.
Nummulites lævigata , trouvée sur
la mont, de Laon, et dans un
puits artésien, p. 4i3, citée p. 43o.
— Deux espèces de nummulites,
présentées par M. Boubée, p. 444*
O
sidérations sur les ossemens hu-
mains du midi de la France, par
M. Desnoyers, p. 126. — Par M. du
Chesnel, p. 390. — Trouvés à Pa-
ris , p. 334. — Trouvés dans le dép.
du Loiret, p. 335. — Tableau des
gisemens d’ossemens fossiles dans
le bassin de la Loire, p. 336. —
Tête humaine, trouvée à Nogent-
les-Vierges (Oise), p. 372. — -du
Val-d’Arno, p. 439- — de divers
dépôts quaternaires, p. 43o.
Ours fossile. Dimensions des os de
ce mammifère, p. 84.
P
tive à l’exploration de I’île de Ju-
lia , p. 3a. — 2e , relative à Pile de
Malte, p. 112. — 3° , relative à la
Sicile, p. 114. — Extrait de sou
mém. sur la géologie de la Siciie ,
p. 4o3. — Observations sur l’incli-
naison des couches tertiaires du
bassin de Paris, et sur la présence
d’une nummulite dans ces cou-
ches, p. 44. — Sur la position re-
lative des lignites et de l’argile
plastique dans le N. de ce bassin ,
p. 428. — Divers échantillons des
terrains 5 lignites du Soissonnais
offerts à la société , p. 446.
Puits artésiens considérés générale-
ment, et indication des ouvrages
qui ont été publiés sur ce sujet
en 1 85 1 , p. 2i5. — Creusés à Paris,
p. 280 et 538.
Puits géologiques des environs de
Paris, expliqués p. 2 4j.
Piizos présente à la société un Sca-
phite très remarquable , p. 355.
Pyrénées. INote de M. Dufrenoy sur
les principales mines de fer de
ces montagnes, p. 69. — Conjec-
ture sur leur ûge géolog., et sur
celui du granité dans lesPyrénécs,
p. 73. — Observation sur la struc-
ture de ces montagnes, pai M. Re-
TABLE DES MATIERES
476
boul, p. — Conjectures sur
leurs diverses époques de soulève-
ment, p. 79, citées p. 3i3. — Divi-
sion de ces époques en divers sys-
tèmes, par M. Dufrénoy, p. 80.
— Relation des ophites, des gyp-
ses et des sources salées dans les
Pyrénées, p. 4 10 .
Pyroxène. Son identité avec l’am-
phibole , p. 243.
Q
Quaternaire (terrain), p. 267 et suiv.
R
Ratisbonne. Affaissement de terrain
près de cette ville, p. 8, cité
p. 246.
Razoumovski (le comte de). Extrait
de son Mémoire sur les tubuli-
pores , p. 36o.
Reboul. Précis de quelques observa-
tions sur la structure des Pyré-
nées, p. 74. — Mémoire sur le syn-
chronisme des terrains tertiaires
inférieurs qu’il appelle mètatym-
néens et prolymnèens , p. 583.
Règlement. Diverses dispositions ré-
glémentaires adoptées par la so-
ciété , p. 45 et 119.
Sables ferrugineux. Leur disposition
dans le département de l’Oise ,
p. 16, 23 et 288.
Sables tertiaires dans le départ, de
l’Oise , p. i3 , 276.
Sables verts , dans le même départ,
p. 288.
S aint-Gratien, S aint-Martin-le-Nœud.
Localités visitées par la société ,
p. 16 et 19.
Samothrace. Lettre sur cette île et sur
son déluge, par M. Virlet, p. 342.
Scaphites. Fossile remarquable de ce
genre communiqué par M. Pusoz,
p. 555.
Schubler. Note sur la molasse de Gien-
gen,p. 337.
Sel gemme. Considérations sur les sa-
lines , leur position géologique ,
p. 285. — Corrélation du sel gemme,
du soufre et du gypse, p. 284, et
conjecture sur leur origine com-
mune, 1b. — Sel de Cardonne,
p. 283.
Sicile. Observations sur quelques lo-
calités de cette île , par M. Constant
Prévost , p. 114. — Extrait du Mé-
Repliles fossiles , p. 191.
Révolutions du globe en général ,
p. 182 et suiv. Voir aussi au mot
soulèvement.
Reynaucl. Note géologique sur la
Corse , p. 409.
Roches à surfaces polies. Considéra-
tions sur ce phénomène , par
M. Boué , 4x7-
Romagne. Tremblement de terre
dans cette province , p. 221.
Rozet. Notice géolog. sur les envî-
rous d’Oran , p. 4b. — Mémoire
géol. sur les côtes de Barbarie ,
p. 262.
moire de ce dernier sur la géologie
de cette iie, p. 4o 3. — Extrait de
lettres de M. Hoffman sur la géolo-
gie de la Sicile , p. i56.
Silice et concrétions siliceuses. Considé-
rations sur leur origine, p. 199. —
Silice pure et hydrophanique ; note
sur cette substance, par M. Des-
noyers, et son analyse par M. Ber-
Ibier, p. 421.
Sociétés géologiques fond. en i83 1 ,p. 1 36.
Soissonnais. Terrain à lignites de cette
province , p. 279.
Soulèvemens des terrains dans le dé-
partement de l’Oise, p. 20. — dans
les Pyrénées, p. 79. — Discussion sur
l’ancienneté du système des soulè-
vemens, p. 124. — Soulèvemens en
Grèce , p. 399. — Soulèvemens si-
multanés dans le bassin de ia Seine
et de la Loire, p. 583 et suiv. —
Lettre sur les soulèvemens et cra-
tères de soulèvement par M. de
Montlosier, p. 3o5. — Observation
sur ce sujet, par M. Cordier, p. 3g8
et 401» — Soulèvement à Beyne
près de Grignon, p. 4 «9.— Observa*
ET DES ÀUTEÜRS. 477
tioti sur l’abus des théories de sou-
lèvement, par M. de Montîosier,
p. 43p.
Sources minérales. P. eio. 2i3 et 249.
Spezia. Extrait du Mémoire sur la
géologie des environs de ce golfe,
p.421.
Stockhorn (Alpes). Observations sur
son classement, p, 68.
Stratification discordante . Considéra-
Teissier. Note sur une caverne à osse-
mens près d’Anduze , p. ai. — Note
sur une tête d'ours fossile, p. 84,
85. — sur deux têtes humaines de la
race caucasique, p. 119. — Citées,
p. 257. — sur la caverne à ossemens
de Mialet, p. 35o.
Température des mines en Prusse ,
p. 208. — des salines de Dieuze ,
p. 249. — du climat de Paris à l’é-
poque de la formation des terrains
tertiaires et des dépôts quaternaires,
p. 386.
Temple de Sérapis. Considérations
sur le phénom. qu’il présente
p. 243.
Terrains en général. De leur classi-
fication, p. 264. — Circonstances
observées à leur contact, p. 270.
Terrain mixte, ou fluvio-marin, p. 269.
Terrain d'eau douce dans le départe-
ment de l’Oise , p. 10 et 11. — Sa
profondeur à Saint-Denis, p. 233 et
280.
Terrains tertiaires . — Leur sous-divi-
sion proposée par M. Brongniart,
p. 271. — Considérations sur l’ori-
gine de ces terrains , par M. Rozet ,
p. 364- — par M- Tournai, p. 365.
— Synchronisme des terrains ter-
tiaires, et considéra lions sur leur
formation, par M. Rehoul, p. 383.
— Terrain tertiaire de Lisy - sur-
Ourq et de Saint-Aulde , p. 28.—
— dans le» environs, p. 4j* —
Gryphée signalée dans ce terrain ,
p. 49. — Rapport des terrains ter-
tiaires de Paris , de Pczenas et de
Narbonne, p. 379. -*> Terrain ter-
tiaire en Sicile ,,p. 4o6. — Mémoire
tions sur les dépôts qui présentent
cette disposition, p. 210.
Sluder. Notice sur les Alpes bernoises,
p. 5i. Observations sur le classe-
ment géologique du Stockhorn ,
p.68.
Suède et Norvège. Note par extrait sur
la géologie de ces contrées , par
M.Hisinger, p, 553.
sur le terrain tertiaire du N.-O. de
la France, par M. Desnoyers, p.4i6.
Liaisons de ces mêmes terrains avec
ceux d’autres localités, p. 4*8 et
419. — Mémoire sur l’étendue du
terrain tertiaire à lignite dans le
Nord de la France, par M. de Beau-
mont, p. 454* — Observations de
M. Desbayes sur ce sujet, p. 455. —
Terrain tertiaire des environs de
Bordeaux, par M. Desmoulin*,
p. 440.
Terrains de transport dans le val d’Ar-
no supérieur, par M. Bertrand Ges-
lin,p. 429.
Tcxier. Mémoire sur la géologie des
environs de Fréjus, p. 4^2.
Thermia. Note géologique sur cette
île, par M. Virlet, p, 329.
Tourbe et dépôt tourbeux , p. 249.
Tournai fils. Rapports des terrains ter-
tiaires de Paiis, Pézenas et Nar-
bonne , 279. — Mémoire sur les ro-
ches volcaniq. des Corbières, p. 56 1 .
Considérations sur l’origine des
terrains tertiaires, p. 364- — Ob-
servations à ce sujet parM. Boubée,
p. 366. — Note sur les cavernes à
ossemens de Bize, p; 38o.
Tracliytes alunifères d’Egine, p. 357.
Trappcen (terrain) des environs d’O-
ran , p. 48. — Observations de
M. Cordier, p. 5o.
Trésorier. Rapport sur ses comptes,
p. 97. — Il présente le budget pour
l’année i83a , p. 117.
Tu b u li pores. Extrait du Mémoire de
M. Razoumowski sur ces fossiles ,
p. 3Go.
V
Vallées considérées en général, p, ao5. { Végétaux fossiles en général, et tra-
TABLE DES MATIÈRES ET DES AUTEURS.
▼aux publiés sur ce sujet , p. 196 et
cuir. — Disposition des végétaux
fossiles dans les couches carboni-
fères, p. S74. — Végétaux fossiles
de la Stradella cités d’une manière
générale , p. 383.
Vésuve. Note historique relative aux
éruptions de ce volcan , p. 5q6.
Virlet. Géologie des envir. deModon
et Navarin, p. Sou — Notice sur
nie Thermia ( Cythnos des an-
ciens), p. 329. Fossile inconnu
présenté par lui, p. 34 1. Lettre
sur Je déluge de la Samothrace,
p. S4.2. — - Obsidienne avec or*
bicules de l’île de Milo,, p. 356.
Observations sur les trachytes alu-
nifères d’Égine, p. 357.
Volcans et phénomènes volcaniques
en général,p. 205 et 337. — Con-
sidérations, sur les roches volcani-
ques, par M. Tournai fils, p. 36i.
Considérations générales, parM. de
Montlosier, p. 3p6. — par M. Cpr-
dier, p. 3g5. — Terrain volcanique
sous-marin en Sicile , p. 407. Voyez
aussi Soulèvement .
Votlz. Lettres contenant l’énuméra-
tion des divers fossiles trouvés dans
les Alpes, p. 55.
FIN DE LA TABLE.
ERRATA.
Page 5a, ligne 18 , sud ; lisez nord.
52,
108,
108 ,
108 ,
109»
I 12 ,
H 2,
n3,
123,
125,
i52 ,
*56,
ï57,
164,
164 ,
a35,
248,
277 »
281,
297»
337,
357,
337,
435,
435,
452,
455,
455 , -
— 9, miolet; lisez Miallet.
— 27 , de i749 pages; //.yezGoettingue, 1 749*
— 24 , gedranzte ; lisez gedrangte.
— 25 , Erforschunz ; lisez Erforschung.
— i3, derstellunz lisez darstellung-
— 9, conchiologie; lisez conchyliologie.
— 37, Malthe; lisez Malte.
— 4r > Pas Dolomieu ; lisez par Dolomieu.
— 16, Lygurie ; lisez Ligurie.
— 3 7 , et; lisez and.
— 5 , numiiites; lisez nummilitcs.
— 8, Gemmettaro; lisez Gemellaro.
— i5, Gemellaro; Usez Gemellaro.
— 9, Yongovsk lisez Yougovsk :
— 10, i83o ; lisez 1 83 1.
— 17 , Sedgvich ; lisez Sedgwich.
— 9, galium uliginosum ; lisez galium fuliginosum.
— 4 » pouddingues ; lisez pouddingue.
— 12, hyppurites'; lisez hippurites.
— 4, hyppurites; lisez hippurites.
— 11, mollasse , lisez molasse.
— i4, mollasse; lisez molasse.
— 24 , mollasse; Usez molasse.
— (lig. dernière) Bcine ; lisez Beyne.
— 24 > des griffées ; lisez gryphées.
— 8, M. ; lisez Miss.
— 6 , Me'inoires géologiques; Usez mémoires ge'ologi-
queset paleonto ogiques.
8 , in-8° i832 ; ajoutez accompagnés de la carte
géo logique de l’Europe.
I
BULLETIN
D E I, A
SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE.
TABLE
DES MATIÈRES ET DES AUTEURS
POUR LE PREMIER VOLUME.
ANNÉE 1830 A 1831.
Mlenau. Course dan? la vallée de ce
nom, p. 129.
Alluvions (idées sur les ). Par M. Boué,
p. 94. — Dans la Gallicie el la Podo-
lie p. 47.
Alpes autrichiennes. Remarques sur
un Mém. qui leur est relatif , p. 4o.
— Divers gisemens de fossiles ,
p. 128, — Du Salzbourg ( pecten -
salinariiis qui en provient ), p. 126.
Alpin (calcaire). Saclassificat., p. 108.
Ammonces et ammonites. Leurs limites,
p. 137, i38. — Leur gisement en
Allemagne, par M. de Mu.ister,
p. 173. — Division en Goniatites, et
barbarie. Note sur quelques parties de
ce pays par M. Rozot, p. i4 > *
Icauniont (Elie de). Observ. sur les
montagnes sorpentineuscs de la
Ligurie . p. 64. — Observations sur
l’absence du dépôt tertiaire, p. 1 85.
— Fixation des étages géol. de div.
localités , p. 187. — Observations
sur la caverne de Pondrcs, p. 202.
Observations sur le grès de Fon
taincblcau , p. 224.
en Cératites , p. 174. — Leur dis-
tribution dans diverses formations
géologiques, p. 175, j 76, etc. —
Observation sur diverses questions
relatives à ces fossiles, par M. de
Munster, p. 177.
Apennins (Observ. sur les mont, de la
Ligurie, en réponse à M. Paréto, par
M. Elie de Beaumont) ,p. 64.
Aptychus. Description de ce genre, p3r
M. Meyer, p. 228.
Allas (Petit). Observations laites dans
cette chaîne par M. Rozet, p. 2a5,
Aussce en Styrie. Notice sur ses envi-
rons, par M. Boué, p. i35.
üèlemnites. Dans un cale., à Orthocè-
res, en Gallicie, p. 76. — Discussion
sur leurs limites, p. 137 et i83. —
Nouv. espèce caractéristique, par
M. le comte de Munster, p. iS3.
Itiroslre. Sa définition parM. Desbayes,
p. 192.
Blainvilte (de). Observation sur div.
fossiles cloisonnés, p. 137, i3S, 139.
— Observation sur les Coprolites ,
p. 229.
TABLE DES MATIERES
248
Blocs erratiques en général, p. 118.
— Dans le Jura, p. 89.
Boblaye (Puillon). Observations géo-
gnostiques sur la Morée, p. 82. —
Notice sur les altérations des roches
du littoral de la Grèce , p. i5o.
Botta. Mém. sur le Liban, p. 204.
Boubée (Nérée). Détails sur un puits
artésien , près de Toulouse , p. 76.
j — Géologie et topogr. du bassin de
Toulouse, p. i46- — Observations
laites dans la grotte d’Ussat ( Ar-
rtege j, p. 201
Tableau mnémo-
nique des terrains primord.,p. 202.
— Fossiles d’un terrain d’eau douce
du bassin de Toulouse, p. 212.' —
Observations sur un cale, d’eau douce
du bassin de Paris, p. 225. — Ob-
servations sur les Coprolites, p. 227.
— Nouveaux moyens pour détermi-
ner les fossiles, p. 23o.
Boue (Ami). Mém. sur le sol tertiaire
de la Gallicie, p. i5. — Rem. sur
un Mém. de MM. Sedgwick et Mur-
chison rclat. aux Alpes autrich.
p. 40. — Compte rendu des travaux
de la société, et des progrès de la
géologie, p. 71, 94> 10 . — Mém.
sur div. gisem. de fossiles dans les
Alpes autrich. , p. 128. — Notice sur
les environs de Ilallein en Salz-
bourg, et courses de Hallein à Go
sau , p. 1 29. — Fossiles et roches
de diverses parties de î’ Allemagne
offertes à la société; observations
sur l’origine du gypse, p. i45. —
Autres échantillons offerts , dont
quelques uns sont naturellement
polis ; observ. sur ce poli, p. 1 5y. —
Observ. sur la distribution des ter-
rains, en réponse à un mém. de
M. Desbaye3 , p. 188.
Brandenbourg. Observations pour avan-
cer sa géologie et classification de ses
formations, par M. Klœden . p. 60.
Brie. (Note sur le cal. de Brie et de
Charapigny , par M. Dufrenoy ,
p. 220.)
Brongniart (Alex.). Observation sur
le cale, de Saint-Ouen , et sur le
gypse de Montmartre , p. 224.
Budget pour l’année 1 85 1 , p. 91 .
Buckland. Observation sur son mém.
relat. à la baie de Weimouth ,
p. 68. — Envoi de coprolites , avec
quelques observations , p. 227.
Caleaire compacte , — grossier, — ter-
tiaire en Gallicie, p. 48.
Cardone (terrain salifère d~). Rapporté
au terrain de craie, p. 12. — Mé-
moire de M. Dufrenoy, p. 99.
Carpaihes. Souvent cités dans le mém.
sur la Gallicie par M. Boue, p. i5^,
et dans un autre mémoire du même
auteur, p. 41*
Cèratites . p. 174.
Champigny . Mémoires sur les calcai-
res de ce lieu, par M. Dufrénoy,
p. 223.
Classification en général , p. 107
p. 2l3.
Coprolites.' Observations sur ces fos-
siles, p 227.
Cordier . Observations sur un cale.
paludines du bassin de Paris,
p. 223 et 224.
Craie (Dufrénoy , en France), p. 9,
— dans la Gallicie, p. 52 ; — en
Morée, p. 82. — Poisson fossile de 1 s
craie , p. i58.
Cyclades dans un terrain d’eau douce.;
près d’Étampes , p. 26.
Cyrtocératites , p. 178 , 180.
D
Daubeny. Découverte d’azote dans les
eaux therm. des Alpes , p. 77.
Déluge. Catastrophe diluvienne , v.
Révol. du globe , et p. 24 et 196.
Dcshayes. Observation sur des fossiles
de la Gallicie, etc., p. 55. — Obser-
vation sur les gisemens de fossiles,
p. 184. — Tableau comparatif des
espèces de coquilles vivantes , avec
les espèces fossiles, etc. , p. 1 85 . —
Observations sur les Rudistes et le»
Podopsides , p. 192.
Desnoyers. Observations sur la pré-
sence de cyclades et d’ancyles d ans
le calcaire d’eau douce supérieur
d’Étampes , p. 26,
\ '
ET DES AUTEURS.
Diluvium et terrain diiuvien[en général,
p. 196. — Dans les environs de Tou-
louse, p. 146.
Dolomie , Dolomisation. Hypothèse sur
ce phénomène, p. n4»
Donati. Notice sur la structure géo-
249
logique et sur 1 élévation de Strom-
boli, p. 292.
Dufrenoy. Mém. sur le terrain de
craie dans le sed de la France, et
surtout les Pyrénées, p. 9. — Mém.
sur les mines de sel de Cardone,
p. 99. — Notice sur les calcaires de
Brie et de Champigny, p. 22a.
E
Époque» géologiques, p. 19.
t
F
Fer (minerai de) en grains. Sa classifi-
cation , p. r i3.
Fleuriau de Bellevue. Notice sur un
puits artésien près de La Rochelle,
p. 4o. — Notice sur des fossiles du
calcaire jurassique dans un lieu voi-
sin de La Rochelle, p. i 58 et suiv.
Gallicie , p. 1 5 , 16, 47-
Géologie. Ouvrages , recueils périodi-
ques, et journaux relatifs à cette
science, p. 72 et suiv. , et 9$.
Géologues connus en Europe. Leur
nombre , p. i4-
Goniatites, p. 174.
Gosau, cité p. 4», 1 1G, 12S, 129. Des-
cription du bassin de ce nom , p.
i3o.
Grèce. Observations géognostiques sur
ce pays par M. Boblaye, p. 82.
Grès. Eu général, p. 4^» — Verts en
Ilultein en Salzbourg. Course dans les
environs, p. 129.
Hélix. Description de plusieurs fos-
siles de ce genre , p. 2 1 3.
Homme. Son apparition sur la terre,
p. io5 , ig5.
Fossiles. Fossiles marins et d’eau douce
mêlés, en Autriche et en Hongrie,
p. 18. — Tableau des fossiles de la
Gallicie , p. 5 1 . — Trouvés dans le
Brandebourg, p. 60. — Ce qu’on doit
entendre par cemot, p. 197. — Fos-
sile en généial, p. a3o.
Gallicie et en Podolie, p. 53; —
de Fontainebleau, p. 187.
Grottes. De Rancogne (Roulland),
p. 200 ; — d’Ussat ( Boubée ), p.
2U1 ; — de Pondres ( Dumas ), p.
202. — Observées près de Liège,
p. 222.
Gypses. Hypothèse sur leur formation,
p. 85; — 'dans quelques localités du
bassin de Paris, p. 223, 224 et
22a.
Gypse uses. Formation en Gallicie et
en Podolie, p. 49-
Houille. Théorie sur son origine ,
p. 1 18.
Houillier ( terrain ). Sa classification,
p. 10S.
IJippuritcs. Observations sur ce genre
par M. lloulland, p. 190.
I
îellùusarcolitcs. Observations sur ce genre, par M. Roulland , 150.
\
/
260
TA BLE .DES MATIERES
J
Jurassique (cale. ). En Podolie et en
R
Karpalhes (monts). Cités souvent
dans un méra. sur ia Gallicie, p. i5,
16, 47-
Klœden. Extrait de son ouvrage sur la
L
\ '
Gallicie, p. 53; — en Lorraine,
p. 87; — en Suisse, p. 89.
forme et sur l’histoire primitive du
globe, p. 57. — Observations sur
les formations de Brandenbourg ,
p. 60.
Lairm . Course dans ia vallée de ce
nom, p. 129.
Liban. Mém. sur cette chaîne , par
M. Botta , p. 234.
Liège , p. 222.
Ligurie , p. 64.
LUI de Lilienbach. Description du
Marnes. Dans quelques localités du
bassin de Paris , p. 223 , 2?4 et 225.
— Gypsifères et salifères dans le
S. O. de l’Europe, p. i5.
Mastodonte. V. Meyer.
Media (Afrique). Etudié par M. Rozet,
p. 86.
Meyer (le docteur). Description d’Or-
thocères,d’un mastodonte, du genre
Aphtychus.de trigonellites (Park.)/
et de nouveaux sauriens , p. 228 et
229.
Molasse.. Sa position géologique dans
le S. O. de l’Europe, et dans les
Rarpathes , p. i5 et suiv. — Dans
bassin, ou pays plat de la Gallicie
et de la Podolie, p. 47» cité p. 16.
Lituite. Coquille du genre des nautila-
cées , p. 180.
Lorraine. Note géologique sur quel-
ques pays qui en font partie, par
Robert, p. $7.
les Salines de Wieliczka, p. 16.
— Dans la Transylvanie , la Mora-
vie , la Hongrie, p. 17.
Montagnes. Direction des chaînes,
p. r 19.
Montmartre { gypse et marnes), p. 225,
224.
Munster (le comte de). Mém. sur les
Ammonées, p. 1 57, r 73 et suiv. — sur
les Nautilacées, p.177, 178. — Indi-
cation de quelques espèces d’Ortho-
cères, p. 228.
Muschethalk. Ammonées dans cette
formation, p. iy5, Nautilacées de
cette formation , p. 1 82.
N
Nancy. Ossemens fossiles observés
près de cette ville, p. 46; cité pour
l’abaissement d’une colline , p. 87.
Nautilacées , Nautiles. Distribution
dans diverses formations géologi-
ques, p. 178, i 80.
Nouvelle- Hollande. Ossemens de quel-
ques animaux trouvés dans cette
contrée, remarque à ce sujet, par
M. Pentland , p. i44* — Autres
ossemens indiqués par M. Buck^
land , p. 227.
ET DÉS AUTEURS.
2Ô1
O
Omalius d’Haltoy. Essai sur les joints
des roches , et sur les formes qui en
résultent, p. 168. — r Observation
sur la classification des terrains ,
p. 21 3. Tableau de cette classifica-
tion , p. 219. — Observation sur le
calcaire siliceux du bassin de Paris,
p. 224.
Orlhocères dans le sol secondaire du
calcaire alpin. Discussion à ce sujet,
Pareto . Cité pour la direction des Alpes
de la Ligurie, p. 64.
Paris. Notes et observations sur quel-
ques formations du bassin de Paris,
p. y23 et 2.4 iv
Parrot. Opinion sur le soulèvement
des montagnes, l'origine des dépôts
ignés et salifères, p. 229.
Pentland. p. 1 44*
Podolie. Description de ce pays} par
M. Lill, p. 47.
Podopsides. Observations sur ce genre,
par M. Deshayes, p. 192.
Poisson fossile de la craie, p. i58.
Postdam. Formation géologique de ce
district, p. 64.
Prévost (Constant). (Considérations sur
les expressions employées par les
p. i3j; — dans diverses formations,
p. 178.
Ossemens fossiles. Observations de
divers membre* sur des gisemens
d’os fossiles, p. 97. — Nouvelle'
Hollande, p. 1 44- — M. Buckland,
p. 229. — M. Robert, p. 4^* —
M. Tournai, p. 195= — Apparition
de l’homme sur la terre, p. io5.
géologues, et sur les époques géolo
giques, p. 19. — Observations sur
un mém. de M. Buckland relatif
aux liges verticales du raie. dePort-
and , p. 68. — Observation sur un
mélange de fossiles, p. 139. — Ob-
servation sur la distribution des ter-
rains , p. 18^.
Puits artésien. A Rouen, à Dieppe,
auHavre, p. — Notice de M. Fleu-
riau de Bellevue , p. 4o. — Puits
artésien de Toulouse décrit par
M. Boubée, p. 76. — Fait extraordi
naire observé dans les eaux d’un
puits, à Tours, p. 94. — Hypothèse
sur leur théorie , p. 121.
Pyrénées. Caractères de la craie sur
leurs pentes , p. 9.
R
Iieboul. Comparaison de terrains des
époques tertiaires dans les bassins
hétérogènes, p. 161.
Règlement constitutif, p. 6. — Disposi-
tion supplémentaire, p. 14. — Dis-
position relative à un emploi de
fonds, p. 126. — Relat. aux membres
démissionnaires rentrant , et sur
quelques détails d’administration ,
p. 172. — Relat.au diplôme , p. 229.
Révolutions du globe. M. C. Prévost,
p. 19. — M. Ivlœden , p. 57. —
M. Parrot, p. 229. >
Robert (Eug.). Note sur quelques osse-
mens fossiles observés près deNancy,
j). 46. - — Notes géologiques sur
quelques localités de la Lorraine et
de la Suisse , p. 88.
Robcrton. Coquilles du temple de Sé-
rapis , et observations, p. 127.
Rochelle (La). Notice sur un puits ar-
tésien dans ce lieu, par M. Fleuiiau
de Bellevue , p. l\o.
Roulland. Observations sur les genres
ichtyosarcolites, hippurites et sphé-
rulites, p. 190. — Considérations
sur les grottes de Rancogne, p. 200.
Rozet. Géognosie du pays de Média
en Afrique, p. 86. — Note sur quel-
ques parties de la Barbarie, p. 1 4 1 -
Observations faites sur le Petit At-
las , p. 225.
Rudiste. Observations sur les Rudistcs,
par M. Deshayes, p. 192.
2Ôk2
TABLE DES MATIERES ET DES AUTEURS.
Sauriens , Nouvelles espèces , p. 229.
Sel. Dans les Karpathes, p. 17. — De
Cardone (mém. de M. Dufrenoy);
P* 99* ~~ Dépôts salifères d’origine
volcanique, p. 229.
Sèrapis. Enfoncement et soulèvement
des colonnes du temple de ce nom ,
p. 116. — Mollusquescn provenant,
et discussion à ce sujet, p. 127.
Serpentine. Roches serpentineuses ,
p. 64.
Siliceux (calcaire). Dans le bassin
de Paris , p. 223.
Société. Installation, p. 5. — Nomina-
tion du président et du bureau , p. 8.
— Élection des membres du Con-
seil , p. 9. — Présentation et discours
au roi, p. 27. — Liste générale des
membres, p. 3o. — Compte rendu
de ses travaux en rS3o, p. 71.
Sources minérales , p. 94; — salées,
p. 96.
Soulèvement , p. 120.
Sphérulites. Observations sur ce genre,
par M. Roulland, p. 190.
Stromboli. Notice sur cette île, par
M. Donati, p. 292.
Suisse. Notice de M. Robert , p, 88.
Tableau comparatif des. coquilles vi-
vantes avec les fossiles, par M. Des-
bayes, p. i85.
Température du globe, p. 120.
Terrains en général, par M. d’Omalius
d’Halloy , p. 2 «3 et 219.
Tertiaires (terrains). Dans la Gallicie,
p. 1 5 ; — dans le Brandebourg,
p. 61 ; — en Morée , p. 85. —
M. Reboul ,161.
Toulouse. Puits artésien, p. 76 — Géo-
logie et topographie de ce bassin,
p. i46.— Fossiles de ce bassin pré-
senté par M. Boubée, p. 212.
Tournai. Mém. sur les ossemens hu-
mains et sur les espèces de mam-
mifères perdues, p. 195.
Tours. Grains et végétaux jetés par uu
puits artésien de cette ville, p. 94-
Trésorier • Vérification de ses comptes,
p. 78. — Il présente le budget de
i83i, p.. 92.
Vallées. Théorie sur leur formation,
p. 117.
Vanadium. Nouveau métal trouvé en
Suède , p» 9'- .
Volcans et phénomènes volcaniques,
explications théoriques, p. 116.
w
Wieliczka. Coupe de ses salines, pari PVeymouth. Note sur un mém. relatif
M. Boué, p. 16.
I à la baie de ce nom , p. 68.
FIN DE LA TABLE.
ERRATA.
■kïÊBBÊ l)mm r@m ' V WÊsmm^ \
Page ir , ligne 8 , saccaroide : lisez saccliaroïdes.
» — 9, compacte ; lisez compactes.
12, — i3, houillers; lisez houilliers.
3 9, — 3i , houillers -, lisez houilliers.
lig, — 5i , coquilier; lisez coquillier.
j> — 3i , coquillère; lisez coquillière,
5i, — 2g, Jsocardia ; lisez Isocardia.
’ 53, — 24 , coquilier ; lisez coquillier.
57, — 12, salinarinsinæqualvis; //.yezsalinariusinæquivalvis.
62, — 9 , Polygomme ; Usez Polygonum.
77, — avant dernière, Giraldin ; lisez Girardin.
78, — 3o , Clement Muller ; lisez Glement Mullet.
80, — i3 , pourrait ; lisez pouvait. -
84, — 33, phorphyroides; lisez porphyroides
95, — 37 , fouilles ; lisez failles.
98, — i3, Szeerbakow ; lisez Szcerbakow.
106, — 54 , se voûtant , Usez s’encroûtant.
1 1 r, — 4°) Kessemberg; lisez Kressenberg.
ii2, — 4 > Kessemberg; lisez Kressenberg.
1 1 5, — 12, Save ; lisez Savi .
123, — 16 , Kloden ; lisez Klœden.
126, — 7 , Serrovezza; lisez Serravezza.
i32, — 2 1 , B. ; lisez T.
137, — 38 , Conybeari ; lisez Turneri.
» — 38, A. Iiensloii ; lisez une espèce de la division des
A. macrocéphales de M. de Buch,
167 , — 18, Ninscnbach ; lisez Niesenbach.
J 58, — 1 2 , Ninsenbacli ; lisez Niesenbach.
178, — 3, goniatitc voisine du; lisez une espèce qui n’est
pas le.
21 3, — 6 , observe; lisez fait observer.
227, — 2, coquillère, lisez coquillière.